8649e séance (reprise) – après-midi
CS/14012

Femmes, paix et sécurité: les États continuent d’appeler le Conseil de sécurité à mieux prendre en compte la situation des femmes dans les conflits

Le Conseil de sécurité a terminé cet après-midi son débat public sur « les Femmes et la paix et la sécurité », entamé la semaine dernière, avec un appel appuyé des États Membres à prendre davantage en compte les données concernant la condition des femmes et des filles dans les conflits.

Le 29 octobre, le Conseil de sécurité avait adopté à l’unanimité la résolution 2493 (2019) réclamant la « pleine » mise en œuvre des textes précédemment adoptés sur la question, en particulier la résolution 1325 (2000) qui fêtera l’an prochain ses 20 ans.  Une centaine d’orateurs s’étaient alors inscrits pour participer au débat qui n’avait pu être clos faute de temps. Aujourd’hui, ce sont une quarantaine de délégations qui ont pris la parole.

Force est de constater, ont noté de nombreux représentants, qu’alors que les femmes sont rarement à l’origine des conflits, elles en subissent les pires conséquences -physiques, psychologiques, économiques, sociales ou politiques- et qu’elles sont particulièrement ciblées par les violences et atteintes sexuelles, devenues une arme de guerre. 

Si les femmes et les filles souffrent de manière disproportionnée de multiples formes de violence, ceci mérite une analyse des conflits avec une perspective de genre, a défendu le Mexique.  Fidji a regretté également l’absence de données spécifiques concernant les femmes et les filles dans les conflits et réclamé qu’elles apparaissent davantage à tous les niveaux.  Ceci est d’autant plus nécessaire, a-t-il poursuivi, que de plus en plus, les opérations de maintien de la paix se déroulent dans des zones affectées par les changements climatiques dont les conséquences impactent davantage les femmes et les filles en affectant les ressources alimentaires et en eau.

Citant l’exemple de Boko Haram, le représentant du Nigéria a attiré l’attention sur les groupes terroristes qui ciblent régulièrement et spécifiquement les femmes et les filles dans son pays et les pays voisins.  Dans le nord-est du Nigéria, 80% des déplacés internes sont des femmes et des filles, a-t-il rapporté espérant que le débat offrirait des suggestions pour faire progresser le rôle des femmes dans le contexte de l’architecture de paix et de sécurité.

Le leadership et la participation significative des femmes devraient être intégrés à toutes les étapes du continuum paix-conflit, y compris la prévention des conflits, le maintien de la paix et la résolution des conflits ont avancé le Kenya et l’Inde.  Selon l’Inde, le Conseil de sécurité devrait d’ailleurs tenir compte des dispositions relatives aux femmes dans ses régimes de sanctions, en dressant par exemple la liste des entités terroristes perpétrant des actes violents contre des femmes. 

À l’issue de son propre processus de paix, un pays comme El Salvador a appris qu’il fallait aller au-delà de la simple présence des femmes pour leur donner voix au chapitre.

Le représentant du Bangladesh a attiré l'attention des 15 sur la situation des Rohingya du Myanmar et évoqué leurs « témoignages effroyables » de viols et de violences sexuelles.  Il a appelé le Conseil à prendre des mesures décisives et à se saisir de cette question en priorité. 

Tant que les femmes seront la cible de violences et de harcèlement, elles ne pourront participer pleinement à la vie civile et politique, a prévenu la déléguée d’Israël selon laquelle il faut « d’abord » investir dans l’éducation et faire évoluer les normes dans la société. 

Au Liban, les femmes sont descendues dans la rue « pour ne pas manquer leur rendez-vous avec l’Histoire », s’est enthousiasmée la représentante de ce pays. Pour défendre la démocratie, les libertés individuelles et sociales, les droits de l’homme, ces voix « magnifiques » ont fait barrière entre les forces de sécurité et les manifestants, a-t-elle ajouté.

En réponse à des affirmations contraires, la représentante du Soudan a assuré que la période de transition actuelle dans son pays garantissait la participation des femmes à la vie publique.

Enfin la Grèce, confrontée à une crise migratoire majeure, a indiqué qu’elle rédigeait son plan d’action national relatif à la résolution 1325 (2000) en accordant une place prioritaire aux femmes et aux filles réfugiées et migrantes.

LES FEMMES ET LA PAIX ET LA SÉCURITÉ

Sur la voie de la mise en œuvre des mesures concernant les femmes et la paix et la sécurité: passer des engagements aux réalisations concrètes pour préparer la commémoration du vingtième anniversaire de la résolution 1325 (2000) du conseil de sécurité – (S/2019/800, S/2019/801)

Suite des déclarations

Des lois discriminatoires aux obstacles institutionnels, en passant par les stéréotypes de genre et l’existence de structures à prédominance masculine, les causes de la sous-représentation des femmes dans les processus de paix sont bien connues, a affirmé M. MICHAL MLYNAR (Slovaquie).  À ses yeux, c’est seulement en cultivant le rôle de leadership des femmes que ces dernières seront en mesure de faire entendre leur voix à la table des négociations.  Aussi le représentant slovaque a-t-il jugé préoccupante la tendance actuelle au rétrécissement de l’espace public réservé aux défenseurs des droits des femmes.

Parallèlement, M. Mlynar a souligné combien les femmes demeuraient la cible de violences sexuelles et sexistes, notamment dans les conflits armés, où ces pratiques sont utilisées comme arme de guerre ou de façon à récompenser les combattants.  En cas de génocide et de nettoyage ethnique, a-t-il ajouté, les violences à l’encontre des femmes, comme les grossesses ou les stérilisations forcées, sont également utilisées pour empêcher un groupe donné de se reproduire.  Le représentant a cité l’ancien commandant de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), M. Patrick Cammaert: « Il est désormais probablement plus dangereux d’être une femme qu’un soldat lors d’un conflit armé .»  Pour M. Mlynar, la protection des femmes contre ces violences est indissociable de leur participation accrue aux processus décisionnels et de la pleine réalisation de leurs droits.

M. ENRIQUE JAVIER OCHOA MARTÍNEZ (Mexique) a fait savoir que la politique extérieure du Mexique est ouvertement féministe et que le Parlement et le Gouvernement sont composés à part égale de femmes et d’hommes.  Le représentant a jugé inconcevable qu’en 2019 il reste encore des différences de droits pour les femmes.  L’année prochaine sera célébrée Beijing +25 et, dans ce contexte, le Mexique et la France, avec le soutien d’ONU-Femmes, accueilleront le forum « Génération égalité », qui sera mené par la société civile, dans le but de faire le bilan du Programme d’action.  Ni l’ONU dans son ensemble ni le Conseil de sécurité ne peuvent se priver de la participation des femmes dans la prévention et la recherche de solutions aux conflits, et ce, sur un pied d’égalité, a encore souligné le représentant. 

En période de conflit armé, il est indéniable que les femmes et les filles souffrent de manière disproportionnée de multiples formes de violence, a rappelé le représentant, estimant que ces violences sont d’autant plus injustifiées lorsqu’elles sont attribuées à des fonctionnaires de l’ONU, raison pour laquelle il a soutenu la politique de « tolérance zéro » du Secrétaire général.  La redevabilité, le financement, le travail avec la société civile, l’analyse des conflits avec une perspective de genre, la nomination de femmes comme médiatrices et négociatrices dans les processus de paix et la ratification du Traité sur le commerce des armes sont essentiels pour la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000), a-t-il conclu.

Pour M. LAZARUS OMBAI AMAYO (Kenya), le leadership et la participation significative des femmes devrait être intégrés à toutes les étapes du continuum paix-conflit, y compris la prévention des conflits, le maintien de la paix et la résolution des conflits.  Le Kenya vient de terminer la mise en œuvre de son premier Plan d’action national sur la résolution 1325 et prépare le second, sur la base des expériences et leçons apprises de la phase 2016-2018.  Le Kenya est fier de faire partie des 23 pays africains, et des 31% mondialement, à avoir développé un tel plan. 

M. Amayo a indiqué que le Plan d’action national avait abouti à un langage et des messages davantage sensibles au genre parmi les dirigeants et les forces de l’ordre concernant les questions relatives aux femmes, à la paix et la sécurité, y compris les femmes et les filles victimes de violences sexuelles et sexistes.  Il a également permis d’améliorer l’égalité entre les sexes dans les sphères politiques et publiques, a-t-il ajouté, tout en reconnaissant que des défis persistent.

M. DAVID PAUL CHARTERS, Observateur du Saint-Siège, a insisté sur le rôle irremplaçable des femmes dans la promotion de la paix et de la réconciliation, en particulier au sein des familles et des communautés.  Leur intuition typiquement féminine des dynamiques de situations difficiles les rend capables d’exprimer les préoccupations et les aspirations de ces communautés d’une manière qui vient compléter et améliorer les contributions des hommes, a-t-il estimé.  Le nonce a aussi souhaité que « le génie irremplaçable » des femmes soit mis au service des processus de prise de décisions nationaux, régionaux et internationaux.  Enfin, 40 ans après l’obtention du prix Nobel de la paix par Mère Teresa, M. Charters a rappelé l’engagement de cette dernière pour « les plus pauvres d’entre les pauvres, les abandonnés, les non nés, les mourants et tous ceux que la société laisse au bord de la route ».

Mme MARIE CHATARDOVÁ (République tchèque) a indiqué que son pays œuvre actuellement à la mise au point de son deuxième plan d’action national 2021-2025 sur les femmes, la paix et la sécurité.  Dans le cadre de ce processus, son gouvernement s’appuie sur les réalisations du plan antérieur.  Par ailleurs, en 2018, 37% des militaires déployés par la République tchèque dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU étaient des femmes, a précisé la représentante.  Celle-ci s’est ensuite dite préoccupée par les seuils élevés de violence politique visant les femmes, et par le fait qu’environ 35 millions de femmes et de filles ont besoin de services de santé sexuelle et reproductive, ainsi que d’interventions pour répondre aux violences sexistes et aux besoins des survivantes.

Mme EGRISELDA LOPEZ (El Salvador) a mis en avant l’engagement de son pays en faveur du développement et de la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) afin de garantir la participation réelle des femmes dans les processus de paix, pour qu’elles puissent contribuer de manière significative au maintien et à la consolidation de la paix.  À l’issue de son propre processus de paix, El Salvador a appris qu’il fallait aller au-delà de la simple présence des femmes pour leur donner voix au chapitre.  C’est la raison pour laquelle le pays s’est doté d’un plan d’action national « Femmes, paix et sécurité, 2017-2022 ».  Il s’agit de mettre en avant le rôle des femmes dans plusieurs secteurs, notamment la construction de la paix et la sécurité humaine, et d’intégrer la perspective de genre dans la participation salvadorienne aux opérations de maintien de la paix.  Mme Lopez a suggéré de créer davantage d’espaces à l’ONU pour que les pays ayant adopté des plans d’action pour la mise en œuvre de la résolution puissent partager leurs expériences et lancer des initiatives de coopération. 

M. SATYENDRA PRASAD (Fidji) a relevé que de plus en plus, les opérations de maintien de la paix se déroulent dans des zones affectées par les changements climatiques qui lui-même intensifie les crises dues à la sécheresse, la désertification, l’altération des ressources alimentaires et la multiplication des événements extrêmes.  Dans ces conflits, l’eau est visée, la nourriture, la santé et l’éducation et le genre aussi sont ciblés.  Ce qui fait, a-t-il relevé, que les femmes et les filles souffrent davantage dans ce type de crises climatiques qui augmentent leur vulnérabilité.  Pour toutes ces raisons, le représentant a réclamé l’ajout d’une sensibilisation aux crises climatiques dans le Programme pour les Femmes et la paix et la sécurité. 

Le délégué a également précisé que plus de 40% des officiers de police déployés par les Fidji au sein des missions de paix au Darfour et Soudan du Sud étaient des femmes.  Il a regretté l’absence de données spécifiques concernant les femmes et les filles dans les conflits, pour ensuite dénoncer l’augmentation « préoccupante » des violences contre les femmes, qu’elles soient engagées en faveur des droits, médiatrices ou qu’elles vivent dans les régions en conflits.  C’est une tendance effrayante et l’ONU doit faire davantage, a-t-il conclu.

M. OMAR HILALE (Maroc) a appelé à intégrer systématiquement l’approche genre dans les processus de paix, à promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes et à assurer le respect des droits des femmes et des filles qui sont « essentiels » à la paix et à la sécurité internationales.  Le représentant a également appelé à lutter contre l’impunité et à renforcer l’accès à la justice pour les victimes des violences sexuelles.  La politique de tolérance zéro doit être de rigueur, a-t-il souligné, avant d’insister sur l’impératif d’inclure une perspective sexospécifique dans l’architecture onusienne de pérennisation et de consolidation de la paix.

M. Hilale a ensuite indiqué que dans le cadre de la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000), le Gouvernement marocain a lancé et participe activement à un nombre important d’initiatives, notamment le réseau des points focaux sur la thématique femmes, paix, sécurité, et la formation des imams, prédicateurs et prédicatrices, appartenant à plusieurs pays africains, européens et arabes.  Il a aussi annoncé que le Gouvernement est en train d’élaborer son plan d’action national « femmes, paix et sécurité » 2020-2022, dans le cadre d’un processus inclusif comprenant tous les départements ministériels, les représentants de la société civile et des agences de l’ONU, y compris ONU-Femmes. 

Selon M. ANDREJ DOGAN (Croatie), l’expérience croate depuis la fin du conflit en ex-Yougoslavie enseigne que le fardeau assumé par les femmes en période de conflit est disproportionné, alors qu’elles jouent pourtant un rôle indispensable pour terminer les guerres, construire la paix et gérer les situations d’après-conflit. 

À l’échelon national, la Croatie a pris des mesures pour promouvoir la participation et le leadership des femmes et s’assurer que les principes guidant l’agenda sur les femmes et la paix et la sécurité soient intégrés dans les pratiques nationales, à travers un plan d’action national de mise en œuvre de la résolution 1325.

En matière de maintien de la paix, la Croatie a dépassé les objectifs, en incorporant presque 20% de femmes à ses effectifs de Casques bleus déployés.  La Croatie a aussi adopté une loi nationale sur les droits des victimes de violences sexuelles durant la guerre patriotique (2015).  Cette loi, a-t-il précisé, apporte une aide aux victimes, même si les auteurs n’ont pas été trouvés, ni traduits en justice. 

Arguant que la prévention des violences sexuelles et sexistes démarre par une forte prévention et des lois nationales protectrices en temps de paix, la Croatie a appelé à améliorer la coordination et la coopération entre l’agenda de la résolution 1325 et les divers titulaires de mandat des Nations Unies, notamment les procédures spéciales traitant de la protection et de l’autonomisation des femmes, conformément à la recommandation générale numéro 30 du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes.

Mme ISBETH LISBETH QUIEL MURCIA (Panama) a noté le lien inextricable entre le programme pour les femmes et la paix et la sécurité et le Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui, a-t-elle souligné, exige de relever le rôle de participation et de leadership des femmes, comme base pour la construction de la paix et la prévention des conflits.  La hausse des conflits à caractère social demande cette participation, a également fait observer Mme Quiel, expliquant que maintenir les espaces pour faire entendre la voix des femmes est essentiel pour renforcer et laisser ouverts les canaux de tout processus démocratique. 

Les conflits servent de toile de fond à des viols ou autres violences sexuelles contre les femmes, a déploré Mme Quiel.  Aussi est-il urgent de révoquer les lois discriminatoires, de lever les obstacles culturels et les stéréotypes de genre qui ont tendance à minimiser les droits et la valeur des femmes dans tous les espaces de participation de la société.  Les États ont l’obligation de renforcer les actions collectives et l’autonomisation des femmes ne sera possible que lorsque les sociétés réussiront à combler les fossés de l’exclusion, a-t-elle insisté.

M. GOLAM FARUK KHANDAKAR (Bangladesh) a attiré l’attention du Conseil de sécurité sur la situation de la minorité birmane des Rohingya, qui concerne directement l’agenda sur les femmes et la paix et la sécurité.  Il a évoqué « les témoignages effroyables » de viols, de violences sexuelles et d’abus contre les femmes et les filles de la communauté rohingya fuyant l’État rakhine du Myanmar voisin en août 2017.  Le représentant a appelé le Conseil de sécurité à prendre des mesures décisives en matière de justice et d’application du principe de responsabilité face à ces violences, et demandé que ce thème figure en priorité dans ses futures délibérations. 

Travaillant actuellement à son premier plan d’action national sur la résolution 1325 (2000), le Bangladesh reconnaît les effets des conflits sur les femmes et les filles.  Le plan, a expliqué M. Khandakar, tente de donner la priorité aux droits des femmes et à l’égalité des sexes, ainsi qu’à une participation accrue des femmes et un accès à des postes de direction au sein des processus de consolidation de la paix. 

M. ION JINGA (Roumanie) s’est déclaré profondément préoccupé par l’augmentation de la misogynie violente, l’utilisation de la violence sexuelle et sexiste comme arme de guerre et le manque de soutien accordé aux victimes de telles violences.  Outre l’intégration de la question du genre à tous les aspects de la sécurité et de la stabilité nationales, la Roumanie a alloué 2% de son PIB à la défense et au soutien de la représentation des femmes dans les processus de décisions « localement en internationalement ».  En septembre 2019, le groupe national de mise en œuvre a terminé l’élaboration du plan national d’action qui devrait être adopté par le Gouvernement en décembre, a-t-il précisé.

La Roumanie, a ajouté le représentant, appuie fortement l’initiative « Action pour le maintien de la paix » du Secrétaire général.  Elle a déjà dépassé l’objectif de 16% de participation des femmes dans les opérations de maintien de la paix en 2019.  Les femmes militaires constituent 14% des observateurs et 21% du personnel de police.  Au niveau régional, le Gouvernement a créé une équipe mobile de formation qui se concentre sur l’intégration du genre dans les secteurs de sécurité et de défense, dont la première cible a été l’initiative de défense de l’Europe du Sud-Est. 

Mme PAULOMI TRIPATHI (Inde) a souligné que les processus de paix ont plus de chances de réussir lorsque les femmes y sont pleinement associées.  Elle a ainsi appuyé le « courageux leadership » des femmes en Afghanistan, avant d’appeler à la bonne mise en œuvre des dispositions relatives au genre dans les accords de paix.  Le Conseil de sécurité devrait intégrer les dispositions relatives aux femmes, la paix et la sécurité dans ses régimes de sanctions, y compris en dressant la liste des entités terroristes perpétrant des actes violents contre des femmes, a-t-elle estimé.  Enfin, la représentante a appelé à augmenter le nombre de femmes servant au sein des opérations de maintien de la paix, ces dernières ne représentant que 4,2% de leur personnel. 

Mme MARIA THEOFILI (Grèce) a reconnu la nécessité urgente de consolider une perspective de genre dans la mise en œuvre du programme pour les femmes, la paix et la sécurité qui voit avant tout les femmes et les filles comme des agents puissants de changement.  Pour sa part, la Grèce est en train de rédiger son plan d’action national qui met la priorité sur les femmes et les filles réfugiées et migrantes en raison de la crise actuelle sans précédent.  Le plan vise également à parvenir à une participation égale dans la prise de décisions et continue de mettre l’accent sur la protection de la liberté de la presse et la sécurité des journalistes femmes dans les situations de conflit. 

M. YOUSSOUF ADEN MOUSSA (Djibouti) a indiqué que plusieurs éléments de l’Agenda sur les femmes et la paix et la sécurité étaient inclus dans le Plan d’action national djiboutien, qui vise à lever les barrières structurelles empêchant ou limitant l’inclusion et l’engagement actif des femmes dans la politique ou le développement économique du pays. 

Il a cité l’adoption, cette année, d’une loi augmentant le quota des femmes à l’Assemblée nationale de 10% à 25% a été promulguée à Djibouti.  Le représentant s’est dit favorable à l’élaboration de quotas, dans le sens où, a-t-il indiqué, elle rend les minorités plus visibles, et constituent une manière efficace de s’assurer que les questions d’égalité soient prises au sérieux par les institutions politiques. 

Aujourd’hui, le personnel militaire djiboutien déployé dans les opérations de maintien de la paix en Somalie, au Darfour, en RDC est composé de 3% de femmes; un chiffre modeste, mais Djibouti s’est engagé à persévérer et à augmenter la présence des femmes dans ses troupes de maintien de la paix dans le futur. 

Mme MILICA PEJANOVIĆ ĐURIŠIĆ (Monténégro) a noté que des barrières pratiques et institutionnelles continuent d’empêcher les femmes de participer pleinement à tous les processus de paix, alors que la participation égale des hommes et des femmes, dans un contexte de mondialisation où les menaces à la sécurité et les défis stratégiques évoluent rapidement, est une condition essentielle de la paix et de la stabilité.  La représentante a évoqué les nombreuses réformes nationales entreprises pour rapprocher les forces armées des jeunes femmes.  Ainsi le plan d’action pour la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) concerne la participation accrue des femmes aux processus de prise de décisions et de maintien de la paix; la protection des femmes et des filles dans les zones de conflit; la sensibilisation aux questions relevant du genre dans les opérations de maintien de la paix. 

Mme Pejanović Đurišić a aussi mentionné le Plan d’action 2017-2021 pour l’égalité des genres dans le secteur de la sécurité, qui pour l’instant ne compte que 12,82% de femmes.  Rappelant l’engagement du Monténégro à lutter contre des stéréotypes qui affectent toutes les professions, elle a assuré qu’il s’agit avant tout d’une « obligation morale et humaine », comme l’obligation d’appliquer les normes internationales et de garantir le succès des opérations militaires.

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a appelé à enforcer les synergies entre, d’un côté, la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité et, de l’autre, la Déclaration et le Programme d’Action de Beijing.  S’agissant des recommandations du Secrétaire général pour améliorer la participation des femmes aux processus de paix, le représentant a appelé à produire des données ventilées par sexe dans le cadre des opérations de maintien de la paix.  Selon lui, ces dernières doivent également disposer de ressources suffisantes en matière d’analyse et d’expertise de genre pour mettre efficacement en œuvre la résolution 1325 (2000).  « Nous devons être en mesure de réaliser un meilleur suivi des progrès », a-t-il insisté.

Par ailleurs, le représentant a appelé à traduire systématiquement en justice les auteurs de violences sexuelles et à fournir aux victimes les soins de santé reproductive et l’aide psychosociale nécessaires.  M. Jürgenson a enfin appelé le Conseil à ériger la violence sexuelle en critère à part entière, systématiquement passible de sanctions.

Mme NOA FURMAN (Israël) a indiqué que la prévention des conflits et la consolidation de la paix sont largement influencés par le développement durable et que toutes les femmes doivent se faire entendre pour parvenir à un changement à long terme.  Israël a montré son engagement en faveur du programme pour les femmes et la paix et la sécurité et a mis en œuvre la résolution 1325 (2000), a assuré la représentante.  Elle a souligné qu’il faut d’abord investir dans l’éducation et faire évoluer les normes dans la société.  Tant que les femmes seront la cible de violence et de harcèlement, elles ne pourront participer pleinement à la vie civile et politique, a prévenu la déléguée qui a appelé à continuer d’œuvrer collectivement pour assurer la participation pleine et entière des femmes à la prise de décision.

Mme ANA LORENA VILLALOBOS BRENES (Costa Rica) a déploré que seule la moitié des recommandations formulées en 2015, dans le cadre de l’examen de la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000), ait été appliquée à ce jour.  Pour améliorer la mise en œuvre du texte, la représentante a mis l’accent sur la nécessité de protéger davantage les femmes durant les conflits, aussi bien contre les violences sexuelles que sur le plan humanitaire.  Elle a également appelé à mieux inclure les femmes dans les négociations de paix, notamment en adoptant une perspective de genre tout au long du processus. 

Mme Villalobos Brenes a en outre appelé à lutter contre l’impunité pour les auteurs de crimes atroces, dont le recours à la violence sexuelle comme arme de guerre.  La lutte contre l’impunité est également un moyen de faire avancer la réconciliation, a-t-elle estimé, dans la mesure où elle permet d’impliquer les victimes dans le processus de paix, tout en garantissant leurs droits.  La représentante a par ailleurs appelé à prendre en compte les besoins spécifiques des femmes et filles dans les stratégies des missions politiques spéciales et des opérations de maintien de la paix.  Toutefois, elle a prévenu que ces efforts seront voués à l’échec tant que les parties aux conflits ne respecteront pas les droits des femmes et le droit international humanitaire.

Mme CYNTHIA CHIDIAC (Liban) a décrit l’engagement répété du Liban pour la mise en œuvre de l’Agenda sur les femmes et la paix et la sécurité, et pour créer une société plus juste, où les femmes sont partenaires des hommes à égalité et à tous les niveaux.  En septembre dernier, le Liban a mis en place son premier plan d’action national basé sur la résolution 1325 (2000), qui a été rédigé par l’Autorité libanaise des femmes, en collaboration avec des ONG et la société civile. 

Qualifiant le partenariat avec la société civile d’essentiel pour la mise en œuvre de cette résolution, la représentante a déclaré que le Liban, la semaine dernière, avait vu éclore un mouvement démocratique et pacifique mené par les femmes pour défendre leurs droits.  « Elles sont descendues dans les rues pour ne pas manquer leur rendez-vous avec l’Histoire », s’est-elle enthousiasmée.  Pour défendre la démocratie, les libertés individuelles et sociales, les droits de l’homme, ces voix « magnifiques » ont fait barrière entre les forces de sécurité et les manifestants, a-t-elle ajouté.  Comme l’ont montré ces images de manifestations dans les rues du Liban, les femmes forgent leur destin, forgent la paix et la sécurité, et décident par elles-mêmes, a martelé la représentante.

M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a souligné que garantir la sécurité des femmes dans les conflits armés et promouvoir leur rôle dans la prévention et le règlement des conflits sont de « nobles desseins » qui nécessitent une approche réaliste.  Ces objectifs, a déploré le représentant, le Conseil de sécurité aurait dû les atteindre il y a de cela des décennies et il a « échoué lamentablement ».  Son incapacité à protéger les femmes et les filles palestiniennes s’est traduite pour ces dernières par la mort, la détention, la torture et des violations systématiques de leurs droits élémentaires, a-t-il asséné.  À ses yeux, l’inaction du Conseil a eu pour effet d’encourager les occupants et d’accroître les souffrances des femmes et des filles palestiniennes.  De fait, a-t-il souligné, aucune institution ne peut mettre fin à ces souffrances si ses décisions doivent rester lettre morte. 

Relevant que les femmes sont les principales victimes des violences sexuelles utilisées comme tactiques de guerre et de terrorisme, il a plaidé pour une plus grande redevabilité afin de mettre fin à ces « crimes atroces ».  Il a également jugé que l’autonomisation des femmes constituait un facteur essentiel dans la prévention et le règlement des conflits ainsi que dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Dans ce contexte, a-t-il enchéri, il convient de ne pas perdre de vue les effets dévastateurs des mesures coercitives unilatérales, lesquelles ne font aucune distinction entre les hommes et les femmes, violent les droits humains des deux et sapent le rôle constructif que peuvent jouer les femmes dans la promotion de la paix et de la sécurité. 

Mme MARÍA BASSOLS DELGADO (Espagne) a indiqué avoir lancé en septembre, avec la Finlande, l’initiative conjointe « Commitment 2025 », qui contient une série d’engagements spécifiques pour parvenir à une participation effective des femmes dans les processus de paix et de médiation.  Un rapport de suivi sera présenté en 2022.  Dans l’attente, la représentante a fait savoir qu’à travers le réseau de points focaux en fonctionnement depuis 2016, 10 pays se sont associés à cette initiative et d’autres devraient les rejoindre prochainement.  Selon elle, les instruments stratégiques tels que les plans d’action nationaux sont un mécanisme essentiel pour mettre en œuvre ces engagements.  « Nous sommes face à un défi qui exige un effort de transformation suivi dans le temps, qui échappe à l’autocomplaisance et brise les barrières sociologiques, éducatives et financières », a-t-elle affirmé. 

Mme Bassols Delgado a ensuite souligné que considérer la gestion des conflits dans une perspective de genre implique de parler d’éducation.  La violence sexuelle et de genre est en effet l’un des principaux obstacles au programme pour les femmes et la paix et la sécurité, et l’éducation est un outil fondamental pour l’autonomisation politique, économique et sociale de ces dernières.  Cette année, a-t-elle enchainé, l’Espagne a accueilli la troisième Conférence internationale sur la sécurité dans les écoles et les 87 participants ont jugé essentiel de parvenir à des synergies entre le programme sur la sécurité dans les écoles et celui pour les femmes et la paix et la sécurité.  La représentante en a profité pour encourager les États Membres à adopter la Déclaration sur la sécurité dans les écoles comme instrument pour prévenir les attaques contre l’accès à l’éducation, comme la violence sexuelle et de genre, dont la persistance fait obstacle à la paix et à la sécurité ainsi qu’au libre exercice des droits des femmes du monde entier. 

M. ESHETE TILAHUN WOLDEYES (Éthiopie) a assuré que son pays restait déterminé à mettre en œuvre l’agenda sur les femmes et la paix et la sécurité.  Pour preuve, au cours des 18 derniers mois, son gouvernement a pris une série de mesures visant à accroître la participation des femmes dans les processus de prise de décisions.  Le Premier Ministre a ainsi imposé la parité au Gouvernement, une femme a été élue à la tête du pays, et d’autres dirigent la Cour suprême et le comité national électoral.  Une femme ministre est en outre chargée de promouvoir la consolidation de la paix et le contrôle du secteur de la sécurité, a-t-il ajouté. 

Par ailleurs, en tant que pays contributeur de troupe, l’Éthiopie comprend parfaitement les problématiques liées aux femmes soldats de la paix, de même que leur rôle dans la construction de la paix.  Pour cette raison, le Gouvernement prend actuellement des mesures pour augmenter le nombre de femmes éthiopiennes dans les contingents onusiens de maintien de la paix.

Mme ALAA ELSHEIKH (Soudan) a souligné que les Soudanaises ont joué un rôle important pendant la « révolution glorieuse » de décembre 2018: elles ont galvanisé les manifestants et assuré la nature pacifique des manifestations.  Elles ont participé aux négociations ayant abouti à la mise en place du Gouvernement provisoire, qui compte quatre femmes ministres, et le Soudan a également établi un quota de 40% de femmes dans le Conseil législatif. 

La représentante a fait valoir que la période de transition actuelle a transformé la situation des femmes au Soudan, avec l’adoption de mesures garantissant leur participation à la vie publique et les efforts entrepris pour en finir avec les modèles qui restreignent le rôle des femmes.  Le Soudan est résolu à mettre en œuvre la résolution 1325 (2000) en adoptant un plan d’action national, qui est actuellement à l’examen afin de tenir compte des récentes évolutions de la situation dans le pays. 

M. BAATI (Tunisie) a appelé à agir pour mettre en œuvre l’Agenda sur les femmes et la paix et la sécurité, un pilier de la politique tunisienne, car il assure la cohésion sociale.  La Tunisie fait aussi en sorte que les femmes participent au maintien de la paix dans le monde à travers les Casques bleus.  Les conflits touchant les femmes et les filles de manière disproportionnée, le pays a pris part à des efforts visant à résoudre les conflits et leurs effets dévastateurs.  Actuellement, la Tunisie s’efforce de mettre en œuvre l’objectif de développement durable 5 sur l’égalité des sexes.  Le 8 août 2018, a expliqué le représentant, son pays a promulgué un plan d’action national, point d’orgue de sa politique.  Le plan d’action promeut la participation des femmes à tous les niveaux, il vise l’éducation et le renforcement des capacités, la résolution des différends pour parvenir à une paix durable, et contribue à lutter contre le terrorisme et les extrémismes violents. 

Mme RAZIYE BILGE KOÇYIĞIT GRBA (Turquie)  a affirmé que son pays participe au programme relatif aux femmes et la paix et la sécurité, en tenant compte des besoins spécifiques de protection des femmes dans les conflits armés.  Elle a cité, en ce sens, les multiples services déployés au profit de plus de 3,5 millions réfugiés syriens que son pays accueille, et notamment les centres de santé pour les femmes mis en place par le Ministère turc de la famille en coopération avec le Ministère de la santé et le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).  Depuis 2014, la Turquie a apporté une assistance multidimensionnelle à 400 000 réfugiés, a rappelé la représentante. 

Mme Koçyiğit Grba a ensuite dénoncé ceux qui, au début du débat, avaient répandu des « mensonges sur l’opération transfrontalière limitée de lutte contre le terrorisme » menée par son pays.  La Turquie a déjà présenté son point de vue sur ce sujet le 24 octobre et rejette et condamne toute fausse représentation de ses efforts de lutte contre le terrorisme.  Elle n’a pas non plus de leçon de morale à recevoir de la part de ceux qui n’ont pas pris leur part du fardeau des réfugiés syriens, a ajouté la représentante. 

Enfin, la Turquie estime que, pour pleinement mettre en œuvre le programme concernant les femmes et la paix et la sécurité, il faudrait davantage d’efforts concertés de la part des États Membres mais aussi de l’ensemble des entités des Nations Unies ainsi que des organisations régionales et de la société civile.  Il faudrait aussi traiter des causes profondes des conflits, y compris en assurant la promotion de l’égalité de genre.

M. BONIFACE RUTIKANGA (Rwanda) a constaté que beaucoup reste à faire en ce qui concerne l’autonomisation des femmes dans le domaine de la paix et de la sécurité.  Il a appelé les États, l’ONU et les parties en conflit à faire preuve de volonté politique afin de créer l’environnement propice à une participation significative des femmes.  Le programme sur les femmes et la paix et la sécurité devrait figurer au cœur de toutes les missions de maintien de la paix ayant pour mandat de protéger les civils.  La protection des civils est et sera le facteur déterminant de l’engagement du Rwanda dans le maintien de la paix de l’ONU, a insisté le représentant. 

Il est en outre essentiel de sensibiliser et de renforcer les capacités des communautés locales car ces dernières sont en première ligne de la réponse aux violences sexuelles liées aux conflits.  M Rutikanga a aussi appelé à adopter une approche centrée sur les victimes.  Il est également nécessaire de renforcer la protection et la réhabilitation des victimes et des survivantes d’abus sexuels commis lors de conflits armés en leur fournissant des soins médicaux et un soutien psychologique, et assurant leur protection et en leur facilitant l’accès à l’assistance juridique, a-t-il énuméré.  L’autonomisation économique des femmes est également importante pour les équiper avec les compétences nécessaires à leur participation dans tous les aspects de la consolidation et du maintien de la paix. 

M. GEORG HELMUT ERNST SPARBER (Liechtenstein) a appelé le Conseil de sécurité à inviter davantage d’oratrices, y compris de la société civile.  Appelant à la mise en œuvre de la résolution 2467 (2019), le représentant a souhaité que les violences sexuelles liées aux conflits soient incluses dans les critères de sanctions ciblées. 

Saluant le travail de la Cour internationale de Justice (CIJ) et la condamnation du seigneur de guerre congolais Bosco Ntaganda pour 18 chefs d’accusation de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, il a qualifié le verdict de « jalon important », dans la mesure où les violences sexuelles commises contre des hommes ont été punies de la même façon que les violences sexuelles contre des femmes.  Le verdict a clairement affirmé qu’ils constituaient des viols, et n’ont pas été considérés de manière moins sévère, a-t-il rappelé.  Il a enfin appelé le Conseil de sécurité à référer à la CIJ d’autres situations de conflits, y compris la Syrie et le Myanmar, où des auteurs de violences sexuelles sont toujours impunis, et où les victimes et survivants sont laissés-pour-compte. 

M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal)s’est offusqué que les femmes soient toujours la cible de violences sexuelles et sexistes.  L’exploitation et les abus sexuels sont utilisés comme une arme de guerre pour détruire la dignité des femmes, la confiance des familles et le tissu de la société, a-t-il dénoncé.

Partageant l’expérience du Népal dans la mise en œuvre des résolutions 1325 et 1820 du Conseil de sécurité, M. Rai a indiqué que les femmes ont joué un important rôle dans le processus de paix du pays.  Il a également, entre autres, indiqué que la Constitution népalaise garanti un quota de 33% de représentation aux femmes dans les organes législatifs fédéraux, provinciaux et locaux, mais aussi 33% des postes dans les services gouvernementaux, y compris dans les forces de sécurité.  Il a également assuré que le Népal, en tant que cinquième plus important pays contributeur de troupes, est engagé à augmenter le nombre de femmes dans les missions de maintien de la paix.

M. TERENCE SACCO (Malte) s’est félicité de l’adoption, en avril dernier, par son pays, du premier plan d’action national sur les femmes, la paix et la sécurité.  Malte est convaincue que les femmes et les filles en situation de conflit ou de post-conflit peuvent contribuer à part égale à tous les aspects de la société.  Cela est, à ses yeux, un prérequis pour promouvoir des sociétés inclusives, pacifiques et durables.  En s’embarquant sur la voie du programme « Femmes, paix et sécurité », Malte agit pour combler le déficit de mise en œuvre, a-t-il dit, réaffirmant le plein soutien de son pays à l’action de l’ONU dans ce domaine. 

M. Sacco a mis en garde contre la violence à l’égard des femmes et des filles qui se poursuit et s’aggrave en raison des problèmes de sécurité auxquels la communauté internationale est confrontée, du fait notamment des migrations et des déplacements massifs, de la montée de l’extrémisme violent et du terrorisme.  C’est pourquoi, il a vu dans le vingtième anniversaire de la résolution 1325 (2000) l’occasion de faire le point sur les réalisations mais surtout sur les défis à relever en la matière. 

Mme KIRA CHRISTIANNE DANGANAN AZUCENA (Philippines), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a présenté les diverses initiatives prises par l’ASEAN pour mettre en œuvre la résolution 1325 (2000): en 2017, une déclaration conjointe sur la promotion de l’agenda sur les femmes et la paix et la sécurité; en 2018, le Registre des femmes et de la paix de l’ASEAN, conformément aux principes de la Charte de l’ASEAN et à la fonction de l’Institut pour la paix et la réconciliation de l’ASEAN; en août 2019, une autre déclaration conjointe sur la promotion de l’agenda sur les femmes et la paix et la sécurité lors du Forum régional de l’ASEAN; du 11 au 13 septembre dernier, une conférence sur l’intégration du genre au sein de ses organes sectoriels.  Le registre précité prend la forme d’un recueil de données de femmes leaders douées d’expertise dans divers aspects des processus de paix et de réconciliation, y compris en tant que négociatrices, médiatrices, facilitatrices et chercheuses, et encourage une approche hommes-femmes plus équilibrée en matière de résolution des conflits.

M. VICTORIA MANGAY SULIMANI (Sierra Leone) a indiqué que depuis l’adoption de la résolution 1325 (2000), la Sierra Leone avait développé et adopté un second plan d’action national soulignant les valeurs centrales de prévention de la violence, de protection, de participation et de résilience.  La Sierra Leone respecte l’obligation de fournir des rapports d’étape, conformément à la volonté du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), et le septième est en cours de finalisation. 

La Sierra Leone a promulgué la loi sur les violences sexuelles de 2019, qui est un amendement à la loi sur les violences sexuelles de 2012.  Elle inclut désormais des éléments de punition adéquats contre les auteurs de viols et d’autres formes de violences sexuelles et sexistes.  Toujours concernant les violences sexuelles, le Parlement de Sierra Leone a adopté l’agenda sur les femmes et la paix et la sécurité le 14 février 2019.  Concernant la participation des femmes à la consolidation de la paix, le recrutement de femmes dans la police et l’armée est une priorité du Gouvernement national, et la Sierra Leone a dépassé l’objectif initial d’inclure 15% de femmes au sein des troupes de Casques bleus déployés par le pays.

M. LUIS GALLEGOS CHIRIBOGA (Équateur) a fait savoir que son pays dispose d’un cadre juridique solide garantissant l’exercice des droits des femmes et reposant sur deux piliers: la Constitution, qui garantit de manière explicite l’égalité de genre, et les instruments internationaux contraignants ratifiés par l’État.  Ceci étant, le Gouvernement reste conscient d’avoir encore du chemin à parcourir en termes d’égalité entre hommes et femmes et d’élimination de la discrimination.  La participation des femmes dans les Forces armées équatoriennes est toutefois passée de 1,1% en 2009 à 3,5% en 2018 et le Ministère de la défense a intégré la perspective de genre dans son programme politique. 

Mme SEVDA YASIN QIZI MEHDIYEVA (Azerbaïdjan) a estimé que les normes sociales et les stéréotypes qui entretiennent les inégalités entre les sexes doivent être combattus par l’éducation, le dialogue, la participation et d’autres mesures effectives.  En tant que pays soumis à une occupation militaire sur une large part de son territoire, avec un nettoyage ethnique et d’autres crimes graves contre la population, l’Azerbaïdjan considère la sécurité des civils comme une question de la plus haute importance et déplore le million de réfugiés et de déplacés de cette région, dont la moitié sont des femmes. 

Pour la représentante, la stratégie la plus efficace pour autonomiser les femmes et des filles est de s’attaquer aux obstacles qui limitent leur capacité à atteindre leur plein potentiel.  À cet égard, des politiques et des mécanismes sexospécifiques peuvent créer un environnement favorable.  Elle a assuré que son pays attache une grande importance à l’autonomisation des femmes et qu’un plan d’action national sur les femmes et la paix et la sécurité est en cours d’examen. 

« Chacun sait » a souligné M. SAMSON SUNDAY ITEGBOJE (Nigéria), que les femmes sont rarement à l’origine des conflits, mais ce sont elles qui en subissent les pires conséquences, que ce soit physiquement, psychologiquement, économiquement, socialement ou politiquement.  Elles sont souvent victimes de chefs de guerre qui utilisent systématiquement le viol et la violence sexuelle comme arme de guerre, a-t-il dénoncé. 

En Afrique, a fait savoir le représentant, l’Union africaine (UA) est une plateforme utile qui met l’accent sur l’engagement des femmes et des jeunes dans le développement du continent.  L’Agenda 2063 de l’UA le reflète clairement et l’UA dispose de 14 instruments relatifs aux femmes, à la paix et à la sécurité.  La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a mis au point un plan d’action intégré pour la mise en œuvre de la résolution 1325, qui souligne l’importance du rôle des femmes dans la prévention et la résolution des conflits, la médiation et la consolidation de la paix, ainsi que la reconstruction des sociétés post-conflit.  Pour sa part, le Nigéria a lancé un plan d’action national en 2013, renforcé en 2017, pour mettre en œuvre la résolution 1325.  En partenariat avec le Cameroun, le Tchad et le Niger, le Nigéria s’efforce également de lutter contre le groupe terroriste Boko Haram, qui a ciblé les femmes et les filles.  Dans le nord-est du Nigéria, 80% des déplacés internes sont des femmes et des filles, a-t-il fait observer, et son gouvernement a pris des mesures pour répondre à leurs besoins humanitaires et réintégrer les victimes de violence sexuelle. 

Mme FEDA ABDELHADY-NASSER de l’État de Palestine a jugé les écarts entre les intentions de la résolution 1325 et la réalité sur le terrain sont « considérables ».  Alors qu’elle se mobilise pour mettre en œuvre l’Agenda sur les femmes et la paix et la sécurité, la Palestine voit ses efforts entravés par son occupation par l’État d’Israël qui viole les droits des femmes et des filles palestiniennes par des blocus et des violences quotidiennes, a-t-elle détaillé.  On estime que 10 000 Palestiniennes ont été détenues depuis le début de l’occupation israélienne, a-t-elle aussi dénoncé, tandis que les femmes qui participent aux manifestations pacifiques de la « Marche du retour » continuent d’être prises pour cibles, une victime sur quatre de ces manifestations étant des femmes ou des enfants. 

Malgré le contexte, elle a salué des Palestiniennes « pleines de ressources », et « contributrices » qui militent pour la mise en œuvre de la résolution 1325 et luttent contre les violences domestiques et les normes patriarcales. 

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) s’est dit déterminé à renforcer la coopération au sein de l’ONU en faveur des femmes et pour la réalisation des objectifs de développement durable.  Un bureau d’ONU-Femmes a récemment été inauguré à Bahreïn et un plan d’action a par ailleurs été adopté en 2005 pour renforcer la participation des femmes, a fait savoir le représentant.  Beaucoup de progrès ont été accomplis, a-t-il assuré, citant notamment l’élection de la première femme Présidente du Parlement en 2017.  Un comité de parité a également été établit en 2014 afin de donner aux femmes une véritable égalité des chances dans le monde du travail.  Le Bahreïn a en outre ouvert des écoles dans les camps de réfugiés en Cisjordanie et à Gaza. 

M. FRANCISCO DUARTE LOPES (Portugal) a invité tous les États Membres à augmenter leur aide pour approvisionner les zones de conflits ou d’après-conflit en services et en informations, en matière de contraception et de droits reproductifs, notamment à l’intention des femmes et des filles survivantes de violences sexuelles et sexistes. 

Notant que l’autonomisation des femmes et des filles est la meilleure manière de garantir l’égalité des droits, le Portugal a insisté sur l’importance des principes de la Déclaration pour des écoles sûres, y voyant un outil utile pour combattre les violences sexuelles en milieu scolaire.  Il a encouragé tous les États Membres à y adhérer.

Le représentant a ensuite expliqué que le plan d’action national du Portugal relatif à la résolution 1325 met l’accent sur la promotion de l’égalité des genres, l’augmentation des effectifs de femmes dans les troupes de maintien de la paix, et le soutien aux organisations de la société civile qui travaillent dans le domaine des femmes et de la paix et de la sécurité. 

M. MAGED ABDELFATTAH ABDELAZIZ, Observateur permanent de la Ligue des États arabes, a fait observer que la participation des femmes avait augmenté dans plusieurs États Membres de la Ligue et a relevé les lacunes qui se font sentir dans le monde arabe.  Selon lui, il est important d’assurer la mise en œuvre intégrée de la résolution 1325 (2000) et la coopération entre organisations régionales.  Le Conseil de la Ligue s’est doté d’un conseil de protection des femmes, qui est également un outil de sensibilisation à la participation des femmes.  Le premier conseil des ministres de la Ligue des États arabes sur les femmes a été organisé en 2018 et s’est traduit par l’adoption de recommandations et la création d’un comité d’urgence pour les protéger pendant les conflits dans la région. 

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