Soixante-quatorzième session,
54e & 55e séances plénières – matin & après-midi
AG/12238

Le Secrétaire général présente devant l’Assemblée générale ses priorités pour 2020, « année de l’urgence »

À l’approche du soixante-quinzième anniversaire de l’Organisation des Nations Unies, le Secrétaire général, M. António Guterres, a présenté ce matin, devant l’Assemblée générale, ses priorités pour 2020, « année de l’urgence », en identifiant les quatre « cavaliers de l’apocalypse », les quatre menaces grandissantes, qui pèsent sur l’avenir du monde. 

Ces quatre menaces sont des tensions géopolitiques, au plus haut depuis des années, l’« existentielle » crise climatique, la méfiance qui gangrène les sociétés du monde entier et, enfin, « le côté obscur du monde numérique ».  Le Secrétaire général, qui présentait son dernier rapport* sur l’activité de l’Organisation, a ensuite passé en revue les solutions face à ces quatre menaces. 

Premièrement, la paix et la sécurité, a-t-il dit, en pointant certains signes d’espoir, tels le processus électoral en République démocratique du Congo ou encore la récente Conférence de Berlin sur la Libye.  Appelant à trancher les « nœuds gordiens » dans le monde, le Secrétaire général a mis l’accent sur la prévention et le règlement des causes profondes des crises. 

S’agissant de la menace climatique, le Secrétaire général a demandé des transformations profondes, afin de parvenir à zéro émission de gaz à effet de serre d’ici à 2050, se disant convaincu qu’il n’est pas trop tard pour gagner « la bataille climatique ».  Il a notamment appelé les principaux émetteurs, qui ont le plus contribué à la crise, à donner l’exemple.  « S’ils hésitent, nous sommes condamnés », a-t-il prévenu.

Pour vaincre la défiance mondiale, le Secrétaire général a misé sur la promotion d’une mondialisation juste, soulignant que la communauté internationale a précisément un plan pour cela: le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  S’il a noté l’appui de tous pour ce Programme, le Secrétaire général a toutefois estimé que « nous sommes loin du compte ».  M. Guterres a annoncé le lancement de la Décennie d’action pour parvenir à une mondialisation équitable, stimuler la croissance économique et prévenir les conflits.

« Ne ménageons pas nos efforts pour rebâtir la confiance », a insisté M. Guterres, en lançant un appel à tous les États Membres: « Écoutez les peuples.  Respectez les libertés d’expression et de rassemblement pacifique.  Protégez l’espace public et la liberté de la presse. »

Alors que l’automatisation va défaire des dizaines de millions d’emplois d’ici à 2030, le Secrétaire général a invité à se protéger du côté obscur du monde numérique en repensant les systèmes éducatifs et la notion même de travail, mais aussi en inventant de nouveaux filets de protection sociale et en instaurant de l’ordre « dans cet espace sans foi ni loi qu’est devenu le cyberespace ».

Il a également fait observer que l’ONU est une plateforme faite sur mesure pour lutter contre la fragmentation numérique en encourageant la coopération à l’échelle mondiale.  « Nous devons œuvrer pour que l’intelligence artificielle soit une force au service de l’humain », a-t-il insisté.

S’agissant des réformes de grande envergure qu’il a entreprises au sein même de l’ONU, le Secrétaire général a indiqué que le 1er janvier, pour la première fois, la parité hommes-femmes avait été atteinte dans l’ensemble des postes de secrétaire général adjoint et de sous-secrétaire général.  Il s’est également engagé à développer les efforts pour prévenir et mettre un terme au harcèlement sexuel et à faire en sorte que tous ceux et celles travaillant à l’ONU soient respectés.  « Ensemble, nous devons écouter.  Et ensemble, nous devons agir », a conclu M. Guterres. 

La trentaine de délégations qui se sont exprimées ont également plaidé pour une action résolue en 2020 et ont été nombreuses à appuyer les priorités du Secrétaire général, à commencer par le Togo, au nom du Groupe des États d’Afrique, ou encore le Groupe nordique par la voix de la Norvège.  À l’instar de l’Égypte, nombre d’États Membres ont également défendu le multilatéralisme et la place qu’y occupe l’Organisation.

« Une ONU vibrante, crédible et efficace est un rempart essentiel face aux pressions ressenties par l’ordre mondial », a notamment affirmé l’Inde qui s’est inquiétée du fait que l’esprit de « partenariat mondial » manifeste des signes flagrants de tension face à la montée du protectionnisme et de l’unilatéralisme. 

La délégation indienne a toutefois prévenu que tant que les principaux organes de l’Organisation demeureront ancrés dans une architecture de gouvernance figée dans le passé, la crise de légitimité et de performance persistera.  L’utilisation du veto a d’ailleurs été critiquée à plusieurs reprises, notamment par le Liechtenstein qui a appelé l’Assemblée générale à se réunir chaque fois qu’un membre permanent du Conseil de sécurité fait usage de son veto. 

Le problème des changements climatiques a aussi été soulevé à plusieurs reprises, notamment par le Canada qui a appelé à adopter des mesures novatrices pour améliorer l’atténuation et l’adaptation face aux graves risques sécuritaires qui en découlent.  Intervenant au nom de la Communauté des Caraïbes, Sainte-Lucie a souligné, pour sa part, que les réformes en cours à l’ONU sont déterminantes pour garantir la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques. 

La situation financière de l’Organisation a, par ailleurs, préoccupé plusieurs délégations, dont celles de la Jamaïque ou de Singapour qui ont appelé les États Membres à verser leurs contributions au budget de l’ONU.

L’Assemblée générale poursuivra ce débat demain, jeudi 23 janvier, à partir de 10 heures.

RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION – (A/74/1)

Exposé du Secrétaire général sur ses priorités pour 2020

À l’approche du soixante-quinzième anniversaire de l’Organisation des Nations Unies, M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général, a invité à préparer l’avenir avec espoir et « sans nous bercer d’illusions ». 

Il a identifié quatre « cavaliers de l’apocalypse », quatre menaces imminentes qui mettent en danger les progrès et les possibilités du XXIe siècle.

Le premier cavalier prend la forme des tensions géostratégiques mondiales les plus élevées que nous ayons connues depuis des années.  « Le risque d’une grande fracture est réel », a-t-il averti.

Le deuxième cavalier est la crise climatique, a poursuivi le Secrétaire général.  « Un million d’espèces sont menacées d’extinction à court terme.  La planète brûle.  Notre monde se rapproche de plus en plus du point de non-retour. »

M. Guterres a vu dans la méfiance qui frappe les sociétés du monde entier le troisième cavalier, de plus en plus de personnes étant en effet persuadées que la mondialisation ne leur est pas bénéfique.  « La confiance dans les établissements politique s’effrite.  Les jeunes se soulèvent.  La haine ne fait que grandir. »

Enfin, la quatrième menace est le côté obscur du monde numérique, l’avancée des technologies dépassant notre capacité de compréhension.  « Nous ne sommes pas préparés aux profondes conséquences de la quatrième révolution industrielle pour le marché du travail et la structure même de nos sociétés. »  Les armes létales autonomes, capables de tuer de leur propre chef, nous font entrer dans des territoires moraux et politiques sans précédent, a-t-il prévenu. 

Le Secrétaire général a ensuite passé en revue les solutions face à ces quatre menaces.  Premièrement, la paix et la sécurité, a-t-il dit, en pointant certains signes d’espoir.  Des conflits ont été circonvenus, grâce à des processus électoraux, comme en République démocratique du Congo, aux Maldives ou encore au Mali.  Le cessez-le-feu tient au Yémen, la Commission constitutionnelle a vu le jour en Syrie, l’accord de paix en République centrafricaine est mis en œuvre et la récente conférence de Berlin sur la Libye a rassemblé les principaux acteurs autour de la table. 

Il s’est toutefois préoccupé des « nœuds gordiens » qui demeurent dans le monde, du Golfe au conflit israélo-palestinien, du Sahel et du lac Tchad au Venezuela.  Les résolutions du Conseil sont bafouées; les ingérences extérieures jettent de l’huile sur le feu; et nous sommes sur le point de perdre les piliers de l’architecture internationale de désarmement et de contrôle des armes.  Il a plaidé pour des efforts accrus de prévention, ainsi que pour le renforcement des capacités de prévention, tout en notant que le maintien de la paix n’est pas suffisant s’il n’y a pas de paix. 

Le Secrétaire général a invité à se concentrer sur les causes profondes des crises, telles que la marginalisation économique, la misogynie violente ou la gouvernance déficiente.  Il a indiqué qu’il compte organiser une conférence sur le rôle de l’éducation dans la lutte contre l’extrémisme violent.  Il a également appelé les États à veiller à ce que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires demeure capable de prévenir une guerre nucléaire.

S’agissant de la deuxième menace, -« nous sommes en guerre contre la nature et la nature riposte de plein fouet »- il a signalé que les approches graduelles ne sont plus suffisantes, des transformations profondes étant nécessaires, avant d’exhorter les gouvernements à faire preuve d’une ambition bien plus importante lors de la COP26 qui se tiendra à Glasgow.  « La communauté scientifique est claire.  Nous devons réduire, d’ici à 2030, les émissions de gaz à effet de serre de 45% de leur niveau de 2010 et parvenir à zéro émission d’ici à 2050. »  Les principaux émetteurs, qui ont le plus contribué à la crise, doivent donner l’exemple.  « S’ils hésitent, nous sommes condamnés », a averti M. Guterres qui s’est néanmoins dit convaincu que « la bataille climatique » peut encore être gagnée.  Il a également jugé le moment venu d’imposer une interdiction mondiale sur les plastiques à usage unique.

Pour vaincre la troisième menace – la méfiance mondiale -, nous devons promouvoir une mondialisation juste, a poursuivi le Secrétaire général.  « Nous avons un plan: le Programme de développement durable à l’horizon 2030. »  S’il a noté l’appui de tous envers ce Programme et l’enthousiasme qu’il suscite, le Secrétaire général a estimé que « nous sommes loin du compte ».  Au rythme actuel, un demi-milliard de personnes vivront encore dans une pauvreté extrême d’ici à 2030, a-t-il prévenu.  « C’est inacceptable. »

M. Guterres a annoncé le lancement de la Décennie d’action pour parvenir à une mondialisation équitable, stimuler la croissance économique et prévenir les conflits.  Il a promis d’user du système réformé de développement de l’ONU comme un levier pour engager tous les partenaires, débloquer les financements et générer les solutions pour « tous, partout ».  Il a également appelé à donner un coup d’élan à la participation équitable des femmes aux processus de prise de décisions, à mettre un terme à la violence contre les femmes et à démanteler les obstacles qui entravent leur participation économique.  « Faisons de la décennie à venir la décennie de l’action et de 2020 l’année de l’urgence. »

« Ne ménageons pas nos efforts pour rebâtir la confiance », a poursuivi M. Guterres, en lançant un appel à tous les États Membres.  « Écoutez les peuples.  Ouvrez de nouveaux canaux afin d’entendre la voix de chacun et de trouver un terrain d’entente.  Respectez les libertés d’expression et de rassemblement pacifique.  Protégez l’espace civique et la liberté de la presse. »

Quatrièmement, pour protéger du côté obscur du monde numérique, le Secrétaire général a identifié plusieurs pistes d’action à commencer par le marché du travail, notant que l’automatisation va défaire de dizaines de millions d’emploi d’ici à 2030.  Il a invité à repenser les systèmes éducatifs, à inventer de nouveaux filets de protection sociale, à repenser la notion même de travail et à instaurer de l’ordre « dans cet espace sans foi ni loi qu’est devenu le cyberespace ». 

Face au risque que le cyberespace se divise en deux, M. Guterres a appelé à encourager la coopération numérique mondiale, soulignant que l’ONU est une plateforme faite sur mesure pour cela.  Le Secrétaire général a également appelé à œuvrer pour que l’intelligence artificielle soit une force au service de l’humain.  Il s’est en effet inquiété du fait que « nous continuons de nous acheminer vers un monde de machines tueuses qui échappent au discernement ou au contrôle de l’être humain ».  « L’appel que je lance à tous les États Membres est aussi simple que direct: interdisez dès maintenant les armes létales autonomes. »  Il a par ailleurs indiqué être profondément préoccupé par l’érosion des droits humains dans le monde.

M. Guterres a ensuite appelé à continuer de donner à l’ONU les moyens de relever les défis de cette nouvelle ère, en insistant sur les réformes de grande envergure qu’il a entreprises, lesquelles ont privilégié la flexibilité, la transparence et l’application du principe de responsabilité. 

Le 1er janvier, pour la première fois, nous sommes parvenus à la parité hommes-femmes au sein de l’ensemble des postes de secrétaires généraux adjoints et sous-secrétaires généraux, s’est-il félicité.  Il s’est dit aussi déterminé à faire de 2020 une année de progrès pour une répartition géographique plus équitable du personnel.  « Pour atteindre les objectifs de parité et de diversité, il faut pourvoir les postes vacants, et pour pourvoir les postes vacants, il faut des ressources. »  Le Secrétaire général s’est dit aussi décidé à développer les efforts pour prévenir et mettre un terme au harcèlement sexuel et à faire en sorte que toutes celles et ceux travaillant à l’ONU soient respectés. 

« En cette année du soixante-quinzième anniversaire, je veux donner la possibilité d’avoir une conversation avec les Nations Unies au plus grand nombre de personnes possibles.  Pour partager leurs espoirs et leurs craintes.  Pour apprendre de leurs expériences », a conclu M. Guterres.  « Ensemble, nous devons écouter.  Et ensemble, nous devons agir. »

Débat général

Intervenant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. COSMOS RICHARDSON (Sainte-Lucie) s’est particulièrement inquiété de la menace pour la survie de la planète que représentent les changements climatiques.  Il a noté que les catastrophes liées aux changements climatiques touchent en moyenne 350 millions de personnes chaque année et que le réchauffement de la planète vient rogner les acquis du développement et exacerber la pauvreté, tandis que la biodiversité s’appauvrit à un rythme alarmant.  Il a estimé que les réformes en cours à l’ONU étaient déterminantes pour réaliser les objectifs de développement durable, les Modalités d’action accélérées des petits États insulaires en développement (Orientations de Samoa), l’Accord de Paris, ou encore le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, entre autres.  « Tout aussi urgent est la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020, et du Programme d’action de Vienne en faveur des pays en développement sans littoral pour la décennie 2014-2024 », a encore insisté le représentant de la CARICOM. 

M. KOKOU KPAYEDO (Togo), au nom du Groupe des États d’Afrique, a insisté sur la détermination du Groupe à renforcer le multilatéralisme, seul moyen de remédier aux nombreux défis mondiaux.  Le développement durable est la priorité absolue du Groupe, a-t-il poursuivi, notant que l’année 2020 est une année clef pour lancer la Décennie d’action avant d’atteindre l’échéance de 2030.  Il a aussi promis l’appui du Groupe aux réformes entreprises par le Secrétaire général, avant de se dire gravement préoccupé par les conséquences des changements climatiques en Afrique.  Enfin, il a salué le fait que plus de 109 millions de dollars du budget de l’ONU aient été alloués à des activités consacrées à l’Afrique.  Il a aussi insisté sur l’importance des rôles de la Commission économique pour l’Afrique et du Conseiller spécial pour l’Afrique. 

Au nom des pays nordiques, Mme MONA JUUL (Norvège) a déclaré que les États Membres avaient tout à gagner en promouvant un ordre international fondé sur la bonne gouvernance et mettant l’accent sur le droit international et tout particulièrement les droits de l’homme.  « Nous ne serons pas en mesure de réaliser les objectifs de développement durable (ODD) sans un multilatéralisme efficace », a-t-elle notamment prévenu.  Elle a salué l’accent mis, dans le rapport du Secrétaire général, sur la réforme de l’Organisation avant d’appeler à instituer une culture du changement pour démontrer comment les réformes peuvent renforcer les liens entre les efforts humanitaires, de consolidation de la paix, et de développement.  Elle a appuyé le rôle « normatif » de l’ONU, avant de préciser que l’objectif de « ne laisser personne de côté » doit se traduire par la réduction des inégalités, la promotion des droits humains et les normes internationales. 

Mme Juul a salué l’accent mis par le Secrétaire général sur la parité entre les genres.  La mise en œuvre de la parité et la promotion du droit des femmes et des filles aura un effet multiplicateur pour réaliser une croissance inclusive et durable, éradiquer la pauvreté et assurer un développement durable, a-t-elle insisté. 

En tant que Présidente de Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), Mme Mona Juul s’est également dit consciente de la nécessité de briser les silos pour favoriser les interactions entre les organismes de l’ONU.  Elle a estimé que l’interaction entre le Président de l’Assemblée générale et celui de Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC) est plus importante que jamais.  Elle a appelé l’ONU à mieux coopérer avec la société civile et le secteur privé dans l’optique de la réalisation des objectifs de développement durable à l’horizon 2030. 

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. RUDOLPH MICHAEL TEN-POW (Guyana) a dit la détermination du son groupe de 135 pays à éradiquer la pauvreté sous toutes ses formes.  Il a jugé important de promouvoir la coopération Sus-Sud et la coopération triangulaire pour accélérer la réalisation des objectifs de développement durable.  Il a insisté sur la nécessité de préserver les océans et a appuyé la deuxième phase de négociations d’un instrument international juridiquement contraignant se rapportant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et portant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine dans les zones ne relevant pas de la juridiction nationale.  « Le Groupe des 77 et de la Chine considèrent que le développement doit être réalisé de concert avec la paix et la sécurité », a insisté le représentant du Guyana avant de préciser que les questions liées à la jeunesse, à la migration, la science, à la technologie et l’innovation sont d’une importance critique pour le Groupe

Au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), Mme SHARON LINDO (Belize) a dit la nécessité de déployer des efforts considérables en matière de changements climatiques bien avant la COP26 qui se tiendra à Glasgow en novembre 2020.  « Il faudra des moyens particuliers pour aider les petits États insulaires à faire face aux conséquences des changements climatiques », a-t-elle dit avant de demander un mécanisme de financement ciblé et spécifique aux besoins des petits États insulaires en développement.  Dans le cadre des Modalités d’action accélérées des petits États insulaires en développement (Orientations de Samoa), elle a appelé à examiner quelles dispositions n’étaient pas couvertes par le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe et les objectifs de développement durable. 

M. OLOF SKOOG, de l’Union européenne, a expliqué que, pour l’UE et ses États membres, travailler étroitement avec l’ONU dans toutes ses actions est enraciné dans leur ADN.  Le représentant a souhaité que le soixante-quinzième anniversaire soit l’occasion d’avoir une Organisation qui soit au service de tous.  Il doit aussi envoyer le message que l’ONU écoute tout le monde et est ouverte à tous.  L’UE continuera à soutenir le Secrétaire général pour que l’ONU soit gérée de la manière la plus efficace possible, a assuré le représentant en plaidant pour moins de bureaucratie, de meilleurs résultats et des mandats mieux exécutés.  Il faut aussi que le Secrétaire général ait les ressources suffisantes pour diriger l’Organisation, a-t-il ajouté avant d’appeler tous les États Membres à verser l’intégralité de leurs contributions dans les délais.

L’UE espère que 2020 sera une année cruciale pour obtenir des résultats dans les domaines prioritaires, comme la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD).  Évoquant les cinq plus grands risques pour 2020 identifiés par le Forum économique mondial, il a noté qu’ils sont tous liés aux changements climatiques, à la perte en biodiversité et aux catastrophes naturelles.  En conséquence, 2020 doit être l’année de l’action pour affronter ces défis en commençant par les changements climatiques.  Il a mentionné, à cet égard, le Pacte vert européen proposé par la Commission européenne en décembre dernier et le fait que l’UE se prépare à devenir un continent neutre sur le plan climatique d’ici à 2050.  Avec la Conférence des Nations Unies sur les océans à Lisbonne et le Sommet des Nations Unies sur la biodiversité qui se tiendront cette année, ce sera l’occasion de renforcer la gouvernance internationale des océans et de poursuivre les efforts pour arriver à un instrument juridiquement contraignant sur la biodiversité marine se rapportant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.

En matière de défense des droits de l’homme, M. Skoog a prédit que 2020 sera une année importante pour la promotion de l’égalité de genre, l’autonomisation des femmes et plus largement les droits des femmes et des filles, avec Beijing+25 et le vingtième anniversaire de la résolution 1325 du Conseil de sécurité.  Il faut protéger davantage les défenseurs des droits de l’homme, a-t-il demandé à cet égard.  Le renforcement de la capacité de l’ONU à prévenir les conflits a aussi été souligné comme un objectif auquel l’UE est engagée.  Le représentant a cité, à cet égard, la Conférence de Berlin sur la Libye qui vient de se tenir en Allemagne, ainsi que le Plan d’action global commun qui reste un exemple d’aboutissement de la diplomatie multilatérale après des années de négociation.  Concernant la Syrie, les neuf années de conflit montrent que les moyens militaires ne peuvent pas se substituer au dialogue et à la médiation, a noté le représentant avant de se féliciter, sur le dossier ukrainien, de la tenue du récent sommet au format Normandie.  Enfin, il a dit attacher une grande importance à l’examen de l’architecture de la consolidation de la paix aux Nations Unies.

M. YEMDAOGO ERIC TIARE (Burkina Faso), au nom du G5 Sahel, a apporté son soutien au Secrétaire général, avant d’évoquer la situation sécuritaire « très grave » au Sahel.  L’année 2019 a été une année éprouvante pour les pays sahéliens et l’année 2020 risque d’en être de même, a-t-il indiqué.  Pour y remédier, il a demandé la fourniture d’un appui robuste à la Force conjointe du G5 Sahel et le renforcement de la présence internationale aux côtés des pays du G5 Sahel, y compris par le biais d’une éventuelle coalition internationale pour le Sahel.  Il a en outre demandé le règlement de la crise libyenne en faisant fond sur la récente conférence de Berlin.  Le Sahel doit demeurer au centre des préoccupations de l’ONU, a souligné le délégué. 

M. OSCAR LEÓN GONZÁLEZ (Cuba) a souligné que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est une feuille de route pour la promotion d’une croissance socioéconomique équitable et durable entre les États.  Il a appelé à honorer les engagements pris en matière de financement et d’aide au développement, de coopération internationale, de transfert de technologie et de renforcement de capacités, entre autres.  Le représentant s’est ensuite enorgueilli que Cuba ait été le premier pays du monde à éliminer la transmission du VIH/sida et de la syphilis de la mère à l’enfant et qu’il ait atteint, en 2018, le taux de mortalité infantile le plus bas de son histoire.  Cuba compte également le plus de femmes au Parlement, celles-ci représentant 53,22% des députés, a-t-il ajouté.

M. González a, par ailleurs, souligné que les opérations de maintien de la paix doivent veiller au strict respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique des États.  Il a aussi cité le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force sauf en cas de légitime défense.  En matière de droits humains, le délégué a déploré la politisation, la sélectivité et la politique de deux poids, deux mesures.  Il a également décrié l’imposition de mesures coercitives unilatérales, dénonçant notamment le blocus économique « criminel, génocidaire et illégal » imposé par les États-Unis à l’encontre de Cuba.  C’est le principal obstacle au modèle de développement socioéconomique socialiste que notre peuple a tracé, a-t-il dit.

Mme CHRISTINE RENEE BAILEY (Jamaïque) s’est particulièrement inquiétée du fait que plus de 731 millions de personnes –soit 10% de la population mondiale– vivent toujours dans l’extrême pauvreté, que les guerres et les actes de persécution ont arraché à leurs foyers près de 71 millions de personnes et que 60 millions de personnes ont été directement touchées par des catastrophes naturelles.  Elle a fait sien la grave inquiétude exprimée par le Secrétaire général au sujet du déficit de l’Organisation en espérant que des actions positives seront enregistrées pour mettre fin à cette crise financière. 

En outre, la représentante s’est dit alarmée par les conséquences des changements climatiques en notant que les catastrophes qui y sont liées touchent en moyenne 350 millions de personnes chaque année et que le réchauffement de la planète vient rogner les acquis du développement obtenus de haute lutte et exacerber la pauvreté.  Face à cette réalité, la représentante a appelé à adopter des mesures spécifiques aux États insulaires en développement pour les aider à établir des stratégies d’adaptation et de résilience aux effets des changements climatiques.  La déléguée a, par ailleurs, noté que la cybercriminalité génère chaque année 1 500 milliards de dollars de recettes et s’est inquiétée du développement de systèmes d’armes létales autonomes. 

M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a rappelé que la raison d’être de l’ONU est aussi pertinente aujourd’hui que lors de sa création.  Il a déploré le recul du multilatéralisme et appelé les États Membres à promouvoir la Charte.  Il a appuyé les réformes du Secrétaire général et s’est félicité de la réforme des commissions économiques régionales.  Il s’est inquiété de la situation financière de l’Organisation, qui connaît la pire crise de liquidités depuis sa création.  L’origine de la crise est à chercher dans le non-versement de contributions, a-t-il dit, en appelant les États Membres à s’acquitter de leurs responsabilités.  Enfin, le délégué a salué la volonté du Secrétaire général de mieux prendre en compte la voix des jeunes. 

Mme MARÍA BASSOLS DELGADO (Espagne) a appuyé le programme de réformes du Secrétaire général en espérant que 2020 soit l’année de la consolidation de cet effort, pour que l’ONU soit adaptée aux défis actuels.  Cela permettra de renforcer le multilatéralisme, a-t-elle ajouté avant de plaider aussi pour avancer sur la voie du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Parmi les priorités de l’Espagne pour 2020, la représentante a cité l’action climatique et une transition juste, avec une accélération de la transition écologique des économies et une transition vers des économies vertes.  Comme autre priorité, elle a mentionné l’égalité de genre, avec trois thèmes saillants: élever le niveau d’autonomisation économique et politique des femmes; rendre plus visible le rôle des femmes comme acteurs sociaux; et garantir des politiques de tolérance zéro pour les cas d’abus et d’exploitation sexuelles.  Comme troisième priorité, Mme Bassols a parlé du renforcement des capacités et des travaux des Nations Unies en matière de prévention des conflits.  Enfin, elle a plaidé pour les droits de l’homme et la prévention du terrorisme et la lutte antiterroriste.

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a relevé qu’alors que l’ONU s’apprête à célébrer son soixante-quinzième anniversaire, l’Organisation n’a jamais semblé aussi indispensable et en même temps critiquée sur sa capacité à faire face aux défis mondiaux.  Dans le même temps, avec l’urgence des dangers actuels, dont le plus grand est la crise climatique, c’est le pire moment pour les États de se détourner des solutions globales pour lesquelles l’ONU est le siège naturel, a indiqué le délégué.  Il a relevé que la perception que le public a de l’Organisation, ainsi que la plus grande part de l’attention des médias, sont guidées par le Conseil de sécurité.  Il est donc déplorable de constater que cet organe ne soit pas à même de mener ses tâches.  Et l’indicateur le plus flagrant de cette paralysie politique du Conseil est l’augmentation de l’usage du droit de veto qui a été fait trois fois en 2019.  Il a appelé à envisager d’autres lignes de conduite lorsque le Conseil échoue de manière persistante à remplir son mandat.  M. Wenaweser a ainsi estimé que l’Assemblée générale devrait toujours se réunir lorsqu’un membre du Conseil de sécurité fait usage de son veto.  Une telle procédure améliorerait de façon notable le dialogue entre ces deux organes, a-t-il ajouté.  Il a aussi cité en exemple la création en 2016, par l’Assemblée générale, du Mécanisme international, impartial et indépendant chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves du droit international commises en République arabe syrienne depuis mars 2011.

M. Wenaweser a aussi parlé du Programme 2030, précisant que le Liechtenstein a prévu de s’investir particulièrement dans la mise en œuvre de l’objectif 16 relatif à la promotion de la paix, la justice et les institutions efficaces.  Le délégué a estimé que cet objectif est un catalyseur de la mise en œuvre de tous les autres.  Avec la collaboration de l’Australie et des Pays-Bas, le Liechtenstein entend notamment investir dans la lutte contre l’esclavage et le trafic des êtres humains. 

M. SYED MOHAMAD HASRIN AIDID (Malaisie) a dénoncé la multiplication d’actes unilatéraux qui viennent menacer la coopération internationale.  Notant que 731 millions de personnes –soit 10% de la population mondiale– vivent toujours dans l’extrême pauvreté, le représentant de la Malaisie a appelé à identifier des sources de financement novatrices pour réaliser les objectifs de développement durable (ODD).  Il s’est inquiété de l’insuffisance de la COP25 tenue à Madrid en décembre 2019, constatant qu’une immense pression reposait désormais sur la COP26 prévue à Glasgow en novembre 2020.  Il a également abordé la question du désarmement pour dire l’importance de la tenue, cette année, de la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2020. 

M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela) a dénoncé « un État » qui se croit au-dessus des autres et cherche à imposer ses vues, précipitant un retour du monde aux heures les plus sombres de l’histoire.  Le seul moyen de relever les défis mondiaux est l’action collective, a-t-il déclaré, pour ensuite demander un respect scrupuleux de la Charte.  Mon pays a été privé de son droit de vote à l’Assemblée générale et est soumis à des sanctions inhumaines et au terrorisme du pays hôte du Siège, a-t-il dénoncé.  Enfin, le délégué a demandé le plein respect de la non-ingérence dans les affaires intérieures des États et mis en garde contre toute utilisation du système onusien pour déstabiliser les États.  Mon pays est épris de paix et il n’y a pas de conflit au Venezuela, a conclu le délégué. 

M. ANDREAS MAVROYANNIS (Chypre) a regretté que le rapport du Secrétaire général, censé aider les dirigeants du monde à diagnostiquer l’état de l’Organisation au cours du débat général, ne remplisse plus sa mission.  Le débat général, s’est-il lamenté, ressemble de moins en moins à ce qu’il devrait être, à savoir une conversation entre ceux qui dirigent le monde aboutissant à une « compréhension opérationnelle » des mesures qu’il faut pour « l’ONU et le monde que nous voulons ».  Le public, de plus en plus rare du débat général, est d’ailleurs un des aspects de la crise de pertinence.  Le nombre extrêmement élevé des manifestations parallèles ne fait pas que détourner l’attention du débat général.  Il rend aussi impossible de suivre sérieusement toutes ces manifestations.  Nous devons, a estimé le représentant, limité leur nombre si nous voulons préserver la qualité et l’impact de l’Assemblée générale comme instrument le plus important du multilatéralisme. 

Le représentant s’est ensuite attardé sur la question de la paix et de la sécurité pour faire observer que la prévalence de l’état de droit dans les relations internationales n’est toujours pas acquise.  Combler le fossé entre les principes et l’action est essentiel pour la crédibilité de l’ONU, a-t-il prévenu.  Il s’est d’ailleurs inquiété de l’impact de la crise climatique sur la paix et la sécurité.  Il nous faut, a-t-il dit, une stratégie globale qui aille au-delà de l’atténuation, de l’adaptation et de l’abandon des combustibles fossiles.  Cette stratégie doit être conforme « à tous les droits de tous les hommes » et qui comprend une réponse à la dimension humaine des conséquences des changements climatiques.  Le représentant a conclu sur la situation financière de l’ONU, en voulant que l’on tire les leçons de la dernière crise de liquidité.  Une approche plus orientée vers les résultats, plus rentable, plus rationnelle, mieux adaptée aux défis actuels et s’appuyant sur les meilleurs pratiques est plus que jamais nécessaire, a-t-il estimé.

M. MHER MARGARYAN (Arménie) a souhaité une ONU plus robuste et dotée des moyens de faire face aux défis de notre temps.  « Protéger les droits de l’homme est une condition sine qua non pour promouvoir la paix », a-t-il affirmé.  Il a dit la pertinence du Groupe de Minsk de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), chargée d’encourager la recherche d’une résolution pacifique et négociée entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan au sujet du Haut-Karabagh.  Il a dit la nécessité d’un multilatéralisme fort et d’une coopération efficace entre les États Membres pour réaliser les objectifs de développement durable (ODD).  En tant que Président de la Commission de la condition de la femme, le représentant de l’Arménie a également insisté sur l’importance de la parité entre les genres pour réaliser les ODD. 

M. SAAD AHMAD WARRAICH (Pakistan) a qualifié les priorités du Secrétaire général d’ambitieuses et de réalistes.  Les opérations de maintien de la paix sont essentielles, a-t-il dit, en regrettant la baisse des fonds dont elles bénéficient.  Il a ensuite évoqué le conflit dans le Jammu-et-Cachemire et plaidé pour un règlement sur la base d’un référendum.  Il a demandé le plein respect des résolutions du Conseil de sécurité sur ce dossier par tous les États, « y compris les États puissants ».  Le Conseil doit être plus représentatif et plus réactif, a-t-il dit.  Enfin, le délégué a insisté sur l’importance du rôle du Conseil économique et social. 

Mme HELENA DEL CARMEN YÁNEZ LOZA (Équateur) a dit que le multilatéralisme est source d’espoir pour des millions de personnes dans le monde.  Elle s’est inquiétée du fait que les catastrophes liées aux changements climatiques touchent 350 millions de personnes chaque année, rognant ainsi les acquis du développement et exacerbant la pauvreté.  Elle a expliqué que l’Équateur appuyait un ordre mondial fondé sur le respect du droit international.  Elle a appuyé les mesures prises pour prévenir les conflits et pérenniser la paix et soutenir le développement de l’Afrique.  Elle a appelé à être plus ambitieux en matière de désarmement.      

M. RODRIGO A. CARAZO (Costa-Rica) a loué l’écoute de tous les États Membres par le Secrétaire général, ainsi que le format de la réunion de ce jour.  Face aux tensions exacerbées par la persistance des inégalités, face à la « catastrophe climatique », nous avons besoin de solutions concrètes, a-t-il déclaré.  Il a appuyé les priorités de l’Organisation, lesquelles ont été « confiées » au Secrétaire général par les États Membres.  Il a insisté sur l’importance de la COP26 qui se tiendra cette année à Glasgow.  Enfin, le délégué a plaidé pour une ONU forte et redynamisée et a résolument appuyé à cette fin les réformes du Secrétaire général.

M. NAGARAJ NAIDU KAKANUR (Inde) a constaté que le monde n’a jamais été autant interconnecté et interdépendant, mais que l’esprit de « partenariat mondial » manifeste des signes flagrants de tension face à la montée du protectionnisme et de l’unilatéralisme.  Une ONU vibrante, crédible et efficace est un rempart essentiel face aux pressions ressenties par l’ordre mondial, a-t-il dit. 

Après s’être félicité des efforts déployés pour renforcer le partenariat de l’ONU avec les pays contributeurs de contingents, le représentant a déploré que l’ONU ne soit pas encore parvenue à établir une définition commune du terrorisme, ni à élaborer une politique antiterroriste bien coordonnée, pointant notamment le non-achèvement d’une convention contre le terrorisme international.  M. Naidu a également prévenu que tant que les principaux organes de l’Organisation demeureront ancrés dans une architecture de gouvernance figée dans le passé, la crise de légitimité et de performance persistera.  Il a signalé que 40 ans se sont écoulés depuis l’inscription de la question de la réforme du Conseil de sécurité à l’ordre du jour de l’Assemblée générale.  Il a appelé à faire en sorte qu’en cette année du soixante-quinzième anniversaire de l’ONU, des progrès concrets soient réalisés pour créer un Conseil représentatif de son époque.

M. ANTHONY JOHN HINTON (Canada) a dit la nécessité d’investir dans le multilatéralisme pour renforcer l’efficacité de l’Organisation.  Il a souligné que les changements climatiques appellent à adopter des mesures novatrices pour améliorer l’atténuation et l’adaptation face aux graves risques sécuritaires qui en découlent.  « Nous avons besoin de capitaux privés pour réaliser les objectifs de développement durable », a-t-il dit.  Il a ajouté que la parité entre les genres est porteuse de dividendes de développement à tous les niveaux de la société.  Il a salué la signature, en décembre 2018, entre l’Union africaine et l’ONU d’une déclaration commune énonçant les principes directeurs régissant leur coopération aux fins de la gestion des situations de conflit et de crise en Afrique, et notamment la collaboration avec les opérations de soutien à la paix de l’Union africaine.  Par ailleurs, le représentant du Canada a souhaité que les efforts de réforme de l’ONU ne soient pas entravés par l’insuffisance des contributions des États Membres. 

M. MAJID TAKHT RAVANCHI (République islamique d’Iran) a déploré les tendances hégémoniques à l’œuvre et les tensions géopolitiques d’un niveau sans précédent.  Un petit nombre d’États bafouent le droit international et ne poursuivent que leurs intérêts, alors que nous n’avons jamais eu autant besoin du multilatéralisme, a-t-il affirmé.  Il a prévenu que l’affaiblissement du multilatéralisme sape la crédibilité de l’ONU.  Il a dénoncé les violations répétées de la Charte par les États-Unis, affirmant que celles-ci avaient conduit à une exacerbation des tensions au Moyen-Orient.  Le délégué a appelé les pays développés à s’engager en faveur du développement de tous les pays.  Enfin, le délégué de l’Iran a dénoncé la course aux armes nucléaires et appelé les États qui s’en sont dotés à respecter le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.

M. JÜRG LAUBER (Suisse) s’est dit engagé en faveur d’un système international fondé sur le droit et non sur la loi du plus fort.  « La Charte des Nations Unies montre la voie à suivre », a-t-il insisté.  Tout en saluant les progrès observés en matière de protection des droits de l’homme, le représentant s’est inquiété de la réduction de l’espace démocratique et civique qui a pour premières victimes les défenseurs des droits de l’homme et des journalistes.  Il s’est félicité de l’annonce, ce matin par le Secrétaire général, d’un futur appel qui sera lancé à Genève au cours de l’année pour une meilleure protection des droits de l’homme.  La lutte contre le terrorisme et la protection de la sécurité nationale ne doivent pas servir de prétexte aux abus des droits de l’homme, a-t-il notamment souligné. 

Face à la violence persistante contre les femmes et les filles, le représentant de la Suisse a appelé à un engagement international continu pour le plein respect de leurs droits.  Par ailleurs, il a dit que la Suisse continue de soutenir l’agenda du Secrétaire général en matière de réforme et s’engage pour un système onusien fort.  « Gardons à l’esprit que le vrai test pour juger de la mise en œuvre satisfaisante de la réforme ne se fera pas ici à New York, mais en fonction de l’efficacité du travail de l’ONU sur le terrain », a insisté le représentant.  En outre, il a salué les efforts du Secrétaire général en faveur de la prévention des conflits et visant à s’attaquer aux causes profondes de la vulnérabilité.  Il a aussi précisé que la Suisse accueillera, en octobre 2020, le prochain Forum mondial de l’ONU sur les données dans le souci de renforcer le rôle des données scientifiques et statistiques aux fins de la réalisation des objectifs de développement durable. 

M. YASHAR T. ALIYEV (Azerbaïdjan) a pris note de la réforme du système onusien de développement et de la décentralisation du processus de décision.  Il a demandé la mise en œuvre des engagements pour répondre au défi climatique.  Il a appuyé les initiatives du Secrétaire général dans le domaine des opérations du maintien de la paix et rappelé l’engagement fort de son pays en faveur de celles-ci.  Il n’y a pas de paix sans développement durable et pas de développement durable sans paix, a-t-il déclaré.  Il a rappelé que la plupart des conflits sont régionaux et plaidé pour une coopération forte avec les organisations régionales.  Le délégué a mis en garde contre toute instrumentalisation des organisations internationales dans le but de créer des écrans pour dissimuler des gains militaires.  Il a en outre souhaité que le règlement de la situation entre l’Arménie et son pays figure parmi les priorités de l’ONU. 

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a jugé plus utile que jamais de renforcer le multilatéralisme et a salué les efforts du Secrétaire général pour développer la capacité des États Membres à consolider l’état de droit.  Il a souligné le rôle de la CIJ dans la promotion de la justice, du droit international et de la solution pacifique des différends, par le biais de ses compétences contentieuses et consultatives.  Il a salué les efforts déployés par le Secrétaire général pour assurer la médiation entre des parties à un différend, exercer ses bons offices et faciliter la recherche de solutions pacifiques.  Il faut, a-t-il recommandé, que ces efforts se poursuivent jusqu’à ce que les parties aient trouvé une solution définitive à leurs différends, en particulier lorsqu’il existe un mandat de l’Assemblée générale ou du Conseil de sécurité. 

L’Argentine, qui intègre actuellement le Conseil des droits de l’homme, est engagée dans la consolidation du système universel de promotion et de protection des droits de l’homme, a assuré le représentant qui a plaidé notamment pour la reconnaissance des droits de l’homme des personnes LGBTI.  Il est également crucial de réaffirmer les engagements de l’ONU en matière d’égalité de genre et d’autonomisation des femmes, a aussi demandé M. García Moritán avant de parler des efforts à poursuivre en matière de désarmement.  Enfin, il a souligné l’importance de la coopération Sud-Sud et la nécessité d’abolir le travail des enfants, l’année 2021 étant consacrée à cette cause.

Mme PENNELOPE ALTHEA BECKLES (Trinité-et-Tobago) a remercié l’ONU d’avoir aidé les petits États insulaires en développement (PEID) à préparer l’examen de haut niveau de l’application à mi-parcours des Modalités d’action accélérées des petits États insulaires en développement (Orientations de Samoa).  Elle a relevé que l’adoption de la déclaration à mi-parcours, en septembre 2019, a permis à la communauté internationale de reconnaître les besoins particuliers des PEID.  Elle s’est félicitée des processus importants qui s’annoncent en 2020, évoquant notamment la Conférence sur les océans, la Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique et la Conférence des Parties à la Convention-cadre sur les changements climatiques qui se tiendra à Glasgow.  Elle a également cité la conclusion des négociations sur l’élaboration d’un instrument international juridiquement contraignant se rapportant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et portant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine dans les zones ne relevant pas de la juridiction nationale.

M. MOHAMED MOHAMED FOUAD ABDULLAH AHMED (Égypte) s’est félicité que des millions de personnes aient pu sortir de la pauvreté, que de plus en plus d’enfants soient scolarisés et que les femmes soient de plus en plus nombreuses à occuper des postes de responsabilité.  Il a dit l’importance de lutter contre le terrorisme avant de regretter que certains États continuent de soutenir des groupes terroristes.  Il a salué l’engagement du Secrétaire général pour lutter contre les changements climatiques.  Il a estimé que 2020 constituera une année charnière en matière de paix et de sécurité alors que le Comité des 34 tiendra une réunion sur la structure simplifiée des rapports.  « Nous devons renforcer le système multilatéral fondé sur des règles si nous voulons atteindre l’objectif d’un monde meilleur », a conclu le représentant de l’Égypte. 

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a espéré que les réformes du Secrétaire général amélioreront l’efficacité de l’Organisation et pour refléter la réalité du monde actuel, il faut aussi réformer le Conseil de sécurité, a-t-il ajouté.  Aujourd’hui, s’est-il expliqué, beaucoup d’autres États ont la capacité et la volonté de contribuer au maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Le Conseil doit donc s’ouvrir à eux.  Nous ne devons plus retarder cette réforme, a martelé le représentant, avant de se féliciter de la Décennie d’action en faveur des objectifs de développement durable qu’a lancée aujourd’hui le Secrétaire général.  Cette année, a-t-il dit, le Japon accueillera le quatorzième Congrès des Nations Unies sur la prévention du crime et la justice pénale, le Forum Asie-Pacifique sur l’eau et le Sommet nutrition pour la croissance, sans oublier les Jeux olympiques et les Jeux paralympiques.  Toutes les manifestations se focaliseront sur les différents aspects des objectifs de développement durable, qu’il s’agisse de l’environnement, des changements climatiques, de l’énergie propre, de la santé, de la paix ou de la justice.  Nous allons tirer parti de toutes ces occasions pour renforcer la coopération internationale autour du développement durable, a promis le représentant. 

Le Japon va aussi accueillir la sixième Assemblée mondiale des femmes, à laquelle sont invités tous les États Membres et les organisations internationales, y compris l’ONU.  Nous ne pouvons pas, a par ailleurs prévenu le délégué, subir un autre échec à la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  L’année 2020, a-t-il conclu, est une année pleine d’opportunités et au moment où nous nous apprêtons à célébrer le soixante-quinzième anniversaire de l’Organisation, nous devons réaffirmer notre engagement à assurer sûreté, prospérité et dignité pour tous. 

M. MAHMADAMIN MAHMADAMINOV (Tadjikistan) a cité, parmi les défis les plus pressants que la communauté internationale doit relever, les tensions croissantes et les changements climatiques.  Il a défendu un ordre international basé sur de règles et mentionné l’action de son pays pour relever les défis précités, en particulier dans le domaine de l’eau et du développement.  Il a salué la création du Bureau de lutte contre le terrorisme (BLT).  Mon pays défend la plus large coopération possible pour le bien de tous, a affirmé le délégué du Tadjikistan. 

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