SC/14325

Conseil de sécurité: Le Chef de la Mission de l’ONU en Colombie met l’accent sur les résultats « historiques et indéniables » de la mise en œuvre de l’Accord de paix

Quatre ans après la conclusion des négociations ayant abouti à l’Accord final de paix en Colombie, le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie a déclaré, lors d’une séance en visioconférence cet après-midi du Conseil de sécurité, que des résultats «  historiques et indéniables » avaient été enregistrés, mais que « d’énormes défis » subsistent.  

Ces défis, a commenté M. Carlos Luis Massieu, requièrent un engagement continu des parties en faveur de l’Accord, de même que l’implication active des entités publiques et de la société civile. 

Il a souligné que certains processus fondamentaux engrangés au titre des dispositions de l’Accord sont d’ores et déjà achevés et irréversibles, comme le désarmement et la transition des FARC-EP vers un parti politique. 

Par contre, d’autres processus sont encore « en construction » : la réintégration concrète des FARC-EP au sein de la société, la recherche de la vérité, les réparations et la justice pour les victimes, et la transformation des zones rurales de la Colombie, a précisé M. Carlos Ruiz Massieu, qui présentait le dernier rapport* du Secrétaire général, qui porte sur la période allant du 27 juin au 25 septembre 2020. 

La Mission de vérification, dont le mandat avait été prorogé jusqu’au 25 septembre 2021, est chargée de vérifier la réintégration des anciens combattants des FARC dans la société, après l’Accord de paix signé le 26 août 2016 entre le Gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaire de Colombie (FARC). 

Le Représentant spécial a mis en avant le fait qu’en dépit de la stigmatisation et des attaques dont ils font l’objet, les ex-combattants demeurent engagés dans le processus de réintégration, et un tier d’entre eux a perçu des fonds pour des projets productifs, grâce aux mécanismes prévus par l’Accord.  M. Massieu a aussi mis en exergue l’adoption récente de la première feuille de route sur la réintégration, laquelle est axée sur une approche ethnique de la communauté autochtone de Mayasquer, du peuple Pastos dans le Département de Nariño, d’une part, et l’achat des terres de l’ancienne zone territoriale d’Icononzo pour la formation et la réintégration, d’autre part.  

En revanche, il a attiré l’attention du Conseil sur la situation des 9 000 anciens combattants qui vivent en dehors des zones de réintégration territoriale, espérant que le Gouvernement et les FARC arriveront bientôt à une approche commune de l’appui à apporter dans ces nouvelles zones de réintégration dont les défis sécuritaires et autres vulnérabilités ont été soulignés dans plusieurs rapports du Secrétaire général. 

Tout en prenant acte des progrès accomplis, les membres du Conseil ont pointé les domaines qui exigent d’avantage d’efforts.  Ils ont condamné en cœur la violence et les assassinats de civils colombiens, en particulier de jeunes et d’enfants, les défenseurs et défenseures des droits de l’homme et des groupes ethniques dans des zones rurales ou régions reculées.  C’est un vrai problème, a reconnu la Ministre colombienne des affaires étrangères.  Mme Claudia Blum Barberi a indiqué que le 12 août, le Président Ivan Duque a convoqué la Commission nationale de garantie de la sécurité, qui a analysé les événements récents des derniers mois et discuté des mesures en vue du démantèlement des organisations criminelles.  

La Ministre a réaffirmé l’attachement de son pays à l’Accord de paix et s’est félicité que le Conseil envisage de confier à la Mission de l’ONU l’évaluation de la réelle contribution des FARC à la vérité, aux réparations et à la justice.  Ce n’est que de cette manière que la justice transitionnelle sera en mesure de prononcer des sentences proportionnelles à la gravité des crimes, a souligné la Ministre. 

M. CARLOS RUIZ MASSIEU, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie, a déclaré en présentant le rapport du Secrétaire général que, quatre ans après la conclusion des négociations ayant abouti à l’Accord final de paix, il convient de rappeler que le principal objectif consiste à mettre fin à 50 ans de confrontation entre l’État colombien et les Forces armées révolutionnaires colombiennes (FARC-EP) et d’amorcer une phase, « longue et complexe », de consolidation d’une paix durable. Cette paix, a-t-il souligné, repose sur des processus fondamentaux énoncés dans l’Accord, dont certains sont d’ores et déjà achevés et irréversibles, comme le désarmement et la transition des FARC-EP vers un parti politique.  D’autres processus sont encore « en construction », à savoir la réintégration concrète des FARC-EP au sein de la société, la recherche de la vérité, les réparations et la justice pour les victimes, et la transformation des zones rurales de la Colombie. 

Le Représentant spécial a estimé que l’on voit des résultats « historiques et indéniables » mais que « d’énormes défis » subsistent lesquels requièrent un engagement continu des parties en faveur de l’Accord, de même que l’implication active des entités publiques et de la société civile. 

En dépit des attaques et de la stigmatisation, la majorité des ex-combattants qui ont déposé leurs armes, demeurent engagés dans le processus de réintégration.  Le tiers d’entre eux a perçu des fonds pour des projets productifs, grâce aux mécanismes prévus par l’Accord.  Ainsi, a expliqué M. Massieu, des ex-combattants travaillent avec leurs familles et leurs communautés pour atténuer à l’impact économique et sanitaire de la pandémie. 

M. Massieu a également mis l’accent sur l’adoption récente de la première feuille de route sur la réintégration, laquelle est axée sur une approche ethnique de la communauté autochtone de Mayasquer, du peuple Pastos dans le département de Nariño.  Les autorités autochtones ont accepté d’épauler le processus officiel de réintégration de 114 ex-combattants, d’origine autochtone pour la plupart, dans leur communauté, conformément à leurs traditions.  

La question de l’accès à la terre étant l’une des plus pressantes, le Chef de la Mission de l’ONU a salué l’achat des terres de l’ancienne zone territoriale d’Icononzo pour la formation et la réintégration.  Il s’est dit convaincu qu’une telle initiative sera suivie d’autres pour que le Gouvernement puisse atteindre son objectif, d’ici à la fin de l’année, d’acheter les lotissements de neuf anciennes zones territoriales.  Il a appelé l’attention à cet égard sur la situation des 9 000 anciens combattants qui vivent en dehors de ces zones, espérant que le Gouvernement et les FARC arriveront bientôt à une approche commune de l’appui à apporter dans ces nouvelles zones de réintégration dont les défis sécuritaires et autres vulnérabilités ont été soulignés dans plusieurs rapports du Secrétaire général. 

Le processus de justice transitionnelle quant à lui a atteint sa vitesse de croisière puisque les trois composantes du Système global de vérité, justice, réparation et non-répétition progressent dans leur travail crucial, a affirmé M. Massieur, qui a précisé que l’Unité de recherche des personnes portées disparues poursuit son travail.  La Commission vérité a rassemblé, pour sa part, les victimes et acteurs impliqués dans le conflit autour d’un dialogue sur la non-répétition.  La Juridiction spéciale pour la paix enregistre aussi des progrès, s’agissant des crimes commis pendant cette période.  M. Massieu a souligné que plusieurs membres de haut rang du parti FARC ont ainsi reconnu leur responsabilité pour plusieurs crimes, « preuve magistrale » que le processus de paix avance sur sa promesse de faire la lumière sur les horreurs du passé, élément important pour que la société colombienne puisse cicatriser ses plaies.  Partant, a-t-il dit, la réconciliation et l’appui au Système global sont fondamentaux, y compris par le plein respect de son autonomie et de son indépendance, la coopération de tous les acteurs et la participation active de tous les acteurs du conflit.   

Le Représentant spécial a jugé par ailleurs que la décision sur le désarmement volontaire a contribué à une réduction de la violence depuis la signature de l’Accord de paix, mais que certaines régions ont « immensément souffert » durant le conflit, et restent « assiégées par la violence » de la part d’acteurs qui continuent de s’en prendre aux leaders sociaux, aux défenseurs des droits de l’homme, aux ex-combattants, et à des communautés entières.  Dans ce contexte, il a renvoyé aux récents massacres, dans plusieurs départements, le « douloureux rappel » de la manière dont des civils innocents, y compris des jeunes, sont victimes des agissements de ces groupes.  

Il est impératif, a-t-il dit, de trouver les moyens de réduire cette violence si l’on veut honorer la promesse de l’Accord de paix.  M. Massieu a jugé nécessaire de finaliser et de mettre en œuvre la politique publique de démantèlement des groupes armés illégaux, des organisations criminelles et des réseaux qui les soutiennent.  Parallèlement, il a souligné que des réponses pour identifier les risques grâce au Bureau du Médiateur pourraient s’avérer déterminantes dans la réduction de la violence.  Dans ce contexte, il a également réitéré l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu global pour favoriser les efforts contre la pandémie.  La réduction de la violence dans les régions affectées par le conflit n’est que plus importante dans le contexte de cette crise de santé publique, a insisté le Représentant du Secrétaire général. 

En matière de sécurité, M. Massieu a souligné la nécessité d’envisager des mesures adaptées aux contextes locaux, grâce à un travail avec les communautés.  Il s’est dit encouragé par le travail de la société civile et des entités publiques dans le cadre des comités techniques du Programme global de protection et de sécurité des communautés, ajoutant qu’il est temps de rendre ces mesures opérationnelles sur le terrain. 

Le Chef de la Mission de vérification a également insisté sur la protection des ex-combattants qui sont tués à un rythme « alarmant », ainsi que sur la lutte contre l’impunité pour ces crimes.  Il a voulu que l’on fasse comparaître les « auteurs intellectuels » de tels crimes devant la justice.  Il importe en conséquence d’accorder la priorité aux ressources humaines et financières de l’Unité nationale de protection pour qu’elle rattrape le retard pris dans les enquêtes sur les crimes contre les ex-combattants.  

Au sujet de la transformation profonde de la Colombie rurale, l’un des objectifs majeurs de l’Accord de paix, M. Massieu a souligné que les conséquences de la pandémie ont dévoilé l’urgence qu’il y a à offrir au milieu rural développement et sécurité.  Il faut voir l’Accord, a-t-il estimé, comme une partie essentielle du relèvement post-pandémie.  Il a cité à cet égard les programmes de développement territorial de 170 municipalités touchées par le conflit, précieux mécanisme, selon lui, pour attirer les investissements et rétablir la présence de l’État. 

Évoquant la commémoration dans quelques semaines du vingtième anniversaire de la résolution 1325 (2000) du Conseil, M. Massieu a affirmé que rares sont les accords de paix qui ont abordé de façon aussi globale que l’Accord colombien, la problématique de l’égalité des sexes.  Il a toutefois reconnu les défis pour améliorer la sécurité des femmes leaders sociaux et défenseuses des droits de l’homme, sans oublier la lutte contre la violence sexuelle, exacerbée durant la pandémie. 

Le Royaume Uni a reconnu « des développements positifs », en particulier les excuses présentées par les FARC pour leurs milliers de détentions illégales et la responsabilité pour la mort d’Alvaro Gomez Hurtado.  C’est là, a estimé le Royaume-Uni, la justification du but même de la justice transitionnelle.  Nous nous réjouissons, a-t-il ajouté, de l’augmentation des mesures prises par l’Unité de protection nationale mais des mesures additionnelles sont nécessaires, compte tenu de la fréquence des meurtres de responsables communautaires et de défenseurs des droits de l’homme.  L’adoption d’une politique de démantèlement des groupes armés est « vitale » pour une paix durable en Colombie, a martelé le Royaume-Uni, en notant avec satisfaction que la commission nationale sur les garanties de sécurité s’est réunie pendant la période examinée.  Il s’est aussi félicité de l’approbation par le Congrès colombien de fonds supplémentaires des redevances minières pour mettre en œuvre les projets productifs dans les zones rurales. Le Royaume-Uni a rappelé l’importance d’un processus de paix inclusif et a encouragé toutes les parties à assurer l’application complète du programme de protection des femmes leaders et des défenseuses des droits humains.  Il a conclu en applaudissant le Gouvernement colombien et la Mission de l’ONU pour les progrès accomplis malgré la pandémie. 

La Chine a déclaré que presque quatre ans après sa signature, l’Accord de paix a permis de faire des progrès « significatifs », notamment en matière de désarmement, démobilisation et réintégration.  Le peuple colombien reçoit les dividendes de la paix et la paix durable prend racine et se renforce dans le cadre des efforts de « Paix dans la légalité » du Gouvernement.  Du point de vue de la Chine, le processus de paix colombien est un « bon exemple  » du règlement d’un conflit sur la base des efforts conjoints de la communauté internationale, y compris des Nations Unies et le Conseil de sécurité lui-même, qui n’a cessé de montrer son soutien sans faille, notamment avec sa résolution 2545 (2020) adoptée le mois dernier à l’unanimité pour proroger un an de plus, le mandat de la Mission de l’ONU. 

Alors que le rapport du Secrétaire général fait état de défis persistants, la communauté internationale et le Conseil de sécurité doivent redoubler d’efforts pour aider la Colombie à assurer une mise en œuvre globale, efficace et durable de l’Accord de paix.  La Chine a dit appuyer pleinement tous ces efforts et souligné que la sécurité demeure la priorité de même qu’une condition préalable au plein exercice des droits de l’homme.  Elle a estimé que la réintégration des ex-combattants est un processus clef, puisqu’il y aurait encore 9 000 ex-combattants en dehors des anciennes zones territoriales de formation et de réintégration.  Le développement inclusif doit être promu, a martelé la Chine, pour déraciner les causes profondes du conflit.  Nous espérons, a conclu la Chine, que le Gouvernement continuera son programme de développement, en accordant la priorité aux secteurs des infrastructures de développement, tels que les transports, l’irrigation ou l’électricité. 

Les États-Unis ont applaudi les efforts communs de la Colombie et des Nations Unies pour continuer le processus de paix pendant la pandémie.  L’Administration Trump, ont-ils rappelé, a fourni plus de 23,6 millions de dollars d’assistance au Gouvernement colombien pour faire face à la pandémie et apporter eau, fournitures sanitaires et nourriture à la population.  Les États-Unis ont exprimé leur solidarité avec les 1,8  million réfugiés vénézuéliens et migrants en Colombie et affirmé que le soutien du Gouvernement colombien au Président par intérim Juan Guaido et à une transition démocratique au Venezuela jette les fondements du retour des réfugiés chez eux. 

Nous réitérons, ont dit les États-Unis, la nécessité urgente de protéger les défenseurs des droits de l’homme en Colombie, les leaders sociaux et les populations vulnérables autochtones et afro-colombiens et la communauté LGBTI.  Nous encourageons les autorités colombiennes à poursuivre en justice les responsables des crimes et violations des droits de l’homme.  Les États-Unis ont ajouté que, malgré les 94 mesures de protection urgentes mises en œuvre, il faut faire plus pour assurer la sécurité, en particulier dans les zones auparavant contrôlées par les FARC.  Nous sommes totalement engagés aux côtés du Gouvernement de la Colombie pour réduire la culture de coca et la production de cocaïne et promouvoir un développement rural intégré.  

Les États-Unis ont aussi mentionné la nouvelle initiative pour la croissance et que les deux Gouvernements travaillent pour étoffer les investissements à long terme du Département d’État et de l’USAID pour améliorer la sécurité et les financements privés dans les zones rurales.  Les États-Unis ont conclu en soutenant la mise en œuvre de l’Accord de paix et les efforts de justice transitionnelle, y compris la Juridiction Spéciale pour la paix.  Le Conseil de sécurité est prêt, ont-ils affirmé, à envisager l’implication de la Mission de l’ONU dans la vérification des peines prononcées par ladite Juridiction. 

Saint-Vincent-et-les Grenadines, au nom également des A3+1 (Niger, Tunisie et Afrique du Sud), a déclaré que le processus de paix en Colombie en est à une étape cruciale et salué les progrès enregistrés, même si la pandémie de COVID-19 et une pléthore de défis ont retardé certains aspects de la mise en œuvre de l’Accord final de paix.  Le pays a conseillé aux Colombiens de persévérer dans cette voie.  Il a réitéré la position des A3+1: la seule solution viable et durable réside dans la mise en œuvre de l’Accord de paix et un règlement politique inclusif dirigé par les Colombiens.  Il a rappelé la résolution 2545 (2000) du Conseil, prouve que ses membres restent aux côtés de la Colombie dans ses efforts tendant à la paix, la stabilité et la prospérité. 

Saint-Vincent-et-les Grenadines a condamné, dans les termes les plus forts, les meurtres d’ex-combattants, de défenseurs des droits de l’homme, de femmes autochtones et de dirigeants afro-colombiens, estimant qu’il faut identifier et remédier aux moteurs de ces atrocités et sanctionner leurs auteurs.  La protection de ces groupes vulnérables permettra de juger l’efficacité des mesures de sécurité, en général.  Le pays a appuyé à cet égard la décision de la Juridiction spéciale d’adopter, en juillet dernier, des mesures de protection conformément à la Section 3.4 de l’Accord de paix.  Il a exhorté le Gouvernement colombien à renforcer son dispositif sécuritaire dans les départements les plus affectés par la violence : Cauca, Antioquia, Santander du Nord et Nariño ; et encouragé la convocation de réunions régulières de la Commission nationale de garanties de sécurité.  

Dans le même esprit, le pays a jugé fondamental de démanteler les groupes armés illégaux et les syndicats du crime pour garantir la sûreté et la protection de la population civile, en particulier les femmes et les enfants qui continuent à être victimes de la violence sexiste et sexuelle.  Il faut travailler dans ce domaine avec la société civile, a souligné Saint-Vincent-et-les Grenadines.  Il a aussi sollicité davantage d’efforts pour la réintégration des ex-combattants, gage d’une paix durable à long terme, et exhorté les autorités à améliorer l’application du Plan d’action du programme global de garanties pour les femmes leaders et les défenseuses des droits de l’homme.  Le pays a par ailleurs émis l’espoir que le Gouvernement et l’Armée de libération nationale/(ELN) saisira cette opportunité pour entamer un dialogue constructif. 

La Belgique a exprimé sa profonde inquiétude face aux menaces, attaques et meurtres de défenseurs des droits de l’homme, de dirigeants communautaires et sociaux et d’ex-combattants, et plus particulièrement de la violence à l’égard des femmes, véritable défi à leur participation active dans la mise en œuvre de l’Accord de paix.  Elle a réclamé des mesures plus robustes pour prévenir et combattre la violence sexiste et sexuelle, ainsi que le recours aux mécanismes de garanties de la sécurité, dont les systèmes d’alerte précoce visant à la protection individuelle et collective et la Commission nationale de garanties de sécurité.  Parallèlement, les auteurs de la violence doivent comparaître devant la justice, a-t-elle demandé, en appelant également toutes les parties à aboutir à un accord sur l’emplacement des mines antipersonnel.  

Rappelant que le Conseil avait adopté, à l’unanimité les conclusions sur la situation des enfants dans le conflit armé en Colombie, la Belgique a émis le vœu que les recommandations soient appliquées.  Elle a mis l’accent à cet égard sur les espaces propices aux enfants dans les anciennes zones de concentration et sur la convocation du Groupe de travail technique sur les enfants du Conseil national de réintégration.  

La Belgique a également réaffirmé son appui aux institutions de justice transitionnelle et souhaité que le mandat de la Mission de vérification soit élargi à la vérification de l’application des sentences émises par la Juridiction spéciale pour la paix.  La Belgique a ensuite exhorté tous les groupes armés à mettre fin à la violence et à « saisir l’opportunité de la paix ».  S’adressant directement à la Chef de la diplomatie colombienne, elle a déclaré que la Colombie est « une inspiration » pour le monde entier, les régions affectées par un conflit le considérant comme « un modèle » pour tourner la page du passé et choisir un avenir pacifique.  Mais il est vrai que la paix en Colombie n’a pas été facile à réaliser, a reconnu la Belgique. 

Dans une déclaration conjointe avec l’Indonésie, le Viet Nam a pointé la fragilité du processus de paix, peu de progrès ayant effectivement été accomplis dans la réintégration des ex-combattants.  Il a exhorté toutes les parties à honorer leurs engagements respectifs et appuyé les trois priorités dégagées dans les rapports du Secrétaire général.  Le Viet Nam a plaidé pour la participation effective des FARC, et des autres partis à la vie politique du pays, dont l’élaboration des projets de lois, le lancement des réformes constitutionnelles et la mise en œuvre des cinq piliers du « Nouvel engagement pour la Colombie » visant à remédier aux incidences de la pandémie de COVID-19. 

Il s’est inquiété du retard accusé après la proposition faite au Gouvernement par l’Armée de libération nationale (ELN), d’observer 90 jours de cessez-le-feu bilatéral.  Il a condamné toutes les violences et attaques, et demandé à tous les groupes impliqués de cesser immédiatement ces « actes abominables » dont les auteurs devront rendre compte devant la justice.  Le Viet Nam a espéré des discussions fructueuses sur le démantèlement des groupes armés illégaux, des organisations criminelles et de leurs réseaux. 

Le Viet Nam a souligné que la réintégration des ex-combattants est un processus à long terme qui exige de la patience, de la volonté politique et des jalons pratiques, d’où la nécessité de nouvelles mesures visant un développement économique inclusif et la cohésion sociale, en tenant compte des besoins spécifiques des communautés.  Le Viet Nam a également dit attendre que le Gouvernement, les FARC, le Conseil national de réintegration, les Nations Unies, les organisations régionales et internationales jouent un rôle dans la mise en place d’une stratégie conjointe pour le développement socioéconomique, assorties de mesures concrètes pour aider les ex-combattants à stabiliser leur vie.  

La (France) a réaffirmé que l’Accord de paix est un ensemble dont les différents volets sont « indissociables ».  Il a voulu que l’on reconnaisse « avec lucidité » qu’un certain nombre de dispositions de l’Accord ne sont pas encore mises en œuvre.  La France a ainsi regretté la poursuite des violences et condamné les multiples assassinats qui ont eu lieu, ces derniers mois, y compris des meurtres d’enfants et de jeunes, mais aussi d’anciens combattants, de personnalités de la société civile et de défenseurs des droits de l’homme.  Ces crimes doivent cesser et leurs responsables, être traduits en justice, a exigé le représentant, ajoutant que des mesures simples peuvent être prises rapidement, notamment un meilleur usage du système d’alerte précoce placé auprès du Bureau du Médiateur.  Il faudrait aussi encouragé la Commission nationale sur les garanties de sécurité à finaliser la politique publique de démantèlement des organisations criminelles. 

Sur le long terme, a poursuivi le représentant, il est impératif de renforcer la présence de l’État dans l’ensemble du territoire, y compris dans les zones les plus reculées.  Il a tenu à reconnaitre les efforts de réintégration des anciens combattants, au cours de ces derniers mois, et ce, en dépit de la pandémie et de l’impact du confinement sur les projets productifs.  Pour le représentant, il faut persévérer dans ces efforts, mettre l’accent sur les anciens combattants qui résident en dehors des anciennes zones territoriales de formation et de réintégration, et en surmonter par ailleurs la question de l’accès à la terre, « qui se pose depuis longtemps ». 

Le représentant a en outre souhaité que la Mission de l’ONU contribue, à la demande des Colombiens, à la vérification de l’application des sanctions de la juridiction spéciale pour la paix.  Il est crucial, a-t-il conclu, que le programme de substitution des cultures illicites, « qui représente un immense espoir pour des milliers de familles », obtienne les ressources nécessaires, notamment pour financer les projets liés aux cultures de substitution qui sont une condition préalable au succès.  Les chapitres de l’Accord touchant aux questions ethniques et de genre doivent également faire l’objet d’une attention toute particulière, a ajouté pour finir le représentant. 

L’Estonie a salué les progrès accomplis en cette période difficile particulièrement dans le domaine de la justice, assurant que « les excuses publiques prononcées par l’ancien secrétariat du FARC-EP marquent un pas en avant ».  Nous reconnaissons les avancées de l’Unité d’investigation spéciale et du Procureur général, une paix durable ne pouvant être atteinte sans justice, a souligné l’Estonie.  Elle a demandé que cessent les assassinats de civils, de défenseurs des droits de l’homme, de leaders sociaux et d’anciens combattants du FARC.  Elle a exigé que les responsables fassent l’objet de poursuites, avant de s’attarder sur la situation particulièrement préoccupante des enfants.  Ils courent le risque, s’est-elle expliquée, du travail forcé, de l’exploitation sexuelle et du recrutement dans des groupes armés.  S’agissant des zones rurales, l’Estonie a déploré qu’elles soient dépourvues de la présence de l’État.  Des questions structurelles plus larges doivent être traitées pour assurer le processus de réintégration et notamment l’accès à la terre, des anciens combattants du FARC-EP, a conclu l’Estonie. 

La Fédération de Russie a dit partager les préoccupations croissantes du Secrétaire général concernant les assassinats et la violence à l’encontre des participants au processus de paix, des dirigeants communautaires, des activistes sociaux et des membres des minorités ethniques.  Assurer la sécurité et la protection des populations civiles doit être au rang des premières priorités, a asséné la Fédération de Russie.  Pour accomplir cette tâche, il est essentiel que l’État élargisse sa présence aux zones isolées pour que les habitants s’y sentent en sécurité et puissent rester chez eux sans avoir à fuir la violence des trafiquants de drogue.  Il est tout aussi important que le processus de paix soit mené de pair avec la réintégration des anciens combattants.  Dans ce contexte, a souligné la Fédération de Russie, une réforme agraire complète reste « critique », y compris la redistribution des terres et la promotion des cultures de substitution.  Sans cela, a-t-elle prévenu, il sera difficile de parler de réintégration socioéconomique. 

La Fédération de Russie a attiré l’attention sur les statistiques liées aux victimes de la violence parmi les manifestants en Colombie.  Ces chiffres sont comparables et surpassent parfois ceux des pays qui suscitent une « vibrante attention » de certains membres du Conseil de sécurité et font l’objet de communiqués réguliers du Secrétaire général, a persiflé la Fédération de Russie. Elle a espéré que ces pays et le Secrétaire général réagiront de la même façon devant toutes les situations préoccupantes du globe.  Toujours concernant les violences, la Fédération de Russie a déclaré qu’après des décennies de conflit, il est clair que la violence n’a jamais été une solution pérenne. Pour cette raison, elle a dit prendre note des initiatives unilatérales de cessez-le-feu, qui malheureusement n’ont pas trouvé d’écho au Gouvernement.  La Fédération de Russie a appelé tous les acteurs colombiens à ne pas rater l’occasion de reprendre le dialogue, car après tout, une paix durable est difficilement possible si une large partie de l’opinion publique n’est pas prise en compte.  

La Fédération de Russie a également commenté les informations faisant état des confessions d’anciens membres des FARC.  Or, a-t-elle rappelé, l’Accord de paix final dispose que de tels aveux doivent être examinés par la Juridiction spéciale pour la paix, qui, de plus doit être indépendante.  Toute ingérence dans ses prérogatives et toute tentative de transférer certains cas vers d’autres juridictions extérieures sont « inacceptables », a prévenu la Fédération de Russie, ajoutant que l’honnête participation au processus de paix ne doit pas servir de prétexte pour « neutraliser » des opposants politiques.  Concluant, elle a estimé que le Conseil de sécurité devrait revoir ses pratiques.  Il aurait dû examiner le rapport du Secrétaire général puis proroger le mandat de la Mission de l’ONU et pas l’inverse. 

La Ministre des affaires étrangères de la Colombie, Mme CLAUDIA BLUM BARBERI, s’est félicitée de la présence de la Mission de l’ONU dans son pays et a réaffirmé la volonté politique du Président Ivan Duque d’œuvrer avec elle.  Elle a redit attachement à la résolution 2545 (2020), ajoutant que dans le cadre de l’Accord final de paix, son gouvernement a tenu en août dernier une réunion pour faire le bilan avec les différentes entités impliquées, après réception d’un rapport gouvernemental qui détaille une situation rendue encore plus complexe par des facteurs comme le trafic de drogues, l’économie illicite et les attaques terroristes.  

La Ministre a souligné que même les précédents accords, conclus avec succès, n’ont pas réussi à dompter la violence à laquelle le pays est confronté depuis quatre décennies.  Les enseignements tirés montrent qu’il est indispensable que les efforts reposent sur les principes de vérité, justice, réparations et garanties de non-répétition.  Or, certains groupes ne contribuent pas suffisamment à la vérité.  

La Ministre a exhorté les membres du parti politique FARC à dire la vérité et à assumer leur responsabilité pour le recrutement forcé d’enfants, les enlèvements, les crimes sexuels, les attaques contre les civils, les mines antipersonnel, les disparitions forcées, et d’autres crimes graves.  Il est tout autant de leur responsabilité de révéler en détail les endroits où se trouvent les groupes impliqués dans le trafic de drogue, le blanchiment d’argent et les relations avec d’autres organisations criminelles.  Le Gouvernement considère essentiel que la Mission de l’ONU réfléchisse à la contribution des FARC à la vérité, aux réparations et à la justice.  Ce n’est que de cette manière que la justice transitionnelle sera en mesure de prononcer des sentences proportionnelles à la gravité des crimes.  La Ministre a dit apprécier que dans la résolution 2545, la Conseil envisage d’ajouter cette tâche au mandat de la Mission.  

Concernant la réintégration sociale et économique, elle a signalé qu’en dépit des difficultés résultant de la pandémie et du confinement, 15 projets ont été approuvés concernant quelque 420 ex-combattants.  Pour ce qui est de la réintégration politique, en 2018, le parti des FARC a recueilli dans les élections législatives 0,34% et 0,22% au Congrès.  Il a quand même pu siéger dans les 10 sièges qui lui sont réservés en vertu de l’Accord de 2016 alors que la règle veut que tout parti recueille 4,8% des voix pour siéger au Sénat.  Un membre du parti FARC est vice-président du Sénat, et dans les élections municipales de 2019, les FARC ont participé avec les garanties requises.  

Au sujet de la transformation des anciennes zones territoriales de formation et réintégration, les mesures de transition et de consolidation vont au-delà des engagements prévus, ce qui prouve l’importance accordée par le Gouvernement à la réintégration d’ex-combattants qui y vivent. 

La Ministre a indiqué par ailleurs que la sûreté et la sécurité des ex-combattants, des défenseurs des droits de l’homme et des leaders sociaux et politiques sont les principaux défis qui subsistent.  Le 12 août, le Président Ivan Duque a convoqué la Commission nationale de garantie de la sécurité, qui a analysé les événements récents des derniers mois et discuté des mesures en vue du démantèlement des organisations criminelles.  Le Bureau présidentiel de coordination en matière de sécurité a adopté des plans pour le renforcement de la sécurité.  Au cours des deux dernières années, 880 projets ont été menés à bien dans le cadre des plans de développement des ex-territoires sous contrôle des FARC.  La Ministre a aussi pointé la participation limitée des femmes, tout en soulignant que 51 indicateurs montrent des progrès à cet égard.  Elle a condamné les actes violents du 7 octobre contre des fonctionnaires et un véhicule du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.  Le Bureau du Médiateur et le Procureur de la République ont révélé que le véhicule a été intercepté par des membres présumés d’une faction dissidente des FARC.  

Comme tout autre pays, la Colombie est confrontée à une pandémie sans précédent et s’active à protéger les plus vulnérables et entend avancer dans la mise en œuvre de l’Accord de paix, de concert avec la société civile et toutes les forces vives du pays pour se libérer des causes qui ont généré la violence pendant si longtemps, a conclu la Ministre. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.