SC/14197

Devant le Conseil de sécurité, le Haut Représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité réaffirme son soutien à l’ONU, « cœur battant du multilatéralisme »

Le Haut Représentant de l’Union européenne (UE) pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, M. Josep Borrell, a déclaré, ce matin devant le Conseil de sécurité, que l’UE demeure un ardent soutien de l’ONU, véritable « cœur battant du multilatéralisme ».  Lors de cette visioconférence publique consacrée à la coopération entre les deux organisations, M. Borrell a toutefois souligné la nécessité de démontrer « la valeur ajoutée et la pertinence de l’ONU », alors que « certains s’en éloignent ».

À l’entame de son propos, le Haut Représentant a plaidé, face aux défis de la pandémie de COVID-19 et des changements climatiques, pour le renforcement d’un système international régi par des règles, avec l’ONU en son cœur.  « Il n’y a pas d’autre option. »  M. Borrell a notamment rappelé que l’UE et ses membres ainsi que les institutions financières européennes ont mobilisé 23 milliards d’euros pour appuyer les pays partenaires et les plus vulnérables dans la lutte contre la pandémie.

Le Haut Représentant a plaidé pour une ONU forte, tout en notant le scepticisme grandissant qui entoure l’Organisation.  « C’est pourquoi l’UE et ses membres appuient la réforme de l’ONU », a-t-il fait valoir en ajoutant qu’ils sont les plus importants contributeurs au système onusien et qu’ils s’acquittent de leurs contributions dans leur totalité et dans les temps. »  Dans le domaine « paix et sécurité », l’UE est un partenaire « fiable et généreux » qui coopère étroitement avec les membres de la famille onusienne. 

M. Borrell a ainsi cité l’opération IRINI, récemment créée par l’UE afin de faire appliquer l’embargo onusien sur les armes en Libye, et qui a déjà montré sa valeur après quelques semaines.  Le Haut Représentant a aussi souhaité que le Conseil de sécurité renouvelle la résolution autorisant les inspections en haute mer, ainsi que la reconduction des opérations humanitaires transfrontalières dans le nord-ouest de la Syrie.  « Ne jouez pas de jeux politiques avec la vie du peuple syrien », a-t-il lancé aux 15 membres. 

Dans ce droit fil, le Haut Représentant a demandé que le Conseil se montre capable d’agir en recommandant à ses membres d’appuyer les valeurs fondatrices de l’ONU.  « Le monde a besoin d’un système multilatéral renouvelé, mais cela ne pourra être possible que si nous nous y investissons pleinement », a-t-il affirmé.  Enfin, M. Borrell a tiré profit de cette séance pour exprimer sa vive préoccupation devant les mesures récentes prises par la Chine à Hong Kong. 

Dans leurs commentaires, les membres du Conseil ont souligné les avantages de la coopération entre l’ONU et l’UE.  « Les deux organisations sont des partenaires naturels dans la recherche de solutions durables aux problèmes du monde », a estimé la Belgique qui a cité l’exemple de la lutte contre la pandémie de COVID-19.  À cet égard, la France a, de nouveau, exhorté les membres du Conseil à assumer leurs responsabilités en adoptant une résolution instaurant la cessation des hostilités et une pause humanitaire pour les situations inscrites à son ordre du jour. 

La France, la Belgique, l’Allemagne, mais aussi le Royaume-Uni, qui a quitté l’UE le 31 janvier, ont rappelé l’importance du Plan d’action global commun relatif au programme nucléaire iranien, véritable « chef d’œuvre de la diplomatie européenne », selon l’Allemagne, qui a regretté que les États-Unis aient quitté cet accord.  L’UE a été renforcée par la force du droit et pas par « la loi du plus fort », a aussi déclaré l’Allemagne. 

Si les États-Unis ont salué leur coopération avec l’UE sur les sanctions contre la Fédération de Russie, ils ont souhaité la poursuite de leur coopération s’agissant de la République islamique d’Iran.  La délégation américaine a promis de maintenir les restrictions à la capacité iranienne d’acheter et de vendre des armes classiques.  Elle a aussi promis d’établir un nouveau régime de sanctions après l’expiration des restrictions existantes en octobre.  « Nous demandons instamment votre soutien », a déclaré la délégation des États-Unis. 

De son côté, la Fédération de Russie a appelé l’UE à jouer un rôle de facilitateur sans imposer ses points de vue et conditions.  La Russie a tenu à faire une distinction entre le droit international et le soi-disant « ordre régi par des règles », promu par de nombreux pays de l’UE, et qui peut être « ajusté », voire même « détourné » par un petit cercle d’États en vue de servir leurs propres intérêts et non ceux de la communauté internationale. 

Si l’UE est censée jouer un rôle stabilisateur, la Fédération de Russie a fait remarquer que c’est son programme « Partenariat oriental » qui a creusé les divisions en Europe et abouti au conflit ukrainien, provoquant une perturbation des relations entre la Russie et l’UE, selon l’expression de M. Borrell.  La délégation russe a, en revanche, cité comme exemple positif le Plan d’action global commun qui fait face au « comportement totalement irresponsable de certains acteurs ».

Enfin, le Royaume-Uni a relevé l’efficacité de la coopération UE-ONU dans le maintien de la paix au Sahel.  Au Mali, l’UE soutient les objectifs onusiens, avec sa mission de formation au Mali (EUTM-Mali) en coordination avec le Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), a appuyé le Niger.  Ce dernier, qui s’exprimait également au nom de l’Afrique du Sud, de la Tunisie et de Saint-Vincent-et-les Grenadines, a aussi salué la création du groupe trilatéral ONU-UA-UE pour faire face à la « situation dramatique » des migrants africains dans les centres de détention en Libye.

En raison de la pandémie de COVID-19, c’est en direct de leurs missions respectives que les 15 membres du Conseil ont écouté l’exposé et fait leurs déclarations, en visioconférence publique, sous la présidence du Ministre des affaires étrangères de l’Estonie, M. Umas Reinsalu.

La Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites en visioconférence dont les textes ont été transmis à temps par la Division des affaires du Conseil de sécurité.

M. JOSEP BORRELL, Haut Représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a indiqué que la pandémie de COVID-19 est un défi lancé à l’humanité mais aussi au système multilatéral.  Jugeant que ce défi et celui des changements climatiques ne peuvent être réglés par un seul pays, il a plaidé pour le renforcement d’un système international régi par des règles, avec en son centre l’ONU.  « Il n’y a pas d’autre option. »  L’Union européenne (UE) a été l’une des premières à appuyer l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial suite à la pandémie, a-t-il dit, avant de regretter que seuls deux pays sur 43 aient vu une diminution de la violence.  L’UE fait tout son possible pour combattre le virus, qui doit être vaincu partout.  Pour cette raison, elle, ses membres et ses institutions financières ont mobilisé 23 milliards d’euros pour aider les pays partenaires et les pays les plus vulnérables.  En ces temps troublés, les mesures d’urgence doivent être proportionnées, temporaires et conformes au droit, a dit M. Borrell, jugeant crucial le respect des droits humains.

« Alors que certains s’en éloignent, l’UE demeure une fervente partisane d’une ONU forte, cœur battant du multilatéralisme. »  Face à un scepticisme grandissant, le Haut Représentant a souligné la nécessité de démontrer « la valeur ajoutée et la pertinence de l’ONU. »  « C’est pourquoi l’UE et ses membres appuient la réforme de l’ONU et sont les plus importants contributeurs au système onusien », a-t-il indiqué.  « Nous nous acquittons de nos contributions dans leur totalité et dans les temps. »  Dans le domaine de la paix et de la sécurité, l’UE est un partenaire « fiable et généreux ».  Ses 17 missions et opérations de gestion de crise coopèrent étroitement avec les membres de la famille onusienne.  Onze de ces missions et opérations partagent le même théâtre d’opérations qu’une mission onusienne.

L’Afrique est notre « continent frère » et une priorité stratégique majeure pour l’UE, a continué M. Borrell.  « Son seul credo est: des solutions africaines aux problèmes africains. »  Il a évoqué le Sahel et l’aide massive fournie par l’UE et ses membres depuis 2014, pour un total de 8,5 milliards d’euros.  L’UE a aussi trois missions déployées pour renforcer les capacités sécuritaires régionales.  La vérité malheureusement est que la situation ne cesse de se dégrader de manière alarmante, a reconnu le Haut Représentant, notant que 4 000 personnes ont perdu la vie cette année dans des attaques terroristes.  « Nous devons être prêts à faire plus et mieux et c’est ce que nous faisons aux côtés du G5 Sahel et de l’Union africaine. »  Il a précisé que la même chose pourrait être dite s’agissant de la Corne de l’Afrique où la coopération UE-Union africaine-ONU est cruciale.

En Libye, le Haut Représentant a demandé une solution politique inclusive et, à cette fin, l’arrêt des livraisons d’armes et la création d’un espace pour un véritable dialogue.  C’est dans cet objectif que l’UE a lancé l’opération IRINI chargée d’appliquer l’embargo onusien sur les armes.  Après quelques semaines, celle-ci a d’ores et déjà montré sa valeur, a-t-il affirmé, en demandant le renouvellement par le Conseil de la résolution autorisant les inspections en haute mer.

En Syrie, M. Borrell a demandé au Conseil le renouvellement des opérations humanitaires transfrontalières dans le nord-ouest.  « Je vous en prie, ne vous livrez pas à des jeux politiques avec la vie des Syriens.  N’ont-ils pas assez souffert? »  Il a ajouté que la quatrième Conférence de Bruxelles sur la Syrie prévue les 29 et 30 juin sera l’occasion de montrer « notre soutien constant au peuple syrien » et visera à consolider un soutien international pour une solution politique à la crise.

Se tournant vers l’Iran, le Haut Représentant a insisté sur l’importance du Plan d’action global commun pour garantir la nature pacifique du programme nucléaire iranien.  Il a une nouvelle fois regretté la décision hier des États-Unis de ne pas reconduire les dérogations prévues pour des projets nucléaires liés au Plan d’action. 

En Europe, M. Borrell a déclaré que l’objectif pour les Balkans occidentaux est d’avancer sur la voie de la réforme, de la réconciliation et de l’intégration à l’UE.  Il a mentionné l’Ukraine et ses relations fortement perturbées avec la Fédération de Russie en raison notamment de l’annexion illégale de la Crimée.  L’appui à la souveraineté nationale et à l’intégrité territoriale demeurera un élément essentiel de la relation de l’UE avec ses partenaires à l’Est.  M. Borrell s’est par ailleurs dit extrêmement préoccupé par les mesures récentes prises par la Chine à Hong Kong, mesures qui ne sont pas conformes aux engagements internationaux et au droit interne de Hong Kong.

Enfin, le Haut Représentant a souligné les vulnérabilités révélées par la pandémie et l’acuité du défi climatique.  L’UE demeure profondément attachée à l’ONU et appuie cette dernière, pas seulement par les mots, a-t-il dit.  M. Borrell a demandé que le Conseil soit capable d’agir et a appelé tous les États à appuyer les valeurs fondatrices de l’ONU, en particulier les membres dudit Conseil.  Le monde a besoin d’un système multilatéral révisé, mais cela ne pourra être possible que si nous nous y investissons pleinement, a conclu M. Borrell.  « C’est ce que l’Union fait.  Nous attendons des pays qui siègent au Conseil de sécurité qu’ils fassent leur part. »

Les États-Unis ont dit que la force de la relation entre les États-Unis et l’UE s’illustre dans la coopération en Ukraine.  Ce pays, ont-ils estimé, est à un moment important de son histoire.  Il s’efforce de renforcer ses institutions démocratiques, de mettre en œuvre les réformes nécessaires et d’approfondir son intégration euro-atlantique, tout en se défendant contre l’agression russe et les attaques cybernétiques.  La coopération entre les États-Unis et l’UE, ont insisté les États-Unis, est essentielle pour contrer la campagne de désinformation russe.  L’Administration Trump salue d’ailleurs la coopération de l’UE sur les sanctions conjointes contre la Fédération de Russie. 

Les États-Unis ont dit vouloir poursuivre cette coopération sur un autre front, celui de l’Iran, promettant de maintenir les restrictions à la capacité de l’Iran d’acheter et de vendre des armes classiques.  Ils ont annoncé un nouveau régime de sanctions qui prendra le relais au mois d’octobre des restrictions actuelles.  « Nous vous demandons votre soutien », ont plaidé les États-Unis, qui ont aussi jugé essentielle la coopération avec l’UE en Syrie pour trouver une solution politique au conflit fondée sur la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité. 

En Libye, une solution politique facilitée par l’ONU est la seule voie vers la stabilité et tous les États doivent respecter l’embargo sur les armes, en renonçant à leur soutien aux factions libyennes et en retirant leurs mercenaires.  Pour stabiliser ce pays, il faudra un effort soutenu de l’ONU et un soutien constant des États-Unis et de l’UE.  En République populaire démocratique de Corée, les États-Unis ont salué l’appui de l’UE aux efforts visant à appliquer des pressions diplomatiques et économiques pour aboutir à la dénucléarisation définitive et pleinement vérifiée de la péninsule.  Il est important que la communauté internationale envoie un message fort et uni: « La Corée du Nord doit mettre un terme à ses provocations, reprendre ses négociations avec les États-Unis et honorer ses obligations en vertu des résolutions du Conseil de sécurité. »  Les États-Unis ont aussi salué le rôle de l’UE en Afrique, notant que l’organisation européenne a débloqué une somme de 5 milliards de dollars pour 26 pays africains et organisé, le 26 mai dernier, la Conférence des donateurs humanitaire pour les réfugiés et les migrants vénézuéliens.

Pour le Niger, qui s’exprimait aussi au nom de la Tunisie, de l’Afrique du Sud et de Saint-Vincent-et-les Grenadines (les « A3+1 »), de nombreuses menaces modernes qui pèsent sur la paix et la sécurité internationales (terrorisme, déplacements massifs de populations, changements climatiques, crises sanitaires - comme la pandémie actuelle de COVID-19) ne peuvent pas être résolues par les États pris individuellement mais exigent une action collective de la communauté internationale.  Dans ce contexte, les A3+1 ont mis en exergue le rôle crucial que jouent les organisations régionales et sous-régionales dans les efforts des Nations Unies pour assurer la sécurité collective et le développement des États Membres, en favorisant une meilleure coordination intergouvernementale. 

En Afrique, le partenariat ONU-UE se manifeste notamment dans les domaines du règlement des conflits, du soutien politique, technique et financier ainsi que des missions de terrain de l’UE partout où un processus de paix ou une opération de paix et de sécurité est en cours.  À titre d’exemple, la délégation a cité le cas du Mali et de la région du Sahel, où l’UE soutient les objectifs et missions des Nations Unies, tels que définis dans la Stratégie intégrée pour le Sahel, à travers l’action menée par sa mission de formation au Mali (EUTM-Mali) en coordination avec le Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).  En ce qui concerne la Libye, les A3+1 ont émis l’espoir de voir la nouvelle opération navale européenne IRINI contribuer à la lutte contre les violations de l’embargo sur les armes imposé à la Libye et à la lutte contre le trafic de migrants en Méditerranée.  Ils ont également mis l’accent sur les avantages opérationnels pour l’Union africaine (UA) de jouer un rôle plus actif dans les opérations de paix dans un certain nombre de contextes, tels que l’AMISOM en Somalie et la MINUAD au Darfour.  À cette fin, les A3+1 ont pleinement soutenu la contribution du budget de l’ONU pour soutenir les opérations d’appui à la paix de l’UA autorisées par le Conseil de sécurité.

Les A3+1 ont également reconnu et soutenu le rôle des deux organisations dans le renforcement du travail des Nations Unies à l’appui de la coopération pour le développement et de la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales, mais aussi de la protection des civils dans les conflits armés.  Il en va de même du partenariat dans le domaine de la justice, de l’état de droit et du respect du droit international, qui sont essentiels au maintien de la paix, de la stabilité et du développement, a souligné le Niger.  Depuis le sommet d’Abidjan, ce partenariat s’inscrit dans une nouvelle approche qui permet aux deux organisations de définir conjointement leurs priorités.  C’est à partir de cette approche innovante que le groupe trilatéral ONU-UA-UE est né pour faire face à la situation dramatique des migrants africains dans les centres de détention en Libye, a rappelé la délégation.

Les organisations régionales, telles que l’UE, l’UA, la Ligue des États arabes, la CARICOM et l’ASEAN, pour n’en nommer que quelques-unes, servent de ponts entre les mesures prises au niveau mondial pour faire face aux réalités contextuelles locales auxquelles les régions sont confrontées, a déclaré le Niger.  Ces organisations régionales et sous-régionales sont également, selon les A3+1, les voies les plus sûres pour renforcer les capacités nationales au sein des États de sorte qu’elles respectent les normes et obligations internationales tout en respectant les cultures et les réalités sur le terrain.

La Chine s’est dite en faveur d’une coopération plus forte entre l’ONU et l’UE dans le cadre du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.  Les deux organisations doivent œuvrer pour renforcer le multilatéralisme, qui a été le choix collectif fait par l’humanité après la guerre, a-t-elle rappelé.  Alors que l’unilatéralisme et le populisme sont en plein essor, l’ONU et l’UE doivent bâtir une « communauté de destin commun », en promouvant la confiance mutuelle, le partage des responsabilités, l’égalité et une coopération « gagnant-gagnant », a déclaré la Chine.  La délégation a aussi exhorté les deux organisations à promouvoir une gouvernance sécuritaire globale, en vue de l’instauration d’une sécurité durable et commune. 

Nous devons rester fidèles à un règlement pacifique des différends par des moyens diplomatiques et respecter l’égalité souveraine et les choix de développement de tous les pays, a ajouté la Chine.  Elle a appelé l’UE à œuvrer avec l’ONU en vue d’apporter un soutien financier et technique aux pays en développement en vue de réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  La Chine s’est dite « heureuse » de voir une Europe unie, stable et prospère et a rappelé que cette année marque le quarante-cinquième anniversaire de l’établissement de relations diplomatiques entre la Chine et l’UE.  Enfin, la Chine s’est dite prête à travailler avec l’UE pour lutter contre la pandémie et s’est montrée favorable à un rôle directeur de l’ONU et de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans cette lutte.

L’Allemagne a tenu à rappeler que l’UE a été renforcée par l’état de droit et la force de la loi et pas par « la loi du plus fort ».  Dans l’espace européen, les conflits sont réglés pacifiquement devant la Cour européenne de justice et l’ONU peut faire de même, s’est dite convaincue l’Allemagne.  Cela signifie, s’est-elle expliquée, que nous faisons réellement notre travail au Conseil de sécurité et résolvons les conflits par des moyens pacifiques, ce qui suppose le respect de l’état de droit, de la Charte des Nations Unies, de la Déclaration universelle des droits de l’homme et des résolutions du Conseil de sécurité qui, selon la Charte, sont juridiquement contraignantes.  Cela veut dire également respect de la Cour internationale de Justice, de la Cour pénale internationale, du Tribunal du droit de la mer, sans oublier respect des droits de l’homme.

« Malheureusement, nous n’en sommes pas encore là », a reconnu l’Allemagne voyant dans le monde actuel une phase très critique.  L’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie et la violation de la souveraineté d’un pays indépendant enfreignent la Charte des Nations Unies et montrent que « la loi du plus fort » prévaut toujours.  L’Allemagne a aussi dénoncé le mépris pour les résolutions du Conseil de sécurité ces dernières années, citant les cas du Moyen-Orient et de la Libye.  Certains pays, s’est-elle indignée, reconnaissent même ouvertement qu’ils fournissent des armes et des mercenaires à la Libye, ce qui est une violation flagrante du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité. 

Passant à « l’un des chefs-d’œuvre de la diplomatie européenne », le Plan d’action global commun sur le dossier nucléaire iranien, l’Allemagne a regretté, une nouvelle fois, que les États-Unis aient quitté cet accord et refusé de proroger les dérogations liées aux projets nucléaires.  La région n’en est pas devenue pour autant plus sûre et le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, plus respecté.  Les violations des droits de l’homme et des droits des minorités persistent et la liberté de réunion et d’expression est toujours violée.  À Hong Kong, la liberté de réunion, la liberté d’expression et le droit à un débat démocratique garantis par la Loi fondamentale sont désormais mis à rude épreuve. 

Dans ce contexte, l’UE veut renforcer le multilatéralisme et collaborer avec d’autres organisations régionales.  L’Union européenne et ses États membres, a rappelé à son tour l’Allemagne, sont les plus grands contributeurs financiers de l’ONU.  À l’ère de la COVID-19, la majeure partie du train de mesures socioéconomiques a été fournie par l’Union européenne.  L’UE est aussi un grand soutien du G5 Sahel.  Pour parvenir à la paix dans cette région, a estimé l’Allemagne, il faut insister sur la bonne gouvernance, le respect des droits de l’homme et la démocratie.  « Alors, chers collègues, n’utilisons pas le Conseil de sécurité pour faire de la propagande.  Utilisons-le pour mettre en œuvre ce qui est dans la Charte et travaillons pour l’intérêt général », a conclu l’Allemagne.

La France a fait remarquer que l’Union européenne (UE) partage avec l’ONU la même conviction que la coopération entre les nations est le seul moyen de relever les défis communs.  Elle a noté que face au défi sans précédent de la pandémie de COVID-19, l’UE a déjà fait la preuve de sa mobilisation contre le virus en solidarité avec le reste du monde.  La France a fortement plaidé pour que l’Afrique subsaharienne soit considérée comme une région prioritaire dans la riposte européenne, étant convaincue de « notre obligation et de notre intérêt communs de coordonner nos actions », sous la direction des Nations Unies.  À cet égard, l’UE a clairement soutenu l’appel du Secrétaire général en faveur d’une approche globale, et la France appelle une nouvelle fois tous les membres du Conseil de sécurité à assumer leurs responsabilités en adoptant une résolution instaurant la cessation des hostilités et une pause humanitaire pour les situations inscrites à son ordre du jour.  L’initiative de l’UE d’un pont aérien humanitaire contribue à soutenir les efforts des Nations Unies pour garantir l’accès humanitaire aux pays les plus vulnérables.  Elle met l’accent sur l’Afrique, a noté la délégation avant de d’expliquer que les sanctions de l’UE n’entravent pas la lutte contre la pandémie, dans la mesure où elles incluent des dérogations humanitaires qui permettent la fourniture d’aide.

Dans de nombreuses crises, l’UE et l’ONU ont démontré la complémentarité de leurs outils, a poursuivi la délégation en rappelant que l’UE est, collectivement, le premier contributeur financier à l’ONU.  Elle est également le premier donateur d’aide humanitaire au monde et agit à ce titre en étroite coordination avec l’ONU.  Les États membres de l’UE soutiennent les opérations de maintien de la paix dans le contexte de la pandémie, a encore rappelé le France.  Elle a notamment cité les positions de l’UE au Sahel, en Syrie, et sur le conflit israélo-palestinien, mais également la coopération trilatérale UE-ONU-Union africaine et le rôle de l’UE dans le Plan d’action global commun en République islamique d’Iran.  L’UE et l’ONU unissent également leurs forces pour apporter des réponses aux problèmes mondiaux comme en témoigne l’Accord de Paris sur le climat.  L’UE plaide en outre pour un système de santé multilatéral rénové et plus efficace, dans le cadre de l’OMS, a encore rappelé la France.

Pour la délégation, il est dans l’intérêt mutuel de tous de coopérer plus étroitement.  À cet égard, la France soutient davantage d’interactions entre l’UE et l’ONU et une présence plus forte de l’UE au sein du système des Nations Unies.

La Fédération de Russie a dit pleinement partager la volonté affichée par l’UE de renforcer le multilatéralisme, tout en prévenant qu’un véritable multilatéralisme ne peut porter ses fruits que grâce au rôle central de l’ONU et au soutien clair de sa Charte et du droit international.  Pour dissiper toute ambiguïté sur le sujet, la délégation a fait une distinction entre le droit international et le soi-disant « ordre régi par des règles », promu par de nombreux pays de l’UE, et qui peut être « ajusté », voire même « détourné » selon elle par « un petit cercle d’États partageant les mêmes dispositions en vue de servir leurs propres intérêts et non ceux de la communauté internationale ».  « Même après le Brexit, l’UE est bien représentée au sein de ce Conseil et détient tous les moyens et outils nécessaires pour jouer un rôle influent », a poursuivi la Fédération de Russie avant d’appeler l’UE à jouer, sans préjugés, un rôle de facilitateur, sans imposer ses points de vue et conditions aux pays et régions qui ont besoin d’aide.  « Nous espérons que nos partenaires européens resteront fidèles à une telle approche qui devrait nous permettre de travailler ensemble sur les différentes situations de pays. »

Partisane d’une coopération renforcée entre l’ONU et les organisations régionales, y compris l’UE, la Fédération de Russie a dit qu’une telle coopération doit être équilibrée, s’appuyer sur la Charte et avoir pour principale priorité la lutte contre les activités criminelles transfrontalières, en premier lieu, le terrorisme.  Abordant la lutte contre la pandémie, la délégation a regretté que l’UE continue d’appliquer des mécanismes coercitifs, qu’elle défend comme étant « ciblées » et « prudemment calibrées ».  La réalité est toute différente selon la Fédération de Russie, puisque ces mesures affectent considérablement la situation socioéconomique des pays en développement touchés et les modes de vie de populations innocentes.  La Russie a donc appelé l’UE à lever ses sanctions et à s’abstenir de mesures coercitives adoptées en dehors et au-delà de la compétence de ce Conseil. 

Rappelant que l’UE est censée jouer un rôle stabilisateur, la Fédération de Russie a tenu à rappeler que c’est son programme « Partenariat oriental » qui a creusé les divisions en Europe, déclenché la soi-disant « révolution du Maïdan » et conduit au conflit civil qui ravage toujours l’Ukraine.  Nous attendons de l’UE qu’elle ne bafoue pas les valeurs et principes européens lorsqu’elle se penche sur les violations manifestes des droits des populations russophones en Ukraine et dans les États baltes, a déclaré la délégation.

Se tournant vers la Libye, elle a espéré que la nouvelle opération IRINI de l’UE respectera le droit international et couvrira l’entièreté des zones libyennes.  La Russie a estimé que toute approche déséquilibrée pourrait entraver les efforts de dialogue entre les parties libyennes.  Elle a exhorté Bruxelles à ne pas éviter les contacts avec toutes les parties au conflit.  Ces facteurs devront être pris en compte en juin lorsqu’il faudra prendre une décision sur les inspections en haute mer, a affirmé la délégation.

La Russie a ensuite cité des exemples positifs de coopération avec l’UE, tels que le programme nucléaire iranien, le processus de paix au Moyen-Orient, la lutte contre la piraterie au large des côtes somaliennes ou bien encore la formation des forces nationales de sécurité en République centrafricaine.  Elle a souhaité défendre le Plan d’action global commun qui fait face à des défis sans précédent en raison « du comportement totalement irresponsable de certains acteurs ».  Enfin, la mission a répété qu’elle préférerait une pleine coopération avec l’UE, ajoutant qu’une telle coopération n’est possible que sur une base équitable et dans la prise en compte des intérêts de tous.

La Belgique a dit que l’ONU et l’UE partagent l’objectif d’un ordre international régi par des règles avec la démocratie, l’état de droit et les droits de l’homme en son cœur.  Les deux organisations sont donc des partenaires naturels dans la recherche de solutions durables aux problèmes du monde, a estimé la Belgique qui a cité l’exemple de la lutte contre la pandémie de COVID-19, avec le lancement de « Team Europe » doté d’une enveloppe de 20 milliards d’euros pour aider les partenaires.  La Syrie, a poursuivi la Belgique, demeure aussi la priorité de l’Europe qui organisera, en juin, la Conférence des donateurs « Bruxelles IV » qui cherchera à trouver une solution politique au conflit dans le cadre de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité.  S’agissant de l’Iran, la Belgique a plaidé pour le maintien du Plan d’action global commun et regretté la décision des États-Unis de ne pas renouveler les dérogations liées aux projets nucléaires.  En Libye, la Belgique a souligné que le lancement de la nouvelle opération « EUNAVFOR MED IRINI » est la dernière contribution de l’UE à la mise en œuvre de l’embargo sur les armes imposé par les Nations Unies .  Au Sahel, a poursuivi la délégation, l’UE est un partenaire enthousiaste du G5 Sahel. 

La Belgique a ensuite plaidé pour le plein respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire.  Elle a aussi souligné l’importance de programme « femmes, paix et sécurité », en particulier en ce qui concerne la participation des femmes aux opérations de paix, à tous les niveaux et dans tous les domaines d’expertise.  La délégation n’a pas oublié de rappeler que les membres de l’UE sont les plus grands contributeurs financiers du système des Nations Unies, totalisant 30% des budgets ordinaire et du maintien de la paix, tout en étant les plus grands contributeurs des efforts liés au développement, à l’aide humanitaire et aux changements climatiques. 

Le Royaume-Uni, après avoir rappelé qu’il avait quitté l’UE le 31 janvier, a souligné les bienfaits mutuels de la coopération internationale.  Face à la COVID-19, il importe d’appuyer le système international et les valeurs qui le sous-tendent pour y apporter une riposte robuste, a-t-il affirmé.  Il s’est ensuite déclaré profondément préoccupé par la décision prise par le Congrès national du peuple chinois d’imposer une loi sur la sécurité nationale à Hong Kong.  Si elle venait à être mise en œuvre, celle-ci violerait de manière flagrante la Déclaration conjointe du Royaume-Uni et de la Chine, a prévenu la délégation avant d’appeler la Chine à prendre des mesures pour rétablir la confiance à Hong Kong.

Revenant à la COVID-19, le Royaume-Uni a appelé à assurer un relèvement vert et propre afin de répondre aux défis des changements climatiques.  En tant que Président de la COP, nous considérons nos partenaires européens comme des alliés rapprochés, a-t-il dit.  Après avoir fait part de son appui aux sanctions imposées par l’UE, le Royaume-Uni a appuyé la décision d’ouvrir les négociations d’accession à l’UE à l’Albanie et à la Macédoine du Nord, disant aussi soutenir les efforts visant à normaliser les relations entre la Serbie et le Kosovo grâce à un dialogue facilité par l’UE, entre autres.  Le Royaume-Uni a aussi indiqué qu’il continuera de travailler avec l’UE pour défendre l’intégrité territoriale de l’Ukraine et a fait part de son appui au format Normandie.  Il s’est ensuite félicité de la poursuite de sa coopération avec ses partenaires européens pour exhorter les parties en Libye à s’engager en faveur d’un cessez-le-feu durable.

S’agissant de la République islamique d’Iran, le Royaume-Uni a expliqué travailler dans l’urgence pour utiliser le mécanisme de règlement des différends afin d’aller de l’avant en ce qui concerne le Plan d’action global commun, « un instrument vital ».  Tout en reconnaissant les limites de l’accord, nous continuons de travailler avec les parties restantes pour identifier par quels moyens diplomatiques nous pouvons progresser, a-t-il dit.  La délégation a par ailleurs relevé que la coopération UE-ONU est particulièrement efficace dans le maintien de la paix, notamment dans la région du Sahel.  Le Royaume-Uni déploiera de son côté, en fin d’année, un contingent de militaires au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).

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