8627e séance – après-midi
CS/13965

Réuni au niveau ministériel, le Conseil de sécurité réfléchit aux moyens de renforcer le partenariat avec l’Afrique pour y promouvoir paix et sécurité

Sous l’impulsion de la Fédération de Russie, qui en préside les travaux en septembre, le Conseil de sécurité a organisé, cet après-midi, une réunion au niveau ministériel sur les partenariats visant à renforcer la paix et la sécurité en Afrique, théâtre du plus grand nombre de conflits au monde.

La Chef de Cabinet du Secrétaire général, Mme Maria Luiza Ribeiro Viotti, a indiqué à cette occasion que la collaboration entre l’ONU, l’Union africaine et ses États membres et les différentes communautés économiques régionales de l’Afrique n’avait jamais été « aussi conséquente ».  Elle en a voulu pour preuve le fait que le Fonds pour la paix de l’Union africaine totalise des contributions d’un montant de 124 millions de dollars à ce jour, « le niveau le plus important mobilisé depuis sa création », et que son Unité d’appui à la médiation, de même que le réseau FemWise, sont désormais opérationnels.

Mme Ribeiro Viotti s’est aussi félicitée du renforcement du partenariat entre l’ONU et l’Union africaine grâce à la signature, depuis 2017, de deux cadres conjoints : le Cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité et le Cadre de développement durable conjoint Union africaine-ONU.

Au cours d’une séance où nombreux ont été les orateurs à reconnaître la nécessité d’une appropriation par l’Afrique de ses priorités continentales, le Président de la Commission de cette organisation régionale, M. Moussa Faki Mahamat, a assuré que l’Union africaine n’avait aucun « agenda spécifique », avant de plaider en faveur d’un partenariat respectueux et « non supplétif ».

Il a illustré son propos par le dossier libyen, marqué « depuis le départ » par une « marginalisation frustrante » de l’Afrique, avec une pluralité d’intervenants extérieurs au continent « dont chacun poursuit un agenda qui lui est propre ».  Cette configuration a, selon lui, clairement montré ses limites et la crise ne cesse de s’approfondir, exigeant un « mécanisme conjoint d’exécution » mettant l’Afrique « au cœur » du dispositif, a affirmé M. Mahamat, pour qui il s’agit de « bon sens » et de « recherche d’efficacité ». 

Le Président de la Commission de l’Union africaine a été rejoint sur ce point par le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, M. Sergey Lavrov, qui a estimé que la Libye était devenue le théâtre d’une ingérence étrangère, et plus généralement que l’Afrique était soumise à des « diktats » imposés par des puissances étrangères.  Le Chef de la diplomatie russe lui a proposé la coopération de son pays, présentée comme respectueuse des principes de neutralité et d’impartialité consacrés par la Charte des Nations Unies, notamment s’agissant de ses programmes de formation des Casques bleus.

Force est de reconnaître que le choc libyen a favorisé, depuis 2011, la prolifération des armes et des réseaux de criminalité transnationale, a tranché M. Marcel Amon-Tanoh, Ministre des affaires étrangères de Côte d’Ivoire, exigeant un partenariat renforcé entre l’ONU et l’Union africaine.  Dans le seul espace de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), on a recensé plus de 2 200 attaques faisant 11 500 morts et des milliers de déplacés au cours des quatre dernières années, a poursuivi le Ministre.  Sans remettre en cause les initiatives existantes, les chefs d’État de la CEDEAO ont donc décidé de fédérer leurs moyens et le sommet extraordinaire que l’organisation sous-régionale vient de consacrer, à Ouagadougou, à la lutte contre le terrorisme a ainsi adopté un plan d’action d’un montant d’un milliard de dollars qui sera financé sur des ressources internes, a précisé M. Amon-Tanoh.

« Nous devons aussi aller plus loin en ce qui concerne le cofinancement par l’Union africaine et l’ONU des prochaines opérations africaines de paix », a estimé son homologue de la France, M. Jean-Yves Le Drian, appuyant ainsi la Chef de Cabinet du Secrétaire général.  La France apporte donc « son soutien à la démarche de l’Union africaine visant à ce que le Conseil de sécurité autorise, au cas par cas et selon des modalités précises, le recours aux contributions obligatoires, en complément de la contribution de l’Union africaine, pour financer ces mêmes opérations », a-t-il expliqué, une position également soutenue par le Royaume-Uni, mais qui butte toujours sur les réticences des États-Unis, pour lesquels toute résolution éventuelle du Conseil de sécurité sur ce point « devra prendre en compte des éléments tels que le partage des responsabilités et les normes de comportement en vigueur dans le maintien de la paix ».

La France n’en a pas moins salué le travail engagé par le Secrétaire général de l’ONU et le Président de la Commission de l’Union africaine sur la question, en particulier l’engagement pris au Sommet de Kigali de 2016 par l’Union africaine de financer 25% du coût de ces opérations d’ici à 2020, via son Fonds pour la paix.

Pour M. Jean-Christophe Belliard, le Secrétaire général adjoint de l’Union européenne, la prévention des conflits est une « obligation de la communauté internationale et non pas une ingérence », car c’est dans la prévention des conflits qu’on peut éviter des interventions plus énergiques, a expliqué M. Belliard.  L’Union européenne demeure engagée à poursuivre une démarche multidimensionnelle coordonnée des acteurs publics sur les plans sécuritaire, humanitaire, et du développement a-t-il poursuivi, citant le Sahel comme « le meilleur exemple de cette approche intégrée ».

Les initiatives de paix et de sécurité africaines menées par la communauté internationale doivent nécessairement respecter les engagements pris par les Africains en ce qui concerne la « gouvernance sécuritaire » du continent, dont la coordination a été assignée clairement à l’Union africaine, a encore déclaré M. Belliard.  Il a rappelé que, depuis 2007, l’Union européenne avait consacré 2,7 milliards d’euros au financement des initiatives africaines menées dans le cadre de l’architecture de paix et de sécurité du continent. 

PAIX ET SÉCURITÉ EN AFRIQUE: PARTENARIAT VISANT À RENFORCER LA PAIX ET LA SÉCURITÉ RÉGIONALE (S/2019/743)

Déclarations

Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI, Chef de Cabinet du Secrétaire général, a indiqué que la collaboration entre l’ONU, l’Union africaine et ses États membres et les différentes communautés économiques régionales de l’Afrique n’avait jamais été aussi importante.  Elle a salué la détermination des chefs d’État et de gouvernement africains à répondre de manière holistique aux défis à la paix et à la sécurité, citant notamment le fait que l’Union africaine avait choisi de placer l’année 2020 sous le thème « Faire taire les armes à feu: créer les conditions propices au développement de l’Afrique ».  Elle a également relevé que le Fonds pour la paix de l’Union africaine s’était procuré 124 millions de dollars à ce jour, « le niveau le plus important de contributions mobilisées depuis sa création », et que son Unité d’appui à la médiation, de même que le réseau FemWise, étaient désormais opérationnels.  Elle s’est aussi félicitée du renforcement du partenariat entre l’ONU et l’Union africaine grâce à la signature de deux cadres conjoints: le Cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité et le Cadre de développement durable conjoint Union africaine-ONU.

Selon Mme Ribeiro Viotti, les progrès se manifestent également au niveau des pays, aussi bien au sein des processus de paix que dans la vie des personnes.  Elle a rappelé la tenue d’élections libres et crédibles en 2018 à Madagascar, grâce à une coordination rapprochée entre la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), l’Union africaine et l’ONU, ainsi que la signature, à l’issue d’un processus de négociation mené par l’Union africaine, de l’Accord politique relatif à la situation en République centrafricaine.  En Guinée-Bissau, le Groupe des Cinq continue d’appuyer les efforts de rétablissement de la stabilité, tandis qu’au Soudan la signature, le mois dernier, d’une déclaration constitutionnelle, à la suite des efforts menés par l’Éthiopie et l’Union africaine, a permis d’établir un gouvernement civil de transition.

La Chef de Cabinet a aussi parlé de l’intensification de la coopération entre l’ONU, l’Union africaine et les organisations sous-régionales dans le domaine des processus électoraux, citant notamment les efforts déployés par le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel en Sierra Leone, au Nigéria et au Sénégal.  L’ONU appui aussi la mise en œuvre des recommandations d’une étude de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de la Commission économique pour l’Afrique sur les défis liés au pastoralisme et à la sécurité dans cette région.  Mme Ribeiro Viotti a également indiqué que l’ONU et l’Union africaine coopéraient de manière rapprochée pour que les voix des femmes et des jeunes fassent partie intégrante du processus de paix, pour ensuite évoquer l’alignement des stratégies de l’ONU et de l’Union africaine dans la région du Sahel. 

Mme Ribeiro Viotti a appelé la communauté internationale à appuyer les efforts de l’Afrique de manière plus efficace et à renforcer davantage les capacités institutionnelles afin d’entreprendre des mesures de diplomatie préventive.  Elle a insisté sur le rôle central que jouent les opérations de paix dans les efforts de l’ONU, notant que plus 80 000 Casques bleus sont actuellement déployés dans sept opérations de maintien de la paix à l’échelle du continent.  Elle a de plus signalé que l’Afrique est devenue la plus importante région contributrice de contingents, pour ensuite saluer la coopération directe entre l’ONU et l’Union africaine au sein même des opérations de paix.

« Cependant, nous pouvons faire encore mieux », a tempéré la Chef de Cabinet.  Mme Ribeiro Viotti a notamment appelé à assurer le financement prévisible, durable et souple des opérations de paix dirigées par l’Union africaine et autorisées par le Conseil de sécurité, et à appuyer, grâce à la Commission de consolidation de la paix, les infrastructures nécessaires à la paix aux niveaux local et national.  Il importe également que la communauté internationale appuie l’initiative « Faire taire les armes à feu » de l’Union africaine, a-t-elle indiqué, précisant que le Secrétariat, agences, fonds et programmes de l’ONU sont en train de renforcer l’appui aux objectifs de cette initiative.

MOUSSA FAKI MAHAMAT, Président de la Commission de l’Union africaine, a salué l’élaboration d’une architecture de paix aux organes relativement efficaces, qui reflète un socle de valeurs partagées sur le principe que les problèmes africains doivent être résolus par les Africains et que le fardeau doit être supporté, pour l’essentiel, par les ressources propres de l’Afrique.

Sur cette base, l’Union africaine a proposé au Conseil de sécurité un modèle original de financement des missions de maintien de la paix, assuré par l’Union africaine et aussi par le Conseil, seul vrai responsable de la paix dans le monde, sur les ressources éligibles de l’organisation: cette question est aujourd’hui au cœur des préoccupations en matière de paix et de sécurité en Afrique, a rappelé M. Mahamat. 

Pour le Président de la Commission de l’Union africaine, les menaces à la paix sur le continent appellent d’urgence des approches innovantes car les mécanismes et réponses traditionnels ne répondent plus vraiment aux besoins.  Il a cité à cet égard le terrorisme et les trafics en tous genres, insaisissables par des modèles anciens.

Les coûts et les lourdeurs bureaucratiques des déploiements traditionnels les rendent inadaptés, obsolètes et inefficaces, a-t-il insisté, en souhaitant un nouveau modèle doté de mécanismes juridique, politique, financier et opérationnel, mieux adapté au contexte africain.  L’Union africaine est prête à travailler avec le Conseil en ce sens.

Des avancées significatives ont été obtenues avec la normalisation en République démocratique du Congo, en République centrafricaine et même au Soudan du Sud et en Somalie, ainsi qu’autour du bassin du lac Tchad, a estimé M. Mahamat.  Mais ces progrès ne doivent pas cacher les fragilités qui demeurent, ni les zones d’ombre.

Ainsi, au Sahel, les efforts contre le terrorisme ne donnent pas encore les résultats attendus.  Les pays du Groupe de cinq pays du Sahel (G5 Sahel) se sont regroupés pour mutualiser leurs ressources, mais le soutien du Conseil est ici essentiel ainsi qu’une vraie solidarité internationale, a plaidé le Président de la Commission. 

M. Mahamat s’est également étendu sur la crise libyenne, marquée « depuis le départ » par une « marginalisation frustrante » de l’Afrique, avec une pluralité d’intervenants extérieurs au continent « dont chacun poursuit un agenda qui lui est propre ».  Cette configuration de traitement du dossier libyen a montré ses limites et la crise ne cesse de s’approfondir, a-t-il affirmé.  Pour l’Union africaine, il faut d’abord, pour sortir de cette situation, clairement décider qu’il n’y a pas de solution militaire à cette crise, appliquer avec rigueur l’embargo sur les armes d’extrême urgence et engager un processus de négociation politique inclusif.

Ceci requiert un « mécanisme conjoint d’exécution » mettant l’Afrique au cœur du dispositif, a affirmé M. Mahamat, pour qui il ne s’agit pas là d’ego de la part de l’Union africaine mais de bon sens et de recherche d’efficacité.  L’Union africaine n’a aucun agenda spécifique mais cherche un partenariat respectueux et non supplétif recevant des ordres, a-t-il conclu. 

M. SERGEY V. LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a déclaré que le maintien de la paix et de la sécurité en Afrique était une mission cardinale, alors que ce continent est secoué de conflits et sous le coup de plusieurs menaces.  À la suite de leur lutte de libération acharnée pour l’accession à l’indépendance, dans laquelle la Russie a joué un rôle historiquement important, les pays africains se sont retrouvés confrontés à des diktats imposés par des puissances extérieures, a poursuivi M. Lavrov.  Le Ministre en a voulu pour preuve le cas de la Libye, devenue à ses yeux le théâtre d’une ingérence étrangère. 

En République centrafricaine et au Soudan du Sud, des accords de paix sont en train d’être mis en œuvre, grâce au courage des pays voisins qui se sont mobilisés pour assurer une médiation, a ensuite estimé M. Lavrov.  Toutefois, a-t-il ajouté, les dirigeants africains ne sont pas en mesure de résoudre tous leurs problèmes par eux-mêmes, ils ont besoin à cet égard de l’aide de la communauté internationale.

Considérant comme de la plus haute importance la coopération dans le domaine de la paix et de la sécurité, M. Lavrov a déclaré que sa délégation était prête à négocier à un projet de résolution qui sera présenté au Conseil de sécurité par la « troïka » africaine, dans laquelle il a vu un maillon reliant le Conseil de sécurité à l’Union africaine. 

La coopération russe, a assuré M. Lavrov, s’appuie sur les principes de neutralité et d’impartialité consacrés par la Charte des Nations Unies.  C’est dans ce contexte que la Fédération de Russie finance des programmes de formation des Casques bleus, avec un accent particulier sur les policières africaines.  En outre, deux cargaisons d’armes russes viennent d’être livrées en République centrafricaine.  Pour la Fédération de Russie, il est primordial de créer des forces armées efficaces et de renforcer les capacités des institutions étatiques, deux domaines dans lesquels ce pays prête également assistance, a encore assuré le Ministre. 

Pour M. MARCEL AMON-TANOH, Ministre des affaires étrangères de Côte d’Ivoire, la détérioration inquiétante de la situation sécuritaire sur le continent appelle de la part des organisations régionales des réponses urgentes et concertés, axées sur des partenariats stratégiques solides et mutuellement bénéfiques pour tous les acteurs.  Ces partenariats permettront d’atteindre les résultats visés sans compréhension de dynamiques à l’œuvre sur des terrains aussi variés que la pauvreté ou les groupes armés.

Pour être efficace l’action doit avant tout s’orienter vers l’appui aux stratégies de lutte contre la pauvreté, a poursuivi le Ministre.  Toutefois, le renforcement des capacités et des institutions régionales dans les domaines de prévention des conflits est tout ainsi indispensable.

Dans la sous-région d’Afrique de l’Ouest, la Côte d’Ivoire se félicite de la coopération entre la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS).  La Côte d’Ivoire souhaite d’ailleurs vivement le renforcement des capacités de la CEDEAO comme celles de l’Union africaine, car ce sont des outils d’alerte précoce, de veille stratégique et d’identification des conflits.

Dans l’espace de la CEDEAO, on a recensé plus de 2 200 attaques faisant 11 500 morts et des milliers de déplacés au cours des quatre dernières années, a poursuivi M. Amon-Tanoh.  Sans remettre en cause les initiatives existantes, les chefs d’État de la CEDEAO ont en donc décidé de fédérer leurs moyens et le sommet extraordinaire que l’organisation sous-régionale vient de consacrer à Ouagadougou à la lutte contre le terrorisme a ainsi adopté un plan d’action d’un montant d’un milliard de dollars qui sera financé sur des ressources internes, a poursuivi le Ministre.

Mais force est de reconnaître que le choc libyen a favorisé depuis 2011 la prolifération des armes et des réseaux criminels transnationaux, a encore fait observer M. Amon-Tanoh, ce qui impose, pour s’y opposer, un partenariat renforcé entre l’ONU et l’Union africaine.  Car, a-t-il conclu, les menaces dans la région pèsent bien au-delà de ses frontières.

M. SIMEON OYONO ESONO ANGUE, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la Guinée équatoriale, a déclaré que la prolifération des armes légères et de petit calibre, le trafic de ressources naturelles, la faiblesse des institutions de l’État figuraient parmi les principales raisons de l’instabilité du continent africain.  Ces causes sont trop souvent aggravées par la montée de l’extrémisme et du terrorisme, de même que par les changements climatiques, tous les phénomènes qui provoquent en conséquence des migrations massives. 

Après avoir souligné le rôle joué par les opérations de paix de l’Union africaine, M. Esono Angue a rappelé qu’en février 2019, son pays avait présenté une résolution sur le thème: « Faire taire les armes en Afrique: coopération entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales », laquelle avait été adoptée par le Conseil.  Une fois mis en œuvre, ce texte sera de nature à pacifier le continent, a estimé le Ministre.  Il a également jugé nécessaire que soient mobilisées les communautés économiques régionales dans la formulation des mécanismes de règlement et de prévention des conflits en Afrique. 

Mme NALEDI PANDOR, Ministre des relations internationales d’Afrique du Sud, a salué les avancées réalisées en réponse aux aspirations de l’Union africaine dans le cadre de l’initiative « Faire taire les armes en Afrique d’ici à 2020 », qui a permis de régler certains conflits de longue date.  Depuis que l’Organisation de l’unité africaine (OUA) est devenue l’Union africaine en 2002, le continent s’est doté d’un cadre solide face aux défis en matière de sécurité et aux menaces, a-t-elle estimé.  Ces cadres ont pour certains mué en initiatives sous-régionales qui ont permis au continent de réduire les conflits armés et violents.

Malgré ces progrès, les défis restent complexes et portent sur des questions transversales entre la paix et la promotion du développement, de l’accès aux ressources de la bonne gouvernance, a tempéré la Ministre.  Pauvreté, marginalisation, inégalité, chômage, pillage des ressources, ingérence extérieure ou encore changements climatiques ont encouragé l’instabilité et l’insécurité.  C’est aussi le cas de la mauvaise gouvernance ou de l’aventurisme militaire.

Les conséquences se font ressentir sur le continent et sur d’autres régions.  C’est pourquoi des partenariats solides sont nécessaires.  Pour que l’Afrique puisse atteindre la paix et la prospérité, il faut mettre en œuvre les aspirations du continent.  Les Nations Unies apportent une contribution considérable en Afrique, notamment avec les soldats de la paix et via le système des Nations Unies pour le développement, a relevé Mme Pandor.

L’Union africaine et les organisations régionales ont montré pour leur part un fort leadership en réagissant rapidement grâce à leur connaissance des situations et des dynamiques régionales, a plaidé la Ministre.  Mais, lorsque les missions se retirent pour céder la place à la reconstruction, il faut pouvoir coordonner les efforts et les harmoniser entre les différents acteurs.  La Commission de consolidation de la paix (CCP) des Nations Unies et le cadre d’action de l’UA pour la reconstruction et le développement après un conflit doivent travailler main dans la main pour assister les pays concernés, a poursuivi Mme Pandor, pour qui il convient d’associer les femmes et les jeunes, car ce sont les conditions sine qua non d’une paix durable.  Mais il est indispensable que ces organismes se complètent et œuvrent à des objectifs communs, a-t-elle averti.

M. SHEIKH SABAH KHALID AL HAMAD AL SABAH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Koweït, a expliqué que la coopération entre l’ONU et l’Union africaine avait connu des développements majeurs ces dernières années, grâce à la signature d’une déclaration conjointe visant à renforcer leurs axes de collaboration.  Il a appelé à préserver les efforts en cours pour conserver les divers gains, afin de rendre plus efficaces les opérations de paix africaines, tout en préconisant le développement de sociétés participatives, seules à même de garantir une stabilité durable. 

Le Ministre a rappelé les principes de « l’Agenda 2063: L’Afrique que nous voulons », qui affirme qu’il faut consolider la paix et la tolérance, la bonne gouvernance et les droits de l’homme.  Selon lui, l’Afrique assure la « continuité stratégique » de la paix dans le monde arabe. 

Se disant en phase avec le rapport de l’ancien Secrétaire général sur les causes profondes des conflits en Afrique, M. Al Sabah a affirmé qu’il ne saurait y avoir de paix sans développement ni de développement sans paix, un principe de réciprocité qui, a-t-il ajouté, est au fondement de la politique étrangère du Koweït vis-à-vis des nations africaines.  Le Koweït s’est ainsi engagé à réaliser des investissements d’un montant d’un milliard de dollars en vue d’améliorer les infrastructures africaines.  Enfin, le Chef de la diplomatie koweitienne a souligné que l’ONU devait faciliter l’application de la résolution « Faire taire les armes » adoptée le 27 février dernier.

M. WANG YI, Ministre des affaires étrangères de la République populaire de Chine, a appuyé les pays africains dans la recherche de solutions africaines aux problèmes africains.  Aider le continent à accéder à la paix et à la sécurité est un devoir de la communauté internationale et il faut l’appuyer et renforcer ses capacités en ce sens, a-t-il ajouté.  L’Afrique représente un cinquième de la population mondiale, a rappelé le Ministre, pour qui le grand nombre des questions abordées par le Conseil de sécurité concernant le continent témoignent de l’importance de ses sujets.

En traitant leurs problèmes eux-mêmes les pays africains -qui connaissent le mieux la situation- ont renforcé leurs partenariats et le Conseil de sécurité devrait être à l’écoute de leurs points de vue, a poursuivi M. Yi.  Ces dernières années ont montré un approfondissement de cette coopération et cet élan doit être poursuivi, a-t-il affirmé.

Le défi principal pour le continent africain reste le manque de capacités et de financement, a estimé le Ministre.  Aussi, le Conseil de sécurité et la communauté internationale doivent-ils assumer leurs responsabilités.  La Chine appelle les membres du Conseil à parvenir à un consensus sur ce point au plus vite.

M. Yi a aussi salué la création d’un gouvernement de transition au Soudan, assurant que la Chine se tenait prête à travailler avec lui.  Par ailleurs, l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) devrait se retirer au plus vite, en juin, pour que ses ressources soient affectées ailleurs, a-t-il estimé.  À propos de la Libye, il a prôné une solution par les Libyens et pour les Libyens, avec le soutien des organisations régionales, Union africaine et Ligue arabe.

La Chine préconise des partenariats fondés sur les principes de bonne foi et de sincérité en vue d’une solution garantissant les intérêts communs, a encore affirmé le Ministre.  La Chine appuie le renforcement des capacités de l’Afrique à maintenir la paix en allouant des centaines de millions de yuans. 

M. JEAN-YVES LE DRIAN, Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, a rappelé que l’Afrique n’était pas en attente de notre générosité, mais de partenaires.  C’est la raison pour laquelle la France se tourne vers elle pour y nouer des partenariats économiques durables, « d’égal à égal », investir dans le secteur privé, dans les innovations et la jeunesse.  Ce sera d’ailleurs le thème du prochain sommet Afrique-France qui sera organisé à Bordeaux en juin 2020, a annoncé le Chef de la diplomatie française. 

S’agissant du partenariat entre l’Union africaine et l’ONU, M. Le Drian a cité trois exemples récents couronnés de succès, à commencer par le soutien apporté par l’ONU et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) aux efforts de l’Union africaine à Madagascar.  Des efforts conjugués qui ont permis de renforcer la transparence et la crédibilité de l’élection présentielle de 2018 dans ce pays, a-t-il estimé.

En République centrafricaine, a poursuivi M. Le Drian, l’action conjuguée de l’Union africaine et de l’ONU a permis la signature, le 6 février dernier, de l’Accord de paix entre le Gouvernement et les groupes armés.  Et au Sahel, l’action conjointe de l’ONU, l’Union africaine, de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et du G5 Sahel est indispensable, comme en témoignent la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, où l’ONU et l’Union africaine jouent un rôle clef au sein du comité du suivi, mais aussi la lutte antiterroriste, avec le soutien logistique de la MINUSMA à la Force conjointe du G5 Sahel.  Le Ministre a ensuite suggéré d’approfondir le partage de l’information d’alerte précoce, pour mieux anticiper et prévenir les crises. 

Nous devons aussi aller plus loin en ce qui concerne le cofinancement par l’Union africaine et l’ONU des prochaines opérations africaines de paix, a estimé M. Le Drian.  La France apporte donc son soutien à la démarche de l’Union africaine visant à ce que le Conseil de sécurité autorise, au cas par cas et selon des modalités précises, le recours aux contributions obligatoires, en complément de la contribution de l’Union africaine, pour financer ces opérations.  Le Ministre a donc salué le travail engagé par le Secrétaire général de l’ONU et le Président de la Commission de l’Union africaine sur cette question, en particulier l’engagement pris au Sommet de Kigali de 2016 par l’Union africaine de financer 25% du coût de ces opérations d’ici à 2020, via son fonds pour la paix.

Mme RETNO LESTARI PRIANSARI MARSUDI, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, a affirmé que son pays partageait la volonté de partenariat à tous les niveaux avec l’Afrique, détaillant un partenariat qui ne nuise pas, qui apporte des retombées économiques au continent et lui permette de progresser.

Les problèmes de paix et de sécurité auxquels sont confrontées certaines régions de l’Afrique sont de plus en plus complexes et chaque situation suppose une solution adaptée à la situation sur le terrain, a poursuivi la Ministre.  Pour l’Indonésie, la communauté internationale doit accompagner les efforts du continent dans la recherche de la paix et la sécurité, mais il est aussi nécessaire de renforcer les partenariats avec les organisations sous-régionales.  La coopération interrégionale compte également beaucoup, comme celle établie entre l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et l’Union africaine sur des questions d’intérêts communs.

Enfin, il est important d’accroître le soutien international au développement des capacités africaines, dans le domaine des infrastructures, du commerce et des stratégies industrielles, a encore estimé la Ministre.  L’Indonésie, pour sa part, contribue à sept missions de maintien de la paix de l’ONU en Afrique et continuera de le faire, car elle entend être un partenaire dans le maintien de paix et de la sécurité. 

Pour M. JACEK CZAPUTOWICZ, Ministre des affaires étrangères de la Pologne, le principe « des solutions africaines aux problèmes africains » reste valable.  Néanmoins, les défis du continent en matière de sécurité, et en premier lieu ceux du terrorisme et de l’extrémisme, ne connaissent pas de frontières, a-t-il remarqué en citant les cas du Mali, de la Libye et de la Somalie.  Il s’agit là de menaces de sécurité qui concernent d’autres pays que ces trois-là et même toute la région.  Elles exigent des solutions sur mesure sur le terrain et des efforts conjoints internes et internationaux.

Le Ministre a dit voir dans la résolution 2475 (2019) adoptée par le Conseil de sécurité cette année et qui porte sur l’initiative « Faire taire les armes en Afrique », un pas supplémentaire vers la stabilisation de la situation sur le continent à travers une coopération internationale renforcée.  Mais cette « collaboration étroite » ne signifie pas un transfert complet de la responsabilité à des organisations régionales et sous-régionales.  Les Nations Unies doivent répondre aux conflits de manière globale et avec tous les moyens disponibles, allant de la prévention, au maintien et à la consolidation de la paix.  À cette fin, une coopération plus intense entre l’ONU et l’Union africaine est cruciale, notamment pour ce qui est de développer et renforcer les bases institutionnelles de l’Union africaine, a reconnu M. Czaputowicz. 

Dès lors, la Pologne soutient les efforts visant à renforcer la médiation et la diplomatie préventive, le règlement pacifique des conflits et de leurs causes profondes.  Elle salue le leadership de l’Afrique de l’Ouest et des pays du Sahel qui sont à l’origine d’initiatives pour répondre aux défis sécuritaires de la région.  La Pologne reconnait aussi l’action de l’Union africaine et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour renforcer la sécurité dans les zones frontalières.  Les initiatives régionales pour faire face au terrorisme et au crime transnational organisé sont également bienvenues.  M. Czaputowicz a cité en exemple le rôle de la Force multinationale mixte contre Boko Haram, celui de la Force conjointe G5 Sahel et celui de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) dans la facilitation du processus de paix au Soudan du Sud.

Forte de son expérience, la Pologne rappelle l’importance d’institutions fortes et redevables pour la stabilité politique et la croissance économique en période de transition démocratique.  Pour le Ministre, la faiblesse des institutions de l’État est l’une des sources de l’insécurité et de l’instabilité en Afrique.  M. Czaputowicz a appelé à mettre l’accent sur les liens qui existent entre coopération dans les domaines de la sécurité et du développement pour construire des pays plus résilients et plus autosuffisants.

La Pologne est également consciente du fait que l’absence de perspectives pousse les jeunes Africains à s’embarquer dans des « voyages dangereux à l’étranger » et à se radicaliser.  Fort de ce constat, l’aide au développement de la Pologne mise sur l’éducation et la formation professionnelle pour offrir des opportunités aux jeunes en Afrique et répondre aux besoins des enfants et jeunes handicapés. 

M. NESTOR POPOLIZIO BARDALES, Ministre des affaires étrangères du Pérou, a appelé à renforcer les capacités de suivi et d’alerte précoce à l’échelle du continent africain, notamment en renforçant les différents Bureaux politiques de l’ONU de la région.  Il a jugé crucial d’y développer une diplomatie préventive et d’avoir recours aux moyens pacifiques de résolution des différends.  Il a estimé que les efforts déployés pour augmenter les normes d’efficacité et de performance des opérations de maintien de la paix devaient tenir compte des avantages comparatifs des institutions mondiales aussi bien que régionales.  Il a salué l’expérience africaine en matière de lutte contre le terrorisme, notamment par le truchement de la Force conjointe du G5 Sahel, pour ensuite insister sur l’importance d’un financement prévisible, durable et souple des opérations de paix de l’Union africaine. 

Le Ministre a par ailleurs appelé au renforcement mutuel du Programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations Unies et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, l’objectif final étant d’enrayer les causes sous-jacentes des conflits, de promouvoir la croissance économique et d’appuyer la participation des femmes et des jeunes en tant qu’agent du changement.

M. BRUNO VAN DER PLUIJM (Belgique) a rappelé que la Belgique, tout comme l’Union européenne, plaide depuis longtemps pour un partenariat renouvelé, « plus global, plus dynamique et plus ambitieux » avec le continent africain.  Il a appelé à dépasser les antagonismes du passé et à travailler encore plus étroitement avec l’Union africaine dans le but de « faire taire les armes » en Afrique.  Il faut aussi travailler davantage ensemble au développement, aux droits humains et à la bonne gouvernance, « puissants vecteurs de stabilité », a-t-il dit.

M. Van Der Pluijm s’est réjoui des progrès enregistrés dans la revitalisation du Fonds pour la paix de l’Union africaine, estimant par ailleurs que les opérations de l’Union africaine devaient pouvoir bénéficier d’un financement solide et prévisible.  Il a appelé le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine à aller « un pas plus loin » dans la coordination et la collaboration, jugeant que l’analyse des risques devait être mieux alignée.  Il a également prévenu que ce « partenariat renouvelé » ne serait pertinent que s’il prenait en compte la diversité africaine.  Il a insisté sur le principe de subsidiarité, qui prévoit qu’une action publique doit être conduite en priorité au niveau le plus approprié.  En la matière, il a relevé que certaines crises étaient bien gérées à un niveau sous-régional, notamment en Gambie ou en Guinée-Bissau.  Il a cependant souligné que le principe de subsidiarité ne devait en aucun cas servir de prétexte à l’inaction et ne saurait être une barrière à des avancées.

M. Van Der Pluijm a conclu en rendant hommage aux femmes africaines, « qui prouvent chaque jour qu’elles sont prêtes à transformer le continent ».

M. HEIKO MAAS, Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, a déclaré qu’il faut continuer de s’engager au-delà des crises immédiates, pour travailler sur les liens entre paix et développement.  C’est la raison pour laquelle son gouvernement à l’intention de verser 15 millions de dollars de plus au Fonds de consolidation de la paix.  Selon lui, la communauté internationale a besoin de nouer des partenariats plus solides avec l’Afrique, dans le respect des priorités continentales.  Faisons en sorte que le Conseil de sécurité soit une instance vers laquelle les civils africains puissent placer leurs espoirs à l’avenir, a ajouté le Chef de la diplomatie allemande. 

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a prôné une approche intégrée des Nations Unies en Afrique, estimant que l’Union européenne et l’ONU étaient des partenaires indispensables sur le continent.  Ces efforts, étroitement liés à ceux des organisations sous-régionales, ont porté leurs fruits au Soudan en 2019 ainsi qu’en République centrafricaine, a-t-il estimé.

La coopération et la coordination sur toute une gamme de questions continuent d’être un élément vital des stratégies de partenariat entre l’Union africaine, l’ONU et le Royaume-Uni qui reconnait le rôle essentiel joué par l’Union africaine dans les activités de paix sur le continent, comme il appuie la contribution des Nations Unies aux opérations de paix des Africains, au cas par cas et sur la base de certaines normes prédéfinies.

Le Royaume-Uni entretient pour sa part un partenariat de défense de longue date en matière de sécurité avec l’Afrique, a poursuivi le représentant.  Ainsi, le Royaume-Uni a formé l’été dernier des troupes du Malawi avant leur déploiement en République démocratique du Congo.

Mais on ne peut avoir de véritables débats sur ces questions sans inclure les femmes et filles africaines, qui seront d’ailleurs au cœur d’une conférence à Londres en novembre, a poursuivi M. Allen.  Les recherches et les études suggèrent que les processus de paix incluant des femmes ont plus de 35% de chances supplémentaires de perdurer, a-t-il fait valoir.

Sécurité, développement et bonne gouvernance sont étroitement imbriqués, a encore rappelé M. Allen.  En tant que principal contributeur en matière de développement en Afrique, le Royaume-Uni continuera à tout faire pour améliorer le quotidien des Africains et va contribuer à mobiliser les investissements privés dans le cadre d’un sommet début 2020 à Londres.  Mais il s’agit avant tout d’insister sur le fait que ce sont les Africains qui façonnent l’avenir du continent, a conclu le représentant. 

M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) a indiqué que son pays avait versé 13,4 milliards de dollars d’aide financière à l’Afrique au cours de l’année, une somme qui témoigne de l’engagement de Washington auprès du continent.  Il a souligné l’importance de renforcer les liens avec différents partenaires. 

L’un des défis qui se posent à la coopération, c’est bien sûr le financement des opérations de paix de l’Union africaine, a rappelé le représentant, qui a déclaré que son gouvernement appuyait les efforts de l’ONU pour établir des systèmes en mesure de fournir des financements prévisibles.  Mais tout nouveau mécanisme nécessitera une approche réaliste et toute résolution éventuelle du Conseil de sécurité devra prendre en compte des éléments tels que le partage des responsabilités et les normes de comportement en vigueur dans le maintien de la paix, a-t-il averti.

M. MIGUEL VARGAS MALDONADO, Ministre des affaires étrangères de la République dominicaine, a estimé que les situations au Mali, au Soudan, en Libye ou en Somalie, démontraient que les menaces auxquelles est confrontée l’Afrique doivent être abordées de manière holistique.  Cependant, a-t-il précisé, la responsabilité fondamentale d’y répondre appartient aux pays africains, qui doivent bénéficier du soutien de la communauté internationale.  Le Ministre s’est attardé sur l’importance de l’initiative « Faire taire les armes en Afrique », se félicitant des progrès réalisés par les États africains dans l’opérationnalisation de la feuille de route pour parvenir à sa mise en œuvre. 

Pour faire face aux défis qui se posent en Afrique, il faut se pencher sur les causes immédiates et profondes de ces conflits, avant que ces situations n’échoient à l’ordre du jour du Conseil, a recommandé M. Vargas Maldonado.  Il a exhorté les organisations régionales à cimenter la confiance et la volonté politique nécessaires pour faire advenir la paix durable sur le continent, jugeant indispensable à cette fin le leadership de l’Union africaine. 

M EHAB FAWZY, Ministre adjoint des affaires étrangères de l’Égypte, a estimé que la meilleure manière de garantir paix et sécurité dans le monde et en particulier sur le continent africain consistait à traiter des racines profondes des problèmes.  Mais pour prévenir les conflits et les crises et éviter ainsi qu’elles n’éclatent, il est important de mettre l’accent sur la résolution des problèmes africains par les Africains, a-t-il ajouté.  Il a insisté sur la diplomatie préventive et sur la gestion de la reconstruction après les conflits, faisant valoir que son pays consentait des efforts considérables dans ces domaines, y compris pour relancer les politiques africaines sur le sujet.

Des efforts doivent cependant être engagés au niveau international et pour garantir la coordination entre le Conseil de sécurité et l’Union africaine sur les questions figurant à leurs ordres du jour commun, a poursuivi M. Fawzy.

Enfin, tous les efforts régionaux et internationaux doivent respecter la souveraineté des États et le rôle central des gouvernements, conformément aux priorités nationales, a insisté le Ministre adjoint.  Une paix durable ne saurait en effet être obtenue sans renforcer les capacités des gouvernements à étendre leur présence sur leur territoire.

M. Fawzy a conclu en mettant également l’accent sur le développement pour aller vers la pérennisation de la paix et de la stabilité.  C’est dans ce cadre que l’Égypte s’apprête à lancer le Forum d’Assouan pour la paix et le développement, les 11 et 12 décembre.

M. JEAN-CHRISTOPHE BELLIARD, Secrétaire général adjoint de l’Union Européenne, a relevé qu’hormis l’Union européenne, l’Afrique est le seul continent à s’être doté des moyens et instruments pour assurer la paix et la stabilité sur son territoire.  Grâce à l’Union africaine, il n’existe plus de conflits majeurs sur son territoire, a-t-il estimé.  Mais des défis sécuritaires importants demeurent souvent liés à l’incapacité des États à assurer une présence sécuritaire sur tout leur territoire ou à répondre aux aspirations de leur population.  Ces fragilités sont aggravées par les menaces et trafics transnationaux qui encouragent le terrorisme.  Il faut donc continuer de se mobiliser pour soutenir les États africains et à ce titre, l’engagement fervent de l’Union africaine au Soudan a valeur d’exemple.

Pour l’Union européenne, la prévention des conflits est une obligation de la communauté internationale et non pas une ingérence, car c’est dans la prévention des conflits qu’on peut éviter des interventions plus énergiques, a expliqué M. Belliard.  L’Union européenne demeure engagée à poursuivre une approche intégrée, qui exige une démarche multidimensionnelle coordonnée des acteurs publics sur les plans sécuritaire, humanitaire, et du développement a-t-il poursuivi, citant le Sahel comme « le meilleur exemple de cette approche intégrée » adoptée par l’Union européenne.

Les initiatives de paix et de sécurité africaines menée par la communauté internationale doivent nécessairement respecter les engagements pris par les Africains en ce qui concerne la « gouvernance sécuritaire » du continent, dont la coordination a été assignée clairement à l’Union africaine, a encore déclaré M. Belliard.  Il a rappelé que, depuis 2007, l’Union européenne avait consacré 2,7 milliards d’euros au financement des initiatives africaines menées dans le cadre de l’architecture de paix et de sécurité du continent.  Par ailleurs, l’Union africaine et l’Union européenne ont établi un partenariat stratégique lors de leur premier sommet au Caire en 2000 et le dernier sommet en date à Abidjan, en mai 2018, a permis de redéfinir les priorités communes.

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