SC/14381

Soudan: plusieurs problèmes majeurs doivent être résolus pour garantir une paix durable au Darfour, souligne le Président du Comité des sanctions

Le Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1591 (2005) concernant le Soudan, M. Sven Jürgenson (Estonie), a présenté cet après-midi au Conseil son rapport trimestriel portant sur la période allant du 15 septembre au 10 décembre 2020, en soulignant qu’en dépit de l’Accord de paix de Djouba, signé le 3 octobre dernier, plusieurs problèmes majeurs, liés notamment à la propriété foncière et à l’utilisation des terres au Darfour, doivent être résolus pour garantir une paix durable. 

Le Comité a été mis en place le 29  mars 2005 pour surveiller l’application des mesures de sanction pertinentes et s’acquitter des tâches définies par le Conseil de sécurité au paragraphe 3a) de la résolution susmentionnée, notamment le suivi des mesures concernant l’embargo sur les armes, l’interdiction de voyager et le gel des avoirs.  

Le Président du Comité a indiqué que les voyages du Groupe d’experts sur le Soudan ont été limités en raison de la pandémie de COVID-19.  Cependant, malgré les restrictions et grâce aux mesures prises par le Gouvernement soudanais, le Groupe a réussi à se rendre au Soudan aux mois d’octobre et novembre, et il devrait présenter son rapport final au Comité en temps opportun.  Le Président du Comité a remercié le Gouvernement soudanais d’avoir facilité ces visites importantes malgré les défis posés par la pandémie. 

Le 25 septembre 2020, le Comité a reçu le deuxième rapport trimestriel du Groupe d’experts.  Dans ledit rapport, le Groupe d’experts a indiqué que les participants aux négociations du processus de paix avaient démontré leur volonté de parvenir à la paix, ce qui avait abouti à la signature de l’Accord de Djouba. 

M. Jürgensen a relevé qu’Abdul Wahid Nur et son Armée de libération du Soudan, qui ont continué à contrôler certaines zones de la région du Djebel Marra au Darfour, sont restés en dehors du processus de paix.   En vertu des dispositions de sécurité convenues à Djouba, les forces des mouvements du Darfour signataires étaient censées retourner au Darfour et entamer un processus d’intégration dans les forces de sécurité dans les mois à venir.  Le Groupe d’experts a averti que s’il n’était pas géré avec soin, ce retour de milliers de combattants bien armés pourrait générer une instabilité localisée, en particulier dans le contexte de l’intensification des tensions intercommunautaires au Darfour au cours des derniers mois. 

Selon M. Jürgensen, le Groupe d’experts a signalé que les personnes déplacées continuaient d’être extrêmement vulnérables à différentes formes de violence, d’insécurité et de restriction d’accès aux terres agricoles, tout en étant également soumises à des attaques qui ont tué ou blessé de nombreuses personnes.  Et la majorité des auteurs de ces violations des droits humains sont restés impunis.  Cependant, a-t-il poursuivi, la situation peut s’améliorer en augmentant les capacités et les ressources des forces de sécurité, en particulier dans les zones rurales, ainsi qu’en comblant les lacunes dans les secteurs de l’état de droit et de l’administration de la justice.  Les affrontements dans certaines régions, ainsi que les luttes intestines entre différentes factions de l’Armée de libération du Soudan ont eu un impact négatif sur la population civile, en particulier les femmes et les filles.  

En termes de dynamiques régionales, le Groupe d’experts a relevé une tendance favorable au processus de paix au Darfour.  En revanche, la situation en Libye continue de constituer une menace majeure pour la paix et la sécurité dans la région, un nombre important d’éléments du Darfour continuant de s’engager dans le conflit libyen.  Enfin, le Président du Comité 1591 a rappelé que le régime de sanctions a été établi dans le seul but d’aider à ramener la paix au Darfour.  « Il ne s’agit pas de punir le Soudan, mais de soutenir l’instauration d’une paix durable. »  Le Comité 1591 réitère donc son engagement à travailler avec le Soudan et toutes les parties prenantes concernées pour en faire une réalité. 

De son côté, le représentant du Soudan a souligné que ces sanctions ne reflètent plus la réalité sur le terrain au Darfour.  D’après lui, les sanctions devraient servir l’intérêt d’une solution politique globale plutôt que d’être « une mesure exécutée en pilote automatique ».  Il a souligné que la région du Darfour est en grande partie revenue à la normale, et que ses populations se trouvent actuellement dans une période critique de transition du maintien de la paix  vers  la consolidation de la paix.   De ce fait, la situation sur le terrain et les arrangements mis en place par le Gouvernement de transition pour assurer la paix et la stabilité au Darfour sont propices à inciter le Conseil à mettre fin  aux  sanctions, a estimé la  délégation. 

En outre, la levée des sanctions permettrait au Gouvernement de reconstruire la capacité des forces de sécurité et des forces de l’ordre à préserver et renforcer la paix au Darfour et au-delà, a fait valoir le représentant.   Il a également rappelé que les États-Unis se sont dits déterminés à travailler avec le Gouvernement soudanais et ses partenaires internationaux  afin d’identifier les  circonstances de la levée des sanctions dans les plus brefs délais.  Le  Soudan  s’est  ainsi dit encouragé par cette position et se tient prêt à s’engager avec les États-Unis et les autres membres du Conseil  afin de  rapidement parvenir à la levée des sanctions.

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