Soixante-quinzième session,
1re séance plénière – matin
AG/J/3614

La Sixième Commission entame un programme de travail très « serré et ambitieux », malgré la réduction du temps de réunion en raison de la COVID-19

À l’instar des autres grandes commissions de l’Assemblée générale de l’ONU, la Sixième Commission chargée des questions juridiques a entamé, ce matin, ses travaux sous la contrainte inédite de la pandémie COVID-19, dans le respect d’un strict protocole sanitaire pour les délégués sur place et avec une réduction significative du temps de réunion lors de cette session, soit trois à quatre réunions « en présentiel » par semaine.

Le programme de travail de la Commission demeure néanmoins « extrêmement serré et ambitieux », a déclaré son Président, M. Milenko E. Skoknic, du Chili.  Après avoir réglé des questions d’ordre procédural, la Commission a aussitôt commencé l’examen de son premier point à l’ordre du jour -les mesures visant à éliminer le terrorisme international- avec la prise de parole d’une quinzaine de délégations.

Le Président de la Commission a indiqué que 21 réunions en présentiel sont prévues pendant cette session, une majorité d’entre elles devant se tenir dans trois salles de conférence différentes pour respecter les mesures de distanciation sociale.  L’année dernière, la Commission avait adopté un programme de travail provisoire pour la présente session prévoyant la tenue de 36 réunions.

« Ces arrangements ont été pris pour une raison exceptionnelle et n’ont pas vocation à modifier le format des travaux de la Commission », a précisé le Président.  La Commission ne tiendra ainsi pas le débat très riche qu’elle a chaque année sur le rapport de la Commission du droit international.  La session de cette dernière a en effet été reportée à 2021, a précisé M. Skoknic, en ajoutant que les groupes de travail se tiendront de manière virtuelle.

Les délégués de la Fédération de Russie et de la Chine ont tenu à préciser que ces groupes virtuels devront être considérés comme informels et ont réclamé, compte tenu de la réduction du nombre de réunions, que les réunions physiques soient consacrées à l’examen des projets de résolution.  La dernière réunion de cette session de fond doit se tenir le 20 novembre prochain.

La Commission a élu par acclamation Mme Sarah Weiss Ma’udi, d’Israël, au poste de vice-président pour le Groupe des États d’Europe occidentale et autres États, qui était resté vacant.  Les délégués de l’Iran et de la République arabe syrienne ont pris la parole pour dénoncer l’élection d’une ressortissante « d’un pays méprisant le droit international ».  Cette élection ne vaut pas légitimation du régime israélien, a déclaré le délégué de l’Iran.  La déléguée du Cuba, s’exprimant au nom de la Fédération de Russie, de la Syrie et du Venezuela, a, quant à elle, dénoncé les refus d’octroi de visa du pays hôte à l’endroit de certains délégués.

La pandémie a été au cœur du débat sur les mesures visant à éliminer le terrorisme international.  Le délégué de la Norvège, au nom des pays nordiques, a ainsi rappelé que Daech et Al-Qaida ont tiré profit de la pandémie pour intensifier leur propagande et semer la méfiance envers les gouvernements.  Les activistes d’extrême droite se sont, quant à eux, montrés très efficaces dans l’utilisation du virus afin de propager leurs théories du complot, a-t-il dit.

« Les groupes terroristes continuent à exploiter la situation pour instiller la peur et la haine, entraver la cohésion sociale et radicaliser et recruter des membres », a déclaré Singapour, appuyé par le Népal.  Au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), la représentante de l’Arabie saoudite, a, quant à elle, rejeté le ciblage des minorités musulmanes durant la pandémie de COVID-19 accusées à tort de transmission locale du virus. 

La pandémie et la récession qu’elle a provoquée apportent de nouveaux obstacles à la lutte contre le terrorisme car elles révèlent des fragilités existantes propices à ce même terrorisme, a appuyé le délégué du Cambodge, au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).  Il a indiqué que la maladie a eu de profondes conséquences sur les victimes du terrorisme, les services à ces dernières ayant été perturbés par l’allocation prioritaire des ressources à la crise sanitaire.

Face à cette situation inédite, la plupart des délégations ont jugé nécessaire de promouvoir une plus grande coopération internationale.  L’Union européenne a ainsi réclamé un effort spécifique pour évaluer l’influence potentielle de la pandémie sur les activités terroristes et anticiper à cette aune d’éventuelles actions ciblées.  Elle a privilégié une approche fondée sur les droits de l’homme pour prévenir et contrer l’extrémisme violent, « y compris sur Internet ».

Le représentant de l’Iran, qui s’exprimait au nom du Mouvement des pays non alignés, a rejeté tout recours à la force ou menace d’user de la force par un État contre un de ses membres sous le prétexte de lutter contre le terrorisme ou de poursuivre un objectif politique, y compris en les qualifiant directement ou indirectement d’États parrains du terrorisme. 

Il a aussi rejeté la préparation unilatérale de listes accusant des États d’apporter un appui aux terroristes, ce qui est selon lui une violation du droit international et une « forme de terrorisme politique et psychologique ».  Enfin, à l’instar du Honduras, l’Iran a demandé la tenue d’une conférence de haut niveau pour parachever le projet de convention générale de lutte contre le terrorisme international.

La Commission a également décidé de créer trois groupes de travail consacrés aux thèmes suivants: responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite; portée et application du principe de compétence universelle; et mesures visant à éliminer le terrorisme international.  Ces trois groupes de travail seront présidés respectivement par M. Thabo Molefe (Afrique du Sud), M. Rodrigo Carazo (Costa-Rica) et M. Rohan Perera (Sri Lanka).

La Commission poursuivra ses travaux demain, mercredi 7 octobre 2020, à 15 heures.

MESURES VISANT À ÉLIMINER LE TERRORISME INTERNATIONAL (A/75/176)

Déclarations

Le représentant de l’Iran, au nom du Mouvement des pays non alignés, a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, ainsi que les actes terroristes dans lesquels des États sont directement ou indirectement impliqués.  Il a rappelé que le terrorisme ne peut être assimilé à la lutte légitime des peuples vivant sous une occupation étrangère ou sous une domination coloniale pour exercer leur droit à l’autodétermination et se libérer.  « La brutalisation des peuples demeurant sous une occupation étrangère doit continuer à être dénoncée comme la forme la plus grave de terrorisme. »  Le délégué a rappelé que le terrorisme ne doit pas être associé à une religion, une civilisation, une nationalité ou un groupe ethnique.

Le Mouvement des pays non alignés rejette tout recours à la force ou menace d’user de la force par un État contre un de ses membres sous le prétexte de lutter contre le terrorisme ou de poursuivre un objectif politique, y compris en les qualifiant directement ou indirectement d’États parrains du terrorisme.  Le Mouvement, a poursuivi le représentant.  Le Mouvement rejette aussi la préparation unilatérale de listes accusant des États d’apporter un appui aux terroristes, ce qui est une violation du droit international et une « forme de terrorisme politique et psychologique ».  Il s’est dit préoccupé par la menace grandissante posée par les combattants terroristes étrangers et a exhorté les États concernés à y remédier, y compris en mettant en œuvre leurs obligations internationales. 

Le délégué a souligné la nécessité de contrer la propagande terroriste en élaborant un cadre complet et international et en apportant une réponse à ses causes profondes.  Le Mouvement exhorte tous les États à respecter les droits humains dans la lutte contre le terrorisme.  Le délégué a souhaité l’achèvement d’une convention générale de lutte contre le terrorisme international, en notant les négociations au sein du Comité ad hoc établi par l’Assemblée générale le 17 décembre 1996.  « Nous appelons tous les États à coopérer pour régler les questions en suspens. »  Enfin, le représentant a souligné l’importance de la pleine mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.

La représentante de l’Arabie saoudite, au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, indépendamment des motivations et de l’identité de l’auteur et du lieu où il est perpétré.  Elle a réaffirmé la position de l’OCI à savoir que le terrorisme constitue une violation flagrante du droit international, notamment du droit international humanitaire et du droit relatif aux droits de l’homme, en particulier celui à la vie.  Les actes terroristes mettent en péril l’intégrité territoriale et la stabilité des États ainsi que la sécurité nationale, régionale et internationale.  Elle a également réitéré le respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de tous les États, en vertu de la Charte des Nations Unies.  Après avoir indiqué que le terrorisme ne saurait être associé à aucune religion, race, croyance, théologie, valeur, culture ou société, la représentante de l’OCI a fermement condamné « toute tentative visant à lier le terrorisme à l’islam pour des intérêts étroits ».  De telles tentatives, a-t-elle déploré, servent aux terroristes et constituent une apologie de la haine religieuse, de la discrimination et de l’hostilité envers les musulmans. 

La représentante a également rejeté le ciblage des minorités musulmanes durant la pandémie de COVID-19 en les blâmant pour la transmission locale du virus.  Elle a cité à cet égard le Secrétaire général pour qui « à mesure que la COVID-19 se propage, elle provoque un tsunami de fausses informations, de discours de haine, de boucs-émissaires et d’alarmisme ».  En conséquence, l’OCI réitère l’importance de la promotion du dialogue et de la coopération entre les religions, les cultures et les civilisations pour la paix et l’harmonie dans le monde.  Il faut en outre s’attaquer aux causes qui sous-tendent le terrorisme, notamment le recours illégal à la force, l’agression, l’occupation étrangère, les différends internationaux, ainsi que la marginalisation et l’aliénation politique.  Il faut surtout, a insisté la représentante, combattre tous les groupes et organisations terroristes, où qu’ils se trouvent. 

L’OCI prie aussi le Secrétaire général, en coopération avec les États Membres, de s’adresser aux mécanismes pertinents en vue d’élargir la portée des sanctions de la résolution 1267 (1999) du Conseil de sécurité en incluant des individus et entités associés à des groupes antimusulmans extrémistes racistes pour répondre efficacement à cette menace croissante du terrorisme.  Il est également essentiel d’améliorer la coopération et la coordination entre les États Membres pour des poursuites contre les auteurs d’actes terroristes, la prévention de tout financement, d’assistance ou d’armes à des groupes et organisations terroristes.  L’Organisation réitère la nécessité d’établir une distinction entre terrorisme et exercice légitime du droit des peuples à résister contre l’occupation étrangère. 

Enfin, la représentante a appelé à une mise à jour de la Stratégie antiterroriste mondiale qui est « un effort permanent et un document vivant » qui gagnerait à faire régulièrement l’objet d’un examen et à être mis en œuvre de manière équilibrée dans tous ses aspects.  Il faut, à cet égard, améliorer la capacité technique des États à travers l’accroissement de ressources pour les entités et départements de l’ONU chargés de cette tâche, et renforcer l’assistance technique bilatérale et le transfert technologique. 

Le représentant du Cambodge, au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a déclaré que la pandémie et la récession qu’elle a provoquée infligent de nouveaux obstacles à la lutte contre le terrorisme car elles révèlent des fragilités existantes et des conditions propices à ce même terrorisme.  La maladie a par ailleurs eu un profond impact sur les victimes du terrorisme, car les services à ces dernières ont été perturbés par l’allocation prioritaire des ressources à la crise sanitaire.  Il est donc nécessaire, selon le délégué, de promouvoir une plus grande coopération internationale dans ces deux domaines et de garantir la mise en place du Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui bénéficie à l’économie et donc à la prise en compte des causes sous-jacentes de la violence.

De même, il est important, selon le représentant, de travailler à la coordination des politiques et au partage de l’information en particulier pour le contrôle aux frontières, sans oublier des efforts communs pour la lutte contre la propagation de l’extrémisme violent sur les réseaux sociaux.  La pandémie, a-t-il rappelé, a montré à quel point la désinformation se diffuse sur Internet, et combien les réseaux contribuent à la radicalisation.  Le représentant a insisté, en conclusion, sur l’engagement de l’ASEAN dans la lutte contre le terrorisme à travers la Convention de l’ASEAN sur la lutte contre le terrorisme, ratifiée par 10 pays membres, et son Plan d’action pour prévenir et contrer la montée de la radicalisation et de l’extrémisme violent (2018-2025).  Le vingt-septième Forum régional de l’ASEAN, réuni le mois dernier, a mis en avant le travail des autorités locales qui collaborent avec les leaders féminins, religieux, culturels et éducatifs.  

La représentante de l’Union européenne (UE), au nom d’un groupe de pays, a souligné que l’Union poursuit une approche globale en matière de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, cela dans le plein respect de l’état de droit et du droit international, en particulier du droit international des droits de l’homme, du droit humanitaire et du droit international des réfugiés.  Elle a attiré l’attention sur la nécessité d’agir de manière plus résolue pour lutter efficacement contre la radicalisation, les cellules dormantes, les terroristes agissant seuls et contre toutes les autres formes de terrorisme.  Pour l’UE, il convient tout autant de s’attaquer au financement du terrorisme par la voie du blanchiment d’argent, d’enrayer l’utilisation d’Internet et des technologies numériques à des fins terroristes ou encore d’empêcher l’accès à des substances chimiques et des explosifs pouvant être détournés à ces mêmes fins.  Par ailleurs, l’oratrice a attiré l’attention sur question de la réhabilitation et de la réintégration des combattants étrangers et de leurs familles. 

En outre, a poursuivi la représentante, l’impact de la pandémie de COVID-19 représentant un défi aux effets d’une ampleur sans précédent, un effort spécifique doit être consenti pour évaluer son influence potentielle sur les activités terroristes et anticiper à cette aune d’éventuelles actions ciblées.  Elle a privilégié une approche fondée sur les droits de l’homme pour prévenir et contrer l’extrémisme violent, « y compris sur Internet », la lutte contre le terrorisme ne devant jamais servir de prétexte à des violations des droits de l’homme. L’UE appelle à s’attaquer aux causes sous-jacentes du terrorisme et de l’extrémisme violent, en promouvant de moyens non violents pour répondre aux mécontentements politiques ou sociaux des populations.  En outre, nous devons accorder une attention particulière aux victimes dans la lutte contre le terrorisme et veiller à ce que leurs droits soient protégés, a ajouté la représentante. 

L’UE et ses États membres travaillent sur de nouveaux moyens de s’attaquer tant à la dimension intérieure qu’internationale de la menace terroriste, a ensuite indiqué la représentante.  Concernant les pays de l’espace européen, elle a cité l’échange optimisé d’informations, la prévention de l’exploitation d’Internet à des fins terroristes et le tarissement des ressources du financement du terrorisme.  Au niveau international, l’Union met l’accent sur le renforcement des capacités des pays et régions partenaires stratégiquement importants, la coopération judiciaire et le partage d’expertise en matière de contre-terrorisme.  Enfin, l’UE réitère l’engagement de ses membres à lutter contre la radicalisation menant à l’extrémisme violent et au terrorisme dans un cadre multilatéral renforcé. 

Le représentant de la Norvège, au nom des pays nordiques, a déclaré que la pandémie a entravé les efforts internationaux contre le terrorisme et l’extrémisme violent.  Daech et Al-Qaida ont tiré profit de la pandémie pour renforcer leur propagande et semer la méfiance envers les gouvernements, a-t-il constaté, en se disant préoccupé par les attaques au Sahel.  « Les activistes d’extrême droite ont efficacement utilisé le virus pour propager leurs théories du complot et faire de nouvelles recrues. »  Notre réponse aux terroristes et extrémistes doit être la coopération mondiale, l’ONU jouant un rôle central, a dit le délégué.  Il a indiqué que les femmes jouent, d’une part, un rôle essentiel au sein des organisations terroristes mais que, d’autre part, elles sont cruciales pour contrer l’extrémisme violent en étant dotées des outils adéquats.  « Nous devons autonomiser les femmes pour les aider à créer des communautés stables et pacifiques, afin de mieux prévenir l’extrémisme violent.  »

Le représentant a indiqué que les jeunes jouent un rôle crucial dans la prévention de la radicalisation.  « Nous devons prendre en compte les perceptions qu’ont les jeunes de leurs propres griefs, puisqu’ils peuvent détenir les solutions à des défis clefs. »  Le délégué a souligné l’importance d’un examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies dès que les circonstances le permettront, cet examen ayant été reporté en raison de la pandémie.  « En attendant cet examen, les pays nordiques considèrent que cette stratégie doit continuer à reposer sur ses quatre piliers. »  Enfin, le délégué a rappelé que toutes les mesures antiterroristes doivent respecter le droit international et les droits de l’homme.

Le représentant de l’Inde a souligné que l’avancée des technologies a offert aux terroristes un accès à des ressources et des connaissances qui leur permettent de promouvoir leur idéologie.  Pour répondre à ce défi, a-t-il préconisé, il faut une coopération véritable en matière d’entraide judiciaire.  Il faut renforcer les contrôles aux frontières et la lutte contre les flux financiers illégaux qui nourrissent les réseaux et les activités terroristes.  À cette fin, le délégué a préconisé un renforcement de la coopération avec le Groupe d’action financière (GAFI), excellent instrument de lutte contre le blanchiment d’argent selon lui.

Le délégué a rappelé les propos du Premier Ministre indien devant l’Assemblée générale qui déclarait récemment que « nous avons évité une troisième guerre mondiale mais nous n’avons pas pu nous prémunir contre le terrorisme ni contre les bains de sang ».  L’Inde n’hésitera pas à agir, a-t-il ajouté.  Si l’ONU joue un rôle important dans la lutte contre le terrorisme, l’Organisation ne doit toutefois pas être utilisée pour justifier des pratiques inappropriées sous couvert de lutte contre la violence terroriste, a-t-il dit.  Ensuite, les victimes sont principalement des groupes vulnérables comme les femmes et les enfants, d’où la nécessité d’une convention internationale globale permettant de faire face à ce fléau.  Or l’ONU, a-t-il regretté, n’arrive pas à se mettre d’accord sur un tel instrument, qu’il est pourtant urgent de parachever. 

Il faut redoubler de vigilance en ces temps de pandémie, a averti la représentante de Singapour, car les groupes terroristes continuent à exploiter la situation pour instiller la peur et la haine, entraver la cohésion sociale et radicaliser et recruter des membres.  La représentante a expliqué que Singapour a adopté une stratégie antiterroriste globale et s’attache à améliorer les capacités de ses services de sécurité.  Reconnaissant le rôle important de l’opinion publique dans la lutte antiterroriste, Singapour a lancé en 2016 un mouvement visant à la mobilisation de ses citoyens pour prévenir et répondre aux attentats terroristes.  Dans sa lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, le pays dispose en outre d’un cadre équilibré de coordination entre les différents organismes publics, de partenariats public-privé, et d’un régime régulatoire assorti de sanctions sévères.  La loi sur le terrorisme a été amendée pour mieux s’attaquer aux délits de financement du terrorisme. 

Ensuite, la représentante a fait état de l’approche régionale en termes de coopération pour la défense et la sécurité grâce à des exercices conjoints comme les patrouilles du détroit de Sulu-Sulawesi et du détroit de Malacca.  Au niveau international, Singapour est partie à 15 accords internationaux de lutte contre le terrorisme, notamment au Protocole de Montréal de 2014, entré en vigueur cette année.  En conclusion, la représentante a regretté que les circonstances actuelles n’aient pas permis de procéder au septième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale ni de tenir la deuxième Conférence de haut niveau des chefs d’agence antiterroriste des États Membres. 

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a dénoncé le terrorisme perpétré par certains États visant des changements de régime dans d’autres pays.  Il a condamné les sanctions unilatérales prises par certains pays contre d’autres à des fins politiques et souligné la nécessité de mettre fin aux abus et à l’arbitraire de ces États dans la lutte antiterroriste. 

Le délégué a appelé à remédier aux causes profondes du terrorisme.  La RPDC est résolument engagée dans la lutte contre le terrorisme et s’acquitte de ses obligations internationales, a-t-il assuré.  La RPDC a notamment rejoint la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme.  Enfin, il a déclaré que son pays œuvre à la stabilité de la péninsule coréenne.

Si la communauté mondiale a réussi à défaire des groupes et organisations terroristes, a constaté le représentant du Pakistan, d’autres groupes prolifèrent malheureusement.  Le Pakistan a perdu 75 000 vies et consenti un effort financier de milliards de dollars, a précisé le délégué.  Pour parvenir à l’élimination du terrorisme, il convient, en premier lieu d’établir une distinction claire entre ce fléau et l’occupation étrangère ou coloniale. 

La représentante de l’Argentine a salué la publication du rapport qui présente les bonnes pratiques et mesures adoptées par les États parties aux niveaux national et international en vue de l’élimination du terrorisme international.  Elle a encouragé une approche multidimensionnelle dans le combat contre le terrorisme, rappelant que son pays avait subi deux graves attentats à Buenos Aires, contre l’ambassade d’Israël, en 1992, puis contre le siège de l’Association des mutuelles israélites argentines (AMIA), en 1996.  Cette expérience a renforcé notre conviction qu’il importe de combattre le terrorisme dans le cadre de la primauté du droit et du respect des garanties fondamentales, notamment par une procédure équitable, a confié la représentante.  Selon elle, il faut recourir davantage à la coopération Sud-Sud et triangulaire.  Elle a espéré que l’ONU facilitera l’établissement de plateformes d’échange de pratiques optimales comme la réunion sur la promotion de la coopération Sud-Sud dans la lutte antiterroriste et l’extrémisme violent, qui a eu lieu en novembre dernier à New York. 

L’Argentine a renforcé, quant à elle, sa législation relative aux droits et garanties de protection des victimes du terrorisme, afin de renforcer l’évaluation, l’assistance, la représentation juridique, ainsi que la protection et l’accès des victimes à la justice.  Elle a appuyé l’adoption d’une perspective paritaire dans tous les plans, stratégies et réponses nationales et internationales pour mieux traiter les besoins spécifiques des femmes et des filles affectées par le terrorisme, en garantissant le plein respect de leurs droits et l’accès à des services éducatifs et de santé intégrale de qualité.  Au plan régional, l’Argentine appuie les initiatives de renforcement des capacités et d’échange d’informations et de bonnes pratiques dans le cadre de la Commission interaméricaine contre le terrorisme de l’Organisation des États américains, a précisé la déléguée. 

Le représentant de la Colombie a affirmé qu’en matière de lutte contre le terrorisme, la victoire n’est pas possible sans l’application de mesures qui privilégient les droits de l’homme, le droit international humanitaire et l’état de droit.  Ajoutant que le terrorisme est une manifestation transnationale du crime organisé qui ne respecte aucune frontière nationale, il a insisté sur l’impact du multilatéralisme et de la coopération internationale pour lutter contre ce fléau et, a fortiori, sur la nécessité d’un renforcement de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies. 

Selon le représentant, la communauté internationale doit concentrer ses efforts sur les pays où les organisations criminelles et les terroristes ont trouvé des sanctuaires, développé des réseaux délictueux et un ancrage territorial.  Ceci implique un travail essentiel contre le blanchiment des fonds qui servent autant au terrorisme, aux narcotrafiquants, au trafic de migrants qu’à l’extraction illégale de ressources minérales.  De même, le délégué a insisté sur le partage de l’expertise et de l’information, et sur la coopération judiciaire.

La représentante du Honduras a indiqué que rien ne justifie le terrorisme et appelé à la création d’espaces d’entente entre États et à la promotion d’une culture de paix.  La déléguée a demandé la tenue dans les meilleurs délais d’une conférence de haut niveau afin de parachever la convention générale sur le terrorisme.  La représentante du Honduras a insisté sur les liens entre groupes criminels et terroristes, véritable menace à la paix et à la sécurité internationale, et appelé à y remédier dans le droit fil des résolutions du Conseil de sécurité.  Enfin, elle a assuré de la pleine participation de son pays, membre fondateur de l’ONU, aux travaux de la Sixième Commission.

La représentante des Philippines a déclaré que la bataille de Marawi il y a trois ans, et à laquelle ont participé des combattants terroristes étrangers, avait instruit son pays qu’un cadre juridique efficace est essentiel.  Avec la loi antiterroriste de 2020, nous l’avons maintenant, a-t-elle dit, ajoutant que cette loi renforce notamment le cadre juridique en permettant aux autorités de poursuivre les combattants tout en respectant les droits et les libertés fondamentaux du peuple tels que consacrés par la Constitution.  La représentante a aussi souligné que l’application de cette loi respecte les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, ainsi que les principes de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.

Pour réussir véritablement à éradiquer les éléments terroristes, les poursuites, les opérations militaires et l’application de lois spécifiques ne sont pas suffisantes, a poursuivi la représentante, qui a appelé à s’attaquer aux causes profondes qui poussent les individus à rejoindre des groupes extrémistes violents.  À cet égard, elle a indiqué que l’adoption, l’année dernière, d’un plan d’action national sur la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent mobilise désormais, autour du Ministère de l’intérieur et des gouvernements locaux, des experts et les acteurs spécialisés de la société civile.  Ce partenariat permet de mieux lutter, dans le respect des droits des personnes, contre la diffusion de la propagande terroriste et d’aider durablement les victimes innocentes du terrorisme à réinsérer dans la vie des communautés.

Conscient des menaces qui pèsent sur l’économie touristique de son pays, particulièrement vulnérable face à l’extrémisme violent, le représentant des Maldives a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations.  Pour cette raison, les Maldives ont adopté la loi sur la prévention du blanchiment d’argent et du financement du terrorisme en 2014, et la loi sur la prévention du terrorisme en 2015, conduisant à la création du Centre national de lutte contre le terrorisme en 2016, a-t-il indiqué.  C’est une infraction pénale grave pour tout ressortissant des Maldives de voyager pour combattre dans des guerres sur un sol étranger, a-t-il également noté.

Le représentant a expliqué que les autorités de son pays luttent contre l’extrémisme dans le cadre d’une stratégie de prévention et en s’efforçant de construire une société plus harmonieuse et à même d’autonomiser les communautés.  À cet égard, il a plaidé en faveur d’un dialogue inclusif et d’un système éducatif ouvert pour faire échec aux rhétoriques haineuses, à la xénophobie et à l’intolérance.

Compte tenu de la nature interdépendante et évolutive du terrorisme, nous devons établir des partenariats solides pour contrer les menaces communes à notre sécurité, a-t-il encore dit, notant que le Gouvernement des Maldives travaille en étroite collaboration avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) pour renforcer les capacités et partager les meilleures pratiques dans la région.

Le représentant du Népal a dit que le terrorisme, à la différence d’un virus, est un danger qui naît dans la « psyché humaine », avant de dénoncer les « faux rêves » offerts par les groupes terroristes à certains jeunes fragiles.  Les terroristes ont tiré profit de la pandémie pour propager des discours antiétatiques.  Face à ce fléau, l’ONU doit être au cœur de tous nos efforts, a poursuivi le délégué.  Il a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations et indiqué que le Népal est partie aux six instruments internationaux de lutte contre le terrorisme.

La protection des droits de l’homme est cruciale pour prévenir la radicalisation qui conduit au terrorisme, a insisté le représentant.  Il a souligné la nécessité de s’attaquer aux causes profondes du terrorisme, telles que la marginalisation de certaines communautés.  Enfin, il a demandé un appui en vue du renforcement des capacités des pays en développement face au terrorisme.

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