Soixante-quinzième session,
8e séance plénière – matin
AG/DSI/3652

Le désarmement nucléaire et les conflits régionaux de nouveau au cœur des discours lors du débat général de la Première Commission

La Première Commission (désarmement et sécurité internationale) a poursuivi, ce matin, son débat général au titre de tous les points de son ordre du jour.  Une fois encore, le désarmement nucléaire, les différends régionaux et leur cortège de violations supposées de normes internationales du désarmement et de la non-prolifération ont dominé les interventions de la trentaine de délégations entendues ce jour.  La France, dans une déclaration très dense, la Nouvelle-Zélande et le Japon ont balayé l’ensemble de ces sujets, tandis que l’Azerbaïdjan et la Syrie se concentraient sur les conflits auxquels ils sont parties.

Face à l’érosion du mécanisme onusien de désarmement, la France a tenu à souligner les efforts qu’elle engage avec d’autres pays pour le relancer.  S’agissant des enjeux liés au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), le représentant français a estimé que, « pour éviter la prolifération des armes nucléaires et réduire la possibilité de confrontation nucléaire tout en apportant à chacun les bénéfices des usages pacifiques de l’énergie nucléaire  », il convenait d’approfondir le travail normatif du désarmement nucléaire en privilégiant une approche graduelle. 

À cet égard, la France considère que le projet de traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes nucléaires, qui doit être négocié par une Conférence du désarmement revitalisée, doit d’abord retrouver la centralité qu’il mérite dans les travaux du TNP.  La France souhaite en outre qu’on recherche les voies permettant de renforcer la vérification du désarmement nucléaire.  À cet égard, son représentant a condamné les « graves entorses » au TNP de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et le non-respect, par l’Iran, du Plan d’action global commun.

Le développement continu par la RPDC de capacités nucléaires et d’un programme de missiles balistiques suscite aussi la préoccupation du Japon.  Son représentant a demandé à la RPDC de procéder au démantèlement complet, vérifiable et irréversible de toutes ses armes nucléaires mais s’est entendu répondre par son homologue nord-coréen que « le mécanisme de dissuasion nucléaire » de son pays  n’avait « pour autre but que de sauvegarder la paix et la sécurité dans la péninsule coréenne ».

Au-delà même des armes nucléaires qu’ils pourraient servir à emporter, les programmes de missiles balistiques mis au point par la RPDC comme par l’Iran ont eux aussi été vivement critiqués par la France, laquelle continue de déplorer le vide juridique concernant la question spécifique des missiles, tout comme la Nouvelle-Zélande, qui assurait en 2020 la présidence du Régime de contrôle de la technologie des missiles.

En matière de désarmement nucléaire, la Nouvelle-Zélande a annoncé que le Groupe de la levée de l’état d’alerte, auquel elle appartient, présenterait cette année un projet de résolution demandant de nouveau une réduction du niveau opérationnel des têtes nucléaires.  « Les États dotés d’armes nucléaires doivent envoyer un signal clair à tous les États parties au TNP quant à leur volonté de s’engager dans les négociations multilatérales sur le désarmement prévues à l’article VI du Traité relatif à l’élimination de leurs arsenaux  », a déclaré son représentant, qui a rappelé la « responsabilité particulière » de ces pays et vu dans un tel engagement un moyen sûr de « rétablir la confiance dans les processus de désarmement nucléaire » et de mettre ainsi fin à leur dégradation.

Seul pays ayant subi des bombardements atomiques, le Japon a ajouté que la réalisation d’un monde sans armes nucléaires exigeait des États dotés de telles armes qu’ils prennent des mesures concrètes, 75 ans après Hiroshima et Nagasaki.  Le Japon présentera en ce sens un projet de résolution invitant ces États à faire montre de transparence et de responsabilité en ce qui concerne leurs obligations en matière de réduction de leurs arsenaux, ainsi qu’à reconsidérer la place centrale qu’occupent ces derniers dans leur doctrine de sécurité.

La séance a été l’occasion d’évoquer une nouvelle fois deux conflits régionaux.  La représentante de l’Azerbaïdjan s’est livrée à un véritable réquisitoire contre l’Arménie, accusée de vouloir transformer démographiquement les « territoires occupés de l’Azerbaïdjan pour arriver à ses fins : annexer la région » du Haut-Karabakh.  Accusant l’Arménie de pilonner à l’arme lourde des infrastructures civiles, elle a affirmé que son pays ne faisait que s’efforcer de repousser « l’agression militaire de l’Arménie » en exerçant son droit à l’autodéfense.

Pour sa part, le représentant de la République arabe syrienne a répété que son pays condamnait fermement l’emploi d’armes de destruction massive, y compris les armes chimiques, et a réaffirmé que la Syrie respectait toutes les obligations de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques depuis son adhésion en 2013, deux ans après l’éclatement du conflit.  Il a également soutenu que l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques avait supervisé la destruction de toutes les installations syriennes de fabrication d’armes chimiques, puis a accusé les États-Unis de « propager ses mensonges sur la Syrie et la question chimique, alors que ce pays refuse de démanteler ses arsenaux d’armes chimiques depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ».

La Première Commission poursuivra son débat général lundi, 19 octobre, à partir de 10 heures. 

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR TOUCHANT AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE

Déclarations

M. CRAIG JOHN HAWKE (Nouvelle-Zélande) a déclaré que les progrès réalisés en matière de désarmement nucléaire seraient essentiels pour obtenir un résultat positif lors de la prochaine Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, indiquant que des propositions pour un tel succès avaient été rédigées par le « Groupe de Stockholm 16 » dans un document intitulé « Tremplins pour l’avancement du désarmement nucléaire ».  Le Groupe de la levée  de  l’état d’alerte, auquel appartient également la Nouvelle-Zélande, présentera sa résolution à l’Assemblée générale de cette année, pour demander de nouveau une réduction du niveau opérationnel des armes nucléaires, a-t-il fait savoir. 

Pour le représentant, il faut que les États dotés d’armes nucléaires envoient un signal clair à tous les États parties au TNP quant à leur volonté de s’engager dans les négociations multilatérales sur le désarmement prévues à l’article VI du Traité, relatif à l’élimination des arsenaux.  M. Hawke a affirmé que cet engagement des États dotés constituerait le meilleur moyen de mettre fin à la dégradation du mécanisme de désarmement et de « rétablir la confiance dans les processus de désarmement nucléaire », comme l’a déclaré le Groupe d’experts du « Bulletin of Atomic Scientists ».  

Concernant les armes chimiques, le représentant a soutenu fermement les efforts déployés par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques « pour identifier et enquêter sur les responsables de l’utilisation d’armes chimiques en République arabe syrienne ».  M. Hawke a ensuite évoqué la question des missiles, en rappelant que son pays avait présidé en 2020 le Régime de contrôle de la technologie des missiles (RCTM).  Il a invité la communauté internationale à continuer d’examiner de manière approfondie toutes les questions liées aux missiles, et ce, « d’une manière plus globale qu’elle ne l’a été auparavant ».  « À cet égard, nous reconnaissons la nécessité d’un cadrage approprié de préférence au sein de l’ONU pour ce faire », a-t-il dit.  Le représentant s’est ainsi dit préoccupé par l’absence d’arrangements multilatéraux juridiquement contraignants régissant les missiles, rappelant que la Haute-Représentante du Secrétaire général pour les affaires de désarmement elle-même avait récemment déploré « une véritable pénurie de définitions universellement convenues ou d’accord sur les caractéristiques clefs des systèmes de missiles ».  Le représentant a en outre rappelé que les implications sécuritaires des missiles déterminaient le soutien de son pays aux recherches de l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR) sur le contexte de sécurité des missiles hypersoniques.

Pour ce qui est des armes à sous-munitions, M. Hawke a noté qu’aucun des 110 États parties à la Convention sur les armes à sous-munitions n’en avait utilisé depuis son adoption en 2008.  « Nous condamnons sans réserve l’utilisation continue de ces armes aveugles et inhumaines en Syrie et nous sommes alarmés par les rapports récents faisant état d’armes à sous-munitions dans le Haut-Karabakh », a déclaré le représentant, qui a exhorté tous les États qui ne sont pas encore parties à la Convention à y adhérer sans délais. 

M. SAYED MIRAGHA MUSADDEQ (Afghanistan) a estimé qu’un nouvel engagement était nécessaire pour l’élimination totale des armes nucléaires et des armes de destruction massive.  En tant que pays partie au Traité sur la non-prolifération (TNP) et au Traité d’interdiction complète des essais (TICE), l’Afghanistan espère voir le début d’un réel dialogue entre les États dotés d’armes nucléaires visant à entamer le processus de désarmement d’une manière vérifiable et rapide, au profit d’un ordre international plus sûr et pacifique.  Il a rappelé que la diplomatie multilatérale restait la meilleure approche pour la réalisation d’un monde exempt d’armes nucléaires.

M. Musaddeq a déclaré que le flux continu d’armes conventionnelles, y compris les armes légères et de petit calibre (ALPC) représentait un facteur de conflits.  Étant donné que le terrorisme et d’autres formes d’activités criminelles organisées constituent une menace sérieuse pour la sécurité de la paix internationale, « nous devons garder à l’esprit que de nouvelles mesures pour empêcher la circulation des armes illicites sont nécessaires pour mieux combattre et surmonter ces défis », a-t-il ajouté.  En Afghanistan, des milliers de vies innocentes, dans toutes les régions du pays et dans tous les segments de la société, ont été enlevées à la suite d’attaques terroristes qui comprenaient des armes légères et de petit calibre.  « Nous avons besoin de progrès plus réguliers pour contrer le dangereux lien entre les activités criminelles organisées, y compris les armes illicites, le trafic de drogue et le blanchiment d’argent, qui sont les principaux moteurs des conflits dans diverses parties du monde », a poursuivi M. Musaddeq.

Les tendances relatives à l’utilisation d’engins explosifs improvisés en Afghanistan restent alarmantes, a déclaré M. Musaddeq, les terroristes ayant recours à ces engins contre des Afghans ordinaires.  Cette année a ainsi vu un nombre extrêmement élevé de décès civils, et notamment d’enfants, du fait de ce type d’armes.  Il y a deux semaines, une attaque à grande échelle utilisant des engins piégés dans la province de Nangarhar, a coûté la vie à 15 personnes et fait plus de 40 blessés, a-t-il déploré.  En tant que parrain de la résolution de l’Assemblée générale intitulée « Lutter contre la menace posée par les engins explosifs improvisés » depuis 2015, nous avons et continuons de favoriser une plus grande coopération internationale pour lutter contre la menace des engins explosifs improvisés sous tous ses aspects, a encore affirmé le représentant, qui a dit apprécier le large soutien apporté à cette résolution par la communauté internationale.  Il a notamment remercié l’Australie et la France en tant que principaux coauteurs de cet important document.  De son côté, l’Afghanistan a l’honneur de présenter le projet de résolution intitulé « Lutte contre la menace posée par les engins explosifs improvisés » lors de la présente session de l’Assemblée générale, a-t-il déclaré en forme de conclusion.

M. NEBIL SAID IDRIS (Érythrée) a rappelé que, 75 ans après la création des Nations Unies, les armes sont produites à une échelle sans précédent et leur pouvoir meurtrier est devenu plus meurtrier et aveugle.  L’énorme stock d’armes mortelles de destruction massive et d’armes classiques non réglementées continue de constituer une menace existentielle pour l’humanité.  Cette menace est réelle, imminente et de portée mondiale.  Dans notre monde hautement interdépendant, favoriser la paix et sauvegarder la sécurité de tous est une responsabilité partagée car le terrorisme, la criminalité transnationale organisée, les pandémies et la crise climatique ne reconnaissent pas les frontières ni ne sont entravés par les distances.  C’est pourquoi l’Érythrée souligne que la sécurité et le désarmement ne peuvent être atteints que par un véritable multilatéralisme, fondé sur le respect de la Charte des Nations Unies et du droit international. 

La seule garantie contre l’anéantissement est une élimination totale et irréversible des armes de destruction massive - nucléaires, biologiques et chimiques, a poursuivi M. Idris, qui a jugé « illégal et « l’emploi ou la menace d’emploi d’armes nucléaires.  Garanties négatives de sécurité juridiquement contraignantes, création de zones dénucléarisées; universalisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires récemment adopté sont des étapes essentielles pour achever la dénucléarisation, a estimé le représentant. 

Ce sont les armes classiques qui, plus que toutes autres, tuent et détruisent le progrès socioéconomique, a déclaré le représentant, qui a déploré la facilité toujours plus grande d’accès aux armes légères et de petit calibre.  Rappelant que « les intérêts commerciaux et sécuritaires des États sont à l’origine de cette production massive d’armes légères et de petit calibre », M. Idris a noté que leur détention par des acteurs non étatiques ne se limite pas à un pays ou une région spécifique et nécessitera des solutions régionales et internationales. 

L’Érythrée, qui est consciente de la nécessité d’un instrument international efficace pour lutter contre le trafic illicite des armes légères, reste attachée au Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères en tant que seul cadre internationalement convenu et outil vital qui contribue à l’élimination du trafic illicite des armes légères.  Elle en attend avec impatience sa septième Réunion biennale des États parties, l’an prochain.

Le représentant a souhaité la mise en place d’un cadre juridique international pour protéger le cyberespace, dissuader et tenir les cybercriminels responsables.  Il a également plaidé pour qu’on accorde une attention accrue au développement des capacités des États à réagir et à prévenir les cyberconflits. 

M. Idris a enfin demandé qu’on aille au-delà de la réglementation et du désarmement pour s’attaquer aux facteurs qui contribuent et aggravent les conflits, tels que le sous-développement, l’insécurité, la faiblesse des États et les interventions extérieures.  Le désarmement profite à l’humanité non seulement parce qu’il élimine les menaces à la paix et à la sécurité, mais aussi parce qu’il libère des ressources indispensables aux efforts de développement, des ressources dont nous avons besoin pour nous remettre des défis économiques sans précédent causés par la pandémie de COVID-19, a conclu le représentant. 

Mme THILMEEZA HUSSAIN (Maldives) a indiqué que son pays ne fabriquait pas d’armes et ne comptait ni en fabriquer ni en stocker à l’avenir, qu’il était signataire du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et qu’il allait bientôt ratifier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et accéder à deux autres instruments importants de désarmement: la Convention sur les armes à sous-munitions et le Traité sur le commerce des armes.  Ces participations démontrent l’engagement des Maldives à la mise en œuvre des principaux outils internationaux du désarmement et de la non-prolifération, a ajouté la représentante.

Mme Hussain a en outre appelé ceux qui doivent le faire pour qu’il entre en vigueur à ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et les États concernés à soutenir le processus enclenché l’an dernier, au Siège de l’ONU, en vue de parvenir à la création d’une zone exemptes d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.  Par ailleurs, la représentante a estimé primordial que les dépenses militaires exorbitantes, qui n’ont pas baissé pendant la crise sanitaire mondiale, soient réorientées vers la réalisation des objectifs de développement durable et l’amélioration du bien-être des plus démunis.

M.  TAYE ATSKE-SELASSIE AMDE (Éthiopie) a réaffirmé que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) était la pierre angulaire du régime mondial de non-prolifération et de désarmement.   Il a ajouté que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) constituait une étape importante vers la réalisation de l’objectif d’un monde sans armes nucléaires, qui complète et renforce le TNP.  Il a appelé à l’universalisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) en espérant que tous les États énumérés à l’Annexe 2 du Traité le ratifieront. 

Le représentant a souligné le rôle central des zones exemptes d’armes nucléaires dans la consolidation du TNP.  Il s’est félicité de l’ouverture d’une Conférence sur la création d’une zone du Moyen-Orient exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive en novembre 2019, et a dit attendre avec impatience sa deuxième session.   Rappelant que l’Éthiopie était membre du Traité de Pelindaba créant une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique, il s’est félicité de ce statut de l’Afrique, qui empêche la mise en service d’engins explosifs nucléaires et interdit les essais de ces armes sur le continent.   

M. Amde a expliqué que l’Éthiopie continuait de souffrir du trafic illicite d’armes en raison de la porosité des frontières, ajoutant que son pays s’efforçait de relever ce défi en adoptant une nouvelle politique nationale et de nouveaux cadres juridiques pour améliorer la coopération et la coordination des différents organismes pertinents.  À cet égard, le représentant a souligné la nécessité d’une coopération et d’une assistance internationales, en plus des efforts nationaux de mise en œuvre.   

Mettent l’accent sur la question des technologies de l’information et des communications (TIC) et de la cybersécurité, le représentant a salué les progrès réalisés dans le contexte du Groupe d’experts gouvernementaux chargé d’examiner les progrès de l’informatique et des télécommunications dans le contexte de la sécurité internationale.  Il a souligné la nécessité de mesures de confiance, à prendre par le biais d’une assistance technique et d’activités de renforcement des capacités sur la demande des États et compte tenu des défis spécifiques auxquels sont confrontés les pays en développement. 

Mme MARIA THEOFILI (Grèce) a déclaré qu’aujourd’hui plus que jamais, il était impératif de respecter les principes de l’ordre mondial fondé sur des règles et le droit international.  La Grèce est une fervente partisane des institutions et des traités qui composent l’architecture du désarmement, et soutient la préservation et la transformation de ce concept sur une base solide, étape par étape.

La Grèce a établi des programmes bilatéraux et trilatéraux de coopération avec les pays de la région de la Méditerranée orientale, a expliqué la représentante.  Ces programmes constituent les mécanismes d’un dialogue productif et sincère visant à renforcer les relations entre les pays participants dans des domaines d’intérêt commun et à améliorer la stabilité dans la région de la Méditerranée orientale.  Mme Theofili a souhaité que la dixième Conférence d’examen du TNP fixe l’espace des futures négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire.  Ces dernières années, les piliers du TNP se sont enrichis de discussions engagées dans le cadre d’initiatives telles que l’IPNVD (Partenariat international pour la vérification du désarmement nucléaire), l’Initiative de Stockholm et le CEND (Créer un environnement propice au désarmement nucléaire), a noté la représentante.

L’AIEA est appelée à jouer un rôle central à un moment critique non seulement pour le TNP, mais aussi pour l’architecture mondiale de non-prolifération, a souligné la représentante qui, au-delà du TNP, a dit attacher une grande importance à la mise en œuvre stricte des normes et orientations de l’Agence.  La confiance pourrait également être renforcée par des missions d’examen par les pairs de l’AIEA, telles que les examens intégrés des infrastructures nucléaires (INIR) et l’évaluation des sites pour les risques externes (SEED).  La transparence et le respect des résultats de ces rapports ne peuvent que contribuer aux mesures de confiance régionales et internationales, a fait valoir Mme Theofili, qui a encouragé les États qui ont choisi de recourir à l’énergie nucléaire civile à divulguer leurs rapports INIR & SEED dans un souci de transparence. 

Mme Theofili a souligné l’importance du Traité New START.  La Grèce fait partie des pays qui ont appelé les deux parties au Traité à prendre les mesures nécessaires pour étendre sa mise en œuvre, car il demeure une clef de voûte cruciale pour l’édifice de la sécurité européenne et internationale.  En tant que membre à la fois de l’OTAN et de l’Union européenne, la Grèce a été un fervent partisan d’un contrôle des armements nucléaires et d’un désarmement vérifiables et efficaces basés sur le Traité, a déclaré la représentante.  Elle a dit espérer que le traité New START pourra servir de catalyseur pour impulser un nouveau chapitre des négociations internationales sur le désarmement.  La Grèce est attachée à une approche progressive du désarmement nucléaire de manière efficace, vérifiable et irréversible, a précisé la représentante, avant d’encourager la mise au point d’un Traité d’interdiction complète des matières fissiles (FMCT) et de souhaiter l’entrée rapide en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).

Mme Theofili a regretté les tentatives visant à saper la crédibilité de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) en tant qu’institution technique objective chargée de faire respecter les dispositions de la Convention sur les armes chimiques.  La Grèce soutient le travail du Secrétariat de l’OIAC et de l’Équipe d’enquête et d’identification.  En ce qui concerne la Convention sur les armes biologiques et à toxines, la représentante a estimé qu’il était important de renforcer la crédibilité de la Convention, en particulier lors de la sixième Conférence d’examen à venir en 2021.  Récemment, les pandémies d’Ebola et de COVID-19 ont démontré la nécessité pour la communauté internationale de s’unir pour faire face aux menaces biologiques.  Pour cette raison, le renforcement de la capacité institutionnelle de la Convention, ainsi que son adaptation aux développements actuels dans le domaine des sciences de la vie, confirmeront la pertinence de longue date du Traité et le placeront à nouveau au centre des délibérations mondiales sur le désarmement, a conclu Mme Theofili. 

Mme SHUO WANG (Singapour) a dit attendre avec impatience la convocation de la Conférence d’examen du TNP début 2021.  « Il importe que le TNP maintienne sa pertinence et sa crédibilité en obtenant des résultats substantiels et concrets », a-t-elle déclaré.  Le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) reste un outil essentiel pour faire progresser le désarmement et la non-prolifération nucléaires, a ajouté la représentante, qui a appelé tous les États Membres, en particulier les pays de l’Annexe 2, à signer et ratifier le TICE.  Au niveau régional, elle a réaffirmé son attachement à la zone exempte d’arme nucléaire de l’Asie du Sud-Est. 

Par ailleurs, la représentante a appuyé le rôle central de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) dans le maintien de la sûreté et de la sécurité nucléaires et a encouragé les États à tenir leurs engagements, à s’abstenir de toute escalade des tensions et à redoubler d’efforts pour atteindre un monde plus sûr.  Mme Wang sa déclaré soutenir la prévention de la course aux armements dans l’espace et a réaffirmé que les activités d’utilisation de l’espace extra-atmosphérique devaient être menées conformément au droit international et à la Charte des Nations Unies. 

Par ailleurs, Mme Wang a estimé que les États Membres devaient continuer à élaborer des normes internationales communes pour le transfert d’armes classiques afin de mettre fin au commerce illicite et de réglementer les stocks.  Concernant les armes légères (ALPC), elle a exhorté les États Membres à œuvrer pour parvenir à un consensus réussi à la septième Réunion biennale. 

Mme Wang a souligné que la pandémie de COVID-19 avait montré à quel point les capacités numériques étaient cruciales pour le maintien des services essentiels.  La Singapore International Cyber Week (SICW) a vu un échange productif entre les décideurs mondiaux, les leaders d’opinion et les experts de l’industrie sur des questions clefs telles que le droit international, les normes de comportement responsable et l’élaboration de normes, a-t-elle fait savoir.  « Nous espérons que ces discussions contribueront aux dialogues existants à l’ONU, qui représentent la meilleure façon de faire progresser le comportement de l’État responsable dans le cyberespace, de mettre en œuvre des mesures de confiance et de coordonner les efforts de renforcement des capacités », a-t-elle conclu.  

Mme NAHIDA BAGHIROVA (Azerbaïdjan) a déclaré que, depuis la fin septembre et le début de l’agression arménienne, un million de personnes avaient été contraintes de quitter la région du Haut-Karabakh.  Elle a accusé l’Arménie d’être incapable de respecter un accord de paix, utilisant même les cessez-le-feu comme autant d’occasions de transformer démographiquement les territoires occupés de l’Azerbaïdjan pour arriver à ses fins : annexer la région du Haut-Karabakh.

La représentante a condamné la soumission des grandes villes de ces territoires et leurs infrastructures civiles clefs à des pilonnages nourris à l’arme lourde.  Dans ce contexte, elle a indiqué que son pays s’efforçait de repousser l’agression militaire de l’Arménie en exerçant son droit à l’autodéfense dans le respect du droit international humanitaire.  Les mesures de contre-offensives que nous prenons sont proportionnées et adéquates pour protéger les civils visés sciemment dans les zones densément peuplées, a-t-elle déclaré.  La représentante a encore affirmé que l’Arménie utilise des méthodes de destruction massive en employant des armes à sous-munitions et en recrutant des mercenaires à partir de pays de la diaspora: le Liban, la Grèce et la France notamment.  Elle a en outre accusé l’Arménie d’avoir violé le cessez-le-feu humanitaire décrété le 9 octobre grâce à la médiation de la Russie en commettant d’odieux actes de terrorisme contre des civils innocents.  Nous demandons à la communauté internationale de contraindre l’Arménie, pays agresseur, à rendre des comptes et à se retirer des territoires occupés de l’Azerbaïdjan, a ajouté la représentante.  « Elle a exhorté l’Arménie à mettre fin à l’occupation continue de nos territoires », et à changer de comportement sous l’égide du Groupe de Minsk.  « Alors seulement serons-nous en mesure d’envisager le rétablissement de notre intégrité territoriale », a conclu Mme Baghirova.

M. OGASAWARA ICHIRO (Japon), qui a rappelé que son pays avait été le seul à subir des bombardements atomiques, a ajouté que le Japon n’épargnerait aucun effort pour réaliser un monde sans armes nucléaires.  Il a jugé indispensable que la dixième Conférence d’examen du TNP produise un résultat significatif.  Pour le Japon, la réalisation d’un monde sans armes nucléaires exige que les États dotés d’armes nucléaires prennent des mesures concrètes.  M. Ichiro a précisé que le Japon présenterait à nouveau cette année une résolution invitant à la transparence et à la responsabilisation en rendant compte des arsenaux, des doctrines et des politiques nucléaires, y compris des mesures concrètes de désarmement prises et à prendre.

Le représentant a jugé indispensables des mesures concrètes pour réduire les risques de détonation nucléaire par erreur de calcul ou par malentendu.  Il a appuyé aussi l’approfondissement des discussions de fond en vue de la négociation du Traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes nucléaires, et des efforts visant à promouvoir l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).

M. Ichiro a déclaré que son pays avait apporté des contributions substantielles aux travaux du Groupe d’experts gouvernementaux des questions de vérification du désarmement nucléaire et du Partenariat international pour la vérification du désarmement nucléaire.  Il a rappelé que le Japon avait accueilli la dixième Réunion ministérielle de l’Initiative sur la non-prolifération et le désarmement (NPDI) en novembre 2019.  « En mars de cette année, le Japon a organisé une réunion avec la présence de représentants du gouvernement des États dotés d’armes nucléaires et d’États non dotés d’armes nucléaires ainsi que d’experts non gouvernementaux, qui s’est appuyée sur les discussions du Groupe d’éminentes personnalités pour une progression réelle du désarmement nucléaire, créé par le Japon en 2017 », a-t-il ajouté, avant de préciser que la réunion s’était concentrée sur des « questions difficiles » qui sont inévitables pour éliminer de façon réaliste les armes nucléaires.

En ce qui concerne le contrôle des armements, le représentant du Japon s’est félicité que les États-Unis et la Russie aient repris leurs pourparlers.  Le Japon soutient les efforts des États-Unis qui souhaitent impliquer aussi la Chine et cibler un plus large éventail de systèmes d’armes.  C’est pourquoi le Japon encourage la Chine à poursuivre ses efforts pour s’acquitter de sa responsabilité en tant qu’État doté d’armes nucléaires et acteur important de la communauté internationale.  Il l’invite à engager un dialogue bilatéral avec les États-Unis sur le contrôle des armements comme première étape, conformément à l’obligation de négocier de bonne foi en vertu du TNP.

Enfin, M. Ichiro s’est dit profondément préoccupé par le développement continu par la Corée du Nord de ses capacités nucléaires et de missiles balistiques, avant d’appeler au démantèlement complet, vérifiable et irréversible de toutes les armes nucléaires de la RPDC.

M. YANN HWANG (France) a attiré l’attention sur un « retour de la compétition stratégique internationale et à l’émergence de nouvelles conflictualités », ces évolutions préoccupantes se doublant d’une contestation directe des institutions internationales, des normes censées encadrer le recours à la force et la course aux armements.  Dans ce contexte, il s’est dit convaincu de l’importance de définir un nouvel ordre du jour pour la maîtrise des armements, ajoutant: « Nous encourageons nos partenaires européens à s’engager à nos côtés. »

Pour le représentant, il en va de la sauvegarde des instruments existants, avec la prorogation que nous souhaitons du Traité New START qui lie les États-Unis et la Russie et la modernisation du Document de Vienne que la France appelle de ses vœux.

M. Hwang a affirmé que des pays remettent en cause les instruments du désarmement, cela en violant les normes de désarmement auxquelles ils ont souscrit.  « L’utilisation avérée d’armes chimiques en Syrie, en Russie, est inacceptable.  Elle constitue une menace d’une extrême gravité », a-t-il déclaré, ajoutant que ces violations caractérisées de la Convention sur les armes chimiques ne pourront rester sans réponse.  Au nom de cette même sécurité collective, nous avons porté, au nom de 40 délégations, la décision « Contrer la détention et l’emploi d’armes chimiques par la République arabe syrienne », qui a été adoptée par le Conseil exécutif de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) en juillet, a-t-il poursuivi.  Le représentant a ensuite rappelé qu’il était toujours demandé à la Russie que toute la lumière soit faite sur les circonstances et les auteurs de la tentative d’assassinat d’un opposant politique à l’aide d’un agent neurotoxique de la famille des « Novitchok », développé par la Russie.

Sur l’Iran, la France demeure pleinement engagée, avec ses partenaires, au soutien de la mise en œuvre de l’Accord de Vienne, a indiqué M. Hwang, qui a souligné que son pays était très préoccupé par les mesures nucléaires prises par ce pays « en violation de ses engagements au titre du Plan d’action global commun ».  « Nous appelons l’Iran à revenir au respect plein et entier de cet accord », a déclaré le représentant.  Ajoutant que la vérification était un acquis majeur de l’accord, il a insisté sur le soutien de la France au travail de l’Agence internationale de l’énergie atomique, « qui doit pouvoir faire plein usage de son mandat ».  En outre, le représentant français a attiré l’attention sur le fait que l’Iran continue de développer son programme national en matière balistique, violant par conséquent la résolution 2231 2015) du Conseil de sécurité aux fins d’augmentation du nombre de tirs de missiles conçus pour être capables d’emporter une arme nucléaire.  L’Iran doit y mettre fin immédiatement, et mettre fin également aux transferts illicites de missiles et technologies balistiques vers les acteurs étatiques et non étatiques de la région, comme l’exigent les résolutions du Conseil de sécurité, a-t-il exhorté.

S’agissant de la République populaire démocratique de Corée, M. Hwang a constaté qu’elle n’avait pas pris les mesures qui s’imposaient, puisque son programme nucléaire reste opérationnel, comme l’indiquent les rapports de l’AIEA.  Son programme balistique est en plein développement, comme le démontrent les tirs de missiles répétés au cours de l’année écoulée ainsi que la présentation de nouveaux missiles, toujours plus sophistiqués, le 10 octobre dernier, a encore pointé le représentant.  « Aucun geste sérieux n’a été consenti dans le sens de leur démantèlement, alors que les résolutions du Conseil de sécurité l’exigent », a-t-il encore dit.

S’agissant des enjeux liés au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, M. Hwang a estimé que, pour éviter la prolifération des armes nucléaires et afin de réduire toute possibilité de confrontation nucléaire tout en apportant à chacun les bénéfices des usages pacifiques de l’énergie nucléaire, il convenait d’approfondir le travail normatif du désarmement nucléaire en privilégiant une approche graduelle.  À cet égard, il a considéré que le projet de traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes nucléaires devait retrouver la centralité qu’il mérite dans les travaux du TNP, de même que « la question de l’universalisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires ».  La vérification du désarmement nucléaire est une autre voie dans laquelle nous devons renforcer nos efforts, et la France y participe aux côtés de l’Allemagne, a-t-il aussi souligné.

La France compte prendre sa part de l’effort collectif lors de la présente session de la Première Commission en présentant plusieurs résolutions, a ensuite annoncé M. Hwang, citant notamment un texte coécrit avec l’Afghanistan et l’Australie sur la lutte contre la menace que représentent les engins explosifs improvisés, un texte coécrit avec l’Allemagne relatif à la prévention de l’acquisition de sources radioactives par des terroristes et un projet de résolution porté avec le Royaume-Uni visant à réduire les menaces dans l’espace par l’adoption de comportements responsables.  Enfin, il a indiqué que la France, conjointement avec plus d’une trentaine de partenaires, soutenait l’établissement d’un programme d’action pour promouvoir des comportements responsables dans le cyberespace.

Mme SZILVIA BALÁZS (Hongrie) s’est inquiétée des incertitudes qui marquent le désarmement mondial alors que nous avons vu la fin du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire et que nous sommes témoins de violations de la convention sur les armes chimiques dans plusieurs parties du monde.  Elle a appuyé les efforts du Secrétaire général visant à promouvoir notamment l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et la mise en place d’un système de vérification du désarmement nucléaire.  Elle a estimé que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) était la pierre angulaire du désarmement nucléaire mais aussi le seul cadre réaliste de désarmement nucléaire.  Malgré les difficultés, elle a appelé les États à se concentrer sur les points de convergences.

« Si le Plan d’action global commun (PAGC/JCPOA) n’est pas parfait, il est un instrument adéquat pour répondre aux inquiétudes relatives au programme nucléaire iranien », a estimé la représentante, avant de défendre le droit inaliénable des pays à recourir à l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.

Par ailleurs, Mme Balázs a déclaré que la violation de la Convention sur les armes chimiques était source de grande préoccupation.  Elle a jugé indispensable que les auteurs de ces violations aient à rendre des comptes.  Parce que la sécurité des Balkans est une priorité pour son pays, la représentante a indiqué que la Hongrie avait consacré 250 000 euros à des programmes de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe destinés à la sécurisation des stocks d’armes dans des pays de la région

M. MAHMADAMIN MAHMADAMINOV (Tadjikistan) a déclaré que l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaire jouait un rôle essentiel dans la région d’Asie centrale où, par le Traité de Semipalatinsk de 2008, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Turkménistan se sont engagés à ne pas développer, acquérir, tester ou détenir d’armes nucléaires.  Ces cinq pays de l’Asie centrale ont signé et ratifié le Traité, a rappelé le représentant, qui a souligné que cette zone était compatible avec la promotion de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.  M. Mahmadaminov a rappelé que la menace de prolifération nucléaire restait une source de préoccupation.  La prochaine Conférence d’examen du TNP, début 2021, sera une occasion de faire valoir la volonté d’un monde exempt d’armes nucléaires, a-t-il déclaré, avant de demander la mise en œuvre des dispositions du TNP.

Par ailleurs, le représentant a dit accorder une grande importance au respect de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel.  Il a en outre souligné que les technologies de l’information et des communications (TIC) étaient source de débouchés économiques et il s’est félicité de la création d’un Groupe de travail à composition non limitée sur les TIC.  En conclusion, M. Mahmadaminov a réitéré la foi de son pays dans le multilatéralisme et dans les Nations Unies en tant que plateforme universelle.

Mme JULIA DIMITROVA TZEROVA (Bulgarie) estimé qu’en raison de la pandémie actuelle, des efforts collectifs étaient plus que jamais nécessaires pour préserver un système mondial de désarmement fondé sur des règles.  Elle a déclaré qu’il fallait poursuivre les travaux de modernisation des mécanismes de désarmement.  En tant que président de la Conférence du désarmement en 2021, la Bulgarie cherchera un terrain d’entente entre les membres afin de préserver la pertinence de cet organe.  « Nous devons reconfirmer la pertinence du TNP et sa validité en tant que pierre angulaire du régime mondial de non-prolifération nucléaire », a-t-il déclaré.  « Bien que nous soutenions fermement l’objectif ultime d’un monde exempt d’armes nucléaires, nous pensons que cela n’est réalisable que dans le cadre de l’article VI du TNP, et à travers une approche globale basée sur la confiance mutuelle », a-t-elle ajouté. 

L’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) est une autre pierre angulaire de la construction d’un monde sans armes nucléaires, a affirmé la représentante, qui a fait observer que, plus de 20 ans après son ouverture à la signature, les efforts de la communauté internationale restaient nécessaires à son entrée en vigueur.  Mme Tzerova a souligné que la Bulgarie faisait partie des États qui ont signé et ratifié le Traité et a demandé à tous ceux qui ne l’ont pas fait de le signer et de le ratifier sans plus tarder, particulièrement la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  « Nous appelons la RPDC à s’engager sans plus tarder dans des négociations en vue d’abandonner ses programmes de missiles nucléaires et balistiques de manière complète, vérifiable et irréversible, et de parvenir à une paix durable dans la péninsule coréenne », a-t-elle demandé. 

Dans le contexte des tensions internationales actuelles, Mme Tzerova a dit partager l’inquiétude en ce qui concerne la détérioration de l’architecture mondiale de maîtrise des armements.  « Nous espérons que le dialogue en cours entre les États-Unis et la Fédération de Russie aboutira à l’extension du Traité New START au-delà de 2021 », a-t-elle déclaré, avant d’encourager la Chine à participer aux discussions futures. 

En tant que membre du Conseil exécutif de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) en 2019-2021, la Bulgarie est profondément préoccupée par la réapparition des armes chimiques en Syrie, en Iraq, en Malaisie et au Royaume-Uni.  Mme Tzerova a condamné catégoriquement l’empoisonnement de l’opposant russe Aleksey Navalny à l’aide d’une substance chimique et a appelé la Fédération de Russie à coopérer pleinement avec l’OIAC pour enquêter et poursuivre les auteurs de cet acte.

Enfin, la représentante a regretté que, malgré les aspects positifs des technologies de l’information et des communications (TIC), les États et les acteurs non étatiques utilisent le cyberespace à des fins malveillantes, qui sapent la confiance entre les gouvernements et perturber la stabilité et la sécurité mondiales. 

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a estimé que l’arsenal nucléaire d’Israël représentait la principale menace à la paix et à la sécurité au Moyen-Orient.  Selon lui, Israël refuse d’adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en tant que partie non dotée parce qu’il jouit de la complaisance de pays qui ont parrainé, et parrainent encore, ses programmes d’armes de destruction massive.  L’an dernier, Israël et son parrain les États-Unis ont refusé de participer à la première Conférence sur la création d’une zone exempte d'armes nucléaires aux Moyen-Orient, ces pays dévoilant le fond hypocrite de leur politique à l’égard des pays de la région, a-t-il ajouté.  

M. Ja’afari a ensuite condamné fermement l’emploi d’armes de destruction massive, y compris les armes chimiques, par quiconque et dans quelque contexte que ce soit.  En 2013, nous sommes devenus partie à la Convention sur les armes chimiques et avons respecté toutes les obligations qui découlent de notre statut de partie, a-t-il assuré, et cela alors que nous subissons terrorisme et pillages.  Le représentant a également soutenu que l’Organisation pour l'interdiction des armes chimiques avait supervisé la destruction de toutes les installations syriennes de fabrication d’armes chimiques, que les dernières armes chimiques syriennes avaient été détruites sur un navire des États-Unis et que son pays n’avait jamais cessé de coopérer avec le Secrétariat de l’Organisation en vue de parvenir à un règlement des questions en suspens et « clore enfin ce chapitre ».

M. Ja’afari a en outre accusé l’Administration américaine d’avoir présenté un projet de résolution au Conseil de sécurité « pour propager ses mensonges sur la Syrie et la question chimique, alors que ce pays refuse de démanteler ses propres arsenaux d’armes chimiques depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ».  Le représentant a par ailleurs évoqué la production d’armes chimiques par le Front el-Nosra, « armes qui ont été testées dans des localités turques », a-t-il affirmé.  « Les autorités turques remettent en liberté des terroristes », a-t-il ajouté, appelant la communauté internationale à condamner les agissements qui le méritent.

Mme NAUREDA BRESHANAJ (Albanie) a rappelé que son pays présidait cette année l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et, à ce titre, avait encouragé la pleine application de tous les principes et engagements de l’organisation visant à accroître la transparence et réduire les risques dans le domaine militaire et à rebâtir la confiance entre ses États membres.

L’Albanie appelle les États qui ne l’ont pas encore fait à adhérer au TNP et rappelle qu’aux termes de son article VI, tous les États parties, dotés ou non de l’arme nucléaire, se sont engagés à négocier de bonne foi des mesures vivant à cesser la course aux armements nucléaires ainsi qu’un traité de désarmement complet sous strict contrôle international.  L’Albanie appelle aussi à la ratification universelle du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et à la négociation immédiate d’un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes et autres dispositifs explosifs nucléaires.  La représentante a mis en avant le rôle indispensable de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour le régime de non-prolifération et a rappelé son pays avait signé avec l’Agence un accord global complet.

L’Albanie soutient la pleine application de la résolution 1540 (2004) du Conseil de sécurité visant à la prévention de la prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs.  L’Albanie ne produit ni ne stocke et telles armes et n’apporte aucun appui à des acteurs non étatiques susceptibles de se doter ou d’utiliser de telles armes.  Elle a approuvé une stratégie nationale pour lutter contre la prolifération des armes de destruction massive et s’aligne en la matière sur la position de l’Union européenne, de l’OSCE et des organisations internationales.

L’Albanie considère la Convention sur l'interdiction des armes chimiques comme un accord unique et un exemple d’un multilatéralisme efficace.  Elle a coparrainé la résolution sur la possession et l’utilisation d’armes chimiques adoptée par le Conseil exécutif de l’OIAC le 9 juillet dernier, a rappelé Mme Breshanaj.

La représentante a également appelé à la poursuite des discussions sur les systèmes d’armes létaux autonomes, l’espace extra-atmosphérique et la cybersécurité, ainsi que sur les moyens d’empêcher le trafic des armes légères et de petit calibre.  Elle a appelé à l’universalisation du Traité sur le commerce des armes et rappelé par ailleurs que la pandémie avait démontré le besoin d’une coopération et d’une amélioration des capacités en matière de biosécurité.

Mme Breshanaj a précisé que son pays faisait régulièrement rapport aux organes pertinents des différentes conventions de désarmement des Nations Unies ainsi que sur le respect de ses engagements relatifs aux mesures de confiance et de sécurité de l’OSCE.  L’Albanie est en outre attachée à la coopération régionale et sous-régionale en matière de transferts internationaux d’armes classiques et bénéficie d’une assistance de l’Union européenne en ce sens.

Se disant consciente du double usage qui peut être fait des technologies de l’information et des moyens de télécommunication et partage l’inquiétude qui en résulte, la représentante a estimé que le droit international devrait s'appliquer au cyberespace et préconisé la promotion d'un comportement étatique responsable et des mesures de renforcement de la confiance permettant de fournir un environnement mondial, ouvert, sûr, stable, accessible et pacifique des TIC.  L’Albanie soutient le travail coordonné du Groupe d’experts gouvernementaux des Nations Unies et du Groupe de travail à composition non limitée.

M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) a dénoncé « le concept de sécurité nationale » puisque toute militarisation d’un pays se traduit forcément par une source d’insécurité pour les pays voisins.  Il s’est dit choqué de constater que les États avaient consacré 1 900 milliard de dollars aux dépenses militaires en 2019 alors qu’une fraction de ces ressources permettrait de faire sortir des millions de personnes de la faim et de la pauvreté.  Notant qu’il existe 14 000 armes nucléaires dans le monde, il a jugé urgent que les États s’entendent sur un calendrier de désarmement complet de toutes les armes de destruction massive.

Le représentant a rappelé avec instance que l’élimination totale des armes nucléaires était la seule garantie que ces armes ne soient jamais utilisées.  Il a rappelé que le Népal avait signé le Traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN) et s’était engagé à le ratifier le plus rapidement possible car il vient compléter le TNP en tant qu’outil de désarmement complet.  Il a en outre défendu le droit inaliénable des États de recourir à l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.

M. Rai a souhaité que ceux qui ont eu recours à des armes chimiques rendent des comptes.  Il a enfin jugé indispensable que les États s’entendent sur un cadre juridique universel contre les menaces biologiques, afin d’éviter que la biologie soit utilisée à des fins militaires.

M. ALBERTO ESTEBAN CABALLERO GENNARI (Paraguay) a souligné que les Nations Unies devaient être au cœur des efforts internationaux en matière de désarmement.  Il a salué les accords régionaux en la matière, a encouragé toutes les initiatives en matière de désarmement et a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur du désarmement nucléaire.  À cet égard, il s’est félicité du fait que l’Amérique centrale et les Caraïbes soient devenues une Zone exempte d’armes nucléaires par le Traité de Tlatelolco de 1967.

Le représentant a souligné que le terrorisme restait une grave menace pour la communauté internationale dans son ensemble.  Se disant solidaire des victimes du terrorisme, il a condamné tous les actes de terrorisme quelles que soient leurs motivations.  « Nous œuvrons pour intégrer les instruments les plus pertinents en matière de terrorisme dans notre droit national », a-t-il déclaré.  M. Caballero Gennari s’est aussi dit convaincu que la non-prolifération était essentielle au maintien de la paix.  Enfin, le représentant a lancé un appel à l’utilisation des langues officielles des Nations Unies sur tous les documents ayant un rapport avec les armes.

Mme MIRGUL MOLDOISAEVA (Kirghizistan) a déploré que l’infrastructure mondiale du désarmement soit en train de s’effondrer, ajoutant qu’il était difficile d’imaginer un climat international moins propice que l’actuel à la maîtrise des armements nucléaires.  Dans de telles circonstances, il est plus important que jamais de reconnaître et de renforcer les approches du désarmement nucléaire et de la non-prolifération qui continuent d’être efficaces, y compris les zones exemptes d’armes nucléaires et le TNP, a ajouté la représentante.

En tant que défenseur de l’idée d’un monde exempt d’armes nucléaires, le Kirghizistan est devenu l’un des initiateurs et dépositaire du Traité sur une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale, a rappelé Mme Moldoisaeva.  Le Kirghizistan a été chargé de remplir les fonctions de dépositaire à la fois du Traité de Semipalatinsk et de son Protocole, a-t-elle précisé, ajoutant que son pays est aussi le Coordonnateur de la zone en 2020.  En tant que dépositaire du Protocole sur les garanties négatives de sécurité au Traité sur la zone exempte d’armes nucléaires d’Asie centrale, le Kirghizistan se félicite de ce document.  Rappelant que la France, le Royaume-Uni, la Fédération de Russie et la Chine avaient déjà ratifié ce Protocole, la représentante a exhorté les États-Unis à faire de même sans délai. 

Tout en appelant au renforcement du TNP lors de la Conférence d’examen de 2021, le Kirghizistan est d’avis que le TICE est l’un des instruments internationaux les plus fondamentaux et les plus efficaces dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération nucléaires.  Malgré des progrès significatifs vers son acceptation, ce Traité n’est toujours pas entré en vigueur, a regretté la représentante, avant d’appeler tous les gouvernements à le ratifier dans les meilleurs délais.  Le Kirghizistan attend aussi avec intérêt la revitalisation de la Conférence du désarmement à Genève, « qui continue de faire peu de progrès dans son travail », retardant ainsi les négociations sur un certain nombre de questions clefs comme le désarmement nucléaire, le traité sur l’interdiction des matières fissiles, la prévention d’une course aux armements dans l’espace et les garanties négatives de sécurité.  Le Kirghizistan encourage tous les États à faire preuve de la volonté politique nécessaire pour que le mécanisme de désarmement remplisse son mandat.

Considérant les garanties internationales et la protection physique des matières et installations nucléaires comme la première ligne de défense contre le terrorisme nucléaire, le Kirghizistan appuie fermement les efforts de l’AIEA pour renforcer le système international de garanties et soutient les efforts visant à renforcer la Convention sur la protection physique des matières nucléaires et des installations nucléaires et la mise en œuvre de la résolution 1540 (2004) du Conseil de sécurité.  Compte tenu de l’activité accrue des organisations terroristes, la représentante a souligné le danger que représenterait l’acquisition par des terroristes d’armes de destruction massive.  Elle a appelé à prendre les mesures nécessaires pour l’empêcher.

M. LUIS HOMERO BERMÚDEZ ÁLVAREZ (Uruguay) a déclaré que la seule présence d’armes nucléaires était un danger pour toute l’humanité.  C’est pourquoi il a appuyé l’élimination de toutes les armes nucléaires de manière transparente, vérifiable selon un calendrier précis.  Il a souligné les risques et les conséquences catastrophiques sur le plan humanitaire de l’utilisation d’armes nucléaires.  Il a exhorté tous les États visés à l’Annexe 2 du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) à ratifier ce Traité le plus rapidement possible afin de permettre son entrée en vigueur.  Il a rappelé que l’Uruguay était partie au Traité de Tlatelolco et était membre du Conseil de surveillance de l’Organisme pour l’interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes (OPANAL) pour la période 2018-2021.  Il a salué le rôle positif de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour encadrer la coopération entre les États en matière d’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.

Le représentant a souligné la pertinence d’un contrôle des armes légères et de petit calibre.  Il a aussi jugé indispensable que les États s’entendent sur un cadre juridique universel contre les menaces biologiques, afin d’éviter que les biotechnologies ne soient utilisées à des fins militaires.  Enfin il a invité les États, à l’aune de la crise sanitaire, à transférer des ressources des budgets militaires vers des programmes de développement.

Droits de réponse

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), exerçant son droit de réponse, a affirmé que le mécanisme de dissuasion nucléaire de son pays n’avait pour but que de sauvegarder la paix dans la région.  « Nous n’avons pas l’intention de nous en servir, mais si un État tente de recourir à la force contre nous, nous saurons répondre à celle-ci », a-t-il affirmé.  Si la France se soucie de la paix dans la région, elle devrait appeler les États-Unis, a-t-il ajouté, avant de souligner que le Japon avait une responsabilité historique et devrait s’excuser pour ses actes.

Le représentant du Japon, réagissant à l’intervention de son homologue de la RPDC, a appelé celle-ci à renoncer à son programme nucléaire et à partager le vœu du désarmement.  Il a jugé sans fondement les accusations de la RPDC à l’égard du Japon en précisant que le Japon s’appuyait sur une période de 70 ans d’humilité avec une politique axée uniquement sur la défense.

Reprenant la parole, le représentant de la République populaire démocratique de Corée a affirmé que le Japon consacrait des sommes importantes aux dépenses militaires avant de l’accuser d’avoir des ambitions dangereuses et de chercher à répéter ses exactions du passé.

Le représentant du Japon, reprenant à son tour la parole, a assuré que son pays s’efforçait sincèrement de contribuer à la paix depuis des décennies.

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