8712e séance – matin 
CS/14096

République centrafricaine: même sans le consensus attendu, le Conseil de sécurité renouvelle l’embargo sur les armes pour une période de six mois

En adoptant, ce matin, la résolution 2507 (2020) par 13 voix pour et 2 abstentions (Chine et Fédération de Russie), le Conseil de sécurité de sécurité a renouvelé pour six mois le régime de sanctions contre la République centrafricaine.

Ainsi, le Conseil de sécurité a décidé que, jusqu’au 31 juillet 2020, tous les États Membres devront continuer de prendre les mesures nécessaires pour empêcher la fourniture, la vente ou le transfert directs ou indirects d’armements à la République centrafricaine, à partir de leur territoire ou à travers leur territoire ou par leurs ressortissants, ou au moyen de navires battant leur pavillon ou d’aéronefs immatriculés chez eux. 

Ces dispositions s’appliquent aux armements et matériel connexe de tous types, y compris les armes et les munitions, les véhicules et les matériels militaires, les équipements paramilitaires et les pièces détachées correspondantes.  Elles concernent aussi toute assistance technique ou formation et toute aide financière ou autre en rapport avec les activités militaires ou la fourniture, l’entretien ou l’utilisation de tous armements et matériel connexe, y compris la mise à disposition de mercenaires armés venant ou non de leur territoire.  Ces mesures ne s’appliquent toutefois pas à une série d’exceptions stipulées dans le texte.

Pour la France, délégation porte-plume de cette résolution, ce texte est un « bon compromis ».  Dès lors elle regrette qu’il n’y ait pas eu un vote unanime, un regret partagé par la plupart de ses homologues autour de la table.  Pourtant, le Conseil est pleinement à l’écoute des autorités centrafricaines en ce qui concerne leurs préoccupations légitimes sur la sécurité de leur pays, a noté la France, ce dont témoignent notamment les deux « assouplissements significatifs » de l’embargo sur les armes autorisés par le Conseil de sécurité, en septembre et aujourd’hui, et les procédures d’exemption prévues par le Comité des sanctions. 

Le Royaume-Uni a émis des réserves quant au fait que le régime de sanctions n’ait été prorogé que de six mois.  Il s’est inquiété en effet du « mauvais message » que cela envoie aux groupes armés en République centrafricaine.  La Fédération de Russie, l’une des deux délégations à s’être abstenues, lui a rétorqué que sa délégation aurait voulu un assouplissement plus significatif de l’embargo sur les armes.  Or, nos vues, comme celles de Bangui, n’ont pas été prises en compte, s’est plaint le délégué russe.  Il a souligné que cet embargo fait obstacle au réarmement de l’armée centrafricaine, alors que celle-ci a la responsabilité de protéger les civils, ajoutant que les autorités légitimes de la République centrafricaine demandent la levée de l’embargo.  Cela a été confirmé par la délégation centrafricaine ce matin. 

En effet, après avoir salué le nouvel allégement de l’embargo, la représentante centrafricaine a expliqué que ce sont les activités criminelles, menées sur une grande part du territoire national, qui conduisent son gouvernement à insister sur une levée totale de l’embargo sur les armes.  C’est d’autant plus justifié, a relevé la Fédération de Russie, que dans tous les cas rien n’empêche les fauteurs de troubles de s’armer grâce à la contrebande.  Dès lors, la Fédération de Russie a dit qu’elle souhaitait un réexamen de la situation par le Conseil au mois de juillet prochain.

Les délégations favorables au renouvellement du régime de sanctions, dont les États-Unis, la Belgique et l’Allemagne, ont justifié leur position par le fait qu’à l’aube de l’échéance électorale de 2020 en République centrafricaine, il est plus urgent que jamais de créer des conditions propices à la paix et à la stabilité dans le pays, en soulignant que les mesures d’embargo sur les armes restent indispensables pour cela.  « Pour être clair, notre désir n’est pas de punir la République centrafricaine mais d’appuyer l’État alors qu’il restaure son autorité et assume sa responsabilité de protection des civils », a fait valoir la représentante de Saint-Vincent-et-les Grenadines. 

Allant dans le même sens, le Niger, la Tunisie et l’Afrique du Sud, « les A3 » du Conseil de sécurité, ont ajouté que ces sanctions ne sont pas une fin en soi, mais plutôt l’expression de « notre engagement pour une transition du pays vers la stabilité et la paix ».  Pour ces pays, l’adoption de cette résolution constitue ainsi une réponse à la demande légitime formulée par les autorités de la République centrafricaine de continuer vers la levée définitive de l’embargo sur les armes, sur la base des progrès accomplis dans le domaine du stockage des armes et de la gestion de leur non-prolifération. 

LA SITUATION EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE (S/2019/930)

Texte du projet de résolution (S/2020/79)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant toutes ses résolutions antérieures, les déclarations de sa présidence et les déclarations à la presse sur la situation en République centrafricaine,

Se félicitant des efforts faits par les autorités centrafricaines, en coordination avec leurs partenaires internationaux, pour faire avancer la réforme du secteur de la sécurité, notamment le déploiement en cours des forces de défense et de sécurité centrafricaines, les encourageant à mettre en œuvre leur plan national de défense, leur concept d’emploi des forces et leur politique nationale de sécurité, et sachant que les autorités centrafricaines ont besoin de former et d’équiper de toute urgence leurs forces de défense et de sécurité pour être en mesure d’apporter une réponse proportionnée aux menaces contre la sécurité de l’ensemble des citoyens de la République centrafricaine,

Se félicitant également de l’engagement dont font preuve les autorités centrafricaines et leurs partenaires internationaux et des progrès qu’ils ont accomplis vers la réalisation des objectifs de référence définis dans la déclaration de son président en date du 9 avril 2019 (S/PRST/2019/3), prenant note de la lettre que les autorités centrafricaines ont adressée à son Président (S/2020/57), et les encourageant à poursuivre leurs efforts pour résoudre les difficultés qui subsistent,

Se félicitant en outre du rapport du Secrétaire général du 15 octobre 2019 (S/2019/822) présenté en application de la résolution 2448 (2018),

Prenant note de la lettre du Secrétaire général datée du 31 décembre 2019 adressée à la Présidente du Conseil de sécurité (S/2019/1008) conformément au paragraphe 7 de la résolution 2488 (2019), et du rapport des autorités de la République centrafricaine adressé au Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 2127 (2013) concernant la République centrafricaine (« le Comité ») conformément au paragraphe 6 de la résolution 2488 (2019),

Prenant note également du rapport à mi-parcours (S/2019/608) et du rapport final (S/2019/930) du Groupe d’experts sur la République centrafricaine créé en application de la résolution 2127 (2013), dont le mandat a été élargi par la résolution 2134 (2014) et prorogé en application de la résolution 2454 (2019) (« le Groupe d’experts »), et prenant note en outre des recommandations du Groupe d’experts,

Constatant que la situation en République centrafricaine continue de menacer la paix et la sécurité internationales dans la région,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Décide que, jusqu’au 31 juillet 2020, tous les États Membres devront continuer de prendre les mesures nécessaires pour empêcher la fourniture, la vente ou le transfert directs ou indirects à la République centrafricaine, à partir de leur territoire ou à travers leur territoire ou par leurs ressortissants, ou au moyen de navires battant leur pavillon ou d’aéronefs immatriculés chez eux, d’armements et de matériel connexe de tous types, y compris les armes et les munitions, les véhicules et les matériels militaires, les équipements paramilitaires et les pièces détachées correspondantes, ainsi que de toute assistance technique ou formation et de toute aide financière ou autre en rapport avec les activités militaires ou la fourniture, l’entretien ou l’utilisation de tous armements et matériel connexe, y compris la mise à disposition de mercenaires armés venant ou non de leur territoire, et décide également que ces mesures ne s’appliquent pas:

a)    aux fournitures destinées exclusivement à l’appui de la MINUSCA et aux missions de formation de l’Union européenne déployées en République centrafricaine, aux forces françaises dans les conditions prévues au paragraphe 52 de la résolution 2499 (2019), et aux forces d’autres États Membres qui assurent une formation ou prêtent assistance sur notification préalable conformément à l’alinéa b) du paragraphe 1 ci-après, ou à leur utilisation par ces missions et forces;

b)    aux livraisons de matériel non létal et à la fourniture d’une assistance, y compris les activités de formation opérationnelle et non opérationnelle dispensée aux forces de sécurité de la République centrafricaine, dont les services publics civils chargés du maintien de l’ordre, exclusivement destinés à soutenir le processus de réforme du secteur de la sécurité en République centrafricaine, ou à être utilisés dans le cadre de celui-ci, en coordination avec la MINUSCA, et sur notification préalable au Comité, et demande à la MINUSCA de lui faire rapport sur la contribution de cette dérogation au processus de réforme du secteur de la sécurité, dans le cadre des rapports périodiques qu’elle lui soumet;

c)    aux fournitures apportées en République centrafricaine par les forces soudanaises ou tchadiennes pour leur usage exclusif dans le cadre des patrouilles internationales de la force tripartite créée le 23 mai 2011 à Khartoum par la République centrafricaine, le Soudan et le Tchad, pour renforcer la sécurité dans leurs zones frontalières communes, en coopération avec la MINUSCA, telles qu’approuvées préalablement par le Comité;

d)    aux livraisons de matériel militaire non létal destiné exclusivement à un usage humanitaire ou de protection et à l’assistance technique ou à la formation connexes, sur notification préalable au Comité;

e)    aux vêtements de protection, dont les gilets pare-balles et les casques militaires, temporairement exportés en République centrafricaine, pour leur usage personnel uniquement, par le personnel des Nations Unies, les représentants des médias et les agents humanitaires et d’aide au développement et le personnel connexe;

f)    aux livraisons d’armes légères et autre matériel connexe destinés exclusivement à être utilisés dans le cadre des patrouilles internationales qui assurent la sécurité dans l’aire protégée du Trinational de la Sangha et par les gardes forestiers armés du Projet Chinko et du Parc national de Bamingui-Bangoran afin de lutter contre le braconnage, la contrebande d’ivoire et d’armes, et d’autres activités contraires au droit interne de la République centrafricaine ou aux obligations que lui impose le droit international, dont le Comité aura préalablement reçu notification;

g)    aux livraisons d’armes de calibre égal ou inférieur à 14,5 mm et de munitions et composants spécialement conçus pour ces armes, de véhicules militaires terrestres non armés et de véhicules militaires terrestres montés d’armes de calibre égal ou inférieur à 14,5 mm, destinés aux forces de sécurité centrafricaines, dont les services publics civils chargés du maintien de l’ordre, et devant être utilisés exclusivement aux fins de la réforme du secteur de la sécurité ou de l’appui à celle-ci, dont le Comité aura préalablement reçu notification;

h)    aux livraisons d’armes et autre matériel létal connexe qui ne sont pas énumérés à l’alinéa g) du paragraphe 1 de la présente résolution, destinés aux forces de sécurité centrafricaines, dont les services publics civils chargés du maintien de l’ordre, et devant être utilisés exclusivement aux fins de la réforme du secteur de la sécurité ou de l’appui à celle-ci, sous réserve de l’approbation préalable du Comité; ou

i)    aux autres ventes ou livraisons d’armes et de matériel connexe, ou à la fourniture d’une assistance ou de personnel, sous réserve de l’approbation préalable du Comité;

2.    Décide qu’il incombe au premier chef à l’État Membre fournisseur de donner notification au Comité et que cette notification doit avoir lieu au moins 20 jours avant la livraison de tout matériel autorisé en application des alinéas d), f) et g) du paragraphe 1 de la présente résolution, et déclare qu’il incombe au premier chef à l’organisation internationale, régionale ou sous-régionale fournisseuse de donner notification au Comité et que cette notification doit être donnée au moins 20 jours avant la livraison de tout matériel autorisé en application des alinéas d), f) et g) du paragraphe 1 de la présente résolution;

3.    Décide de reconduire jusqu’au 31 juillet 2020 les mesures et les dispositions énoncées aux paragraphes 4 et 5 de la résolution 2488 (2019) et rappelle les paragraphes 8 et 9 de la résolution 2488 (2019);

4.    Décide de reconduire jusqu’au 31 juillet 2020 les mesures et les dispositions énoncées aux paragraphes 9, 14 et 16 à 19 de la résolution 2399 (2018) et prorogées par le paragraphe 1 de la résolution 2454 (2019) et rappelle les paragraphes 10 à 13 et 15 de la résolution 2399 (2018);

5.    Réaffirme que les mesures énoncées aux paragraphes 9 et 16 de la résolution 2399 (2018) s’appliquent aux personnes et entités désignées par le Comité, conformément aux dispositions des paragraphes 20 à 22 de la résolution 2399 (2018) et telles que prorogées par le paragraphe 2 de la résolution 2454 (2019);

6.    Décide de proroger jusqu’au 31 août 2020 le mandat du Groupe d’experts, tel qu’il l’a énoncé aux paragraphes 30 à 39 de la résolution 2399 (2018) et reconduit au paragraphe 3 de la résolution 2454 (2019), exprime son intention de réexaminer le mandat et de faire le nécessaire concernant sa nouvelle reconduction le 31 juillet 2020 au plus tard, et prie le Secrétaire général de prendre dès que possible les dispositions administratives voulues pour reconduire le Groupe d’experts, en consultation avec le Comité, en faisant au besoin appel aux compétences des membres actuels du Groupe d’experts;

7.    Prie le Groupe d’experts de lui remettre d’ici au 15 juillet 2020, après concertation avec le Comité, un rapport final, et de lui adresser au besoin des rapports d’étape;

8.    Se déclare particulièrement préoccupé par les informations selon lesquelles des réseaux transnationaux de trafiquants continuent de financer et d’approvisionner les groupes armés en République centrafricaine, et demande au Groupe d’experts de prêter une attention particulière à l’analyse de ces réseaux dans le cadre de l’exécution de son mandat, en coopération, selon que de besoin, avec les autres groupes d’experts qu’il a créés;

9.    Exhorte toutes les parties, et tous les États Membres, ainsi que les organisations internationales, régionales et sous-régionales, à coopérer avec le Groupe d’experts et à assurer la sécurité de ses membres;

10.   Exhorte également tous les États Membres et tous les organismes compétents des Nations Unies à permettre au Groupe d’experts de consulter toutes personnes et d’accéder à tous documents et sites, afin qu’il puisse s’acquitter de son mandat, et rappelle qu’il est utile que la MINUSCA et le Groupe d’experts mettent en commun les informations dont ils disposent;

11.   Réaffirme les dispositions relatives au Comité et les dispositions concernant la présentation de rapports et la révision des mesures prises énoncées dans la résolution 2399 (2018) et prorogées par la résolution 2454 (2019);

12.   Prie les autorités centrafricaines de faire rapport au Comité, d’ici au 30 juin 2020, sur les progrès accomplis dans la réforme du secteur de la sécurité, le processus de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement, et la gestion des armes et des munitions;

13.   Prie le Secrétaire général, en étroite consultation avec la MINUSCA, y compris le Service de la lutte antimines, et le Groupe d’experts, de procéder, au plus tard le 30 juin 2020, à une évaluation des progrès accomplis par les autorités de la République centrafricaine quant aux principaux objectifs de référence relatifs à l’embargo sur les armes établis dans la déclaration de son Président en date du 9 avril 2019 (S/PRST/2019/3);

14.   Affirme qu’il continuera de suivre l’évolution de la situation en République centrafricaine et se tiendra prêt à réexaminer l’opportunité des mesures énoncées dans la présente résolution, à tout moment selon les besoins, à la lumière de la situation en matière de sécurité dans le pays, des progrès réalisés quant au processus de réforme du secteur de la sécurité, au processus de DDRR et à la gestion des armes et des munitions, notamment en ce qui concerne le rapport et l’évaluation demandés aux paragraphes 12 et 13 de la présente résolution;

15.   Décide de rester activement saisi de la question.

Déclarations

Après s’être félicitée de l’adoption de la résolution renouvelant le régime de sanctions sur la République centrafricaine, Mme ANNE GUEGUEN (France) a indiqué que son pays, en tant que porte-plume, considère ce texte comme un « bon compromis ».  Sa rédaction a donné lieu à des négociations au cours desquelles la France a joué, de bout en bout, un rôle d’intermédiaire constructif, a-t-elle précisé.  Remerciant les membres du Conseil de sécurité pour leur flexibilité, elle a toutefois regretté qu’il n’y ait pas eu un vote unanime sur le texte.  

Selon la représentante, le Conseil est pleinement à l’écoute des autorités centrafricaines en ce qui concerne leurs préoccupations légitimes sur la sécurité de leur pays.  À cet égard, a-t-elle relevé, la MINUSCA, qui constitue un « engagement majeur » des Nations Unies, assure la sécurité des populations sur l’ensemble du territoire du pays et accompagne le redéploiement progressif des forces armées centrafricaines. 

Mme Gueguen a par ailleurs indiqué que, soucieux de faciliter l’équipement et de renforcer la mobilité et la sécurité des forces de sécurité centrafricaines, le Conseil a autorisé deux « assouplissements significatifs » de l’embargo sur les armes entre septembre et aujourd’hui.  Elle a aussi rappelé que les autorités centrafricaines peuvent bénéficier des procédures d’exemption prévues par le Comité des sanctions des Nations Unies. 

Dans un contexte sécuritaire qui demeure instable, la représentante juge important de conserver une approche responsable et de veiller à accompagner les autorités centrafricaines dans leurs progrès non seulement en matière de réforme du secteur de la sécurité, mais aussi de désarmement, de démobilisation et de réintégration des anciens membres des groupes armés, et de gestion des armes et des munitions.  Il s’agit en effet d’un élément clef pour une paix et une sécurité durables en République centrafricaine, a-t-elle conclu. 

M. ABDOU ABARRY (Niger), qui s’exprimait également au nom de l’Afrique du Sud et de la Tunisie, a salué et appuyé les efforts et l’ensemble des mesures prises par le Gouvernement centrafricain pour rétablir la paix et la stabilité dans le pays.  Le représentant a souligné que le régime de sanctions ne devait pas représenter un objectif en soi, mais plutôt « notre engagement pour une transition du pays vers la stabilité et la paix ».  L’adoption de cette résolution, a ajouté M. Abarry, constitue ainsi une réponse à la demande légitime formulée par les autorités de la République centrafricaine de continuer vers la levée définitive de l’embargo sur les armes, sur la base des progrès accomplis dans le domaine du stockage des armes et de la gestion de leur non-prolifération. 

Cette résolution, a espéré le délégué, ouvrira la voie au rééquipement de l’ensemble du dispositif de défense et de sécurité, afin que les autorités de la République centrafricaine puissent reprendre le contrôle de l’ensemble du pays.  Cela leur permettra aussi d’affronter les groupes armés qui représentent toujours une menace pour la paix et la stabilité, a-t-il ajouté.  Le représentant a terminé en soulignant la nécessité d’accompagner l’État centrafricain, en coordination avec tous les partenaires régionaux, dans ses efforts de stabilisation et de relèvement socioéconomique du pays, et de l’encourager à multiplier la coopération avec les partenaires. 

Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a indiqué que les sanctions, si elles sont un outil imparfait, peuvent produire les résultats escomptés avec des effets collatéraux minimaux.  « Pour être clair, notre désir n’est pas de punir la République centrafricaine mais d’appuyer l’État alors qu’il restaure son autorité et assume sa responsabilité de protection des civils. »  Tout en prenant note des demandes de la République centrafricaine de voir lever la composante des sanctions relative aux armes, elle a indiqué qu’à son avis, le moment n’est pas encore venu d’accéder à cette demande, en raison des lacunes qui subsistent dans le contrôle des armes et des munitions dans le pays.  Elle a enfin invité le Conseil à demeurer objectif et pragmatique, les positions idéologiques et les jeux d’intérêt ne devant jamais l’emporter sur les besoins du peuple centrafricain. 

M. JUERGEN SCHULZ (Allemagne) a regretté qu’en dépit des efforts de la délégation porte-plume, la France, l’unité du Conseil n’ait pas pu être pleinement réalisée en fin de compte sur le texte adopté ce matin.  Les efforts de mise en œuvre de l’accord de paix et le processus politique en République centrafricaine sont des signes positifs, selon l’Allemagne qui appuie la République centrafricaine.  Cependant, le représentant s’est dit préoccupé par la violence et les attaques visant les civils qui perdurent en République centrafricaine.  Le régime de sanctions reste un élément important pour accompagner le Gouvernement centrafricain sur la voie de la paix, a-t-il estimé.  Il a appelé à inscrire cette question dans le débat plus large sur le thème « Faire taire les armes en Afrique ».  L’Allemagne encourage le Gouvernement centrafricain à contrôler strictement toutes les armes qui lui seront acheminées et à empêcher tout risque de prolifération.  Elle l’encourage en outre à progresser selon les indicateurs de la réforme du secteur sécuritaire et de désarmement, démobilisation et réintégration.

Mme MELANIE HIDALGO (République dominicaine) a encouragé tous les acteurs de la République centrafricaine à mettre en œuvre les mesures visées dans la Déclaration présidentielle du Conseil d’avril 2019 en vue d’une levée des sanctions.  Les parties doivent redoubler d’efforts pour appliquer l’accord de paix signé en février 2019, a-t-elle conclu. 

M. GERT AUVÄÄRT (Estonie) a jugé regrettable l’absence de consensus sur le dossier de la République centrafricaine.  Nous devrions être unis pour aider le pays à mettre un terme aux massacres, comme celui qui s’est récemment produit à Bria, a exhorté le délégué.

Mme KAREN VAN VLIERBERGE (Belgique) s’est dite convaincue que les mesures d’embargo sur les armes en République centrafricaine restent indispensables pour créer les conditions d’une paix pérenne dans le pays.  Elle a encouragé les autorités centrafricaines à miser sur la réforme du secteur de la sécurité.  La Belgique, a-t-elle assuré, est prête à les accompagner sur cette voie.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a salué les efforts de la République centrafricaine, notamment ceux qui visent à respecter les indicateurs fixés.  Les sanctions ne sont pas une fin en soi et elles ne sont pas en place pour toujours, a-t-il souligné expliquant qu’il s’agit d’un moyen pour créer les conditions propices à la paix et la stabilité en République centrafricaine.  L’Indonésie appelle l’ensemble des États Membres à maintenir leur appui à la République centrafricaine et se dit prête à œuvrer pour l’unité au sein du Conseil de sécurité sur cette question, a conclu le délégué.

M. WU HAITAO (Chine) a rappelé que les sanctions ne sont pas une fin en soi.  Constatant que la situation s’améliore sur le terrain, il a appelé le Conseil à lever les sanctions le plus rapidement possible.  La Chine n’a pas eu d’autre choix que de s’abstenir, a-t-il dit en expliquant que la résolution ne reflète pas la position de tous les États Membres.

M. DAVID CLAY (Royaume-Uni) a regretté que le consensus n’ait pas été obtenu sur la résolution adoptée ce matin en dépit des efforts de la France.  La délégation déplore en outre que la période de renouvellement du régime de sanctions ne soit que de six mois, ce qui envoie selon elle un « mauvais message » aux groupes armés.  Les procédures de notification doivent permettre aux autorités centrafricaines de garder le contrôle sur l’acheminement et d’éviter la prolifération des armes dans le pays, a poursuivi le représentant.  Il a salué à cet égard les progrès en ce qui concerne la gestion des armes et des munitions pour que les armes ne tombent pas entre les mains de groupes armés.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a déclaré que son pays n’a pas pu appuyer la résolution.  En effet, a-t-il indiqué, tous les points de vue n’ont pas été pris en compte.  « Nous voulions un assouplissement plus sensible de l’embargo sur les armes, et nos vues, comme celles de Bangui, n’ont pas été prises en compte », a-t-il regretté.  Selon la Fédération de Russie, cet embargo fait obstacle au réarmement de l’armée, alors que celle-ci a la responsabilité de protéger les civils.  Quant aux fauteurs de troubles, rien ne les empêche de s’armer par le biais de la contrebande, a-t-il fait remarquer.  Le délégué a rappelé que les autorités légitimes de la République centrafricaine demandent la levée de l’embargo sur les armes.  Il a donc souhaité un réexamen de la situation par le Conseil en juillet.  La Fédération de Russie continuera d’appuyer la République centrafricaine, a-t-il assuré.

Pour Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis), le régime de sanctions en République centrafricaine exercera la pression nécessaire sur les groupes armés en République centrafricaine.  Cette résolution ne doit cependant pas faire oublier la dynamique des négociations, y compris ce qui s’est fait à Bangui, a-t-elle souhaité.  Il y a été dit que certains gouvernements, dont celui des États-Unis, ne veulent pas la paix en République centrafricaine, « or rien ne pourrait être plus faux », s’est-elle indignée.  « Nous souhaitons tous promouvoir les intérêts des habitants de la République centrafricaine et promouvoir la paix et la stabilité dans le pays. »  Sachant que le Gouvernement américain est le plus grand donateur humanitaire de la République centrafricaine -avec 140 millions de dollars en 2019- et qu’il aide le pays à reconstruire les institutions chargées de la sécurité, la représentante a demandé à la Fédération de Russie si elle estime que l’aide humanitaire est contraire aux intérêts de la population locale.  « Cela ne serait pas la première fois qu’elle le fait au Conseil de sécurité », a-t-elle dit tout en constatant que cela ne veut pas pour autant dire que c’est vrai. 

Mme Norman-Chalet a estimé que le Conseil de sécurité pourrait répondre favorablement à des demandes d’exemption émanant du Gouvernement centrafricain afin d’importer de nouvelles armes, mais elle a dit que le Conseil n’avait pas reçu de telle requête depuis le dernier assouplissement de l’embargo en septembre.  Elle a dit espérer des progrès d’ici à la prochaine résolution, avant de dénoncer la « propagande qui sème la discorde » de la Fédération de Russie, qui entraîne sur un chemin dangereux.  Il est du devoir de l’ensemble de la communauté internationale d’accompagner la République centrafricaine sur la voie de la stabilité et de la désescalade, a-t-elle plaidé, d’autant plus que le pays a une échéance électorale en 2020.  Recommandant pour cela d’agir de concert avec l’Union africaine, elle a encouragé la Fédération de Russie à rejoindre le consensus au sein du Conseil de sécurité sur ce dossier, pour soutenir le renforcement des institutions d’une manière transparente et coordonnée.

M. DANG DINH QUY (Viet Nam) a indiqué que la résolution de ce jour témoigne de l’attention que le Conseil porte à la situation en République centrafricaine.  L’objectif ultime du régime de sanctions est d’ouvrir la voie à un règlement pacifique du conflit, a-t-il rappelé.  Le délégué a enfin salué l’évolution positive de la situation sur le terrain et souhaité le maintien des conditions pour la réussite du dialogue.

Mme AMBROISINE KPONGO (République centrafricaine) s’est à son tour félicitée de l’adoption de la résolution renouvelant le régime de sanctions à l’encontre de son pays.  Elle s’est réjouie en particulier du consensus et du compromis qui ont prévalu lors des négociations car, a-t-elle dit, « le sort de tout un peuple dépend des décisions que vous prenez dans cette enceinte ».  À la France, porte-plume de la résolution, la représentante a adressé toutes ses félicitations pour sa flexibilité tout au long des consultations, lesquelles ont produit un « texte concis et acceptable par tous ».  La délégation centrafricaine salue le nouvel allégement de l’embargo sur les armes en ce qui concerne les véhicules de transport, a-t-elle précisé. 

La représentante a indiqué que les activités de groupes armés dans le nord du pays, notamment dans la préfecture de Vakaga, restent une source de profonde inquiétude pour les populations.  « Doter les forces de défense et de sécurité de moyens roulants leur permettra une mobilité assurée dans les zones d’insécurité et facilitera une intervention rapide auprès des civils en détresse », a-t-elle assuré.  Ce sont ces activités criminelles, menées sur une grande part du territoire national, qui conduisent le Gouvernement à insister pour une levée totale de l’embargo sur les armes, a expliqué la représentante. 

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