SC/14386

Conseil de sécurité : malgré des progrès, l’application de l’Accord de paix revitalisé est incomplète au Soudan du Sud, où 7,5 millions de personnes sont en détresse

Au Soudan du Sud ces derniers mois, quelques gains politiques ont été engrangés, malgré la pandémie de COVID-19, a déclaré le Représentant spécial du Secrétaire général pour ce pays, M. David Shearer, en se félicitant que les parties aient réussi à former un gouvernement de transition.  Un constat qui n’occulte pas une crise alimentaire aigue, marquée par la détresse de 7,5 millions de Sud-Soudanais, confrontés à une famine imminente, a relevé de son côté son homologue aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. Mark Lowcock. 

Venu présenter au Conseil de sécurité le dernier rapport en date du Secrétaire général sur la situation au Soudan du Sud et les activités de la Mission des Nations Unies dans ce pays (MINUSS), qu’il dirige, M. Shearer, a noté que tous les postes aux niveaux des États fédérés et des comtés avaient été comblés et que 9 gouvernements sur 10 étaient en place.  « Le Conseil des ministres se réunit et la plupart des institutions nationales fonctionnent », s’est-il félicité.   

Cependant, le haut fonctionnaire s’est dit préoccupé par le fait que les dispositions transitoires visant à unifier les forces de sécurité nationales soient au point mort, tandis que persiste l’impasse au sujet de la nomination du gouverneur du Haut-Nil.  Or, la vacance de pouvoir au niveau local complique la lutte contre la violence intercommunautaire, s’est alarmé le Chef de la MINUSS, en rappelant que plus de 2 000 civils ont perdu la vie au cours d’affrontements.  En outre, la concurrence pour des ressources rares comme les pâturages et l’eau, qui polarise agriculteurs et éleveurs de bovins pendant la migration, laisse augurer d’une éventuelle résurgence de l’instabilité à l’approche de la saison sèche, a mis en garde le Représentant spécial. 

Sur le plan humanitaire, l’insécurité alimentaire aiguë touche plus de la moitié de la population à cause des déplacements provoqués par les conflits, de graves inondations, l’aggravation de la situation économique par la pandémie de COVID-19.  Abondant en ce sens, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires a prévenu que 5 à 10% de la population de cinq comtés dans les États de Jongleï, Ourrap et Bahr el Gahzal risquent d’être touchés par la famine d’ici à juillet 2021. 

« Comment en est-on arrivé là ? » s’est demandé le haut fonctionnaire.  La violence demeure l’un des principaux moteurs d’insécurité alimentaire dans le pays, a-t-il expliqué, en notant qu’au cours du premier semestre de cette année, quatre vagues successives de violences avaient secoué Jongleï et la zone administrative du grand Pibor et provoqué le déplacement de près de 160 000 personnes.  Dans l’État de Ourrap, où trois comtés frôlent la catastrophe, environ 100 000 personnes ont fui entre mai et juin 2020. 

M. Lowcock a souligné que cette année, 7,5 millions de Sud-Soudanais, soit plus de 60% de la population totale du pays, nécessiteront une aide, un chiffre qui risque d’augmenter.  Déjà, plus d’un million d’enfants âgés de moins de 5 ans seront mal-nourris, soit le chiffre le plus élevé depuis quatre ans, s’est-il désolé.  « Les familles n’ont plus d’autre choix que de dépendre de l’assistance alimentaire pour leur survie ou de recourir à des pratiques préjudiciables » et « les filles risquent d’être forcées à un mariage précoce ou de quitter l’école, sans aucune possibilité de retour », a-t-il anticipé. 

Nous devons faire davantage, a exhorté M. Lowcock.  Loin d’être pleinement financé, le Plan de réponse humanitaire pour le Soudan du Sud est de 2  milliards de dollars, a-t-il rappelé aux membres du Conseil de sécurité.  Un financement rapide est essentiel, a-t-il insisté, en prévenant que les besoins risquent de s’accroître avec la saison sèche, début 2021.  Rappelant que les acteurs humanitaires ont aussi besoin d’un accès sans entrave, les États-Unis ont indiqué qu’en 2020, ils ont consacré plus de 954 millions de dollars d’aide humanitaire au Soudan du Sud. 

Il est urgent d’agir, a donc insisté le Royaume-Uni, qui a pour sa part consacré 218 millions de dollars à l’aide humanitaire au Soudan du Sud cette année.  Pour Londres, l’aide humanitaire est cruciale mais cette crise ne pourra être résolue qu’avec la volonté politique des dirigeants sud-soudanais, la stabilité ne pouvant être atteinte que par un processus pleinement inclusif.   

En sa qualité de Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 2206 (2015) concernant le Soudan du Sud, le Viet Nam a annoncé avoir reçu trois demandes de dérogation à l’embargo sur les armes imposé à ce pays, dont deux ont été accordées.  La Chine a espéré que l’examen à mi-parcours de cet embargo permettra d’avancer.  Saint-Vincent-et-les Grenadines, au nom également de l’Afrique du Sud, du Niger et de la Tunisie, a appelé à la levée des mesures coercitives unilatérales compte tenu de la pandémie de COVID-19. 

L’Allemagne a avoué ne pas comprendre les États ayant appelé à la levée des sanctions et de l’embargo sur les armes « alors que nous n’avons toujours pas de Forces unifiées au Soudan du Sud », « que nous voyons une rupture dans la chaîne de commandement et que des unités semblent prêtes à retourner au combat ».  La délégation a également considéré que l’absence de l’Ambassadeur du Soudan du Sud à cette séance du Conseil de sécurité témoignait « d’un manque de respect » à son égard.  La France a également réitéré son appui au maintien du régime de sanctions en vigueur, considérant que la mise en œuvre de l’embargo doit même être améliorée par le Soudan du Sud comme par les États de la région. 

Pour le Représentant spécial, les nouvelles circonstances exigent une évolution du mandat de la MINUSS.  Pour lui, la Mission doit bénéficier d’un partenariat stratégique étroit avec les pays de la région et du continent.  Le retrait des troupes des tâches « passives et statiques » sur les sites de protection des civils permettra un redéploiement accru vers les zones où la vie des civils est menacée, a estimé M. Shearer pour qui « conserver les actifs pour être agiles et proactifs est essentiel à notre efficacité ».

Ce changement, a-t-il souhaité, permettra une réduction graduelle des effectifs globaux de la Force.  S’agissant de la réinstallation vers les nouveaux camps de personnes déplacées, le haut fonctionnaire a souhaité qu’il permette de mettre l’accent sur le renforcement des capacités de la police sud-soudanaise et de lutter contre l’impunité.  M. Shearer a enfin exhorté les parties sud-soudanaises à prendre des mesures concrètes pour insuffler une nouvelle vie au processus afin d’obtenir les dividendes de la paix que leur peuple mérite. 

M. DAVID SHEARER, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan du Sud et Chef de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), a rappelé que l’an dernier, la situation politique était fragile dans le pays.  Les parties ont convenu d’une deuxième prolongation de la période de transition, retardant encore l’Accord de paix de 100 jours, le manque de volonté politique des dirigeants ayant provoqué la désillusion et la colère de leurs citoyens.  En cette fin de 2020, a continué le haut responsable, il y a eu des progrès.  En faisant preuve de compromis, les parties ont réussi à former un gouvernement de transition, dirigé par le Président Salva Kiir avec pour premier Vice-Président Riek Machar.  Tous les postes au niveau des États et des comtés ont été attribués et 9 gouverneurs sur 10 sont en place.  Le Conseil des ministres se réunit et la plupart des institutions nationales fonctionnent, au moins de façon basique.  Ces réalisations doivent être saluées, a prié M. Shearer qui a aussi annoncé que les progrès ralentissent.  

Les dispositions transitoires de sécurité visant à unifier les forces de sécurité sont au point mort, a dit le Représentant spécial, en laissant les combattants dans des centres d’entraînement souvent sans nourriture ni abris adéquats.  L’impasse concernant la nomination au poste de gouverneur du Haut-Nil, M. Johnson Olony, persiste et est utilisée pour retarder la nomination des gouverneurs.  Ce « hold-up » laisse une vacance de pouvoir au niveau local et rend difficile la lutte contre la violence intercommunautaire.  L’élan du processus de paix au Soudan du Sud est lié à la force de l’engagement international, a indiqué M. Shearer, alors que l’attention des pays de la Corne de l’Afrique est focalisée ailleurs, contribuant à un sentiment de dérive.  Néanmoins, collectivement, nous devons rester concentrés sur le Soudan du Sud pour guider la mise en œuvre de la paix, a-t-il rappelé.   

Cette année, a poursuivi le haut fonctionnaire, plus de 2 000 civils ont perdu la vie au cours de conflits locaux qui sont militarisés et ont été encouragés par des acteurs extérieurs agissant pour leurs propres intérêts économiques ou politiques.  Au cours du dernier trimestre, les incidents violents ont chuté de 64% par rapport au dernier trimestre, mais à l’approche de la saison sèche, nous nous préparons à une éventuelle résurgence d’instabilité, a averti le Représentant spécial.  Par ailleurs, plusieurs facteurs sous-jacents ont créé une « tempête parfaite » pour ceux qui sont déjà confrontés à des difficultés, a poursuivi M. Shearer.  L’insécurité alimentaire aiguë touche plus de la moitié de la population.  Elle est due au déplacement dû aux conflits, aux graves inondations qui affectent un million de personnes avec la perte de bétail et de cultures, et l’aggravation de la situation économique à cause de la pandémie de COVID-19, outre la pauvreté généralisée existante. 

En outre, les travailleurs humanitaires font de leur mieux pour venir en aide aux personnes dans le besoin, même si, tragiquement, neuf ont été tués cette année, soit le triple du nombre de victimes en 2019.  Le Représentant spécial a ajouté que la saison sèche exacerbe ces problèmes.  Les agriculteurs et les éleveurs ont perdu des récoltes et du bétail et cherchent souvent à récupérer leurs pertes en lançant des raids violents contre d’autres.  La concurrence pour des ressources rares comme les pâturages et l’eau devient également un point de contention entre les agriculteurs et les éleveurs de bovins pendant la migration.  Face à cette situation, la Mission a mis en place cinq nouvelles bases opérationnelles temporaires, conformément à notre approche « proactive, robuste et agile » en matière de maintien de la paix et de consolidation de la paix.  Des équipes militaires et civiles sont déployées en ce moment, pour dissuader la violence et soutenir la réconciliation, et ce afin que les communautés puissent parvenir à un accord pour coexister pacifiquement, a dit le haut responsable.  Cette présence a nettement désamorcé les conflits, en particulier lorsque nous pouvons prendre contact rapidement entre les parties, a-t-il souligné.  M. Shearer a dénoncé le refus du Gouvernement du Soudan du Sud de permettre à la Mission d’accéder à de nombreuses zones, entravant considérablement son déploiement. 

La MINUSS s’efforce aussi d’établir des accords sur des aspects vitaux du processus de paix, a poursuivi le Représentant spécial, en indiquant qu’un certain nombre de forums de dialogue ont eu lieu avec des partis politiques, des femmes, des jeunes, des médias et des organisations confessionnelles, notamment sur la question essentielle de la rédaction de la Constitution.  Les nouveaux camps de personnes déplacées ont pris le relais des sites de protection des civils qui avaient été créés il y a sept ans pour protéger les personnes fuyant les conflits intenses.  Cette menace n’existe plus aujourd’hui, la plupart des habitants se déplacent quotidiennement entre les camps et les villes tout en étant en mesure d’accéder aux services humanitaires.  Au cours des trois derniers mois, le transfert depuis les sites de protection de civils de Bor, Wau et Djouba s’est déroulé avec succès grâce à la planification et à la consultation conjointes avec les autorités nationales et locales, les services de sécurité, les humanitaires et les communautés déplacées elles-mêmes.  La planification est en cours à Bentiu, où le Gouvernement et l’opposition ont commencé à surveiller ensemble et à Malakal, qui est plus complexe et où la transition ne se fera qu’au moment venu, a annoncé M. Shearer. 

Les nouvelles circonstances exigent également que le mandat de la MINUSS évolue, a reconnu M. Shearer.  Premièrement, a-t-il estimé, notre tâche centrale est politique, a affirmé le Représentant spécial, pour qui la Mission doit bénéficier d’un partenariat stratégique étroit avec les pays de la région et du continent.  Deuxièmement, a-t-il poursuivi, notre devoir est d’offrir une protection à ceux qui en ont le plus besoin : «  Le retrait des troupes des tâches passives et statiques sur les sites de protection des civils permettra un redéploiement accru vers les zones où la vie des civils est menacée ».  Conserver les actifs pour être agiles et proactifs est essentiel à notre efficacité.  Le changement permettra également selon lui une réduction graduelle des effectifs globaux de la Force.  Troisièmement, le déplacement des sites de protection des civils permettra de mettre l’accent sur le renforcement des capacités de la police sud-soudanaise et de lutter contre l’impunité qui persiste.  Cela se fera parallèlement à un soutien accru aux procureurs et aux tribunaux se basant sur le succès des tribunaux mobiles.  Ce n’est qu’en renforçant l’état de droit que nous pourrons mettre fin à l’impunité, en particulier en ce qui concerne la violence sexiste, a souligné M. Shearer.  Enfin, en plus de maintenir l’élan du processus de paix, les préparatifs doivent commencer pour les élections et devenir plus proactifs en matière de réforme du secteur de la sécurité, de désarmement et de réintégration, a-t-il encore dit. 

Le Représentant a terminé en déclarant qu’il y a eu quelques gains politiques, malgré l’impact de la pandémie de COVID-19.  Toutefois, nous sommes parfaitement conscients que la mise en œuvre de l’Accord revitalisé continue de stagner, a-t-il reconnu, avant d’exhorter les parties à prendre des mesures concrètes pour insuffler une nouvelle vie au processus afin d’obtenir les dividendes de la paix que les citoyens sud-soudanais méritent. 

M. MARK LOWCOCK, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a rappelé avoir alerté, au mois de septembre dernier, sur l’aggravation de l’insécurité alimentaire au Soudan du Sud et qu’avec les Directeurs exécutifs du Programme alimentaire mondial (PAM) et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), il a mis en garde contre l’imminence de plusieurs famines.  Le Secrétaire général adjoint a tenu à rappeler qu’il a dûment décrit au Conseil, lors d’une réunion sur le Yémen, les effets de la faim sur le corps et l’esprit d’un être humain.  

L’examen de qualité en temps réel du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire a identifié cinq comtés à Jongleï, Ouarrap et Bahr el Gahzal, où environ 5 à 10% de la population risquent une « catastrophe » ou une famine.  À certains endroits, le nombre de personnes dans cette situation est appelé à augmenter d’ici à juillet 2021.  Le Secrétaire général adjoint a expliqué que même si l’analyse au niveau du pays n’est pas encore achevée, un rapport a alerté, la semaine dernière, sur une situation « proche de la famine » dans le comté de Pibor-ouest.  En conséquence, M. Lowcock a dit que les craintes exprimées, au mois de septembre dernier, se sont matérialisées dans six comtés.  « Comment en est-on arrivé là ? », s’est-il impatienté. 

En fait, des millions de Sud-Soudanais ont été poussés à bout; la violence, les inondations, la COVID-19 et la détérioration de l’économie ayant fait d’une situation humanitaire déjà difficile une crise bien plus grave, en particulier dans les six comtés.  La violence demeure l’un des principaux moteurs de la grave insécurité alimentaire dans le pays.  

Au cours du premier semestre de cette année, quatre vagues successives d’une grave violence ont secoué Jongleï et la zone administrative du grand Pibor, et provoqué le déplacement de près de 160 000 personnes.  Dans l’État de Ouarrap, où trois comtés risquent « une catastrophe », environ 100 000 personnes ont fui la violence, entre les mois de mai et de juin.  

Il faut ajouter à cela, deux années consécutives d’intenses inondations qui ont aggravé la situation puisque plus de 500 000 personnes à Jongleï et dans la zone administrative du grand Pibor, et plus de 400 000 dans l’État de Ourrap, ont été affectées par les effets conjugués des inondations et des hostilités.  

Comme si cela ne suffisait pas, la COVID-19 et son impact économique a rendu les conditions de vie encore plus difficiles.  L’économie du Soudan du Sud ne cesse de se contracter du fait de la chute du prix du pétrole.  Les prix des denrées alimentaires de base se sont envolés, après la dépréciation rapide du taux de change.  

M. Lowcock a souligné que cette année, 7,5 millions de Sud-Soudanais, soit plus de 60% de la population totale du pays, nécessiteront une aide, et ce chiffre risque d’augmenter une fois que les résultats de l’examen de qualité en temps réel seront finalisés.  Déjà, plus d’un million d’enfants âgés de moins de 5 ans seront mal-nourris, soit le chiffre le plus élevé depuis quatre ans.  Les familles souffrant le plus de l’insécurité alimentaires n’ont plus d’autre choix que de dépendre de l’assistance alimentaire pour leur survie ou de recourir à des pratiques préjudiciables: les filles risquent d’être forcées à un mariage précoce ou de quitter l’école, sans aucune possibilité de retour. 

Abordant la réponse apportée par les partenaires humanitaires, M. Lowcock a indiqué que le Fonds central pour les interventions d’urgence (CERF )et le Fonds humanitaire pour le Soudan du Sud demeurent critiques.  Le Soudan du Sud a perçu 39 millions de dollars du CERF en 2020, dont une allocation récente de 7 millions de dollars comme partie des 100 millions de dollars du CERF contre l’insécurité alimentaire.  

Les agences humanitaires et les ONG intensifient leurs efforts multisectoriels dans les six comtés concernés.  En novembre, de la nourriture a été distribuée à quelque 78 000 personnes à Pibor.  Le PAM a multiplié le nombre de vols pour faciliter l’assistance alimentaire et sanitaire, dans un climat particulièrement difficile en matière de logistique et de sécurité.  

« Or nous devons faire davantage », a déclaré M. Lowcock, qui a sollicité plus de fonds pour garantir la nourriture, les moyens de subsistance, les services de santé et d’autres programmes vitaux dans les six comtés.  Le Plan de réponse humanitaire pour le Soudan du Sud est le plus élevé jamais élaboré, soit 2 milliards de dollars.  Un financement rapide est essentiel, a-t-il insisté, prévenant que les besoins risquent de s’accroître avec la saison sèche, au début de l’année prochaine.  

Le Secrétaire général adjoint a prévenu qu’il devient chaque fois plus difficile de fournir l’assistance humanitaire au Soudan du Sud, en particulier dans les régions, compte tenu des problèmes d’accès.  Il a exhorté tous les « acteurs jouissant d’une influence » à contribuer à la réduction de la violence car les partenaires humanitaires s’inquiètent, ce qui pourrait être catastrophique.  

Le Viet Nam qui s’exprimait en sa qualité de Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution2206 (2015) concernant le Soudan du Sud, a commencé par donner un bref aperçu des développements au sein du Comité depuis le début de l’année 2020.  Il a indiqué que malgré la pandémie de COVID-19 qui a affecté son travail, essentiellement mené par visioconférence, le Comité avait continué à s’acquitter efficacement de son mandat.  Le 7 février, le Comité a entendu un exposé du coordonnateur du Groupe d’experts sur le Soudan du Sud, lors d’une réunion ouverte à tous les États Membres.  Cette réunion était consacrée au rapport intérimaire du Groupe, soumis en application du paragraphe 3 de la résolution 2471 (2019), a précisé le Président.  En avril, le Comité a reçu une présentation du Groupe d’experts concernant le rapport final du Groupe, présenté conformément à la résolution précitée.  Le 25 juin, a poursuivi le Président, au cours d’une visioconférence à huis clos, le Comité a entendu une présentation du Groupe d’experts concernant le rapport final du groupe.  Au cours de cette réunion ouverte aux États Membres voisins du Soudan du Sud, le Comité a entendu un exposé du Représentant permanent du Soudan en sa qualité de Président de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).  La rencontre a été axée sur les efforts les plus récents de l’IGAD visant à soutenir la mise en œuvre de l’Accord de paix au Soudan du Sud. 

Le 7 août, le Comité a entendu une présentation du Coordonnateur du Groupe d’experts sur le plan de travail du Groupe, dont le mandat a été renouvelé conformément à la résolution 2521 (2020), a encore relevé le Président.  Le 16 octobre, le Comité a entendu, dans le cadre du même format, un exposé du Représentant spécial du Secrétaire général pour la question des enfants et des conflits armés.  Enfin, le 20 novembre, au cours d’une visioconférence à huis clos, le Groupe d’experts a présenté au Comité, son rapport intérimaire.  Depuis le début de l’année, le Comité a reçu trois demandes de dérogation à l’embargo sur les armes, dont deux ont été accordées.  En outre, a poursuivi l’intervenant, quatre demandes d’exemption ont été reçues concernant les mesures d’interdiction de voyager et de gel des avoirs, qui ont toutes été accordées. 

La France s’est dit préoccupée par l’absence de progrès dans la mise en œuvre de l’Accord de paix revitalisé.  Elle a dit regretter le retard dans la formation de l’Assemblée nationale législative de transition et la nomination du gouverneur du Nil supérieur, de même que le manque de progrès en matière de participation des femmes et des jeunes.  Dans le domaine de la sécurité et de la lutte contre l’impunité, la France a dit que la constitution des forces unifiées et la mise en place du Tribunal hybride doivent avancer plus rapidement.  Elle a estimé que la diminution relative des violences au cours des derniers mois ne doit pas faire perdre de vue que les conditions restent réunies pour leur reprise avec la saison sèche.  Les facteurs de conflit sont aggravés par l’absence de perspective positive sur la mise en œuvre de l’Accord de paix et par la dégradation de la situation économique et humanitaire, a prévenu la délégation.  Laquelle a appelé toutes les parties au respect de leurs obligations en vertu du droit international humanitaire.  Elle a en outre condamné les attaques contre les travailleurs humanitaires, qui ont fait 14 morts en 2020.  Ces violences ne doivent pas rester impunies et il importe que les groupes responsables soient sanctionnés plus systématiquement par ce Conseil, a plaidé la France, qui a aussi demandé que les travailleurs humanitaires puissent pouvoir circuler sans entrave et sans peur d’être pris pour cible. 

La multiplication d’enlèvements de civils dans la région d’Équatoria, qui est imputable aux groupes armés qui restent actifs dans cette région, est aussi préoccupante, a ajouté la France.  Saluant la MINUSS pour son engagement et ses efforts d’adaptation, la France a annoncé qu’elle examinera avec attention la revue stratégique pour que le mandat de la Mission soit davantage orienté vers un objectif réaliste, tenant compte de la volonté des parties.  La protection des civils et la facilitation de l’accès humanitaire resteront en tout état de cause au cœur des priorités de la Mission, a-t-elle rappelé, avant de demander aux autorités sud-soudanaises de renforcer leurs compétences dans ce domaine, avec l’appui de la MINUSS.  Avant de terminer, la France a réitéré son appui au maintien du régime de sanctions mis en place par la résolution 2206, y compris l’embargo sur les armes dont la mise en œuvre doit être améliorée par le Soudan du Sud comme par les États de la région.  Les entraves à l’action de la MINUSS, comme les attaques contre le personnel humanitaire, sont des motifs de désignation pour des sanctions, que le Conseil de sécurité doit utiliser au vu des défis sur le terrain, a averti la délégation.  

La Chine a appelé à la poursuite d’un processus politique de nature à favoriser la mise en œuvre de l’Accord revitalisé.  Nous devons prêter attention à la crise humanitaire, a-t-elle insisté, avant de s’inquiéter des conséquences de la pandémie et de la fluctuation des prix des denrées alimentaires.  Elle a exhorté les partenaires et institutions internationales à augmenter leur aide pour permettre aux populations de répondre à leurs besoins et au pays de développer son économie.  La Chine a appelé à la levée des sanctions et a espéré que l’examen à mi-parcours de l’embargo sur les armes permettra d’avancer.  La MINUSS, a-t-elle conclu doit donner la priorité au suivi de la mise en œuvre de l’Accord revitalisé.   

Au nom de l’Afrique du Sud, du Niger, de la Tunisie, Saint-Vincent-et-les Grenadines (A3+1) a salué les faits récents positifs comme la formation du Gouvernement de transition.  Le Soudan du Sud est une démocratie en pleine maturation et il se montre déterminé à faire face aux épreuves de ces temps imprévisibles, en particulier à la lumière de la pandémie de COVID-19, a estimé la délégation.  Elle a dit attendre avec impatience la convocation de la conférence nationale à Djouba pour toutes les communautés de l’État du Haut-Nil, afin d’aborder les questions en suspens et finaliser la nomination du gouverneur.   

La délégation a réitéré l’importance de veiller au quota minimum de 35% de femmes dans les institutions du Gouvernement de transition.  Le processus de paix est à un stade crucial et il devra bénéficier de la participation de tous ceux qui restent à la périphérie, a exhorté la délégation qui a appelé les groupes non signataires de l’Accord revitalisé à capitaliser sur l’élan actuel, à résoudre leurs différends et à rejoindre le processus de paix.  

La délégation a ajouté qu’en dépit de ces évolutions positives, le Soudan du Sud continue d’être confronté à des défis multiples.  Saluant d’abord le maintien du cessez-le-feu permanent et la diminution globale de la violence politique, elle a dit que ces développements sont essentiels pour garantir l’avancement du processus de paix.  Toutefois, elle a relevé des lacunes dans le rythme de la réforme du secteur de la sécurité et exhorté les autorités à avancer pour lutter contre la violence intercommunautaire dans des régions telles que l’Équatoria-Oriental, Jongleï, les Lacs, l’Unité et le Haut-Nil.  La délégation a appelé la communauté internationale à faciliter l’opérationnalisation complète des Forces unifiées nécessaires.  

Elle s’est aussi dite préoccupée par la situation humanitaire « désastreuse », qui a été aggravée par la pandémie; et les effets néfastes des changements climatiques et de leurs inondations « dévastatrices »; la détérioration de la situation économique, catalysée par la chute des prix du pétrole; et les graves violations des droits de l’homme.  La délégation a insisté sur le respect du droit international, y compris le droit international humanitaire, les droits de l’homme et l’Accord sur le statut de la force.   

De même, a ajouté la délégation, la protection des civils, en particulier des groupes les plus vulnérables, y compris les femmes et les enfants, reste primordiale.  Elle a aussi appelé à la levée des mesures coercitives unilatérales, compte tenu de la pandémie de COVID-19.  Cette pandémie est un obstacle « monumental » aux travaux à venir, a conclu la délégation, en insistant sur la mise en œuvre complète de l’Accord revitalisé. 

Le Royaume-Uni a exprimé sa tristesse de constater que des millions de Sud-Soudanais n’ont pas encore perçu de véritables dividendes de la paix plus de deux ans après l’Accord de Paix et un an après la visite du Conseil de sécurité à Djouba.  Il s’est particulièrement inquiété de la détérioration de la crise alimentaire qui frappe des millions de personnes en raison de violences intracommunautaires, de la lenteur de la mise en œuvre de l’Accord et d’inondations sans précédent.  Le dernier Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire publié vendredi, montre qu’il est probable qu’il y aura une famine dans l’ouest de Pibor et que des milliers d’autres personnes se retrouveront dans des conditions proches de la famine dans cinq autres comtés.  La délégation a rappelé au Conseil que la résolution 2417 lui impose d’agir lorsque nous voyons un lien clair entre conflit et insécurité alimentaire, ce qui est incontestablement le cas au Soudan du Sud.  Elle a jugé urgent d’agir en précisant que son pays était l’un des principaux donateurs ayant consacré 218 millions de dollars à l’aide humanitaire au Soudan du Sud en un an.  Tout en soulignant que l’aide humanitaire était cruciale, le Royaume-Uni a dit que cette crise ne pourra être résolue qu’avec la volonté politique des dirigeants sud-soudanais.  Il a prévenu que la stabilité ne pourra être atteinte que par un processus pleinement inclusif.  C’est pourquoi, il a salué le récent réengagement des non signataires de l’Accord de paix à l’Accord de cessation des hostilités. 

L’Estonie a déploré que la mise en œuvre de l’Accord revitalisé soit en grande partie au point mort et le fait que les délais pour l’unification militaire et les institutions gouvernementales ne soient pas suffisamment pris au sérieux.  De même, les réformes économiques et la mise en place des principales institutions de justice transitionnelle, comme les tribunaux hybrides, n’ont pas été mises en œuvre et le Haut-Nil n’a toujours pas de gouverneur.  La délégation a dit être très préoccupée par l’implication continue et massive de groupes armés dans la violence, déplorant son impact sur les civils.  De même, la hausse continue des enlèvements de civils, notamment de femmes, de filles et de garçons, en particulier par le Front de salut national et d’autres éléments armés, reste une préoccupation majeure.  À la lumière des horribles violations des droits de l’homme, l’Estonie a dit continuer d’appuyer les sanctions et l’embargo applicables sur les armes.  Les allégations selon lesquelles il nuirait à l’équipement d’une armée unifiée et, partant, aux perspectives de paix sont trompeuses, a-t-elle affirmé, en rappelant que l’embargo prévoit des exceptions.  La délégation a également encouragé les autorités sud-soudanaises à promouvoir des initiatives locales pour établir les responsabilités, conformément aux normes du droit international humanitaire.  Le Gouvernement est en outre invité à faciliter la fourniture de l’aide humanitaire, car c’est une question de vie ou de mort pour beaucoup, a ajouté l’Estonie en conclusion. 

L’Indonésie s’est dite très préoccupée par la situation humanitaire et les violences intracommunautaires persistantes.  Alors qu’1,5 million de Sud-Soudanais sont déplacés et un million d’autres, victimes des pluies et des inondations, l’Indonésie a jugé urgent qu’une aide humanitaire conséquente soit déployée.  Inquiète des attaques, elle a demandé aux autorités sud-soudanaises et à la MINUSS de protéger les populations et les acteurs humanitaires.  L’Indonésie a dit l’importance de renforcer le rôle de la MINUSS pour faciliter le dialogue entre toutes les parties.  Elle a estimé, à son tour, qu’un régime de sanctions ne doit servir qu’à soutenir un processus de paix et pas devenir un châtiment collectif. 

Pour la Fédération de Russie, l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud fonctionne et les parties sont attachées à la réalisation des accords.  « Oui, nous voyons certains problèmes quant à la pleine mise en œuvre », toutefois, il importe que le Soudan du Sud fasse montre de volonté politique pour identifier des points d’entente.  La délégation s’est ensuite réjouie de l’adoption, le 9 décembre, par le Présidium de la République, composé du Chef d’État et des vice-présidents, d’une série de mesures clefs, notamment la création des gouvernements des neuf États, la confirmation des organes directeurs au niveau des comtés, ainsi que de l’intention de former les deux chambres du Parlement de transition.  

La Russie a ensuite encouragé à poursuivre la mise en œuvre des accords de la période de transition, en particulier ceux qui « accusent un retard ».  Seule l’exécution pleine et entière des engagements pris par toutes les parties pourra renforcer la confiance mutuelle et prévenir la répétition des erreurs du passé, a-t-elle estimé.  Par ailleurs, la délégation a remarqué une tendance constante au retour des réfugiés du Soudan du Sud et des déplacés, ce qui est lié, selon elle, aux mesures de confiance mutuelle et aux contacts entre les parties opposées « sur le terrain ».  Il est important de respecter les conditions du cessez-le-feu, a martelé la délégation, en invitant les non signataires de l’Accord revitalisé à se joindre au processus d’édification de l’État.  Elle a souligné, dans ce contexte, le rôle important d’intermédiaire joué par la Communauté Sant’Egidio. 

Bien entendu, a poursuivi la Russie, le rôle clef d’accompagnement du processus de paix incombe aux acteurs de la région.  Elle a donc salué à cet égard les efforts de l’IGAD et de l’Union africaine.  La délégation a en outre tenu à souligner que les progrès du règlement de paix au Soudan du Sud ont été atteints grâce à la volonté politique et aux efforts des médiateurs régionaux, et non à la suite de pressions des sanctions.  C’est pourquoi, elle a souhaité que, conformément à la résolution 2521 du Conseil de sécurité, le régime de sanctions soit réexaminé à la lumière de l’évolution de la situation sur le terrain.  

La République dominicaine s’est dit préoccupée par le fait que l’Accord de paix revitalisé ne produit pas encore de résultats tangibles en raison de la crise politique, de la violence, de l’insécurité alimentaire et de la crise économique qui continuent de faire des ravages au Soudan du Sud.  La délégation a estimé que la lenteur de la mise en œuvre de l’Accord revitalisé, les affrontements intercommunautaires, les violations croissantes des droits de l’homme et du droit international humanitaire, et les efforts limités pour faire avancer la période de transition constituent des motifs de préoccupation.  À cet égard, la délégation a salué le processus mené par la Communauté de Sant’Egidio, avec le soutien de l’IGAD, pour intégrer les groupes non signataires de l’Accord de paix, à partir de janvier 2021.  Elle a en outre déploré l’absence de progrès politiques sur les questions sécuritaires et humanitaires, et la hausse de la violence intercommunautaire, aux conséquences dévastatrices pour les populations vulnérables.  Femmes et enfants continuent d’être touchés de manière disproportionnée par les conflits en étant les premières victimes de violences sexuelles, a dénoncé la République dominicaine, en exhortant les parties à faire davantage d’efforts pour prévenir les violences sexuelles et punir les responsables de ces crimes.  La délégation s’est dite également préoccupée par l’insécurité alimentaire au Soudan du Sud, où plus de sept millions de personnes souffrent de niveaux alarmants de faim et de malnutrition.  Il est inacceptable que le peuple du Soudan du Sud continue de porter ce fardeau et de faire face aux conséquences négatives de ce conflit, s’est indignée la délégation, en jugeant essentiel que les parties fassent preuve de volonté politique et appliquent les dispositions de l’Accord sur le genre à tous les niveaux. 

La Belgique a relevé très peu de progrès en termes d’établissement des responsabilités et a souligné le lien entre les retards dans la mise en œuvre de l’Accord revitalisé et la montée de la violence.  Elle a dénoncé les enlèvements de civils, notamment des filles et des femmes, et a invité les parties à une mise en œuvre intégrale de l’Accord.  Elle a aussi demandé à la MINUSS de continuer à protéger les civils, en créant notamment des bases opérationnelles.  Le fait de refuser l’accès aux patrouilles de la MINUSS est tout simplement « inacceptable », s’est impatientée la Belgique qui a rappelé au Gouvernement son obligation de faciliter le travail de la Mission.  Elle a également décrié les problèmes d’accès humanitaire et l’impossibilité de se rendre sur les sites d’exploitation minière bloqués par les groupes armés.  La Mission, a tonné la Belgique, doit pouvoir enquêter sur les violences subies par les civils dans ces sites. 

Les États-Unis se sont félicités des différentes avancées enregistrées depuis septembre et ont dit attendre l’achèvement de toutes les nominations annoncées.  Cependant, le nombre de personnes déplacées, soit plus de 1,6 million, qui ne peuvent retourner chez elles en toute sécurité montre bien que la paix « n’est pas encore aux portes » du Soudan du Sud.  Les acteurs humanitaires ont surtout besoin d’un accès sans entrave car des millions de personnes souffrent de malnutrition, voire de famine.  Dans ces conditions, la délégation a appelé le Gouvernement à redoubler d’efforts dans les domaines de la gouvernance et de la justice transitionnelle et à fournir à la population des résultats tangibles, avec une participation pleine et entière des femmes au processus de paix.  Il s’agit aussi de mettre en œuvre le chapitre V de l’Accord de paix et de reconnaître le rôle des partenaires régionaux, dont l’IGAD.  En 2020, les États-Unis ont consacré à l’assistance humanitaire plus de 954 millions de dollars mais les besoins dépassent de loin le financement, d’où l’importance que les partenaires et bailleurs de fonds versent leurs contributions au plus vite.  

La protection des civils reste une tâche essentielle alors que la MINUSS transfère ses responsabilités au Gouvernement, a poursuivi la délégation américaine, et il importe donc d’avoir des garanties.  Le Conseil est déterminé à examiner toutes les mesures relatives aux sanctions, notamment l’embargo sur les armes.  La procédure est très claire pour bénéficier d’une dérogation, si nécessaire, ont déclaré les États-Unis en faisant allusion à la demande sud-soudanaise de levée des sanctions.  Il faut éviter que tout arme en possession du Gouvernement ne soit utilisée contre les civils, ont encore exigé les États-Unis. 

Tout en reconnaissant les défis et échecs, l’Allemagne a estimé qu’il y a des motifs de satisfaction avec la mise en place d’un gouvernement provisoire d’union nationale, la nomination de nombreux gouverneurs et la transformation des sites de protection des civils en sites d’accueil de personnes déplacées.  L’Allemagne a reconnu que de nombreux éléments de l’Accord revitalisé doivent encore être mis en œuvre, que les arrangements en matière de sécurité pour les Forces unifiées ne sont pas encore en place et que des poches de violences intracommunautaires subsistent.  Elle a jugé important de mettre en place les institutions de la justice de transition pour lutter contre l’impunité des auteurs de violations des droits de l’homme et des violences sexuelles.  

L’établissement des responsabilités est indispensable au processus de paix, a insisté l’Allemagne.  Inquiète d’une situation humanitaire aggravée par les inondations, elle a estimé que le Soudan du Sud est « un cas d’école » de l’impact des changements climatiques sur la situation sécuritaire.  Elle a aussi estimé que l’absence du Représentant permanent du Soudan du Sud à cette réunion, à laquelle il a été invité, est un manque de respect pour le Conseil de sécurité et pour les pays qui sont engagés dans son pays.  L’Allemagne a également dénoncé les atteintes à la liberté de mouvement des éléments de la MINUSS.  Elle a avoué ne pas comprendre les États qui ont appelé à la levée des sanctions et de l’embargo sur les armes alors que nous n’avons toujours pas de forces unifiées au Soudan du Sud, que nous voyons une rupture dans la chaîne de commandement et que des unités semblent prêtes à retourner au combat.  Aux États qui souhaitent envoyer des armes au Soudan du Sud, je dis: envoyez plutôt une aide humanitaire, a taclé l’Allemagne. 

Le Viet Nam a déploré les progrès « globalement lents » dans la mise en œuvre de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit, malgré des développements positifs en 2020 sur les fronts politique et sécuritaire.  Alors que le cessez-le-feu permanent a été largement respecté, la violence intercommunautaire reste un sujet de préoccupation, a avoué le Viet Nam.  Il a, à cet égard, appelé les parties à faire de leur mieux pour mettre pleinement en œuvre l'Accord revitalisé, en particulier en reconstituant l’Assemblée législative provisoire et en formant les Forces unifiées nécessaires.  Le cessez-le-feu permanent doit continuer d’être respecté, a martelé le Viet Nam, en exhortant les parties à relever les défis humanitaires et économiques, dans un pays confronté à un déficit budgétaire de plus de 50% pour la période 2020-2021. 

Particulièrement préoccupée par le niveau élevé d’insécurité alimentaire, qui touche plus de la moitié de la population, le Viet Nam a appelé la communauté internationale à renforcer son aide humanitaire et son soutien financier, et à fournir une assistance supplémentaire à la lutte contre la COVID-19.  Enfin, le Viet Nam a réitéré sa position selon laquelle les sanctions ne doivent être qu’un outil temporaire et appliqué au cas par cas pour faciliter le maintien de la paix et de la sécurité internationales. 

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