SC/14171

Malgré le rapprochement entre le Soudan et le Soudan du Sud, les progrès sur le statut final d’Abyei sont peu probables à court ou moyen terme, déclare M. Lacroix devant le Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité a été informé, ce matin, de la situation à Abyei par le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix et l’Envoyé spécial pour la Corne de l’Afrique.  M. Jean-Pierre Lacroix a parlé des récents développements relatifs à la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA) et au Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière.  Malgré l’amélioration des relations entre le Soudan et le Soudan du Sud, il a jugé peu probable que des progrès soient faits à court ou moyen terme dans la détermination du statut final d’Abyei, tandis que M. Parfait Onanga-Anyanga s’est inquiété des incidences négatives de la pandémie de COVID-19 sur les processus de paix respectifs des deux pays.  

L’Union africaine (UA) et le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’UA sont pris par d’autres priorités, a indiqué M. Lacroix en notant aussi que, au niveau local, la situation sécuritaire dans la région d’Abyei reste instable, avec des tensions accrues entre les communautés ngok dinka et misseriya notamment.  Les troupes de la FISNUA ont été attaquées par des éléments armés et des violences entre les communautés ont escaladé le 19 janvier 2020.  Si M. Lacroix a jugé encourageantes les mesures prises par les deux communautés qui ont reconnu, le 16 mars au cours d’une conférence des dirigeants traditionnels, la nécessité de la paix et ont convenu de ne pas aggraver la situation, elles sont insuffisantes, selon lui, pour rétablir la stabilité dans la région.  

Alors que depuis octobre 2019, les deux pays ont chacun joué un rôle dans le processus de paix de l’autre, l’Envoyé spécial, M. Onanga-Anyanga a souligné que l’amélioration des relations bilatérales avait été mise à l’épreuve par l’attaque armée perpétrée contre une communauté de ngok dinka par des bergers misseriya, dans la localité de Kolom (Abyei) le 22 janvier, et la mort subite le 25 mars à Djouba du Ministre soudanais de la défense, le général Gamal al-Din Omar.  Il a craint en outre les effets négatifs de la pandémie de COVID-19 sur les processus de paix dans les deux pays.   

Il a été noté que le Soudan avait réitéré son engagement à tous les Accords signés avec le Soudan du Sud, en particulier l’Accord concernant les arrangements provisoires pour l’administration et la sécurité de la zone d’Abyei, du 20 juin 2011 et l’Accord de coopération passé en 2012 entre les deux pays.  Le premier reste la fondation majeure des négociations sur le statut final, a estimé le Soudan en rappelant que les deux nations avaient convenu de créer un mécanisme conjoint de protection des populations civiles à Abyei à l’issue de la réunion de janvier dernier entre le Président du Soudan et le Vice-Président du Soudan du Sud.  

Dans le cadre du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité, a ajouté le Soudan, les représentants des deux parties ont établi une série de mesures visant à éviter toute rechute ou escalade entre les communautés.  Le Mécanisme est aussi tombé d’accord pour renvoyer aux dirigeants des deux pays des questions telles que l’augmentation du nombre des forces de police conjointes, la nomination d’un chef adjoint civil de la FISNUA et l’utilisation de l’aéroport d’Athony. Mais la réunion de suivi du Mécanisme prévue le 13 avril a été reportée à cause de la pandémie de COVID-19.  

Les efforts d’atténuation des conséquences de la pandémie entrepris par le Soudan et le Soudan du Sud ont été salués par les membres du Conseil, qui se sont toutefois inquiétés de la fragilité de la situation sécuritaire à Abyei, dénonçant au passage les attaques perpétrées les 19 et 22 janvier à Nainai-Kolom, au cours desquelles 36 civils ont été tués.  L’Allemagne a exhorté les parties à mener une enquête sur ces attaques.  La Tunisie a dénoncé les violences intercommunautaires, la menace des groupes armés et l’omniprésence d’armes dans la région d’Abyei.  Pour les États-Unis, ces attaques sont inacceptables surtout celles qui visent des femmes et des enfants.  Les États-Unis ont cependant reconnu, à l’instar du Viet Nam et de l’Afrique du Sud, l’importance du leadership de l’Éthiopie et des mesures positives que le Soudan et le Soudan du Sud ont prises pour lutter contre l’insécurité. 

Le Soudan s’est prévalu de la nouvelle donne politique dans son pays qui offre selon lui « un changement de paradigme positif majeur dans les relations entre les deux pays frères ».  Sur cette base, ainsi que sur les résultats constructifs de la réunion du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité, réuni le 19 février dernier, nos deux pays voisins sont en mesure de prévenir les escalades, de résoudre tout conflit commun dans la région et de parvenir à une solution durable et amiable au statut final d’Abyei, a promis la délégation.   

Cela n’a pas empêché le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix de prédire des défis sans précédent avec la pandémie de COVID-19 pour les mois à venir.  La FISNUA continuera de s’engager avec les gouvernements des deux pays pour faciliter la mise en œuvre des questions en suspens pour leurs accords antérieurs et le mandat de la Force.  Celle-ci continuera également de jouer un rôle de stabilisation dans la région d’Abyei et le long des régions frontalières, a assuré M. Lacroix avant de demander au Conseil de sécurité de soutenir la recommandation du Secrétaire général de proroger le mandat de la FISNUA de six mois, soit jusqu’au 15 octobre 2020.  

De plus, la Belgique et la République dominicaine, notamment, ont appelé de leurs vœux la nomination d’un chef de mission civil adjoint et la création du service de police d’Abyei, comme l’a également recommandé le Secrétaire général.  

Le rapprochement et la consolidation des relations entre Khartoum et Djouba devraient inciter les deux pays à résoudre les problèmes en suspens dans le cadre des accords de coopération, y compris la situation à Abyei, a espéré l’Envoyé spécial pour la Corne de l’Afrique en soulignant qu’ils sont toujours concentrés sur leurs conflits internes.   

La Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites en visioconférence dont les textes ont été transmis à temps par la Division des affaires du Conseil de sécurité.

M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, a fait un exposé sur les récents développements relatifs à la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), y compris sur le Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière.  Il a dit que malgré l’amélioration des relations entre le Soudan et le Soudan du Sud, il a jugé peu probable que des progrès soient faits à court ou moyen terme dans la détermination du statut final d’Abyei. 

Comme la Commission de l’Union africaine (UA) et le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’UA sont très pris par d’autres priorités, l’amélioration du soutien de l’ONU à l’UA par la nomination d’un chef de mission adjoint pour la FISNUA devient plus importante tandis que l’Envoyé spécial travaille avec l’UA pour trouver des moyens de revitaliser le processus politique, a expliqué M. Lacroix.  Il a signalé à cet égard que la FISNUA a tenu le 4 mars des consultations avec le Premier Ministre soudanais Abdalla Hamdok pour résoudre les problèmes de la piste d’atterrissage d’Athony et la nomination d’un chef de mission adjoint.  Le Premier Ministre s’est dit prêt à appuyer la mission dans ces domaines.  

Au niveau local, a poursuivi M. Lacroix, la situation sécuritaire dans la région d’Abyei reste instable, avec des tensions accrues entre les communautés ngok dinka et misseriya, une augmentation de la criminalité et la présence d’éléments armés dans la zone de responsabilité de la FISNUA.  Celle-ci s’est efforcée de contenir l’insécurité et de maintenir Abyei comme zone exempte d’armes grâce à une intervention et une présence rapides dans les zones sensibles. Cependant, la population locale a signalé des mouvements d’hommes armés au cours de la période considérée. 

Le Secrétaire général adjoint a également indiqué que les troupes de la FISNUA ont été attaquées par des éléments armés et que, de plus, les violences entre les communautés ont escaladé le 19 janvier 2020.  La FISNUA a mis sur pied une équipe d’enquête conjointe chargée de mener une enquête préliminaire sur cet incident, mais les tensions s’apaisent maintenant grâce au déploiement préventif et à l’engagement de la mission avec les communautés locales. 

Le 16 mars, une conférence des dirigeants traditionnels, composée à la fois de Ngok Dinka et de chefs des Misseriya Paramount, a eu lieu à Diffra, dans le secteur Nord, au cours de laquelle les deux parties ont reconnu la nécessité d’une paix et ont convenu de ne pas aggraver la situation.  Une réunion de suivi a eu lieu à Diffra le 9 avril.  Bien qu’aucun accord n’ait encore été conclu sur la migration sud des éleveurs de Misseriya pour la prochaine saison sèche, ces réunions ont eu le mérite de réunir les dirigeants traditionnels des deux parties pour la première fois depuis les attentats de Kolom de janvier 2020.  Il s’agissait également des premières réunions dans ce format depuis novembre 2017. 

M. Lacroix a jugé encourageantes ces mesures prises par les deux communautés, bien qu’elles soient encore insuffisantes pour rétablir la stabilité dans la région, et a expliqué sa principale préoccupation qui est de soutenir le dialogue positif rétabli entre les deux communautés.  Il a aussi dit vouloir discuter avec le commandant de la Force après le rapport d’enquête sur Kolom pour envisager d’autres mesures pour empêcher la répétition de tels incidents. 

Il a aussi parlé des progrès réalisés par le Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, en fonction des critères prévus par la résolution 2497 (2019) du Conseil de sécurité.  Les deux parties ont maintenant déployé le nombre total de contrôleurs nationaux tandis que la liberté de circulation pour les missions de surveillance aérienne et terrestre est pleinement garantie. De plus, le site de l’équipe d’Abou Qussa/Wunkur a été créé avec succès le 13 janvier 2020. 

Concernant la police, le haut fonctionnaire a signalé de graves retards dans le déploiement des trois unités de police constituées, qui devraient être sur le terrain d’ici à juillet 2020, à cause des restrictions de voyage décidées par le Gouvernement soudanais pour empêcher la propagation de la pandémie du COVID 19.  Si le déploiement de la première unité en provenance d’Éthiopie a bien avancé début de mars, toutes les autres étapes ont dû être suspendues en raison de l’épidémie.  Bien qu’aucun cas de Covid-19 n’ait été enregistré à l’UNISFA, les équipes médicales du Groupe de travail COVID de la FISNUA visitent tous les sites pour vérifier l’état de préparation de la mission.  Des travaux ont été achevés pour établir une zone de quarantaine de 16 lits pour le personnel en uniforme.  En outre, le Premier Ministre va bientôt mettre sur pied une équipe pour mener les consultations nécessaires avec le Ministère de la défense et du renseignement pour l’utilisation de la piste d’atterrissage d’Athony, ce qui permettrait à la FISNUA de relever ses défis logistiques actuels. 

M. Lacroix a enfin détaillé les activités de sensibilisation menées par la FISNUA au niveau local, pour encourager le lavage des mains et la distanciation sociale.  De plus, 13 détenus condamnés pour des crimes mineurs ont été libérés pour décongestionner les cellules et se conformer aux lignes directrices de l’OMS sur la distanciation sociale.  Les agences sont également en pourparlers avec l’administration locale sur les exigences relatives aux sites de dépistage dans plusieurs endroits de la région d’Abyei.  

Alors que les mois à venir poseront sans aucun doute de nouveaux défis sans précédent avec la pandémie du COVID-19, les dirigeants de la FISNUA continueront de s’engager avec les gouvernements des deux pays pour faciliter la mise en œuvre des aspects en attente de leurs accords antérieurs et du mandat de la Force. Celle-ci continuera également de jouer un rôle de stabilisation dans la région d’Abyei et le long des régions frontalières, a assuré le Secrétaire général adjoint, avant de demander au Conseil de sécurité de soutenir la recommandation du Secrétaire général de proroger le mandat de six mois, soit jusqu’au 15 octobre 2020. 

M. PARFAIT ONANGA-ANYANGA, Envoyé spécial pour la Corne de l’Afrique, a dit qu’au Soudan et au Soudan du Sud, les implications sanitaires, humaines et socioéconomiques de la pandémie de COVID-19 associées à la chute du prix du pétrole, l’invasion acridienne et les catastrophes climatiques, nécessitent un appui extérieur urgent.  La pandémie aura des effets négatifs sur les processus de paix dans les deux pays, avec notamment le ralentissement des engagements.   

M. Onanga-Anyanga a rappelé que, depuis octobre 2019, les deux pays ont consolidé leurs relations dans le rôle que chacun joue dans le processus de paix de l’autre.  Le Soudan du Sud a facilité le processus de paix soudanais.  Le Soudan a contribué au compromis entre le Président Kiir et M. Riek Machar qui a conduit à la formation du Gouvernement provisoire d’union nationale le 12 mars 2020.  

La force de l’amélioration des relations entre les deux pays a été mise à l’épreuve par deux événements malheureux, a ajouté l’Envoyé spécial qui a rappelé l’attaque armée meurtrière perpétrée par des bergers misseriya dans la localité de Kolom à Abyei le 22 janvier contre une communauté de ngok dinka, et la mort subite le 25 mars à Djouba du Ministre soudanais de la défense, le général Gamal al-Din Omar, après qu’il a coprésidé la réunion du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité avec son homologue sud-soudanais.   

Au Soudan, le Premier Ministre Hamdok aide à désamorcer les tensions et recherche le consensus entre les acteurs politiques de Khartoum, notamment sur la situation économique de plus en plus désastreuse.  Il cherche également à respecter son engagement en faveur de la paix par le biais de négociations avec les mouvements armés.  À cet égard, la récente déclaration du général al-Burhan, Président du Conseil souverain, sur l’unité des dirigeants de la transition est encourageante.  

Au Soudan du Sud, le Président Salva Kiir et le Premier Vice-Président Riek Machar s’efforcent de rétablir un partenariat qui a montré deux fois ses limites, tout en s’efforçant de surmonter l’impasse politique sur le partage des États et la répartition des gouverneurs.  La coopération en matière de gestion du pétrole entre les deux pays est en outre restée forte. 

Au soudan, sur le plan militaire, a poursuivi M. Onanga-Anyanga, les négociations entre les mouvements armés de l’opposition et Khartoum, facilitées par le Président Kiir, ont repris en janvier à Djouba et se poursuivent à distance depuis l’irruption de la pandémie de COVID-19.  Le Premier Ministre Hamdok est prêt à discuter de toutes les questions et des causes des conflits armés au Soudan dans le but de parvenir à un accord qui unisse tous les Soudanais, tandis que les mouvements de l’opposition ont réaffirmé leur détermination irréversible à faire la paix.  En dépit des désaccords entre les parties sur des questions clefs, des progrès importants ont été généralement réalisés, comme l’engagement renouvelé à un cessez-le-feu unilatéral par les mouvements armés.  Les pourparlers devraient se terminer le 9 mai, mais il reste à voir si ce délai sera respecté dans les circonstances actuelles, a indiqué M. Onanga-Anyanga.  

À ce jour, le Gouvernement soudanais a signé des accords-cadres avec le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord ainsi qu’avec des mouvements armés du Darfour et de l’est du Soudan qui répondent aux principales préoccupations concernant la marginalisation, le manque de développement et la participation aux institutions gouvernementales.  Cependant, ils n’abordent pas complétement la question de la séparation entre la religion et l’État que le MPLS-Nord considère comme importante.  Les prochaines phases de négociation porteront sur les dispositions de sécurité et la participation aux institutions de transition, a déclaré l’Envoyé spécial.  

Il a ajouté que les négociations avec les mouvements armés du Darfour ont abouti à un résultat majeur dans la mesure où un accord a été conclu avec le Gouvernement, le 11 février, pour établir un tribunal spécial pour les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis au Darfour.  L’accord prévoit aussi de rendre la justice à travers la Cour pénale internationale (CPI).  Malgré les progrès accomplis sur la question du Darfour, M. Onanga-Anyanga a dit que l’absence des pourparlers avec l’Armée de libération du Soudan-faction Abdul Wahid est une source de grande préoccupation.  De même, les pourparlers avec le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord n’ont pas progressé.   

Malgré leur soutien mutuel, le Soudan et le Soudan du Sud ont eu des engagements minimes sur le plan bilatéral dans le cadre de leurs accords de coopération, les deux pays étant toujours concentrés sur leurs conflits internes.  Ils ont cessé de s’accuser de soutenir ou d’héberger leurs rebelles respectifs.  Bien que les deux pays essayent d’éviter de traiter des points de conflit au milieu des défis de leurs transitions respectives et de la COVID-19, il est à espérer, selon M. Onanga-Anyanga, que leur rapprochement et leurs relations consolidées les inciteront par la suite à résoudre les problèmes en suspens dans le cadre des accords de coopération, y compris la situation à Abyei.  

À cet égard, a poursuivi l’Envoyé spécial, l’annonce faite le 23 janvier par le Président Kiir et le général Hemetti de la création d’un mécanisme conjoint de protection des civils et du déploiement d’une force de désengagement dans la région, ainsi que de la création d’une commission d’enquête sur l’incident de Kolom, sont toutes des étapes positives.  Concernant les deux zones, la visite de M. Hamdok dans la localité, le 9 janvier, et sa disposition à discuter de tous les problèmes ont fait naître l’espoir que le conflit pourrait bientôt appartenir au passé.  Au demeurant, les querelles entre les deux factions du Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord doivent cesser.  Il faut aller de l’avant sur la voie de la négociation avec le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord (Al-Hilu), a tranché le haut responsable.  

Enfin, l’Envoyé spécial a indiqué qu’au cours de sa rencontre avec le Président Kiir, le 17 janvier, il a souligné l’importance d’un engagement soutenu de son gouvernement avec les autorités soudanaises sur diverses questions bilatérales.  Le Président Kiir a assuré qu’une fois la paix rétablie dans les deux pays, ces derniers seraient mieux à même de discuter des questions en suspens en vue d’une relation mutuellement avantageuse.  Le Ministre des affaires étrangères, a informé M. Onanga-Anyanga, a indiqué que les deux pays donneraient également la priorité à la réconciliation à Abyei pour l’instant.  Lors des réunions avec les communautés misseriya et ngok dinka à Abyei, le 12 et le 13 février, en compagnie du Secrétaire général adjoint, M. Jean-Pierre Lacroix, l’Envoyé spécial a dit avoir insisté sur la réconciliation et la coexistence pacifique. 

Les États-Unis ont salué les activités de la FISNUA pendant cette période difficile marquée par la pandémie de COVID-19, y compris son soutien vital au Comité mixte pour la paix entre les communautés.  Ils ont reconnu l’importance du leadership de l’Éthiopie et des mesures positives que le Soudan et le Soudan du Sud ont prises pour lutter contre l’insécurité, telles que la surveillance conjointe de la sécurité.  Les États-Unis se sont toutefois dit préoccupés par les récentes violences, dont les attaques dans la région de Kolom qui ont fait plus de 30 victimes civiles et l’attaque armée dans le village de Mabok, une attaque « inacceptable » qui a visé principalement des femmes et des enfants.  Mais ce qui est peut-être le plus troublant, ont estimé les États-Unis, c’est que cette attaque montre le manque de progrès entre le Soudan et le Soudan du Sud pour résoudre le différend frontalier.  Les habitants d’Abyei et ceux qui habitent le long de la frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud méritent mieux.  Cette violence devrait servir d’appel à l’action pour les deux pays qui devraient tirer parti de l’amélioration de leurs relations et convenir de la mise en œuvre des arrangements sécuritaires et administratifs.  Les États-Unis ont rappelé que le Conseil de sécurité a mandaté à plusieurs reprises une reconfiguration de la FISNUA pour tenir compte de la dynamique de sécurité actuelle.  Ils ont appelé les parties à lever les obstacles à l’exécution du mandat de la Force.  Ils ont encouragé les Nations Unies à redoubler d’efforts, avec les parties et l’Union africaine, pour une bonne exécution dudit mandat.  

La France a condamné dans les termes les plus fermes l’escalade de la violence intercommunautaire et les récents accrochages violents qui se sont produits à Kolom.  Elle a également fait part de ses plus graves préoccupations au sujet de la violence sexuelle et des déplacements et a appelé les Gouvernements du Soudan et du Soudan du Sud à coordonner une enquête, comme cela a été annoncé.  

Elle a estimé que seul un véritable processus politique permettant de répondre à la situation à Abyei et à la question de la démarcation des frontières pourra véritablement stabiliser la sécurité.  Elle a appelé les Gouvernements du Soudan et du Soudan du Sud à tirer parti de l’amélioration de leurs relations bilatérales pour lancer un véritable dialogue afin de déboucher sur une solution politique.  Elle a aussi encouragé l’Union africaine, le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine et l’Envoyé spécial de l’ONU pour la Corne de l’Afrique à intensifier leur rôle de médiateur. 

S’agissant de la reconfiguration de la FISNUA, la délégation a regretté que trois unités de police attendent toujours leur déploiement et appelé les deux gouvernements à fournir leur plein appui au déploiement du personnel de la Force, notamment en assurant la délivrance des visas demandés.  Ces trois unités de police doivent être déployées le plus rapidement possible, c’est le seul moyen de répondre aux taux élevés de criminalité à Abyei et d’adapter la Force aux défis actuels, a-t-elle insisté. 

L’Indonésie a déclaré que la présence de la FISNUA demeure essentielle pour maintenir la stabilité à Abyei et que sa reconfiguration doit lui permettre de répondre de manière efficace aux défis sur le terrain et la doter de personnels et d’un appui approprié.  L’Indonésie appuie en outre la proposition de proroger son mandat de six mois.  La délégation a appelé le Soudan et le Soudan du Sud à mettre à profit l’amélioration de leurs relations bilatérales pour faire avancer les négociations sur Abyei et résoudre les questions qui demeurent en suspens, notamment la mise en œuvre de leur Accord du 20 juin 2011.

L’Indonésie s’est par ailleurs inquiétée des récents accrochages qui se sont produits à Kolom.  Elle a appelé à mener immédiatement une enquête conjointe, suivie de mesures correctives, pour aider les deux communautés à panser les plaies.  Elle a également engagé la FISNUA à poursuivre son travail de renforcement de capacités envers les comités de protection communautaires et son appui aux mécanismes de justice traditionnelle.  Le déploiement des unités de police constituées supplémentaires est également d’une importance critique.

La Chine a constaté que la situation à Abyei demeure globalement calme et stable et a relevé que le Soudan et le Soudan du Sud ont renforcé leur interaction et leur coopération à ce sujet.  Elle a appelé le Conseil de sécurité à continuer de respecter le rôle des deux pays sur la question et d’appuyer les efforts des organisations régionales et sous-régionales.  La délégation a aussi espéré que les Gouvernements soudanais et sud-soudanais continueront à chercher une solution politique, notamment en établissant des institutions administratives et judiciaires.  La communauté internationale doit pour sa part fournir un appui aux deux parties, notamment dans la lutte contre la pandémie de COVID-19, a conclu la Chine en appuyant la prorogation du mandat de la FISNUA.

Le Royaume-Uni a salué les efforts d’atténuation des conséquences de la COVID-19 par le Soudan et le Soudan du Sud.  Le Royaume-Uni a donné six millions de dollars à la réponse de l’ONU et du Soudan à la pandémie et quatre millions de dollars pour le Soudan du Sud.  La COVID-19 met en évidence l’importance d’assurer des moyens d’évacuation sanitaires rapides au personnel des Nations Unies et de maintenir des chaînes d’approvisionnement.  C'est particulièrement le cas pour la FISNUA, étant donné son éloignement, a défendu le Royaume-Uni.  La réponse à la COVID-19 dominera les agendas des Gouvernements des deux pays pendant un certain temps, a prédit Londres qui les a donc exhortés à ne pas perdre de vue à la fois leurs processus de paix respectifs et l’importance de trouver un règlement définitif sur Abyei.  

Précisément à Abyei, la délégation a salué les efforts déployés par la FISNUA pour une série d’activités, y compris l’engagement avec les gouvernements des deux pays, la mise en œuvre des projets à impact rapide, la médiation des dialogues avec les communautés locales, la sensibilisation aux questions de genre et l’enlèvement des engins explosifs.  Le Royaume-Uni s’est également préoccupé de la fragilité de la situation sécuritaire à Abyei en particulier l’augmentation de la violence intercommunautaire et des attaques contre le personnel de la mission, une situation qui appelle à faire des progrès dans le règlement final.  Pour ce qui est de la FISNUA, le Royaume-Uni a soutenu la prolongation de son mandat telle que recommandée par le Secrétaire général, en demandant qu’elle soit pourvue de ressources suffisantes pour s’en acquitter, notamment lorsqu’il s’agit d’assurer la stabilité à Abyei et de parvenir au règlement final de son statut.  

La Fédération de Russie a dit qu’en dépit de la fragilité de la situation à Abyei, les efforts de maintien de la paix ont contribué à stabiliser la région.  Elle a ainsi salué le travail de la FISNUA dans le maintien de relations constructives avec les communautés locales.  La délégation a pris note de la réunion du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, le 19 février, ainsi que de la conférence des dirigeants traditionnels, organisée le 16 mars, qui ont apporté une contribution significative à la promotion du dialogue entre toutes les parties.  Pour Moscou, la promotion d’un règlement durable entre le Soudan et le Soudan du Sud demande des efforts conjoints des deux parties, avec les résolutions du Conseil de sécurité et de l’Union africaine, ainsi que les accords bilatéraux signés en septembre 2012 à Addis-Abeba, comme base juridique internationale.  

Le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine devrait continuer son travail avec les parties soudanaise et sud-soudanaise, a estimé la Fédération de Russie.  Notant notamment la normalisation des relations entre le Soudan et le Soudan du Sud et les efforts de médiation du Président Salva Kiir pour accompagner les négociations entre les autorités soudanaises et les groupes armés, la délégation a dit « comprendre » que dans la situation actuelle, il existe des facteurs objectifs qui empêchent Khartoum et Djouba d’accélérer le règlement de la question du statut final d’Abyei.  Dans ces circonstances, maintenir la présence de la FISNUA reste pertinente, selon la Fédération de Russie qui a soutenu la proposition du Secrétaire général de prolonger le mandat de la Force, y compris son appui au Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, pour six mois.  

Le Viet Nam a fait cinq propositions par rapport à Abyei.  Premièrement, il faut une solution opportune et appropriée à la question d’Abyei qui est d’une importance vitale pour la paix, la sécurité et la stabilité des deux pays et de la région.  Le Viet Nam a appelé les deux pays à résoudre rapidement la question par des moyens pacifiques, conformément au droit international, à la Charte des Nations Unies et à l’Accord du 20 juin 2011.  Parallèlement, le Conseil devrait continuer de prendre pleinement tenir compte des vues des deux parties sur cette question.

Deuxièmement, il est important d’assurer la sécurité et la des moyens de subsistance durables aux habitants de la région, compte tenu de l’impact croissant des changements climatiques et de la propagation de la pandémie de COVID-19.  Le Viet Nam appelle les deux gouvernements à continuer d’appuyer la FISNUA dans l’exécution de son mandat, la nomination d’un chef de mission adjoint civil et la création du service de police d’Abyei, comme l’a recommandé le Secrétaire général.  La coopération entre les deux gouvernements et la FISNUA dans la lutte contre la COVID-19 devrait également être renforcée.

Troisièmement, la délégation a souligné le rôle des organisations régionales et sous-régionales, à savoir l’UA et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) dans l’appui à la résolution du problème d’Abyei, ainsi que le rôle des pays voisins, en particulier de l’Éthiopie, pour leurs contributions essentielles à la FISNUA. 

Quatrièmement, le Viet Nam a dit appuyer la prorogation du mandat de la FISNUA, tout en soulignant l’importance de prendre également en considération les vues des Gouvernements du Soudan et du Soudan du Sud, de l’UA, de l’IGAD et des pays fournisseurs de contingents sur cette question.

Cinquièmement, le Viet Nam a salué le rôle important des femmes au sein de la FISNUA, estimant qu’il s’agit d’un fort exemple de participation des femmes aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies.

Saint-Vincent-et-les Grenadines s’est félicitée des développements politiques positifs au Soudan et au Soudan du Sud, disant espérer que cet élan se traduira par une coopération accrue et un engagement renouvelé entre les deux pays, afin que soit trouvé une résolution politique juste sur le statut final d’Abyei.  La délégation a condamné les dernières attaques dans la région, tout en saluant les efforts de la FISNUA visant à enquêter sur ces incidents violents et en encourageant les autorités à poursuivre l’enquête conjointe, comme convenu lors de la réunion du Mécanisme politique et de sécurité conjoint (JPSM) du 19 février à Djouba. 

Pour Saint-Vincent-et-les Grenadines, les difficultés à Abyei ne seront résolues que si les principaux moteurs des conflits intercommunautaires sont résolus.  La délégation a ainsi exhorté les parties à s’acquitter de leurs obligations telles que stipulées dans l’Accord de 2011 et l’Accord de coopération de 2012.  La délégation a également insisté sur la nécessité de fournir, sans entrave, des services humanitaires à ceux qui ont besoin d’une assistance urgente, notamment dans le contexte de la situation humanitaire désastreuse à Abyei, laquelle va sans doute être exacerbée par la pandémie de COVID-19 et les terribles conditions environnementales de la région, notamment les changements climatiques. 

La délégation a par ailleurs encouragé l’inclusion des femmes dans le processus décisionnel à Abyei, tout en saluant le travail de la FISNUA à l’appui du mandat des femmes, de la paix et de la sécurité.  Elle a conclu en appelant toutes les parties à respecter les directives énoncées dans les documents finaux des sessions ordinaires du Mécanisme politique et de sécurité conjoint à Djouba, les 13 octobre 2019 et 19 février 2020. 

La Tunisie a estimé que les transitions politiques en cours au Soudan et au Soudan du Sud ont représenté des événements cruciaux au cours des derniers mois, qui ont suscité l’espoir d’un changement positif et d’une paix globale.  Il est important pour le Soudan, le Soudan du Sud et pour le Conseil de sécurité, de tirer parti de ces développements positifs, afin que la recherche d’une paix juste et durable dans les deux pays s’étende à la région d’Abyei, a suggéré la délégation.  Elle a encouragé les deux gouvernements à favoriser le rapprochement et la confiance mutuelle, en vue de parvenir à un règlement durable du statut de la région d’Abyei.  Elle les a également exhortés à redynamiser leur coopération, y compris avec le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine pour résoudre les problèmes en suspens.  

Toutefois des défis persistent, a noté la Tunisie qui a dénoncé la violence intercommunautaire, la menace des groupes armés et l’omniprésence d’armes dans la région d’Abyei.  Elle a apporté son appui aux efforts de la FISNUA pour soutenir les processus de paix locaux, résoudre les questions migratoires et promouvoir la réconciliation intercommunautaire.  La Tunisie, qui a réitéré l’appel du Secrétaire général pour un cessez-le-feu, a appelé les parties à faire preuve de retenue, y compris à Abyei.  Elle a demandé au Soudan et au Soudan du Sud de se focaliser sur les enjeux du renforcement de l’État.  Elle a enfin soutenu la recommandation du Secrétaire général de prolonger le mandat de la FISNUA et du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière pour six mois.  

L’Allemagne insisté sur l’importance de la FISNUA pour la stabilisation d’Abyei « aussi longtemps qu’il n’y aura pas de règlement politique durable et qu’aucune structure institutionnelle n’existera pour relever les nombreux défis auxquels la population fait face ».  La Force doit être suffisamment équipée pour répondre à ces défis, a ajouté la délégation qui s’est dit favorable au renouvellement pour six mois de son mandat lequel doit être adapté aux réalités mouvantes sur le terrain.  La Force, a précisé l’Allemagne, doit être capable de répondre à la hausse de la criminalité, soutenir les processus de paix au niveau communautaire, la médiation et le dialogue, et renforcer son appui au Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine et aux deux parties.  L’Allemagne s’est dit déçue de ce que les adaptations apportées au mandat ne soient toujours pas intégrées.  Elle a exhorté le Soudan à délivrer sans tarder les visas pour permettre le déploiement du personnel de police aussitôt que les restrictions dues à la COVID-19 le permettront.  Plaidant également pour le renforcement de la composante civile, l’Allemagne a exhorté les parties à mener une enquête sur les attaques du 19 et du 22 janvier, ce qui constituerait un signe d’appropriation responsable.  Elle a en outre encouragé les acteurs régionaux à s’impliquer activement sur la question d’Abyei.  Des progrès tangibles et un calendrier précis sont nécessaires, a indiqué l’Allemagne qui a appelé les parties à organiser des réunions régulières dans le cadre du Comité mixte de contrôle.  

L’Estonie a appelé le Soudan et le Soudan du Sud à mettre à profit l’amélioration de leurs relations pour faire avancer le règlement de la question d’Abyei et a souligné qu’il n’existe pas d’alternative au processus politique.  La détérioration de la situation sécuritaire en est un rappel flagrant, de même que l’aggravation de la situation humanitaire, amplifiée par la pandémie de COVID-19. Elle a appelé le Soudan et le Soudan du Sud à lancer un processus politique viable afin de déboucher sur la mise en œuvre de l’Accord de 2011. 

Face à l’augmentation de la criminalité et des violences intercommunales, la délégation a appelé à accélérer le déploiement du personnel autorisé restant de la FISNUA, notamment sa composante policière, et a exhorté à délivrer, sans plus de délais, des visas à cette fin.  Elle a également appelé les autorités à mener une enquête conjointe sur les incidents meurtriers qui se sont produits à Kolom en janvier.  De l’avis de la délégation, le déploiement d’une « expertise des droits de l’homme » permettrait de renforcer les capacités des autorités locales à répondre aux abus et prévenir d’autres violences.

Pour la Belgique, une discussion sur Abyei ne peut avoir lieu sans parler des derniers développements au Soudan et au Soudan du Sud.  En effet, les transitions en cours dans les deux pays peuvent influencer de manière positive les efforts pour résoudre la question d’Abyei.  Ces transitions et les défis humains et économiques de la pandémie de COVID-19, demandent une attention particulière des deux Gouvernements.  La délégation a prié les deux parties à placer cette question dans leur agenda respectif afin de parvenir à régler de manière définitive le statut d’Abyei, et notamment instaurer des conditions favorables à la FISNUA pour qu’elle s’acquitte de son mandat.  

La Belgique a aussi noté la fragilité de la situation sécuritaire et les explosions de violence.  Elle a donc appelé les deux parties à juger leurs auteurs.  Bruxelles a néanmoins insisté sur le fait que la FISNUA ne peut se substituer de façon illimitée aux services administratifs et publics que la population d’Abyei est en droit de recevoir.  C’est la raison pour laquelle, a-t-elle poursuivi, une solution par le dialogue politique est nécessaire.  Elle a en outre appelé les parties à rester engagées à cette fin et à saisir l’élan des transitions en cours.  Dans l’attente d’un règlement définitif du statut d’Abyei, le retrait de la mission est difficile à envisager, a dit la Belgique qui a demandé la nomination d’un chef adjoint « civil » et l’augmentation de sa composante police. 

L’Afrique du Sud s’est félicitée des développements politiques positifs qui se sont produits récemment au Soudan et au Soudan du Sud, y compris ceux mis en évidence dans le rapport du Secrétaire général portant sur la période du 16 octobre 2019 au 15 avril 2020.  La délégation a exhorté les deux pays à utiliser ce nouveau rapprochement pour finaliser les questions en suspens concernant Abyei.  De ce fait, l’Afrique du Sud encourage le Soudan et le Soudan du Sud à poursuivre un dialogue politique inclusif pour mettre en œuvre leurs accords sur les questions frontalières et respecter les critères fixés par le Conseil de sécurité.  L’Afrique du Sud se félicite aussi des progrès réalisés par le Mécanisme conjoint par rapport aux critères précisés par le Conseil de sécurité́ dans sa résolution 2497 (2019).  

La délégation s’est dit encouragée par les réunions facilitées par la FISNUA entre les Ngok Dinka et les Misseriya, les 16 mars et 9 avril, pour discuter de la fin des tensions intercommunautaires.  Elle a dit espérer que la poursuite des interactions entre les deux parties aboutira à un accord sur la résolution des problèmes en suspens.  Enfin, l’Afrique du Sud s’est félicitée des progrès réalisés par la FISNUA dans la promotion de l’Agenda femmes, paix et sécurité dans la région d’Abyei, notamment en encourageant la participation des femmes à tous les niveaux de la prise de décisions, y compris dans les processus de prévention et de règlement des conflits.  La délégation a également remercié l’Éthiopie de ses efforts soutenus pour contribuer à la stabilisation des tensions sécuritaires à Abyei. 

La République dominicaine s’est inquiétée des attaques violentes qui se sont récemment produites à Abyei.  Celles-ci ont empêché les agences humanitaires de mettre en œuvre des projets d’aide dans certains territoires, une situation notamment exacerbée par la pandémie de COVID-19, s’est-elle préoccupée.  Elle a également déploré que le Soudan et le Soudan du Sud n’aient accordé qu’une attention limitée à leurs responsabilités en ce qui concerne Abyei.  Des efforts supplémentaires s’imposent pour consolider la paix et la sécurité et déboucher sur la pleine mise en œuvre de l’Accord de 2011, a-t-elle estimé. 

La délégation a par ailleurs jugé nécessaire de nommer un chef adjoint de la FISNUA, ainsi que des personnels civils et policiers essentiels, et d’opérationnaliser une piste d’atterrissage.  Elle s’est inquiétée des actes de violences sexuelles et sexistes commis à l’encontre de mineurs et du manque de représentation de femmes au sein des processus de prise de décisions.  Aussi, a-t-elle salué la nomination à nouveau d’une femme représentante au comité conjoint pour la paix communautaire ngok dinka.  Elle a également cité la tenue, le 9 avril, d’une conférence de dirigeants traditionnels. 

Le Soudan a réitéré son engagement à tous les accords signés avec le Soudan du Sud en particulier l’Accord concernant les arrangements provisoires pour l’administration et la sécurité de la zone d’Abyei, signé le 20 juin 2011, et l’Accord de coopération entre le Soudan et le Soudan du Sud en 2012.  Le premier accord reste la fondation majeure des négociations sur le statut final, a estimé la délégation qui a rappelé qu’après la réunion en janvier dernier entre le Président du Soudan et le Vice-Président du Soudan du Sud, les deux pays avaient convenu de créer un mécanisme conjoint de protection des populations civiles à Abyei.  

Au sein du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité, les représentants des deux parties ont établi une série de mesures visant à éviter toute rechute ou escalade entre les communautés.  Le Mécanisme est aussi tombé d’accord pour renvoyer aux dirigeants des deux pays des questions telles que l’augmentation du nombre des forces de police conjointes, la nomination d’un chef adjoint civil de la FISNUA et l’utilisation de l’aéroport d’Athony.  Le Soudan a indiqué que la réunion de suivi du Mécanisme prévue le 13 avril a été reportée à cause de la pandémie de la COVID-19.  

La nouvelle donne politique au Soudan offre un changement de paradigme positif majeur dans les relations entre les deux pays frères, a aussi déclaré le Soudan.  Sur cette base, ainsi que sur les résultats constructifs de la réunion susmentionnée du Mécanisme conjoint, nos deux pays voisins seraient en mesure de prévenir les escalades, de résoudre tout conflit commun dans la région et de parvenir à une solution durable et amiable au statut final d’Abyei, a estimé la délégation.

L’Éthiopie a déclaré qu’elle respecte son engagement vis-à-vis de la FISNUA, conformément à la résolution 2497 (2019) du Conseil de sécurité.  Nos contingents sont souvent exposés dans ce vaste territoire, a-t-elle dit, en se montrant « extrêmement préoccupée » par la présence de groupes et d’individus armés dans une zone déclarée comme « zone exempte d’armes ».  Le non-respect de ce statut devient dangereux, en particulier pendant les saisons difficiles des migrations.  L’Éthiopie s’est dite encouragée par la volonté politique et l’appui des dirigeants des deux pays.  Mais beaucoup reste à faire pour le succès de la FISNUA.  L’Éthiopie a souligné que des actes concrets sont attendus des deux gouvernements, des Nations Unies et de l’Union africaine pour trouver une solution pour le statut final d’Abyei.  La protection de la région d’Abyei contre les attaques armées et les différentes formes de criminalité devient « une tâche intimidante » qui nécessite une réponse organisée, a souligné l’Éthiopie. 

La délégation a mis en avant quatre mesures essentielles à l’exécution du mandat de la mission.  Elle a d’abord estimé que les réunions facilitées par la FISNUA entre les dirigeants ngok-dinka et misseriya à Diffra doivent être complétées par un élan renouvelé dans les discussions sur le statut final et le sort des éleveurs qui migrent vers le sud.  Il faut aussi suspendre le retrait des autres 295 éléments de la FISNUA prévu avant le 15 mai 2020, jusqu’à la levée des restrictions dues à la COVID-19 et au déploiement effectif des unités de police.  L’Éthiopie a également souligné la question des arriérés de paiement dont la solution est non seulement une question de principe mais aussi une obligation morale.  En troisième lieu, elle a jugé essentiel de consulter toutes les autorités pertinentes sur la nomination d’un chef adjoint « civil » de la Force et la remise en fonction de la piste d’atterrissage d’Athony.  Enfin, a conclu la délégation, il est important de faire toute la lumière sur les événements tragiques de Kolom et les autres meurtres pour renforcer les mesures de confiance entre les deux communautés. 

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