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Forum politique de haut niveau pour le développement durable: l’appel du Secrétaire général à « une mondialisation équitable »

On trouvera ci-après le discours prononcé, aujourd’hui, par le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, à l’occasion du Forum politique de haut niveau pour le développement durable:

Je n’ai jamais vu autant de personnes enthousiastes sur les Objectifs de Développement Durable que ces trois derniers jours.  De la Zone d’Action ODD sur la pelouse des Nations Unies, aux panneaux d’affichage de Times Square, les ODD sont partout – comme ils devraient l’être. 

Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est au cœur de chaque événement de cette semaine de haut niveau.  Nous avons commencé ce voyage en 2015 – et nous en connaissons le cap.  L’élimination de l’extrême pauvreté et de la faim.  L’égalité pour les femmes et les filles et l’autonomisation des jeunes.

Une économie sobre en carbone, conforme à la lutte contre le dérèglement climatique, qui génère des emplois décents, une croissance inclusive et une prospérité partagée.

Des sociétés pacifiques et justes, les droits humains pour tous et le respect de l’état de droit.  La possibilité, pour chacune et chacun, de vivre sur une planète en bonne santé.  En résumé, notre ambition est celle d’une mondialisation équitable.  La bonne nouvelle, c’est que le Programme 2030 se concrétise. 

Les gouvernements des pays du Nord et du Sud ont entrepris d’intégrer les objectifs à leurs plans et stratégies au niveau national.  Le secteur privé se rend compte que l’économie verte est une économie prospère.

Les villes, les entreprises, le monde de la finance, la société civile, la jeunesse et bien d’autres encore se mobilisent et passent aux actes.  Et, de fait, nous avançons.  Les taux d’extrême pauvreté et de mortalité infantile sont en baisse.  De plus en plus d’hommes et de femmes ont accès à l’énergie et à un travail décent.

Ce sommet qui nous réunit est une preuve sans équivoque de l’engagement mondial en faveur du Programme 2030.  Mais soyons clairs: nous sommes encore bien loin du compte.  Nous nous sommes écartés du chemin.

Les conflits meurtriers, la crise climatique, la violence fondée sur le genre et les inégalités qui persistent mettent en péril les efforts faits pour atteindre les objectifs de développement durable.

Ceux qui se partagent aujourd’hui la moitié de la richesse mondiale tiendraient autour d’une table.  Croissance irrégulière, augmentation du niveau de la dette, pics de tensions dans le commerce mondial créent de nouveaux obstacles à la mise en œuvre du Programme 2030.

Le chômage des jeunes atteint des niveaux alarmants.  Malheureusement, la faim dans le monde gagne du terrain.  Aucun pays n’est en passe d’atteindre l’objectif de l’égalité des sexes – dont tous les autres dépendent.  En réalité, l’écart se creuse dans plusieurs pays.  Un million d’espèces sont menacées d’extinction.

Au rythme actuel, près de 500 millions de personnes pourraient toujours être dans une situation de pauvreté extrême à l’horizon 2030.  Il nous faut redoubler d’efforts, et ce, dès maintenant.

Nous devons regagner la confiance des populations et répondre aux sentiments d’isolation et d’instabilité, vécues ou perçues, et qui sont le résultat du modèle actuel de mondialisation.

Le Programme 2030 est la meilleure solution; c’est notre plan vers une mondialisation équitable.  Nous devons évoluer vers une économie neutre en carbone, c’est-à-dire atteindre l’objectif zéro émission nette d’ici à 2050.  Nous devons multiplier les perspectives de développement des pays les plus vulnérables et des personnes les plus marginalisées.

Et nous ne devons pas voir le Programme 2030 à travers le prisme de l’économie des dix dernières années, mais à travers celui des dix prochaines: en exploitant le potentiel de la quatrième révolution industrielle tout en se protégeant des dangers qu’elle entraine.

Voilà pourquoi, comme demandé par votre Déclaration politique, je lance aujourd’hui un appel mondial en faveur d’une décennie d’action pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable à l’horizon 2030.

Chers amis,

Trois domaines guident mon appel.  Tout d’abord, l’action à l’échelle mondiale.  Le temps est venu de prendre des décisions audacieuses, tant sur le plan individuel que collectif.  Nous devons mettre fin aux conflits d’aujourd’hui et prévenir les violences de demain.

Il nous faut davantage de ressources et il faut donc que les États Membres respectent leurs engagements en matière d’aide publique au développement.  Il faut reconstituer intégralement les Fonds mondiaux pour le Climat et la Santé, augmenter le financement de l’éducation et des autres objectifs de développement durable, soutenir des formes innovantes de financement – par exemple, les Obligations à impact social – et faire en sorte que les pays les plus vulnérables aient davantage accès aux technologies et aux financements verts et à taux réduits.

Dans le même temps, nous devons amplifier les investissements privés à long terme en faveur du développement durable et réaliser de vrais progrès dans la lutte contre les flux illicites de capitaux, le blanchiment d’argent et l’évasion fiscale afin de mieux soutenir les pays en développement dans la mise en œuvre de leurs réformes politiques et économiques.

Nous devons également privilégier les solutions qui auront le plus d’impact sur le Programme 2030 dans son ensemble, comme l’égalité des sexes, une économie juste et inclusive, des systèmes énergétiques et alimentaires durables, des villes durables et la lutte contre la crise climatique.

En deuxième lieu, l’action locale. 

Nous devons faire davantage au niveau national, afin d’obtenir des résultats là où cela importe le plus: dans la vie des gens.

Il faut donc aligner les politiques et engagements nationaux sur le Programme 2030 – élaborer des cadres de financement nationaux intégrés, renforcer les mécanismes de gouvernance du développement durable, créer des systèmes de données utiles et inclusifs et bâtir des plans climatiques ambitieux en 2020.

Enfin, nous devons créer un environnement qui permette aux villes et aux autorités locales d’exploiter tout leur potentiel, un environnement dans lequel les droits de la personne et l’espace public soient protégés, qui favorise le développement d’un secteur privé durable et qui attire les investissements étrangers directs.

Troisièmement, l’action individuelle.

J’appelle la société civile, les associations locales, les médias, le secteur privé, les syndicats et les universités, entre autres, à plus que jamais travailler main dans la main vers des objectifs communs.

J’invite les innovateurs et les entrepreneurs à adopter de nouveaux modèles économiques qui répondent aux besoins du Programme 2030.

Je demande au monde de la science et de la recherche de faire en sorte que les nouvelles technologies servent à réduire les fractures numérique et technologique et soient mises au service du bien commun, comme prôné par mon Groupe de haut niveau sur la coopération numérique.

Enfin, j’exhorte les jeunes et les membres de la société civile à demander des comptes à leurs dirigeants.

Aussi, j’entends convoquer une plateforme annuelle pour piloter la Décennie d’action.

Notre première rencontre dans ce cadre aura lieu en septembre 2020 à l’occasion du soixante-quinzième anniversaire de l’Organisation des Nations Unies.

Chers amis,

Nous faisons face à un grand défi.  Relevons-le, tous ensemble.  Avançons, tous ensemble, sans laisser personne de côté.

Profitons de l’élan de ce Sommet et de cette semaine pour aller plus loin et plus vite afin d’atteindre notre destination commune: un monde durable et prospère pour toutes et tous. 

Je vous remercie.

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