SC/14168

Kosovo: devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial salue la coordination régionale face à la COVID-19, mais souligne l’absence de dialogue entre Pristina et Belgrade

Le Représentant spécial et Chef de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), M. Zahir Tanin, a expliqué, aujourd’hui, au Conseil de sécurité, que l’enjeu de la pandémie de COVID-19, à laquelle le Kosovo a réagi rapidement, illustre l’importance de la coopération régionale.  Les ressources du pays sont épuisées et l’immense fardeau socioéconomique de la crise sanitaire sur la fragile économie du pays commence à se faire sentir, a dit M. Tanin qui a aussi pointé du doigt les incertitudes internes au Kosovo ainsi que l’absence de feuille de route claire pour la poursuite du dialogue entre Pristina et Belgrade.  Il a donc plaidé pour une approche internationale coordonnée, à l’appui du dialogue facilité par l’Union européenne (UE), avant que les deux parties et les membres du Conseil ne s’expriment sur la situation et sur le rôle de la MINUK. 

Le Représentant spécial a aussi informé le Conseil des adaptations opérées au sein de la Mission en cette période de pandémie.  Ainsi, le programme de travail annuel a été revu pour la Mission qui apporte désormais un soutien aux municipalités les plus vulnérables et qui a établi des contacts directs avec le Premier Ministre de l’Albanie et le Président de la Serbie pour promouvoir une réponse inclusive et unifiée à la pandémie.  Aucun malade de la COVID-19 n’a été signalé parmi le personnel de la Mission ou tout autre membre du personnel des Nations Unies au Kosovo, a assuré le Chef de la MINUK. 

Avant l’apparition des premiers cas de COVID-19, le 11 mars, le Gouvernement du Kosovo avait pris des mesures préventives, d’où le nombre relativement faible de contaminations et de décès, a expliqué le Ministre des affaires étrangères, M. Glauk Konjufca.  Le premier Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Serbie, M. Ivica Dačić, a déclaré que son gouvernement était prêt à coopérer pleinement avec les Albanais et avec les représentants des institutions provisoires de Pristina, parce que « la lutte contre le coronavirus et la protection de la vie humaine sont aujourd’hui la priorité absolue ».  M. Dačić a annoncé que son gouvernement avait pris des mesures décisives pour aider les Serbes du Kosovo-Metohija à lutter contre la pandémie.  

L’Allemagne a jugé « encourageante » la façon dont le Gouvernement intérimaire du Kosovo gère la pandémie.  Pour cette délégation comme pour les États-Unis, la pandémie de la COVID-19 a démontré que la coopération internationale est plus importante que jamais.  C’est particulièrement vrai dans les Balkans occidentaux, ont estimé les États-Unis. 

Sur le plan politique, le Représentant spécial a regretté que la situation à Pristina soit caractérisée, depuis le 15 mars, par la polarisation des partis et des prétentions concurrentes au pouvoir entre les factions.  Mais au niveau régional, M. Tanin a énuméré des mesures positives, comme la bonne coordination communautaire et transfrontalière dans la lutte contre la pandémie, la libre circulation des marchandises et la suppression du droit de douane de 100% sur les importations provenant de Serbie et de Bosnie-Herzégovine, ainsi que l’introduction de « mesures de réciprocité » vis-à-vis de Belgrade.  Cette dernière décision a marqué un pas vers la reprise de relations commerciales plus régulières et un retour aux principes de l’Accord de libre-échange d’Europe centrale (ALEEC), a salué M. Tanin pour qui c’est également un important signe de reprise du dialogue politique entre Belgrade et Pristina.  

« La Serbie a, à maintes reprises, et plus particulièrement au cours de l’année écoulée, démontré sa ferme volonté de trouver une solution de compromis sur la question du Kosovo-Metohija, une solution qui garantirait une paix et une stabilité durables », a fait valoir M. Dačić.  

Pourtant, a relevé M. Konjufca, « la Serbie est toujours incapable d’accepter le fait que le 22 juillet 2010, la Cour internationale de Justice a scellé de manière irréversible l’héritage et la légitimité de l’indépendance de la République du Kosovo ».  « Les relations de notre pays avec la Serbie demeurent difficiles  », a-t-il reconnu.  Mais il a dit que celles-ci pourraient s’améliorer avec un dialogue équitable, sincère et constructif.  À cette fin, a-t-il rappelé, le Kosovo a annulé le 1er avril 2020 la taxe de 100% sur les produits originaires de Serbie et de Bosnie-Herzégovine.  Ce qu’il attend de la Serbie pour assurer la reprise de relations normales et contribuer à la stabilité de la région, c’est la suppression des barrières commerciales non-tarifaires, la fin de sa campagne de non-reconnaissance du Kosovo et l’arrêt du financement de ses structures parallèles au Kosovo.  

Pour la Serbie, qui a insisté sur le fait que « la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité reste le document de référence », il faut agir de manière responsable et reconnaître que ceux qui ont le plus souffert du conflit au Kosovo-Metohija étaient des civils, quelle que soit leur origine ethnique.  « Quand est-ce que les criminels, qui ont commis de nombreuses atrocités contre les Serbes, y compris le commerce d’organes humains, seront-ils traduits en justice? », a demandé la Fédération de Russie en dénonçant l’inaction des Chambres spécialisées du Kosovo et du Bureau des procureurs spéciaux à La Haye qui ne font rien, selon elle, pour enquêter sur les crimes commis par « l’Armée de libération du Kosovo ».

Le Kosovo, pour sa part, a réitéré ce qu’il a déclaré au Président États-Unis, à la Chancelière de l’Allemagne et au Président de la France, à savoir que Pristina « veut un dialogue équitable qui ne porte pas atteinte à son intégrité territoriale et à son caractère unitaire, tout en visant à améliorer les relations entre le Kosovo et la Serbie ».  

S’il a noté l’absence de feuille de route claire pour la poursuite du dialogue, le Représentant spécial a toutefois reconnu des signes qui indiquent que la question politique reste au cœur des préoccupations.  Pour le long terme, M. Tanin a prôné une approche internationale coordonnée, à l’appui du dialogue facilité par l’UE entre Pristina et Belgrade, pour parvenir à un accord global et maintenir la paix.  À l’instar de nombreuses délégations, il a salué la nomination de M. Miroslav Lajčák en tant que Représentant spécial de l’UE pour le dialogue Belgrade-Pristina.  L’approche internationale sera essentielle pour parvenir à un accord global et maintenir la paix, a conclu M. Tanin.  

La Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites en visioconférence dont les textes ont été transmis à temps par la Division des affaires du Conseil de sécurité.

M. ZAHIR TANIN, Représentant spécial et Chef de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), a relevé que la pandémie de COVID-19 rappelle qu’un tel enjeu ne peut être relevé que par la coopération régionale.  Le Kosovo a réagi rapidement en prenant des mesures concertées avec l’Organisation mondiale de la Santé et d’autres organes internationaux, a-t-il indiqué, en expliquant qu’avec sa petite population et ses ressources limitées, le pays est particulièrement exposé si la pandémie prend de l’ampleur.  En outre, en dépit des efforts héroïques du personnel médical, les ressources médicales du Kosovo sont épuisées. 

M. Tanin a ajouté que l’immense fardeau socioéconomique de la crise sanitaire sur la fragile économie du pays commence à se faire sentir.  Ce mois-ci, le Fonds monétaire international (FMI) a approuvé un prêt d’urgence de 56,5 millions de dollars pour la santé et les autres secteurs touchés par la crise.  L’Union européenne (UE) a promis un prêt de 100 millions d’euros pour aider à stabiliser l’économie et équilibrer la balance de paiement.  Des mesures de transparence, de contrôle et de responsabilité sont nécessaires pour que l’aide bénéficie à la population, a demandé le Chef de la MINUK.

Le Représentant spécial a informé le Conseil des adaptations qui ont été nécessaires pour la Mission face à la pandémie.  La MINUK a notamment revu son programme de travail pour 2020 qui prévoit les activités suivantes: appui aux municipalités et aux communautés les plus vulnérables; coopération avec les médias et les partenaires locaux pour produire et publier des informations sur la santé; et contacts directs avec le Premier Ministre de l’Albanie et le Président de la Serbie pour demander leur aide et promouvoir une réponse inclusive et unifiée.  Dans la lutte contre la violence familiale, qui a augmenté de 36% en mars, la MINUK et ONU-Femmes ont renforcé leur aide, aux camps notamment.  En outre, la Mission suit de près les conséquences de la pandémie sur les droits de l’homme, y compris le droit à la vie privée.  Toutes les mesures nécessaires ont été prises pour assurer la santé et la sécurité du personnel de la Mission, a ajouté M. Tanin en déclarant que, à ce jour, aucun malade de la COVID-19 n’a été signalé parmi le personnel de la Mission ou tout autre membre du personnel des Nations Unies au Kosovo.

En revanche, le Représentant spécial a regretté que depuis le 15 mars, le paysage politique de Pristina soit caractérisé par la polarisation des partis et des prétentions concurrentes au pouvoir entre les factions.  Cela s’est manifesté par de vifs désaccords tant au sein de la coalition au pouvoir qu’entre le Gouvernement et le Président sur une série de questions, telles que la riposte à la pandémie, la levée des droits de douane sur les produits serbes, ou encore le dialogue avec Belgrade.  M. Tanin a ajouté que ces visées contradictoires ont abouti à un vote de défiance contre le Gouvernement de coalition le 25 mars, au moment même où la crise de la COVID-19 frappait.  Un gouvernement intérimaire est en place, a-t-il poursuivi, mais le Président a aujourd’hui demandé qu’un nouveau gouvernement soit formé par une majorité alternative tandis que le Premier Ministre a qualifié d’illégale cette mesure, promettant de la contester devant la Cour constitutionnelle.  M. Tanin a aussi relevé le mécontentement populaire palpable depuis plusieurs semaines.  Il a jugé important que les incertitudes politiques n’interfèrent pas dans une action non partisane de lutte contre la pandémie.

C’est dans cette incertitude politique interne que le Kosovo doit faire face à d’autres défis en s’associant aux efforts plus larges pour faire face à la crise, a ajouté M. Tanin, qui a en même temps souligné les nombreux exemples de bonne coordination intercommunautaire et transfrontalière.  Les responsables de la santé à Pristina, ainsi que dans le nord du Kosovo et à Belgrade, ont récemment mis en place une communication et une coordination améliorées.  Les marchandises essentielles circulent plus librement à travers la frontière, tandis que le Gouvernement serbe a récemment fait don d’un lot de kits de test aux autorités sanitaires de Pristina.  La solidarité manifestée entre les principaux professionnels de la santé et les responsables, malgré les clivages ethniques et politiques, laisse espérer que la coopération peut encore se resserrer, au moment où le taux d’infections continue d’augmenter, a dit le Chef de la MINUK. 

Il a en outre informé que la suppression du droit de douane de 100% sur les importations en provenance de Serbie et de Bosnie-Herzégovine pour une première période, associée à l’introduction de « mesures de réciprocité » vis-à-vis de Belgrade, a été saluée par certains, bien que jugée insuffisante par d’autres.  Cette décision a marqué un pas vers la reprise de relations commerciales plus régulières et un retour aux principes de l’Accord de libre-échange d’Europe centrale (ALEEC), a salué M. Tanin, pour qui c’est également un important signe de reprise du dialogue politique entre Belgrade et Pristina.  « Je note que le réseau européen des gestionnaires de réseau de transport a voté pour approuver un accord avec l’opérateur kosovar KOSTT, une réalisation importante pour faire progresser l’efficacité énergétique dans la région et mettre en œuvre l’accord sur l’énergie facilité par l’Union européenne. »

Bien qu’il n’y ait pas encore de feuille de route claire pour la poursuite du dialogue, a également reconnu le Représentant spécial, certains signes indiquent au moins que l’attention continue d’être concentrée sur la question, même si l’urgence COVID-19 prévaut.  Il a salué la nomination par l’UE d’un Représentant spécial chargé de faire avancer le dialogue entre Belgrade et Pristina.  Les récentes initiatives conjointes en matière d’infrastructure et de transport, lancées sous les auspices de l’Envoyé présidentiel spécial du Gouvernement des États-Unis, ont constitué un autre exemple de l’engagement concret qui est possible, en présence d’une volonté politique mutuelle et d’un soutien international, a-t-il salué.  À plus long terme, une approche internationale coordonnée, à l’appui du dialogue facilité par l’UE entre Pristina et Belgrade sera essentielle pour parvenir à un accord global et maintenir la paix, a estimé M. Tanin.

Avant de terminer, il a exhorté les dirigeants politiques du Kosovo à s’unir en mettant de côté leurs agendas personnels et politiques.  La MINUK, l’équipe des Nations Unies au Kosovo et leurs partenaires continueront de consacrer leurs propres ressources et connaissances pour aider, a assuré M. Tanin avant de lancer un appel à un soutien direct supplémentaire au Kosovo pour répondre à ses besoins urgents en matière de santé et de protection sociale. 

M. IVICA DAČIĆ, Premier Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la République de Serbie, a indiqué que son pays a pris des mesures décisives pour aider les Serbes du Kosovo-Metohija à lutter contre la pandémie de Covid-19.  Mais nous nous sommes également prêts, a-t-il affirmé, à coopérer pleinement avec les Albanais et avec les représentants des institutions provisoires de Pristina.  Parce que la lutte contre le coronavirus et la protection de la vie humaine sont aujourd’hui la priorité absolue, le Ministre des affaires étrangères a annoncé qu’il ne s’exprimera que brièvement sur la période couverte par le rapport du Secrétaire général.

La Serbie, a-t-il dit, a, à maintes reprises, et plus particulièrement au cours de l’année écoulée, démontré sa ferme volonté de trouver une solution de compromis sur la question du Kosovo-Metohija, une solution qui garantirait une paix et une stabilité durables.  La Serbie a toujours répondu avec retenue aux actes unilatéraux et aux provocations de Pristina dans le souci de garantir les conditions d’un dialogue sans entrave.

Le Ministre a regretté que les élections d’octobre 2019 au Kosovo-Metohija et la nomination des nouvelles autorités en février 2020 n’aient pas permis aux institutions provisoires de Pristina d’adopter une nouvelle approche du dialogue et de se montrer enfin prêtes à tenir des pourparlers.  Nous avons fini par être confrontés à des positions encore plus extrêmes et à un manque absolu de bonne volonté, lesquels ont été clairement mis en évidence dans le programme et les décisions prises du « gouvernement Albin Kurti », a fait observer le Ministre.  Malgré tout cela, a-t-il affirmé, la Serbie a continué de démontrer son attachement au règlement de tous les problèmes liés à la vie des citoyens et de promouvoir la connectivité et la liberté de circulation des biens, des capitaux, des services et des personnes.  Illustrant son propos, le Ministre a indiqué que son pays vient de signer les lettres d’intention pour établir le trafic aérien et ferroviaire entre Belgrade et Pristina, et la déclaration d’intention de finaliser la construction d’une autoroute reliant les deux villes.

Il a remercié M. Richard Grenell, Envoyé spécial du Président américain et espéré que l’engagement de l’Union européenne (UE) prendra également un nouvel élan avec la nomination de M. Miroslav Lajčák en tant que Représentant spécial de l’UE pour le dialogue Belgrade-Pristina.  « Il suffit pour cela que Pristina fasse le pas », a dit M. Dačić en jugeant nécessaire de lever les tarifs douaniers. 

Le Ministre a rappelé que la résolution 1244 du Conseil de sécurité reste le document de référence et que la formation de la Communauté des municipalités à majorité serbe est une obligation de Pristina, en vertu de l’Accord de Bruxelles.  Il a regretté l’atmosphère politique actuelle au Kosovo-Metohija où même l’aide et la solidarité de la Serbie dans la lutte contre la COVID-19 sont un sujet de politisation et de mauvaise interprétation servies par des attaques brutales et des accusations inconvenantes, dûment condamnées d’ailleurs par la communauté internationale. 

Au cours de la période à l’examen, nous avons été particulièrement alarmés par deux questions très importantes, a avoué le Ministre, en citant l’intention de rendre obligatoire le service militaire au Kosovo-Metohija et d’adopter « la prétendue » loi sur les crimes de guerre, le génocide et les agressions soi-disant commis par la Serbie.  Il a rappelé que le Conseil de sécurité a tenu une réunion spéciale, en décembre 2018, pour discuter de la création annoncée des « forces armées du Kosovo ».  La Serbie avait alors, comme elle ne l’a cessé de faire, mis en garde contre les graves conséquences d’une telle mesure qui menacerait immédiatement la sécurité des Serbes du Kosovo-Metohija et détériorerait considérablement la situation sécuritaire de la région.  Le Ministre a aussi estimé que la déclaration sur le service militaire est l’expression d’un autre acte unilatéral de Pristina, en violation de la résolution 1244 et du mandat de la Force internationale de sécurité au Kosovo (KFOR), seule structure militaire légitime de la province. 

S’agissant de l’annonce de la saisine de la Cour pénale internationale (CPI) pour génocide présumé, le Ministre a vu là une démarche qui ne vise qu’à détourner des crimes commis par l’UÇK (Armée de libération du Kosovo), maintenant qu’il est plus que probable, malgré des années de retards, que des actes d’accusation officiels soient bientôt déposés devant les Chambres spécialisées. 

« Si nous voulons effectivement construire un avenir ensemble, a conclu le Ministre, nous devons agir de manière responsable et reconnaître que ceux qui ont le plus souffert du conflit au Kosovo-Metohija étaient des civils innocents, quelle que soit leur origine ethnique ».  La Serbie, a prévenu le Ministre, s’opposera à ce qu’une seule partie assume le rôle de victime, en niant les crimes qu’elle a commis contre la population serbe.  Il a appelé au sens des responsabilités, ajoutant que le projet de créer un État du Kosovo est une grave erreur.  Les États ne se créent pas des décisions unilatérales, a conclu le Ministre en insistant sur le dialogue.

M. GLAUK KONJUFCA, du Kosovo, a tout d’abord indiqué qu’avant même l’apparition des premiers cas de COVID-19 au Kosovo, le 11 mars, le gouvernement avait pris des mesures préventives, avec pour résultat un nombre relativement faible de personnes infectées et décédées.

Il a ensuite parlé de la tenue, le 6 octobre 2019, des élections parlementaires, gagnées par le parti de l’opposition LEVIZJA VETEVENDOSJE! (le Mouvement d’autodétermination!) Il a indiqué que la participation des électeurs dans les municipalités à majorité serbe était plus élevée que dans celles à majorité albanaise, pour ensuite préciser que les représentants de la minorité serbe avaient gagné six sièges et obtenu quatre autres sièges en vertu de la Constitution.

Estimant que la situation avait radicalement changé depuis l’adoption, en 1999, de la résolution 1244, il a jugé le moment venu pour la MINUK d’achever sa mission.  Il a affirmé que la Serbie est toujours incapable d’accepter le fait que le 22 juillet 2010, la Cour internationale de justice (CIJ) a « scellé de manière irréversible l’héritage et la légitimité de l’indépendance de la République du Kosovo ».  Il a ensuite appelé tous les États qui ne l’ont pas encore fait à reconnaître la République du Kosovo.

Poursuivant, M. Konjufca a signalé que 1 646 personnes sont toujours portées disparues depuis la guerre au Kosovo, s’attardant notamment sur le cas du professeur Ukshin Hoti, disparu le 16 mai 1999, le jour même de sa libération de la prison de Dubrava où il avait été incarcéré cinq ans par les autorités serbes pour des motifs politiques.

Il a également dénoncé le recours au viol pendant la guerre et a salué le courage des femmes qui ont décidé de témoigner de cette expérience, citant notamment Marte Tunaj, VasfijeKrasniqi et ShyhreteTahiri-Sylejmani.  Il a appelé la Serbie à identifier les soldats et les policiers serbes qui avaient violé des femmes albanaises.

« Le dernier acte injuste en date commis par Belgrade est l’arrestation, le 3 janvier 2020, de notre citoyen Nezir Mehmetaj, alors qu’il se trouvait à la frontière entre la Serbie et la République du Kosovo », a poursuivi M. Konfujca.  Préoccupé par son état de santé, il a appelé les États Membres à intervenir pour obtenir sa libération.

« Les relations de notre pays avec la Serbie demeurent difficiles », a reconnu le dirigeant, qui s’est dit convaincu que celles-ci pourraient toutefois s’améliorer avec un dialogue équitable, sincère et constructif.  À cette fin, le 1er avril 2020, le gouvernement du Kosovo a décidé d’annuler la taxe de 100% sur les produits originaires de Serbie et de Bosnie-Herzégovine, une mesure datant du gouvernement précédent.  Certaines mesures progressives de réciprocité ont également été prises pour pallier les obstacles non tarifaires que la Serbie a imposés à nos biens.  Nous sommes convaincus que pour assurer la reprise de relations normales et contribuer à la stabilité de la région, la Serbie doit ôter ses barrières commerciales non tarifaires, mettre un terme à sa campagne de non-reconnaissance du Kosovo et cesser de financer ses structures parallèles dans notre pays, a-t-il dit.

M. Konjufca a ensuite indiqué que le « Premier Ministre Albin Kurti » avait récemment communiqué avec le Président des États-Unis, M. Donald Trump, la Chancelière allemande, Mme Angela Merkel, et le Président de la France, M. Emmanuel Macron, pour leur indiquer que le Kosovo veut un dialogue équitable qui ne porte pas atteinte à son intégrité territoriale et à son caractère unitaire, tout en visant à améliorer les relations entre le Kosovo et la Serbie.  Ce dialogue, a-t-il ajouté, devrait idéalement déboucher sur une reconnaissance mutuelle.  Le Kosovo entend également devenir membre à part entière de l’Union européenne et rejoindre l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN).

L’Estonie a noté que la motion de défiance avait compliqué la situation au Kosovo et a appelé à rétablir la stabilité politique le plus vite possible.  Les dirigeants politiques et institutionnels du Kosovo doivent unir leurs efforts pour atténuer l’impact social et économique du coronavirus, a-t-elle ajouté.

Notant que la normalisation des relations entre la Serbie et le Kosovo est capitale pour la stabilité régionale, l’Estonie a appelé à la reprise du dialogue dès que la pandémie aura pris fin.  La délégation a ensuite salué la décision prise par le gouvernement du Kosovo de lever la taxe douanière imposée aux importations provenant de la Serbie et de la Bosnie-Herzégovine.  Elle s’est aussi félicitée de la disposition du Président serbe de pleinement coopérer avec les autorités de Pristina pour faire face à la pandémie.  

De l’avis de la délégation, les défis que connaissent le Kosovo et la Serbie seront amenés à être davantage examinés dans le cadre du dialogue facilité par l’UE.  Étant donné que la coopération ferme avec la mission « État de droit » menée par l’Union européenne au Kosovo (EULEX) deviendra de plus en plus importante, l’Estonie est favorable à un examen stratégique de la MINUK en temps voulu.  La délégation a par ailleurs espéré que le souhait du Président Macron et de la Chancelière Merkel de tenir, à Paris, un sommet entre la Serbie et Kosovo, puisse être concrétisé.

Pour les États-Unis, la pandémie de la COVID-19 a démontré que la coopération internationale est plus importante que jamais.  Cela est particulièrement vrai dans les Balkans occidentaux, a noté la délégation en saluant les efforts du Kosovo et de la Serbie pour faire face à la pandémie.  Ils ont notamment apprécié la coopération accrue entre Pristina et Belgrade pour faciliter la circulation des biens et du personnel essentiels.  La délégation a confirmé son appui à la stabilité, la sécurité et la prospérité des Balkans occidentaux et s’est engagée à aider les pays de la région à faire progresser leur intégration dans les institutions occidentales.  Il est encourageant, selon la délégation, d’entendre les dirigeants du Kosovo et de la Serbie exprimer leur attachement à la normalisation des relations.

La situation actuelle montre la priorité que les États-Unis ont accordée au développement des relations économiques et commerciales entre le Kosovo et la Serbie, selon la délégation.  Bien que les droits de douane aient été suspendus, le Kosovo doit supprimer toutes les mesures de réciprocité immédiatement et sans condition, ont plaidé les États Unis.  Ils ont exhorté les deux parties à appliquer les accords pour aider les entreprises à prospérer, à offrir des opportunités économiques à leurs citoyens et à reprendre le processus de dialogue.  Washington a aussi réitéré l’importance d’une participation significative des femmes à la prise de décisions et a salué les progrès récents en matière de représentation des sexes au sein du nouveau gouvernement du Kosovo.  À la classe politique du Kosovo, les États-Unis ont recommandé de se concentrer sur des priorités communes et d’adhérer à la Constitution et au droit du Kosovo.  Avant de terminer, les États-Unis ont une nouvelle fois demandé la clôture de la MINUK, arguant que la Mission a depuis longtemps atteint son objectif initial. 

La Belgique a appelé les dirigeants politiques à faire preuve d’unité et de coopération, avant de préciser que la stabilité politique est essentielle pour maintenir le pays sur la voie des réformes et pour que le Kosovo poursuive ses aspirations européennes.  Elle a souligné en particulier les progrès nécessaires en matière d’état de droit.  Elle a estimé que l’urgence imposée par la COVID-19 devait inciter les dirigeants politiques à mettre de côté leurs divergences politiques et à fournir aux citoyens du Kosovo la protection et l’assistance nécessaires.  L’UE a réaffecté 37 millions d’euros pour l’aide d’urgence à ses partenaires des Balkans occidentaux fin mars.  « Cinq millions d’euros d’aide d’urgence COVID-19 ont été octroyés au Kosovo et 61 millions d’euros supplémentaires pour les mesures de relance économique et les prêts sont en attente d’approbation », a ajouté la Belgique.

Pour la Belgique, l’affectation efficace de ces ressources nécessite un environnement politique stable qui favorise l’élaboration de politiques audacieuses et inclusives, en accordant une attention particulière aux groupes vulnérables.  Les acteurs concernés doivent donner la priorité aux services de prévention et de réponse à la violence sexiste, compte tenu de l’augmentation signalée de la violence domestique dans le monde entier, affectant en particulier les femmes et les filles.  La Belgique a salué l’approche pragmatique adoptée par les autorités serbes et kosovares sur les questions de santé pendant la crise actuelle, facilitée par des accords antérieurs dans le cadre du dialogue avec l’UE. 

De même, elle a estimé que la récente décision du gouvernement kosovar de lever les tarifs douaniers sur les marchandises importées de Serbie et de Bosnie-Herzégovine a produit des résultats tangibles sur le terrain.  La Belgique a espéré que ce premier geste positif sera le prélude à de nouvelles initiatives de renforcement de la confiance et au renouvellement du dialogue facilité par l’UE entre Belgrade et Pristina.  Il faut déjà mettre en œuvre les accords existants conclus dans le cadre du dialogue facilité par l’UE, a dit la Belgique en se félicitant de la récente nomination de Miroslav Lajčák en tant que Représentant spécial de l’UE. 

Mettant l’accent sur la justice transitionnelle, la délégation a regretté que des récits contradictoires sur le passé du Kosovo continuent de créer des divisions.  Elle a recommandé aux autorités de consulter et d’engager la société civile pour parvenir à la vérité, à la justice et à la réparation des violations passées des droits de l’homme.  « Les besoins des victimes doivent être placés au centre du processus, en accordant une attention particulière au sort des personnes disparues et de leurs familles. »

La Tunisie a souligné l’importance des efforts continus pour résoudre le différend politique entre Belgrade et Pristina.  La délégation a apporté son soutien au dialogue sous les auspices de l’Union européenne entre les deux parties.  C’est le chemin le plus sûr selon elle pour trouver une solution aux différends qui mènera à un règlement complet.  Dans la foulée, la Tunisie a salué la nomination du Représentant spécial de l’Union européenne pour faciliter le dialogue entre Belgrade et Pristina, et l’initiative franco-allemande d’organiser un sommet sur le Kosovo.  Elle a appelé la communauté internationale à encourager les parties à mettre de côté leurs différences et à se focaliser sur la recherche de solutions dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité.  Soulignant l’importance des principes de souveraineté et d’intégrité territoriale, la délégation a exhorté les deux parties à continuer leurs discussions officielles et à réexaminer toutes les mesures unilatérales qui bloquent le dialogue. 

Le Niger a salué la tenue, le 6 octobre, des élections parlementaires au Kosovo, pour ensuite déplorer l’impasse dans laquelle se trouve le dialogue entre Pristina et Belgrade.  Il a appelé à accorder une attention particulière à la situation sécuritaire au Kosovo, se préoccupant notamment des incidents ciblant des sites religieux et des cimetières ainsi que des activités terroristes.

La délégation a appelé à encourager le processus initié par la MINUK, en partenariat avec le HCR et le Ministère des communautés et des rapatriés, pour répondre aux défis que représentent les personnes déplacées et le rapatriement volontaire.  Elle a également engagé à soutenir le fonds qui a été établi sur recommandation de la MINUK pour aider les communautés souffrant d’empoisonnement au plomb.

Poursuivant, le Niger a salué la mise en accusation de personnes qui seraient coupables de crimes de guerre, les consultations pour l’établissement de comités pour la vérité et la réconciliation, ainsi que le renforcement des capacités de l’institution du médiateur et du Bureau des statistiques.  La délégation s’est aussi félicitée du programme de formation de la MINUK qui vise à renforcer les capacités des femmes à influer sur les processus politiques et de paix, ainsi que le lancement d’un projet de promotion de la participation des jeunes aux processus de prise de décisions.

Le Viet Nam a salué la reprise des vols directs entre Belgrade et Pristina, ainsi que la tenue récente d’une réunion de haut niveau.  Malgré ces développements positifs, les motifs d’inquiétude subsistent, a-t-elle dit, notant que plusieurs accords signés n’ont pratiquement pas été appliqués.  Elle a aussi fait le constat de « comportements et d’attitudes moins constructifs », qui sont autant d’obstacles vers le règlement des différends.  La délégation a exhorté la Serbie et le Kosovo à lever ces obstacles, à s’engager dans un dialogue de bonne foi et une résolution pacifique desdits différends et à parvenir à une solution durable dans le respect du droit international, de la Charte des Nations Unies et de la résolution 1244 (1999).  

La délégation a appuyé le rôle essentiel joué par la MINUK, avant de mentionner la propagation du COVID-19 au Kosovo, qui compte des centaines de cas d’infection.  Nous exprimons notre profonde préoccupation devant les conséquences dévastatrices de la pandémie au Kosovo, a déclaré la délégation.  Enfin, elle a appuyé la MINUK dans la mise en œuvre des quatre objectifs clefs assignés aux opérations de maintien de la paix dans la lutte contre le virus, tels que présentés par le Secrétaire général devant le Conseil de sécurité le 9 avril dernier. 

La Chine a déclaré que la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité est une base juridique importante pour le règlement de la question du Kosovo.  Le meilleur moyen de résoudre cette question est que les parties concernées parviennent à une solution mutuellement acceptable par le dialogue et la consultation, a plaidé la Chine, avant de déclarer respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Serbie et comprendre ses préoccupations légitimes concernant la question du Kosovo.  La Chine a salué les efforts de la Serbie pour y trouver une solution politique et dit espérer que le Kosovo fera preuve de la volonté politique nécessaire, lèvera les mesures tarifaires unilatérales et œuvrera à la reprise du dialogue entre les deux parties.  

En cette période difficile où le monde est confronté au défi extraordinaire de la pandémie de COVID-19, la coopération et la solidarité sont encore plus impératives, a fait remarquer la Chine, qui espère que toutes les parties concernées accorderont la priorité aux intérêts de la population, s’abstiendront de toute rhétorique ou mesure qui pourrait compliquer ou aggraver la situation, et créeront les conditions d’un règlement approprié de la question du Kosovo.  Dans ce contexte, il est important que le Conseil de sécurité reste saisi de cette question, a estimé la Chine, avant de saluer les efforts du Représentant spécial et de la MINUK dans la recherche d’une solution politique.

Le Royaume-Uni a estimé que la situation au Kosovo en 2020 est très différente de celle de 1999, lorsque la MINUK a commencé ses travaux.  La Mission a joué un rôle clef dans cette transformation.  Cependant, a ajouté la délégation, des défis importants subsistent et il est important que les efforts de la MINUK soient soigneusement adaptés pour les résoudre.  Le Royaume-Uni continuera de soutenir une évaluation de la MINUK pour s’assurer qu’elle est en mesure de répondre aussi efficacement que possible aux besoins actuels, a prévenu la délégation.  La lutte contre la pandémie de COVID-19 doit être la tâche principale du Gouvernement au Kosovo, a poursuivi le Royaume-Uni en prévenant que ce n’est pas le moment de faire des manœuvres politiques, mais plutôt de coopérer, aux niveaux national et régional. 

Après le vote de défiance contre le Premier Ministre par l’Assemblée du Kosovo, le Royaume-Uni a souhaité que tous les acteurs continuent de respecter la Constitution et prennent rapidement des décisions pour permettre au Gouvernement en place ou au nouveau Gouvernement de protéger la vie des citoyens.  La délégation a ensuite noté les exemples positifs de travail en commun des différentes communautés pour lutter contre la pandémie, espérant que ces actions consolideront les bases d’une coopération plus étroite au Kosovo ainsi qu’entre le Kosovo et la Serbie, durant la pandémie et après.  L’accès à l’information sur la COVID-19 est essentiel, a plaidé la délégation qui a salué le développement par le Gouvernement du Kosovo d’un site web dédié multilingue.  Il a demandé à ce que toutes les informations relatives à la COVID-19 soient disponibles dans toutes les langues officielles du Kosovo. 

La normalisation des relations entre le Kosovo et la Serbie reste cruciale pour la stabilité et la prospérité régionales, a continué le Royaume-Uni en réitérant son appui au dialogue facilité par l’UE à la recherche d’un accord juridiquement contraignant, global et durable entre le Kosovo et la Serbie.  La délégation a salué la décision du Gouvernement sortant du Kosovo de lever les tarifs sur les marchandises en provenance de Serbie et de Bosnie-Herzégovine, appelant la Serbie à y répondre positivement et à mettre fin à sa campagne de non-reconnaissance du Kosovo.  Avec la volonté politique et le courage nécessaires, les différends, y compris les barrières non tarifaires, peuvent être réglés dans le cadre du dialogue facilité par l’UE, selon la délégation qui a encouragé les deux parties à prendre les mesures nécessaires pour reprendre le dialogue dans les meilleurs délais.  Le Royaume-Uni a salué les progrès réalisés par les chambres spécialisées du Kosovo et le Bureau des procureurs spéciaux, insistant sur la nécessité de rendre la justice pour les victimes et leurs familles. 

La Fédération de Russie a voulu savoir à quel pays appartenait le drapeau que l’on voyait derrière M. Konjufca pendant qu’il faisait sa déclaration.  « À la Suède, l’Ukraine, la Barbade ou la Bosnie-Herzégovine? »  La situation au Kosovo continue de se détériorer, a noté la délégation en estimant que « ce projet n’est pas viable ».  Alors que nous avons entendu aujourd’hui qu’une crise politique imminente se profile au Kosovo, les dirigeants Albanais du Kosovo n’ont manifesté aucun intérêt au dialogue entre Belgrade et Pristina en dépit de la volonté de la Serbie de reprendre les négociations même après la levée des tarifs discriminatoires par Pristina, a noté la Fédération de Russie.  « Beaucoup en Occident se sont empressés d’accueillir, y compris aujourd’hui, l’annonce par M. Albin Kurti que les tarifs ont été abolis à compter du 1er avril. »  Le fait est qu’ils ont été temporairement suspendus avec des demandes encore plus inacceptables à Belgrade, a précisé Moscou.  La Fédération de Russie a prédit que les tentatives des États-Unis et de l’UE de créer les conditions du dialogue échoueront si elles ignorent les dispositions de la résolution 1244 (1999) et si les mesures unilatérales de Pristina ne sont pas levées.  Le dialogue facilité par l’UE est au point mort parce qu’on n’a pas assuré que les Albanais du Kosovo respectent leurs obligations de créer une communauté pour les municipalités serbes au Kosovo, a analysé la Fédération de Russie en espérant que M. Lajčák trouve une solution à ce problème. 

La Fédération de Russie a aussi déploré les plans de certains États Membres de créer la soi-disant « armée du Kosovo ».  Ils vont à l’encontre des dispositions de la résolution 1244 (1999) et ne conduiront qu’à une déstabilisation de la situation au Kosovo et dans les Balkans dans leur ensemble, a-t-elle prévenu.  Elle a rappelé que le camp de « Bondsteel » a été déployé initialement dans le cadre d’opérations de maintien de la paix pour mettre en œuvre la résolution 1244, mais qu’il est devenu plus tard une base militaire américaine de facto au Kosovo.  Il est utilisé pour former des unités albanaises du Kosovo dans le but de créer des « forces armées du Kosovo », contrairement aux dispositions de la résolution 1244, a dénoncé la délégation.  

La Fédération de Russie a exprimé un autre grief: Pristina continue de ne pas coopérer avec Belgrade pour enquêter sur le meurtre du politicien serbe du Kosovo Oliver Ivanović en janvier 2018.  Alors que six Serbes du Kosovo ont été inculpés en décembre 2019, la délégation a émis des doutes quant à l’impartialité des procédures d’enquête.  Elle a aussi dénoncé l’inaction des Chambres spécialisées du Kosovo et du Bureau des procureurs spéciaux à La Haye qui ne font rien, selon elle, pour enquêter sur les crimes commis par « l’Armée de libération du Kosovo ».  « Quand les criminels, qui ont commis de nombreuses atrocités contre les Serbes, y compris le commerce d’organes humains, seront-ils traduits en justice? »  

Enfin, saluant la coopération offerte par la Serbie à Pristina dans la lutte contre la COVID-19, Moscou s’est dite préoccupée de la publication dans les médias au Kosovo des données sur les Serbes touchés par le coronavirus.  « C’est irresponsable et inadmissible », a dénoncé la délégation

Selon Saint-Vincent-et-les Grenadines, il faudrait un engagement de bonne foi des deux parties en faveur d’une solution politique pacifique.  À cet égard, la délégation les a invitées à utiliser tous les outils de la diplomatie, y compris le dialogue, la médiation, la négociation politique, ainsi que d’autres moyens pacifiques.  

Saint-Vincent-et-les Grenadines a condamné les incidents ayant ciblé les sites religieux et les cimetières, ajoutant que de telles actions empêchent la mise en place et le maintien d’un environnement favorable à la stabilité et au progrès.  La délégation a également souligné l’importance de la participation des femmes au processus de paix, tous en se félicitant du travail que mène la MINUK à cet effet. 

L’Afrique du Sud a estimé que la présence de l’ONU au Kosovo est capitale pour trouver une solution pacifique et durable et encourager la coopération entre toutes les parties prenantes.  Elle s’est inquiétée de la persistance de l’impasse et a appelé les deux parties à se réengager en faveur du dialogue et à prendre les mesures nécessaires pour relancer le processus.  La délégation a également appelé les parties à prendre des mesures pour alléger les tensions qui sapent toute chance de succès pour le dialogue et la réconciliation.  Elle a salué les efforts déployés pour faire face à la pandémie de COVID-19 et a espéré que l’esprit de compromis servirait de base aux négociations. 

L’Allemagne a trouvé encourageant la façon dont le Gouvernement intérimaire du Kosovo gère la pandémie actuelle tout en notant ce dont le Kosovo a besoin, maintenant, c’est de stabilité et que tous les acteurs agissent de manière responsable et dans l’intérêt des citoyens du Kosovo.  La délégation a salué la coopération transfrontalière entre le Gouvernement intérimaire du Kosovo et le Gouvernement de la Serbie pour lutter ensemble contre la crise sanitaire.  Les questions en suspens entre le Kosovo et la Serbie restent cependant une source de tensions bilatérales, un obstacle dans la vie quotidienne des citoyens des deux pays et une pierre d’achoppement sur le chemin du Kosovo et de la Serbie vers l’Union européenne, selon l’Allemagne qui a plaidé pour des progrès urgents dans les relations entre le Kosovo et la Serbie, l’objectif devant être « un accord global et juridiquement contraignant qui soit durable, permette aux deux pays de devenir membres de l’UE et contribue à la stabilité régionale ». 

La délégation s’est félicitée de la récente nomination du nouveau Représentant spécial de l’UE pour le dialogue Belgrade-Pristina et a salué la levée des taxes douanières sur les marchandises en provenance de Serbie et de Bosnie-Herzégovine par le Gouvernement du Kosovo.  Il a rappelé que L’UE a offert son soutien pour que la question des barrières commerciales non tarifaires soient réglée dans le cadre du dialogue entre le Kosovo et la Serbie.   L’Allemagne a dit qu’elle continue d’appuyer les efforts déployés au Kosovo pour traiter la question des violences sexuelles liée aux conflits, et a salué les travaux en cours de la commission gouvernementale kosovare chargée de la vérification et de la reconnaissance du statut des survivantes de violences sexuelles liées au conflit.  Elle a plaidé pour une plus grande autonomisation des femmes victimes de ces violences dans différentes communautés.  La délégation a demandé au Représentant spécial de l’UE d’inclure les femmes et la société civile dans le dialogue et à la MINUK d’intégrer les questions de genre dans tous ses travaux et politiques. 

Mettant l’accent sur un exemple concret des avantages d’une coopération régionale plus étroite, l’Allemagne a expliqué avoir, avec la France, lancé une feuille de route régionale pour les Balkans occidentaux afin de renforcer le contrôle des armes légères trop facilement disponibles dans la région.  Elle a salué les progrès réalisés à la fois au niveau national dans le renforcement de nouvelles capacités et au niveau régional dans le renforcement de la coopération et de la coordination transfrontalières.  La conférence ministérielle présidée par les Ministres allemand et français des affaires étrangères, le 31 janvier, a réaffirmé la ferme volonté de toute la région de résoudre durablement le problème des armes en circulation illicite dans les Balkans occidentaux, a rappelé la délégation. 

La France a indiqué que l’une de ses premières priorités est la normalisation des relations entre Pristina et Belgrade, dans le cadre du dialogue mené sous l’égide de l’Union européenne (UE).  « Cet objectif est notre boussole. »  La France s’est félicitée de l’annonce, le 1er avril, par le gouvernement intérimaire du Kosovo de la suspension totale des droits de douane à 100% sur les marchandises en provenance de Serbie et de Bosnie-Herzégovine.  « Il s’agit d’un pas important dans la bonne direction », a-t-elle dit, notant que le flux de marchandises entre la Serbie et le Kosovo a redémarré.  Elle a encouragé les deux parties à prendre de nouvelles mesures pour permettre la reprise du dialogue mené par l’UE, avant de noter le contexte difficile, en raison de la mobilisation de toutes les ressources dans la lutte contre la pandémie de COVID-19. 

La délégation s’est félicitée de la coopération entre Belgrade et Pristina sur le terrain pour lutter contre la pandémie, qui, a-t-elle espéré, contribuera à rétablir la confiance entre les parties.  « En outre, compte tenu de la situation politique au Kosovo, nous appelons toutes les parties prenantes à laisser de côté leurs divergences politiques et à donner la priorité à la lutte contre COVID-19. »  La France est convaincue que la Serbie et le Kosovo ont un avenir européen commun, a poursuivi la délégation.  Afin de construire cet avenir, la France continuera à soutenir les réformes nécessaires à la consolidation de l’état de droit et au développement socioéconomique.  « En soutien à la médiation menée par l’Union européenne, nous intensifierons nos efforts pour faciliter la conclusion d’un accord global, définitif et juridiquement contraignant entre les deux parties, qui contribuera à la stabilisation durable des Balkans occidentaux. »

L’Indonésie a insisté sur l’importance d’une reprise immédiate du dialogue, regrettant que celui qui est facilité par l’Union européenne soit dans l’impasse.  Aucun progrès ne pourra être réalisé pour combattre la criminalité organisée et la corruption, ou pour faire progresser le développement économique sans la reprise préalable du dialogue, a souligné l’Indonésie.  Elle a jugé que la MINUK joue un rôle important pour maintenir la stabilité dans la région et elle s’est félicitée que la Mission soit devenue la première opération de maintien de la paix à obtenir de l’Organisation internationale de la normalisation, la norme ISO 9001 de la gestion de la qualité pour les opérations d’appui sur le terrain.  L’Indonésie a par ailleurs souligné que pour faire face à pandémie de COVID-19, les autorités de Pristina doivent commencer à travailler avec les communautés voisines.

La République dominicaine a tout d’abord félicité les « citoyens » du Kosovo pour le succès des récentes élections législatives, tout en regrettant l’impasse qui a contribué à la chute du gouvernement de la coalition.  Elle a pris note des efforts déployés pour former un nouveau gouvernement, pour ensuite exhorter les autorités politiques à tenir compte des conditions actuelles et à prendre les mesures nécessaires pour combattre la pandémie de COVID-19 avant de fixer la date des prochaines élections. 

Évoquant la décision prise le 1er avril par Pristina de lever la taxe douanière imposée aux produits provenant de Bosnie-Herzégovine, la délégation a appelé les parties à progresser dans l’adoption de mesures susceptibles d’accélérer la reprise des négociations entre Pristina et Belgrade.  Elle a aussi plaidé pour un système judiciaire fiable, afin de renforcer l’état de droit, en soulignant les efforts faits par l’unité de surveillance de l’EULEX. 

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