SC/14391

Le Conseil de sécurité examine la situation en Afghanistan, marquée par des progrès dans les négociations mais des doutes sur la sincérité des Taliban

Le Conseil de sécurité, réuni ce matin en visioconférence, a examiné la situation en Afghanistan, marquée par une pause, jusqu’au 5 janvier 2021, des négociations intra-afghanes lancées le 12 septembre 2020.  De nombreuses voix s’interrogent sur la sincérité des Taliban, dans un pays où 92% des 10 439 atteintes à la sécurité enregistrées entre le 13 juillet et le 12 novembre 2020 sont le fait d’éléments antigouvernementaux.

Malgré les difficultés, 2020 est « une grande année » pour l’Afghanistan qui a vu des changements profonds dont un accord entre les États-Unis et les Taliban, la signature d’une déclaration conjointe entre les États-Unis et le Gouvernement afghan, trois mois de négociations intra-afghanes, de nouveaux engagements de la part des donateurs internationaux et des efforts pour revitaliser la coopération régionale, a résumé la Représentante spéciale du Secrétaire général pour l’Afghanistan, Mme Deborah Lyons.

Malgré les défis sanitaires et socioéconomiques liés à la COVID-19, la Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) a espéré que 2021 verra des succès plus importants encore avec une transition sécuritaire complète, le progrès des négociations de paix et de réels changements politiques et sociétaux.

Tout en saluant les avancées dans les pourparlers de paix entre l’Afghanistan et les Taliban, puisque les deux parties ont annoncé le 2 décembre qu’elles avaient formé un comité de travail chargé de discuter de l’ordre du jour, Mme Lyons s’est inquiétée d’une violence incessante qui reste « un obstacle sérieux à la paix ».  En octobre et novembre, les engins explosifs improvisés ont ainsi causé plus de 60% de victimes civiles de plus qu’à la même période l’an dernier, et, au dernier trimestre 2020, le nombre d’enfants victimes de violences a augmenté de 25% par rapport au trimestre précédent.  Les attaques contre les écoles ont été multipliées par quatre et les attaques ciblées par des éléments antigouvernementaux ont augmenté de près de 40% cette année.

L’Afghanistan reste l’un des endroits les plus dangereux au monde pour les journalistes, a notamment affirmé la Représentante spéciale.  Six journalistes et 11 défenseurs des droits humains y ont été tués en 2020.  Mme Lyons a exhorté les Taliban à s’abstenir d’attaquer des cibles civiles et à reconnaître le rôle crucial que jouent les médias et la société civile dans un Afghanistan moderne.

En sa qualité de Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1988 (2011), le représentant de l’Indonésie, M. Dian Triansyah Djani a rappelé que l’objectif principal des sanctions est de dissuader les Taliban de continuer à soutenir Al-Qaida et ses affiliés et d’attaquer le Gouvernement afghan.  Jugeant les négociations de paix en cours à Doha « encourageantes », M. Djani a assuré que les travaux du Comité peuvent appuyer la création d’un environnement propice à une paix durable et stable en Afghanistan.

« La jeunesse afghane ne veut pas revenir à l’ère sombre des années 1990 », a réagi la représentante de la jeunesse afghane auprès des Nations Unies, Mme Shkula Zadran.  Si les Taliban veulent vraiment un Afghanistan pacifique et prospère, pourquoi détruisent-ils des écoles, des ponts, des routes et des infrastructures publiques?  S’ils veulent vraiment la paix, pourquoi n’ont-ils pas reculé d’un pouce sur leurs demandes et conditions alors même que le Gouvernement afghan a libéré plus de 5 000 prisonniers dangereux? a-t-elle encore demandé.  « Nous avons déjà payé un prix énorme pour les guerres par procuration et si le processus de paix tourne mal, les Afghans en seront de nouveau les victimes », a averti la jeune femme.

La levée des sanctions, a prévenu le Royaume-Uni, dépend de la fin des violences et de la dissociation par les Taliban de tous les groupes terroristes, y compris Al-Qaida.  En tant que coprésident du Groupe des Amis des femmes afghanes, il a dit sa détermination à défendre leurs intérêts.  La participation pleine et entière des femmes est absolument indispensable et la préservation des acquis démocratiques est « une condition sine qua non de la paix », a renchéri la France pour qui « la sincérité de l’engagement des Taliban reste à démontrer ».  À son tour, l’Allemagne, porte-plume sortant de la résolution sur l’Afghanistan, avec l’Indonésie, a dénoncé le rôle « cynique » des Taliban qui, d’un côté, négocient la paix, et de l’autre, détruisent leur patrie.

Les États-Unis n’ont pas été sans rappeler la résolution 2513 (2020) par laquelle le Conseil a entériné l’accord qu’ils ont signé avec les Taliban.  Il est temps, ont-ils jugé, que le Gouvernement afghan, les Taliban et tous les Afghans présentent un « front uni » contre Daech.  « La violence doit cesser », ont-ils martelé, en soulignant l’urgence d’un cessez-le-feu global.  La finalisation du règlement intérieur des négociations a montré que les deux parties sont capables de s’attaquer à des questions difficiles, a constaté la délégation.

Très pessimiste, la Fédération de Russie a estimé que « nous étions loin de progrès véritable » avant de craindre que la pause de trois semaines dans les négociations ne se transforme « en gel ».  La délégation russe a estimé que les éléments terroristes, y compris Daech, se servent de la situation en Afghanistan pour intensifier leurs activités terroristes dans toute l’Asie centrale.  Elle a regretté l’absence du Chef de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) au Conseil aujourd’hui, avant de juger inadmissible de minimiser les risques liés au terrorisme et au trafic de stupéfiants.

La délégation afghane s’est félicitée de la tenue de la Conférence de 2020 sur l’Afghanistan, les 23 et 24 novembre à Genève, qui s’est traduite par des engagements internationaux en faveur de la paix, de la prospérité et de l’autonomie.  Cet événement a été l’occasion pour le pays de présenter ses priorités de développement pour 2021-2024 au vu des promesses de contributions de 66 pays et 32 organisations internationales.  La délégation a toutefois prévenu que 18 millions d’Afghans auront besoin d’une aide humanitaire en 2021.  Par ailleurs, elle a souligné « les contradictions » des Taliban qui ont renforcé leurs activités violentes et continuent d’entretenir des liens avec des groupes terroristes.  Enfin, alors que les négociations doivent reprendre le 5 janvier, elle a annoncé que le Haut Conseil pour la paix et la réconciliation nationale a organisé sa première réunion.

Mme DEBORAH LYONS, Représentante spéciale du Secrétaire général pour l’Afghanistan et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), s’est félicitée des progrès observés dans les pourparlers de paix entre le Gouvernement de l’Afghanistan et les Taliban puisque les deux parties ont annoncé le 2 décembre qu’elles avaient accepté des « règles et procédures » de négociation et formé un comité de travail chargé de discuter de l’ordre du jour, avec un accord sur une première liste de sujets à discuter.  Selon elle, ces développements sont « un signe positif que les deux parties sont capables de faire des compromis ».

« Plus tôt cette semaine, après 93 jours de pourparlers ininterrompus, les parties ont accepté de prendre une pause de 20 jours » à des fins de consultation, pour revenir à la table des négociations le 5 janvier, a annoncé Mme Lyons.  Elle a indiqué qu’elle s’est rendue deux fois récemment à Doha pour rencontrer les parties afghanes et les membres de la communauté diplomatique.  Elle a remercié l’État du Qatar d’avoir accueilli les pourparlers, et les États-Unis et les membres du groupe de soutien du pays hôte -Allemagne, Indonésie, Norvège et Ouzbékistan- pour leurs efforts diplomatiques.  La Représentante spéciale a exhorté les Taliban à élargir leurs consultations vis-à-vis de tous les pans de la société afghane.  Elle a souligné ses attentes vis-à-vis de la jeunesse afghane de moins de 25 ans qui représente les deux tiers de la population et constitue « la génération la plus instruite de toute l’histoire de l’Afghanistan ».

Mais la violence incessante reste un obstacle sérieux à la paix et que les statistiques sont effrayantes, a continué Mme Lyons.  En octobre et novembre, les engins explosifs improvisés ont causé plus de 60% de victimes civiles de plus qu’à la même période l’an dernier, et au dernier trimestre de 2020, le nombre d’enfants victimes de violences a augmenté de 25% par rapport au trimestre précédent.  Elle a aussi indiqué que les attaques contre les écoles ont été multipliées par quatre et que les attaques ciblées par des éléments antigouvernementaux ont augmenté de près de 40% au cours des 11 premiers mois de 2020, par rapport à la même période en 2019.  Alors que l’Afghanistan est classé comme « le pays le moins pacifique au monde » pour la deuxième année consécutive, la Représentante spéciale s’est inquiétée de l’impact psychologique de la violence.  Face à ce constat, elle a demandé à tous les pays de continuer à faire pression sur toutes les parties au conflit pour réduire durablement la violence.  Elle a reconnu que la transition sécuritaire en cours et le retrait des troupes internationales ont ajouté aux inquiétudes de la population afghane.  « Au cours des prochains mois, je m’attends à ce que cela devienne un sujet central du dialogue entre l’Afghanistan, les pays régionaux et la communauté internationale au sens large », a-t-elle prédit.

Mme Lyons s’est félicitée que la Conférence sur l’Afghanistan de 2020 a vu la communauté internationale réaffirmer son soutien financier à ce pays, dépassant même toutes les attentes.  Elle a salué les cohôtes de cette conférence, les gouvernements de l’Afghanistan et la Finlande, avant d’espérer que les engagements obtenus permettront à l’Afghanistan de poursuivre la mise en œuvre de ses priorités et des services essentiels à sa population.

La Conférence sur l’Afghanistan s’est conclue par la signature d’un communiqué conjoint adopté par 66 pays, qui réaffirme son soutien à un Afghanistan « souverain, pacifique et démocratique ».  Trois jours plus tard, ce message a été repris par la réunion des ministres de l’Organisation de coopération islamique réunie au Niger.  Mme Lyons a jugé important de noter que « les donateurs ont clairement indiqué que leur aide financière est livré avec des conditions » et qu’ils viendront examiner les progrès réalisés l’année prochaine.  Elle a dit que les engagements exigent des améliorations tangibles, en matière de paix, de gouvernance, d’état de droit, de lutte contre la corruption et de promotion des droits humains, en particulier les droits des femmes.

La Chef de la MANUA a précisé que la Mission a également convoqué trois réunions de haut niveau, portant respectivement sur la coopération régionale; les liens entre paix, sécurité, développement et aide humanitaire; et le rôle du secteur privé afghan pour la paix et l’autonomie.  Ces événements ont permis d’entendre un large éventail d’interventions sur les moyens de faire face aux défis de la gouvernance et de la croissance économique.

Après avoir précisé que 6 journalistes et 11 défenseurs des droits humains ont été tués en Afghanistan en 2020, elle a exhorté les Taliban à s’abstenir d’attaquer des cibles civiles et à reconnaître le rôle crucial que jouent les médias et la société civile dans un Afghanistan moderne.

Malgré les difficultés, Mme Lyons a estimé que 2020 a été « une grande année pour l’Afghanistan » puisqu’elle a vu des changements profonds dont un accord entre les États-Unis et les Taliban, la signature d’une déclaration conjointe entre les États-Unis et le Gouvernement de l’Afghanistan, trois mois de négociations intra-afghanes et de nouveaux engagements de la part des donateurs internationaux et des efforts pour revitaliser la coopération régionale.

En conclusion, la Représentante spéciale a espéré que 2021 verra des succès plus importants encore avec une transition sécuritaire complète, le progrès des négociations de paix, la résolution des défis sanitaires et socioéconomiques liés à la pandémie de COVID-19, et de réels changements politiques et sociétaux.

En sa qualité de Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1988 (2011), M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a rappelé que l’objectif principal du Comité est de dissuader les Taliban de continuer à soutenir Al-Qaida et ses affiliés et d’attaquer le Gouvernement afghan par l’utilisation de mesures de sanctions.  Le régime des sanctions vise à appuyer le processus de paix et de réconciliation, notamment en permettant aux personnes inscrites sur la liste de s’engager dans des négociations de paix et de réconciliation, a expliqué le représentant.  M. Djani a jugé les négociations de paix en cours à Doha « encourageantes ».  Les travaux du Comité 1988 peuvent soutenir la création d’un environnement propice à une paix durable et stable en Afghanistan.  Dans sa résolution 2513 (2020), le Conseil se déclare prêt à envisager le début de l’examen du statut des individus, groupes, entreprises et entités inscrits sur la liste de 1988, afin de soutenir le processus de paix, et exhorte en même temps tous les États à procéder sans délai à des examens nationaux.  Le Conseil est conscient que l’action des Taliban, ou son absence, pour réduire davantage la violence, déployer des efforts soutenus pour faire avancer les négociations intra-afghanes, et cesser de s’engager ou de soutenir des activités qui menacent la paix, la stabilité et la sécurité de l’Afghanistan, aura une incidence sur ledit examen. 

Dans son dernier rapport de mai 2020, l’Équipe de surveillance a noté que les relations entre les Taliban, en particulier le réseau Haqqani, et Al-Qaida demeurent étroites, a informé le Président.  Le défi, a-t-il continué, serait d’obtenir des gains dans la lutte contre le terrorisme conformément à l’engagement des Taliban.  Cela les obligerait à refuser aux groupes, y compris Al-Qaida, l’utilisation du territoire afghan.  Le rapport indique également que les bénéfices pour les Taliban en matière de trafics de stupéfiants continueraient de présenter un défi, car l’ampleur du problème demeure énorme et a été compliquée par l’essor de la production et du trafic de méthamphétamine.  Le rapport note également que l’État islamique d’Iraq et du Levant-Province du Khorassan (EIIL-K) a subi de graves revers en 2019 et au début de 2020, étant presque éradiqué de sa principale base afghane dans la province de Nangarhar en novembre 2019, puis ayant subi de nouvelles pertes dans son nouveau refuge de Kunar voisin, au début de 2020.  Le rapport reconnaît en outre que les forces des Taliban ont joué un rôle important dans ces défaites, tout comme les Forces nationales de défense et de sécurité afghanes et leurs alliés internationaux. 

Bien que ces rapports de l’Équipe de surveillance soient encourageants, a poursuivi le Président du Comité, les attaques menées tout au long de l’année dans les provinces afghanes ainsi que les attaques odieuses les plus récentes qui auraient été perpétrées par l’EIIL-K contre l’Université de Kaboul et la zone verte rappellent que l’EIIL-K reste une menace pour la paix et la stabilité de l’Afghanistan et au-delà.  Face à ces attaques terroristes, a déploré M. Djani, « le peuple afghan continue à subir une campagne militaire active et meurtrière de la part des Taliban », comme l’ont souligné les récents combats dans la province du Helmand. 

M. Djani a affirmé que l’efficacité globale des mesures de sanctions du régime 1988 repose en grande partie sur une coordination étroite avec le Gouvernement afghan et les États Membres de la région.  Au début de 2020, l’Équipe de surveillance s’est rendue en Afghanistan et dans la région pour rencontrer ses interlocuteurs sur le terrain afin de discuter de la mise en œuvre des mesures de sanction de 1988 ainsi que de procéder à des évaluations de la menace, a indiqué le Président du Comité.  En dépit des restrictions de voyage dues à la pandémie de COVID-19, l’Équipe de surveillance a rencontré le Conseiller à la sécurité nationale de l’Afghanistan, M. Hamdullah Mohib, en novembre dernier, pour discuter de questions pertinentes pour le mandat du Comité de 1988.  Le Comité se réjouit à l’annonce d’une relation fructueuse et continue avec le Gouvernement afghan, a déclaré son Président qui a réitéré que le Comité du Conseil de sécurité mis en place conformément à la résolution 1988 (2011) et son Équipe de surveillance cherchent à soutenir le processus de paix en Afghanistan.  Le Comité se réjouit à l’annonce d’un engagement étroit avec la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) et d’autres parties prenantes concernées, en 2021, afin d’assurer la pleine mise en œuvre du régime de sanctions et de soutenir les négociations de paix en cours en Afghanistan. 

Mme SHKULA ZADRAN, représentante de la jeunesse afghane auprès des Nations Unies, a expliqué être née pendant la guerre civile à Kaboul.  Sa famille ayant ensuite quitté l’Afghanistan, elle a été une enfant réfugiée au Pakistan.  Depuis lors, sa famille est revenue en Afghanistan et Mme Zadran est devenue la représentante d’une génération née et élevée dans la violence et les conflits, et qui a été « la principale victime de cette guerre par procuration ».  « Tous les jours, nous sommes tués et nos rêves sont enterrés », s’est-elle lamentée.  Elle s’est exprimée au nom de ces jeunes étudiants afghans tués lors de l’attaque terroriste contre l’Université de Kaboul, ou encore de ces jeunes journalistes talentueux tués par des terroristes, ainsi qu’au nom de ces jeunes des Forces nationales de défense et de sécurité afghanes qui ont sacrifié leur vie pour combattre le terrorisme et protéger leur patrie et le reste du monde.  Selon elle, « les terroristes ont peur de la jeunesse afghane », et c’est pourquoi ils ciblent les établissements éducatifs.  « Ils savent que la génération éduquée et informée ne va jamais laisser le terrorisme et l’extrémisme se développer dans leur pays », a-t-elle assuré.

En tant que représentante de la jeunesse afghane, mon message, a dit la jeune femme, est évident et clair pour les terroristes et leurs partisans: « vous avez essayé de nous enterrer, vous ne saviez pas que nous étions des graines ».  Le massacre quotidien des jeunes Afghans et de tous les Afghans doit cesser maintenant, a-t-elle martelé, arguant que c’est pour cette raison qu’une majorité absolue de la jeunesse afghane soutient la fin de la guerre à travers les négociations de paix.  La paix ne devrait pas seulement signifier la fin de la violence, a-t-elle lancé.  Pour les jeunes Afghans, la paix ne doit pas menacer le développement et les gains réalisés au cours des deux dernières décennies.  Elle a cité en exemple l’amélioration de l’accès à l’éducation de plusieurs centaines de milliers voire de millions d’enfants; l’amélioration des systèmes de santé; la mise en place d’une société civile dynamique; et la création d’un espace de leadership pour les femmes courageuses d’Afghanistan.

Mme Zadran a jugé important de mettre en œuvre les dispositions de la résolution 2250 (2015) du Conseil de sécurité sur la jeunesse, la paix et la sécurité, soulignant que la jeunesse devrait faire partie du processus de consolidation de la paix et de la sécurité.  « Malheureusement, nous sommes exclus depuis le début des négociations de paix », a-t-elle déploré.  Néanmoins, elle a indiqué que la jeunesse afghane veut des négociations de paix transparentes, qui devraient ouvrir la voie à une paix digne et permanente.  « Nous désirons un Afghanistan où chaque Afghan vit dans la dignité et en paix », a-t-elle imploré.  De même, elle a plaidé pour un Afghanistan où les femmes sont respectées et bénéficient de l’égalité des chances en matière d’éducation, et apportent leur contribution à tous les secteurs de la société.  « Nous voulons que les enfants afghans passent leur enfance dans la joie et non pas avec le bruit des balles et des bombes. »  De même, elle a demandé que les minorités afghanes soient traitées avec respect, et qu’elles puissent pratiquer leur culture et leurs croyances religieuses librement.  Nous voulons un Afghanistan sans corruption et où l’état de droit est maintenu, a-t-elle encore dit, avant de mettre en garde contre un règlement politique qui servira les intérêts des autres.

« Nous avons déjà payé un prix énorme pour les guerres par procuration et si le processus de paix tourne mal, les Afghans en seront de nouveau les victimes », a averti la représentante de la jeunesse afghane.  Elle a rappelé que depuis la signature de l’accord de paix entre les Taliban et les États-Unis, au lieu d’une réduction de la violence, les tensions et les conflits ont augmenté.  Des civils sont tués et les jeunes sont ciblés.  « Nous sommes déçus, et nous ne pouvons pas faire confiance aux négociations de paix de cette façon. »  Si les Taliban veulent vraiment un Afghanistan pacifique et prospère, pourquoi détruisent-ils des écoles, des ponts, des routes et des infrastructures publiques?  S’ils veulent vraiment la paix, pourquoi n’ont-ils pas reculé d’un pouce sur leurs demandes et conditions alors même que le Gouvernement afghan a libéré plus de 5 000 prisonniers dangereux pour prouver leur volonté de paix? a-t-elle encore demandé.  « Mon message aux Taliban est de ne pas détruire votre patrie pour l’intérêt des autres », a déclaré Mme Zadran.  « Vos enfants n’auront un avenir brillant et digne que dans leur propre pays plutôt que d’être des réfugiés », leur a-t-elle dit.

Elle a reconnu qu’il n’y a pas que les Taliban qui sont responsables de divers crimes de guerre.  Selon elle, les forces internationales, qui sont venues en Afghanistan avec le mandat et l’objectif de maintenir l’ordre public et de protéger les droits de l’homme et la démocratie, ont également commis de misérables crimes de guerre.  « Au lieu de viser les sanctuaires et les centres d’entraînement des terroristes au Pakistan, ils ont bombardé nos villages et nos maisons et tué des civils innocents.  J’espère que nous aurons tous le courage de reconnaître nos erreurs et de présenter nos excuses au peuple afghan », a-t-elle espéré.  Pour ramener la paix et maintenir la stabilité et l’ordre en Afghanistan, nous exigeons que des négociations de paix soient tenues en Afghanistan entre les Afghans et qu’aucun étranger ne soit autorisé à intervenir, a souhaité la représentante de la jeunesse.  Elle a ajouté que les Taliban doivent convenir d’un cessez-le-feu immédiat à l’échelle du pays pour gagner la confiance du peuple afghan dans le processus de paix en cours.  « Nos lignes rouges doivent être respectées », a-t-elle encore rappelé.

« La jeunesse afghane ne veut pas revenir à l’ère sombre des années 1990 », a conclu Mme Zadran.  La communauté internationale doit continuer à soutenir les forces de sécurité afghanes dans la lutte contre les terroristes internationaux, les trafiquants de drogue et la mafia, a-t-elle demandé, avant d’appeler tous les dirigeants du monde à faire confiance à la jeunesse afghane.

L’Allemagne, porte-plume sortant de la résolution sur l’Afghanistan, avec l’Indonésie, s’est dite impressionnée par ce qui a été dit jusqu’ici, en particulier par la représentante de la jeunesse afghane.  Elle a dit partager l’avis de Deborah Lyons selon lequel 2020 a été l’année d’un profond changement en Afghanistan, marqué par des progrès dans le processus de paix mais aussi une très grande violence.  L’Allemagne s’est dite préoccupée par les attaques contre les infrastructures civiles et les assassinats ciblés et a appelé le Conseil de sécurité à exiger unanimement la fin de cette violence.

La délégation a félicité les États-Unis et le Qatar pour avoir facilité les avancées dans le processus de paix à Doha et a salué l’accord conclu sur le code de conduite des négociations.  Les deux parties doivent maintenant utiliser les 20 prochains jours « avec sagesse », a conseillé l’Allemagne qui a encouragé l’équipe de négociation des autorités afghanes à impliquer la jeunesse qui, jusqu’ici, a été exclue du processus de paix.  L’Allemagne a également insisté sur la représentation des femmes.

En attendant, elle a appelé à un cessez-le-feu durable, en dénonçant « la stratégie cynique » des Taliban qui d’un côté, négocient et de l’autre, détruisent leur patrie.  L’Allemagne a salué le rôle actif de la MANUA et le fait qu’elle ait une équipe à Doha pour exprimer les attentes de la communauté internationale et de la population afghane.  Les Nations Unies et la Mission doivent continuer à jouer leur rôle dans la protection des civils, des femmes, des groupes minoritaires, des défenseurs des droits de l’homme et des journalistes, et dans la promotion du développement durable et la lutte contre les stupéfiants et la corruption.

S’agissant de l’aide internationale, la Conférence de Genève a été un succès avec des annonces de contributions de plus de 3 milliards de dollars, a constaté l’Allemagne, en rappelant qu’elle a elle-même débloqué une somme de plus de 500 millions, ce qui fait d’elle le deuxième plus grand bailleur de fonds.  Dans le contexte de la lutte contre la pandémie de COVID-19, l’Allemagne a rappelé que le Plan de réponse humanitaire pour l’Afghanistan n’est financé qu’à hauteur de 50%.  Il faut faire mieux, a tranché la délégation.

Elle a d’ailleurs jugé prématuré de lever les sanctions contre les Taliban et promis que même quand elle aura quitté le Conseil de sécurité, elle continuera de soutenir l’Afghanistan.  Elle a rappelé le « vote massif » de la dernière résolution du Conseil sur l’Afghanistan, sans oublier de dénoncer le fait que deux des quatre pays qui se sont abstenus sont des membres permanents du Conseil.

L’Indonésie a fait trois observations sur l’Afghanistan.  Premièrement, la violence doit cesser pour protéger les civils.  Les menaces, y compris de la part de Daech, persistent, a constaté la délégation, craignant qu’elles ne s’intensifient si elles ne sont pas combattues efficacement.  Elle a condamné les dernières attaques terroristes dans le pays, y compris l’assassinat de journalistes.  Chaque partie doit protéger les civils et les infrastructures civiles, a demandé la délégation pour qui la protection des civils augmentera la confiance des Afghans ordinaires.  Les progrès dans les négociations de paix doivent se traduire sur le terrain et les Taliban doivent cesser leurs attaques contre les populations civiles.  Deuxièmement, a continué l’Indonésie, le processus de paix inclusif doit se poursuivre.  Engagées dans un processus politique inclusif, toutes les parties devraient rechercher un cessez-le-feu permanent et global, a-t-elle exhorté, avant de souligner la diversité et la participation de tous les segments de la société afghane à ce processus et à la restauration de l’État.  « Le rôle de la jeunesse en tant que future génération de l’Afghanistan et des femmes est indispensable. »  C’est la recette de la paix à maintenir, a estimé l’Indonésie.  Toutes les parties doivent poursuivre le dialogue de manière constructive dans l’intérêt de l’ensemble des citoyens afghans.

Troisièmement, a poursuivi l’Indonésie, le soutien régional et international doit être maintenu.  Le développement durable, la stabilité et la paix en Afghanistan sont dans le meilleur intérêt de tous les pays de la région et au-delà.  Une paix durable et un Afghanistan bien connecté à l’échelle régionale assureront une plus grande sécurité et un commerce régional, ce qui sera bénéfique pour tous, a-t-elle indiqué.  Une coopération accrue dans la lutte contre le terrorisme, la drogue et le crime organisé est essentielle pour assurer la stabilité en Afghanistan.  Le rôle de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) est également très important, a soutenu la délégation, qui a salué les nombreux programmes de la Mission dans les domaines du processus de paix, de la réconciliation, de la protection des civils, des droits de l’homme, de la lutte contre la corruption, de la réforme électorale et de la relance des activités commerciales et économiques.  Le soutien de l’Indonésie à l’Afghanistan est indéfectible, a-t-elle assuré.  « Je peux attester que notre Ministre des affaires étrangères, Mme Retno Marsudi, a une place particulière dans son cœur pour le bien-être et le progrès des femmes et des filles afghanes.  C’est la priorité de l’Indonésie. »

La France a jugé nécessaire que les négociations intra-afghanes démarrent enfin sur le fond avant de préciser que l’accord sur le code de conduite pour les pourparlers de paix, obtenu le 2 décembre est une première étape.  Elle a rappelé, en cohérence avec l’Agenda femmes, paix et sécurité, que « la participation pleine et entière des femmes est absolument indispensable si nous souhaitons une paix durable ».  Pour la délégation, « la préservation des acquis démocratiques est une condition sine qua non de la paix ».  Par ailleurs, elle a souligné que la lutte contre le terrorisme doit demeurer pour la communauté internationale une priorité.  La France condamne les récentes attaques terroristes comme les assassinats de journalistes et acteurs de médias, qui menacent la liberté d’expression et les fondements même de la société afghane et entravent ainsi les efforts de paix, a-t-elle insisté avant de s’inquiéter d’un niveau de violence très élevé.  C’est pourquoi, la France a estimé que la mise en place immédiate d’un cessez-le-feu, conformément à la résolution 2532 (2020) et à l’appel du Secrétaire général, est indispensable.

En outre, la France a estimé qu’aucune avancée vers la paix ne sera possible si toutes les parties au conflit ne s’engagent sincèrement dans les discussions.  À cet égard, « la sincérité de l’engagement des Taliban reste à démontrer ».  Avant de renouveler le mandat de l’équipe de surveillance attachée au comité 1988, la France a salué le travail des experts et rappelé la pertinence du comité de sanctions.  Comme l’a décidé le Conseil dans la résolution 2513 (2020), la révision de la liste de sanctions ne pourra être envisagée que si des gages sérieux et crédibles sont donnés par les Taliban en termes de réduction de la violence, d’efforts au service des négociations et de renoncement à toutes les activités qui menacent la paix, la stabilité et la sécurité de l’Afghanistan, a-t-elle dit.  L’Union européenne, a souligné la délégation, s’est engagée le mois dernier à apporter 1,2 milliard d’euros sur quatre ans pour aider le pays, par une aide d’urgence et à plus long terme qui soutiendra la modernisation et le développement démocratique durable, notamment la lutte contre la corruption tout en contribuant à améliorer le quotidien des Afghans en particulier en réduisant la pauvreté.  En conclusion, la France a insisté sur le fait que « la paix ne doit pas se faire à n’importe quel prix » et que la lutte contre l’impunité est essentielle, pour ceux qui commettent des crimes.  La protection des civils, y compris des personnels humanitaires et médicaux, doit être une priorité absolue et toutes les parties doivent respecter leurs obligations, conformément au droit international humanitaire, a-t-elle conclu.

La Chine a invité les deux parties afghanes en négociations à faire preuve de détermination, rappelant que l’histoire du pays montre que les problèmes afghans ne pourront être réglés que par le dialogue politique.  Le futur de l’Afghanistan doit être décidé dans un processus inclusif, impliquant tous les pans de la société.  La Chine a mis en garde les puissances étrangères contre la tentation d’imposer un résultat au service de leurs intérêts.

La Chine a dit appuyer le renouvellement du mandat de l’Équipe de surveillance des sanctions.  Elle a déploré la violence ambiante et a demandé à la communauté internationale d’aider les forces afghanes à lutter contre le terrorisme.  Dans les circonstances actuelles, a-t-elle estimé, le retrait des forces internationales doit se faire de manière ordonnée pour éviter tout vide sécuritaire.  La délégation a relevé que la représentante de la jeunesse afghane a dénoncé les violations des droits de l’homme perpétrées par les troupes étrangères.  Ces actes, « qui ont choqué l’opinion publique afghane », doivent donner lieu à des poursuites judiciaires.

La Chine a aussi dit appuyer activement le développement socioéconomique.  Le 9 décembre dernier, elle a organisé une réunion virtuelle avec l’Afghanistan et cinq autres pays d’Asie centrale pour lancer une plateforme de promotion de la connectivité régionale.  Elle a également rappelé que 200 enfants afghans atteints de maladies cardiaques congénitales ont reçu des soins médicaux par ses soins et depuis le début de la pandémie, elle n’a cessé d’aider l’Afghanistan à « se libérer de l’ombre du virus ».  La Chine s’est dite prête à apporter sa contribution aux pourparlers intra-afghans et a promis de contribuer à prêter main forte à la MANUA.

La Belgique a espéré que les pourparlers apporteront la paix au peuple afghan.  Dans ce processus, les acquis des deux dernières décennies doivent être préservés, voir renforcés, a-t-elle prévenu, citant en particulier les droits humains, la position des femmes ainsi que la protection des enfants à placer au cœur des négociations, tout en garantissant une participation significative des femmes aux négociations.  La Belgique a aussi appelé à réduire la violence en Afghanistan et exhorté les parties, en particulier les Taliban, à prendre des mesures immédiates en vue d’un cessez-le-feu permanent et complet, d’autant plus indispensable au vu de la pandémie.

La Belgique a rappelé sa position concernant les sanctions contre les Taliban: il n’y a pas d’automaticité et la radiation des membres du Comité 1988 dépend des conditions fixées dans la résolution 2513 (2020), y compris le progrès des négociations intra-afghanes et une réduction de la violence.  La brutalité des attaques des Taliban est en opposition flagrante avec leur engagement déclaré en faveur de la paix et leur participation aux pourparlers de paix, a aussi dénoncé la Belgique.  Elle a condamné la violence contre les civils, et les enfants en particulier, ainsi que les récentes attaques contre des défenseurs des droits humains et les journalistes, en insistant sur la lutte contre l’impunité et la justice transitionnelle.

La Belgique a aussi assuré le Gouvernement et le peuple afghans du ferme engagement de la Belgique dans leur chemin vers la paix et la prospérité.  « À l’ONU, à l’Union européenne et au niveau bilatéral, vous pouvez compter sur notre soutien. »  Au cours des cinq dernières années, la Belgique a versé plus de 60 millions de dollars au fonds fiduciaire national de l’Armée afghane et cette année, 8,4 millions de dollars ont été réservés pour l’acquisition de vaccins et de matériel médical pour l’Armée afghane.  « Toutefois, notre soutien futur dépendra des progrès réalisés en matière de transparence, de bonne gouvernance, de lutte contre la corruption et de l’égalité des genres. »

La Fédération de Russie a soutenu les activités de la MANUA qui joue un rôle central de coordination des efforts internationaux.  Après avoir étudié le rapport du Secrétaire général, elle a d’abord salué l’évolution positive de la réconciliation nationale, avec la signature d’un accord avec les Taliban en février dernier.  Elle a aussi noté que ces trois derniers mois, les parties ont pu se mettre d’accord sur les modalités des négociations intra-afghanes.  Mais, a estimé la Fédération de Russie, « nous sommes loin des progrès véritables ».  Elle a dit craindre que la pause des trois dernières semaines dans les négociations ne se transforme « en gel ».

Également préoccupée par la recrudescence de la violence et les attentats terroristes sanglants, la Fédération de Russie y a vu la preuve que les éléments terroristes, y compris Daech, se servent de la situation en Afghanistan pour intensifier leurs activités terroristes dans toute l’Asie centrale.  La Fédération de Russie a également regretté l’absence de progrès dans la lutte contre les stupéfiants et l’absence du Chef de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) au Conseil aujourd’hui.  La tentative de minimiser les risques du terrorisme et du trafic de stupéfiants est tout simplement « inacceptable », a tranché la délégation.

La Fédération de Russie a promis de continuer à travailler avec les parties pour faire avancer le processus de paix et préserver le consensus régional.  Les avancées dans le dialogue intra-afghan est étroitement lié au régime des sanctions, a dit la Fédération de Russie, en soutenant que ces sanctions doivent faire l’objet d’un débat distinct et qu’il faut s’en tenir strictement à l’application de la résolution 2513.

Saint-Vincent-et-les Grenadines a réitéré son ferme appui à un processus de paix dirigé par les Afghans et visant à trouver une solution politique durable à ce conflit qui dure depuis près de 20 ans.  Elle a lancé un appel aux équipes de négociation du Gouvernement et des Taliban pour qu’elles restent attachées à un règlement politique « inclusif » qui réponde aux besoins et aux intérêts de tous les Afghans, y compris les femmes, les jeunes et les victimes et survivants de la guerre.  Toutes les parties prenantes doivent être impliquées dans le processus de rétablissement de la confiance et de réconciliation pour créer un environnement propice à la fin du conflit.  Saint-Vincent-et-les Grenadines s’est dite profondément préoccupée par le niveau toujours élevé de violence, en particulier dans le Sud de l’Afghanistan.  Elle a réitéré son soutien à l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial et à la réduction immédiate de la violence.

La situation économique, environnementale et humanitaire en Afghanistan nécessite une action urgente et l’attention soutenue de la communauté internationale, a indiqué la délégation.  Elle a aussi plaidé pour que les risques de fragilité climatique soient pris en compte, y compris dans les efforts de paix.  Saint-Vincent-et-les-Grenadines a salué les résultats de la Conférence de Genève et a encouragé tous les donateurs à honorer leur engagement en faveur de la paix, de la prospérité et de l’autonomie de l’Afghanistan.

Le Viet Nam, préoccupé par l’augmentation récente du niveau de violence et de victimes civiles en Afghanistan, et des énormes défis dans le domaine socioéconomique, a appelé les parties afghanes à trouver une entente commune pour parvenir à un cessez-le-feu permanent et à mettre fin à la violence.  « Les négociations de paix intra-afghanes ont besoin d’un environnement stable et propice pour réussir et atteindre une solution politique durable. »  Le soutien continu de l’ONU, de la MANUA, des pays régionaux et d’autres partenaires internationaux sera crucial pour maintenir l’élan des pourparlers de paix, a prévenu le Viet Nam qui a encouragé à redoubler d’efforts pour faciliter la participation des femmes et des jeunes au processus de paix et à la reconstruction du pays.

La délégation a exhorté toutes les parties à respecter pleinement le droit international humanitaire, à cesser de cibler les civils et les infrastructures civiles et à permettre un accès sans entrave de l’aide humanitaire dans le contexte de la pandémie de COVID-19.  Elle a aussi demandé des efforts renforcés pour lutter contre la présence croissante de groupes terroristes dans le pays, avant de plaider pour un développement solide et des moyens de subsistance durables pour la population.  À cet égard, le Gouvernement et ses partenaires internationaux doivent continuer à travailler ensemble pour promouvoir le développement économique et la reconstruction de l’Afghanistan, ainsi que pour résoudre des questions urgentes telles que l’insécurité alimentaire -qui touche 11,15 millions de personnes, soit plus d’un tiers de la population-, la pandémie de la COVID-19, les changements climatiques, la criminalité et le trafic de drogue.  Le Viet Nam a prévenu que l’on pourrait arriver à 13,15 millions de personnes en insécurité alimentaire pendant la période hivernale de décembre 2020 à mars 2021.  Il a appelé la communauté internationale à continuer de renforcer son aide humanitaire à l’Afghanistan.

Le Niger a noté que les nombreux appels et engagements des parties belligérantes pour faire baisser le niveau de la violence n’ont pas été suivis d’effets sur le terrain.  Mettre fin à la guerre en Afghanistan nécessiterait bien plus que de simples discussions, a estimé la délégation.  En effet, a-t-elle expliqué, pour assurer une transition complète vers la paix, il est nécessaire d’établir une base solide pour un processus de paix global.  À cet effet, il est essentiel d’inclure les divers secteurs de la société civile, les femmes, les jeunes, les minorités et les journalistes, a suggéré le Niger, qui s’est dit favorable à une telle inclusion, car l’engagement de toutes les parties, avec une place significative à la table des négociations, est une clef de la réussite des discussions, et par conséquent, d’une paix et d’un développement durables.

Il faut aider le Gouvernement afghan non seulement à promouvoir et à renforcer les droits des femmes et ceux de toutes les composantes de la population, mais aussi à consolider les progrès réalisés au cours des deux dernières décennies, a exhorté le Niger.  Soutenir l’Afghanistan revient également à aider son gouvernement à reformer et à professionnaliser ses forces de défense et de sécurité, à asseoir la bonne gouvernance et à établir un consensus national sur les relations futures entre les différents groupes, a ajouté la délégation réitérant les experts.  Enfin, a terminé la délégation, la construction d’une paix durable passe toujours par la lutte contre les causes profondes du conflit.  Elle a souligné le rôle d’une économie saine et inclusive, mais aussi l’importance de l’engagement de la communauté internationale envers le peuple afghan, notamment pour atténuer les effets dramatiques de la COVID-19.

Réitérant son appui aux pourparlers de paix entre Afghans, la République dominicaine a estimé que le dialogue reste le meilleur moyen de mettre fin à ce conflit.  La voie à suivre est de renforcer les échanges entre les parties, consolider les institutions et établir la confiance dans la population, a suggéré la délégation.  Demandant un processus inclusif mené et dirigé par les Afghans, elle a exigé la participation des femmes afghanes, y compris les jeunes femmes et celles qui vivent dans les zones rurales.  Elle a ainsi réitéré les appels de Mme Zadran en faveur des jeunes Afghanes, qui se sentent exclues des pourparlers de paix entre Afghans en cours, même si 63% de la population a moins de 25 ans.  La République dominicaine a condamné les attaques contre des civils qu’elle a trouvé « inacceptables ».  Leurs auteurs doivent rendre des comptes, a demandé la délégation.  Elle a appelé toutes les parties à mettre immédiatement fin à ces souffrances et à instaurer un cessez-le-feu humanitaire.  Pour la délégation, l’élaboration du Cadre national pour la paix et le développement pour 2021-2025 est une étape importante prise par le Gouvernement afghan pour la construction de l’État et de la consolidation de la paix.  La République dominicaine a appelé le Gouvernement à mettre pleinement en œuvre le Plan d’action de 2011 et la Feuille de route de 2014 pour mettre fin au recrutement et à l’utilisation des enfants.  Le Gouvernement doit renforcer le cadre juridique et opérationnel de la protection de l’enfance et adopter un système d’orientation pour la réintégration des enfants.  La délégation a exhorté les Taliban à respecter les engagements pris dans le cadre de l’accord du 29 février, en particulier en rompant les liens avec les organisations terroristes internationales, y compris Al-Qaida et Daech, et à empêcher le pays de redevenir un havre pour le terrorisme international.

La Tunisie a réitéré son plein appui au processus de paix en Afghanistan et a salué le début des négociations entre le Gouvernement afghan et les Taliban à Doha.  Elle a espéré que les discussions de fond pourront commencer dans les meilleurs délais, maintenant qu’un code de conduite a été adopté.  Vivement préoccupée par le niveau élevé de violence, la Tunisie a dit craindre que les récentes attaques ne compliquent gravement les négociations.  Il n’y a pas de solution militaire au conflit afghan, a-t-elle assené, en appelant au cessez-le-feu.  Il faut tout faire pour mettre fin au fléau du grand nombre de victimes civiles et des attaques contre les journalistes et les défenseurs des droits de l’homme.  Les responsabilités de ces crimes doivent être établies, a martelé la Tunisie.  La paix ne saurait se faire au détriment des libertés et des droits.

La Tunisie a également appelé à soutenir les forces de sécurité afghanes dans leur lutte contre les stupéfiants.  Elle a insisté auprès des Taliban pour qu’ils cessent les violences et s’engagent de bonne foi dans un processus de paix inclusif, dirigé et contrôlé par les Afghans eux-mêmes.

Les États-Unis se sont dits attristés que le peuple afghan continue de souffrir d’une violence « terrible ».  Il est temps, ont-ils estimé, que le Gouvernement afghan, les Taliban et tous les Afghans présentent un « front uni » contre Daech.  « La violence doit cesser », ont martelé les États-Unis, en parlant d’une violence dont le « mode opératoire préoccupant » rend urgent un cessez-le-feu global, comme mesure « essentielle » pour la paix.  La réduction immédiate de la violence contribuera aussi aux progrès dans le processus de paix et c’est exactement ce qu’attend le peuple afghan, ont souligné les États-Unis.

La finalisation du règlement intérieur des négociations a montré que les deux parties sont capables de s’attaquer à des questions difficiles, ont constaté les États-Unis.  La première réunion du Comité du leadership du Haut Conseil pour la paix et la réconciliation nationale a été une autre étape dans la bonne direction.  Nous ne saurions perdre notre élan, pendant que les parties négocient l’ordre du jour, ont estimé les États-Unis, en exhortant ces dernières à reprendre les pourparlers, le 5 janvier comme prévu, et à nier aux ennemis de la paix l’occasion de ralentir le processus.

Les États-Unis ont rappelé que le Conseil de sécurité a dûment adopté la résolution 2513 qui entérine l’accord qu’ils ont signé avec les Taliban.  Il s’agit d’un accord, ont-ils aussi rappelé, qui fixe un calendrier pour le retrait des forces américaines.  La réduction de notre présence, ont souligné les États-Unis, sera décidée avec notre Congrès et en coordination avec nos alliés et nos partenaires de l’OTAN.

Entre-temps, ont poursuivi le États-Unis, nos efforts pour aider l’Afghanistan continuent, comme en témoigne la somme de 300 millions de dollars que nous avons promise pour l’assistance civile en 2021.  Le même montant sera débloqué en fonction des progrès dans le processus de paix, ont précisé les États-Unis qui ont appelé à des avancées dans les réformes économiques, les efforts de lutte contre la corruption et le respect des droits de l’homme.

Ils ont souligné que l’année dernière, leur Administration a versé près de 277 millions de dollars en faveur des déplacés et des rapatriés afghans, ainsi que des réfugiés dans la région.  Alors que 18,4 millions d’Afghans auront besoin d’une aide en 2021, soit près du double de l’année dernière, les discussions comme celle d’aujourd’hui sont l’occasion pour la communauté internationale de rester concentrée sur l’avenir et sur la nécessité d’accroître une aide humanitaire vitale, ont conclu les États-Unis, sans oublier d’ajouter qu’ils ont versé plus de 33 millions de dollars pour la riposte contre la pandémie de COVID-19 en Afghanistan.

Le Royaume-Uni a prédit un processus de négociations intra-afghanes « long et ardu », ce qui est « tout à fait normal ».  Il a déploré la violence actuelle qui prévaut dans le pays, identifiant les Taliban comme « les principaux auteurs ».  La levée des sanctions, a-t-il prévenu, dépend de la fin des violences et de la dissociation par les Taliban de tous les groupes terroristes, y compris Al-Qaïda.  Pour être pérenne, a poursuivi le Royaume-Uni, tout accord doit être inclusif et soucieux des intérêts de tous, y compris ceux des femmes et de toutes les minorités.  En tant que coprésident du Groupe des Amis des femmes afghanes, le Royaume-Uni a dit sa détermination à défendre leurs intérêts.  Nous avons promis, a-t-il conclu, une contribution de 200 millions de dollars pour 2021.  L’Afghanistan est aujourd’hui plus proche de la paix, y compris avec ses voisins, et nous devons tous redoubler d’efforts pour faire de ce rêve une réalité.

L’Estonie a estimé que la situation sécuritaire en Afghanistan reste profondément préoccupante, comme en témoignent les attaques, y compris contre les enfants.  La MANUA, a-t-elle plaidé, doit avoir la capacité de surveiller et de rendre compte des violations et des abus des droits de l’enfant et de contribuer aux efforts visant à renforcer la protection des enfants.  Toutes les parties au conflit doivent reconnaître et s’attaquer aux préjudices subis, en promouvant une justice centrée sur la victime, dans le processus de paix.

La situation humanitaire constitue un autre problème, a poursuivi l’Estonie.  Le nombre des personnes qui ont besoin d’aide humanitaire a atteint le nombre record de 18,4 millions.  Il est donc essentiel de soutenir les efforts de la MANUA pour améliorer l’accès humanitaire.  Elle a rappelé que lors de la Conférence des donateurs à Genève, les 23 et 24 novembre, la communauté internationale a réitéré son appel à un cessez-le-feu immédiat, permanent et global, afin de mettre fin aux souffrances du peuple afghan et créer un environnement propice à une paix durable dans le pays et à la stabilité régionale.

Aujourd’hui se présente, a estimé l’Estonie, une occasion historique de paix et de stabilité que tous les Afghans souhaitent après des décennies d’immenses souffrances humaines.  Aussi les parties doivent-elles reprendre, le 5 janvier prochain, les pourparlers de paix après la pause de trois semaines convenue d’un commun accord.  Les droits de l’homme, en particulier ceux des femmes et des enfants, doivent être la priorité des négociations.  L’Estonie s’est dite convaincue que l’examen des sanctions et de la Liste doit être rigoureux et s’attarder sur les véritables progrès réalisés par les Taliban pour réduire la violence.  L’Estonie a conclu en se félicitant de ce que le Président afghan vienne de publier un décret instituant un haut conseil pour les femmes.  

L’Afrique du Sud a salué le lancement des négociations de paix intra-afghanes en septembre dernier et la poursuite des discussions.  L’accord auquel sont parvenues les parties sur le code de conduite pour les négociations est un pas important dans la bonne direction, a estimé la délégation.  Elle a exhorté toutes les parties à continuer de s’appuyer sur cette dynamique et à s’engager de manière constructive en faveur d’une paix juste, durable et inclusive.  Elle a également insisté sur l’impératif de veiller à ce que le processus de paix soit dirigé et contrôlé par les Afghans, et inclusif.  Les progrès et les acquis en matière de droits des femmes et des filles doivent être préservés.  Sur le plan sécuritaire, la flambée de la violence et le nombre élevé de victimes civiles mettent en péril les perspectives de paix de l’Afghanistan, a mis en garde l’Afrique du Sud, avant d’appeler toutes les parties à mettre fin aux hostilités, en vue de créer un environnement propice à des progrès significatifs.  La délégation a demandé que les responsables de violations graves du droit international et du droit international humanitaire, en particulier contre les enfants, les femmes et les Afghans les plus vulnérables, soient traduits en justice et tenus de rendre des comptes, notamment grâce à des enquêtes indépendantes et, le cas échéant, des poursuites et des condamnations.

L’Afghanistan a dit la volonté de son gouvernement de parvenir à un pays uni, démocratique, pacifique et souverain sur la voie de la prospérité pour le bien de tous les Afghans, avec des institutions répondant aux besoins de la population.  La délégation s’est félicitée de la tenue de la Conférence de 2020 sur l’Afghanistan, les 23 et 24 novembre à Genève, qui s’est traduite par des engagements internationaux en faveur de la paix, de la prospérité et de l’autonomie.  Cet événement a été l’occasion pour le pays de présenter ses priorités de développement pour 2021-2024 au vu des promesses de contributions de 66 pays et 32 organisations internationales.  Elle a salué l’adoption, la semaine dernière, par l’Assemblée générale de la résolution A/75/90 qui appuie ce processus en soulignant la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat, conformément aux aspirations des Afghans en faveur de la paix et d’une prospérité durable.

La délégation s’est particulièrement inquiétée des conditions de sécurité précaires en Afghanistan, notant que du 13 juillet au 12 novembre, l’ONU a enregistré 10 439 atteintes à la sécurité, soit une augmentation de 18% par rapport à la même période en 2019.  Elle a précisé que les éléments antigouvernementaux étaient responsables de 92% des atteintes à la sécurité et de 95% des affrontements armés.  Sachant que 18 millions d’Afghans auront besoin d’une aide humanitaire en 2021, l’Afghanistan a exhorté la communauté internationale à l’aider à surmonter ses défis humanitaires en finançant le Plan de réponse humanitaire évalué à 1,3 milliard de dollars.  Par ailleurs, la délégation a souligné « les contradictions des Taliban » qui ont renforcé leurs activités violentes et continuent d’entretenir des liens avec des groupes terroristes.  Enfin, alors que les négociations doivent reprendre le 5 janvier, elle a indiqué que le Haut Conseil pour la paix et la réconciliation nationale a organisé sa première réunion.  Depuis la dernière réunion du Conseil de sécurité, l’Afghanistan a créé une commission conjointe de protection des militants des droits de la personne, a-t-elle encore précisé avant de saluer le rôle de l’Allemagne et de l’Indonésie en tant que porte-plume pour l’Afghanistan.

Selon la République islamique d’Iran, l’insécurité et l’instabilité qui durent depuis des décennies en Afghanistan ne peuvent prendre fin que par un processus de paix inclusif dirigé et contrôlé par les Afghans, impliquant toutes les factions afghanes, y compris les Taliban, et appuyé par des partenaires voisins, régionaux et internationaux.  De même, ce processus de paix doit préserver et promouvoir les acquis du passé, en particulier la Constitution, le droit du peuple à l’autodétermination par le biais d’élections, les droits des minorités ethniques et religieuses et des femmes, ainsi que l’engagement à lutter contre le terrorisme.  Cependant, comme la paix et la violence ne peuvent aller de pair, pour répondre à la bonne volonté du Gouvernement afghan dans les pourparlers de paix, les Taliban doivent mettre fin à leurs attaques contre les Forces nationales de défense et de sécurité afghanes, a dit la délégation.  L’Iran continue d’appeler à l’engagement de l’ONU dans le processus de paix. 

La situation sécuritaire de l’Afghanistan reste une source de préoccupation en raison d’actes terroristes perpétrés notamment par Daech, dont la présence constitue une menace sérieuse pour la sécurité de ce pays et de la région, a souligné la délégation.  La présence de forces étrangères est une autre source d’instabilité de l’Afghanistan, a-t-elle noté, reconnaissant cependant que leur retrait doit être ordonné et responsable et ne pas conduire à un « vide sécuritaire » en Afghanistan.  Les forces de sécurité afghanes doivent être soutenues et renforcées, et, de même, une assistance efficace doit être fournie à l’Afghanistan pour lutter contre la production et le trafic de stupéfiants comme source de financement du terrorisme et d’autres crimes.  Pour sa part, en plus d’accueillir plus de trois millions d’Afghans malgré la guerre économique « sauvage » des États-Unis, l’Iran promeut la coopération économique avec l’Afghanistan.  « Relier ce pays sans littoral à la haute mer et à d’autres pays via le port iranien de Chabahar est un exemple patent de partenariat étroit entre les deux pays », a dit la délégation.  Dans la même veine, le chemin de fer Khaf-Herat qui a été inauguré la semaine dernière va permettre de relier le chemin de fer afghan à l’Europe à travers l’Iran. 

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