SC/14286

Conseil de sécurité: un mois après la fermeture du poste frontière de Bab el-Salam, la réponse humanitaire en Syrie est plus coûteuse, plus risquée, moins rapide et moins efficace.

Le Sous-Secrétaire général par intérim aux affaires humanitaires et Coordonnateur adjoint par intérim des secours d’urgence, M. Ramesh Rajasingham, a fait, ce matin, le point de la situation humanitaire en Syrie, un mois après la prorogation du mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontalière et la fermeture du poste frontière de Bab el-Salam.  Le haut fonctionnaire a dressé un bilan sans appel: la réponse humanitaire dans le pays est devenue plus coûteuse, plus risquée, moins rapide et moins efficace.  

Le Conseil de sécurité a tenu une séance virtuelle, grâce à un système de visioconférence spécialement conçu pour lui.  Il a entendu M. Rajasingham lui parler de la pandémie de COVID-19 et de son impact sur les services de santé, du ralentissement de l’économie, de la protection des civils, de l’accès humanitaire et l’aide apportée par les acteurs sur le terrain.  

Le Coordonnateur adjoint par intérim des secours d’urgence s’est d’autant plus alarmé de la situation que depuis l’adoption de la résolution 2533 (2020), le premier convoi humanitaire, le 28 juillet et le dernier en date, le 21 août, par le poste frontière de Bab el-Haoua a pris 11 heures pour arriver dans le nord d’Alep rural, retardé par le refus des différentes parties de donner les autorisations nécessaires et par le mauvais état des routes.  Le passage par le poste frontière de Bab-el-Salam aurait pris environ deux heures, a-t-il souligné.  

La résolution 2533 du 10 juillet dernier a prorogé pour un an, le mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontalière vers la Syrie, tout en fermant le poste frontière Bab el-Salam comme l’étaient déjà les points de passage de Ramta et de Yaroubiyé.  Les agences humanitaires des Nations Unies et leurs partenaires sont donc appelés à utiliser le seul poste frontière de Bab el-Haoua et les lignes de front.   

Les capacités de ces passages doivent doit être augmentées, a plaidé le Coordonnateur adjoint par intérim des secours d’urgence, réclamant la fin des travaux de réparation des routes avant le début de l’hiver.  Il a fait état des contacts avec les parties pour assurer un acheminement sans entrave de l’aide à Edleb et le nord d’Alep.  

L’aide transfrontalière dans le nord-ouest ne fonctionne toujours pas, a tranché l’Allemagne, porte-plume avec la Belgique, des résolutions humanitaires sur la Syrie.  La fermeture de Yaroubiyé, en janvier, et de Bab al-Salam, le mois dernier, contredit la logique humanitaire, s’est-elle indignée, en espérant que les pays qui portent la responsabilité de cette situation ont bien écouté ce que vient de dire l’OCHA, à savoir « une réponse humanitaire plus coûteuse, plus risquée, moins rapide et, en fin de compte, moins efficace ».  

C’est dans ce cadre que le Coordonnateur adjoint par intérim des secours d’urgence a prévenu que le nombre limité des tests de dépistage masque l’ampleur réelle de la pandémie de COVID-19, le nombre des cas dépassant « de loin » les chiffres officiels.  La lire syrienne, qui avait atteint son taux informel le plus bas, au mois de juin dernier, semble s’être stabilisée, a-t-il indiqué.  Mais les prix des denrées alimentaires flambent même si c’est à un rythme beaucoup plus lent.  L’un des impacts de la pandémie de COVID-19 a été la perturbation dans certaines chaînes d’approvisionnement commerciales qui ont aussi été touchées, à des degrés divers, par l’explosion au port de Beyrouth.   

Le cessez-le-feu dans le nord-ouest tient en grande partie, mais les civils ne le ressentent pas vraiment aux alentours des lignes de front.  Dans la province de Hassaké, les « perturbations » à la station d’eau d’Alouk, en juillet, affecte quelque 460 000 civils, y compris le camp de Hol.  Le bombardement ou la fermeture d’une station d’eau est « un acte barbare, un crime de guerre et un crime contre l’humanité » que la Syrie a dûment imputé à l’administration américaine et à la bénédiction qu’elle a donnée aux forces d’occupation turques.  

La Turquie s’est défendue: les pompes qui desservent la station fonctionnent avec l’électricité fournie par le barrage de Techrine, sous le contrôle du Parti des travailleurs du Kurdistan/Unités de protection du peuple (PKK/YPG).  C’est ce Parti qui coupe régulièrement et délibérément l’électricité depuis le mois novembre dernier, et c’est grâce à « nos démarches répétées » auprès de ceux qui ont une influence sur lui, que l’électricité a été rétablie à Alouk , a affirmé la Turquie.  Elle s’est dit prête à travailler avec l’ONU pour trouver une solution durable, refusant l’idée de laisser les organisations terroristes et le « régime d’Assad » utiliser les ressources en eau comme une arme pour affaiblir encore le peuple syrien.  

Au cours du premier semestre de l’année, les opérations humanitaires ont aidé en moyenne 7,2 millions de personnes, chaque mois.  L’aide alimentaire, qui a profité à 5,4 millions de personnes en moyenne chaque mois, a été élargie, en juillet, aux personnes en quarantaine dans les centres de traitement de la pandémie de COVID-19.  Mais, a averti le Sous-Secrétaire général par intérim, sans les contributions généreuses promises lors de la quatrième Conférence de Bruxelles, en juin, nous ne pourrions pas aider les gens dans toute la Syrie. 

La priorité collective aujourd’hui est de parer à l’urgence et de répondre aux besoins humanitaires qui ne cessent de s’accroître en Syrie, a acquiescé la France, qui a, malgré les appels de l’Afrique du Sud, de la Chine, de la Fédération de Russie, déclaré: « vous connaissez nos positions sur la levée des sanctions et la normalisation.  Elles demeurent inchangées ».  Il n’y a absolument aucune preuve, a renchéri l’Estonie, que les sanctions de l’Union européenne entravent la réponse humanitaire car elles ne visent que certains individus qui soutiennent le « régime syrien ».  Le secteur pétrolier syrien est soumis au « Ceasar Act », à l’ exception, s’est étonnée la Fédération de Russie, des champs pétrolifères contrôlés par les États-Unis, via le très célèbre « Delta Crescent Energy LLC », lesquels bénéficient opportunément des dérogations au régime des sanctions. 

Par l’intermédiaire des milices séparatistes et d’organisations terroristes, nous voyons des gouvernements, a accusé la Syrie, piller le pétrole, le gaz, les antiquités, le blé et les produits agricoles, pour étouffer le citoyen syrien, entraver le processus de reconstruction, empêcher le retour des personnes déplacées et à exercer davantage de pression sur le Gouvernement syrien pour obtenir des concessions conformes à leurs intérêts politiques.  

Le bien-être de millions de Syriens, ont rétorqué les États-Unis, reste à la merci des calculs politiciens du « régime d’Assad » et de la Fédération de Russie. Ils ont dénoncé les vetos russes et chinois «  durs et inhumains  » de cet été pour réduire l’accès humanitaire.  La mort de huit enfants dans le camp de Hol, en moins d’une semaine, aurait pu être évitée si le poste frontière de Yaroubiyé était resté ouvert, ont affirmé les États-Unis. 

Mais pourquoi, s’est étonnée la Fédération de Russie, les acteurs humanitaires ont du mal à obtenir les autorisations, alors qu’ils ont signé une déclaration d’engagement avec certains groupes de l’opposition armés.  Cela prouve, a-t-elle persiflé, que la promotion d’un dialogue avec les terroristes est toujours une mauvaise approche.  Elle a plutôt encouragé ces acteurs à intensifier leur coopération avec Damas, jugeant infondées, compte tenu des progrès sur le terrain, les allégations des « collègues occidentaux » sur une utilisation abusive de l’aide humanitaire voire un détournement par le Gouvernement syrien. 

La Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites en visioconférence dont les textes ont été transmis à temps par la Division des affaires du Conseil de sécurité.

M. RAMESH RAJASINGHAM, Sous-Secrétaire général par intérim aux affaires humanitaires et Coordonnateur adjoint des secours d’urgence, a fait le point de la situation humanitaire actuelle en Syrie dans les cinq domaines suivants: la pandémie de COVID-19 et son impact sur les services de santé, le ralentissement de l’économie, la protection des civils, l’accès humanitaire et l’aide que les organisations humanitaires ont donnée à la population syrienne.  Sur la question de la pandémie de COVID-19, il a réitéré le fait que le nombre limité des tests de dépistage masque en réalité l’ampleur réelle de la pandémie.  

Les informations sur des hôpitaux bien remplis et sur le nombre croissant des avis de décès et d’inhumations semblent indiquer que le nombre des cas dépassent de loin les chiffres officiels.  Ce que ces chiffres montrent, c’est que la transmission du virus au sein des communautés est bien répandue.  Sur les 2 440 cas confirmés par le Ministère syrien de la santé, la majorité ne peut être liée à une source connue.  L’augmentation du nombre de patients accroît la pression sur un système de santé fragile.  Beaucoup hésitent à se faire soigner et arrivent dans les hôpitaux avec des complications.  Les agents de santé n’ont pas encore d’équipement de protection individuelle et autres fournitures.  

Plusieurs établissements de santé ont suspendu leurs activités par manque de capacités ou parce que leur personnel a contracté le virus.  Certains sont dans des zones qui comptent parmi les plus mal desservies du pays.  Dans le camp de Hol, dans le nord-est de la Syrie, 12 établissements de santé ont dû suspendre leurs opérations ce mois-ci.  Les deux hôpitaux de fortune du camp ont depuis lors repris leurs activités.  Entre le 6 août et le 10 août, huit enfants de moins de cinq ans sont morts dans le camp et sur les 65 000 déplacés du camp de Hol, la majorité, soit 35 000, sont des enfants de moins de cinq ans.  

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) y dirige cette semaine une mission technique interorganisations.  Le camp de Hol a également été affecté par de nouvelles perturbations à la station d’eau d’Alouk, ce mois dernier, après au moins 13 interruptions cette année, impactant quelque 460 000 civils dans la province de Hassaké.  Les partenaires humanitaires ont livré environ 2 500 m3 d’eau par jour dans la région mais ce ni suffisant ni viable.  

Sur la question du ralentissement économique, M. Rajasingham a fait observer que la livre syrienne s’est stabilisée depuis qu’elle est tombée à son taux informel le plus bas, au mois de juin dernier.  Les prix des denrées alimentaires continuent d’augmenter même si c’est à un rythme beaucoup plus lent: le prix moyen du panier de la ménagère défini par le Programme alimentaire mondial (PAM) a augmenté de 3%, entre les mois de juin et de juillet, après avoir bondi de 48%, entre les mois de mai et de juin.  Ce sont des niveaux sans précédent.  L’un des impacts de la pandémie de COVID-19 en Syrie a été la perturbation dans certaines chaînes d’approvisionnement commerciales qui ont aussi été touchées, à des degrés divers, par l’explosion au port de Beyrouth.  

Concernant la protection des civils, M. Rajasingham a constaté que le cessez-le-feu dans le nord-ouest tient en grande partie, mais les civils ne le ressentent pas vraiment sur les lignes de front.  Les hostilités se sont intensifiées en juillet et en août.  Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a enregistré au moins 10 morts parmi les civils, dont trois enfants, après les frappes aériennes dans la zone de désescalade, en juin et en juillet.  Trente autres civils, dont 10 enfants, ont été blessés au cours de cette période.  Le haut fonctionnaire a pointé le danger des restes explosifs qui chaque année tuent ou blessent des enfants qui jouaient ou vaquaient à d’autres occupations.  

S’agissant de l’accès humanitaire, le Haut fonctionnaire a fait état de retards, aboutissant à une réponse humanitaire plus coûteuse, plus risquée, moins opportune et, en fin de compte, moins efficace.  Les agences des Nations Unies s’efforcent de travailler avec le poste frontière autorisé.  D’importants travaux routiers devront être effectués avant le début de l’hiver.  À l’intérieur de la Syrie, une mission interorganisations de l’ONU est arrivée dans le sud d’Edleb le 28 juillet, une zone reprise par les forces gouvernementales, il y a un an.  Des travaux sont en cours pour élaborer un plan d’intervention.  En ce qui concerne Roukban, l’opération humanitaire n’a toujours pas eu accès aux 12 000 personnes du camp, depuis septembre 2019, à part quelques camionneurs.   

Dans toute la Syrie, au cours du premier semestre de l’année, les opérations humanitaires ont aidé en moyenne 7,2 millions de personnes, chaque mois.  L’aide alimentaire, qui a profité à 5,4 millions de personnes en moyenne chaque mois et qui a été élargie, en juillet, aux personnes en quarantaine dans les centres de traitement de la pandémie, est d’autant plus critique que l’insécurité alimentaire continue de s’aggraver en Syrie.  Sans les contributions généreuses promises lors de la quatrième Conférence de Bruxelles, en juin, nous ne pourrions pas aider les gens dans toute la Syrie, a prévenu le Sous-Secrétaire général par intérim.  

Également au nom de la Belgique, l’Allemagne a rappelé l’appel, le mois dernier, de la représentante de la société civile, Mme Amany Qaddour, Directrice régionale de « Syria Relief & Development », a demandé au Conseil de « partager les risques auxquels sont exposés, tous les jours, les travailleurs humanitaires ».  La Journée mondiale de l’aide humanitaire, célébrée la semaine dernière, a été l’occasion de célébrer ces victimes, en particulier en Syrie laquelle est malheureusement en tête de liste des endroits les plus meurtriers pour les travailleurs humanitaires.  Mais suivons-nous la recommandation de Mme Qaddour?  Sommes-nous à la hauteur des attentes, s’agissant par exemple de la livraison de l’aide sur les routes les plus directes?  

L’Allemagne, à l’instar du Secrétaire général, a fait une première évaluation des conséquences de la fermeture du poste frontière de Bab el-Salam: la première livraison transfrontalière envoyée au nord d’Alep via Bab el-Haoua a rendu la réponse humanitaire plus coûteuse, plus risquée, moins opportune et, en fin de compte, moins efficace.  Cela doit changer, a prévenu l’Allemagne, le nombre de convois de camions devra augmenter de manière significative.  Compte tenu de la pandémie de COVID-19, il faut plus d’accès humanitaire, aujourd’hui et demain.  Il faut un accès durable, sûr et sans entrave et pas des livraisons sur des routes coûteuses qui font perdre du temps via Erbil, Damas ou Qamichli.  Ce qu’il faut, ce n’est sûrement pas un régime qui décide qui est « digne de recevoir de l’aide et qui ne l’est pas ». 

L’aide transfrontalière dans le Nord-Ouest ne fonctionne toujours pas, a tranché l’Allemagne.  La fermeture de Yaroubiyé, en janvier, et de Bab-al-Salam, le mois dernier, contredisent la logique humanitaire.  Nous espérons que les pays qui portent la responsabilité de cette situation, ont bien écouté les conséquences que vient de décrire l’OCHA.  S’agissant de la station d’eau d’Alouk, l’Allemagne a estimé qu’il n’y a tout simplement aucune excuse pour refuser l’accès à l’eau à des millions d’hommes, de femmes et d’enfants, surtout pendant les mois chauds de l’été et au beau milieu d’une pandémie.  Seul un règlement politique conforme à la résolution 2254 peut remettre la Syrie sur la voie de la paix.  C’est donc une très bonne nouvelle que les pourparlers de Genève puissent reprendre.  

La Tunisie s’est attardée sur la catastrophe humanitaire et socioéconomique qui se prépare en Syrie, en partie à cause des retombées de la pandémie de COVID-19 et de l’effondrement économique.  Elle a préconisé de mettre l’accent sur certaines priorités qui sont le cessez-le-feu, l’accès humanitaire, les soins de santé, la sécurité alimentaire et la réhabilitation des services publics essentiels.  La fin des hostilités et le rétablissement du calme dans toute la Syrie est à la fois une condition préalable urgente et un objectif à long terme, a estimé la délégation, mais aussi pour mettre la Syrie sur la voie d’une paix durable.  

La Tunisie a insisté sur l’importance d’une approche de l’aide humanitaire fondée sur les besoins de la Syrie, en utilisant toutes les voies d’accès possibles.  Elle a salué la reprise des opérations transfrontalières de Bab Al Hawa dans le nord-ouest de la Syrie et l’intensification de l’aide humanitaire globale depuis Damas au premier semestre 2020, y compris dans le nord-est.  La délégation a également pris note des progrès accomplis dans la planification de la mission transversale à Atareb dans le nord-ouest de la Syrie.  Les défis posés par l’utilisation d’un seul poste frontière mettent en évidence la nécessité de l’engagement, de la coopération et du dialogue entre les parties.  Parallèlement il faut renforcer le système de santé syrien sous-équipé et sous-financé et cela s’inscrit dans l’impératif plus large de réhabiliter les services publics essentiels tels que les hôpitaux, les écoles et les approvisionnements en eau, électricité et assainissement, a expliqué la délégation.  

Saint-Vincent-et-les Grenadines est préoccupé par la situation humanitaire désastreuse en Syrie.  La fusion des conflits, le ralentissement économique et les effets de la pandémie de COVID-19 ont considérablement intensifié l’urgence humanitaire.  Le mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontalière demeure donc un élément essentiel de la réponse humanitaire, a ajouté la délégation.  Il doit être renforcé et optimisé, en coordination avec le Gouvernement syrien et conformément aux principes directeurs de l’aide humanitaire.  L’élargissement des modalités transfrontalières doit également être prioritaire pour aider à combler les lacunes existantes.  

La dégradation de la situation socioéconomique en Syrie est préoccupante, a poursuivi la délégation.  Au milieu de ces défis, a dit Saint Vincent-et-les Grenadines, les cas de COVID-19 sont en hausse.  La délégation a demandé la levée de toutes les mesures coercitives unilatérales imposées à la Syrie car elles sapent la capacité du pays à lutter contre la pandémie et pèsent sur une économie déjà moribonde.  Elle a exhorté les parties au conflit à respecter le cessez-le-feu dans le nord-ouest et à faire preuve d’une retenue maximale, avant de demander une solution durable aux coupures fréquentes d’eau à Alouk.  Elle a aussi encouragé la communauté internationale à contribuer aux efforts de reconstruction de la Syrie.  La situation humanitaire ne s’améliorera pas sans un règlement politique du conflit, a conclu la délégation. 

L’Afrique du Sud a salué le travail des organisations humanitaires et du personnel de l’ONU en Syrie et a appelé la communauté internationale à contribuer davantage à ces efforts, tout en assurant la sécurité des travailleurs humanitaires dans le pays.  Elle s’est inquiétée de la dégradation de la situation humanitaire, de l’impact de la pandémie de COVID-19 et du sort des réfugiés et des déplacés, compte tenu de l’exiguïté des camps et de l’accès limité aux services d’eau et d’assainissement nécessaires.  L’Afrique du Sud a appelé à une solution durable à long terme pour éviter les pénuries d’eau et les perturbations ne se produisent plus.  Cela fait plus d’un mois que le programme d’aide humanitaire transfrontalier a été réduit à un seul poste-frontière, Bab el-Haoua, a rappelé L’Afrique du Sud.  Elle a demandé à tous les acteurs, en particulier, le Gouvernement syrien, à renforcer la coopération avec les agences humanitaires et à œuvrer à améliorer les modalités de passage.  

Compte tenu de la situation humanitaire et de l’impact de la pandémie de la COVID-19 dans toutes les régions de la Syrie, l’Afrique du Sud a souligné que les sanctions unilatérales ne font qu’aggraver une situation économique et humanitaire déjà grave.  Elle a demandé au Secrétaire général d’inclure dans ses rapports bimensuels un aperçu de l’impact des sanctions en Syrie.  

Le Niger a salué les efforts du Gouvernement syrien dans sa collaboration avec les Nations Unies et d’autres organisations humanitaires, ainsi que dans la lutte contre la COVID-19 et pour l’acheminement de l’aide.  La délégation a réitéré l’appel du Secrétaire général aux parties pour qu’elles facilitent le passage rapide et sans entrave de l’aide humanitaire.  Le Niger s’est dit préoccupé par la reprise des hostilités en dépit de l’accord de cessez-le-feu entre la Turquie et la Russie.  Elle a réitéré l’appel au cessez-le-feu global du Secrétaire général et la nécessité d’un effort commun face à la pandémie de COVID-19.  Mais cette lutte contre le coronavirus, a-t-il souligné, ne doit pas nous distraire de celle contre le terrorisme, d’autant plus que les preuves montrent que les groupes terroristes tentent de tirer parti de la situation actuelle.  Le Niger a aussi appelé tous les belligérants à la libération unilatérale et à grande échelle des détenus ainsi qu’à des actions plus significatives concernant les personnes disparues.  Les détenus, a-t-il insisté, doivent recevoir les soins médicaux nécessaires et les familles des personnes disparues, recevoir des éclaircissements sur le sort de leurs proches.  Le Niger a en outre condamné les nombreuses perturbations à la station d’eau d’Alouk, et attiré l’attention sur la résolution 2533 (2020) du Conseil de sécurité.  

L’Estonie a déploré d’emblée l’instabilité généralisée en Syrie qui sape la réponse humanitaire.  Elle a exigé la libération de toutes les personnes détenues arbitrairement, en particulier les femmes et les enfants, et souligné que la pandémie de COVID-19 a déjà directement affecté le processus politique syrien.  En effet, cette semaine, les discussions de la Commission constitutionnelle ont dû être reportées, après que trois cas ont été diagnostiqués à Genève parmi les membres de ladite Commission.  En réponse aux interventions de la Fédération de la Russie et de la Chine sur la question des sanctions, la délégation a répété qu’il n’y a absolument aucune preuve que les sanctions de l’Union européenne entravent la réponse humanitaire en Syrie.  La nourriture, les biens essentiels et les fournitures médicales ne sont pas soumis aux mesures restrictives de l’UE, a-t-elle précisé ajoutant que ces sanctions ne visent que certains individus qui soutiennent le régime syrien.  Après neuf ans de guerre, c’est bien le régime syrien qui porte la responsabilité principale de la détérioration de la situation humanitaire, a tranché l’Estonie.  

Le bien-être de millions de Syriens reste à la merci des calculs politiciens du « régime d’Assad » et de la Fédération de Russie, ont accusé d’emblée les États-Unis, en dénonçant les vetos russes et chinois « durs et inhumains » de cet été pour réduire l’accès humanitaire transfrontalier à un seul poste frontière, Bab el-Haoua.  La mort de huit enfants dans le camp de Hol, en moins d’une semaine, aurait pu être évitée si le poste frontière de Yaroubiyé était resté ouvert, ont affirmé les États-Unis.  Ils ont aussi dénoncé le manque de statistiques fiables et transparente sur l’épidémie « massive » dans la région de Damas et ailleurs dans les zones contrôlées par le « régime ».  Nous ne voyons pas clairement, ont-ils poursuivi, comment le Gouvernement syrien utilise l’aide qu’il a reçoit de la communauté internationale.  Ils ont demandé aux autorités syriennes de laisser les Nations Unies et les ONG internationales collecter librement les données et déterminer l’ampleur de la pandémie.  Les États-Unis ont réitéré leur soutien aux médecins et autres professionnels de la santé et acteurs humanitaires syriens ainsi qu’aux Casques blancs.  Ils ont dit suivre de près l’état de fonctionnement de la station d’eau d’Alouk et déclaré leur détermination à collaborer avec les parties concernées pour parvenir à une solution durable. 

Préoccupés aussi par les récentes frappes aériennes de la Fédération de Russie et les mouvements terrestres des Forces syriennes dans la province d’Edleb, les États-Unis ont insisté sur l’impératif de respecter l’accord de cessez-le-feu turco-russe du 5 mars, étant donné que la reprise des hostilités militaires pourrait avoir un impact profond et paralysant sur les livraisons d’aide à partir de Bab el-Haoua.  Parce qu’il n’y a pas d’autre alternative, ont-ils conclu, chaque membre du Conseil de doit veiller à ce que Bab el-Haoua reste ouvert.  Pour sa part, le « régime d’Assad » doit atténuer la propagation du coronavirus en libérant les personnes injustement détenues dans des « conditions horribles ».

La République dominicaine s’est inquiétée des risques que pose l’épidémie de COVID-19 sur un pays dont le système de santé s’est effondré.  Elle a salué les efforts menés par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) mais s’est dit extrêmement préoccupée par les niveaux d’insécurité alimentaire dans le pays.  Nous craignons, a-t-elle avoué, que la situation dans le nord-ouest, où deux millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire, ne se détériore encore davantage, compte tenu de la situation économique difficile et du risque toujours imminent de l’intensification des hostilités.  Une assistance « impartiale » fondée sur les besoins à la population, c’est ce qu’il faut, a dit la délégation, appelant à la volonté politique pour mettre fin à la souffrance des Syriens.  

La France a dit que la pandémie de COVID-19 continue de se propager, y compris dans le nord-ouest et le nord-est de la Syrie.  La réalité est probablement encore plus alarmante que ce que reflètent les chiffres.  Dans ce contexte, a ajouté la délégation, il est plus que jamais indispensable de mettre en place une cessation des hostilités immédiate et une pause humanitaire, conformément aux termes de la résolution 2532.  Cela est d’autant plus nécessaire que la trêve dans le nord-ouest reste fragile, a-t-elle insisté.  Pour la France, la priorité collective aujourd’hui est de parer à l’urgence et de répondre aux besoins humanitaires qui ne cessent de s’accroître en Syrie, mais également au Liban, où les besoins des réfugiés syriens et des communautés d’accueil sont exacerbés par les récents développements.  

Il faut cesser d’instrumentaliser l’aide humanitaire, s’est impatientée la délégation qui a appelé toutes les parties, en particulier le régime syrien, à garantir un accès humanitaire sûr et sans entrave à l’ensemble des personnes qui ont besoin d’aide.  La France a également regretté la fermeture du point de passage de Bab al-Salam et l’absence de consensus au sein du Conseil pour rouvrir le point de passage de Yaroubiyé, alors même que la propagation de la pandémie et l’aggravation de l’insécurité alimentaire rendent encore plus indispensable l’acheminement de l’aide dans le nord-est et le nord-ouest.   

Or, a-t-elle martelé, nous ne pouvons ignorer les conséquences de l’adoption de la résolution 2533 (2020): les opérations humanitaires dans le nord-ouest sont désormais plus coûteuses, plus risquées et avec des délais plus importants.  Seule une solution politique conforme à la résolution 2254 (2015) permettra de mettre un terme à la tragédie humanitaire et de stabiliser durablement le pays.  Tant qu’un processus politique crédible n’est pas fermement engagé, la France et l’Union européenne ne financeront pas la reconstruction, a-t-elle répété, en ajoutant « vous connaissez nos positions sur la levée des sanctions et la normalisation. Elles demeurent inchangées ». 

Le Viet Nam s’est dit attristé que le Conseil ait s’être habitué à entendre des informations et ces chiffres inquiétants chaque mois, dans une parfaite impuissance.  Il s’est dit préoccupé par la fragilité du système de santé et les attaques contre les professionnels de la santé qui sont aussi les premières victimes de la pandémie de COVID-19.  La délégation a réitéré l’importance d’un accès humanitaire rapide, sûr et sans entrave dans toutes les régions de la Syrie.  L’insécurité, la violence et les troubles dans le nord-ouest, le nord-est et d’autres régions doivent être atténués pour faciliter une aide humanitaire à temps et en quantités suffisantes, y compris l’assistance technique contre la pandémie.  Le Viet Nam a conclu en soulignant que la pénurie d’eau causée par les perturbations à la station d’eau d’Alouk nécessite une solution rapide et durable. 

Compte tenu de la situation économique extrêmement fragile en Syrie, la Chine a appelé la communauté internationale à soutenir le Gouvernement syrien et à aider la Syrie à défendre sa souveraineté et à gérer ses propres ressources naturelles.  Les gisements de pétrole de la Syrie appartiennent au peuple syrien, a-t-elle martelé, en dénonçant « un pillage étranger illégal ».  Des années de sanctions unilatérales, a-t-elle poursuivi, ont causé d’énormes difficultés au peuple syrien.  La Chine a exigé leur levée immédiate, compte tenu de leurs répercussions négatives sur l’économie syrienne, les moyens de subsistance des civils et la capacité de la Syrie à répondre à la COVID-19.  Elle a rappelé que le Secrétaire général, son Envoyé spécial et le Coordonnateur des secours d’urgence ont demandé eux aussi la levée de ces sanctions.  Les États-Unis doivent répondre t à ces appels, a insisté la Chine.  Elle n’a pas manqué de saluer les récentes opérations humanitaires transversales qui ont eu lieu de Damas vers le nord-est et le nord-ouest du pays.  L’ONU, a-t-elle estimé, doit renforcer sa coopération avec le Gouvernement syrien et intensifier les opérations à travers les lignes de front.  Face à l’intensification de la pandémie de COVID-19, la Chine a dit avoir fournir la semaine dernière deux lots de fournitures et équipements médicaux pour les enfants.  

Passant à la situation sécuritaire, la délégation a souligné que la lutte contre le terrorisme est une tâche de longue durée.  Le cessez-le-feu ne veut pas dire qu’il faut abandonner cette lutte.  Sur le plan politique, la Chine a réaffirmé son ferme soutien à un processus « contrôlé et dirigé par les Syriens, ainsi qu’à la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale de la Syrie ».  Elle a conclu en rejetant « les accusations sans fondement  » des États-Unis.  Cette propagande politique et ces mensonges flagrants sont devenus des clichés dans les déclarations américaines, a-t-elle ironisé.  « Cessez de politiser la question humanitaire syrienne et joignez vos actes à la parole », a-t-elle conseillé. 

Pour le Royaume-Uni, la décision de certains membres de ce Conseil d’opposer leur veto aux résolutions des 7 et du 10 juillet lesquelles qui auraient autorisé des passages frontaliers suffisants de l’aide humanitaire a eu l’impact que nous craignions tous, et c’est le peuple syrien qui en souffre.  Il est tout aussi clair , a poursuivi la délégation, que le cessez-le-feu dans le nord-ouest est de plus en plus fragile et l’augmentation inquiétante du nombre de cas de COVID-19 ont encore plus poussé la Syrie au bord de la catastrophe humanitaire.  Le report temporaire des pourparlers de la Commission constitutionnelle parce que certains membres des trois délégations ont été testés positifs à la COVID-19 illustre à quel point la maladie est répandue et montre à la fois le coût humain et l’impact sur les travaux visant à créer une nouvelle Syrie.  La poursuite brutale du conflit par le « régime syrien » a empêché toute la Syrie à bien se préparer à une pandémie.  

Pour y faire face, il est essentiel que l’OMS ait un accès humanitaire.  Toutes les agences de l’ONU doivent être autorisées à fournir de l’aide à ceux qui en ont besoin, quand ils en ont besoin et sans obstruction, y compris dans le camp de Roukban.  Le « régime » et la Fédération de Russie doivent laisser entrer les convois de l’ONU et apporter une aide médicale aux 12 000 déplacés du camp. S’agissant de l’aggravation de l’insécurité alimentaire, le Royaume-Uni s’est dit profondément préoccupé par le fait que le Programme alimentaire mondial (PAM) n’a pu aider que 4,4 millions sur les 9,3 millions qui avaient besoin d’aide, en juillet dernier.  Ce problème sera encore plus exacerbé si nous ne répondons pas correctement à la menace de la COVID-19, a prévenu le Royaume-Uni.  Si Damas continue d’empêcher l’ONU d’apporter une aide transfrontalière adéquate, sûre et rapide, le Conseil devra sans doute réexaminer la question dès que possible, a menacé la délégation.  

La Fédération de Russie a regretté les problèmes auxquels les acteurs humanitaires sont confrontés pour obtenir les approbations nécessaires pour le passage de leurs convois.  Elle s’est interrogée sur la pertinence de la Déclaration d’engagement qui a été signée entre certains groupes de l’opposition armés, sous les auspices de l’OCHA.  Cela prouve clairement, a fait observer la Fédération de Russie, que la promotion d’un dialogue avec les terroristes est une mauvaise approche.  

La Fédération de Russie s’est félicitée de l’augmentation du nombre de missions des Nations Unies menées depuis la Syrie entre juin et juillet par rapport à la période entre avril et mai, la délégation a exhorté l’ONU à intensifier sa coopération avec Damas et à organiser le convoi conjoint ONU-Croissant-Rouge arabe syrien-Comité international de la Croix-Rouge (CICR) vers les villes enclavées d’Attareb et Daret Izza.  Le premier convoi ONU-Croissant-Rouge arabe syrien à Edleb, le 28 juillet dernier, prouve que le prétexte de la COVID-19 ne doit plus être utilisé comme excuse pour maintenir en attente le convoi tripartite.  

La Fédération de Russie s’est aussi inquiétée des perturbations à la station d’eau d’« Alouk ».  Elle a exhorté ceux qui contrôlent le nord-est de la Syrie à fournir toutes les conditions nécessaires au fonctionnement normal de la station. Notant que 52% des 85 tonnes des fournitures médicales de l’OMS arrivées d’Erbil en juin dernier ont été remis à 16 hôpitaux, en dehors de la zone contrôlée par le Gouvernement dans le nord-est, la Fédération de Russie a jugé infondées les allégations des « collègues occidentaux » sur une utilisation abusive de l’aide humanitaire voire un détournement par le Gouvernement syrien. 

La délégation russe a fustigé le caractère contreproductif des sanctions occidentales qui sapent la relance économique et entravent la reconstruction des infrastructures principalement sociales.  Ces sanctions compliquent les efforts du Gouvernement syrien pour développer des relations commerciales avec ses partenaires internationaux mais aussi le travail des acteurs humanitaires.  Le secteur pétrolier syrien est soumis à la « loi Ceasar » à l’exception des champs pétrolifères contrôlé par les États-Unis, via le très célèbre « Delta Crescent Energy LLC ».  Il est d’ailleurs étonnant, a fait observer la Fédération de Russie, que ces champs, qui ne sont pas sous le contrôle du Gouvernement syrien, bénéficient de dérogations au régime des sanctions.  

De plus en plus de journalistes et de fonctionnaires de l’ONU dénoncent le caractère contreproductif des sanctions, a affirmé la délégation, en citant l’ONG britannique « Humanitarian Aid Relief Trust », dirigée par la baronne Caroline Cox, membre de la Chambre des Lords.  La Fédération de Russie a donc exhorté les membres du Conseil de sécurité à écouter les travailleurs humanitaires et à reconsidérer leur approche de l’aide et de la reconstruction post-conflit, en reconnaissant le caractère « injustifiable » des sanctions.  

L’Indonésie a déclaré qu’avec plus de 11 millions de personnes ayant déjà besoin d’aide humanitaire, l’on ne peut qu’être profondément préoccupée par la fragilité de la situation économique, la propagation de la COVID-19, les hostilités en cours dans certaines régions du pays et l’insécurité alimentaire.  L’Indonésie a donc insisté sur un accès humanitaire rapide, sûr et sans entrave.  Elle a pris note du fait que les opérations humanitaires sont devenues plus coûteuses, moins rapides et plus risquées.  Concernant la station d’eau d’Alouk, elle a félicité l’ONU et ses partenaires pour leurs efforts visant à résoudre ce problème et pour avoir intensifié le ravitaillement par camions-citernes.  Toutefois, a demandé la délégation, il est important d’assurer une solution durable à ce problème.  L’Indonésie a également exhorté toutes les parties à cesser immédiatement toutes les formes de violence.  Les millions de Syriens doivent être protégés d’une autre dévastation, a conclu l’Indonésie, en se félicitant de la reprise des travaux de la Commission constitutionnelle à Genève. 

La Syrie a dénoncé d’emblée des membres du Conseil de sécurité qui font preuve de sélectivité flagrante sur la situation humanitaire dans son pays pour protéger les organisations terroristes qu’ils contrôlent.  Ces mêmes gouvernements ont délibérément négligé les conditions humanitaires catastrophiques vécues par les Syriens dans d’autres zones occupées par les forces américaines et turques et les crimes des milices séparatistes et d’autres organisations terroristes.  Pour la délégation, les souffrances dans le nord-ouest de la Syrie ne se sont pas limitées aux pratiques criminelles de Daech ni aux crimes de la « Coalition internationale illégale ».  Non, elles ont été exacerbées, en quantité et en qualité, par les crimes de l’occupation américaine et turque. 

Aujourd’hui, et depuis plus de 20 jours, plus d’un million de civils syriens dans la ville d’Hassaké et ses environs, dans le nord-est de la Syrie, sont confrontés à la soif et à la privation d’eau alors que le régime turc continue de commettre ses crimes, utilisant l’eau comme arme de guerre pour punir les habitants de la ville, y compris les femmes, les enfants et les personnes âgées, parce qu’ils refusent l’occupation et tiennent à leur pays, a déclaré la délégation.  

Avec la bénédiction de l’Administration américaine, a-t-elle ajouté, les forces d’occupation turques et leurs mandataires, ont coupé l’eau potable de la station d’Alouk et les puits qui l’alimentent plus de 16 fois et pour des périodes variables, dont la dernière s’est prolongée pendant plus de 20 jours.  À ce jour, la ville d’Hassaké a soif, compte tenu des conditions climatiques extrêmes et des menaces pour la santé associées à la propagation de la pandémie de COVID-19.  En dépit de nos protestations au Conseil et au Secrétaire général, nous n’avons vu aucune mesure concrète du premier pour mettre fin à ces atrocités, a dit la Syrie. Elle a condamné l’incapacité du « régime turc et de ses partisans » à réagir aussi rapidement que nécessaire.  Elle a aussi déploré la position du Coordonnateur des secours d’urgence, M. Mark Lowcock, qui est pourtant censé incarner le visage humain des Nations Unies.  Au lieu de condamner les crimes de l’occupation turque dans ses exposés, il a remercié le régime turc pour avoir facilité le déploiement d’une équipe technique à la station d’Alouk, feignant d’ignorer que c’est le régime turc qui a bombardé la station et attaqué ses travailleurs, pendant « l’opération de printemps pour la paix ».   

Cette station est une installation civile qui fournit l’eau potable à plus d’un million de civils syriens.  Le bombardement ou la coupure de son approvisionnement en eau est un acte barbare, un crime de guerre et un crime contre l’humanité en vertu du droit international humanitaire, y compris les Conventions de Genève relatives.  Ce crime exige une action urgente de l’ONU pour mettre fin à cette occupation et aux souffrances du peuple Hassaké « qui a soif ».  Je m’attendais, a avoué le Syrie, à ce que M. Lowcock conduise une manifestation devant la Mission permanente de la Turquie à New York pour protester contre la privation d’eau potable de la ville d’Hassaké.  Si M. Lowcock est partial et incapable de prendre une posture professionnelle, objective et crédible, pourquoi les soi-disant porte-plumes humanitaires de ce Conseil n’ont-ils pas adopté au moins une déclaration présidentielle condamnant le fait qu’Erdogan a ciblé la station civile d’eau d’Alouk et utilisé l’eau comme arme pour punir les civils? 

La Syrie a fustigé des porte-plumes clairement loyaux envers l’OTAN et ses politiques agressives qui ne respectent ni le droit international, ni la Charte des Nations Unies ni des droits de l’homme.  Il y a deux jours, a-t-elle poursuivi, la « Coalition internationale » a reconnu avoir tué 1 377 civils, les considérant comme des « dommages collatéraux ».  Bien sûr, le nombre est bien plus élevé mais cette question passera inaperçue tant que l’Allemagne et la Belgique seront les deux porte-plumes humanitaires du Conseil.  « Le droit international est devenu l’agneau dont les soins sont confiés à un troupeau de loups. »

L’État syrien et les organisations humanitaires syriennes ont tout fait pour avoir de l’eau potable mais les besoins dépassent les capacités, compte tenu de l’occupation turque et américaine.  La Syrie a demandé à l’OCHA et aux pays et dirigeants de l’Union européenne de « sortir de leur sommeil » et de respecter les fondements moraux et juridiques sur lesquels repose cette organisation internationale. 

La délégation a aussi dénoncé les organisations terroristes qui, le 24 août 2020, ont explosé le gazoduc alimentant les centrales électriques syriennes et ce terrorisme économique est pratiqué par certains États Membres de cette Organisation qui imposent des mesures unilatérales, y compris la soi-disant « Ceasar Act ».  Ces gouvernements, parfois par l’intermédiaire des milices séparatistes et d’organisations terroristes, pillent le pétrole, le gaz, les antiquités, le blé et les produits agricoles, prenant soin de détruire les infrastructures civiles.  

Tous ces crimes visent à étouffer le citoyen syrien, à entraver le processus de reconstruction, à empêcher le retour des personnes déplacées et à exercer davantage de pression sur le Gouvernement syrien pour qu’il fasse des concessions politiques.  L’attentat terroriste, a fait observer la Syrie, a d’ailleurs coïncidé avec le début du troisième cycle de la Commission constitutionnelle à Genève. 

La délégation a aussi attiré l’attention sur une étude publiée du « CANS New American Security Center » qui a appelé Washington à transformer le blé comme arme pour affamer les civils en Syrie et obtenir du Gouvernement syrien et de la Fédération de Russie des concessions en faveur des intérêts américains dans la région.  Dénonçant cette logique aussi « tordue » que celle d’Erdogan, la Syrie a insisté sur la responsabilité de l’Administration américaine, de ses milices terroristes et de certains gouvernements de l’Union européenne dans la situation actuelle dans le camp de Hol. 

Selon la Turquie, la résolution 2533 (2020) est un coup dévastateur pour la Syrie, qui est au bord d’une épidémie généralisée de COVID-19 avec une infrastructure sanitaire gravement affaiblie.  La perte du point de passage de Bab al-Salam a interrompu l’accès direct à certaines parties du nord d’Alep, a déploré la délégation.  Depuis la fermeture de ce point de passage, la Turquie avec l’OCHA, s’efforce de répondre aux immenses besoins humanitaires dans le nord-ouest en augmentant la capacité du point de passage de Bab el-Haoua.  Toutefois, a-t-elle nuancé, l’accès de Bab el-Haoua sera limité et l’ONU devra faire face à des coûts et des défis supplémentaires liés aux longues distances.  L’accès dit « transversal » ne sera pas une option pour le nord-ouest et ne pourra jamais remplacer les livraisons humanitaires transfrontalières.   

Sur le front de la pandémie, a ajouté la délégation, les moyens et les mesures pour lutter contre une éventuelle épidémie sont insuffisants.  On estime que la Syrie n’a la capacité de traiter que 6 500 cas de COVID-19.  À ce jour, dans tout le pays, au moins 60 médecins ont perdu la vie à cause de la COVID-19.  En outre, nous ne pouvons jamais connaître la gravité de la situation dans les zones contrôlées par le régime, car il n’y a pas d’information fiable, a accusé la Turquie.  Le nord-ouest de la Syrie est la région la mieux préparée pour atténuer les effets d’une épidémie, en raison de l’aide médicale apportée depuis la Turquie, s’est enorgueilli la délégation.  Cependant, depuis que le premier cas de COVID-19 a été enregistré dans la région, le nombre croissant de cas reste préoccupant.  

Concernant l’accès à l’eau et à l’assainissement, la Turquie a qualifié de mensonges les propos de son homologue syrien sur la station d’eau d’Alouk avant de donner sa version des choses.  Les pompes à eau desservant la station fonctionnent à partir de l’électricité fournie par le barrage de Techrine, qui est sous le contrôle du Parti des travailleurs du Kurdistan/Unités de protection du peuple (PKK/YPG).  L’électricité à Alouk a été régulièrement et délibérément coupée par l’organisation terroriste PKK/YPG depuis novembre dernier.  Grâce à nos démarches répétées auprès de ceux qui ont une influence sur le PKK/YPG, l’électricité à Alouk est revenue et le pompage de l’eau de la station a été récemment rétabli. Cependant, sa durabilité et l’approvisionnement en eau à Hassaké dépend de l’approvisionnement en électricité sans interruption. Nous sommes prêts à travailler avec l’ONU afin de trouver une solution durable, a promis la délégation qui a ajouté qu’il ne faut pas laisser les organisations terroristes et le régime d’Assad utiliser les ressources en eau comme une arme pour affaiblir davantage le peuple syrien.  

S’agissant du cessez-le-feu à Edleb, la Turquie poursuit ses efforts de le préserver, a dit la délégation malgré les violations commises par le régime.  La seule façon de mettre fin au conflit syrien est par le biais du processus de solution politique dirigé par l’ONU, conformément à la résolution 2254 (2015).  Elle a salué la reprise de la troisième réunion de la Commission constitutionnelle le 24 août à Genève.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.