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Mali et Sahel: « Nous sommes en train de perdre du terrain face à la violence et au terrorisme », prévient le Secrétaire général qui appelle à des efforts redoublés

On trouvera ci-après le discours prononcé, aujourd’hui, par le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, à la réunion de haut niveau sur le Mali et le Sahel:

Merci pour votre présence.  Je sais que nous sommes tous très préoccupés par l’escalade continue de la violence au Sahel et son expansion vers les pays du golfe de Guinée. 

Je crains que nous n’ayons collectivement échoué à enrayer les causes profondes de la crise – la pauvreté, l’impunité, les failles de gouvernance – qui nourrissent la montée de l’extrémisme violent.  Les groupes terroristes instrumentalisent les conflits locaux et se positionnent en défenseurs, quelques fois, des communautés.

Tout cela est aggravé par le changement climatique.  La raréfaction des ressources naturelles exacerbe les tensions.  Au Nigéria, les heurts entre éleveurs et agriculteurs ont l’année dernière fait plus de victimes que Boko Haram. 

Partout, ce sont les civils qui en payent le prix.  Dans les seuls pays du G5 Sahel, le nombre de morts civiles entre 2012 et 2018 a été multiplié par quatre.  Plus de 5 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire, plus de 4 millions ont été déplacées, 3 millions d’enfants ne sont pas scolarisés et près de 2 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire. 

Soyons clairs, nous sommes en train de perdre du terrain face à la violence et au terrorisme.  Nous devons redoubler d’efforts. 

Tout d’abord sur le front politique.  La résolution du conflit malien est essentielle à l’établissement d’une paix régionale durable et à l’unité du pays qu’il faut préserver à tout prix. 

Le dialogue politique national inclusif lancé la semaine dernière doit ouvrir la voie à des progrès dans la mise en œuvre de l’accord de paix.  La révision constitutionnelle sera indispensable pour mettre en place des réformes décisives. 

Plus de 1 000 anciens combattants ont déjà terminé une formation afin d’intégrer l’armée malienne.  La coopération de chacun est nécessaire pour que cette première étape importante conduise à des progrès dans le redéploiement d’une armée malienne reconstituée. 

Je salue également les actions entreprises par les autorités maliennes avec le soutien de la MINUSMA pour faire cesser les violences, protéger les civils et promouvoir la réconciliation dans le centre du pays.

We also need to step up international and regional cooperation.  The Joint Force of the G5 Sahel remains critical in fighting extremist armed groups and terrorists.  It needs more support.  I welcome the decision by the Security Council to lift geographic restrictions on provisions by MINUSMA to the G5 Sahel Joint Force.  However, this alone will not be enough and I, therefore, reiterate my call for the provision of predictable and sustained funding to the G5-Sahel. 

Je crois qu’il faut qu’on reconnaisse que la lutte contre le terrorisme menée par le G5 Sahel n’est pas seulement une question des pays du G5 Sahel; n’est même pas seulement une question régionale ou africaine, c’est une question globale. 

Les forces du G5 Sahel nous protègent nous tous du terrorisme.  Si ces forces n’ont pas les moyens de lutter efficacement contre le terrorisme, les menaces vont se répandre bien au-delà de la région et sont des menaces à la sécurité globale, collective de notre monde. 

The time has come for the urgent mobilization to support countries and the people of the Sahel.  In this context, I call upon all partners to ensure prompt disbursement of the funds committed and to support the implementation of the UN Integrated Strategy for the Sahel. 

The truth is that we are also falling short in our humanitarian and development response.  This year, just one fifth of the necessary humanitarian funds have been received so far.  At the same time, a significant portion of the $2.3 billion pledged last December for the G5 Sahel Priority Investment Plan has not yet been disbursed.

As I have said in the beginning, the situation in the Sahel has become a regional threat.  I am encouraged by the renewed engagement of the leaders of the Economic Community of West African States, who committed at an extraordinary session earlier this month to step up efforts to combat terrorism in the Sahel.  In this context, it will be important to enhance existing joint security mechanisms, such as the G5 Sahel Joint Force and the Lake Chad Basin’s Multi-National Joint Task Force.  I also welcome the new Partnership for Security and Stability in the Sahel, as well as the efforts of the Sahel-Alliance and the G5 Sahel Permanent Secretariat in supporting countries with implementation of their national Emergency Development Programs.

Stemming and preventing escalation requires offering people, and particularly young people, a hopeful future; a perspective that goes beyond their daily needs to ensure development, promote gender equality, and ensure access to economic opportunities and social services.

Pour finir, permettez-moi de souligner que le Sahel a besoin de l’unité et de l’engagement de tous.  Beaucoup d’outils et de mécanismes sont actuellement en place.  Tous sont complémentaires et méritent d’être soutenus et valorisés.  D’autres initiatives ont été annoncées, notamment au cours du récent sommet du G7 à Biarritz.  Le temps presse et c’est dans un esprit de complémentarité et d’unité que nous pourrons arrêter la spirale de violence et de souffrance dans la région et le progrès du terrorisme. 

Je vous remercie.

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