Soixante-quinzième session,
3e séance plénière – matin
AG/EF/3533

Deuxième Commission: la pandémie de COVID-19 exacerbe les inégalités de toutes sortes, s’alarment les délégations

Les répercussions économiques et sociales de la pandémie exacerbent les inégalités au sein des pays et entre les pays, ont prévenu les délégations, lors du troisième jour de débat général de la Deuxième Commission (questions économiques et financières).  Pauvreté, inégalités : la COVID-19 a révélé au grand jour la vulnérabilité des pays en développement, s’attaquant au groupe des pays les moins avancés (PMA) de manière particulièrement brutale.

Comme l’a souligné le Bangladesh, ce sont les PMA et les pays les plus vulnérables qui payent le plus lourd tribut face à la COVID-19.  La pandémie va pousser plus de 170 millions de personnes dans une pauvreté extrême, s’est alarmé le Panama, pour qui « la vitesse de reprise économique » constitue le principal défi lancé aux États Membres.  Avec une contraction « sans précédent de l’activité économique », 85 millions de travailleurs vont perdre leur emploi dans les pays à revenu intermédiaire, et l’économie informelle sera frappée dans les PMA « d’une manière bien pire que lors de la dernière récession », a-t-il ajouté.  L’impact sur les femmes sera encore pire dans les pays en développement, du fait de leur surreprésentation dans le secteur économique informel et de leur accès limité à une forme de protection sociale.

Ces inégalités entre pays, creusées par la pandémie de COVID-19, sapent les avancées sur la voie de la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a noté la République-Unie de Tanzanie, qui a cependant salué l’assistance débloquée par la Banque mondiale pour soutenir la riposte tanzanienne à la pandémie.

Conséquence d’un tel contexte, les PMA et les pays sortant de conflits se disent incapables d’affronter le virus seuls.  Il faut « leur venir en aide », en « leur donnant accès aux informations et au vaccin quand il sera disponible », a réclamé le Yémen, qui appartient aux deux catégories, et dont le Gouvernement, en conflit avec la minorité houthiste, a dû déplacer sa Banque centrale vers la capitale par intérim, Aden, pour continuer de payer ses fonctionnaires.  Le Yémen a insisté sur la nécessité d’assurer un accès « universel », « en temps voulu », à un éventuel vaccin.  Le Koweït a acquiescé: « il ne pourra y avoir de concurrence dans l’accès des citoyens à un vaccin sûr et efficace ».  Le futur vaccin comme « bien public mondial » est également une revendication du Bangladesh, qui s’est dit prêt à le produire et à le distribuer.  « Sans vaccin, pas de relance », a résumé le représentant de Monaco.

Le défi économique pour les pays en développement est complexe.  Plusieurs de ces États ont témoigné qu’ils subissent de plein fouet la baisse des recettes des exportations, des investissements étrangers et des transferts de fonds de l’étranger.  La pandémie a eu une conséquence directe sur ces envois de fonds, a reconnu le Bangladesh qui, pour compenser, a pris des mesures facilitant le retour et la réinsertion des travailleurs bangladeshis migrants.

Le Liban, meurtri par le triple effet de « l’horrible explosion » qui a secoué Beyrouth le 4 août, de la COVID-19 et d’une crise socioéconomique majeure, a demandé de « réduire le coût des envois de fonds », qui représentant 14% du PIB du pays.  Il a aussi fait état des discussions avec le Fonds monétaire international (FMI), lancées en mai 2020, en vue d’élaborer un « programme complet d’assistance » pour le pays.

Pour contribuer au relèvement post-coronavirus, les États Membres devaient honorer leurs engagements au titre de l’Aide publique au développement (APD) et encourager la coopération Sud-Sud, ont revendiqué le Venezuela et la Sri Lanka.  Celles-ci ne doivent toutefois pas se substituer aux aides publiques mais les appuyer, a précisé ce dernier.

Les conditions de l’aide dépendant souvent du niveau de PIB d’un pays, la Bolivie a réitéré l’urgence de revoir le classement des pays qui se fonde uniquement sur ce critère.  Même son de cloche du côté de l’Uruguay : classé « pays en développement à revenu élevé », il s’est plaint de n’avoir aucun accès à l’aide internationale et a appelé à prendre en considération les besoins et les réalités de chaque pays de manière plus fine, « au-delà du seul indicateur basé sur le PIB ».

Une autre inégalité, obstacle au développement, a été soulignée par la République arabe syrienne et la République bolivarienne du Venezuela.  Ces deux pays ont dénoncé les « mesures coercitives unilatérales » dirigées contre eux, qui entravent toute avancée vers le développement durable et sapent à court terme les possibilités de combattre la pandémie.  Dénonçant une « politisation » des objectifs de développement durable (ODD) et des méthodes de travail des Nations Unies, ils ont appelé à élargir les possibilités de financement et de prêts dans des conditions favorables à leur égard.

Concernant les inégalités au sein des pays, le Qatar a expliqué avoir réagi rapidement au début de la pandémie pour garantir l’éducation de tous: une transition en ligne du système éducatif a été réalisée, en promouvant l’égalité des sexes.  De son côté, Monaco s’est engagé à fournir une éducation de qualité aux jeunes entravés par la pandémie « jusqu’à leur entrée sur le marché du travail », ainsi qu’à respecter « les droits des femmes » et diminuer les inégalités entre les sexes.  C’est le même souci qui anime le Nigéria dont le plan national de relèvement s’efforce de « promouvoir l’inclusion » et de lancer des programmes visant à autonomiser la population en agissant dans les domaines de l’éducation, la santé, le développement des jeunes et la protection sociale.

La Deuxième Commission poursuivra et terminera son débat général demain, vendredi 9 octobre, à 15 heures.

Suite du débat général

M. CEDRIC BRAQUETTI (Monaco) a déclaré qu’alors que le monde entier est touché par la COVID-19, l’objectif de réformes est devenu une « nécessité impérieuse » et « un devoir moral ».  Reconstruire mieux, en plus vert, en ne laissant personne de côté, telle est la volonté de Monaco, dont les lignes directrices sont définies par la quinzième Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique (COP15).  De nombreux messages, a relevé le délégué, ont appelé l’ONU à être plus inclusive afin d’éviter que les jeunes se retrouvent piégés dans la pauvreté.  Monaco s’est engagé pour sa part à leur fournir une éducation de qualité jusqu’à leur entrée sur le marché du travail, ainsi qu’à respecter les droits des femmes et diminuer les inégalités entre les sexes.  « Sans vaccin, pas de relance », a ajouté le représentant monégasque, avant d’annoncer contribuer pour la recherche médicale à hauteur de 150.000 dollars.

Selon Mme MARÍA TERESA PETROCELLI Rojas (Panama), les répercussions économiques et sociales de la pandémie exacerbent les inégalités au sein des pays et entre eux.  La pandémie va pousser plus de 170 millions de personnes dans une pauvreté extrême, a pointé la déléguée, pour qui « la vitesse de reprise économique » constitue le principal défi.  Avec une contraction sans précédent de l’activité économique, 85 millions de travailleurs vont perdre leur emploi dans les pays à revenu intermédiaire, et l’économie informelle sera durement frappée dans les pays les moins avancés (PMA), d’une manière bien pire que lors de la dernière récession.  L’impact sur les femmes sera encore pire dans les pays en développement, parce qu’elles sont surreprésentées dans l’économique informelle, et que leur accès à la protection sociale est limité.

Le secteur du tourisme a aussi été durement frappé par la pandémie, entraînant beaucoup de chômage, c’est pourquoi, selon la déléguée, il est essentiel de préserver la continuité de la chaîne logistique dans l’aide financière, alimentaire et médicale fournie en Amérique centrale.  « Plus grande crise sanitaire et financière de notre époque », la pandémie nous permettrait aussi de « nous réinventer », de « faire mieux » pour combler les écarts sociaux et économiques entre les populations.  Elle pourrait même, a-t-elle espéré, nous permettre d’accroître notre niveau de vie, avant de citer l’assistance médicale, et la coopération numérique.  Pour tendre vers le développement durable ainsi que la paix et la sécurité, il est important de réduire les inégalités, a-t-elle conclu.  

Mme ANAT FISHER-TSIN (Israël) a souligné combien la pandémie de COVID-19 avait constitué un coup d’arrêt à la réalisation des objectifs de développement durable, le confinement planétaire, notamment, ayant provoqué la suppression de quelque 60 millions d’emplois dans le monde et exposé les femmes et les filles, souvent moins protégées socialement que les hommes et les garçons, aux maltraitances sexuelles.  Pour la représentante, l’ONU a un rôle essentiel à jouer pour accompagner la reprise mondiale, les travaux de la Deuxième Commission représentant une occasion à saisir pour montrer ce que peuvent accomplir des nations vraiment unies.  La déléguée a ainsi invité ses homologues à se concentrer sur les points importants lors de chaque délibération sur des projets de résolution.  À cet égard, elle a annoncé qu’Israël présenterait de nouveau cette année un projet de résolution sur l’entrepreneuriat pour le développement durable, notant que les PME créent la majorité des emplois dans le monde, qui plus est dans les pays en développement.  Les entrepreneurs trouvent souvent des solutions à des problèmes locaux et aident les gouvernements à réduire les taux de chômage tout en élargissant, par leurs activités, l’assiette fiscale, ce qui permet de financer des programmes de protection sociale pour tous, a-t-elle expliqué.  La pandémie nous rappelle combien nous sommes liés les uns aux autres: redoublons d’efforts pour trouver de meilleures solutions à nos problèmes communs, a-t-elle conclu.

M. ENKHBOLD VORSHILOV (Mongolie) a prôné une approche centrée sur les personnes pour un relèvement post-COVID-19 plus inclusif, plus fort et plus résilient.  Il a parlé des plans de relance économique de la Mongolie, assortis de mesures concrètes.  Après avoir dit que le pays n’avait jusqu’à présent enregistré aucune transmission locale, le délégué a indiqué que la Mongolie continue de travailler en étroite collaboration avec ses voisins et partenaires afin de stimuler l’économie et améliorer l’accès aux marchés.  Elle a ainsi récemment adhéré à l’Accord commercial Asie-Pacifique qui contribuera à la diversification économique et à la participation active aux processus d’intégration régionale.  Le représentant a ensuite plaidé en faveur du financement du développement, de l’investissement, de la solution de la dette, de l’élimination de la pauvreté, de la protection de l’environnement, de la lutte contre les changements climatiques, de la réduction des risques de catastrophe, de la prise en compte des besoins spéciaux de l’Afrique ainsi que des pays les moins avancés et des petits États insulaires en développement.

L’examen quadriennal périodique est un rendez-vous important pour accélérer le développement durable et renforcer la reprise des quatre prochaines années, a estimé le délégué en abordant la question des activités opérationnelles de développement.  En tant que pays en développement sans littoral, la Mongolie est pleinement engagée à mettre en œuvre le Programme d’action de Vienne et la Feuille de route des Nations Unies pour la mise en œuvre de ce programme au cours des cinq années à venir, qui vise à accélérer les efforts concertés et à renforcer le soutien de la communauté internationale, a aussi déclaré le représentant.

M. ISRAEL CHOKO DAVIES (Liberia) a dit que « construire mieux » après la pandémie, exige une coopération, une solidarité et une collaboration mondiales entre toutes les parties prenantes.  Le Gouvernement, a affirmé le représentant, reste activement engagé dans la mise en œuvre du Programme 2030 et la réalisation des objectifs de développement durable.  Avec son plan national de développement, le Gouvernement continue de faire des progrès pour lutter contre les inégalités entre les genres et le chômage des jeunes.  Il s’efforce de promouvoir l’inclusion et de lancer des programmes visant à autonomiser la population par la fourniture de chances équitables en matière d’éducation, de santé, de développement des jeunes et de protection sociale.  Le Gouvernement, a poursuivi le délégué, veut promouvoir un secteur public inclusif et responsable en vue d’une prospérité partagée et d’un développement durable: ce sont les conditions fondamentales de la transformation économique et de la mise en œuvre intégrale des objectifs de développement durable.  En outre, a continué M. Davies, une évaluation des impacts socioéconomiques de la pandémie de COVID-19 sur la mise en œuvre du plan national de développement du pays et du Programme 2030 est en cours.  Les résultats de l’évaluation éclaireront la reprogrammation et la mise en œuvre du plan de développement et du plan de stabilisation et de relance de l’économie post-COVID-19 qui mettra l’accent, entre autres, sur l’inclusion, le développement du capital humain en particulier les jeunes qui constituent plus de la moitié de la population, l’autonomisation des femmes et l’éradication de la pauvreté.

M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a déclaré qu’alors que les économies reprennent partout dans le monde, la chute de la croissance en 2021 pourrait être de 7% dans les pays développés et de 2 % dans les pays en développement.  Il a aussi prévenu que 70 millions de personnes pourraient connaître l’extrême pauvreté en raison des conséquences directes et indirectes de la pandémie.  Le représentant a souligné l’importance, dans un tel contexte de crise planétaire, des plans de relance destinés à « limiter la casse sociale », les interventions des États devant être à visée tant sociale que sanitaire.  Pour le délégué, il convient de poursuivre « coûte que coûte » la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, en optimisant la solidarité et la coopération multilatérales.  Il a également insisté sur la nécessité d’assurer un accès universel « en temps voulu » au vaccin contre la COVID-19 et d’aider prioritairement les entreprises des secteurs du tourisme et de la culture à se relever.

M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (République bolivarienne du Venezuela) a exprimé la détermination de son pays à éliminer la pauvreté extrême, « comme le prouvent les différents programmes d’État ».  La crise de la COVID-19 menaçant de saper les progrès accomplis jusqu’à présent, le représentant a préconisé de mettre en place les mesures nécessaires pour vaincre le virus, afin de remettre sur les rails la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  M. Pérez Ayestarán a ainsi appelé à faire cesser les mesures coercitives envers son pays et à élargir les possibilités de financement et de prêts dans des conditions favorables, « sans politisation », afin de donner davantage accès aux financements pour les pays en développement.  Appelant à davantage de coopération Nord-Sud et Sud-Sud, le délégué a affirmé que les États Membres avaient un rôle essentiel à jouer: « ce sont eux qui définissent leurs priorités et leurs politiques publiques » a-t-il pointé, ajoutant que l’on ne pouvait pas « favoriser les entreprises au détriment des pays ».

M. MAHMADAMIN MAHMADAMINOV (Tadjikistan) a souligné qu’une coopération régionale efficace facilitera la réalisation des objectifs de développement durable, en indiquant que, sur le plan national, son gouvernement a adopté la Stratégie nationale de développement pour la période allant jusqu’en 2030.  Le délégué a fait remarquer que la menace de catastrophes naturelles liées à l’eau est inévitable, car les changements climatiques et d’autres défis continuent d’exacerber la vulnérabilité naturelle et sociale, augmentant ainsi les menaces à la sécurité humaine.  Le Tadjikistan travaille collectivement aux côtés d’autres États Membres, au sein du Groupe des Amis de l’eau, à la promotion de l’agenda mondial de l’eau et continuera de fournir une plate-forme pour le dialogue politique, le partenariat, l’action et l’organisation, avec le soutien des Nations Unies et d’autres partenaires, des conférences internationales de haut niveau tout au long de la Décennie d’action en matière d’eau.  Cette soixante-quinzième session de l’Assemblée générale devra finaliser les modalités de la Conférence des Nations Unies sur la mise en œuvre des objectifs de la Décennie internationale d’action sur le thème « L’eau pour le développement durable » (2018-2028) qui se tiendra les 22 et 24 mars 2023, a rappelé le représentant avant de signaler que sa délégation et celle des Pays-Bas présenteront conjointement à la Deuxième Commission un projet de résolution sur ce sujet.

Selon M. FAISAL NASSER M. ALHAKBANI (Arabie saoudite), les visions les meilleures sont fondées sur les points forts d’un pays.  En Arabie saoudite, cette vision a été baptisée « bâtir une patrie ambitieuse en incluant tout le monde ».  La feuille de route saoudienne a permis des avancées selon les indices de progrès, de développement et de mise en œuvre des objectifs de développement durable, a-t-il fait valoir en donnant des exemples de programmes adoptés pour, notamment, améliorer la qualité de vie, moderniser et diversifier le secteur financier, moderniser les soins de santé, opérer des privatisations en vue d’améliorer la qualité et le coût des services, et attirer les investissements étrangers.  Le Royaume d’Arabie saoudite a dépensé de grandes sommes pour éduquer et former sa population, ainsi que des « centaines de milliards de dollars » en infrastructures, s’est vanté le représentant.  « Les efforts individuels des pays ne suffisent pas », a néanmoins affirmé le représentant saoudien en plaidant pour la coopération internationale en vue de remporter la lutte contre la pandémie.

M. KENNEDY GODFREY GASTORN (République-Unie de Tanzanie) a souligné que les niveaux d’inégalités entre pays développés et en développement avaient été brutalement creusés par la pandémie de COVID-19, celle-ci sapant les avancées sur la voie de la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a préconisé la mise en place rapide de réponses adaptées aux besoins des pays en développement qui, outre la crise sanitaire, continuent de subir de plein fouet les conséquences dévastatrices de la multiplication d’événements climatiques extrêmes.  Le représentant a salué les mesures prises par le G20 et le Club de Paris concernent la dette, et celles envisagées au titre du Fonds d’affectation spécial de réponses et de relèvement.  L’assistance débloquée par la Banque mondiale pour soutenir la riposte à la pandémie est également un instrument essentiel de relèvement socioéconomique des pays les plus touchés par la convergence des crises, a-t-il encore dit.  Enfin, il s’est voulu confiant quant à la capacité des États Membres de concrétiser « ensemble nos objectifs sans qu’il n’y ait de laissés-pour-compte ».

M. INAYET ISMAIL (Afrique du Sud) a plaidé pour que l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles soient au centre de tous les programmes de rétablissement post-COVID-19.  En Afrique, a-t-il indiqué, l’Union africaine a créé un Fonds d’intervention contre la COVID-19 et lancé une plateforme africaine de fournitures médicales pour s’assurer que tous les pays aient accès aux équipements et fournitures nécessaires.  Il a aussi mentionné le programme de relance verte de l’Afrique qui veut assurer un relèvement « vert et durable ».  Au niveau national, a continué le délégué, chaque pays africain s’engage à construire une économie plus verte dans de nouveaux domaines tels que les voitures hybrides, les piles à combustible, le stockage des batteries et la valorisation des déchets ainsi que l’économie circulaire.  M. Ismail a aussi plaidé pour le renforcement du multilatéralisme pour contenir les dommages causés par la pandémie.  Cela nécessite le renforcement du soutien financier et technologique ainsi que celui des capacités pour les projets d’infrastructure à grande échelle et d’autres projets en Afrique et dans d’autres pays en développement afin d’apporter des changements transformateurs, a indiqué le représentant.  Il faut un nouveau soutien financier, qui s’ajoute aux autres, sous la forme appropriée de subventions plutôt que de prêts commerciaux avec des ratios de cofinancement toujours plus élevés et des conditions qui aggravent les dettes ou excluent les pays en développement, a expliqué le délégué.  Il a ajouté que, pour faire face à la pandémie, un engagement ferme en faveur des droits de l’homme est impératif, les plans de relance devant s’attaquer aux inégalités.

En Afrique du Sud, a poursuivi M. Ismail, la pandémie a eu un impact dévastateur sur l’économie avec des pertes d’emplois, la fermeture d’entreprises et la suspension des secteurs clefs tels que le tourisme, un moteur-clef de la croissance économique.  Pour y faire face, le Gouvernement a lancé un programme d’aide économique et sociale d’une valeur de plus de 30 milliards de dollars pour aider les entreprises en difficulté, sauver des emplois et fournir des revenus aux travailleurs informels et aux ménages pauvres.  Le régime spécial d’allégement COVID-19 de la Caisse d’assurance-chômage (FIM) a versé plus de 11 milliards de rands à deux millions de salariés employés par plus de 160 000 entreprises en difficulté.  Un système de garantie des prêts COVID-19 de 200 milliards de rands, garanti par le Gouvernement, a également été mis en place pour stimuler les petites et moyennes entreprises, a énuméré le représentant.  Enfin, le délégué a demandé la suspension des paiements d’intérêts sur la dette extérieure et publique de l’Afrique, la restructuration de la dette et l’annulation de la dette pour les pays très endettés.  Il a appelé les pays développés à honorer leurs engagements en matière d’Aide au développement.  Il faut également intensifier les efforts pour mettre fin au fléau des flux financiers illicites qui coûtent chaque année 88,6 milliards de dollars, soit 3,7% du PIB de l’Afrique.

 M. VLADIMIR KURT SEAN BUDHU (Trinité-et-Tobago) a insisté sur le fait que les objectifs de développement durable sont une réponse valable à la pandémie de COVID-19.  La solution réside aussi dans le renforcement du multilatéralisme, a ajouté le représentant.  Alors que les petits États insulaires continuent de faire les frais de la crise induite par la COVID-19, il a plaidé en faveur de la conception de mécanismes d’intervention novateurs, du renforcement des instruments financiers, de l’intensification des partenariats public-privé et des investissements, dans le but de libérer ces pays des pressions socioéconomiques.  Le représentant a réitéré l’appel lancé par l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS) en faveur d’un Pacte sur les PEID, qui prescrive des solutions sur mesure pour relever les défis de financement auxquels sont confrontés ces pays.  Il a plaidé à cet égard pour un « indice de vulnérabilité multidimensionnelle » pour refléter avec précision le cas particulier des PEID en matière d’accès au financement.  Il a estimé que l’examen quadriennal sur les politiques globales du système des Nations Unies pour le développement de 2020 sera d’une importance capitale dans le contexte de la réponse à la pandémie.  La COVID-19 a mis en évidence la nécessité, mais aussi la possibilité de construire, de promouvoir et de renforcer des mesures d’adaptation et d’atténuation pour réduire le risque de catastrophes et de crises, a également relevé le représentant.

M. ALBERTO ESTEBAN CABALLERO GENNARI (Paraguay) a prévenu qu’on ne connaît pas encore l’étendue des conséquences de la pandémie de COVID-19.  On ne sait pas non plus combien de temps elle affectera notre façon de vivre, a ajouté le représentant.  Nous connaissons toutefois les défis, a-t-il continué, en exhortant à reprendre le contrôle des économies et à revenir sur la voie des objectifs de développement durable en donnant la priorité aux plus vulnérables.  Le Programme 2030, l’Accord de Paris et le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, entre autres instruments, doivent guider notre action collective et notre riposte face à la fragilité que la pandémie a révélée et exacerbée, a exhorté le représentant.

Le Gouvernement paraguayen a pris la décision de donner la priorité à la vie et à la santé de sa population en facilitant le rapatriement des migrants ainsi que le retour des étrangers bloqués dans leur pays d’origine ou de résidence.  Il garantit l’approvisionnement et le libre transit des marchandises, a aussi indiqué le représentant avant de mentionner le plan de relance économique du pays, fondé sur le renforcement de la protection sociale, de l’investissement public et des crédits de développement.  Le délégué a plaidé pour que les travaux de la Deuxième Commission examinent l’effet négatif que la pandémie a eu sur le commerce international, la dette publique, la connectivité et la sécurité alimentaire.  Le Paraguay est le pays le plus vulnérable aux changements climatiques en Amérique du Sud, a rappelé le représentant qui s’est réjoui d’avoir rejoint l’Engagement des dirigeants pour la nature, dans le cadre du Sommet sur la biodiversité, convaincu de l’importance de mener des actions transformatrices au nom des populations, de la nature et du climat.

Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a recommandé, dans le cadre de la Décennie d’action lancée pour réaliser les objectifs mondiaux, des actions et des politiques pour faire face aux pénuries de liquidités, éviter une crise de la dette, accroître la protection sociale et stopper les flux financiers illicites.  Cette année a été exceptionnelle, notamment pour le Liban avec l’horrible explosion qui a secoué Beyrouth le 4 août, a indiqué la représentante en rappelant que les pertes matérielles sont estimées à environ 4,5 milliards de dollars et les besoins urgents de reconstruction à environ 2 milliards de dollars.  La représentante a plaidé pour une mobilisation importante de ressource pour mettre en œuvre un programme de relèvement durable et inclusif.  Elle a rappelé qu’avant l’explosion, le Liban était déjà confronté à une crise socioéconomique accentuée par les retombées du conflit en Syrie et la pandémie de COVID-19, et que depuis des années, le pays accueille plus de 1,2 million de réfugiés syriens.  Pour relever ces défis, a annoncé la déléguée, il faut des prêts et des subventions concessionnels au Liban.

Le Gouvernement libanais a adopté, en avril 2020, un plan de relance visant à résoudre les problèmes macroéconomiques, financiers et institutionnels, à rétablir la confiance, à stimuler la croissance économique, à promouvoir un système financier sain et à assurer la viabilité de la dette.  Il a lancé l’exploration des ressources pétrolières et gazières, a poursuivi la représentante, faisant aussi état des discussions avec le FMI, lancées en mai 2020, en vue d’élaborer un programme complet d’assistance au Liban.  La déléguée a en outre demandé de réduire le coût des envois de fonds qui représentant 14% du PIB du pays.  Le Liban soutient en outre l’appel lancé à la communauté internationale pour qu’elle étende et élargisse l’initiative de suspension du service de la dette, a indiqué Mme Mudallali.  Le pays milite aussi pour doter le système des Nations Unies pour le développement de capacités suffisantes pour prévenir, contrôler et contenir les pandémies et les catastrophes mondiales, ainsi que pour développer et mettre en œuvre des programmes de relèvement durables, inclusifs et résilients.  Le système des Nations Unies doit se concentrer sur l’élimination de la pauvreté, la sécurité alimentaire, l’éducation, y compris l’apprentissage à distance, la numérisation, ainsi que l’égalité des sexes et les soins de santé, a préconisé le Liban.

M. RODRIGO A. CARAZO (Costa Rica) a appelé les États Membres à éviter de revoir leurs engagements en matière d’environnement durable en raison de la crise sanitaire mondiale.  Cela équivaudrait en particulier à perdre la bataille climatique, a-t-il ajouté, en soulignant que son pays restait engagé, au plan régional, à réaliser l’objectif de protection de 30% des milieux marins à l’horizon 2030.  Concernant les questions économiques et sociales, le représentant a souhaité davantage de décentralisation pour rendre les sociétés plus inclusives.  À ce propos, il a indiqué que la stratégie nationale territoriale de son pays faisait le pari d’une économie décarbonée et durable et d’un modèle de développement axé sur la réduction des inégalités. « Les accords internationaux de développement sont importants, mais il est de notre responsabilité collective de créer les conditions nécessaires à leur mise en œuvre concrète. »  Le délégué a, en ce sens, rappelé l’importance de réorienter les flux financiers vers la durabilité et d’avancer en matière de facilités fiscales.  Les mécanismes d’attribution des financements du développement durable doivent tenir compte, dans leur conception, du caractère multidimensionnel de celui-ci et de la persistance de la pauvreté, laquelle réduit les marges de manœuvre des pays à revenus intermédiaires, a plaidé le délégué.

M. MARWAN ALI NOMAN AL-DOBHANY (Yémen) a cité les grands idéaux des Nations Unies notamment les paragraphes 3 et 4 de la Charte, centrés sur la coopération internationale, les jugeant pleinement conformes aux travaux de la Deuxième Commission.  L’enjeu de la COVID-19 et ses répercussions appellent à une coopération entre nations nanties et nations démunies, selon le Yémen, car « le virus se joue des frontières ».  Les pays les moins avancés (PMA) et les pays sortant de conflits ne pouvant faire face au virus seuls, il importe de leur venir en aide, en leur donnant accès aux informations et au vaccin quand il sera disponible, a recommandé le délégué.

Critiquant l’action de la minorité houthie et ses objectifs expansionnistes, il a décrié la situation humanitaire actuelle dans le pays, expliquant que la plupart des Yéménites étaient « au bord de la famine ».  Malgré ses faibles moyens, l’État yéménite « fait tout pour y remédier: la Banque centrale a été déplacée de Sanaa vers la capitale par intérim, Aden ; les salaires des fonctionnaires sont de nouveau versés ».  Mais le pays demeure en guerre, a déclaré le délégué, qui a invité les organisations internationales et les donateurs à trouver des solutions pour les PMA et les pays en situation de conflit.

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a décrit les mesures de prévention prises par son pays pour contenir la pandémie comme « efficaces » et « urgentes ».  En effectuant rapidement une transition en ligne du système éducatif, le royaume a su maintenir une éducation pour tous, promouvant l’égalité des sexes, a notamment fait valoir la représentante.  Elle a ajouté que, dès le début de la pandémie, le Qatar a fourni une aide médicale à 78 pays, dont le montant dépasse les 80 millions de dollars.  La vision « Qatar 2030 » met en exergue le Programme 2030, a poursuivi la déléguée en indiquant que le pays présentera en 2021 son examen national volontaire.

Impatient d’accueillir à Doha, du 23 au 27 janvier 2022, la prochaine Conférence des PMA, le Qatar, a-t-elle rappelé, « a toujours été pionnier en matière d’Aide au développement », fournissant depuis des années des contributions pour soutenir le réseau des laboratoires des objectifs de développement durable du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  Des contributions aux petits États insulaires en développement (PEID) et aux PMA ont aussi été annoncées par le royaume, afin d’aider ces groupes de pays à atteindre les objectifs ambitieux de l’Accord de Paris, a assuré Mme Al-Thani.

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a indiqué que, cette année, « en dépit de circonstances extraordinaires », son pays avait présenté son premier rapport au forum politique de haut niveau pour le développement durable.  La Syrie, comme le montre cette participation, est attachée à la réalisation du Programme 2030, les principes qu’elle applique à cette fin visant à aider les communautés en renforçant leurs capacités à exercer leur droit au développement durable, a-t-il expliqué.  Pour le représentant, l’accent mis de manière quasi exclusive sur la dimension humanitaire du développement durable, au détriment des volets économique et social, a pour effet de politiser la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il a ensuite estimé que les « mesures coercitives unilatérales imposées à l’encontre du peuple syrien » entravent toute avancée vers le développement durable de son pays et sapent à court terme les possibilités de combattre la pandémie de COVID-19.  Le représentant syrien a par ailleurs salué la pertinence de la résolution de la Deuxième Commission, adoptée chaque année depuis 1996, relative à la souveraineté sur les ressources naturelle dans le Golan occupé.  « L’Occupant israélien exploite les ressources naturelles dans ce territoire, bloquant tout progrès vers le développement durable », a-t-il fustigé.  Enfin, il a appelé les États Membres à revenir à un modèle dépolitisé de travail aux Nations Unies et au sein des autres organisations internationales engagées dans la réalisation des objectifs de développement durable. 

Mme SALOME SUPATASHVILI (Géorgie) a estimé que la Deuxième Commission devait servir de plate-forme pour aider à mieux construire après la COVID-19.  La Géorgie, a-t-elle assuré, a fait des progrès socioéconomiques remarquables au cours des dernières années dont un taux de chômage historique le plus bas (11,6%) en 18 ans.  Cependant, a-t-elle regretté, ces réalisations sont menacées par la pandémie.  Depuis le début de celle-ci, trouver un équilibre entre la protection des vies humaines et la santé et la réduction de l’impact économique négatif a été une priorité pour le Gouvernement géorgien, a assuré Mme Supatashvili.  Le Plan économique anti-crise couvre presque tous les secteurs et tente d’atteindre le plus grand nombre possible de personnes touchées par la pandémie.  Dans le même temps, la réalisation des objectifs de développement durable est devenue plus difficile que jamais et le pays ne ménage aucun effort pour s’assurer que les gains récents soient protégés autant que possible, a-t-elle promis avant d’ajouter que la crise climatique et de la biodiversité reste l’un des principaux problèmes mondiaux qui ne peuvent être ignorés ou négligés.  « La seule voie vers un monde meilleur après la pandémie passe par une reprise verte fondée sur les engagements du Programme 2030, de l’Accord de Paris et des objectifs mondiaux en matière de biodiversité. »  Avant de terminer, Mme Supatashvili a fait savoir que la population vivant actuellement dans les régions occupées de la Géorgie, l’Abkhazie et la région de Tskhinvali/Ossétie du Sud, est laissée pour compte, car le Gouvernement est empêché de mettre en œuvre les mesures visant à ne laisser personne sur le côté.

Mme ELISENDA VIVES BALMAÑA (Andorre) a déploré que la pandémie de COVID-19 vienne s’ajouter à la crise climatique et à la pauvreté sur la voie du développement durable.  Selon elle, il convient de changer d’approche et de comportement à l’égard des ressources naturelles, la durabilité étant l’objectif numéro un à atteindre collectivement.  La représentante, parmi les actions menées au plan national, a mentionné la préservation de la biodiversité d’Andorre, qui est inscrite dans la Constitution, et les orientations législative en faveur de l’économie circulaire.  Elle a aussi attiré l’attention sur la nécessité de démocratiser les bonnes pratiques contre le gaspillage, non seulement en promouvant des comportements individuels adaptés mais aussi en prenant des mesures collectives, ce qui concerne tant les acteurs publics que privés.

Mme DOMA TSHERING (Bhoutan) a demandé à ce que les traitements et les vaccins contre la COVID-19 soient reconnus comme des biens publics mondiaux, avec un accès juste, équitable et abordable pour tous.  À cette fin, a-t-elle continué, l’ONU et l’OMS en particulier ont un rôle central à jouer dans une réponse mondiale coordonnée.  Sur le plan économique, Mme Tshering a déclaré que pour surmonter les perturbations économiques, stabiliser l’économie et stimuler la croissance, le plan national de développement actuel du Bhoutan a été révisé avec une attention particulière à la revitalisation de l’économie rurale et à la création d’emplois.  Le Gouvernement a émis sa toute première obligation souveraine de trois ans d’une valeur de 41 millions de dollars pour combler les lacunes en matière de ressources et fournir l’espace budgétaire nécessaire pour soutenir la reprise économique.  L’obligation a été entièrement souscrite, démontrant que même les pays les moins avancés ayant une infrastructure financière limitée peuvent émettre des obligations souveraines comme outil de reprise économique et de développement sur les marchés financiers sans dépendre fortement des moyens conventionnels d’APD et des prêts concessionnels.

Le Bhoutan est en outre préoccupé par l’impact de cette crise sur la transition durable.  Le Plan national de développement, conçu à l’origine pour relever les défis du « dernier kilomètre » pour permettre une transition en douceur afin de sortir de la catégorie des PMA d’ici à 2023, a dû être recalibré, en mettant l’accent sur la maîtrise de la pandémie et sur les objectifs de sauver des vies et des moyens de subsistance.  Le chemin qui est devant nous semble maintenant incertain, a averti Mme Tshering.

Selon M. DAMIANO BELEFFI (Saint-Marin), la pandémie révèle les vulnérabilités de notre planète.  Et l’ONU, en prenant les rênes de la riposte, « nous donne les moyens de fournir une aide humanitaire salvatrice » et « d’intervenir rapidement pour en prévenir les conséquences socioéconomiques ».  Souscrivant au Plan d’intervention humanitaire mondial pour atténuer les effets de la pandémie, le représentant a jugé « l’inclusivité » et « le dialogue » comme des ingrédients essentiels pour obtenir des résultats au niveau mondial.  L’ONU, « démocratique, universel » et qui a une « légitimité incontestée », doit jouer un plus grand rôle, a-t-il estimé.  « Nous n’y arrivons qu’en unissant nos efforts et en renforçant le multilatéralisme », a insisté le délégué saint-marinais.  Selon lui, si la crise entrave les avancées pour parvenir aux objectifs de développement durable, « elle est également une occasion sans pareille d’opérer une transition vers le développement durable, et de bâtir des sociétés sans laissés-pour-compte ».

Mme RABAB FATIMA (Bangladesh) a rappelé que les PMA et les pays les plus vulnérables payaient le plus lourd tribut face à la COVID-19.  Le Bangladesh a beaucoup souffert dans l’industrie manufacturière et a également subi de plein fouet la pandémie au niveau des envois de fonds de l’étranger.

Le plus grand plan de relance de l’histoire du pays a été lancé pour atténuer les effets de la pandémie, a annoncé la représentante.  Dans un contexte de chute de l’économie planétaire où les investissements étrangers directs (IED), de même que les envois de fonds, devraient accuser une baisse de 5 à 20%, et où des millions de personnes vont se retrouver au chômage, la Deuxième Commission doit jouer un rôle sans précédent, a souhaité la déléguée.  Mais pour se débarrasser de la COVID, elle a demandé de s’assurer qu’un éventuel vaccin devienne « un bien public mondial »: le Bangladesh est prêt à le produire et à le distribuer.

La représentante a ensuite plaidé pour que les PMA et les pays les plus vulnérables bénéficient de mesures d’aide particulière, tout comme les pays sortant de la catégorie des PMA.  Le Bangladesh a lancé un nouvel indice de mesure de la pauvreté « multidimensionnel » pour mieux cibler les populations les plus impactées par la COVID-19, a-t-elle indiqué.  Elle a aussi signalé que le Bangladesh avait lancé des mesures pour faciliter le retour et la réinsertion des travailleurs bangladeshis migrants.  Les pays développés sont invités à honorer leurs engagements « pour un marché sans droit de douanes », pour aider notamment les pays à revenu intermédiaire, a enfin lancé la déléguée qui a appelé à des solutions plus novatrices pour faire face à la fracture numérique.

Mme LUO(Singapour) a fait remarquer que la COVID-19 avait fait basculer les économies dans une récession sans précédent depuis la Grande dépression, exacerbant les tensions entre pays.  Elle a appelé à garantir la santé et la sécurité des citoyens en ripostant de manière coordonnée aux effets de la pandémie sur l’économie mondiale et les systèmes de protection sociale.  Nos discussions devront cette année plus que jamais porter sur le renforcement du rôle de l’ONU, qui doit être en mesure de tracer la voie d’un meilleur relèvement, a-t-elle ajouté.  La représentante a ainsi appelé à la consolidation du système multilatéral de développement et du « filet financier et social mondial ».  Elle a également jugé important que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) garde toute sa pertinence en cette période d’incertitude, son mécanisme d’arbitrage devant continuer de fonctionner par le biais de financements adéquats.

Mme DINUSHI SONALI RUPATHUNGA HETTIWELIGE (Sri Lanka) a estimé que la COVID-19 avait fait éclater au grand jour les inégalités et la vulnérabilité des pays en développement par rapport à la pauvreté et à la récession économique.  Elle a assuré que son pays continuait d’œuvrer à la réalisation des objectifs de développement durable, en axant ses programmes socioéconomiques sur l’être humain et la gestion environnementale durable.  Tous nos ministères ont été restructurés pour faciliter la réalisation des objectifs de développement durable, des organismes dédiés étant chargés de les mettre en œuvre par le biais de l’entrepreneuriat local, a-t-elle indiqué.  La représentante a par ailleurs estimé que pour contribuer au relèvement post-COVID, les États Membres devaient honorer leurs engagements au titre de l’Aide publique au développement (APD) et encourager la coopération Sud-Sud.  Celles-ci ne doivent toutefois pas se substituer aux aides publiques mais les appuyer, a-t-elle précisé.

M. MATIAS PAOLINO LABORDE (Uruguay) a défendu le multilatéralisme dans tous les domaines et lancé un appel à la communauté internationale pour que la pandémie n’aboutisse pas à un affaiblissement du commerce international, notamment dans le domaine des médicaments.  Soucieux du sort des plus vulnérables, l’Uruguay a revendiqué un développement durable nécessaire, une défense de l’état de droit et de la démocratie, ainsi qu’une bonne gestion des ressources publiques.  Il a aussi souhaité que la communauté internationale s’efforce, d’une manière coordonnée, d’augmenter l’aide internationale, de réduire la fracture numérique et de fournir une aide au développement.

Le représentant a indiqué que l’Uruguay présentera en 2021 son troisième examen national volontaire.  Il a appelé à garantir la sécurité alimentaire mondiale, un défi alors que les changements climatiques menacent.

Pays largement agricole, signataire de l’Accord de Paris, l’Uruguay a promu un développement durable ainsi qu’une réduction de la dépendance au carbone.  Le délégué a enfin jugé paradoxal que l’Uruguay, classé « pays en développement à revenu élevé », n’ait aucun accès à l’aide internationale, et a appelé à prendre en considération les besoins et les réalités de chaque pays de manière plus fine, au-delà du seul indicateur basé sur le PIB.

Mme SEBASTIANA BARROS (Timor-Leste) a déclaré que son pays avait fait de grands progrès dans les domaines de la santé, l’éducation, l’égalité des sexes, l’autonomisation des femmes, la protection sociale, l’accès à l’eau et à l’assainissement, les infrastructures et l’électricité.  Toutefois, a-t-elle nuancé, il reste des défis à surmonter pour transformer l’économie en un pays à revenu intermédiaire supérieur d’ici à 2030.  Les catastrophes liées au climat, aggravées par les effets de la pandémie de COVID-19, sont une pression supplémentaire sur les efforts pour atteindre les objectifs de développement durable, a déploré la représentante qui a assuré que le Gouvernement est déterminé à réaliser ces objectifs.  Dans sa stratégie de relèvement post-COVID-19, le Gouvernement a lancé le Plan de relance économique qui comprend des mesures pour atténuer les effets immédiats de la pandémie sur la vie de la collectivité et développer les secteurs de la santé, l’éducation, l’agriculture, le tourisme et les infrastructures de base.

Mme Barros a souligné l’importance de renforcer les capacités du système de santé publique, de s’attaquer à l’impact de la COVID-19 sur l’économie et de garantir une économie résiliente et diversifiée qui garde sa pleine capacité de production.  Elle a mis l’accent sur la nécessité de préserver les moyens de subsistance et de garantir de l’emploi des jeunes.  S’agissant de l’adaptation aux changements climatiques, le plan de développement stratégique vise à atteindre 50% de la production nationale d’énergie à partir de ressources écologiquement durables d’ici à 2030.  La représentante a également mis l’accent sur le plan de protection et de conservation des ressources naturelles et de la biodiversité nationales qui donne la priorité à l’intensification des efforts de plantation massive d’arbres et au reboisement et à la réhabilitation d’habitats essentiels qui contribuent à rétablir l’équilibre de l’écosystème et, à terme, qui permettent de faire de grands progrès en matière de développement socioéconomique.

M. RUBÉN DARÍO CUÉLLAR SUÁREZ (Bolivie) a souhaité un monde « plus équitable » et « plus juste » face à une situation sans précédent.  « Le défi, pour les pays en développement, est très complexe, car les recettes des exportations, des investissements étrangers et des transferts de fonds sont en chute libre. »  Réitérant l’urgence de revoir le classement des pays qui se fonde uniquement sur le PIB, il a encouragé à trouver un nouvel accord concernant la dette, pour permettre aux pays en développement de se remettre sur pied pour parvenir à réaliser le Programme 2030.

Évoquant les pressions sur les écosystèmes comme les incendies de forêts et les augmentations de risque de sécheresse, dues à une croissance non raisonnable, il a appelé à des « changements en profondeur » pour éviter « d’atteindre un point de non-retour », notamment à l’aide d’une meilleure gestion des forêts et des sols.  Le rôle des peuples autochtones est essentiel pour relever ce défi, a-t-il jugé.  Étant donné sa situation géographique particulière, le défi est d’autant plus grand pour la Bolivie, qui a souscrit au Plan d’Action de Vienne.  Sans accès à l’océan, les exportations des pays en développement sans littoral ne représentent qu'une infime partie du commerce international, a-t-il déploré.

M. ABDULLAH A. KH. A. KH. ALSHARRAH (Koweït) a indiqué que les efforts investis dans la réalisation des objectifs de développement durable risquaient d’être en partie annulés par la pandémie de COVID-19.  Cette crise sanitaire mondiale s’avère un défi exceptionnel à la survie même de millions de personnes à travers le monde, a-t-il relevé, estimant que, le moment venu, il ne pourra y avoir de concurrence dans l’accès des citoyens à un vaccin sûr et efficace.  Le représentant a ensuite souligné que les retombées économiques et environnementales de la COVID-19 ne pourront être appréhendées sans la contribution de chacun des États Membres des Nations Unies.  Il nous faudra aussi préparer la survenue d’autres épidémies planétaires, a-t-il déclaré, appelant à une coopération multilatérale accrue pour relever les pays les plus touchés par la pandémie et œuvrer à un monde prospère et stable.  C’est ainsi qu’il a également appelé à tenir compte des leçons du passé concernant les réponses à la convergence des crises.  Notre responsabilité en faveur d’un développement plus équitable et durable est engagée au travers des accords qui nous lient, a-t-il dit, en demandant aux pays développés de s’acquitter de leurs obligations en matière d’APD, celle-ci restant le moyen le plus sûr de permettre aux pays en développement de mener à bien la mise en œuvre du Programme 2030.

M. SAMSON SUNDAY ITEGBOJE (Nigéria) a appelé à renforcer les efforts pour lutter contre la pauvreté et la faim, ce qui implique que la Deuxième Commission travaille de manière collaborative.  Il a salué l’accent porté à une reprise plus durable et inclusive dans la thématique de cette session, en encourageant la Commission à saisir toutes les occasions pour enrayer les inégalités enracinées dans le système international, mises au grand jour par la pandémie.  Appelant à accélérer la mise en œuvre du Programme 2030, il s’est dit inquiet des conséquences de la pandémie pour les pays en développement et a plaidé pour un accès facile à des sources de crédit et un allègement de la dette, afin de préserver les investissements des pays en développement dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Le délégué a aussi souhaité la mise en place d’un espace fiscal plus souple, pour réduire les coûts liés à l’envoi de fonds vers les pays d’origine.  Il a ajouté que son pays, à travers des programmes sociaux, avait tenté de répondre aux besoins urgents de ses laissés-pour-compte.  Il a aussi appelé la communauté internationale à lutter plus efficacement contre les flux financiers illicites et à restructurer le système fiscal pour rapatrier les avoirs illicites, afin d’assurer davantage d’équité fiscale et sociale.

M. OMAR A. A. ANNAKOU (Libye) a déclaré que l’instabilité et la vulnérabilité sécuritaire qui frappent son pays l’empêchent d’avancer sur la voie du développement durable.  Il a expliqué que les institutions libyennes étaient divisées et que l’économie du pays, qui dépend du pétrole et du gaz, était particulièrement affectée par les baisses de la production.  Il a appelé la communauté internationale à apporter à la Libye l’aide qui lui est nécessaire pour contrôler, dans ce contexte fragile, la pandémie de COVID-19.  Il a également exhorté l’ONU à alléger le régime de sanctions contre son pays, souhaitant que les capitaux et crédits libyens gelées en vertu des résolutions du Conseil de sécurité soient rapatriés pour être alloués au développement durable.  Le représentant a d’autre part souhaité que les pays d’origine des migrants qui transitent par la Libye s’emparent du problème des migrations clandestines, qui occasionnent violences et instabilité à l’échelle de régions entières.  L’ONUDC doit œuvrer de manière plus active au démantèlement des réseaux clandestins de migrants, a-t-il dit.

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