SC/13667

Déclaration à la presse faite par le Conseil de sécurité sur le Mali

On trouvera ci-après le texte de la déclaration à la presse faite, aujourd’hui, par le Président du Conseil de sécurité pour le mois de janvier, José Singer Weisinger (République dominicaine):

Les membres du Conseil de sécurité ont entendu le 16 janvier 2019 un exposé du Sous-Secrétaire général pour l’Afrique, Bintou Keita, sur la situation au Mali.

Les membres du Conseil de sécurité se sont félicités des mesures positives prises récemment dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali (l’« Accord »), à savoir: la mise en place de 10 administrations intérimaires au niveau des cercles, réparties dans les régions de Kidal, de Ménaka et de Tombouctou; le lancement d’un processus accéléré de désarmement, de démobilisation, de réintégration et d’intégration pour 1 423 combattants; la tenue d’une deuxième réunion de haut niveau sur la mise en œuvre du pilier défense et sécurité de l’Accord, laquelle a permis de mieux définir encore une vision commune des forces maliennes de défense et de sécurité reconstituées, d’envisager la création d’une force de police territoriale régionale et d’unités spéciales de lutte contre le terrorisme, et de convenir des modalités de la conduite des opérations de désarmement, de démobilisation, de réintégration et d’intégration ainsi que des processus de réforme du secteur de la sécurité; enfin, autre mesure positive, la mise en place d’un groupe de travail sur la participation des femmes au processus de paix, sous l’autorité de la MINUSMA.

Les membres du Conseil de sécurité se sont félicités de la mise en place par les parties maliennes d’un cadre de coordination hebdomadaire entre les représentants du Gouvernement malien, des coalitions de groupes armés la Plateforme et de la Coalition des mouvements de l’Azawad (les « groupes armés la Plateforme et la Coordination »), sous l’autorité du Ministre de la cohésion sociale, de la paix et de la réconciliation nationale.  Ils ont salué la mobilisation du Premier Ministre en faveur de la mise en œuvre de l’Accord.  Ils ont appelé toutes les parties prenantes maliennes à unir leurs efforts après la réélection du Président Keita et à œuvrer ensemble à la promotion d’une paix durable, des droits de l’homme, tout en relevant les défis auxquels le Mali est confronté en matière de sécurité de développement.

Les membres du Conseil de sécurité ont exprimé leur vive impatience face aux retards persistants pris dans l’application intégrale des principales dispositions de l’Accord.  Ils ont prié instamment le Gouvernement malien et les groupes armés la Plateforme et la Coordination de prendre des mesures immédiates et concrètes pour appliquer les principales dispositions restantes de l’Accord mentionnées au paragraphe 4 de la résolution 2423 (2018), lesquelles n’ont pas encore été appliquées.

Les membres du Conseil de sécurité ont rappelé les dispositions de la résolution 2423 (2018) en priant le Secrétaire général de faire rapport 6 mois après l’investiture présidentielle sur les progrès accomplis dans la mise en œuvre de l’Accord et en manifestant l’intention du Conseil de sécurité, en l’absence de progrès sensibles, de demander au Secrétaire général de présenter un éventail d’options en vue d’une éventuelle adaptation importante de la MINUSMA après l’expiration de son mandat actuel.  Ils ont également rappelé les dispositions de la résolution 2423 (2018) en manifestant l’intention du Conseil de sécurité de suivre de près l’exécution en temps voulu de la Feuille de route adoptée le 22 mars 2018 et de répondre au moyen des mesures prévues par la résolution 2374 (2017) dans le cas où les parties ne respecteraient pas les engagements convenus selon le calendrier prévu.  Ils ont rappelé, à cet égard, la liste établie le 20 décembre 2018 par le Comité des sanctions créé en application de la résolution 2374.  Ils ont mis l’accent sur le fait que toutes les parties à l’Accord partagent la responsabilité d’enregistrer des progrès constants dans la mise en œuvre celui-ci.

Les membres du Conseil se sont déclarés de plus en plus préoccupés par la dégradation continuelle des conditions de sécurité dans le centre du Mali.  Ils ont fermement condamné les attaques répétées, y compris les attentats terroristes, visant des civils, des représentants des institutions locales, régionales et étatiques, ainsi que les forces de sécurité nationales et internationales et celles des Nations Unies.  Ils ont également fermement condamné la récente flambée de la violence intercommunautaire à cause de laquelle de nombreux innocents avaient perdu la vie.  Ils ont demandé instamment aux autorités maliennes de faire en sorte que tous les auteurs de crimes ayant donné lieu à des violations des droits de l’homme ou du droit international humanitaire soient tenus responsables de leurs actes et traduits en justice dans les meilleurs délais.

Les membres du Conseil ont souligné que la situation dans le centre du Mali ne pouvait se stabiliser sans un plan pleinement intégré englobant la poursuite simultanée de progrès dans les domaines de la sécurité, de la gouvernance, du développement et de la réconciliation ainsi que de la protection et de la promotion des droits de l’homme.  Ils ont salué les mesures prises par le Gouvernement malien aux fins de l’application de son plan global destiné à rétablir la présence de l’État dans le centre du pays (Plan de sécurisation intégrée des régions du Centre – PSIRC).  Ils ont souligné qu’il importait d’assurer des services de base pour tous, y compris de rouvrir les écoles.  Ils ont pris acte des récentes visites du Président Keïta et du Premier Ministre dans la région de Mopti, encouragé le Gouvernement malien à poursuivre ses efforts et appelé les acteurs à renforcer leur appui.  Ils ont par ailleurs engagé la MINUSMA à continuer d’appuyer le rétablissement de l’autorité de l’État dans le centre du pays et à poursuivre l’exécution de son mandat de bons offices, de réconciliation et de protection des civils conformément aux dispositions pertinentes de la résolution 2423 (2018).

Les membres du Conseil ont réaffirmé leur plein appui au Représentant spécial du Secrétaire général pour le Mali et Chef de la MINUSMA, Mahamat Saleh Annadif, à l’équipe internationale de médiation dirigée par l’Algérie, à la MINUSMA et aux autres forces de sécurité présentes au Mali et dans la région du Sahel, comme indiqué dans la résolution 2423 (2018).  Ils ont souligné que le Représentant spécial du Secrétaire général devait continuer de jouer un rôle central pour ce qui est de soutenir et de superviser l’application de l’Accord par les parties maliennes.  Ils ont demandé à tous les membres du Comité de suivi de l’Accord et aux autres partenaires nationaux et internationaux concernés d’accroître leur engagement en faveur de la mise en œuvre intégrale, effective et sans exclusive de l’Accord.

Les membres du Conseil ont réaffirmé leur ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale du Mali.  Ils ont souligné qu’il importait que l’Accord soit mis en œuvre sans exclusive, et que tous les acteurs maliens favorables au processus de paix y soient associés.  Ils ont également souligné qu’il n’y aurait pas de paix ni de sécurité durables dans la région du Sahel si l’Accord n’était pas appliqué de façon intégrale, effective et sans exclusive et si des efforts conjugués n’étaient pas déployés sur les plans de la politique, de la sécurité et du développement.

 

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