SC/14306

Conseil de sécurité: le Coordonnateur des secours d’urgence se dit confiant dans les capacités de gestion de l’ONU de l’aide humanitaire transfrontalière vers le Nord-Ouest syrien

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. Mark Lowcock, a indiqué devant le Conseil de sécurité, à l’occasion de la séance mensuelle sur la situation humanitaire en Syrie, que l’ONU devrait avoir les capacités suffisantes pour gérer, au point de passage de Bab el-Haoua, les flux d’aide transfrontalière vers le Nord-Ouest syrien qui ont augmenté depuis la fermeture du point de passage de Bab el-Salam.

Lors du débat qui a suivi, les délégations ont de nouveau affiché de très nettes divergences sur la fermeture du point de passage précité mais aussi sur la question des sanctions qui frappent la Syrie.  Si l’Afrique du Sud, le Niger ou bien encore la Fédération de Russie ont demandé leur levée afin de faciliter la riposte de la Syrie à la pandémie de COVID-19, les États-Unis, la France ou bien encore l’Allemagne s’y sont opposés. 

À l’entame de son propos, le Coordonnateur des secours d’urgence a affirmé que le virus de la COVID-19 serait beaucoup plus répandu en Syrie que le suggère le nombre de cas confirmés qui s’élève actuellement à 3 618.  Le virus a eu pour conséquence d’aggraver la crise économique en Syrie, avec la fermeture d’environ 45% des commerces, a-t-il souligné. 

S’agissant de l’accès humanitaire vers le Nord-Ouest, M. Lowcock a indiqué que l’ONU est en train d’ajuster ses opérations transfrontalières afin de répondre aux besoins des millions de personnes qui en ont un besoin critique.  Tous les acheminements humanitaires vers le Nord-Ouest, y compris vers le nord d’Alep, se font via le point de passage de Bab el-Haoua, conformément à la résolution 2533 (2020) votée en juillet dernier, a-t-il déclaré.

M. Lowcock a indiqué que l’ONU est en train d’augmenter ses capacités de stockage à ce point de passage et devrait pouvoir gérer les flux, dans le respect des mesures sanitaires imposées par le virus.  Les efforts de l’ONU se poursuivent pour engager les parties en vue de l’élaboration de plans pour une assistance au travers des lignes de front vers le Nord-Ouest, a poursuivi le Coordonnateur des secours d’urgence.

« Malheureusement, il n’y a pas eu d’accord conclu sur les détails opérationnels de la mission », a-t-il dit, en appelant les parties à redoubler d’efforts.  S’agissant de l’accès vers le Nord-Est, le Coordonnateur des secours d’urgence a mentionné les contraintes qui pèsent sur l’assistance humanitaire au travers des lignes de front, plusieurs livraisons pour Qamichli ayant été retardées en raison de nouvelles procédures imposées par les autorités locales.

M. Lowcock a jugé crucial que toutes les parties facilitent le passage de livraisons humanitaires dans le Nord-Est, alors que l’ONU vise à remédier aux lacunes dans l’assistance médicale depuis l’élimination du point de passage de Yaroubiyé pour l’assistance transfrontalière.  Enfin, il a rappelé que 4,6 millions de personnes ont bénéficié d’une aide à l’intérieur de la Syrie. 

La Belgique a déploré le non-renouvellement du point de passage de Bab el-Salam qui a fait augmenter le coût des opérations.  « Nous ne pouvons accepter que Damas décide qui doit recevoir une aide et qui ne doit pas en recevoir », a affirmé la Belgique.  Même son de cloche du côté de la Turquie qui exhorté le Conseil de sécurité à envisager à nouveau d’autoriser la réouverture de ce point de passage.

La France a, elle, regretté l’absence de consensus au sein du Conseil pour rouvrir le point de Yaroubiyé, ainsi que la fermeture du point de Bab el-Salam.  « La politisation et l’instrumentalisation de l’aide humanitaire en Syrie sont inacceptables. »  La délégation a assuré que l’Union européenne continuera à veiller au respect des garanties d’impartialité et de transparence dans l’acheminement de l’aide.

L’Estonie a dénoncé certains membres du Conseil qui ne facilitent pas le travail humanitaire de l’ONU en Syrie.  Huit mois après la fermeture du point de passage de Yaroubiyé, nous constatons des insuffisances significatives dans l’aide apportée, en particulier médicale, a-t-elle regretté.  De même, « le régime syrien » n’a pas facilité l’acheminement de l’aide au travers des lignes de front vers le Nord-Ouest depuis la fermeture du point de passage de Bab el-Salam.

« En juillet dernier, nous avons beaucoup entendu parler de la soi-disant catastrophe qui frapperait Edleb si les deux points de passage n’étaient pas préservés », a ironisé la Fédération de Russie.  « Nous pouvons affirmer que ces prévisions catastrophistes se sont avérées fausses », a déclaré la délégation russe en faisant valoir que les agences humanitaires de l’ONU ont réorienté avec succès leurs activités selon le nouveau format, tout en notant la fiabilité des acheminements via le point de Bab el-Haoua. 

La question des sanctions a également divisé les membres du Conseil.  Les États-Unis, l’Estonie, la France ou bien encore l’Allemagne se sont prononcés en faveur de leur maintien.  « Nous montrons ainsi au régime syrien que nous ne considérons pas ses tactiques de guerre destructrices comme normales », a déclaré l’Estonie.  La France a assuré que l’instrumentalisation de cette question pour masquer la responsabilité de Damas dans cette tragédie « ne trompe personne ». 

« Les allégations selon lesquelles les sanctions américaines seraient responsables de l’aggravation des conditions humanitaires en Syrie sont cyniquement conçues pour déformer la réalité par la désinformation et le mensonge », ont appuyé les États-Unis.  Ils ont assuré que, contrairement aux agissements du « régime syrien », les sanctions américaines n’empêchent pas les médicaments d’atteindre ceux qui en ont besoin. 

La Chine, l’Afrique du Sud, Saint-Vincent-et-les Grenadines ou bien encore le Niger ont, au contraire, appelé à la levée des sanctions unilatérales au motif qu’elles minent la capacité de la Syrie à faire face à la pandémie.  La Russie a rappelé à cet égard la résolution omnibus sur la COVID-19 récemment adoptée par l’Assemblée générale, qui contient des éléments de langage sur les conséquences négatives des sanctions.  « Cela montre bien que ce sujet n’est pas un instrument de propagande. »

La Syrie n’a pas été en reste en dénonçant les gouvernements qui persistent à dire que ces sanctions ne ciblent pas le peuple syrien et qui prétendent que les dérogations facilitent l’aide humanitaire.  « Notre diplomatie et notre volonté d’ouverture et de dialogue nous empêchent de trouver les mots pour qualifier de tels mensonges éhontés », s’est-elle indignée avant de dénoncer les conséquences dévastatrices des sanctions pour les Syriens.

« Nous savons que le Conseil est divisé mais il est temps de surmonter ces divergences », a tranché le Niger, en rappelant que la force du Conseil réside précisément dans son unité.  Enfin, la Russie a proposé que, lors de sa présidence du Conseil le mois prochain, la situation humanitaire et la situation politique en Syrie soient discutées en une seule réunion et non plus deux.

M. MARK LOWCOCK, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a indiqué que le virus de la COVID-19 serait beaucoup plus répandu en Syrie que le suggère le nombre de cas confirmés qui s’élève actuellement à 3 618.  Les contaminations au sein des communautés s’étendent et le taux d’infection au sein des travailleurs humanitaires est en hausse.  Il a indiqué que les premiers cas de COVID-19 ont été recensés dans les camps de personnes déplacées de Hol et d’Ariché dans le Nord-Est.  M. Lowcock a détaillé les conditions très difficiles dans ces camps, deux tiers des 65 000 résidents du camp de Hol étant des enfants venant de plus de 60 pays différents.  Il a exhorté les États Membres à assumer leurs responsabilités vis-à-vis de leurs ressortissants, conformément au droit international.  « Il est inhumain de les abandonner. »

M. Lowcock a ensuite abordé la crise économique en Syrie.  Les prix des denrées alimentaires ont atteint un niveau record, le prix moyen d’un panier alimentaire ayant bondi de plus de 250%.  En raison du virus, 45% des commerces ont dû fermer.  Dans le nord-ouest du pays, plus de 70% des foyers disposent de revenus insuffisants par rapport à leurs besoins.

S’agissant de la protection des civils et des infrastructures civiles, M. Lowcock a indiqué que la situation dans le Nord-Ouest demeure relativement stable, avant de constater des violations du cessez-le-feu, notamment des frappes dans la zone d’Edleb.  Dans le sud de la Syrie, les enlèvements et les attaques ciblées se poursuivent de manière quasi-quotidienne.  Au moins 26 civils, y compris quatre enfants, ont été tués à Dara entre le 1er août et le 13 septembre.  Il a mentionné des interruptions fréquentes d’alimentation en eau, notamment s’agissant de la station de pompage d’Alouk, avec des conséquences sanitaires graves.  La dernière interruption a duré deux semaines et occasionné plus d’un millier de cas de diarrhées.

Sur la question de l’accès humanitaire, M. Lowcock a indiqué que l’ONU est en train d’ajuster ses opérations transfrontalières vers le Nord-Ouest syrien afin de répondre aux besoins des millions de personnes qui en ont un besoin critique.  Tous les acheminements humanitaires vers le Nord-Ouest, y compris vers le nord d’Alep, se font via le point de passage de Bab el-Haoua, conformément à la résolution 2533 (2020).  Alors que l’ONU est en train d’augmenter ses capacités de stockage à ce point de passage, le Coordonnateur a indiqué pouvoir atteindre des capacités suffisantes pour gérer les augmentations de flux, dans le respect des mesures sanitaires imposées par le virus. 

Il a mentionné les difficultés dans l’acheminement par ce point de passage depuis la fermeture de celui de Bab el-Salam, notamment certains camions qui ont dû rebrousser chemin.  Des accords ont été conclus en vue de mettre en place des procédures démocratiques simplifiées pour un acheminement sans entrave.  Les efforts de l’ONU se poursuivent pour engager les parties en vue de l’élaboration de plans pour une assistance au travers des lignes de front vers le Nord-Ouest.  « Malheureusement, il n’y a pas eu d’accord conclu sur les détails opérationnels de la mission », a-t-il dit, en appelant les parties à redoubler d’efforts.

S’agissant du Nord-Est, en plus des contraintes qui pèsent sur l’assistance au travers des lignes de front, plusieurs livraisons humanitaires au travers des lignes de front pour Qamichli ont été retardées au point de passage d’Al Tabqa en raison de nouvelles procédures imposées par les autorités locales.  Les 100 camions concernés ont pu franchir ce point ce matin.  Il a jugé crucial que toutes les parties facilitent le passage de livraisons humanitaires dans le Nord-Est, alors que l’ONU vise à remédier aux lacunes dans l’assistance médicale notamment depuis l’élimination du point de passage de Yaroubiyé pour l’assistance transfrontalière.  La distribution de fournitures médicales de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) est toujours en cours, a-t-il ajouté.

Enfin, s’agissant de l’assistance fournie par les agences humanitaires, M. Lowcock a indiqué que la majeure partie continue d’être fournie depuis l’intérieur de la Syrie, bénéficiant à plus de quatre millions de personnes par an.  En juillet, 4,6 millions de personnes en ont bénéficié.  Parmi elles, 3,8 millions de personnes ont reçu une aide alimentaire et plus de 900 000 actes médicaux ont été accomplis, a indiqué le Coordonnateur des secours d’urgence.

La Belgique, s’exprimant également au nom de l’Allemagne, délégations porte-plume humanitaires, a dit que la situation dans le Nord–Ouest est relativement calme et appelé au respect du cessez-le-feu turco-russe.  Elle a rappelé que 11 millions de personnes ont besoin d’une assistance humanitaire en Syrie, alors que l’hiver approche.  La COVID-19 a fait des victimes dans tout le pays, a dit la délégation, en ajoutant que les cas identifiés ne sont sûrement que la pointe émergée de l’iceberg. 

Elle a jugé intolérables les entraves dans l’accès humanitaire, avant de déplorer l’opposition de certains membres à des projets de résolution sur une assistance transfrontalière, alors qu’une majorité de membres était pour.  Le non-renouvellement du point de passage de Bab el-Salam a entraîné des opérations humanitaires plus coûteuses, l’accès depuis Damas vers le Nord-Ouest s’étant notablement compliqué.  Nous ne pouvons accepter que Damas décide qui doit recevoir une aide et qui ne doit pas en recevoir, a-t-elle affirmé.  Toutes les parties doivent favoriser l’accès humanitaire.  Pour améliorer la situation du peuple syrien, il faut agir, mettre en œuvre la résolution 2254 (2015) et œuvrer à une reddition de comptes, a conclu la Belgique.

S’exprimant en sa capacité nationale, l’Allemagne a indiqué qu’en ce moment, deux agents syriens sont jugés pour des crimes contre l’humanité devant un tribunal de Coblence.  L’un est accusé d’avoir torturé 400 personne et tué 58 personnes, le second d’avoir procédé à l’arrestation de manifestants pacifiques.  Elle a rappelé les propos du procureur de ce tribunal qui a parlé d’actes de torture, d’ongles arrachés et de visages défigurés à l’acide.  Elle a indiqué qu’il ne peut pas y avoir de reconstruction d’un pays sans réconciliation.  Enfin, l’Allemagne s’est prononcée contre la levée des sanctions, en dressant un parallèle avec le régime d’apartheid en Afrique du Sud. 

La France s’est déclarée inquiète de la propagation de la COVID-19 dans les zones tenues par le « régime syrien » mais aussi dans le nord-ouest et le nord-est du pays.  « Nous ne pouvons pas nous fier aux chiffres officiels du régime syrien, qui sont bien en deçà de la réalité », a-t-elle déploré, qualifiant d’alarmant le taux de contamination du personnel médical et humanitaire.  Elle a également constaté que les capacités en matière de test, bien que renforcées, demeurent largement insuffisantes.  Dans ce contexte, tout doit être fait pour mettre en place une cessation immédiate des hostilités durable et vérifiable à l’échelle nationale et une pause humanitaire, a-t-elle plaidé.  Elle a jugé à cet égard que la poursuite de frappes aériennes dans la région d’Edleb constitue un signal inquiétant.  La délégation a également appelé toutes les parties, en particulier le régime syrien, à respecter leurs obligations dans le cadre du droit international humanitaire.  Déplorant les lacunes en matière d’acheminement d’aide médicale dans le Nord-Est, elle a regretté l’absence de consensus au sein du Conseil pour rouvrir le point de Yaroubiyé, ainsi que la fermeture du point de passage de Bab el-Salam. 

Pour la France, la politisation et l’instrumentalisation de l’aide humanitaire en Syrie sont inacceptables.  La délégation a assuré que l’Union européenne (UE) et ses États membres continueront à veiller au plein respect des garanties d’impartialité et de transparence dans l’acheminement de l’aide.  Enfin, elle a averti que tant qu’un processus politique crédible conforme à la résolution 2254 (2015) n’est pas fermement engagé, la France et l’UE ne financeront pas la reconstruction, ajoutant que la position européenne sur la levée des sanctions et la normalisation demeure également inchangée.  Selon elle, l’instrumentalisation de la question des sanctions pour masquer la responsabilité de Damas dans cette tragédie humanitaire « ne trompe personne ». 

Le Viet Nam a dit qu’il était préoccupé par la propagation continue de la pandémie de COVID-19 en Syrie ainsi que le fardeau qu’elle fait peser sur le système de santé syrien déjà fragile.  La délégation a exprimé des doutes quant à la fiabilité des données sur la pandémie annoncées par la Syrie, disant qu’elles étaient probablement en deçà de la réalité.  Le Viet Nam s’est ensuite focalisé sur l’accès de l’aide humanitaire, en particulier les conditions de travail des agents et des organisations humanitaires pour dire qu’elles sont loin d’être favorables et empêchent la livraison sécurisée de l’aide. 

En ce qui concerne la situation sécuritaire, la délégation a indiqué que si la situation paraît relativement calme, elle n’était pas durable.  La réponse humanitaire repose sur un accès sûr et sans entrave, a réitéré le Viet Nam qui a appelé les parties en Syrie à répondre à l’appel au cessez-le-feu lancé par le Secrétaire général.  Cela contribuera à faciliter la lutte contre la pandémie de COVID-19, a ajouté la délégation.  Concernant les problèmes de fourniture d’eau dans le Nord-Est, elle a exhorté les parties à coopérer avec l’ONU pour trouver une solution durable à cette question.  Pour le Viet Nam, a insisté la délégation, la priorité en Syrie est la lutte contre la pandémie de COVID-19, la réduction de ses impacts et la fourniture des matériels et médicaments nécessaires.

Les États-Unis ont estimé que les défis humanitaires que rencontre la Syrie seraient moindres si le « régime d’Assad » s’engageait à protéger la santé, la sécurité et le bien-être des Syriens.  Au lieu de cela, a dénoncé la délégation, « Assad et ses amis » continuent de mettre le peuple syrien en danger et d’empêcher l’accès de l’assistance vitale à ceux qui en ont le plus besoin.  « La Syrie restera le théâtre d’une des pires catastrophes humanitaires tant que le régime ne changera pas de comportement vis-à-vis de ses citoyens et n’améliorera pas les conditions humanitaires. »  Pour la délégation, il est d’autant plus urgent que le « régime » change de réponse que la transmission communautaire du virus s’intensifie et atteint même les travailleurs sanitaires.  En outre, elle s’est déclarée préoccupée par les informations faisant état de flambée de la maladie dans la région de Damas et dans les zones sous contrôle du « régime ». 

À ce jour, ont indiqué les États-Unis, l’Administration Trump a fourni près de 32,4 millions de dollars à la Syrie pour l’aider à lutter contre le coronavirus.  Le « régime » n’a quant à lui mené aucune campagne de prévention, a accusé la délégation, appelant les autorités syriennes à accorder un accès total et transparent à l’ONU et aux ONG internationales afin qu’elles puissent traiter la situation de manière adéquate et sauver des vies.  Elle a également réitéré son appel à l’Envoyé spécial pour qu’il travaille avec Damas à la libération, à titre humanitaire, des femmes, des enfants et des personnes âgées détenus par le « régime ».  Jugeant que la flambée des cas exige une intensification de l’accès de l’ONU et des livraisons humanitaires dans tout le pays, en recourant à différentes modalités transfrontalières, elle a averti que les 12 000 personnes déplacées présentes dans le camp de Roukban sont particulièrement vulnérables à l’épidémie et n’ont pas accès aux soins médicaux.  Elle a d’autre part appelé la Syrie et la Russie à cesser leurs pilonnages et leurs frappes aériennes dans le Nord-Ouest, leur enjoignant de respecter le cessez-le-feu du 5 mars à Edleb.  

La délégation a également souhaité répondre aux allégations selon lesquelles les sanctions américaines seraient responsables de l’aggravation des conditions humanitaires en Syrie.  « De telles affirmations sont cyniquement conçues pour déformer la réalité par la désinformation et le mensonge », a-t-elle martelé, assurant que, contrairement aux agissements du régime syrien, les sanctions américaines n’empêchent pas les médicaments d’atteindre ceux qui en ont besoin.  Avant de conclure, elle a assuré que les États-Unis continueront à apporter un soutien vital aux millions de personnes touchées par ce conflit parce « l’Administration Trump est une amie du peuple syrien et ne l’oublie pas ». 

La Chine a plaidé pour une approche holistique en Syrie pour relancer l’économie syrienne et améliorer la situation humanitaire.  Le Gouvernement syrien a lancé de nouvelles initiatives en ce sens qui mériteraient d’être reconnues, a estimé la délégation, enjoignant la communauté internationale à accroître son assistance à la Syrie pour l’aider à reconstruire ses infrastructures.  Elle a également appelé à la levée des sanctions unilatérales qui, selon elle, minent la capacité de la Syrie à lever des ressources notamment pour lutter contre la pandémie de COVID-19.  La Chine a exhorté à répondre de manière positive et concrète aux appels du Secrétaire général en faveur de la levée des sanctions unilatérales.  Elle a pris note des deux livraisons humanitaires de l’ONU en collaboration avec le Gouvernement syrien.

Il faut prendre au sérieux la menace que pose la COVID-19 en Syrie, a poursuivi la Chine en demandant à la communauté internationale d’appuyer les efforts de lutte contre la pandémie dans ce pays, compte tenu de l’augmentation des cas et des capacités de dépistage insuffisantes.  La Chine a salué le travail de l’OMS en matière de coordination au niveau national de cette réponse et a demandé à la communauté internationale d’accroître son soutien bilatéral et multilatéral dans ce domaine, rappelant au passage l’aide fournie par la Chine.  En dernier lieu, la Chine a repris l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu général en Syrie en félicitant toutes les parties pour leurs efforts en vue de le respecter depuis le mois de mars.  Elle a pris note de la troisième réunion de la Commission constitutionnelle à Genève, y voyant un pas dans le bon sens pour le processus politique.  Cependant, a-t-elle mis en garde, le cessez-le-feu ne doit pas signifier que l’on donne carte blanche au terrorisme.

L’Estonie a déploré l’action de certains membres du Conseil qui n’ont pas facilité le travail humanitaire des agences onusiennes en Syrie.  Huit mois après la fermeture du point de passage de Yaroubiyé vers le Nord-Est, nous constatons des insuffisances significatives dans l’aide apportée, en particulier médicale, a-t-elle dit.  De même, le « régime syrien » n’a pas facilité l’acheminement de l’aide au travers des lignes de front vers le Nord-Ouest, alors que le point de passage de Bab el-Salam a été fermé.  L’Estonie a indiqué qu’il n’y a pas d’accord clair entre les organisations humanitaires et le « régime » pour acheminer de manière efficace l’aide à Edleb.

L’Estonie a ensuite affirmé qu’en imposant des sanctions contre le leadership syrien, l’Union européenne prive des criminels de guerre d’un accès à des ressources financières.  « Nous montrons au régime syrien que les tactiques de guerre destructrices telles que le ciblage d’écoles et d’hôpitaux, la torture de prisonniers politiques et les disparitions forcées ne sont pas considérées comme normales. »  Elle a ajouté que le calme relatif à Edleb découle de l’efficacité de ces mesures, qui dissuadent le régime syrien et ses alliés de s’en prendre de nouveau à la population civile.

Le Royaume-Uni s’est dit préoccupé par l’aggravation de la situation humanitaire en Syrie à cause de la pandémie de COVID-19.  Il a fait état de sa contribution à cette lutte en réitérant aussi son soutien au Bureau pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et à l’OMS.  Le Royaume-Uni a dit condamner l’attaque perpétrée contre la Société du Croissant-Rouge turc et, de manière générale, le ciblage délibéré de travailleurs de la santé, jugeant cette pratique inacceptable. 

La délégation a également dénoncé le manque d’équipement médical adéquat en Syrie, ce qui met en danger le personnel de santé.  « Il est inacceptable que les forces prorégime continuent de lancer des attaques aveugles entraînant des pertes parmi les civils », a poursuivi la délégation, estimant que cela pourrait équivaloir à des crimes de guerre.  Il s’agit d’un régime qui ne prend pas en compte les intérêts de son peuple, a-t-il affirmé, en voulant pour preuve les obstructions qu’il pose à l’accès humanitaire par le truchement de procédures bureaucratiques.  Pas moins de 100 camions d’aide sont actuellement bloqués, s’est-il indigné en exigeant un accès sans entrave aux convois de l’ONU sur tout le territoire syrien.  Le Royaume-Uni a également attiré l’attention sur l’insécurité alimentaire, qui frappe près de neuf millions de Syriens, et sur les incendies qui font rage actuellement alors même que la période des semences va commencer. 

Pour les Saint-Vincent-et-les Grenadines, la pandémie de COVID-19 est maintenant devenue un problème national en Syrie, avec des cas en constante augmentation dans tout le pays.  Il est évident, a ajouté la délégation, que l’intensification d’un soutien humanitaire sans entrave, sûr, soutenu, en utilisant toutes les modalités disponibles, reste impératif pour aider la Syrie.  Elle a ajouté que les terribles complications liées au déclin économique sont malheureusement devenues monnaie courante dans la vie de millions de Syriens avant d’appeler la communauté internationale à lever toutes les mesures coercitives unilatérales imposées à la Syrie.  Ces mesures entravent de manière significative la réponse du pays à la pandémie de COVID-19, a indiqué la délégation qui a salué le redémarrage des opérations de l’usine de traitement de l’eau d’Alouk.  Toutes les parties doivent respecter leurs obligations humanitaires et rechercher une solution durable pour assurer le fonctionnement complet et ininterrompu de la station, a insisté la délégation. 

Elle s’est aussi dite préoccupée par les incendies qui ont ravagé des forêts et des terres agricoles ces derniers jours en Syrie.  Ces incendies doivent rapidement être maîtrisés afin de protéger les terres et d’éviter d’autres déplacements de populations, a-t-elle insisté.  Saint-Vincent-et-les Grenadines a ajouté que la stabilisation de la situation sécuritaire en Syrie est nécessaire pour une réponse humanitaire robuste.  Dans ce contexte, il faut préserver le cessez-le-feu dans le Nord-Ouest et arrêter toutes les hostilités au niveau national, a exhorté la délégation. 

L’Indonésie s’est félicitée de l’augmentation des livraisons d’aide humanitaire en Syrie, appelant toutes les parties à redoubler d’efforts pour combler les lacunes et atteindre tous ceux qui en ont besoin.  Les parties doivent s’abstenir d’entraver ce processus, a-t-elle souligné, ajoutant que l’accès à l’eau potable et à d’autres services de base est également crucial.  Une solution à long terme est nécessaire pour éviter de futures perturbations concernant les infrastructures hydrauliques essentielles, a estimé l’Indonésie, expliquant que « le peuple syrien a besoin d’un calme soutenu ».  Cela signifie que toutes les parties au conflit doivent respecter leurs obligations en vertu du droit international, a-t-elle ajouté.  L’Indonésie a également lancé un appel en faveur d’une diplomatie continue, réitérant qu’il n’y a pas de solution militaire possible au conflit en Syrie.

La République dominicaine s’est dite préoccupée par l’ampleur de la propagation de la pandémie de COVID-19 à travers la Syrie.  Rappelant qu’environ 80% de la population vivait en dessous du seuil de pauvreté avant la pandémie, la délégation s’est notamment inquiétée du fait que les personnes infectées puissent être forcées de choisir entre payer pour obtenir des soins médicaux et se procurer de la nourriture.  En outre, les travailleurs humanitaires et personnels de santé sont confrontés à des risques sanitaires très importants, a déploré la République dominicaine, en raison notamment du manque d’équipement et de matériel de protection. 

La République dominicaine a également tiré la sonnette d’alarme face à la montée de l’insécurité alimentaire en Syrie.  Dans ces conditions, elle a appelé à garantir un accès humanitaire sans entrave à tous ceux qui en ont besoin, ainsi qu’à libérer les détenus malades et vulnérables, y compris les femmes et les enfants.

La Tunisie a jugé urgent de faire taire les armes en Syrie et d’entendre l’appel du Secrétaire général pour un cessez-le-feu.  Toutes les parties doivent respecter les mesures de protection des civils et des infrastructures civiles, a déclaré la délégation.  Elle s’est dite vivement préoccupée par la propagation du coronavirus parmi les travailleurs de la santé, alors que le système de santé syrien est déjà très éprouvé.  La Tunisie a demandé l’aide accrue de l’ONU, dans les domaines de la santé et du développement notamment.  Elle a aussi demandé la mise en place des mécanismes à cette fin, dans le respect de la souveraineté de la Syrie, a-t-elle précisé.

L’Afrique du Sud a dit que la pandémie et les sanctions ont eu des conséquences négatives en Syrie, s’ajoutant à celles du conflit.  Elle a défendu un accès humanitaire sans entrave.  Dans le Nord-Ouest, l’assistance transfrontalière a été affectée par la fermeture d’un point de passage.  La délégation a demandé une augmentation de l’aide au travers des lignes de front pour remédier aux besoins.  Elle a appelé à la levée des sanctions frappant la Syrie pour faciliter la riposte à la pandémie et demandé la pleine application de la résolution 2254 (2015).  La délégation a entendu répondre à la déclaration à « l’emporte-pièce » de l’Allemagne qui faisait un parallèle entre les sanctions imposées à la Syrie et l’apartheid en Afrique du Sud.

La Fédération de Russie a rappelé que cette réunion se tient deux mois après l’adoption de la résolution prolongeant d’une année supplémentaire le mécanisme d’aide humanitaire transfrontalière en Syrie.  En juillet dernier, nous avons beaucoup entendu parler de la soi-disant catastrophe qui frapperait Edleb si le format antérieur du mécanisme n’était pas préservé, avec notamment deux points de passage, a poursuivi la mission.  « Nous pouvons affirmer que ces prévisions catastrophistes se sont avérées fausses. »  Elle a ainsi fait remarquer que les agences humanitaires de l’ONU et leurs partenaires ont réorienté avec succès leurs activités selon le nouveau format.  Les acheminements par le point de Bab el-Haoua sont fiables et le mécanisme s’est amélioré, a-t-elle ajouté.

La délégation a ensuite abordé la question de l’augmentation des capacités d’acheminement d’aide à l’intérieur de la Syrie.  Le Gouvernement syrien, a-t-elle fait valoir, n’a opposé aucun obstacle à la distribution des fournitures médicales de l’OMS arrivées depuis Erbil en juin.  La majorité de ces fournitures a approvisionné des hôpitaux placés hors du contrôle du Gouvernement dans le Nord-Est, a dit la Russie, y voyant un exemple de la bonne coopération de Damas sur les questions humanitaires.  « Malheureusement, nous entendons peu parler de cette coopération au Conseil. »

Insistant sur les souffrances endurées par les Syriens en raison des sanctions, la Russie a rappelé la résolution omnibus sur la COVID-19 récemment adoptée par l’Assemblée générale, qui contient des éléments de langage sur les conséquences négatives des sanctions.  « Cela montre bien que ce sujet n’est pas un instrument de propagande, comme nous l’entendons souvent. »  Elle a dénoncé le silence de l’ONU sur le désastre environnemental qui se déroule dans la région de l’Euphrate dans le nord-est de la Syrie.  Quand on parle de la Syrie, certaines choses échappent à la vigilance de l’ONU, s’est étonnée la Russie.

Enfin, la Russie a proposé que, lors de sa présidence du Conseil le mois prochain, la situation humanitaire et la situation politique en Syrie soient discutées en une seule réunion et non plus deux.

Le Niger a déploré les conséquences de la pandémie en insistant sur la vulnérabilité des personnes déplacées, la distanciation sociale étant impossible dans des camps surpeuplés.  Il a demandé une optimisation de l’aide humanitaire au regard de la situation sur le terrain.  Il faut répondre de manière adéquate à la détresse des Syriens, a déclaré le Niger.  « La force du Conseil réside dans son unité et c’est dommage que cela ne soit pas encore le cas sur le dossier syrien », a poursuivi la délégation.  « Nous devons faire mieux, nous devons faire plus. » Elle a demandé l’allégement des sanctions frappant la Syrie en vue de faciliter la riposte à la pandémie.  « Je sais que le Conseil est divisé mais il est temps de surmonter ces divergences. »  Enfin, le Niger a déclaré que l’aide humanitaire doit être exempte de toute considération humanitaire, avant de se dire préoccupé par la détérioration de la situation économique dans le pays. 

La République arabe syrienne a tout d’abord cité Goebbels qui aurait dit « si vous dites un mensonge assez énorme et continuez à le répéter, les gens finiront par le croire », en accusant les gouvernements occidentaux d’en avoir fait leur doctrine.  Ces gouvernements persistent à dire que les mesures unilatérales coercitives qu’ils imposent à la Syrie ne ciblent pas le peuple syrien et qu’ils accordent des dérogations pour faciliter l’aide humanitaire, s’est indignée la délégation.  Ces mêmes gouvernements avancent également que le « régime syrien », « comme ils appellent mon gouvernement », entrave la riposte à la COVID-19, a renchérit la délégation, pointant notamment les interventions de l’Allemagne et des États-Unis.  « Notre diplomatie et notre volonté d’ouverture et de dialogue nous empêchent de trouver les mots pour qualifier de tels mensonges éhontés », s’est-elle indignée avant de dénoncer l’impact dévastateur de leurs mesures coercitives sur le peuple syrien. 

La délégation a imputé le « terrorisme économique » qui frappe la Syrie depuis les années 70 à ses prises de position anti-Israël.  Elle a également indiqué que les mesures coercitives imposées actuellement contre la Syrie ont été alourdies par le Gouvernement Trump par la loi « César ».  Elle a aussi décrié l’intention annoncée hier par le Président Trump d’assassiner le Président syrien.  Malheureusement les Nations Unies et OCHA continuent d’ignorer les demandes de la Syrie relatives à la levée des sanctions, a regretté la Syrie qui a déploré que le courrier qu’elle leur avait adressé il y a quatre mois soit resté lettre morte. 

La Syrie a également reproché à OCHA de ne jamais reconnaître les conséquences de ces mesures dans ses rapports, ni de demander qu’il y soit mis fin.  La volonté de certains gouvernements occidentaux de cacher les conséquences du terrorisme économique qu’ils mènent en Syrie sont vouées à l’échec, a affirmé la délégation les accusant notamment de « piller le pétrole syrien ».  S’adressant directement à M. Lowcock, elle lui a demandé de préciser combien de patients et de nouveau-nés sont morts dans les hôpitaux syriens à cause de coupures d’électricité et du manque de matériel médical de base qui fait l’objet d’une interdiction d’importation.  Aujourd’hui, a affirmé la délégation, la Syrie exige que les « criminels de guerre » qui imposent ces mesures coercitives soient traduits en justice devant un tribunal international qui ne dépende pas de l’ONU.

La délégation a également exigé qu’il soit mis fin à l’occupation turque dans le nord du pays et au régime d’Erdogan qui « parraine le terrorisme ».  Il en va de même pour l’occupation américaine dans le nord-est du pays, celle-ci ayant notamment entravé le démantèlement du camp de Roukban alors que des pays occidentaux refusent toujours de « reprendre » leurs terroristes.

La Turquie a condamné le « meurtre » d’un agent du Croissant-Rouge turc cette semaine et a dit se réserver le droit de poursuivre en justice les auteurs de cet assassinat.  Elle a réitéré les préoccupations exprimées par d’autres délégations concernant les chiffres des victimes et des cas de COVID-19 du Gouvernement syrien.  En tout cas, a affirmé la délégation, ces chiffres sont minorés par rapport aux statistiques réelles.  Elle a aussi dénoncé le manque d’équipements de protection dont souffrent les agents de santé luttant contre la pandémie.  La Turquie a insisté sur le fait que les impacts de la COVID-19 pèsent sur la capacité à fournir l’aide humanitaire nécessaire en Syrie.  Elle a rappelé que plus de quatre millions de personnes déplacées vivent dans le nord-ouest de la Syrie et ont besoin d’assistance.  Elle a exhorté le Conseil de sécurité à réenvisager d’autoriser la réouverture du point de passage de Bab el-Salam. 

Concernant le sort de l’usine de traitement d’eau d’Alouk, le problème dépend de l’alimentation électrique de la station, a indiqué la délégation qui a dit que le courant qui arrive aujourd’hui à la station ne couvre que 29% des besoins.  Ce n’est pas suffisant, a-t-elle estimé.  La Turquie a demandé de ne pas oublier les victimes de cette guerre qui dure maintenant depuis plus de neuf ans ainsi que les victimes des attaques chimiques des forces d’Assad.  Rappelant que son pays accueille plus de cinq millions de réfugiés syriens depuis le déclenchement du conflit, la délégation a souligné que les migrants et les réfugiés méritent l’attention du Conseil.  « Nous devons respecter nos obligations internationales à leur égard », a-t-elle conclu. 

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