Session de 2019, Forum de la jeunesse,
2e et 3e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6968

Forum de la jeunesse: loin d’être des « spectateurs silencieux », les jeunes ont besoin de l’espace adéquat pour donner toute la mesure de leur talent

Les jeunes, qui ne sont pas « des spectateurs silencieux », n’ont besoin ni de bonnes intentions ni d’aide, mais des outils et de l’espace auxquels ils ont droit pour pouvoir pleinement s’épanouir, a déclaré la Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), Mme Inga Rhonda King, en clôturant les deux jours du Forum de la jeunesse, en présence du Secrétaire général de l’ONU.

Sur le thème « Des jeunes autonomisés, intégrés et égaux », le Forum a permis aux moins de 35 ans de revendiquer leur place dans les processus de prise de décisions politiques, économiques et sociales, au moment où la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 accuse déjà du retard.  Le message a été clair: pour devenir de véritables agents du changement et le moteur de la mise en œuvre du Programme 2030, les jeunes doivent pouvoir faire entendre leur voix dans toutes les enceintes nationales, régionales et internationales. 

Les 34 ministres, nombreux experts et 800 jeunes se sont mis d’accord pour dire que l’éducation et la formation sont le meilleur investissement dans le développement de la jeunesse, même si la génération du « millénaire », la plus éduquée, est aussi celle qui a le plus de mal à trouver un emploi.  L’adéquation entre les compétences des jeunes et l’offre sur le marché du travail, en cette ère de « quatrième révolution industrielle », a été dûment soulignée, le Népal avouant que, dans des pays comme le sien, la fracture numérique et la fuite des cerveaux compliquent sérieusement l’équation du dividende démographique. 

Pour trouver des solutions, les jeunes doivent envahir la sphère politique.  Or, à ce jour, les moins de 35 ans ne représentent que 6% des parlementaires du monde.  Comme l’a martelé la représentante de l’Union internationale des jeunes socialistes, pour des sociétés plus inclusives et plus égalitaires, il faut plus de jeunes décideurs.  « Considérez-nous comme des citoyens à part entière et reconnaissez nos droits et notre capacité de transformer nos sociétés », a plaidé la Fondatrice et Directrice du « Millenials Mouvement ». 

La Présidente de l’Assemblée générale a assuré que l’appel à une meilleure participation des jeunes n’est pas un « coup de pub ».  À la veille du Sommet sur les objectifs de développement durable, prévu en septembre, le cofacilitateur du futur « document final » a invité les jeunes à s’imprégner du rapport rédigé par des experts et des chercheurs.  Leur attention a aussi été attirée sur deux autre rendez-vous importants: le Forum politique de haut niveau, en juillet, et le Sommet sur l’action climatique, en septembre.

« L’élan doit changer, et sans vous, nous ne pourrons pas avancer », a avoué la Présidente de l’ECOSOC.  « Vous avez un partenaire dans les Nations Unies », a ajouté le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, qui a rappelé que la Stratégie pour la jeunesse qu’il a lancée en septembre dernier cherche à produire des changements tangibles grâce à un travail avec les jeunes.  Le but de cette stratégie est de faire en sorte que l’Organisation réponde mieux aux besoins des jeunes et prenne en compte leurs contributions pour faire des objectifs de développement durable une réalité pour tous.

« Pour rendre notre travail pertinent et efficace, nous avons besoin de vos idées, de votre énergie et de votre créativité », a conclu le Secrétaire général.  « Vous devez être le changement dont nous avons besoin et vous devez pousser vos leaders dans les gouvernements, les villes et le secteur privé à se montrer plus ambitieux et à faire ce qu’il faut pour la planète et ses habitants. »

En deux jours, le Forum a tenu de très nombreuses tables rondes, en se concentrant sur la mise en œuvre de six des 17 objectifs de développement durable relatifs à l’éducation de qualité, à la croissance inclusive et à l’emploi décent, à la réduction des inégalités, à l’action climatique, à la promotion de sociétés pacifiques et inclusives et aux partenariats et moyens de mise en œuvre. 

FORUM DE LA JEUNESSE SUR LE THÈME: « DES JEUNES AUTONOMISÉS, INTÉGRÉS ET ÉGAUX »

Table ronde interactive sur le thème: « Les investissements dans le développement de la jeunesse; financement et autres moyens de mise en œuvre »

La table ronde avait pour modérateur M. OLIVER SCHWANK, du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU, qui a voulu axer les discussions sur les moyens, financiers ou autres, d’aider les jeunes à réaliser leur potentiel dans le cadre de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  À l’instar de la Ministre de la jeunesse des Émirats arabes unis, qui a pris ses fonctions à l’âge de 22 ans, tous les intervenants se sont mis d’accord pour dire que l’éducation et la formation sont le meilleur investissement dans le développement de la jeunesse.  Mais qu’en est-il de l’adéquation entre les compétences et l’offre sur le marché du travail?  Comme l’a relevé le modérateur, la génération du « millénaire » est la génération la plus éduquée mais aussi celle qui a le plus de mal à trouver un emploi.  Les représentants des jeunes du Mexique ou de la Chine ont insisté sur l’éducation et la formation aux technologies numériques.  La question est en effet d’assurer l’emploi des jeunes dans cette « quatrième révolution industrielle », et la réponse passe, selon l’Espagne, par la remise à niveau des curriculums publics. 

Une mise en garde est cependant venue du modérateur qui a alerté sur le fossé technologique.  Si les nouvelles technologies peuvent créer des opportunités d’emploi pour les jeunes, elles peuvent aussi creuser l’écart entre ceux du monde développé et ceux du monde en développement, ce qui a conduit la représentante du Grand groupe des jeunes à exiger la « justice technologique ».  La fracture numérique et la fuite des cerveaux sont les deux principaux facteurs qui compliquent l’équation du dividende démographique, a renchéri le Népal.  Les intervenants n’ont pas pour autant nié l’importance des « compétences générales » qui s’acquièrent surtout dans l’éducation informelle et le bénévolat.  La représentante du Ministère de l’éducation du Cambodge a particulièrement défendu le bénévolat en ce qu’il permet aux jeunes de toucher du doigt les réalités socioéconomiques de leur pays. 

L’éducation et la formation, oui, mais il faut aussi investir dans la créativité des jeunes.  Le Ghana, par exemple, a créé un fonds de 10 millions de dollars pour soutenir les « start-ups ».  L’Ukraine a signé un « Pacte pour la jeunesse » qui a conduit à la création d’une plateforme d’échanges entre les jeunes, le monde des affaires, le Gouvernement et le secteur de l’enseignement.  Compte tenu d’un taux chômage de 10% à 12% parmi les jeunes, l’Azerbaïdjan a préconisé la mise en place au sein de l’ONU d’un « comité de coordination » sur la question.  Un comité interministériel a d’ailleurs été créé à la Grenade pour soutenir les activités menées dans le cadre du partenariat entre entreprises et acteurs sociaux, globalement axés sur l’éducation, la formation professionnelle, la santé et l’emploi.  En l’occurrence, le représentant de l’Association internationale des étudiants en médecine a insisté sur la nécessité d’assurer l’intégration des jeunes marginalisés.

À ce propos, le Directeur pour l’éducation et les jeunes de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a attiré l’attention sur le fait que son institut à Dakar aide déjà les États à élaborer des politiques et stratégies efficaces en faveur des jeunes dans la perspective du Programme 2030.  Vantant à son tour les mérites du partenariat, le Conseiller spécial pour la jeunesse des États-Unis a rappelé que ce sont souvent les contextes dans lesquels ils vivent qui jettent les jeunes dans les bras du terrorisme ou de la criminalité organisée.  Conscient de ce fait, le Paraguay a pris l’initiative d’installer des bibliothèques dans les zones marginalisées. 

Le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Turquie a fait la promotion du centre des Nations Unies pour les jeunes que son président a proposé d’accueillir à Istanbul.  Les bonnes politiques et stratégies se fondant sur des données fiables, le Ministre de la jeunesse du Koweït et le représentant de la Fédération mondiale des associations pour les Nations Unies (WFUNA) ont appelé à des investissements massifs dans ce domaine.  En attendant, le Ministre de la jeunesse et des sports de la Serbie a invité les jeunes du monde entier à venir cette année « dans la capitale de la jeunesse, Novi Sad », qui organise une série de manifestations avec et pour eux.  « Lorsque les jeunes parlent aux jeunes, les messages sont généralement mieux compris », a souligné le représentant de la WFUNA.

Dialogue interactif sur le thème: « La jeunesse, la paix et la sécurité: défis et perspectives »

Facilité par la Présidente de l’Assemblée générale, Mme MARÍA FERNANDA ESPINOSA GARCÉS, le dialogue a été l’occasion de rappeler qu’un tiers des jeunes dans le monde vit dans une situation de conflit, privés de tout, en particulier d’une éducation de qualité.  Comment faire en sorte que les jeunes contribuent à la paix au profit du développement durable?  Quelles mesures doit-on envisager pour changer les stéréotypes négatifs dont ils sont victimes?  Le soixante-quinzième anniversaire de l’ONU, a estimé la Présidente, doit servir à renforcer la participation des jeunes aux travail de l’Organisation car « nous ne serons pas capables de rendre l’ONU plus efficace et plus pertinente sans eux ».

Le modérateur, Coordonnateur pour l’Asie du « United Network of Young Peacebuilders (UNOY) » et Cofondateur de « Youth for Peace International », M. MRIDUL UPADHYAY, a cédé la parole aux jeunes experts, à commencer par Mme ANA PIRTSKHALAVA, de l’Union internationale des jeunes socialistes, qui a dénoncé la sous-représentation des jeunes dans le monde politique.  Que faire, s’est en effet interrogée la Présidente de l’Assemblée, pour inclure les jeunes dans la vie civique et politique?  Elle a rappelé que les moins de 35 ans ne représentent que 6% des parlementaires dans le monde.  Pourtant, a plaidé la jeune experte, les jeunes font la démonstration de leur talent lorsqu’ils en ont la chance, comme ici à leur huitième Forum.  Ils réclament leur place à table des négociations et aux processus de prise de décisions.  Pour des sociétés plus inclusives et plus égalitaires, il faut plus de jeunes décideurs, a-t-elle plaidé. 

La Présidente de l’Assemblée générale a appuyé l’idée des quotas et a ajouté que s’agissant du rôle des jeunes dans le maintien et la consolidation de la paix, la nouvelle Stratégie des Nations Unies pour la jeunesse offre une parfaite rampe de lancement.  L’appel à une meilleure participation des jeunes n’est pas un « coup de pub », a-t-elle assuré, puisque l’ONU se dote d’une véritable « approche structurelle ».  L’ONU doit être aussi courageuse que les jeunes palestiniens, a conseillé M. YAZAN GNEIM, du « Youth Leadership Programme-Palestine ».  En Palestine, a-t-il rappelé, les jeunes représentent 29% de la population, un taux presque deux fois plus élevé que le taux mondial.  Or, l’occupation israélienne n’a entamé en rien la résilience des milliers de jeunes gazaouis qui manifestent chaque semaine au péril de leur vie, revendiquant leur droit à la paix et à la sécurité, et leur liberté « de rire et de sourire sans crainte ».  Dénonçant la « politisation » du Forum, la représentante des jeunes israéliens a prévenu que tant que ses pairs palestiniens choisiront la violence, il n’y aura pas de paix.  Elle a accusé le Gouvernement palestinien de financer des terroristes avec l’argent reçu des partenaires au développement. 

Qu’en est-il de l’Amérique latine?  Comment les jeunes s’impliquent-ils dans la réconciliation et la justice? a demandé le modérateurFondatrice et Directrice de « Millenials Mouvement », Mme ROSARIO DEL PILAR DIAZ GARAVITO a commencé par rappeler que les jeunes fuient la région pour échapper aux inégalités, à la violence et aux conséquences dévastatrices des changements climatiques, sans espoir que leurs dirigeants puissent relever les défis de la quatrième révolution industrielle.  Pour nous convaincre, a dit la jeune experte, il faut nous considérer comme des citoyens à part entière et reconnaître nos droits et notre capacité de transformer nos sociétés.  Nous sommes déjà, a-t-elle expliqué, très mobilisés dans le Programme 2030 et nous défendons les valeurs civiques contre la violence.  Nous sommes déjà capables, a-t-elle encore plaidé, de dégager un consensus et nous serions encore plus capables de combattre les problèmes dont la corruption dans des démocraties plus ouvertes.  Un jeune du Mexique a d’ailleurs témoigné de l’action que mènent des jeunes pour promouvoir la culture de la paix et la reconstruction du tissu social dans les zones rurales.

En Afrique, a indiqué la représentante de l’Institut Aurum, Mme FARAI MUBAIWA, c’est aussi l’exclusion politique, sociale et économique des jeunes qui freine les jeunes, alors qu’autonomisés, intégrés et égaux, ils pourraient transformer le monde.  Il est regrettable, a d’ailleurs avoué un jeune du Niger, que bien souvent, l’engagement positif des jeunes ne soit pas relayé par les médias.  Il a parlé des initiatives des jeunes dans l’accueil de plus de 400 000 réfugiés au Niger et dans la mise en place de mécanismes d’alerte précoce contre Boko Haram.  La Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé a mis l’accent sur la protection particulière à apporter aux filles et le respect des normes de justice internationales pour les enfants impliqués dans les conflits.  Puisqu’il s’agit de l’ONU, une jeune de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a dénoncé le fait que les stagiaires de l’Organisation ne perçoivent aucun salaire.  L’action des jeunes dans les processus de paix est directement liée à la lutte contre les inégalités et leur rôle décisif restera une constante dont l’ONU doit tenir compte, a conclu la Présidente de l’Assemblée générale

Table ronde interactive sur le thème: « Un regard tourné vers l’avenir: dialogue sur le Sommet sur le développement durable du Forum politique de haut niveau »

La modératrice, Mme NOURA BERROUBA, a rappelé que quatre années se sont écoulées depuis l’adoption de Programme 2030.  À la veille du Sommet sur le développement durable, prévu en septembre, elle a appelé les jeunes à une réflexion de fond sur les meilleures pratiques et politiques.  Faites-moi part de vos idées, a encouragé Mme SHEILA GWENETH CAREY, cofacilitatrice pour la déclaration du Sommet sur le développement durable et Représentante permanente des Bahamas.  Elle a en effet expliqué aux jeunes que les négociations sur le « document final » du sommet de septembre commencent en amont, sous la forme de consultations avec les États et les grands groupes régionaux, mais aussi avec des fora pertinents comme le Forum de la jeunesse.  Il s’agit, s’est-elle expliquée, de consacrer, une nouvelle fois, l’égalité entre tous les 17 objectifs de développement durable et de souligner l’importance qu’il y a à les mettre en œuvre simultanément.  C’est une tâche de « grande ampleur », et, à ce stade, les cofacilitateurs sont à « la phase d’écoute ». 

L’autre cofacilitateur, et Représentant permanent d’El Salvador, a tenu à souligner que cette rencontre n’est que « le pic de l’iceberg ».  Il faut envisager la semaine de septembre dans son ensemble et en attendant, il a invité les jeunes à s’imprégner du rapport rédigé par des experts et des chercheurs. 

Restitution des discussions sur les six objectifs de développement durable à l’examen

La modératrice, Mme BERROUBA, a prié les rapporteurs de mettre l’accent sur les priorités dont les jeunes souhaitent débattre au Forum politique de haut niveau, en juillet, et au Sommet sur le développement durable, en septembre.  Les six objectifs à l’examen sont l’éducation de qualité, la croissance inclusive et le travail décent, la réduction des inégalités, l’action climatique, les sociétés pacifiques et inclusives et les partenariats et moyens de mise en œuvre. 

S’agissant de l’éducation de qualité, le Cameroun a indiqué que les jeunes ont insisté sur leur droit à l’éducation et la formation permanente à un coût abordable.  Ils ont aussi attiré l’attention sur l’accès des groupes marginalisés à l’éducation et la nécessaire diversité des enseignants.  Les jeunes n’ont pas oublié l’éducation aux droits de l’homme.  La représentante du Groupe des États arabes a plaidé pour que la voix des jeunes de sa région soit mieux prise en compte.  Les Nations Unies, a-t-elle ajouté, doivent promouvoir des récits positifs sur les jeunes, en tant qu’agents du changement mais un changement pacifique.

Quant au travail décent et aux partenariats, la Chine a souligné le potentiel des jeunes dans cette « quatrième révolution industrielle ».  Les jeunes, qui se débrouillent très bien dans le domaine de la technologie, doivent bénéficier d’une aide.  Ils doivent pouvoir devenir eux-mêmes des créateurs d’emplois.  Le Directeur général de l’Organisation international du Travail (OIT), M. GUY RYDER, a reconnu que même si le chômage baisse au niveau mondial, de nombreux chômeurs se comptent toujours parmi les jeunes et lorsqu’ils ont du travail, le salaire ne suffit pas pour vivre décemment, quand ils ne sont pas cantonnés à des emplois non qualifiés.  Nous sommes loin des objectifs fixés, a-t-il reconnu, soulignant que son organisation a décidé de consacrer son centenaire à « l’avenir du travail » lequel dépendra des décisions et des politiques.  Avocat des jeunes africains, le Botswana a réclamé des accords de libre-échange entre l’Afrique et les autres continents.  Il faut encourager les partenariats, ont ajouté les Philippines, en parlant de l’ONU et du secteur privé.  Il faut vraiment écouter les jeunes, a pressé le Directeur général de l’OIT.  Nous avons fait beaucoup d’erreurs et il nous appartient aujourd’hui de nouer des partenariats pour aller de l’avant.

Pour ce qui est de la réduction des inégalités, la représentante de « European Youth Forum » a jugé qu’il est temps que les États se réveillent.  Les défis ne changent pas: discrimination fondée sur l’âge et discriminations croisées sur l’âge, le sexe, la race, les origines, la religion, la nationalité.  Les jeunes, a-t-elle dit, réclament leur place dans l’élaboration des politiques sur l’éducation et l’emploi.  Certains ont milité pour l’interdiction des stages non rémunérés et l’abaissement de l’âge du vote à 16 ans. 

Concernant l’action climatique, l’Équateur a relayé l’idée d’inscrire la question des changements climatiques dans les cursus scolaires pour changer les comportements.  Les jeunes, a-t-il ajouté, ont plaidé pour l’économie sans carbone, le recours à l’énergie propre et des emplois verts.  Le représentant de l’Amérique latine a insisté sur le partenariat avec le secteur privé et pour l’enseignement des objectifs de développement durable.  C’est la seule façon de faire des jeunes de véritables acteurs dans la lutte contre le contre les changements climatiques.  Quant aux sociétés pacifiques et inclusives, la Gambie a insisté sur la place des jeunes dans les processus décisionnels, en particulier dans le maintien et la consolidation de la paix. 

Je veillerai, a promis l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse, Mme JAYATHMA WICKRAMANAYAKE, à ce que les recommandations des jeunes soient prises en compte.  Il faut accentuer le sentiment d’urgence car sans les jeunes, le Programme 2030 est voué à l’échec.  Les jeunes filles, les jeunes femmes, les personnes handicapées et tous les marginalisés doivent être au cœur de nos efforts, en particulier dans le cadre de la Stratégie des Nations Unies pour la jeunesse. 

N’oublions pas que le Programme 2030 a été conçu pour les générations futures, a renchéri le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. LIU ZHENMIN.  Les jeunes doivent donc être au premier plan des mesures de mise en œuvre, d’autant qu’en cette ère de quatrième révolution industrielle, leur talent technologique est précieux.  Nous comptons travailler étroitement avec le système des coordonnateurs résidents, après avoir publié, l’année dernière, le premier Rapport mondial sur les jeunes et le développement durable.  Le partenariat mondial qui a été lancé en 2018 nécessite la participation des jeunes et nous ne cessons de rechercher de nouvelles mesures pour le développement des jeunes, a insisté le Secrétaire général adjoint.  Il faut des lois et de l’argent, et les jeunes doivent faire pression sur leurs gouvernements pour les obtenir, ont encouragé les cofacilitateurs du document final du Sommet sur le développement durable.

Déclarations de clôture

Nous nous battons pour les mêmes buts, a estimé M. RAKOEN MAERTENS, délégué des ONG auprès des Nations Unies.  Nous devons surmonter ensemble les obstacles car notre diversité nous rend fort.  Le Forum prend fin aujourd’hui mais il faut continuer à avancer nos arguments dans nos pays respectifs demain, dans un mois, dans une année, et poursuivre le travail avec les réseaux que nous avons créés ici.  Le délégué a appelé à la multiplication des conseils de jeunes et à une bonne mise en œuvre de la Stratégie des Nations Unies pour la jeunesse « car elle nous aidera à nous autonomiser ». 

Le Secrétaire général de l’ONU, M. ANTÓNIO GUTERRES, qui a dit partager l’inquiétude des jeunes, s’est engagé à tout faire pour que l’ONU travaille avec eux et donne vie à leurs espoirs.  Notre monde est mis à l’épreuve à bien des égards, a-t-il reconnu en citant les crises climatiques, le niveau insoutenable du chômage des jeunes, les inégalités croissantes entre riches et pauvres, la répression des dissidents et l’opposition marquée à notre marche pour l’égalité entre les sexes.  Pourtant, si nous ne faisons pas face aux défis sociaux, économiques et environnementaux, nous ne pourrons pas réaliser les objectifs de développement durable, a poursuivi le Secrétaire général. qui a dit prendre toute la mesure de l’opportunité unique du Programme 2030 pour mettre fin à la pauvreté et permettre l’accès de tous à la prospérité et à une vie sur une planète saine.

Chacun des défis a un dénominateur commun: l’exigence pour ceux qui tiennent les rênes du pouvoir d’être à la hauteur de leurs responsabilités et de faire ce qu’il faut pour la planète et ses habitants.  Le Secrétaire général s’est dit encouragé par la présence d’autant de jeunes engagés.  Même s’ils ne forment pas un groupe homogène, ils sont « le paratonnerre du changement ».  Vous avez le courage et la persistance qui manquent souvent à vos aînés, a admis le Secrétaire général.  C’est en effet votre avenir, vos libertés, votre sécurité et votre environnement qui sont en jeu. 

Vous avez un partenaire dans les Nations Unies, leur a-t-il assuré, en rappelant que la Stratégie pour la jeunesse qu’il a lancée en septembre dernier cherche à produire des changements tangibles grâce au travail avec les jeunes.  Le but de cette stratégie est de faire en sorte que l’Organisation réponde mieux aux besoins des jeunes et prenne en compte leurs contributions pour faire des objectifs de développement durable une réalité pour tous.

Le Secrétaire général a dit avoir mis l’accent, dans ses rencontres avec des gouvernements, sur l’importance de politiques pour la jeunesse intégrées et bien financées, ainsi que sur l’intérêt de faire des jeunes des partenaires du développement durable et des participants aux processus de prise de décisions.  Il a aussi mis l’accent sur l’éducation de qualité et l’emploi décent pour tous les jeunes, un point d’autant plus critique qu’il y a aujourd’hui 64 millions de jeunes au chômage, un phénomène qui frappe plus fort les jeunes femmes.  Quelque 145 millions de jeunes sont des travailleurs pauvres et 617 millions de jeunes n’ont pas les connaissances de base en calcul et en lecture.

Le Secrétaire général s’est dit convaincu de la nécessité pour les gouvernements, la société civile et les partenaires internationaux d’augmenter les investissements dans la jeunesse, au risque de vouer à l’échec le Programme 2030.  Il faut faire face aux défis posés par la « quatrième révolution industrielle » qui apporte dans son sillage des pertes d’emplois, une exigence de nouvelles qualifications et un risque d’affaiblissement du contrat social.

« Pour rendre notre travail pertinent et efficace, nous avons besoin de vos idées, de votre énergie et de votre créativité », a dit le Secrétaire général en s’adressant aux jeunes.  Il a dit compter sur eux pour maintenir la pression, notamment à la veille du Sommet sur l’action climatique.  Il a aussi vu dans les jeunes des partenaires incontournables dans la lutte contre les discours de haine et pour l’entente interculturelle et interreligieuse et la tolérance.

Les jeunes, a conclu le Secrétaire général, doivent se mobiliser, activer leurs réseaux et participer aux manifestations axées sur eux, y compris dans la Journée pour la jeunesse et la Conférence mondiale des ministres chargés de la jeunesse, qui aura lieu à Lisbonne en juin 2019.

Mais par-dessus tout, « vous devez être le changement dont nous avons besoin et vous devez pousser vos leaders dans les gouvernements, les villes et le secteur privé à se montrer plus ambitieux et à faire ce qu’il faut pour la planète et ses habitants.

Votre passion, votre motivation, votre concentration et votre détermination sont à saluer, a déclaré la Présidente de l’ECOSOC, Mme INGA RHONDA KING, pour clôturer ces deux jours d’échanges intenses avec les jeunes.  Elle a décelé leur ferme engagement en faveur du Programme 2030, qu’elle a aussi appelé « le programme pour la jeunesse ».  Elle a en effet estimé que les 17 objectifs de développement durable sont le reflet de la richesse et de la complexité de la vie des jeunes.

« Les jeunes n’ont besoin ni de bonnes intentions ni d’aide », a-t-elle poursuivi.  Ils ont besoin des outils et de l’espace auxquels ils ont droit pour pouvoir pleinement s’épanouir.  Il est inacceptable que la société et les hommes politiques continuent à les traiter comme « des spectateurs silencieux ».  C’est la raison pour laquelle, a dit la Présidente, il faut investir dans l’éducation et la formation des jeunes, c’est la rampe de lancement de la réalisation des objectifs de développement durable.

L’emploi des jeunes, « cette urgence silencieuse », est une autre priorité absolue.  Mme King s’est dite heureuse à l’idée que des jeunes participeront demain à la séance que l’Assemblée générale tiendra sur le centenaire de l’Organisation internationale du Travail (OIT).  Elle a cité comme autres sources de préoccupations majeures, voire « existentielles », les inégalités qui se creusent et l’impact des changements climatiques.

Elle a salué la volonté des jeunes de s’engager activement sur ces fronts, y compris dans les processus de paix, et a exigé que leurs voix soient entendues.  Notant que le Forum s’inscrit dans le droit fil du Forum politique de haut niveau de juillet, du Sommet de l’Assemblée générale sur les objectifs de développement durable et du Sommet sur l’action climatique, Mme King a appelé les jeunes à rester mobilisés autour des objectifs de développement durable et à continuer à faire pression sur leurs gouvernements et obtenir d’eux qu’ils agissent contre les changements climatiques.  « L’élan doit changer, et sans vous, nous ne pourrons pas avancer », a-t-elle conclu en appelant tous les pays à faciliter l’engagement des jeunes « pour faire de notre planète un monde meilleur ».

 

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