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Conseil de sécurité: la contraction de la croissance économique due à la COVID-19 risque de créer des troubles sociaux en Afrique centrale, prévient le Chef du Bureau de l’ONU pour la sous-région

Aujourd’hui au Conseil de sécurité, le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC) a tiré la sonnette d’alarme.  M. François Louncény Fall a prévenu que la pandémie de COVID-19 qui touche les 11 pays de la sous-région a provoqué une contraction de 2,3% de la croissance économique.  Ce ralentissement des activités économiques, a-t-il averti, prive les États des ressources dont ils ont besoin pour répondre à l’impact socioéconomique de la pandémie, avec le risque de créer des troubles sociaux. 

Distanciation sociale oblige, c’est chacun dans sa mission que les 15 membres du Conseil font leur déclaration et dialoguent avec leurs invités, grâce à un système de visioconférence conçu spécialement pour eux. 

Le Chef du BRENUAC a insisté sur le fait que les gouvernements d’Afrique centrale sont désormais obligés de choisir entre les dépenses urgentes en matière de santé publique et les autres priorités, risquant de ne pas disposer des ressources nécessaires pour le bon fonctionnement des institutions nationales et le financement de réformes cruciales.  M. Fall a annoncé la tenue, au mois de juillet, du Sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement de la sous-région qui devrait se pencher sur la « Stratégie de lutte contre la COVID-19 et ses implications » qu’a adoptée la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC).  Le Chef du BRENUAC a demandé un soutien international à un autre document, la Stratégie régionale de stabilisation, de relèvement et de résilience des zones touchées par Boko Haram dans le bassin du lac Tchad. 

Le Représentant spécial a en outre indiqué que l’éradication de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), l’atténuation de l’impact des changements climatiques sur la paix et la sécurité, et la lutte contre l’insécurité maritime dans le golfe de Guinée demeurent les priorités de la sous-région.  Les mesures individuelles et collectives prises par les pays de la sous-région sont encourageantes et méritent d’être soutenues par la communauté internationale, a-t-il souligné.

La France a dit avoir promis une somme de 1,2 milliard d’euros, notamment pour contribuer à la lutte de l’Afrique contre la COVID-19, et lancé une initiative dans le cadre du G20 et du Club de Paris pour un moratoire sur le service de la dette des pays touchés par la pandémie.  Des mesures, a-t-elle fait observer, qui profitent au Tchad, à la République du Congo et au Cameroun.  Les 11 pays d’Afrique centrale recevront une enveloppe de de 100 millions sur le milliard de dollars que les États-Unis ont dit avoir déboursé pour l’aide sanitaire, humanitaire, économique et au développement dans l’ensemble du continent.

La situation la plus commentée aujourd’hui a été celle du Cameroun où, après la publication des enquêtes du Gouvernement sur l’attentat de Ngarbuh, l’armée a annoncé l’inculpation pour meurtres et le placement en détention de trois officiers militaires.  Appuyant, par ailleurs, les revendications de la société civile, plusieurs membres du Conseil ont réclamé une enquête indépendante sur la mort du journaliste Samuel Ajiekah Abuwe dit Wazizi.  Mais le lancement, le 3 avril dernier, d’un programme présidentiel pour la reconstruction et le développement des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations du dialogue national d’octobre 2019, a été vu comme une avancée.  L’Afrique centrale continue de faire face à de nombreux défis qui devraient être amplifiés par la COVID-19 « dans des proportions que nous ne pouvons pas encore évaluer avec exactitude pour le moment », s’est tout de même inquiété le Chef du BRENUAC.

La Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites en visioconférence dont les textes ont été transmis à temps par la Division des affaires du Conseil de sécurité.

M. FRANÇOIS LOUNCÉNY FALL, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC), a déclaré que la pandémie de COVID-19 affecte tous les 11 pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) avec, à la date du 11 juin, 21 929 cas confirmés et 462 décès.  La crise économique, qui est une conséquence majeure de la pandémie, a provoqué une contraction de 2,3% de la croissance.  Le ralentissement des activités économiques dû à la COVID-19 prive les États des ressources dont ils ont besoin pour répondre à l’impact socioéconomique de la pandémie, avec le risque de créer des troubles sociaux, a prévenu le haut responsable.  Puisque les gouvernements sont obligés de choisir entre les dépenses urgentes en matière de santé publique et les autres priorités, ils risquent de ne pas disposer des ressources nécessaires pour le bon fonctionnement des institutions nationales et le financement de réformes cruciales, a expliqué M. Fall. 

Je suis heureux, a-t-il néanmoins confié, de constater que les gouvernements et institutions régionales de l’Afrique centrale ont pu s’adapter au nouveau contexte de crise.  Après l’adoption, en décembre 2019, d’une ambitieuse réforme visant à renforcer son efficacité et moderniser ses structures, la CEEAC a examiné, les 3 et 4 juin, les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la réforme institutionnelle, ainsi que la situation en République centrafricaine et les efforts régionaux contre la COVID-19.  La réunion a adopté les quatre axes de la Stratégie de lutte contre la COVID-19 et ses implications en Afrique centrale: prévenir la propagation du virus; limiter le taux de mortalité et gérer les cas positifs; répondre à l’impact socioéconomique et sécuritaire de la COVID-19; et répondre aux problèmes de sécurité transfrontalière créés par la pandémie.  Un sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement est prévu en juillet par visioconférence, a dit M. Fall.

Le BRENUAC continue de mobiliser les entités des Nations Unies pour soutenir l’organisation sous-régionale pendant cette période cruciale de son évolution, a assuré son chef.  Un groupe de travail conjoint BRENUAC-CEEAC a été créé à cet effet.  Il a tenu deux réunions virtuelles successives avec les coordonnateurs résidents des Nations Unies dans la sous-région, afin d’assurer une coordination de leurs efforts au niveau des pays avec les initiatives régionales, notamment celles prises par la CEEAC.  De plus, a-t-il continué, le BRENUAC est resté en contact étroit avec les missions et bureaux régionaux des Nations Unies, y compris les missions en République centrafricaine et en République démocratique du Congo, le Bureau de l’Envoyé spécial pour la région des Grands Lacs et le Bureau de l’Envoyé spécial pour le Burundi, afin de promouvoir la cohérence dans les actions de l’ONU en faveur de la paix et de la sécurité en Afrique centrale. 

M. Fall a reconnu que la persistance des conflits armés dans certaines parties de l’Afrique centrale sape les efforts face aux défis posés par la COVID-19.  Un certain nombre de conflits dans la sous-région se poursuivent en dépit de l’appel lancé par le Secrétaire général le 23 mars pour un cessez-le-feu mondial.  Il a salué la mobilisation des armées du Cameroun et du Tchad, notamment dans le cadre de la Force multinationale mixte (FMM), pour lutter contre le terrorisme dans le bassin du lac Tchad.  L’opération « Colère de Boma », lancée par l’armée tchadienne entre fin mars et début avril, semble avoir considérablement affaibli Boko Haram, a informé le Représentant spécial qui a souligné que l’expérience montre que les pays de la région ne pourront éradiquer le groupe qu’à travers une stratégie bien coordonnée combinant des approches militaires et non militaires, le renforcement de la FMM, et des initiatives visant à s’attaquer aux causes profondes de la crise.  Il a demandé un soutien international accru à la mise en œuvre de la Stratégie régionale de stabilisation, de relèvement et de résilience des zones touchées par Boko Haram dans le bassin du lac Tchad. 

L’Armée de résistance du Seigneur (LRA), bien qu’affaiblie, continue de tuer, de piller et d’enlever des civils et des enfants, a aussi avoué M. Fall qui a appelé les acteurs régionaux à renforcer leur coopération et à mobiliser les ressources nécessaires pour vaincre la LRA.  La question urgente de l’impact des changements climatiques sur la paix et la sécurité en Afrique centrale reste une priorité majeure dans les efforts de prévention des conflits et de maintien de la paix dans cette sous-région.  La priorité est aussi de contrer la menace croissante de l’insécurité maritime dans le golfe de Guinée, où un nombre croissant d’actes de piraterie ont été enregistrés ces derniers mois. 

Le Chef du BRENUAC a en outre fait savoir que dans plusieurs pays, des poursuites judiciaires ont été engagées contre des personnalités éminentes pour allégations de détournement de fonds publics.  Il a réaffirmé le soutien de son Bureau à la lutte contre la corruption en Afrique centrale et a exhorté les États à garantir un procès équitable aux personnes impliquées.  Au Cameroun, à la suite de la publication des enquêtes du Gouvernement sur l’attentat de Ngarbuh, l’armée a annoncé hier que trois officiers militaires sont accusés de meurtre et placés en détention provisoire à la prison militaire de Yaoundé.  Le 8 juin, le Réseau camerounais des organisations des droits de l’homme a recommandé au Gouvernement de créer une commission d’enquête indépendante sur la mort du journaliste Samuel Ajiekah Abuwe, connu sous le nom de Wazizi.  Le lancement, le 3 avril, d’un programme présidentiel pour la reconstruction et le développement des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest est une autre avancée importante qui devrait être consolidée par la poursuite du dialogue et la cessation des hostilités. 

Au Congo, M. Fall a exhorté les autorités à prendre les mesures nécessaires pour renforcer la confiance dans les plateformes de dialogue prévues par la Constitution, y compris le Conseil national du dialogue, et a invité les autres parties prenantes à y participer de bonne foi.  Il a enfin salué les efforts de Sao Tomé-et-Principe en faveur d’une réforme judiciaire consensuelle visant à protéger le pays de l’instabilité institutionnelle, à garantir l’indépendance du pouvoir judiciaire et à lutter contre la corruption.  L’ONU soutient le Gouvernement dans ce processus, a assuré le Représentant spécial. 

L’Afrique centrale continue de faire face à de nombreux défis.  La COVID-19 devrait amplifier ces défis dans des proportions que nous ne pouvons pas encore évaluer avec exactitude pour le moment, a dit craindre le Représentant spécial.  Toutefois, les mesures individuelles et collectives prises par les pays et la sous-région pour contenir la pandémie et relever les autres défis auxquels ils sont confrontés sont encourageantes et méritent d’être soutenues par la communauté internationale, a-t-il affirmé. 

Les États-Unis se sont dits particulièrement préoccupés par l’impact de la COVID-19 en Afrique centrale.  Les effets de la crise sur les économies, dont celles qui dépendent des revenus pétroliers pour soutenir la croissance, soulignent la vulnérabilité de la sous-région aux chocs mondiaux.  Les États-Unis se sont dits déterminés à soutenir la riposte à la COVID-19 et rappelé qu’ils ont déboursé plus d’un milliard de dollars pour l’aide sanitaire, humanitaire, économique et au développement.  De ce montant, environ 100 millions de dollars sont allés exclusivement aux pays d’Afrique centrale.  Les États-Unis ont attiré l’attention du Conseil sur la situation au Cameroun où le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a comptabilisé près de 680 000 déplacés dans le nord-ouest et le sud-ouest du pays.  Ils ont dit craindre que la pandémie n’aggrave cette crise humanitaire .  Les États-Unis se sont également dits profondément préoccupés par la mort du journaliste Samuel Wazizi, détenu pendant plus de 300 jours dans une prison militaire.  Ils ont réclamé une enquête indépendante et la publication des conclusions.

Également au nom de l’Indonésie, le Viet Nam a noté que la plupart des pays de la sous-région sont au milieu de leurs cycles électoraux.  Les années 2020 et 2021 sont donc déterminantes, dans un contexte d’insécurité et d’instabilité persistantes.  Avec la propagation de la pandémie de COVID-19, la situation devient encore plus précaire et requiert une attention particulière, a dit la délégation.  Le Viet Nam a souligné l’importance de prendre de mesures durables pour soutenir les efforts diplomatiques et politiques en cours, améliorer le processus de réconciliation aux niveaux national et régional, lutter plus efficacement contre la menace des groupes armés, améliorer la gestion des ressources naturelles et créer des opportunités d’un développement équitable et durable.  Le Viet Nam a dit partager le point de vue du Secrétaire général sur la nécessité de renforcer le partenariat entre les gouvernements et les différents acteurs politiques et sociaux pour garantir le succès des élections. 

Il faut croire au potentiel de l’Afrique centrale et de ses peuples, a encouragé le Viet Nam, en saluant le rôle moteur de l’Union africaine et de la CEEAC.  Il a aussi salué le train de mesures liées à la réforme institutionnelle de la CEEAC et les efforts visant l’amélioration des relations entre les États concernés, y compris entre l’Angola et la République démocratique du Congo et entre le Rwanda et l’Ouganda.  Le Viet Nam n’a pas manqué de relever la rapidité avec laquelle les États de la sous-région se sont attaqués à la propagation de la COVID-19.  La forte volonté politique des pays d’Afrique centrale mérite le soutien des entités des Nations Unies et des autres partenaires internationaux, a souligné le Viet Nam, en insistant aussi sur l’appui du Conseil de sécurité.

La Fédération de Russie a constaté que les pays d’Afrique centrale font face à des défis complexes auxquels s’est ajoutée la pandémie de coronavirus.  Elle a appuyé les efforts déployés par le Président Touadéra pour stabiliser la situation en République centrafricaine, notant l’importance que cela revêt à l’approche des élections.  L’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine du 6 février 2019 a déjà joué un rôle positif et demeure la base à partir de laquelle doivent être prises des mesures supplémentaires pour résoudre la situation dans le pays.  La Fédération de Russie, a précisé la délégation, continuera d’appuyer le processus de réconciliation nationale et de coordonner les efforts avec les parties qui participent à la recherche de moyens pour normaliser la situation.

Passant à la situation dans les provinces anglophones du Cameroun, la Fédération de Russie a souligné que la solution ne pourra être trouvée qu’en passant par la table des négociations.  Elle a exhorté les parties camerounaises à faire preuve de la plus haute retenue et à renoncer à la violence.  Elle a aussi espéré que les initiatives approuvées seront pleinement mises en œuvre.

L’Estonie a constaté que la pandémie n’a fait qu’aggraver les menaces à la paix et à la sécurité dans la région.  Le terrorisme et l’extrémisme violent subsistent, Boko Haram ayant accru ses attaques au Tchad et dans le nord du Cameroun.  Cibler les civils et tirer profit de la pandémie afin d’intensifier ses attaques est particulièrement horrible, a dit la mission.  Elle a condamné les attaques contre le personnel humanitaire et médical qui essaye d’atténuer les conséquences de la crise humanitaire grandissante et de sauver des vies, en luttant contre la rougeole, le choléra et maintenant la COVID-19.  S’agissant du Cameroun, l’Estonie a salué les mesures prises par le Gouvernement en vue de mettre en œuvre les recommandations du dialogue national.  Elle s’est dite en revanche vivement préoccupée par la détérioration de la situation humanitaire et des droits humains, en particulier les abus contre les femmes et les enfants.  Elle a demandé un accès humanitaire sans entrave et l’établissement des responsabilités pour les violations commises afin d’éviter une culture de l’impunité, qui n’engendrera que plus de violence.  La délégation a appuyé les actions du BRENUAC au Cameroun en vue d’insuffler un élan politique pour la paix et la réconciliation et a espéré que les améliorations sur le plan politique se traduiront rapidement par des améliorations sur le plan sécuritaire et celui des droits de l’homme.  Enfin, l’Estonie a jugé qu’il ne fait aucun doute que les changements climatiques continueront d’affecter la paix et la sécurité internationale.  Elle a réclamé une « action résolue » contre cette menace.

La République dominicaine a salué les mesures prises par les pays de l’Afrique centrale pour atténuer l’impact de la COVID-19.  Ils doivent, a-t-elle préconisé, continuer de renforcer la coopération régionale.  À cet égard, elle s’est félicitée des efforts déployés par les Présidents de l’Angola et de la République démocratique du Congo pour renforcer les relations entre les pays des Grands Lacs et a espéré que ces initiatives diplomatiques permettront de progresser sur les questions nationales et régionales en suspens.  Le Cameroun, a relevé la République dominicaine, a aussi pris une mesure positive en mettant en œuvre les recommandations du dialogue national.  Malgré cela, a-t-elle reconnu, la situation sécuritaire dans les régions de l’extrême-nord, du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun demeure préoccupante, comme en témoignent les violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire.  La République dominicaine a déploré la mort du journaliste camerounais Samuel Wazizi dont les circonstances doivent être clarifiées et les responsables, traduits en justice.  Il est très important que les autorités camerounaises garantissent que les organisations nationales et internationales des droits de l’homme et les médias puissent travailler sans entrave. 

Dans un contexte plus large, la République dominicaine a regretté que la situation sécuritaire dans certaines parties de la sous-région reste instable en raison des activités des groupes armés, sans oublier l’impact des changements climatiques sur la sécurité humaine et les moyens de subsistance.  La situation humanitaire dans diverses parties de l’Afrique centrale continue d’être difficile, comme au Cameroun où l’escalade de la violence et de l’insécurité affecte civils et travailleurs humanitaires, a encore noté la République dominicaine, avant de saluer les efforts du BRENUAC pour promouvoir le dialogue, la confiance et la réconciliation entre les pays de la sous-région.

Le Royaume-Uni a dit être préoccupé par la situation dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun et a réitéré l’appel du Secrétaire général à la retenue en ce qui concerne les attaques contre les civils.  Il a appelé à la fin de la violence et a demandé un accès humanitaire sans entrave aux populations touchées.  Il a exhorté les agences de l’ONU à intensifier leurs mécanismes de réponse rapide particulièrement pour faire face aux violences basées sur le genre.  Le Royaume-Uni a salué les mesures prises par le Gouvernement camerounais pour appliquer les recommandations du dialogue national d’octobre 2019.  Un dialogue inclusif supplémentaire est essentiel selon lui pour progresser vers un règlement juste, pacifique et durable de la crise.  La délégation a exhorté toutes les parties à rester engagées dans les efforts de consolidation de la paix.  Les abus et les violations des droits de l’homme dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest doivent cesser.  L’enquête conjointe menée par le Gouvernement camerounais et l’ONU sur les effroyables attaques de Ngarbuh en février et la publication des conclusions attribuant la responsabilité aux soldats camerounais sont des mesures bienvenues, a estimé le Royaume-Uni. 

Il est important que les droits de l’homme -y compris la liberté d’expression, d’association et de réunion- soient respectés et que toutes les informations concernant des violations des droits de l’homme fassent l’objet d’enquêtes et de poursuites, a réclamé la délégation.  « Le droit de participer à un débat et à des manifestations politiques doit être protégé car c’est la pierre angulaire de toute démocratie. »  La situation humanitaire dans le bassin du lac Tchad reste également préoccupante, a poursuivi la délégation en s’inquiétant des conséquences de la propagation de la COVID-19 et du retrait des acteurs humanitaires.  Le Royaume-Uni reconnaît l’importance de la coopération régionale pour soutenir la stabilité dans le bassin du lac Tchad, notamment par le biais de la Force multinationale mixte. 

En ce qui concerne la situation au Burundi, le Royaume-Uni a réitéré l’importance pour tous les acteurs de préserver un climat pacifique pendant cette période de transition et a dit attendre avec intérêt de travailler avec le Président élu.  La délégation s’est dite préoccupée également par la situation sécuritaire et humanitaire en République centrafricaine et par les tentatives des groupes armés de saper l’accord de paix et les progrès vers la stabilité.  La délégation a appelé les groupes armés à adhérer à l’accord de paix et à respecter l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu.

L’Afrique centrale connaît un certain nombre de progrès, mais reste une région fragile, confrontée à de nombreux défis d’ordre politique, sécuritaire, humanitaire ou relatifs aux droits de l’homme, a indiqué la France.  « La situation très volatile de la République centrafricaine en est l’illustration. »  Elle a noté que l’accord de paix est remis en cause par les groupes armés, la période préélectorale attisant les tensions politiques.  Le bassin du lac Tchad fait face à la menace persistante de Boko Haram et le golfe de Guinée reste l’épicentre de la piraterie au niveau mondial, malgré les initiatives louables des pays de la région.  La situation est d’autant plus délicate que la pandémie de COVID-19 n’a pas épargné la région et que son impact socioéconomique risque d’être plus important encore, a poursuivi la délégation.  « Alors que plusieurs pays se préparent à aller aux urnes, nous devons être pleinement conscients du risque de déstabilisation à la fois politique et sécuritaire que fait peser une telle situation. »

La mission a affirmé que le soutien des partenaires internationaux reste indispensable pour aider les pays d’Afrique centrale à endiguer ces menaces.  La France a, de son côté, promis 1,2 milliard d’euros pour soutenir l’Afrique dans la lutte contre la COVID-19 et lancé une initiative dans le cadre du G20 et du Club de Paris pour un moratoire sur le service de la dette des pays touchés par la pandémie.  En Afrique centrale, le Tchad, la République du Congo et le Cameroun ont bénéficié de cette mesure.  La France s’est par ailleurs engagée en faveur d’un pont aérien humanitaire entre l’Union européenne et plusieurs pays africains, en vue de soutenir la continuité des opérations des organisations humanitaires et leur participation à la riposte contre la COVID-19, alors que la fermeture des frontières a provoqué d’importantes difficultés logistiques.  Le premier vol, le 8 mai, était à destination de la République centrafricaine.  En République démocratique du Congo, un premier vol du pont aérien doit permettre l’acheminement de près de 40 tonnes de fret et plus d’une centaine de travailleurs humanitaires, a ajouté la mission.  « Nous devons faire plus. »  Enfin, la France a réitéré son soutien total à l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial et d’un accès humanitaire sûr et sans entrave.  « Il n’y a pas d’alternative pour lutter efficacement contre la pandémie de COVID-19. »

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