Session de 2019,
33e séance plénière – après-midi
ECOSOC/7007

Clôture du Forum politique pour le développement durable: « inclusion, justice et engagement politique » sont les domaines à renforcer, selon la Vice-Secrétaire générale

À la clôture du Forum politique de haut niveau pour le développement durable aujourd’hui, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU a résumé les plus grandes attentes, pour les années à venir, en trois points: l’inclusion, la justice et l’engagement politique.  Mme Amina J. Mohammed, qui a aussi relevé les nombreuses déclarations sur les changements climatiques au cours de ces derniers jours, a souhaité que des mesures concrètes soient prises au cours du Sommet de septembre qui sera consacré à cette question.

Le Forum politique de haut niveau, qui se tenait sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC) en session ministérielle cette semaine, a adopté son projet de rapport, mais pas de déclaration politique car il se réserve cette tâche pour septembre, lorsqu’il se réunira sous les auspices de l’Assemblée générale.

« Même si le tableau d’ensemble est mitigé, nous avons fait des progrès, parfois en dépit de la politique et de vents contraires », a noté la Présidente de l’ECOSOC, Mme Inga Rhonda King, en faisant le bilan de cinq jours d’examens nationaux volontaires et de débat général.  

Aujourd’hui encore, les ministres et autres représentants d’États Membres ont fait part de leurs avancées respectives sur le plan national dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Celle-ci passe généralement par des plans et des politiques qui intègrent les objectifs de développement durable et les adaptent aux pays.  En Argentine, c’est le Conseil national de coordination de politiques sociales qui est chargé de le faire.

Les États Membres ont également tenu à souligner les défis qu’il faut encore relever.  Prendre en compte les besoins des plus pauvres et des personnes vulnérables a été au cœur des préoccupations, dans un objectif d’inclusion qui est bien celui du Programme 2030, censé « ne laisser personne de côté ».  Comme d’autres délégations, l’Australie a attiré l’attention sur ce qui doit être fait pour améliorer le sort des femmes, des autochtones, des personnes handicapées et des personnes LGBTI, en leur donnant les chances de s’exprimer dans les décisions qui affectent leur vie.

Outre l’inclusion et l’égalité de droits, le multilatéralisme et les partenariats ont été souvent invoqués comme des conditions essentielles à la réalisation du développement durable au niveau mondial.  Le Lesotho, comme beaucoup d’autres délégations, a plaidé pour que les partenaires au développement apportent leur contribution indispensable pour accompagner les efforts de développement nationaux.  En ce qui concerne l’aide publique au développement (APD), le Royaume-Uni a dit être l’une des rares nations industrialisées à y consacrer 0,7% de son revenu national brut.

L’équilibre nécessaire entre développement économique et protection de l’environnement a été mis en avant par les États-Unis comme par le Bélarus.  Ce dernier, qui vise « une économie florissante », a dit avoir récemment mis en service sa première centrale nucléaire pour réduire de 10 millions de tonnes la production nationale annuelle de gaz carbonique.  L’Allemagne, a d’ailleurs mis en garde contre le risque de passer à côté des prescriptions contenues dans l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  Ce pays entend donc doubler sa contribution en faveur de la lutte contre les changements climatiques.

Certaines délégations, comme les Pays-Bas et le Danemark, ont laissé des jeunes représentants prendre la parole pour montrer leur réelle implication dans cette vague d’efforts.  Au Danemark par exemple, un conseil climatique formé de jeunes formule des recommandations destinées au Gouvernement et collabore avec des contemporains du Ghana.  La déléguée danoise a demandé d’impliquer la jeune génération au niveau local en créant des espaces d’expression qui leur soient dédiés.  Cela peut commencer avec les sommets de septembre au Siège de l’ONU, a-t-elle suggéré, anticipant ainsi les recommandations de la Vice-Secrétaire générale à ce sujet: « la communauté internationale doit écouter davantage les jeunes et les enfants, afin de savoir qu’elles sont leurs attentes », a-t-elle dit pour conclure son intervention.

L’ECOSOC se réunira demain, vendredi 19 juillet, à partir de 10 heures, pour achever son débat général et discuter des tendances et des actions à long terme, avec de conclure sa session de haut niveau dans la soirée.

RÉUNION MINISTÉRIELLE DU FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE ORGANISÉE SOUS LES AUSPICES DU CONSEIL -

Suite du débat général

M. PHILIP MPANGO, Ministre des finances et du plan de la République-Unie de Tanzanie, a dit que son gouvernement a présenté cette année son premier examen national volontaire qui a mis en exergue les succès du pays dans la réalisation des objectifs de développement durable.  Cette réussite dépend en grande partie du leadership et de la volonté politique au plus haut niveau.  La Tanzanie a fait des progrès dans de nombreux domaines comme l’énergie, les investissements, le transport, la maîtrise de l’inflation, la stabilité du taux de change et la diminution du taux de pauvreté.  Les défis n’en demeurent pas moins nombreux, a-t-il reconnu en citant notamment les domaines des infrastructures, de la communication et de l’information.

M. NANDCOOMAR BODHA (Maurice) a dit que dans la réalisation du Programme 2030, l’île s’est focalisée sur l’éducation qui est universelle et plus inclusive, ainsi que sur la formation technique et professionnelle.  Le pays se consacre aussi à l’objectif de travail décent pour tous et a pris des mesures pour accroître le taux de femmes sur le marché de travail.  Le Gouvernement a introduit le revenu minimum pour améliorer le pouvoir d’achat, a ajouté le représentant avant de parler des investissements faits dans les mesures d’adaptation et d’atténuation des effets des changements climatiques et des risques de catastrophes naturelles. 

M. TLOHELANG AUMANE, Ministre du développement et de la planification du Lesotho, a indiqué que son pays a mis sur pied un plan stratégique de développement qui intègre les objectifs de développement durable.  Le Ministre a précisé que les actions du Lesotho ciblent quatre domaines majeurs: l’agriculture, le tourisme, les industries créatives et les technologies de l’information et des communications (TIC).  De même, le secteur privé s’est engagé à créer 30 000 emplois grâce à des investissements de 1,5 milliard de dollars.  Le Ministre a plaidé pour que les partenaires au développement apportent une contribution indispensable pour accompagner les efforts de développement du pays, notamment pour l’aider à s’intégrer dans les chaînes de valeurs mondiales.

Mme MARIA FLACHSBARTH, Parlementaire et Secrétaire d’État auprès du Ministère de la coopération économique et du développement de l’Allemagne, a plaidé pour un multilatéralisme fort en vue de réaliser le Programme 2030.  Elle a mis en garde face au risque de passer à côté des prescriptions contenues dans l’Accord de Paris sur les changements climatiques, annonçant que l’Allemagne entend doubler sa contribution en faveur de la lutte contre les changements climatiques.  Le Parlementaire a ensuite souligné que la coopération au développement de l’Allemagne a apporté une assistance à plus de 13 millions de personnes entre 2015 et 2017, notamment trois millions de jeunes à travers le monde qui ont reçu un soutien pour faciliter leur accès à l’éducation secondaire.  Elle a aussi invité les décideurs qui vont se réunir en septembre à l’Assemblée générale à faire plus d’efforts, car « il faut agir maintenant » et être plus ambitieux si l’on veut réaliser « un avenir durable ».

M. RACHID BLADEHANE, Secrétaire général du Ministère des affaires étrangères de l’Algérie, a dit que son gouvernement a pris des mesures spécifiques pour réaliser les objectifs de développement durable à caractère social.  Le pays a optimalisé les ressources nationales dans cette direction.  Mais, a indiqué M. Bladehane, l’aide publique au développement doit être mobilisée davantage pour la mise en œuvre du Programme 2030.  L’Algérie, qui a passé son examen national volontaire, cherche plus de partenariats pour réaliser les objectifs de développement durable, a-t-il expliqué.

Mme CATHERINE ADAM (Canada) a déclaré que l’inclusion et l’égalité sont au centre de la politique canadienne car elles sont le moteur qui permet d’offrir une vie meilleure à tout le monde.  La Canada accorde une attention particulière aux pays en situation particulière, a ajouté la représentante qui a rappelé les mesures prises par le Gouvernement canadien à cet égard: élaboration d’une stratégie nationale de développement et définition des indicateurs de développement.  La représentante a réitéré que « l’inclusion » est au centre de la réalisation du Programme 2030 au Canada.  Le Gouvernement a, d’ailleurs, pris des mesures spécifiques en faveur des peuples autochtones et pour la protection des vastes ressources du Canada.  

Mme NERISSA COOK, Sous-Secrétaire d’État aux organisations internationales des États-Unis, a souligné qu’il revient à chaque État de mettre en place des politiques pour l’essor et l’épanouissement de ses populations.  De même, les États-Unis soutiennent la démocratie et l’état de droit à travers le monde.  Elle a dit que créer des emplois est crucial pour construire des sociétés plus prospères.  De même, il est indispensable d’adapter la main d’œuvre aux exigences du marché du travail d’aujourd’hui et de demain, notamment par une éducation de qualité.  C’est ce que les États–Unis font à travers le monde, a-t-elle assuré.  Mme Cook a ainsi relevé que grâce à son pays, plus de 33 millions de gens à travers le monde ont pu bénéficier d’une éducation de qualité en 2018.  Les États-Unis appuient également une approche équilibrée entre le développement économique et la protection de l’environnement.  Le pays se présente même comme un chef de file sur ce dernier point, a dit Mme Cook en expliquant que l’approche commerciale adoptée par les États-Unis a permis de réduire de 14% sa production annuelle de gaz à effet de serre depuis 2005.

Mme LARYSA BELSKAYA, Chef de la Direction générale pour la diplomatie multilatérale au Ministère des affaires étrangères du Bélarus, a indiqué que son pays a créé une plateforme nationale de mise en œuvre des objectifs de développement durable, tout en élaborant 255 indicateurs pour le suivi.  Elle a estimé que pour réaliser les objectifs, il faut avoir en premier lieu une économie florissante.  C’est ainsi que les efforts du Gouvernement visent à trouver un équilibre entre essor économique et protection de l’environnement.  Par exemple, l’entrée en service de la première centrale nucléaire du pays va permettre de réduire de 10 millions de tonnes la production nationale annuelle de gaz carbonique, s’est-elle félicitée.   

M. NIGEL BRUCE (Australie) a relevé les progrès réalisés par des petits États insulaires du Pacifique, comme Vanuatu, Fiji et Tonga, dans la mise en œuvre du Programme 2030, en soulignant, toutefois, les difficultés que rencontrent ces pays pour faire face aux effets des changements climatiques. Il a donc plaidé en faveur des efforts pour soutenir les pays du Pacifique et réduire les risques de catastrophe, en recommandant de faciliter l’influence des femmes dans la recherche de solutions.  Le représentant a également plaidé pour la prise en compte des besoins des plus pauvres et des personnes vulnérables, notamment des femmes, des autochtones, des handicapés et des personnes LGBTI, en leur donnant les chances de s’exprimer dans les décisions qui affectent leur vie.  Il a donné les exemples de ce que fait son pays en faveur des handicapés et pour promouvoir des solutions soucieuses du genre.

Mme GABRIELA AGOSTO, Directrice exécutive du Conseil national pour la coordination des politiques sociales de l´Argentine, a dit que son gouvernement avait commencé en décembre 2015 le processus d´alignement du Programme 2030 sur les priorités nationales, avec comme but la « Pauvreté Zéro ».  Depuis lors, le Conseil national de coordination de politiques sociales a coordonné la mise en œuvre du Programme 2030 sur le plan national.  Le pays a présenté son Examen national volontaire en 2017 et présentera le deuxième en 2020.  Pour arriver à un développement durable, il faut des institutions publiques responsables, compétentes et inclusives à tous les niveaux et une société libre et démocratique, ainsi qu’une bonne protection des droits de l´homme, a relevé Mme Agosto.  Le Conseil national travaille actuellement à la publication, cette année, d’une série d´études sur les questions transversales contenues dans le Programme 2030.

Mme ELENA BERADZE, Directrice adjointe de l’administration de la Géorgie, a annoncé que pour réaliser le Programme 2030, le Gouvernement géorgien a créé le Conseil national des objectifs de développement durable et a adopté un plan national de développement.  Il accorde une importance particulière à l’objectif 16 sur la justice et la paix « qui est un élément de succès de tout le Programme 2030 », selon elle.  La Géorgie se focalise aussi sur l’objectif 4 (éducation de qualité) en y consacrant 6% du PIB et sur l’objectif 6 (eau et assainissement), tout en œuvrant pour arriver à avoir une croissance économique forte.  Elle milite en même temps pour atténuer les incidences des changements climatiques.  À cet égard, la Géorgie compte réduire de 40% ses émissions de gaz à effet de serre avant 2030.

M. ASSOUMAN MAINASSARA, Directeur général du plan de la prospective du Niger, a dit que son gouvernement a, dans le cadre de la mise en œuvre de son plan de développement économique et social, pris des mesures pour assurer un développement inclusif et réduire les inégalités entre les citoyens.  Ces mesures portent sur la promotion économique des jeunes, l’autonomisation des femmes et la protection sociale, a-t-il précisé.  Le Directeur a appelé à ne pas perdre de vue le lien entre le climat et l’insécurité.  L’accélération des échanges à l’intérieur des régions reste un moyen d’inclusion et de création d’opportunités économiques pour la réduction des inégalités, a-t-il fait valoir.

M. GWENAEL ROUDAUT, Chef adjoint de l’Unité du suivi des projets stratégiques au Ministère de la transition écologique de la France, a rappelé que la France a présenté son examen volontaire parmi la première cuvée de pays en 2016.  Néanmoins, chaque année, le pays fait un rapport de mise en œuvre afin d’évaluer les avancées.  Il a appelé la communauté internationale à renforcer ses efforts, tout en plaidant pour un multilatéralisme plus fort.  Il a aussi dit que la France a fait de la lutte contre les inégalités le cheval de bataille de sa présidence du G7.  De même, la France entend augmenter son APD qui va atteindre 0,55% de son revenu national brut d’ici à 2020, pour se rapprocher de l’objectif de 0,7%.  La France est également l’un des pays œuvrant pour mobiliser le monde de la finance dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques, a—t-il affirmé.

M. MODIBO TRAORÉ, Directeur de la coopération multilatérale au Ministère des affaires étrangères du Mali, a parlé des obstacles qui entravent l’essor de son pays, au rang desquels le terrorisme et les changements climatiques.  Un nouveau document stratégique de développement vient d’ailleurs d’être adopté par le Gouvernement, qui prend en compte les cibles prioritaires pour le Mali.  Pour résoudre les principaux problèmes du pays, M. Traore a souligné que les ménages les plus pauvres et souffrant d’insécurité alimentaire bénéficient de transferts d’argent du Gouvernement.  Sur le plan sécuritaire, les communautés du pays ont été invitées à un forum national pour la paix, a-t-il indiqué.  

M. BELGACEM AYED, Directeur général du Ministère du développement et de l’investissement de Tunisie, a affirmé que la réalisation du Programme 2030 nécessite la mobilisation de ressources financières et des transferts de technologies.  Les succès de la Tunisie dans les domaines démocratiques et sociaux ne doivent pas occulter les défis qui restent à relever, notamment en termes de réforme structurelle et institutionnelle et sur le plan économique.  La Tunisie s’engage, a assuré M. Ayed, à poursuivre la réalisation des objectifs de développement durable.  Elle s’engage à avoir une croissance économique qui respecte la viabilité environnementale et qui soit fondée sur les droits de la personne.

M. TOM OKIA OKURUT, Directeur exécutif de l’Autorité de gestion de l’environnement de l’Ouganda, a d’abord mis en avant les succès enregistrés par son pays dans le secteur de l’éducation, avec la scolarisation de plus trois millions d’enfants, ainsi que sur le plan économique, avec la mise en place d’une politique industrielle qui a débouché sur plus de 5% de croissance économique.  Le pays a également réussi à réduire la vulnérabilité des personnes âgées.  En outre, le Gouvernement a mis en œuvre une politique d’amélioration de la productivité agricole.  Pour ce qui est des changements climatiques, le Gouvernement ougandais préconise des solutions naturelles pour préserver les forêts nationales.  Dans le domaine de l’état de droit, le Gouvernement a créé une juridiction spéciale pour les droits de l’homme et un tribunal spécialisé dans la lutte contre la corruption.  

Mme ROBYN SKERRAT, Chef de l’Unité des objectifs de développement durable au Département du développement international du Royaume-Uni, a indiqué que son pays a présenté son premier examen volontaire cette année.  Elle a plaidé pour que des efforts soient faits en faveur de l’action climatique.  Selon elle, le Sommet de septembre est important à cet égard.  Le Royaume-Uni est la première économie du groupe du G20 qui a prévu de parvenir à la neutralité de carbone d’ici à 2030, s’est-elle félicitée, ajoutant même que le pays est l’un des rares, parmi les nations industrialisées, à consacrer 0,7% de son revenu national brut pour l’APD.  Elle a enfin plaidé pour l’égalité entre les sexes et pour une croissance qui bénéficie à tous.

Mme LISE GREGOIRE-VAN HAAREN (Pays Bas) a cité la crise climatique et le manque d’accès à la justice comme les défis qui affectent le plus les populations les plus pauvres.  Elle a donc plaidé pour l’atténuation des effets des changements climatiques mais aussi pour que les sociétés soient davantage résilientes grâce aux efforts d’adaptation.  Son pays est heureux d’accueillir la Commission mondiale pour l’adaptation, qui publiera son rapport phare pendant le Sommet de septembre.  Rappelant aussi que cinq milliards de personnes souffrent du manque d’accès à la justice, d’après le rapport « Pathfinders Task Force on Justice », coprésidé par les Pays-Bas, Elle a appelé à s’engager davantage pour arriver à un accès universel à la justice d’ici à 2030.  C’est ce à quoi son pays s’attèle par le biais de son aide au développement.

Prenant la parole à son tour, un jeune des Pays-Bas a fait remarquer que les jeunes sont affectés de manière disproportionnée par ces problèmes, prédisant un mouvement de jeunes qui sera le plus important mouvement mondial de l’histoire lorsque la crise climatique sera à son maximum.  Il a demandé que les jeunes soient inclus dans les processus politiques de façon systématique et non de manière sélective, avant de proposer de créer des conseils de jeunes sur la durabilité qui seraient élus démocratiquement par les jeunes.  Il a aussi souhaité que les ministres soient rendus responsables de leurs actions ou de leur inaction.

La jeunesse déléguée du Danemark, Mme BJERRE, a dit combien il est important que les jeunes soient représentés.  Elle a assuré que les jeunes, partout à travers le monde, agissent pour un monde meilleur.  Au Danemark par exemple, un conseil climatique formé de jeunes formule des recommandations au Gouvernement et collabore même avec des jeunes du Ghana.  La jeune déléguée a déploré un système mondial qui n’est pas adapté aux changements.  C’est pourquoi la jeune génération perd foi en l’ONU, a-t-elle déploré.  « Que feront donc les futures générations si ce système n’est pas à la hauteur? »  Elle a donc souhaité « que les jeunes soient associés pour faire bouger les choses », notamment en les impliquant au niveau local, ou encore en créant des espaces d’expression qui leur soient dédiés.  Cela peut commencer avec le Sommet de septembre au Siège de l’ONU, a-t-elle suggéré.

M. LUIS GALLEGOS CHIRIBOGA (Équateur) a dit que les progrès économiques et sociaux doivent être faits en respectant la nature.  Le Programme 2030 requiert des moyens financiers pour sa mise en œuvre ainsi que des transferts de technologies.  Le représentant a souligné l’importance du principe de « responsabilité commune mais différenciée » dans la réalisation des objectifs de développement durable tout en assurant que le Programme 2030 est devenu la politique de développement de l’État en Équateur.  Le représentant a insisté sur l’importance des transferts de connaissance respectant la culture.  Il a aussi reconnu la nécessité de lutter contre l’évasion fiscale, les flux financiers illicites et la corruption.  Concernant les changements climatiques, il s’est dit favorable à une approche fondée sur les droits de l’homme.

Mme MILICA PEJANOVIĆ ĐURIŠIĆ (Monténégro) a dit que son gouvernement était le premier pays à s’être présenté à l’examen national volontaire en 2016.  Des progrès dans la gouvernance et la réalisation du Programme 2030 ont été enregistrés depuis, a-t-elle ajouté.  Elle a indiqué que le Gouvernement avait intégré 232 indicateurs de développement durable dans son plan national de développement.  Le pays a également défini un modèle d’augmentation de la productivité et mené une politique de réduction des émissions de gaz à effet de serre en augmentant les investissements dans l’énergie propre. 

Mme MARIA THEOFILI (Grèce) a rappelé que son pays a présenté son examen volontaire l’an dernier.  Le plan national de mise en œuvre des objectifs de développement durable est en cours et le pays entend investir dans une éducation de bonne qualité, condition préalable à l’accès à un travail décent.  Sur le plan environnemental, des progrès ont été réalisés et le passage à une économie circulaire à faible utilisation de carbone est également en bonne voie.  La déléguée a assuré que la Grèce est attachée à la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, avant de confirmer l’engagement hellénique en faveur des objectifs de développement durable.

M. CRAIG JOHN HAWKE (Nouvelle-Zélande) a estimé que la mise en œuvre des objectifs de développement durable passe par des décisions courageuses pour une transformation des économies.  Il est par exemple question de se départir du carbone.  En tout cas, la Nouvelle-Zélande a opté pour le bien-être de sa population.   C’est pourquoi un « budget axé sur le bien-être » a été récemment adopté, une première dans le pays, a dit le délégué.  En tant que pays du Pacifique, la Nouvelle-Zélande apporte son soutien aux petits États insulaires en développement (PEID) de sa région.  Pour lutter contre les changements climatiques, la Nouvelle-Zélande a pris des mesures appropriées, notamment dans le domaine agricole, a dit M. Hawke en assurant que le pays entend partager son expérience avec d’autres États.

M. DEE-MAXWELL SAAH KEMAYAH, SR (Libéria) a demandé à la communauté internationale d’accélérer la mise en œuvre du Programme 2030 en mobilisant les ressources financières nécessaires comme prévu dans le Programme d’action d’Addis-Abeba pour le financement du développement.  Le Liberia promeut la justice, la démocratie, l’ouverture économique et l’accès à l’information, a assuré le représentant.  Le Liberia va, a-t-il annoncé, présenter une résolution à l’Assemblée générale pour faire de la journée du 28 septembre la « Journée mondiale de l’accès à l’information ».  En outre, le Liberia fera une présentation dans le cadre de l’examen national volontaire en 2020.

Pour MAURO VIEIRA (Brésil), la réalisation du Programme 2030 suppose la transformation structurelle des sociétés.  Le Brésil a ainsi entamé récemment des réformes d’envergure pour aller de l’avant.  Le représentant a demandé de ne pas perdre de vue l’esprit du Programme 2030 qui est de « ne laisser personne de côté ».  La priorité du Brésil est l’objectif 16 de développement durable sur la paix et la justice.  Pour ce faire, le Gouvernement a adopté des mesures en faveur de l’état de droit et a jeté les bases pour réaliser « l’avenir que nous voulons », leitmotiv du Programme 2030.

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a rappelé que les progrès sont lents pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable.  Il a estimé que le développement durable n’a pas de sens sans le respect du droit.  Il a aussi insisté sur la transversalité du Programme, précisant qu’aucune solution durable ne sera possible si l’on travaille seul.  C’est pourquoi la Belgique plaide pour un multilatéralisme efficace pour faire avancer les objectifs nationaux et internationaux.  Enfin, la Belgique plaide pour l’accélérations des efforts, à commencer par le Sommet de septembre.

M. ANDREJS PILDEGOVIČS (Lettonie) a déclaré que son pays entend poursuivre ses efforts pour améliorer les conditions de vie de sa population, y compris par une économie résiliente et à faible consommation de carbone.  Les inégalités de salaires et de chances seront aussi parmi les priorités du Gouvernement.  Le représentant a aussi indiqué que la Lettonie poursuit ses efforts dans la lutte contre les changements climatiques.  Il a terminé en se félicitant du fait que la délégation lettone au Forum politique de cette année compte en son sein un jeune, une première pour ce pays.

M. ZHAOXU MA (Chine) a dit que le développement est la clef pour trouver des solutions à tous les problèmes des pays.  Le Programme 2030 est « un modèle pour tous » en ce qu’il est axé sur la personne humaine.  Pour le réaliser, le représentant a appelé à favoriser le multilatéralisme, la coopération internationale, notamment la coopération Sud-Sud.  Il a lancé un appel particulier aux pays développés pour qu’ils respectent leurs engagements en termes d’APD.  Aux pays en développement, il a demandé de renforcer la coopération Sud-Sud et d’intégrer les objectifs de développement durable dans leurs plans de développement à long terme.  Ces pays doivent aussi mettre l’accent sur les infrastructures, le renforcement des capacités et un environnement sain, a-t-il ajouté.

Le représentant a également plaidé pour que le commerce mondial soit fondé sur les quatre valeurs de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  Il a demandé que l’on aide les pays en développement à mieux s’intégrer dans l’économie mondiale, notamment dans le projet de la « Route de la soie. »  En ce qui concerne la Chine, le représentant a dit que la mise en œuvre du Programme 2030 a permis d’obtenir des résultats plus tôt que prévus, ce qui aidera à orienter les actions futures.  La Chine veut partager son expérience en matière de développement, a—t-il assuré.

M. TAYE ATSKESELASSIE AMDE (Éthiopie) a appelé à agir, car l’heure tourne: « nous devons renouveler notre engagement collectif à protéger la planète ».  L’élimination de la pauvreté et le développement inclusif restent la priorité, a-t-il dit.  L’Éthiopie a d’ailleurs mis en œuvre une politique en faveur des pauvres pour inclure les groupes marginalisés.  En dépit des progrès, il nous faut accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement durable, a reconnu le délégué en disant que son gouvernement avait mis en place son programme de développement à l’horizon 2030.  Avant de terminer, M. Made a souligné l’importance du partenariat mondial qui doit s’accompagner du multilatéralisme et d’actions véritables, ainsi que de l’appui financier et technologique. 

M. MACHARA KAMAU, Secrétaire principal au Ministère des affaires étrangères du Kenya, a dit que son gouvernement entend arriver à la gratuité de l’éducation primaire et secondaire.  De même, le pays entend créer des emplois décents en misant notamment sur le secteur manufacturier.  De même, un fonds de péréquation a été constitué pour garantir l’équité et ne pas faire de laissés pour compte.  M. Kamau a aussi souligné que son gouvernement a pris des mesures pour assurer la reddition de la justice à tous les Kényans.  Et dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, les autorités ont établi 131 indicateurs et entendent renforcer les institutions de statistiques.  

M. BAKHTIYOR IBRAGIMOV (Ouzbékistan) a dit que 2019 est l’année des investissements sociaux dans son pays, notamment en faveur des domaines comme l’éducation des jeunes.  Il a évoqué une conférence prévue en fin d’année dans son pays sur l’avenir de la mer d’Aral.  Il a expliqué que l’asséchement de cette mer constitue un double défi -écologique et économique- pour toute la région.  C’est pourquoi l’ONU et la Banque mondiale ont été associées à une initiative régionale de développement autour de la mer d’Aral.

Mme PENNELOPE ALTHEA BECKLES (Trinité-et-Tobago) a dit que, dans la réalisation du Programme 2030, son gouvernement a mis l’accent sur la fourniture d’une éducation de qualité à tous les citoyens.  Le pays s’est aussi focalisé sur l’objectif de l’accès à l’emploi décent en mettant en place une stratégie pour l’emploi et en élaborant un code de travail.  Il a également développé une politique de protection sociale et une stratégie inclusive d’éradication de la pauvreté.  Des mesures ont été prises contre les incidences des changements climatiques et en matière de sécurité publique, a ajouté la déléguée.

M. JAN KICKERT (Autriche) a déclaré que l’éducation pour tous est essentielle pour relever les défis socioéconomiques et environnementaux.  Pour y parvenir, le Gouvernement a développé la formation professionnelle.  Il consacre 5,8% du PIB à l’éducation, a ajouté le délégué.  Conscient du rôle crucial que jouent les PME, qui constituent 90,5% des entreprises, le Gouvernement a donné la priorité à la coopération et au dialogue avec ce secteur.  S’agissant de l’atténuation de l’incidence des changements climatiques, 10 000 jeunes participent chaque vendredi à l’action climatique, a signalé le représentant avant de souligner l’importance de la paix et de la sécurité pour garantir un développement durable.

M. ABDULLAH AL-SAADI (Yémen) a affirmé que le Programme 2030 ne sera pas réalisé si le monde continue sur sa trajectoire au rythme actuel.  Les guerres et les conflits armés siphonnent l’aide humanitaire et dispersent l’aide internationale nécessaire au développement durable, a protesté le représentant.  M. Al-Saadi a aussi dénoncé le coup d’État des houthistes qui ont privé le peuple yéménite de la possibilité de réaliser le Programme 2030.  Il a demandé à la communauté internationale de passer de l’aide d’urgence à l’aide économique pour son pays qui souhaite développer les zones libérées.  « Nous voulons reconstruire principalement le système éducatif car c’est l’une des clefs pour réaliser l’égalité entre les hommes et les femmes », a déclaré le représentant.  Il a aussi indiqué que son pays ne pouvait pas faire face « seul » aux impacts négatifs des changements climatiques.

M. FRANCISCO ANTÓNIO DUARTE LOPES (Portugal) a plaidé pour un multilatéralisme efficace et une ONU renforcée.  Un rapport annuel de mise en œuvre des objectifs de développement durable, le second du genre, vient d’être publié dans le pays qui avait présenté son examen national volontaire en 2017, a-t-il signalé.  Il a expliqué que la réduction des inégalités est prioritaire au Portugal, même si de nombreux défis persistent.  Le pays entend pleinement mettre en œuvre l’Accord de Paris et espère parvenir à la neutralité en carbone d’ici à 2050.  M. Lopes a enfin appelé au renforcement des partenariats pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  C’est dans le cadre d’un partenariat avec le Kenya que Lisbonne accueillera le prochain Sommet des Nations Unies sur les océans, en juin 2020.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a dit qu’en moins de 10 ans, le pays a triplé son PIB, ce qui a permis d’adopter des politiques de lutte contre les inégalités.  Ainsi, le taux de pauvreté est passé de 38% en 2005 à 15% en 2018.  En outre, la Bolivie est le pays qui a le taux de chômage le plus bas d’Amérique latine, avec un taux de 4,2%, s’est-il félicité.  Il a expliqué que ces avancées ont été faites grâce à la nationalisation des entreprises dans les secteurs clefs et grâce aux revenus tirés de l’exploitation des ressources naturelles qui bénéficient désormais au peuple.

Conclusion du Forum de haut niveau pour le développement durable

Le Forum a adopté son projet de rapport (E/HLPF/2019/L.1), tout en chargeant la Présidente de l’ECOSOC de le finaliser ultérieurement.

Mme AMINA J. MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a rappelé le caractère spécial de cette session du Forum en ce qu’elle a servi à préparer la première édition du Forum sous les auspices de l’Assemblée générale, prévue en septembre prochain.  Elle a ensuite dit avoir retenu trois messages.

Le premier est l’importance de lutter en faveur de « l’inclusion », une question longuement abordée au cours des travaux.  Ainsi, il est important de faire plus pour soutenir les plus vulnérables, y compris les migrants, les femmes et les personnes handicapées.  Il faut aussi, a—t-elle préconisé, investir davantage pour lutter contre la faim, ou encore en faveur de l’autonomisation des jeunes.  Enfin, toujours pour garantir l’inclusion, il faut tout mettre en œuvre pour prouver que les inégalités ne sont pas inévitables.

Son second message concerne l’objectif 16 de développement durable sur « la justice et les institutions efficaces ».  Pour la Vice-Secrétaire générale, les institutions efficaces sont le fondement même de la mise en œuvre des objectifs de développement durable dans leur ensemble.

Enfin, Mme Mohammed avait comme troisième message l’appel à « plus d’engagement politique ».  Elle a salué ces pays qui ont présenté leur examen volontaire devant le Forum politique.  Selon elle, « alors que le multilatéralisme est remis en question, il est important de voir combien les pays se sont appropriés les objectifs de développement durable » comme le témoignent leurs exposés.  Notant aussi que les changements climatiques ont été maintes fois mentionnés au cours du Forum, elle a souhaité que des mesures concrètes soient prises au cours du Sommet de septembre qui sera consacré à cette question.  Elle a également appelé les décideurs à prendre des engagements forts au cours des quatre autres sommets qui se dérouleront en septembre au Siège de l’ONU, avant de plaider pour que la communauté internationale écoute davantage les jeunes et les enfants, afin de savoir qu’elles sont leurs attentes.

Déclaration de clôture

Mme INGA RHONDA KING, Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a dit en clôture que « même si le tableau d’ensemble est mitigé, nous avons fait des progrès parfois en dépit de la politique et de vents contraires ».  Certes, nous ne sommes pas sur la bonne voie à l’heure actuelle pour réaliser le Programme 2030, mais nous aspirons toujours à atteindre « le monde que nous voulons » à cette échéance, a-t-elle relevé.  « Nous comprenons l’importance stratégique de réaliser les objectifs de développement durable et d’arrêter les changements climatiques. »  Pour cela, nous devons sortir de notre zone de confort en prenant collectivement de nouvelles voies, a-t-elle recommandé.  « Nous devons nous adapter et nous transformer à un rythme plus rapide. »

Mme King a rappelé que le débat du Forum avait permis de savoir comment les pays font pour concrétiser et intégrer les objectifs de développement durable dans leur plan de développement en s’inspirant du Programme 2030, avec une attention particulière sur les actions qui ont des effets potentiellement multiplicateurs.  Nous devons également traduire ces objectifs en budgets et les intégrer dans les stratégies de financement, a-t-elle prôné en se montrant confiante: « Nous pouvons faire tout cela ».

La Présidente de l’ECOSOC a rappelé que le Forum avait examiné et analysé les progrès dans les six objectifs de développement au menu de cette session.  Les participants ont souligné le potentiel de la réalisation des objectifs de développement durable pour soutenir l’autonomisation, l’égalité et l’inclusion.  Les actions prévues par les pays contribueront à accélérer la mise en œuvre du Programme et aideront renforcer la cohérence et l’intégration des efforts au niveau des pays et partout dans le monde, a déclaré Mme King. 

La Présidente a jugé essentiel de lancer « une décennie d’action ambitieuse » qui mettra le monde sur une nouvelle trajectoire pour réaliser les objectifs de développement durable.  Ce faisant, nous pouvons démarrer rapidement une nouvelle phase de mise en œuvre dans le cadre d’une action concertée et transformatrice pour mettre fin à la souffrance humaine et protéger notre planète, a-t-elle recommandé.  Elle a dit que septembre 2019 sera l’occasion de présenter aux États Membres et aux autres parties prenantes les messages du Forum politique, durant les réunions du Sommet du développement durable, du Forum politique placé sous les auspices de l’Assemblée générale, du Sommet sur l’action climatique, ainsi que lors des réunions de haut niveau sur la couverture sanitaire universelle, le financement du développement et les Orientations de Samoa. 

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