SC/14293

Libye: le Conseil de sécurité appelé à l’action pour prévenir une escalade des tensions et une fragmentation accrue du pays

Après l’appel au cessez-le-feu, à la levée du blocus pétrolier et à la reprise des discussions politiques sous l’égide de l’ONU, lancé le 21 août par les principaux responsables des deux parties en conflit en Libye, la Représentante spéciale et Chef par intérim de la Mission d’appui des Nations Unies dans le pays (MANUL) a invité le Conseil de sécurité à profiter de cette « fragile fenêtre d’opportunité » pour prévenir une nouvelle escalade du conflit. 

« Votre aide, non seulement en paroles mais surtout en actions, aidera à déterminer si le pays descend vers de nouvelles profondeurs de fragmentation et de chaos ou progresse vers un avenir plus prospère », a déclaré Mme Stephanie Williams à l’adresse des membres du Conseil, évoquant une nouvelle fois un « tournant décisif » pour la Libye. 

Saluées par l’ensemble des délégations, les déclarations du Président du Conseil de la présidence, Faiez Serraj, et du Président de la Chambre des députés, Aguila Saleh, soutien de l’Armée nationale libyenne (ANL) du général Khalifa Haftar, constituent un réel motif d’espoir, a estimé la haute fonctionnaire, raisonnablement « optimiste » quant à une relance des discussions politiques et de sécurité intralibyennes. 

Voyant dans ces prises de position une « étape positive », la France a souhaité qu’elles soient suivies d’effets sur le terrain, avec un cessez-le-feu immédiat, l’arrêt des opérations militaires de part et d’autre, le démantèlement des milices et la reprise de la production pétrolière.  La Fédération de Russie a, elle, appelé les parties à entamer un dialogue national dès que possible, dans le cadre des mécanismes créés par la Conférence de Berlin et approuvés par la résolution 2510 (2020) du Conseil. 

Mais avant cela, ont unanimement plaidé les intervenants, les forces étrangères présentes en Libye doivent se retirer.  Mme Williams a condamné « l’appui regrettable » apporté par des sponsors étrangers à l’ANL et aux forces sous le contrôle du Gouvernement d’entente nationale, estimant que « le moment est venu de s’unir » pour soutenir les efforts visant un règlement qui préserve la souveraineté et l’intégrité du pays. 

Pour les États-Unis, « il n’y a pas de place pour les mercenaires étrangers ou les forces par procuration en Libye, y compris le mandataire du Ministère russe de la défense “Wagner Group” qui combat aux côtés et en soutien des forces de l’ANL ».  Une accusation d’ingérence immédiatement rejetée par la Fédération de Russie, selon laquelle aucun de ses militaires ne se trouve dans les zones de combat en Libye. 

Avec le soutien du Royaume-Uni, délégation porte-plume sur la question de la Libye, les États-Unis ont également appuyé le projet de « solution démilitarisée » à partir de la région de Syrte, y voyant « un moyen pratique de renforcer la confiance sur le terrain ».  Le 8 juillet, lors d’une réunion d’information du Conseil, le Secrétaire général António Guterres avait indiqué que la MANUL travaillait à l’établissement d’une telle zone, une idée reprise depuis par plusieurs membres du Conseil et le Premier ministre libyen. 

Pour mener à bien ce projet et tirer parti des récents développements positifs sur le terrain, compliqués par la pandémie de COVID-19, le manque d’accès humanitaire et la crise migratoire, la MANUL a besoin d’être « revigorée », a encore estimé le Royaume-Uni, qui négocie actuellement le renouvellement pour un an du mandat de la Mission.  Un avis partagé par la France, pour qui la MANUL doit être renforcée afin d’accompagner le cessez-le-feu et faire respecter efficacement l’embargo sur les armes. 

Pour l’heure, la poursuite des ravitaillements en armes des deux parties, opérée par des forces étrangères, constitue « une violation alarmante de la souveraineté de la Libye, une violation flagrante de l’embargo de l’ONU sur les armes, sans parler des engagements pris par les participants à la Conférence de Berlin », a dénoncé la Chef par intérim de la MANUL.

L’Allemagne s’est quant à elle déclarée extrêmement préoccupée par le fait que des membres du Conseil de sécurité et des participants à la Conférence de Berlin prennent part à ces violations.  Avec l’opération navale EUNAVFOR MED IRINI, l’Union européenne est jusqu’à présent « le seul acteur à mettre en œuvre l’embargo », a fait observer la délégation en plaidant pour un engagement international plus crédible et des poursuites pour les contrevenants. 

Dans l’autre exposé de cette séance, le Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1970 (2011) concernant la Libye, M. Günter Sautter, Représentant permanent adjoint de l’Allemagne, a présenté les travaux menés par l’instance entre le 20 mai et le 2 septembre.  Mettant l’accent sur l’embargo sur les armes, il a indiqué que le Comité avait reçu deux mises à jour écrites du Groupe d’experts sur la Libye, lesquelles ont été suivies d’informations sur trois entités et une personne satisfaisant à un critère de désignation des sanctions. 

M. Sautter a d’autre part fait rapport au Conseil sur les mesures visant à empêcher les exportations illicites de pétrole, les gels d’avoirs et l’interdiction de voyager de personnes inscrites sur la liste des sanctions contre la Libye.  Il a appelé tous les États Membres à appliquer pleinement les sanctions et à soutenir les travaux du Groupe d’experts. 

Prenant acte de l’échec de la conférence nationale libyenne, il y a 16 mois, qu’elle a imputé à « ceux qui croyaient pouvoir atteindre leurs objectifs par la force », Mme Williams a pour sa part assuré qu’après 14 mois de morts et de destructions inutiles, « la seule issue est le dialogue et le compromis menant à un règlement politique global et aboutissant à des élections nationales ». 

La Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites en visioconférence dont les textes ont été transmis à temps par la Division des affaires du Conseil de sécurité.

Mme STEPHANIE WILLIAMS, Représentante spéciale et Chef par intérim de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), s’est d’emblée déclarée dans l’obligation de répéter que la Libye se trouve à un « tournant décisif ».  « Votre aide, non seulement en paroles mais surtout en actions aidera à déterminer si le pays descend vers de nouvelles profondeurs de fragmentation et de chaos ou progresse vers un avenir plus prospère », a-t-elle déclaré aux membres du Conseil de sécurité. 

Sur le terrain, a-t-elle expliqué, la situation reste tendue autour de Syrte, mettant en péril les 130 000 habitants de cette ville ainsi que les infrastructures pétrolières vitales du pays.  « Si un calme relatif règne sur les lignes de front depuis juin, l’Armée nationale libyenne (ANL) et les forces sous le contrôle du Gouvernement d’entente nationale continuent de bénéficier de l’appui regrettable de sponsors étrangers pour stocker des armes et du matériel de pointe. »

Depuis le dernier exposé du Secrétaire général, le 8 juillet, quelque 70 avions de ravitaillement ont atterri dans les aéroports de l’est du pays, à l’appui des forces de l’ANL, tandis que 30 autres appareils se sont posés dans l’ouest en soutien au Gouvernement d’entente nationale, a précisé Mme Williams.  De même, environ neuf navires ont accosté dans les ports de l’ouest, tandis que trois autres ont rejoint le pays en appui des forces de l’ANL.  En outre, les soutiens étrangers des deux parties renforcent leurs actifs dans les principales bases aériennes libyennes. 

Pour la Chef par intérim de la MANUL, ces activités constituent « une violation alarmante de la souveraineté de la Libye, une violation flagrante de l’embargo de l’ONU sur les armes, sans parler des engagements pris par les participants à la Conférence de Berlin ».  La Mission continue de recevoir de informations sur la « présence à grande échelle » de mercenaires et d’agents étrangers, « ce qui complique davantage la dynamique locale et les chances d’un règlement futur », a-t-elle estimé. 

Faisant ensuite état d’une diminution du taux d’accidents dus aux engins piégés, mines terrestres et restes explosifs de guerre, Mme Williams a noté que le risque reste élevé pour de nombreuses communautés, en particulier dans le sud de Tripoli.  Au 24 août, 61 personnes avaient ainsi trouvé la mort et 113, dont 107 civils, avaient été blessées, a précisé la haute fonctionnaire, assurant que l’ONU continue d’aider les autorités à élaborer des stratégies visant à garantir le retour sûr, digne et volontaire des personnes dans leurs foyers.

La Représentante spéciale par intérim a par ailleurs dénoncé le recours aux réseaux sociaux pour répandre des rumeurs d’offensives imminentes, ce qui, selon elle, exacerbe le « risque d’erreur de calcul ».  Signe d’une volatilité accrue, les tensions localisées entre groupes armés, notamment dans les villes de Syrte et d’al-Asabaa, sont en augmentation et des allégations d’arrestation, de détentions illégales, d’abus de pouvoir et de ciblage de civils sont largement partagés avec la MANUL, a-t-elle souligné, jugeant urgent de mettre en place un véritable programme DDR (désarmement, démobilisation et réintégration). 

Le 26 août, a-t-elle déploré à cet égard, les forces du général Haftar ont lancé de roquettes Grad vers des zones proches de Syrte où opéraient des forces du Gouvernement d’entente nationale.  La nuit dernière, a-t-elle ajouté, des informations similaires ont fait état de tirs de roquettes par des éléments affiliés au général Haftar, en violation du cessez-le-feu signé par ce dernier en juin. 

L’instabilité est également alimentée par la dégradation des conditions socioéconomiques, laquelle entraîne des émeutes et menace le calme requis pour avancer dans les discussions politiques, a poursuivi Mme Williams.  Selon elle, la levée partielle du blocus pétrolier annoncée par les forces de l’ANL le 18 août n’a eu qu’un impact minime sur la crise énergétique que traverse le pays et une partie de la population, notamment à Tripoli, est privée d’électricité jusqu’à 20 heures par jour.  « Nous devons faire de la levée complète du blocus pétrolier, en place depuis janvier, une priorité absolue », a-t-elle plaidé. 

À cela s’ajoutent les effets de la pandémie de COVID-19, qui semble échapper à tout contrôle.  Le nombre de cas confirmés de la maladie a plus que doublé au cours des deux dernières semaines, atteignant le total de 15 156 au 1er septembre, avec 250 décès enregistrés.  De surcroît, on signale maintenant une transmission communautaire dans des villes comme Tripoli et Sebha, sur fond de faibles capacités de dépistage et de recherche des contacts.

« Au bord de l’effondrement complet après plus de neuf ans de conflit, le système de santé est incapable de répondre au fardeau supplémentaire que représentent les patients atteints de COVID-19 tout en maintenant des services de santé normaux, y compris des programmes de vaccination des enfants », a constaté la Représentante spéciale, exhortant les autorités libyennes à coopérer de manière transparente dans la lutte commune contre ce « terrible fléau ».

Dans ce contexte, l’accès humanitaire reste un défi persistant dans tout le pays, a constaté Mme Williams.  Malgré ces défis, a-t-elle toutefois relevé, les organisations humanitaires ont aidé plus de 243 000 personnes depuis le début de l’année, ce qui comprend le soutien à 66 000 personnes déplacées, à 119 000 Libyens vulnérables ou rapatriés récemment et à 58 000 migrants et réfugiés.

Elle s’est d’autre part déclarée préoccupée par le fait que les migrants, les réfugiés et les demandeurs d’asile continuent de tenter de traverser la Méditerranée, au péril de leur vie.  La Chef par intérim de la MANUL a exprimé sa tristesse après le décès récent, le 18 août, de 45 migrants et réfugiés dont le bateau a coulé au large des côtes libyennes en tentant de rallier l’Europe.  « Plus de 7 000 migrants et réfugiés ont tenté cette traversée cette année; plus de 300 sont décédés », a-t-elle noté, appelant les pays européens à revoir leur approche en matière de sauvetage et de débarquement, conformément au droit international des droits de l’homme. 

Alors qu’au 21 août, près de 2 400 migrants et réfugiés se trouvaient dans des centres de détention officiels en Libye, de nombreux autres croupissaient dans des sites non officiels auxquels l’ONU n’a pas accès, a encore dénoncé Mme Williams.  De fait, elle a enjoint les autorités à prendre des mesures supplémentaires contre les passeurs et les trafiquants et à trouver des alternatives à la détention, avant de se féliciter de la nomination par la Haut-Commissaire aux droits de l’homme des trois membres de la Mission d’enquête indépendante sur la Libye.

« Nous sommes impatients de coopérer avec eux et de les aider à s’acquitter de leur mission consistant à documenter les violations du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire depuis 2016, lutter contre l’impunité de ces violations et agir comme moyen de dissuasion », a-t-elle souligné, assurant qu’une paix durable en Libye ne sera réalisée que par la justice et la responsabilité.

Tous ces éléments créent un terrain fertile pour les troubles sociaux dans tout le pays et confirment une fois de plus que le statu quo n’est pas viable, a averti la Représentante spéciale, non sans inviter les autorités à la retenue à l’égard des manifestants.  Le 29 août, a-t-elle ajouté, la situation s’est transformée en une crise politique ouverte lorsque le Conseil de la présidence a suspendu le Ministre de l’intérieur, M. Bashagha, et accéléré un remaniement gouvernemental. 

« Le moment est venu de s’unir alors que des efforts sont entrepris pour parvenir à un règlement qui viserait à préserver la souveraineté et l’intégrité du pays, ainsi qu’à remédier aux lacunes économiques de longue date et à la nécessité de mettre en œuvre des réformes durables pour le DDR et le secteur de la sécurité », a estimé Mme Williams. 

À ses yeux, ces tendances inquiétantes devraient contraindre le Conseil à insister pour qu’une désescalade immédiate soit enclenchée, de même qu’un retour au processus politique « avant que la fragile fenêtre d’opportunité créée par l’arrêt informel des hostilités ne se dissipe au détriment des Libyens d’abord et avant tout, mais aussi au détriment de la paix et de la sécurité internationales. »

Des signes d’espoir se font jour néanmoins, à l’instar des appels au cessez-le-feu, à la levée du blocus pétrolier et à la reprise du processus politique sous les auspices de l’ONU lancés séparément, le 21 août, par le Président du Conseil de la présidence Faiez Serraj et le Président de la Chambre des députés Aguila Saleh.  Sur cette base, Mme Williams reste « optimiste » quant à la possibilité de faire avancer les discussions politiques et de sécurité intralibyennes, tout en continuant à dialoguer avec d’autres forces politiques et militaires clefs à travers le pays. 

Avant de conclure, la Représentante spéciale par intérim a fait état des soutiens reçus par la MANUL et a dit avoir obtenu de ses interlocuteurs régionaux et internationaux des engagements pour aider la Mission à rassembler les parties libyennes et à œuvrer pour maintenir le calme sur le terrain.  « À tous les niveaux, la Mission collabore avec les parties prenantes libyennes pour inciter au calme et construire les ponts qui faciliteront le processus politique », a-t-elle souligné. 

Sur le front militaire, a-t-elle aussi indiqué, la MANUL a poursuivi les discussions avec les deux parties sous les auspices de la Commission militaire conjointe 5+5.  À ce jour, trois cycles virtuels d’échanges entre le Gouvernement d’entente nationale et les forces de l’ANL ont été organisés pour tenter de parvenir à une désescalade immédiate. 

Rappelant enfin qu’il y a 16 mois, le pays se trouvait à l’aube d’une conférence nationale qui aurait permis de remplacer les structures politiques divisées actuelles, Mme Williams a pris acte de l’échec de cet effort, par la faute de ceux qui croyaient pouvoir atteindre leurs objectifs par la force.  Après 14 mois de morts et de destructions inutiles, il est clair, selon elle, que « la seule issue est le dialogue et le compromis menant à un règlement politique global et aboutissant à des élections nationales ».

En sa qualité de Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1970 (2011) concernant la Libye, M. GÜNTER SAUTTER (Allemagne) a fait rapport au Conseil des travaux effectués par le Comité du 20 mai au 2 septembre 2020.  

Au cours de cette période, a-t-il dit, le Comité a travaillé en usant de la procédure d’approbation tacite.  À l’occasion d’une séance « informelle-informelle » en visioconférence, ses membres ont également pu échanger, le 28 juillet, avec 18 États Membres invités, dont la Libye, et trois organisations régionales sur la question de la mise en œuvre effective des sanctions imposées par le Conseil en relation avec la Libye, l’accent étant mis sur l’application de l’embargo sur les armes. 

S’agissant de cet embargo, le Comité a reçu deux mises à jour écrites du Groupe d’experts portant sur des aspects de l’application.  S’en sont suivies des informations sur trois entités et une personne que le Groupe d’experts considérait comme satisfaisant à un critère de désignation des sanctions.  

Le Comité, a poursuivi son Président, a reçu une lettre de la Turquie traitant, entre autres, de l’application des autorisations contenues dans la résolution 2292 (2016), telles que récemment prorogées par la résolution 2526 (2020), pour l’application de l’embargo sur les armes en haute mer au large de la côte de la Libye.  Le Comité a aussi reçu une lettre de la Tunisie concernant l’une des mises à jour du Groupe et a approuvé une demande de dérogation invoquant le paragraphe 9 c) de la résolution 1970 (2011), soumise par Malte.  

En ce qui concerne les mesures visant à empêcher les exportations illicites de pétrole, le Comité a reçu des notifications de son correspondant libyen conformément à la résolution 2146 (2014), ainsi que du Groupe d’experts, concernant les activités d’un pétrolier battant pavillon gabonais, le M/V Jal Laxmi, qui avait dérivé hors des eaux territoriales libyennes dans le but présumé de charger du fioul lourd et du gazole maritime en dehors du cadre de la Société nationale libyenne du pétrole (NOC).  Le Comité a envoyé une lettre à l’État du pavillon et, finalement, le navire n’a pas accosté au port de Tobrouk et a quitté les eaux internationales au large de la Libye. 

Dans le cadre du gel des avoirs, a ajouté M. Sautter, le Comité a reçu deux lettres de la Libyan Investment Authority (LIA), une entité cotée, concernant différents aspects de son fonctionnement.  Il a échangé avec l’Arabie saoudite sur une question liée à la LIA et a reçu, à cet égard, une lettre du Groupe d’experts.  Aucune décision négative n’a été prise par le Comité concernant trois notifications d’exemption, invoquant le paragraphe 19 a) de la résolution 1970 (2011), présentées par Bahreïn, la Suisse et le Royaume-Uni, a-t-il précisé. 

Au sujet de l’interdiction de voyager, le Comité a reçu une notification d’exemption, invoquant le paragraphe 16 c) de la résolution 1970 (2011), soumise par la Fédération de Russie concernant le voyage imminent de M. Abu Zayed Umar Dorda, une personne inscrite sur la Liste.  Le Comité a par la suite été informé que le voyage n’aurait pas lieu.  Le Comité a également approuvé une demande de dérogation, invoquant le paragraphe 16 a) de la résolution 1970 (2011), présentée par Mme Safia Farkash Al-Barassi. 

Par ailleurs, a encore rapporté M. Sautter, le Comité a adressé, le 15 juin, une note verbale à tous les États Membres, faisant suite au paragraphe 8 de la résolution 2509 (2020), les invitant à faire rapport au Comité sur les mesures qu’ils avaient prises pour appliquer effectivement l’interdiction de voyager et des mesures de gel des avoirs pour toutes les personnes inscrites sur la liste des sanctions contre la Libye.  Le Comité a depuis reçu six rapports d’exécution.  Au cours de la période considérée, le Comité a également reçu des informations du Groupe d’experts sur une deuxième personne qui, selon lui, répond à des critères de désignation supplémentaires. 

M. Sautter a enfin informé le Conseil que le Comité avait reçu, le 20 août, le rapport intérimaire du Groupe d’experts sur la Libye.  Les membres du Comité ont l’intention d’en discuter dans les prochains jours, a-t-il affirmé, appelant en conclusion tous les États Membres à appliquer pleinement les sanctions et à soutenir les travaux du Groupe d’experts. 

Le Royaume-Uni a constaté que la communauté internationale échoue collectivement en Libye.  « Elle ne respecte pas les obligations et engagements qu’elle a librement contractés et ne respecte pas les obligations et engagements énoncés par le Conseil de sécurité. »  Le Royaume-Uni a salué les déclarations du 21 août du Président du Conseil de la présidence et du Président de la Chambre des députés appelant à un cessez-le-feu.  Ces annonces marquent une étape importante sur la voie d’une paix, d’une sécurité et d’une stabilité durables, a affirmé la délégation.  Elle a précisé que ces déclarations à elles seules ne suffisent pas, et que toutes les parties, ainsi que le peuple libyen, doivent saisir cette occasion pour progresser vers une paix durable.  Selon le Royaume-Uni, nous avons besoin d’une MANUL revigorée, capable de saisir cette opportunité et d’autres.  La délégation s’est en outre dite préoccupée par le rétrécissement rapide de l’espace dont disposent les femmes libyennes pour exprimer leurs opinions et participer à la vie politique et à la reconstruction postconflit, certaines femmes étant soumises à des menaces physiques et à des attaques apparemment liées à leurs rôles publics.  Elle s’est ensuite félicitée de l’engagement continu des parties dans le dialogue de la Commission militaire conjointe 5+5 dirigée par l’ONU, que le Royaume-Uni soutient en tant que Coprésident du Groupe de travail sur la sécurité. 

Pour la délégation, une solution démilitarisée à Syrte pourrait servir de fondement à un cessez-le-feu plus large.  Elle s’est dite très préoccupée par le conflit en cours, alimenté par une intervention internationale dangereuse et des violations de l’embargo sur les armes grâce à l’armement et à l’approvisionnement des parties et aux activités du Groupe Wagner et d’autres mercenaires étrangers.  Dans ce contexte, le Royaume-Uni a dit appuyer les travaux du Groupe d’experts et a demandé aux bailleurs de fonds extérieurs des parties de respecter l’embargo et les engagements qu’ils ont pris à la Conférence de Berlin.  La délégation a demandé que les charniers de Tarhouna soient sécurisés jusqu’à ce qu’une enquête appropriée puisse être menée.  Il est vital que le droit de réunion pacifique, de protestation et la liberté d’expression soient respectés, a-t-elle plaidé, avant de saluer la nomination des membres de la Mission internationale d’établissement des faits pour la Libye pour enquêter sur les violations et abus des droits de l’homme.

Par ailleurs, le blocus pétrolier ne fait que nuire au peuple libyen, a dénoncé le Royaume-Uni, qui a plaidé pour la reprise de la production dans l’intérêt de tous les Libyens et de l’économie libyenne.  Le Royaume-Uni a réitéré qu’il n’y a pas de solution militaire possible en Libye, avant d’exhorter les parties libyennes et leurs soutiens internationaux à écouter les appels du peuple libyen à la paix et à placer les intérêts du peuple libyen au-dessus de ses propres intérêts étroits et égoïstes. 

La Fédération de Russie a déclaré que la crise libyenne ne pourra être réglée que par des moyens politiques, diplomatiques et pacifiques.  La délégation a demandé la cessation durable des hostilités et la fin de l’effusion de sang qui déchire le pays depuis l’intervention de l’OTAN en 2011.  À cet égard, a-t-elle ajouté, les récentes déclarations du chef du Gouvernement d’entente nationale et du chef du Parlement libyen donnent des raisons d’être prudemment optimiste.  Elle a appelé les parties à lancer le dialogue national libyen dès que possible dans le cadre des mécanismes créés par la Conférence de Berlin et approuvés par la résolution 2510 (2020) du Conseil de sécurité.  Sans cela, aucun succès ne peut être obtenu, a prévenu la Fédération de Russie en ajoutant que malgré la stabilisation de la situation militaire, une nouvelle escalade n’est pas à exclure « à tout moment ».  Des manifestations de masse ont eu lieu à Tripoli pour réclamer des mesures urgentes pour remédier à la situation, a noté la Fédération de Russie qui est très préoccupée par l’augmentation rapide des cas de coronavirus.  Elle a appelé les autorités libyennes à répondre rapidement à ces défis et la communauté internationale à poursuivre l’aide humanitaire.

La Fédération de Russie est aussi préoccupée par les informations faisant état de violations de l’embargo sur les armes en Libye, appelant à mettre fin à l’acheminement d’armes et de combattants terroristes étrangers en Libye.  Elle a réitéré que le processus de règlement pacifique du confit devrait être dirigé par les Libyens.  Toutes les questions, y compris celles liées à la situation autour de Syrte et de Joufra, devraient être discutées dans le cadre de mécanisme de vérification.  Dans la situation critique actuelle, a indiqué la délégation, tous les États qui ont un pouvoir de levier sur les parties libyennes doivent faire de leur mieux pour aider à lancer le processus de négociation.  Outre les déclarations sur le cessez-le-feu, a dit la Fédération de Russie, un certain nombre d’initiatives de paix ont été récemment exprimées, notamment par le chef du Parlement libyen, M. Aguila Saleh, et le Président de l’Égypte, M. Abdel Fattah Al Sisi, soutenus par de nombreux États influents.  Ces idées pourraient constituer une base pour des discussions politiques dans le cadre du processus d’un règlement global, a-t-elle estimé.

La Fédération de Russie a aussi promis de poursuivre les contacts avec les pays intéressés à stabiliser la Libye, y compris la Turquie, « sur la base de la déclaration adoptée par nos deux pays le 22 juillet ».  La dernière série de contacts de ce type a eu lieu le 31 août, a-t-elle indiqué.  Dans le même temps, elle a souligné le rôle central de l’ONU en Libye.  Un nouveau représentant spécial pourra aider à faire avancer le processus politique, ainsi qu’à coordonner toutes les initiatives et idées existantes.  Pour répondre aux accusations d’ingérence russe en Libye, la délégation a affirmé qu’aucun militaire russe ne se trouve dans les zones de combat en Libye.  « Il n’y a pas de rapport qui signale leur participation à des affrontements armés ou des décès de militaires russes en Libye. »

L’Afrique du Sud s’est alarmée de la poursuite des affrontements et des escalades militaires, en particulier à Syrte et dans les environs, ces dernières semaines.  La délégation a appelé les parties à cesser toutes les hostilités et à accepter les appels en faveur d’un cessez-le-feu permanent et durable.  Cela créera un environnement propice à un dialogue inclusif afin d’ouvrir la voie à un processus politique dirigé et contrôlé par les Libyens.  C’est à cet égard que la délégation a salué le cessez-le-feu annoncé le vendredi 21 août 2020 par le Gouvernement d’entente nationale et la tenue des élections dès mars 2021.  L’Afrique du Sud continue de soutenir le processus de paix soutenu par l’Union africaine par l’intermédiaire de son Conseil de paix et de sécurité, du Comité de haut niveau sur la Libye et de son Groupe de contact, ainsi que des travaux de l’Envoyé spécial de l’Union africaine pour la Libye, alors qu’ils continuent de s’engager avec les principales parties prenantes en Libye, a aussi indiqué la délégation.  Elle a regretté la persistance de l’insécurité en Libye qui aggrave la situation humanitaire et économique sur le terrain et la pandémie de COVID-19. 

Les informations faisant état d’abus et de violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme sont aussi inquiétantes, a dit l’Afrique du Sud qui s’est réjouie de la nomination des membres de la Mission internationale d’enquête en Libye, « cruciale pour s’assurer que les auteurs soient tenus responsables ».  Elle a également dénoncé la crise économique dans le pays exacerbée par le blocage des exportations de pétrole.  Nous encourageons la poursuite des pourparlers pour trouver une solution durable aux défis économiques, a-t-elle suggéré.  L’Afrique du Sud a réitéré son appel pour le strict respect de l’embargo sur les armes en Libye ainsi que la mise en œuvre de sanctions contre ceux qui violent l’embargo.  Elle a enfin demandé le retrait immédiat des combattants étrangers, la cessation de leurs activités et la fin de l’ingérence étrangère en Libye. 

L’Allemagne a salué les déclarations en faveur d’un cessez-le-feu du Premier Ministre, M. Faiez M. Serraj, et du Président de la Chambre des députés, M. Aguila Saleh, y voyant des lueurs d’espoir émanant de Libye.  C’est une vraie fenêtre d’opportunité et un geste de compromis, qui doit maintenant alimenter les négociations dans le cadre de la Commission militaire conjointe 5+5 et se traduire par un accord de cessez-le-feu durable, a déclaré la délégation.  « C’est une occasion à ne pas manquer. »  Les jours et les semaines à venir seront un test de responsabilité nationale, y compris pour M. Khalifa Haftar et l’Armée nationale libyenne, a estimé l’Allemagne pour qui le refus du dialogue est inacceptable.  De plus, la richesse du pays est la propriété du peuple libyen, a rappelé la délégation en demandant une levée immédiate du blocus pétrolier par l’ANL.  Elle a aussi demandé la nomination rapide du successeur de M. Ghassan Salamé par le Conseil.  En outre, la MANUL doit être autorisée à réagir rapidement pour fournir le soutien nécessaire et le contrôle d’un éventuel cessez-le-feu et de zones démilitarisées.

L’Allemagne a dénoncé les tensions au sein du Gouvernement d’entente nationale et a appelé tous les acteurs gouvernementaux à respecter l’état de droit et à agir de manière responsable pour le bien commun.  La délégation a également pointé du doigt l’embargo sur les armes et les violations de cet embargo.  Il s’agit d’une ingérence étrangère de la part d’un certain nombre de pays, a-t-elle dit en demandant que ces violations flagrantes de l’embargo sur les armes cessent.  L’Allemagne a dit à cet égard être extrêmement préoccupée par le fait que des membres du Conseil de sécurité et des participants à la Conférence de Berlin y prennent part.  Avec EUNAVFOR MED IRINI, l’Union européenne est jusqu’à présent le seul acteur à mettre en œuvre l’embargo, a fait remarquer la délégation en plaidant pour un engagement international plus crédible pour lutter contre les violations de l’embargo sur les armes et les contrevenants.  L’Allemagne s’est aussi préoccupée des attaques contre les civils et les violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme en Libye.  « Horrifiée par la découverte de plusieurs fosses communes à Tarhouna », elle a appelé à traduire en justice les auteurs de ces actes.

La Tunisie a réaffirmé qu’il n’existe pas de solution militaire à la crise en Libye et que la seule solution durable réside dans un règlement politique inclusif conduit par les Libyens eux-mêmes.  Qualifiant la situation actuelle d’inacceptable, elle a appelé toutes les parties libyennes à surmonter leurs divergences par la voie du dialogue afin de créer les conditions d’une réconciliation nationale et d’un processus politique, conformément aux conclusions de Berlin et aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. 

Pour la délégation, la priorité doit être donnée à la désescalade.  C’est pourquoi elle exhorte les parties à s’engager en faveur d’un cessez-le-feu permanent et de prendre part aux discussions de la Commission militaire conjointe 5+5 afin de parvenir à un consensus sur l’accord de cessation des hostilités et son application.  La Tunisie salue à cet égard les récentes déclarations dans ce sens et voit dans le déroulement de l’élection municipale à Ghat un autre signe prometteur.  Elle estime par ailleurs que la désignation d’un nouveau représentant de l’ONU en Libye serait utile à la recherche d’une solution politique et permettrait de remobiliser les parties libyennes. 

Réitérant son appel au respect de l’embargo sur les armes, la Tunisie a jugé nécessaire de mettre un terme à toutes les formes d’ingérence étrangère dans les affaires intérieures libyennes.  Elle a aussi dénoncé l’envoi continu de combattants étrangers en Libye, comme signalé par le Groupe d’experts sur la Libye, et a appelé à l’arrêt de ces violations qui exacerbent le conflit.  La délégation a par ailleurs demandé aux parties de se conformer au droit international humanitaire, notamment pour garantir la protection des civils et des groupes vulnérables tels que les migrants et les réfugiés.  En conclusion, elle a rappelé l’importance du rôle des pays voisins et leur implication dans les efforts visant à restaurer la sécurité, la stabilité et la paix en Libye.

Les États-Unis ont estimé que la Libye se trouve à un moment crucial.  La délégation a salué la déclaration du 21 août du Premier Ministre libyen et du Président de la Chambre des députés appelant à un cessez-le-feu, à la démilitarisation, à la reprise des opérations dans le secteur pétrolier et à un retour aux pourparlers politiques facilités par l’ONU.  Cette initiative des dirigeants libyens est un pas en avant positif et courageux que nous devons tous soutenir collectivement, ont dit les États-Unis.  La délégation a ajouté que le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Libye doit rester le principe directeur de la communauté internationale.  Les États-Unis se sont dits opposés à tout projet visant à diviser la Libye, à l’occuper ou à imposer un règlement politique extérieur aux Libyens.  Ainsi, les parties libyennes doivent œuvrer en faveur d’une solution en passant par des négociations politiques inclusives dirigées par l’ONU en vue d’élections nationales.  Mais la délégation a jugé impossible de parvenir à une solution politique tant que les soutiens étrangers des deux côtés continuent d’alimenter le conflit.

Les États-Unis ont appelé tous les acteurs impliqués dans le conflit à respecter les engagements qu’ils ont pris à Berlin et à suspendre immédiatement les opérations militaires, à mettre un terme au transfert d’équipements militaires et de combattants étrangers vers la Libye et à permettre aux autorités locales de répondre à la pandémie de COVID-19.  « Nous pensons que trouver une solution démilitarisée en commençant par Syrte serait un moyen pratique de renforcer la confiance sur le terrain », ont prôné les États-Unis.  Selon la délégation, « il n’y a pas de place pour les mercenaires étrangers ou les forces par procuration en Libye, y compris le mandataire du Ministère russe de la défense “Wagner Group” qui combat aux côtés et en soutien des forces de l’ANL ».

Ils ont marqué leur consternation devant les informations faisant état de fosses communes à Tarhouna, avant d’inviter le Conseil de sécurité à envisager des moyens de demander des comptes aux contrevenants des violations des droits de l’homme, y compris d’éventuelles sanctions.  Alors que les discussions sur le renouvellement du mandat de la MANUL sont en cours, les États-Unis ont demandé de tirer parti des récents développements positifs et de veiller à ce que la MANUL soit aussi efficace et efficiente que possible, et que sa structure de direction reflète cet objectif. 

Le Viet Nam a appelé à maintenir l’élan récemment pris sur le front politique en Libye pour obtenir un cessez-le-feu et reprendre les pourparlers de paix sur la base de la résolution 2510 (2020) et de la Conférence de Berlin.  Il a aussi exhorté les parties à finaliser rapidement le projet d’accord de cessez-le-feu proposé par la MANUL.  La délégation a exhorté les parties concernées à cesser de cibler les civils et les infrastructures civiles.  Les parties doivent également assurer la sécurité des agents sanitaires et permettre un accès humanitaire sans entrave afin de combattre efficacement la pandémie de COVID-19, a-t-elle dit.

Le Viet Nam s’est par ailleurs inquiété des flux d’armes vers la Libye qui ont été signalés ces derniers mois et a appelé les parties au sein et à l’extérieur du pays à renforcer le respect de l’embargo et à mettre un terme à l’ingérence étrangère.  La délégation a aussi fait part de son appui à une prorogation de 12 mois du mandat de la MANUL.

Saint-Vincent-et-les Grenadines a salué le récent appel au cessez-le-feu lancé par les Libyens, tout en se disant consciente que les appels précédents n’ont pas été respectés.  La délégation a appelé les parties à mettre immédiatement terme aux hostilités et à s’accorder sur le projet de cessez-le-feu proposé par l’ONU.  Notant que six mois se sont écoulés depuis la démission de M. Ghassan Salamé, la délégation a souligné que les complexités du dossier libyen exigent la nomination immédiate d’un nouveau représentant spécial. 

Elle s’est également préoccupée de la prolifération d’armes et d’activités terroristes en Libye et autour du pays, avant d’appeler les acteurs externes à cesser immédiatement de fournir un appui militaire aux parties belligérantes.  Il est inconcevable que la Libye ait été transformée, par certains, en un conflit par procuration pour faire avancer des intérêts politiques étroits, au lieu de s’atteler à soulager les souffrances de la population libyenne.  Dénonçant les atrocités commises à l’encontre des civils, elle a appelé à enquêter sur les violations de droits et à en traduire les auteurs en justice.

L’Estonie a salué l’appel au cessez-le-feu lancé par le Gouvernement d’entente nationale et la Chambre des députés basée dans l’Est, en appelant les parties à suivre cet appel par des actions concrètes.  Il est en outre extrêmement important que les pourparlers se poursuivent dans le cadre de la Commission militaire conjointe 5+5, a-t-elle ajouté.  La délégation a ensuite appelé au départ de tous les combattants et mercenaires étrangers qui se trouvent en Libye.  Elle a aussi insisté sur la poursuite des efforts internationaux visant à mettre un terme aux violations du régime de sanctions.  L’opération IRINI de l’Union européenne (UE) continuera de contribuer à ces efforts, a-t-elle indiqué.

L’Estonie s’est par ailleurs préoccupée de l’aggravation de la situation humanitaire et a engagé les parties à cesser les attaques contre les civils et les infrastructures civiles.  Elle s’est aussi inquiétée des informations de plus en plus nombreuses sur les violations des droits de l’homme et a appelé à enquêter sur tous les incidents.

La Chine s’est félicitée des déclarations du 21 août appelant à un cessez-le-feu respectivement du Gouvernement d’entente nationale et de la Chambre des députés.  Il n’existe pas d’option militaire à son avis et un cessez-le-feu serait le premier pas vers la paix.  Compte tenu de cette rare fenêtre d’opportunité, la Chine a encouragé toutes les parties au conflit libyen à respecter ce cessez-le-feu, mettre immédiatement fin aux hostilités, reprendre le dialogue dans le cadre de la Commission militaire conjointe 5+5 et conclure un accord de cessez-le-feu permanent. 

Parallèlement, la Chine a exhorté la communauté internationale à respecter la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Libye, à rester attachée au processus politique dirigé et contrôlé par les Libyens dans le cadre des Nations Unies, à appliquer efficacement les résultats du sommet de Berlin et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, et à promouvoir la mise en œuvre de l’initiative en trois volets de la MANUL.  Elle a salué les discussions menées récemment sur la Libye par l’Union africaine et la Ligue des États arabes et a souligné leur rôle unique dans la médiation des différends entre les parties.  Les pays concernés devraient user de leur propre influence et jouer un rôle constructif en encourageant les parties à accroître la confiance mutuelle et à adhérer au règlement politique, a estimé la délégation.

Pour sa part, la Chine a dit appuyer les travaux de la MANUL et être favorable, en principe, à la prolongation de son mandat de 12 mois.  Dans les circonstances actuelles, la MANUL devrait se concentrer sur la promotion d’un cessez-le-feu entre les parties au conflit, mobiliser la communauté internationale pour aider le peuple libyen à faire face à la pandémie et intensifier ses efforts pour aider la Libye à élaborer des projets pratiques et réalisables de reconstruction nationale et de réforme économique, afin de jeter les bases d’un développement socioéconomique durable.  Le poste de représentant spécial du Secrétaire général en Libye étant vacant depuis six mois, la Chine a demandé qu’il soit pourvu le plus tôt possible. 

La Chine a réaffirmé sa position de principe que les sanctions sont un moyen et non une fin.  Le régime des sanctions doit être au service du règlement politique, a martelé la délégation avant d’appeler tous les États Membres à sérieusement appliquer les résolutions du Conseil, à éviter l’implication militaire dans le conflit libyen et l’ingérence dans les affaires intérieures de la Libye, et à respecter strictement l’embargo sur les armes.  Les sanctions ne devraient pas nuire à la vie normale et aux besoins humanitaires du peuple libyen, en particulier pendant la pandémie COVID-19.  Dès lors, la délégation a demandé au Comité de sanctions et à son Groupe d’experts d’agir de manière objective et impartiale, en stricte conformité avec le mandat, et de jouer un rôle positif dans l’avancement du processus politique libyen.

La France a rappelé qu’il n’y a pas de solution militaire possible en Libye.  Elle a appelé à un cessez-le-feu et à une reprise du processus politique, sous l’égide des Nations Unies et sur le fondement des paramètres agréés par les Libyens.  Elle a précisé que cela doit ouvrir la voie à des élections, à la réunification des institutions libyennes et à des réformes économiques et sécuritaires, lesquelles sont absolument indispensables.  Dans cet esprit, les déclarations du 21 août dernier du Président du Conseil de la présidence et du Président de la Chambre des députés constituent une étape positive, a relevé la délégation.  Selon elle, ces déclarations doivent être désormais suivies d’effet sur le terrain: un cessez-le-feu immédiat et durable, l’arrêt des opérations militaires en Libye, le démantèlement des milices et la reprise de la production pétrolière. 

Les forces étrangères doivent se retirer de Libye, a demandé la France, expliquant que ces ingérences ne sont pas acceptables.  Elle a condamné les interférences et les violations de l’embargo sur les armes, dont le nombre a malheureusement augmenté depuis la tenue de la Conférence de Berlin le 19 janvier dernier.  La France a également appelé les parties à poursuivre leurs efforts pour permettre la reprise, dès que possible, de la production pétrolière et l’allocation transparente des revenus qui en sont issus.  Dans cette perspective, elle a invité le Conseil à jouer pleinement son rôle, notamment en renforçant la médiation des Nations Unies et de la MANUL.  La France a en outre plaidé pour un Conseil uni derrière la nomination, par le Secrétaire général, d’un nouveau médiateur et ce, sans plus attendre.  « Près de six mois se sont écoulés depuis la démission de Ghassan Salamé et la vacance de la médiation onusienne ne peut plus durer. »  La France a dit soutenir le Royaume-Uni qui négocie actuellement un renouvellement ambitieux, pour un an, du mandat de la MANUL, avant de proposer le renforcement du rôle de la MANUL pour accompagner un possible cessez-le-feu en Libye ainsi que pour faire respecter l’embargo sur les armes. 

L’Indonésie a salué le récent « appel libyen » à un cessez-le-feu et a voulu que le processus de Berlin puisse l’appuyer.  Elle a engagé les deux parties à reprendre immédiatement le dialogue dans le cadre des pourparlers de la Commission militaire conjointe 5+5.  La délégation a également appelé les membres du Conseil de sécurité à nommer dès possible le nouveau Représentant spécial du Secrétaire général pour la Libye.

Poursuivant, l’Indonésie a exhorté à redoubler d’efforts pour sauver des vies, notant que la mort survient non seulement en raison des balles mais également à cause de la COVID-19.  Elle a aussi appelé à encourager les efforts déployés par l’Union africaine et la Ligue des États arabes pour promouvoir la paix.

En tant que pays voisin de la Libye, le Niger a dit qu’il était « sensible » à tout ce qui affecte ce pays, « bon ou mauvais ».  C’est à cet égard que la délégation a salué l’annonce faite par le Premier Ministre, M. Faiez M. Serraj, et le Président de la Chambre des députés, M. Aguila Saleh, en faveur d’un cessez-le-feu immédiat.  « Lorsque les Libyens sont capables de se parler, ils peuvent créer un espace de paix et de réconciliation dans leur pays », a indiqué le Niger pour qui la perspective d’organiser des élections d’ici à mars 2021 devrait être saluée et encouragée.  Les souffrances du peuple libyen sont malheureusement exacerbées par le contexte de la pandémie de COVID-19, a ajouté la délégation qui s’est désolée du fait que depuis près d’une décennie, la situation en Libye ne cesse de se détériorer.  Nos appels répétés et nos bonnes intentions sont malheureusement contrecarrés par le refus de plusieurs acteurs de respecter l’embargo sur les armes, auquel ils ont souscrit librement à Berlin.  « La Libye et son peuple ont payé un lourd tribut, ses femmes et ses enfants sont tués par milliers, ses ressources sont pillées et ses infrastructures détruites, y compris ses écoles et ses hôpitaux. »

La délégation a en outre appelé à la nomination du Représentant spécial du Secrétaire général pour la Libye, « qui est si nécessaire pour relancer la seule issue valable à la crise, celle du dialogue politique et de la réconciliation ».  Il a aussi souligné l’importance du rôle que le Conseil de sécurité, l’Union africaine, la Ligue des États arabes, l’Union européenne et tous les autres acteurs concernés doivent continuer à jouer pour inverser la tendance actuelle et aider la Libye à redevenir un pays de paix, de stabilité et de prospérité.  Enfin, le Niger a dit être d’accord avec le Secrétaire général sur la nécessité de revoir la politique de retour des migrants et des réfugiés interceptés en mer vers la Libye.  La volatilité de la situation en matière de sécurité et la vulnérabilité dans laquelle ils se trouvent, une fois débarqués, devraient nous préoccuper, a-t-il lancé.  Sur le plan économique, la délégation a salué l’annonce de la levée du blocus pétrolier dans tout le pays, faisant valoir que la reprise de la production générera les ressources dont la Libye a besoin. 

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