Soixante-quatorzième session,
82e & 83e séances plénières – matin & après-midi
AG/12339

L’Assemblée générale reconduit M. António Guterres à la tête de l’ONU pour un deuxième mandat de cinq ans et se prononce sur la situation au Myanmar

L’Assemblée générale a nommé, ce matin, M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU pour un deuxième mandat allant du 1er janvier 2022 au 31 décembre 2026, avant d’adopter, dans l’après-midi, une résolution qui demande notamment aux forces armées du Myanmar de permettre à la transition démocratique de progresser durablement dans le pays.  

L’Assemblée générale aura donc suivi la recommandation faite par le Conseil de sécurité le 8 juin dernier* en reconduisant M. Guterres dans ses fonctions et en lui exprimant sa gratitude pour « l’efficacité et le dévouement » dont il a fait preuve durant son premier mandat.  De son côté, le Président du Portugal, qui a présenté la candidature de M. Guterres, a affirmé qu’il est la « bonne personne au bon moment ».  

Après avoir prêté serment, M. Guterres s’est exprimé pour confesser le « tourbillon d’émotions et de pensées » qui l’a assailli, tant son nouveau mandat débute « à l’aube d’une nouvelle ère ».  En effet, « nous sommes vraiment à la croisée des chemins, avec des choix conséquents devant nous », a-t-il déclaré.  Et cela peut, selon lui, « aller dans les deux sens »: « effondrement et crise perpétuelle ou percée et perspective d’un avenir plus vert, plus sûr et meilleur pour tous ». 

Observant que la pandémie de COVID-19 a révélé « notre vulnérabilité commune, notre interdépendance et la nécessité absolue d’une action collective », M. Guterres a promis de faire tout ce qui est en son pouvoir durant son second mandat pour « contribuer au scénario positif et décisif ».  M. Guterres a ensuite évoqué les autres défis mondiaux que sont le dérèglement climatique, la perte de la biodiversité, les inégalités croissantes, y compris de genre, ou bien encore le recul des droits humains. 

Le Secrétaire général a rappelé l’important processus de réforme lancé dans les domaines du développement, de la gestion, ainsi que de la paix et de la sécurité de l’ONU.  Ces efforts «  nous ont mieux équipés pour faire face à la crise actuelle », a assuré le Chef de l’ONU, tout en reconnaissant qu’il reste à consolider les réformes en cours, tirer parti de leurs résultats et continuer à développer de nouvelles méthodes de travail. 

De l’avis de M. Guterres, qui s’est exprimé en anglais, en français et en espagnol, l’ONU se trouve au cœur d’une diversité d’acteurs travaillant ensemble pour fournir des « biens publics mondiaux » et joue un « rôle de catalyseur et de rassembleur ».  Tout cela ne sera possible que si nous parvenons à « surmonter le déficit de confiance actuel », qui a un effet corrosif sur les sociétés et entre les pays, a prévenu le Secrétaire général en appelant à surmonter les divisions géostratégiques et les relations de pouvoir « dysfonctionnelles ». 

« Je vais tout donner pour assurer l’éclosion de la confiance entre et parmi les nations, grandes et petites, pour construire des ponts et s’engager sans relâche dans l’instauration de la confiance », a promis M. Guterres, pour qui l’essentiel est de « ne jamais abandonner ».  Considérant la fonction publique comme « un service avant tout », M. Guterres a promis d’être au service des personnes et de la planète, mais aussi au service de tous les États Membres, « de manière égale et sans autre ordre du jour que celui ancré dans la Charte des Nations Unies ». 

L’Assemblée générale s’est de nouveau réunie dans l’après-midi pour adopter par 119 voix pour, 36 abstentions et l’opposition du Bélarus, une résolution qui demande aux forces armées du Myanmar de respecter la volonté du peuple librement exprimée par les résultats de l’élection générale du 8  novembre 2020, de mettre fin à l’état d’urgence, de respecter tous les droits humains de l’ensemble de la population du Myanmar et de permettre à la transition démocratique de progresser durablement au Myanmar. 

Sur ce dernier point, le texte appelle notamment à l’ouverture du parlement démocratiquement élu et des mesures qui placeront toutes les institutions nationales, « y compris les forces armées », sous l’autorité d’un gouvernement civil pleinement inclusif et représentatif de la volonté du peuple.  L’Assemblée demande la libération immédiate et sans condition du Président, Win Myint, de la Conseillère d’État, Aung San Suu Kyi, ainsi que de tous ceux qui ont été arbitrairement détenus, inculpés ou arrêtés.  

Les forces armées du Myanmar sont également appelées à cesser immédiatement toute violence contre les manifestants pacifiques ainsi que les membres de la société civile; et à coopérer sans réserve avec l’Envoyée spéciale du Secrétaire général pour le Myanmar.  Enfin, l’Assemblée demande à tous les États Membres d’empêcher les mouvements d’armes à destination du Myanmar et qu’un accès humanitaire sûr et sans entrave soit ménagé pour toutes les personnes dans le besoin, y compris les détenus. 

L’adoption de ce texte a été saluée par de nombreuses délégations qui y ont vu un appel puissant envoyé par la communauté internationale à l’armée du Myanmar.  La délégation du Myanmar a toutefois estimé que ce texte « timide » oublie des éléments importants tels que l’imposition d’un embargo sur les armes, alors que l’armée du Myanmar tue des manifestants pacifiques avec des armes importées.  Près de 900 personnes dont des filles de 7 ans ont été assassinées au Myanmar.  Si des actions énergiques avaient été prises, ces 900 personnes seraient encore en vie, a-t-il dit, en réclamant des actions immédiates afin de faire cesser la barbarie de l’armée au Myanmar. 

D’autres délégations, à l’instar de l’Iran et de l’Arabie saoudite, ont déploré un texte « incomplet » qui ne prend pas en compte tous les aspects de la situation que connaissent les musulmans rohingya.  « Très déçue » par ce texte, alors que son pays est en première ligne de la crise, la déléguée du Bangladesh a en outre jugé qu’une résolution demeurera incomplète tant qu’elle ne formulera pas de recommandations concrètes en vue de s’attaquer aux causes profondes de ladite crise. 

Seule délégation à avoir voté contre le texte, le Bélarus a indiqué que sa position ne vise en rien à bloquer la résolution de la crise au Myanmar mais découle de son opposition à la présentation, à l’Assemblée générale, de résolutions concernant la situation spécifique à des pays.  Cela participe d’une tentative d’ingérence dans les affaires intérieures des États, a-t-elle estimé. 

« Croire que la souveraineté nationale veut dire que toute la famille des Nations Unies doit se taire devant une situation humanitaire ou un déni des droits de l’homme est faux », s’est emporté le Canada qui a jugé « politiquement incorrect » de penser que la souveraineté nationale annule tous les autres principes de la démocratie et du droit international humanitaire. 

NOMINATION DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (A/75/912) (A/75/L.100)

Déclarations

C’est en sa qualité de Président du Conseil de sécurité pour le mois de juin que M. SVEN JÜRGENSON (Estonie), a indiqué que c’est au cours de sa 8789e séance, tenue à huis clos le 8 juin, que le Conseil de sécurité a adopté la résolution 2580 (2021) en vertu de laquelle elle recommande à l’Assemblée générale que M. António Guterres soit nommé Secrétaire général de l’ONU pour un deuxième mandat commençant le 1er janvier 2022 et prenant fin au 31 décembre 2026. 

M. Jürgenson a rappelé que le 24 février dernier, une communication avait été reçue par les Présidents de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité en provenance de la Mission permanente du Portugal qui présentait la candidature de M.  António Guterres pour un second mandat en tant que Secrétaire général.  Le Président du Conseil a précisé que M.  Guterres était le seul candidat présenté par un État Membre.  Un dialogue informel avec M.  Guterres et les membres du Conseil de sécurité a eu lieu le 18 mai.  Ces derniers ont trouvé ce dialogue significatif et productif, a-t-il indiqué.  Et c’est à la suite du dialogue que les membres du Conseil ont adopté la résolution 2580 (2021) par acclamation, exprimant ainsi leur inconditionnelle soutien à M.  António Guterres qui, de l’avis du Conseil, « correspond aux normes les plus élevées d’efficacité, de compétence et d’intégrité, et à un ferme attachement aux buts et principes de la Charte des Nations Unies ».  Selon son Président au mois de juin, le Conseil de sécurité a abordé ce processus guidé par les principes de transparence et d’inclusion.

Assailli d’un « tourbillon d’émotions et de pensées », M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, s’est déclaré profondément honoré et reconnaissant de la confiance qui lui est témoignée pour exercer un second mandat.  « Servir les Nations Unies est un immense privilège et un devoir des plus nobles », a-t-il souligné, se disant également très reconnaissant au Portugal de l’avoir proposé à nouveau.  « Je suis un multilatéraliste engagé mais je suis aussi un fier Portugais », a-t-il confié, avant d’estimer que son nouveau mandat débute « à l’aube d'une nouvelle ère ».  En effet, « nous sommes vraiment à la croisée des chemins, avec des choix conséquents devant nous ».  Et cela peut, selon lui, « aller dans les deux sens »: « effondrement et crise perpétuelle ou percée et perspective d’un avenir plus vert, plus sûr et meilleur pour tous ». 

Observant que la pandémie de COVID-19 a révélé « notre vulnérabilité commune, notre interdépendance et la nécessité absolue d’une action collective », M. Guterres a promis de faire tout ce qui est en son pouvoir durant son second mandat pour « contribuer au scénario positif et décisif ».  Après avoir rappelé les souffrances endurées au cours des 18 derniers mois, des millions de familles endeuillées aux 114 millions d’emplois perdus, avec plus de 50% de la population mondiale se retrouvant sans aucune protection sociale et une pauvreté en hausse pour la première fois depuis 20 ans, le Secrétaire général a noté que « le fait que nous commençons seulement maintenant à nous unir pour faire des vaccins la priorité mondiale absolue en dit long ».  Il est donc crucial, à ses yeux, de s’assurer que la sortie de crise et la reprise socioéconomique soient « bien plus équitables ».      

M. Guterres a ensuite évoqué les autres défis mondiaux que sont le dérèglement climatique, la perte de la biodiversité, la pollution environnementale, les inégalités croissantes, y compris de genre, le recul des droits humains, l’absence de régulation dans le cyberespace, une fracture numérique grandissante, l’évolution de la nature des conflits, la probabilité de futures pandémies et d’autres risques mondiaux existentiels.   Il a aussi constaté un recul des avancées enregistrées dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable, de la réduction de la pauvreté à l’éradication de la faim, en passant par l’accès à une éducation de qualité et l’égalité de genre.   Notre plus grand défi, qui est en même temps « notre plus grande opportunité », est d’utiliser cette crise pour « renverser la situation, pivoter vers un monde qui tire des leçons, qui promeuve une reprise juste, verte et durable et qui montre le chemin via une coopération internationale accrue et efficace pour répondre aux problèmes mondiaux ».   

Franchir cette étape demandera « un effort réel pour renforcer ce qui fonctionne et du courage pour tirer les leçons de ce qui ne fonctionne pas », a averti le Secrétaire général, selon lequel la prévention et la préparation doivent être une « priorité de premier plan du système international ».  Il s’est dit convaincu que l’ONU peut relever les défis auxquels elle est confrontée, en raison notamment de « l’engagement incroyable » de ceux qui servent les Nations Unies dans le monde entier et qui ont assuré une continuité des activités sans faille dans les circonstances difficiles de la pandémie.  « Mes collègues sont en effet notre plus grand atout, et nous devons chérir et reconnaître cela avec une profonde gratitude et appréciation », a-t-il dit. 

Deuxièmement, a relevé M. Guterres, malgré toutes les différences et divisions, « nous avons montré que nous pouvons nous réunir pour nous mettre d’accord sur des objectifs communs et résoudre des problèmes communs ».  C’est ainsi qu’a pu être lancé un important processus de réforme dans les domaines du développement, de la gestion, ainsi que de la paix et de la sécurité de l’ONU.  Ces efforts « nous ont mieux équipés pour faire face à la crise actuelle », a assuré le Secrétaire général, tout en reconnaissant qu’il reste à consolider les réformes en cours, tirer parti de leurs résultats et continuer à développer de nouvelles méthodes de travail ».  

Évoquant son projet d’« ONU 2.0 », il a plaidé pour une accélération de la transformation via cinq changements majeurs: de meilleures données, analyses et communications; l’innovation et la transformation numérique; la prospective stratégique; une meilleure orientation vers la performance et les résultats et une culture de travail qui réduit la bureaucratie inutile, simplifie et favorise un travail de collaboration.  De même, a-t-il ajouté, nous devons lutter pour une ONU « beaucoup plus alignée et intégrée », qui fonctionne de manière transparente entre les différents piliers de l’Organisation. 

En troisièmement lieu, M. Guterres a rappelé que, dans la Déclaration faite à l’occasion de la célébration du soixante-quinzième anniversaire de l’ONU, les États Membres lui ont donné mandat de leur faire rapport sur la manière de faire avancer notre programme commun afin de mieux répondre aux défis actuels et futurs. « Je sens qu’il y a un élan pour que certaines des transformations les plus profondes aient lieu », s’est-il félicité, observant que, « dans un monde qui a tellement changé, la promesse, les principes et les valeurs de la Charte des Nations Unies perdurent ».  Dans ce monde « où les leviers du changement sont entre de nombreuses mains », l’ONU, ainsi que les États et les peuples qu’elle sert, « ne peut que gagner à amener d’autres à la table », a-t-il souligné, avant de qualifier la société civile, les villes, le secteur privé et les jeunes de « voix essentielles qui doivent être entendues », et ce, « dans un contexte de véritable égalité des sexes ». 

De l’avis de M. Guterres, qui s’est exprimé en anglais, en français et en espagnol, l’ONU se trouve au cœur d’une diversité d’acteurs travaillant ensemble pour fournir des « biens publics mondiaux » et joue un « rôle de catalyseur et de rassembleur » pour initier plus d’innovation, plus d’inclusion, plus de coopération et plus de prévoyance.  Selon lui, cette transformation doit entraîner une rénovation de la solidarité.  « Au niveau national, à travers un contrat social réinventé » et « au niveau mondial à travers un multilatéralisme plus inclusif, interconnecté et efficace », a-t-il énoncé, indiquant que son Appel à l’action en faveur des droits humains continuera d’être un guide important dans ce domaine.  La transformation doit aussi renforcer l’égalité, en parvenant à une meilleure compréhension et une meilleure gestion des biens publics mondiaux, a plaidé le Chef de l’ONU, non sans estimer que l’équité doit « commencer maintenant », avec des vaccins disponibles pour tout le monde et partout, et une reprise durable et inclusive à la fois dans le monde développé et en développement.  

Tout cela ne sera possible que si nous parvenons à « surmonter le déficit de confiance actuel », qui a un effet corrosif sur les sociétés et entre les pays, a prévenu le Secrétaire général en appelant à surmonter les divisions géostratégiques et les relations de pouvoir « dysfonctionnelles ».  De même, a-t-il ajouté, « nous devons également être conscients de la façon dont le pouvoir se joue dans le monde d’aujourd'hui en ce qui concerne la distribution des ressources et de la technologie ».  Formant le vœu que cette méfiance ne devienne pas la norme, il a assuré que cette dernière « est, et continuera d’être, les fondements sur lesquels la Charte des Nations Unies a été construite, une croyance ultime dans le multilatéralisme et les aspirations de la Déclaration universelle des droits de l’homme ». 

« Je vais tout donner pour assurer l’éclosion de la confiance entre et parmi les nations, grandes et petites, pour construire des ponts et s’engager sans relâche dans l’instauration de la confiance », a promis M. Guterres, pour qui l’essentiel est de « ne jamais abandonner ».  Faire que des percées soient « possibles quand on s’y attend le moins et contre toute attente », tel est son « engagement indéfectible ».  Quant à son propre rôle, il a dit avoir toujours considéré la fonction publique comme « un service avant tout ».  Il entend donc être « au service des personnes et de la planète », mais aussi au service de tous les États Membres, « de manière égale et sans autre ordre du jour que celui ancré dans la Charte des Nations Unies ». 

Pour M. Guterres, les défis complexes d’aujourd’hui ne pourront être relevés qu’avec une « approche humble ».  Dans ce cadre, a-t-il expliqué, le Secrétaire général ne doit pas chercher à imposer ses vues mais aider les États Membres et les parties prenantes concernées à conduire les changements nécessaires et mettre ses bons offices à disposition, en s’engageant sans relâche, en utilisant pleinement le rôle rassembleur unique de l’ONU et en travaillant comme médiateur pour aider à trouver « des solutions qui profitent à toutes les personnes impliquées ». 

« C’est mon intention de servir avec humilité », a-t-il insisté dans ses mots de conclusion, affirmant vouloir travailler « dans l’esprit de bâtir la confiance et d’inspirer l’espoir ».  À ses yeux, « préserver la dignité humaine nous appelle à puiser dans notre diversité et notre richesse pour imaginer des libertés plus larges qui ne peuvent être garanties que par une action commune ». 

« En tant que diplomate en chef, je suis persuadé que vous continuerez de diriger l’ONU avec sincérité et intégrité », a déclaré M.  VOLKAN BOZKIR, Président de l’Assemblée générale.  Il a salué l’accent mis par le Secrétaire général sur l’égalité entre les genres et y a vu un bon exemple de ses efforts visant à ce que l’Organisation soit l’instrument de promotion de ses idéaux.  « Vous avez dirigé l’Organisation pendant une période difficile mais intéressante ».  Le Président a mis au crédit du Secrétaire général le fait d’avoir rapproché l’ONU des peuples qu’elle sert et d’avoir rassemblé les opinions de personnes de tous les horizons sur le rôle de la coopération internationale.  Plus de 1,5 million de personnes de tout pays et de toute obédience ont été questionnées sur leurs priorités pour l’avenir, a-t-il noté.  Il a indiqué que le Secrétaire général va présenter en septembre ses recommandations sur la réponse de l’ONU aux défis actuels et futurs.  « Il est clair que votre travail a façonné cette Organisation pour faire en sorte qu’elle se montre à la hauteur de son mandat et réponde aux besoins des peuples qu’elle sert », a déclaré le Président. 

Poursuivant, M. Bozkir a relevé que le défi majeur de « notre génération » est le climat.  Si nous n’agissons pas maintenant, le monde, tel que nous le connaissons, cessera d’exister, a-t-il affirmé, en ajoutant que le Secrétaire général a intégré cette ambition climatique au cœur du système onusien.  « Vous avez entendu les peuples du monde qui demandent une action urgente, vous avez encouragé les États Membres à travailler ensemble, et à user du système multilatéral pour prôner une action collective face à cette menace commune. »  Encouragé par les progrès accomplis dans ce domaine, le Président a déclaré que « nos actions détermineront la réussite du système multilatéral ». 

Le Président de l’Assemblée générale a ensuite indiqué que le relèvement après la pandémie figurait tout en haut de la vision développée par le Secrétaire général pour son second mandat.  Les États Membres ont insisté sur un message clair lors de la semaine de haut niveau.  Lors de la Déclaration faite à l’occasion de la célébration du soixante-quinzième anniversaire de l’Organisation des Nations Unies, ils ont réaffirmé la nécessité du multilatéralisme afin de se relever en mieux, pour un monde plus résilient et durable.  « Ces efforts ne font que commencer. »  M. Bozkir a exprimé sa confiance en la capacité du Secrétaire général d’agir pour que personne ne soit laissé de côté.  « Vos efforts pour que la dignité humaine soit au cœur de votre travail sont plus cruciaux que jamais », a-t-il affirmé avant de saluer l’appui universel fort apporté par les États Membres pour cette nouvelle nomination. 

Mme SOPHIA TESFAMARIAM YOHANNES (Érythrée), s’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, a jugé honteuses la distribution inéquitable des vaccins contre la COVID-19.  Elle a salué le leadership du Secrétaire général de l’ONU qui milite pour la levée des droits de propriété intellectuelle concernant ces vaccins.  Elle a appelé l’ONU à s’impliquer davantage pour la relance économique en Afrique notamment, en plaidant pour l’allègement de la dette et l’octroi de droits de tirage spéciaux en faveur des pays africains, entre autres. 

Sur un tout autre plan, a-t-elle poursuivi, l’Afrique attend du Secrétaire général qu’il poursuive son engagement en faveur de la lutte contre les changements climatiques, notamment en plaidant pour que les fonds promis pour l’adaptation soient véritablement disponibles.  Le Groupe des États d’Afrique a également demandé à M. Guterres de veiller au renforcement de la coopération et la collaboration entre l’ONU et l’Union africaine et de nommer davantage d’Africains aux postes les plus élevés de l’Organisation.  Pour le Groupe des États d’Afrique, il faut réparer les nombreuses injustices passées et actuelles qui empêchent l’Afrique de contribuer à juste titre au système international, notamment en barrant la voie au racisme et à d’autres pratiques assimilées.  

Au nom du Groupe des États d’Asie et du Pacifique, M. TEBURORO TITO (Kiribati), a relevé qu’il est important que la communauté internationale se mobilise avant de décider de la personne qui aura pour tâche de gérer les questions du monde.  Et c’est justement ce que fait l’Assemblée générale par le biais de la présente séance, a-t-il ajouté.  Il a dit que le fait que M. Guterres fut le seul candidat présenté par un État Membre est le signe qu’il bénéficie de la confiance et du soutien de tous les autres pour poursuivre ses fonctions.  Le Groupe des États d’Asie et du Pacifique a félicité le Secrétaire général et l’a assuré de son plein soutien. 

M. MICHAL MLYNÁR, (Slovaquie), au nom des États d’Europe de l’Est, a félicité le Secrétaire général pour son second mandat et salué un processus de sélection inclusif.  Il a toutefois souhaité une amélioration de ce processus et la prise en compte de l’égalité entre les genres et de la représentation géographique.  Il a noté l’implication personnelle du Secrétaire général dans la prévention des conflits et salué ses stratégies pour défendre l’égalité entre les sexes et lutter contre les discours de haine.  Dans ce contexte inédit de pandémie, le Secrétaire général António Guterres a montré que le multilatéralisme est important, a-t-il aussi relevé, en saluant son courage et sa détermination.

Au nom du Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes (GRULAC), M. RODRIGO A. CARAZO (Costa Rica) a félicité le Secrétaire général pour son deuxième mandat à la tête de l’ONU.  Saluant les « succès de ces cinq dernières années », il s’est dit convaincu que le leadership de M. António Guterres dans ce deuxième mandat « nous rapprochera encore plus de la réalisation des idéaux consacrés dans la Charte des Nations Unies ».  Le GRULAC, a noté le représentant, « apprécie la forte culture de partenariat » du premier mandat de M. Guterres et « attend avec impatience cinq autres années de réforme, d’innovation, de livraison et de résultats ».  Du premier mandat du Secrétaire général, M. Carazo a retenu l’engagement indéfectible envers le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et le soutien à l’Accord de Paris pour le climat, ainsi que les appels à la distribution équitable des vaccins contre la COVID-19 et à la couverture sanitaire universelle, et l’action en faveur d’une parité accrue en faveur d’une meilleure représentation des femmes au Secrétariat de l’ONU. 

« Vous avez été indispensable à l’élaboration d’une ONU préparée pour le XXIe siècle », a déclaré le représentant à M. Guterres, soulignant son action en tant que « facilitateur et médiateur » de cessez-le-feu, son leadership pendant la pandémie et son « attention aux détails » qui a donné des « résultats profonds » dans les domaines du maintien de la paix et des affaires politiques, du système de développement de l’ONU et de la gestion du Secrétariat.  « Le GRULAC salue votre dévouement à une organisation inclusive, efficace et transparente », a-t-il dit, avant de rappeler que les fonctions de Secrétaire général fusionnent « les rôles d’avocat, de fonctionnaire, de dirigeant et de diplomate ». 

Notant que l’ONU aura besoin d’un « leadership fort et adroit » compte tenu des défis actuels, le représentant a salué en particulier le rôle de « chef de file intellectuel et politique » de M. Guterres dans la construction d’un « nouveau contrat  social ».  « En tant que Chef de l’appareil diplomatique multilatéral le plus puissant au monde, nous savons que vous relèverez les défis de l’inégalité sociale et de la disparité économique avec les objectifs ultimes de dignité humaine, de justice, de paix, de tolérance, et la solidarité », a affirmé M. Carazo. 

Il a ensuite applaudi la « vision » du Secrétaire général en faveur d’un ordre multilatéral plus pacifique, plus équitable entre les sexes, dans lequel la sécurité et le bien-être des civils « passent avant tout ».  Le GRULAC, a-t-il ajouté, sait que votre leadership « exploitera les capacités inégalées des Nations Unies » pour affronter les défis communs, gérer les responsabilités partagées, exercer l’action collective et lutter pour un monde pacifique, inclusif et durablement développé.  Enfin, a-t-il conclu, le GRULAC est impatient de « concrétiser votre vision d’une ONU 2.0 plus transparente, responsable et unifiée ».

Au nom du Groupe des États d’Europe occidentale et autres États, Mme DAME BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni), a salué le fait que M. Guterres ait été à la hauteur des défis de l’heure, citant notamment les catastrophes naturelles, les changements climatiques et la COVID-19.  Elle a aussi souligné que le Secrétaire général a mené un effort en faveur d’un cessez le feu mondial.  Pour le Groupe, ces problèmes mondiaux complexes nécessitent une réaction internationale adaptée.  L’ONU a tout à gagner d’avoir M. Guterres à sa tête pour quatre autres années, a déclaré Mme Woodward.   

Elle a appelé à œuvrer pour parvenir à une « ONU 2.0 », notamment en évitant les doublons, en promouvant transparence et responsabilité, et en gagnant en efficience tout en renforçant la participation de la société civile.  Cela veut dire qu’il faut éliminer les discriminations basées sur le sexe, celles basées sur les croyances ainsi que toutes les autres.  Mme Woodward a dit que le Groupe renouvelle sa confiance en M. Guterres dans le contexte de la pandémie et de la reconstruction post-COVID-19, ainsi que pour la réalisation des objectifs de développement durable. 

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a salué la nouvelle nomination du Secrétaire général, qui est « un dirigeant capable » en ces temps difficiles.  « Vous êtes chargé des plus hautes responsabilités et vous devez faire face aux défis les plus graves », a-t-il dit à M. Guterres, en ajoutant que son travail est autant difficile qu’important.  Il n’a d’ailleurs pas fait mystère des difficultés qui l’attendent. « Il faudra un engagement passionné en faveur des droits de la personne dans le monde, pour les plus vulnérables », a-t-il conclu, en saluant la bonne coopération entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale dans ce processus de sélection.

M. MARCELO REBELO DE SOUSA, Président du Portugal,  a déclaré que son pays a présenté le nom d’António Guterres sur la base de la « conviction forte » que ce dernier est fait pour ce poste.  « M. Guterres s’est avéré être la bonne personne au bon moment. »  Il a salué l’engagement indéfectible de M. Guterres en faveur d’un « multilatéralisme plein de compassion ».  Pour lui en effet, mettre la personne au centre de son action n’est pas un choix, mais un impératif, a-t-il dit.  En ces temps de grande incertitude, le Président a souligné la nécessité de ne laisser personne au bord de la route, avant d’insister sur l’importance de la riposte face à la pandémie pour se relever en mieux.  La voix du Secrétaire général est également cruciale dans la lutte contre les changements climatiques, a affirmé le Président portugais. « Ensemble, nous pouvons nous unir pour servir nos peuples », a-t-il conclu.

PRÉVENTION DES CONFLITS ARMÉES

Le Président de l’Assemblée générale, M. VOLKAN BOZKIR, a dit s’exprimer avec « le cœur lourd » afin de parler de la situation qui a cours au Myanmar.  Il a relevé que la situation humanitaire se détériore dans le pays et des communautés entières sont déracinées.  Les déplacés manquent de nourriture, d’installations sanitaires et d’autres besoins et services de premières nécessité.  En ce moment, a déclaré le Président, les maladies hydriques se propagent alors que la saison des pluies est arrivée de manière précoce.  Dans ce contexte comment lutter contre la pandémie de COVID-19 alors même qu’il est difficile d’appliquer les mesures barrières telles que se laver les mains ou garder des distances entre individus? a-t-il demandé. 

M. Bozkir a également évoqué son voyage du mois dernier au Bangladesh où il a visité le camp de réfugiés de Cox’s Bazar abritant les Rohingya.  Les populations qu’il a rencontrées ont toutes émis leurs vœux d’avoir une vie hors des camps.  La situation des femmes y est encore plus difficile, car elles doivent se battre pour elles-mêmes, mais également pour leurs enfants et leur communauté, a-t-il témoigné.  Un retour volontaire vers leur site d’origine est l’objectif, a rappelé le Président de l’Assemblée générale, soulignant que cela n’est pas possible en ce moment pour des raisons de sécurité.  « Il n’est pas trop tard pour que l’armée revienne sur ses agissements et respectent la volonté du peuple », a-t-il plaidé.  Il a ensuite demandé le respect de la liberté d’expression et de réunion pacifique ainsi que la libération immédiate des personnes détenues de manière arbitraire et un accès humanitaire sans entrave.  Pour le Myanmar, il nous faut agir à l’unisson, a-t-il conclu.  

Venu présenter le projet de résolution A/75/L.85/Rev.1, M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a rappelé que, lorsque l’Assemblée générale a entendu le rapport de l’Envoyée spéciale pour le Myanmar, le 26 février dernier, les États Membres lui ont fait part de leur préoccupation face aux événements dans ce pays, notamment aux violences commises par les forces armées contre les manifestants et à la répression qui s’en est suivie.  Le représentant a souligné que plusieurs centaines de manifestants ont été tués, tandis que des centaines de milliers de personnes ont été déplacées par l’armée.  « C’est une catastrophe qui se déroule sous nos yeux », a-t-il affirmé, regrettant que l’Armée du Myanmar n’ait pas entendu les appels à la retenue, à la cessation des violences et à la libération des personnes arbitrairement détenues afin que la démocratie puisse être rétablie.  Avertissant d’un « danger réel de guerre civile » au Myanmar, le délégué a indiqué que le projet de résolution soumis à l’Assemblée générale est le fruit d’un long processus de consultations.  

Explications de vote avant le vote

Le représentant de l’Iran a appelé les autorités du Myanmar à faire preuve de retenue et à respecter les droits humains, avant de souligner la nécessité d’une solution politique de long terme dans le cadre d’un dialogue inclusif.  « La détérioration de la situation des musulmans Rohingya est très préoccupante. »  Les autorités doivent s’acquitter de leurs obligations et assurer le retour volontaire, dans la dignité et la sécurité, des réfugiés, a recommandé le délégué avant d’appeler à remédier aux causes profondes de la crise, en particulier l’apatridie des musulmans Rohingya.  Le délégué iranien a justifié son intention de s’abstenir lors du vote au motif que la résolution ne prend pas pleinement en compte la situation des musulmans Rohingya. 

Le représentant de l’Égypte a souligné les menaces qui pèsent sur la communauté rohingya et demandé la préservation de ses droits fondamentaux.  Il s’est interrogé sur la manière dont ce texte est censé régler la situation, eu égard notamment à l’absence de mandat de l’Assemblée, précisant que son pays compte s’abstenir lors du vote.  Enfin, le représentant a tenu à se dissocier du libellé de la résolution concernant le mécanisme indépendant pour le Myanmar. 

Pour la Thaïlande, la situation qui prévaut au Myanmar doit être réglée par le peuple birman lui-même, même si la communauté internationale peut y jouer un rôle.  Elle s’est félicitée de ce que la résolution tienne compte du processus engagé par l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).  Il serait vital que la communauté internationale s’exprime d’une seule voix, a dit la Thaïlande, en expliquant que c’est la raison pour laquelle elle a préféré s’abstenir. 

Explications de vote après le vote

Après le vote, le Bélarus a affirmé que la résolution est fondée sur une question politisée et propre à un pays.  Il a précisé avoir voté contre ce texte, tout en disant partager les espoirs d’un retour à la paix au Myanmar.  La position du Bélarus ne vise en rien à bloquer la résolution de cette crise, a assuré la délégation qui a ensuite fait part de son opposition à la présentation, à l’Assemblée générale, de résolutions concernant la situation spécifique à des pays.  Cela participe d’une tentative d’ingérence dans les affaires intérieures des États, a-t-elle estimé. 

En outre, le Bélarus a noté que des sujets ont été inclus dans la résolution alors qu’ils n’ont rien à voir avec l’objectif du texte.  La délégation a également déploré que le texte ait été introduit à la dernière minute et n’ait pas donné lieu à des négociations ouvertes et transparentes.  Le Bélarus a rappelé qu’en ce même moment, était prévue une réunion sur la situation des pays à revenu intermédiaire.  Malheureusement, cette séance a été retirée de l’ordre du jour à une « vitesse surprenante » pour donner lieu à l’adoption de cette résolution.  « C’est inadmissible », a réagi le Bélarus qui a dit que le rôle de maintien de la paix et de la sécurité internationales dévolu à l’ONU ne peut se faire si l’on ne respecte pas les principes d’ouverture et de transparence. 

Le Bangladesh a déclaré que la résolution ne répond pas à ses attentes, pas plus qu’elle ne reconnaît ses priorités, alors qu’il est en première ligne dans cette crise.  Nous nous sommes abstenus, a-t-il dit, jugeant qu’une résolution demeurera « incomplète » tant qu’elle ne formulera pas de recommandations « concrètes » en vue de s’attaquer aux causes profondes de la crise.  Il a dénoncé l’incapacité de la communauté internationale, même après le nettoyage ethnique dont les Rohingya ont été les victimes, permettant ainsi l’enracinement d’une culture de l’impunité.  Il a rappelé qu’il a ouvert ses frontières pour accueillir les réfugiés et qu’il en subit aujourd’hui les conséquences.  La situation est née au Myanmar et la solution à cette crise doit venir du Myanmar, a martelé le Bangladesh, avant de déplorer le peu de progrès enregistrés jusqu’à présent et se dit une nouvelle fois « très déçu » par la résolution. 

La Malaisie a indiqué qu’elle aurait souhaité un consensus et un texte soumis à des consultations « plus inclusives ».  Elle a cependant noté avec satisfaction que les positions de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) ont été prises en compte.  « C’est important car la situation au Myanmar affecte toute la région », a-t-elle souligné, avant de se féliciter que des éléments-clefs qu’elle a mis en avant, comme la fin de la violence et la libération des prisonniers politiques, aient été soulignés dans le texte.  Elle a appelé la communauté internationale à travailler avec l’ASEAN pour permettre la mise en œuvre du consensus en cinq points adopté de l’ASEAN.  Se félicitant par ailleurs du rôle joué par l’Organisation pour la coopération islamique (OCI) s’agissant de la situation des Rohingya, la Malaisie a rappelé qu’elle abrite plus de 200 000 déplacés.  Elle a espéré que le processus de rapatriement pourra être mené à bien, avant de se féliciter de la résolution qui, bien qu’elle ne soit pas parfaite, envoie un message « fort » et prend en compte les efforts du Conseil de sécurité et du Conseil des droits de l’homme. 

À son tour, l’Inde s’est félicitée de l’action de l’ASEAN, notamment de son consensus en cinq points adopté en avril.  Elle rappelé sa position selon laquelle  cette crise est « claire » et n’a pas changé.  Elle s’est dite préoccupée par l’évolution de la situation et a appelé les parties à la plus grande retenue, ajoutant qu’elle soutient les efforts en faveur d’une transition démocratique afin que les aspirations du peuple du Myanmar soient respectées.  S’agissant du rapatriement des déplacés, l’Inde a rappelé qu’elle est le seul pays à avoir une longue frontière commune avec le Bangladesh et le Myanmar.  Appelant à soutenir le Bangladesh, qui accueille plus d’un million de réfugiés, elle a également souhaité que le retour sûr et digne des Rohingya soit accéléré.  La résolution, a estimé l’Inde, agit dans un esprit de pragmatisme  mais elle ne reflète pas son point de vue.  L’absence de soutien de tous les pays voisins et de plusieurs pays de la région devrait réveiller ceux qui cherchent à agir dans la précipitation.  C’est pourquoi, a-t-elle dit, nous avons été contraints de nous abstenir lors du vote. 

La Chine a rappelé que le Secrétaire général de l’ASEAN vient de se rendre au Myanmar, ce qui constitue une avancée « importante ».  Elle a aussi promis d’agir, « à sa manière », pour le règlement de la crise au Myanmar, rappelant qu’il s’agit d’une question « interne » dont la solution dépend du pays lui-même.  L’histoire, a dit la Chine, a démontré que les pressions extérieures et les sanctions ne permettent pas de résoudre les problèmes du Myanmar.  Bien au contraire, de telles mesures nuisent au peuple.  La Chine a conclu en réitérant sa ferme opposition à l’idée que l’Assemblée générale se saisisse de questions spécifiques aux pays.  Elle a aussi expliqué qu’elle s’être abstenue sur le texte parce qu’il n’a pas été soumis à des consultations « transparentes ». 

Le délégué du Myanmar a dit qu’il a voté pour ce texte afin de faire pression sur l’Armée du Myanmar pour qu’elle cesse ses actes inhumains.  « Cependant, la résolution ne répond pas à toutes nos attentes », a-t-il regretté.  Il a estimé que le texte oublie des éléments importants tels que l’imposition d’un embargo sur les armes.  L’armée tue des manifestants pacifiques avec des armes importées, a dit le délégué, en appelant les pays à cesser leurs exportations d’armes.  « Le temps presse pour le peuple du Myanmar. »  Il a déploré le temps qui a été consacré pour aboutir à une résolution aussi « timide ».  Il a mentionné l’appel qu’il avait lancé à cette même tribune le 26 février 2021.  Depuis, près de 900 personnes dont des fillettes de 7 ans ont été assassinées au Myanmar.  Si des actions énergiques avaient été prises, ces 900 personnes seraient encore en vie.  Enfin, le délégué a demandé des actions immédiates afin de faire cesser la barbarie de l’Armée au Myanmar, pour ensuite exhorter le Conseil de sécurité à examiner la crise dans ce pays, « sans plus attendre ». 

La République démocratique populaire lao a rappelé qu’elle est limitrophe du Myanmar et membre de l’ASEAN.  S’étant abstenue lors du vote, elle s’est félicitée que certains éléments-clefs aient été inclus dans le texte, notamment les conclusions de la réunion des dirigeants de l’ASEAN en avril dernier.  Toutefois, a-t-elle dit, certains éléments du texte ne correspondent pas à la pratique de l’Assemblée générale.  Étant donné que la procédure n’est pas la même que pour le Conseil de sécurité et le Conseil des droits de l’homme, il aurait été préférable, a-t-elle estimé, que la résolution ait préalablement fait l’objet d’un consensus avant d’être présentée à l’Assemblée générale.  Cela aurait permis d’appuyer plutôt que de contourner les efforts de l’ASEAN, notamment son consensus en cinq points, a souligné la République démocratique populaire lao. 

Singapour s’est vantée d’une position « constante » depuis le début des événements au Myanmar le 1er février dernier.  Nous nous sommes toujours opposés à l’utilisation de la force armée contre les civils et nous avons toujours demandé aux autorités militaires de mettre fin à ces violences et à toutes les parties, de faire preuve de retenue.  Singapour a insisté sur la libération de tous les prisonniers politiques et sur l’instauration d’un dialogue véritable.  C’est la raison pour laquelle, a-t-il dit, il a voté pour cette résolution.  En effet, a-t-il relevé, ce texte n’ignore pas le rôle « essentiel » de l’ASEAN, appelle toutes les parties prenantes à coopérer avec cette organisation et appuie la pleine application de son consensus en cinq points. De fait, a dit Singapour, les principaux éléments sont conformes à notre position qui plaide pour la fin des violences et le lancement d’un processus de réconciliation nationale au Myanmar. 

Pour Brunei Darussalam, il est important d’insister sur la mise en œuvre du consensus en cinq points de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), un avis partagé par le Viet Nam qui s’est désolé du fait que le texte adopté aujourd’hui ne rende pas fidèlement compte de toute la réalité de la situation.  Il a tout de même voté en sa faveur afin de soutenir le dialogue et résoudre cette crise. 

L’Algérie a estimé que l’Assemblée générale aurait pu adopter le texte par consensus pour adresser un message « d’unité ».  Elle a dit s’être abstenue par souci de cohérence avec son opposition à l’idée que l’Assemblée générale se saisisse d’affaires internes.  Nous aurions souhaité, a ajouté l’Algérie, que le texte tienne davantage compte du rôle de l’ASEAN dans le règlement de la crise, selon le principe de proximité qui veut que les organisations régionales et sous-régionales soient les plus à même de régler les conflits dans leur zone géographique. 

La Fédération de Russie a souhaité que, dans la période « complexe » actuelle, les belligérants au Myanmar évitent de recourir à la force et entament un dialogue constructif pour parvenir à la réconciliation nationale.  Soulignant le rôle essentiel joué par l’ASEAN pour apaiser les tensions dans ce pays, elle s’est notamment félicitée du consensus en cinq points, y voyant un exemple manifeste des efforts fructueux menés au niveau régional.  Elle s’est, en revanche, déclaré « perplexe » devant la résolution préparée et soumise à l’Assemblée générale, dans le mépris de la répartition du travail entre les différents organes de l’ONU.  Le Conseil de sécurité, s’est expliqué la Fédération de Russie, produit régulièrement des documents sur le Myanmar, la dernière réunion remontant à ce matin-même.  

Elle s’est dite déçue par les réticences des facilitateurs de la résolution de mener des négociations dans un format élargi, peut-être pour éviter de tenir compte de l’opinion de tous les États Membres.  De fait, a martelé la Fédération de Russie, force est constater que les coauteurs du texte n’ont pas compris le caractère multidimensionnel de la situation interne du Myanmar.  La résolution avance les solutions unilatérales de certains États Membres, avec des libellés « tendancieux et éloignés » de la réalité. Le texte, a ajouté la Fédération de Russie, laisse de côté la question de l’influence d’autres facteurs qui poussent le Myanmar vers un « conflit civil » et aujourd’hui nous voyons une « fracture » à l’Assemblée générale.  La résolution adoptée « ne contribuera en rien aux efforts visant à régler la situation au Myanmar  ».  

L’Arabie saoudite a dit s’être abstenue car la résolution ne tient pas compte de sa demande consistant à inclure une référence « claire » au sort des réfugiés Rohingya dans les paragraphes du dispositif. 

Le Cambodge a expliqué s’être abstenu, jugeant important que la communauté internationale mette l’accent sur les conditions propices à un dialogue pacifique.  Il a souligné que le consensus en cinq points du Sommet de Jakarta de l’ASEAN doit servir de base à un tel dialogue. 

L’Iraq, qui a voté pour le texte, a estimé que le libellé sur les musulmans rohingya n’est pas à la hauteur des attentes au vu de la gravité de la situation sur le terrain.  Il s’est dissocié du paragraphe 19 du dispositif. 

Les Émirats arabes unis ont réitéré l’appel du SG à un cessez-le-feu au vu du risque de propagation de la COVID-19.  La délégation a également précisé s’être abstenue lors du vote. 

Le Costa Rica a dit refuser de garder le silence face aux violations des droits humains au Myanmar.  C’est la raison pour laquelle il a coparrainé et voté pour la résolution.  Il a plaidé pour une suspension immédiate de la fourniture, de la vente ou du transfert directs et indirects de toutes les armes, munitions et autres équipements militaires à la junte.  Il a estimé que continuer à fournir des armes revient à « donner à la junte un chèque en blanc pour la violence ».  En deuxième lieu, a-t-il poursuivi, le Costa Rica a demandé instamment l’établissement des responsabilités pour toutes les violations graves des droits de l’homme au Myanmar.  Il a en outre souhaité que le pays accorde un accès immédiat à l’Envoyée spéciale et soutienne les enquêtes de la Cour pénale internationale (CPI).  Enfin, le Costa Rica a réclamé la protection des manifestants, et en particulier les jeunes, qui luttent « courageusement » pour un avenir pacifique et démocratique. 

L’Ukraine s’est déclarée vivement préoccupée par les nouveaux chefs d’inculpation prononcés contre Mme Aung San Suu Kyi et a demandé la libération immédiate des personnes détenues de manière arbitraire.  Le représentant a aussi dénoncé les coupures d’Internet et demandé à l’armée de garantir une communication sans entraves.  L’impunité doit cesser immédiatement, a-t-il souligné.  Le représentant a aussi demandé un accès humanitaire sans entraves aux personnes dans le besoin, y compris les détenus, ainsi que le retour des réfugiés rohingya.  L’accès rapide de l’Envoyée spéciale pour le Myanmar doit aussi être garantie.  Le délégué a en outre jugé honteux que la résolution n’ait pas été adoptée par consensus, précisant qu’il prenait note du fait que le Bélarus, seul pays à avoir voté contre, était candidat pour occuper un siège du Conseil de sécurité. 

La République dominicaine a demandé la libération immédiate des personnes détenues.  Elle a estimé qu’avec l’adoption de la résolution, un cap important a été franchi pour mettre un terme au silence qui n’a que trop duré face aux violences.  Elle a appelé à créer les conditions propices à un dialogue.  La communauté internationale doit trouver une solution pour mettre un terme à la violence contre les civils et insister sur le retour d’un gouvernement démocratique, a-t-elle insisté. 

Le Canada a jugé « politiquement incorrect » de penser que la souveraineté nationale annule tous les autres principes de la démocratie et du droit international humanitaire.  « Ce n’est pas vrai », a-t-il tranché, en critiquant les propos du Bélarus.  « Croire que la souveraineté nationale veut dire que toute la famille des Nations Unies doit se taire devant une situation humanitaire ou un déni des droits de l’homme » est faux, s’est emporté le Canada.  La Charte des Nations Unies ne dit nulle part que la souveraineté nationale prime sur tous les autres principes du droit international.  Se rappelant les paroles d’un porte-parole du Ministère chinois des affaires étrangères qui évoquait des atrocités dans une école canadienne, le Canada a dit reconnaître ses erreurs mais cela ne saurait l’empêcher de réaffirmer son attachement aux droits fondamentaux et à l’état de droit. 

Il a rappelé que les membres de la junte militaire au Myanmar ont foulé au pied le consensus en cinq points de l’ASEAN, alors même qu’ils avaient promis de les mettre en œuvre.  Voilà pourquoi, a tonné le Canada, cette résolution est « importante » car il s’agit de ramener le Myanmar sur la voie de la démocratie que nous avons célébrée, il y a à peine six ans.  À celui qui a rejeté cette résolution en parlant d’ingérence, nous opposons, a dit le Canada, « l’unité » de la communauté internationale et la nécessité de mettre fin aux assassinats et de restaurer la paix, tout en remplissant « la mission historique » de l’ONU qui est de préserver les générations futures du fléau de la guerre. 

La République de Corée a appelé à la libération des personnes détenues de manière arbitraire et à soutenir le rôle constructif de l’ASEAN et ainsi que le respect des droits fondamentaux, engagement en outre à restaurer la démocratie au Myanmar.  Il a salué l’appel écrasant envoyé par l’Assemblée générale avec l’adoption de la résolution et a assuré que son gouvernement continue de jouer un rôle constructif pour appuyer le retour de la démocratie au Myanmar.  Il a espéré que l’Envoyée spéciale pourra se rendre au Myanmar le plus rapidement possible. 

Le Japon a regretté la mise aux voix du projet de résolution, notant que son adoption est la preuve de la détermination de la communauté internationale à faire face aux actions des forces armées du Myanmar qui, a-t-il souligné, doivent prendre ce texte au sérieux.  Il a appelé à restaurer rapidement l’état démocratique du Myanmar et à mettre en œuvre le consensus en cinq points de l’ASEAN.  Il a lui aussi souhaité que l’Envoyée spéciale puisse se rendre prochainement au Myanmar.

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