8619e séance – matin
CS/13952

Yémen: l’Envoyé spécial avertit le Conseil de sécurité d’un risque de « conflagration régionale » après les attaques contre des installations pétrolières saoudiennes

Sur fond d’attaques, ce week-end, contre des installations pétrolières en Arabie saoudite, revendiquées par les rebelles houthistes, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen a averti, ce matin, le Conseil de sécurité du risque de « conflagration régionale » que cette action fait courir, alors même que des efforts de médiation sont déployés, sous les auspices du royaume saoudien, pour éviter que ne s’aggrave la « fragmentation » du sud du pays, en proie à un bras de fer entre le Gouvernement yéménite et le Conseil de transition du Sud. 

Qualifiant de « terrifiant » le risque de voir s’étendre le conflit yéménite, M. Martin Griffiths a souligné dans son intervention que les attaques du 14 septembre contre les installations de la compagnie ARAMCO ont non seulement causé une « perturbation importante » à la production de pétrole brut de l’Arabie saoudite mais ont aussi « des répercussions au-delà de la région ».  Si la responsabilité de cette agression n’est pas encore formellement établie, le fait que Ansar Allah, la branche politique du mouvement houthiste soutenu par l’Iran, l’ait revendiquée est un « mauvais signe », a concédé l’Envoyé spécial, disant craindre à présent pour la stabilité régionale.

« Nous sommes aux cotés de nos amis saoudiens », a d’emblée réagi la nouvelle représentante des États-Unis, non sans rappeler que les attaques du week-end menacent aujourd’hui l’approvisionnement énergétique de la communauté internationale dans son ensemble.  Faisant écho aux propos du Secrétaire d’État américain, M. Mike Pompeo, l’ambassadrice a en outre exprimé des doutes quant au fait que ces frappes ciblées proviendraient du Yémen.  À ses yeux, tout plaide, au contraire, pour une implication directe de l’Iran.

À l’instar de toutes les autres délégations, la Fédération de Russie a elle aussi condamné fermement les attaques de drones perpétrées contre deux installations pétrolières saoudiennes, y voyant un risque de complication supplémentaire pour le processus politique au Yémen.  Elle a toutefois appelé à « ne pas se perdre en conclusion hâtive concernant l’incident », et ce, afin d’éviter de « jeter de l’huile sur le feu » inutilement.

Le Yémen a quant à lui dénoncé avec force ce qu’il a qualifié d’attaque terroriste « lâche », tout en réaffirmant la solidarité de son gouvernement envers Riyad, ainsi que l’engagement de son pays à œuvrer en faveur de la sécurité de l’Arabie saoudite.  Au-delà de cet incident, le représentant yéménite a mis l’accent sur les événements survenus depuis le 8 août à Aden, la capitale provisoire du Yémen, où « ceux qui s’autoproclament » le Conseil de transition du Sud ont réalisé un « putsch », avec l’appui des Émirats arabes unis, faisant brièvement main basse sur les institutions de l’État.

Dans ce contexte, le délégué yéménite a salué les appels au dialogue lancés par l’Arabie saoudite, lesquels ont permis, selon lui, de prévenir une détérioration de la situation à Aden et dans les deux provinces du Sud.  Il a remercié avec effusion le royaume saoudien pour ses efforts de médiation entre le Gouvernement et le Conseil de transition du Sud, rejoint par l’Envoyé spécial qui exprimé ses vœux de réussite aux pourparlers de Djedda, avant de mettre en garde contre un risque de « métastases » qui menacerait « l’existence même du Yémen ».

Sur une note plus positive, M. Griffiths a fait état de « progrès limités » au cours du mois écoulé, assurant que les parties progressent dans la mise en œuvre de l’Accord de Stockholm.  Il a ainsi rappelé la tenue, les 8 et 9 septembre, de la sixième réunion du Comité de coordination du redéploiement en mer Rouge, au cours de laquelle il a été question du désengagement le long des lignes de front.  Se félicitant du climat « positif et pragmatique » de cette rencontre, il a indiqué que le cessez-le-feu tripartite et le mécanisme de désescalade sont à présent activés, ce dont s’est félicité le Koweït, soucieux que soient réunies les conditions d’un cessez-le-feu général, d’un échange de prisonniers et d’une mise en œuvre de l’accord de Taëz pour l’ouverture de couloirs humanitaires.  

Sur ce point, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, M. Mark Lowcock, a pointé du doigt les nombreuses violations du droit international humanitaire qui continuent d’être commises dans le pays, en dépit des appels répétés de la communauté internationale, en particulier du Conseil de sécurité dans sa Déclaration présidentielle du 29 août, en lien avec sa résolution 2451 (2015), et du Groupe d’experts éminents créé par le Conseil des droits de l’homme, qui vient de publier son rapport.  Il a notamment cité les frappes qui ont ciblé, voilà deux semaines, une prison dans la province de Dhammar, faisant plus de 100 morts. 

Entre juin et juillet, a encore précisé le Secrétaire général adjoint, 300 cas d’entraves à l’accès de l’aide humanitaire ont été signalées, la grande majorité étant dues aux restrictions imposées par les autorités d’Ansar Allah.  M. Lowcock a dénoncé, entre autres, les obstacles apportés à l’inscription des bénéficiaires, les tentatives de détournement de l’aide et de contrôle de la sélection des partenaires sur le terrain.  Une situation d’autant plus alarmante que, comme l’a souligné l’Afrique du Sud, l’incidence du conflit sur les civils est « dévastatrice », avec 24 millions de personnes en besoin d’assistance, 15 millions frappées par la faim et 1,1 million affectées par le choléra.

Notant que 4,5 millions de personnes ne peuvent bénéficier de l’aide en raison des restrictions imposées par les parties au conflit, la France a, pour sa part, averti que les nouvelles contraintes imposées par les rebelles houthistes pouvaient aggraver la situation.  En conséquence, elle a appelé à « éviter à tout prix la fermeture des programmes humanitaires », tout en rappelant que le Programme alimentaire mondial (PAM) a besoin de 663 millions de dollars pour les six prochains mois.  Quant au Plan de réponse humanitaire pour le Yémen, il devrait, selon M. Lowcock, bénéficier prochainement du versement de 500 millions de dollars promis en février par l’Arabie saoudite, un montant auquel doivent s’ajouter les 200 millions de dollars alloués par les Émirats arabes unis. L’Allemagne s’est de son côté engagée à décaisser 100 millions d’euros, avec un possible supplément de 30 millions d’euros.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIEN

Déclarations

M. MARTIN GRIFFITHS, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, a souligné, dès l’entame de son exposé, que le Conseil de sécurité n’a « pas de temps à perdre » s’il veut progresser avec détermination vers la solution politique qui conduira à la fin du conflit au Yémen.  Notant avoir déjà lancé cet appel lors de son dernier briefing, il a souhaité en rappeler les raisons.  La première, a-t-il dit, est l’escalade préoccupante de la situation militaire.  L’attaque menée contre les installations d’ARAMCO en Arabie saoudite, le 14 septembre, a causé une perturbation importante dans la production de pétrole brut du royaume ce qui a des répercussions au-delà de la région.  Ce type d’action risque d’entraîner le Yémen dans une conflagration régionale, a-t-il averti.  Tout aussi « terrifiant », cela va à l’encontre des conversations qu’il a eues ces dernières semaines sur des mesures de désescalade à prendre par les différentes parties au conflit.  Si la responsabilité de l’attaque n’est pas encore établie, le fait qu’Ansar Allah l’ait revendiquée est un mauvais signe, a poursuivi M. Griffiths.  Quoiqu’on découvre sur cette attaque, elle montre que le Yémen semble s’éloigner de la paix que nous recherchons.  Et « plus la guerre dure, plus la menace est grande pour la stabilité régionale », a-t-il martelé, appelant le Conseil à faire preuve d’audace. 

L’Envoyé spécial a indiqué que la seconde raison de son appel est la situation dans le sud du pays, où règne un « calme inquiétant ».  Si Aden reste en grande partie sous le contrôle du Conseil de transition du Sud, ses forces affrontent celles du Gouvernement du Yémen dans la ville voisine d’Abiyan, tandis que Chaboua est également le théâtre d’affrontements.  Des forces venues d’autres fronts ont fait mouvement pour soutenir leurs camps respectifs et alimentent cette dangereuse crise, a précisé M. Griffiths, ajoutant que ces événements déstabilisateurs sont propices à un « nouvel aventurisme militaire ».  Il s’est cependant déclaré encouragé par les appels à la paix lancés par d’autres groupes dans les provinces du Sud, qui ne souhaitent pas voir les événements d’Aden se répéter ou s’étendre.  Pour le haut fonctionnaire, le risque d’une plus importante fragmentation existe malgré tout.  C’est pourquoi, il a réitéré sa condamnation des efforts déployés par le Conseil de transition du Sud pour prendre le contrôle d’institutions étatiques par la force. 

À Djeddah, a assuré l’Envoyé spécial, le royaume saoudien multiplie les médiations pour parvenir à une solution.  « Je leur souhaite de réussir, ce sont d’indispensables médiateurs et leur succès sera le nôtre », a-t-il souligné, saluant la présence à ces discussions de délégations du Gouvernement du Yémen et du Conseil de transition du Sud.  Les développements de la situation dans le Sud rendent plus urgente encore la nécessité de mettre fin au conflit dans son ensemble, a-t-il encore souligné, mettant en garde contre un risque de « métastases » qui menacerait l’existence même du Yémen. 

Sur une note plus positive, l’Envoyé spécial a fait état de « progrès limités » au cours du mois écoulé.  Depuis le dernier briefing, les parties ont progressé dans la mise en application de l’Accord de Stockholm, a-t-il dit, rappelant la tenue, les 8 et 9 septembre, de la sixième réunion du Comité de coordination du redéploiement en mer Rouge, au cours de laquelle il a été notamment question de l’application du cessez-le-feu et du désengagement le long des lignes de front.  Se félicitant du climat « positif et pragmatique » de cette réunion, il a indiqué que le cessez-le-feu tripartite et le mécanisme de désescalade étaient à présent activés.  Un centre d’opération conjoint fonctionne depuis une semaine et permet d’améliorer la communication entre les parties et avec les commandants sur le terrain, a-t-il ajouté.  Il s’agit, a-t-il dit, de la première initiative commune depuis la signature de l’Accord de Stockholm.  Ce centre aidera à consolider le cessez-le-feu et à sauver des vies, a soutenu M. Griffiths, affirmant avoir déjà vu un recul du nombre d’incidents à Hodeïda la semaine passée.  Il s’est en outre déclaré encouragé par la volonté des parties de mettre en œuvre d’autres mesures, parmi lesquelles des rencontres tripartites régulières d’officiers de liaison et l’ouverture de couloirs humanitaires.  La diminution des violences est un des principaux accomplissements de l’accord sur Hodeïda, a-t-il indiqué, espérant que ces mesures permettront de consolider l’arrêt des hostilités et d’améliorer la livraison de l’aide humanitaire.  Par ailleurs, s’agissant de la proposition qu’il avait faite aux parties sur la phase 1 des redéploiements, il a dit attendre leur réponse d’ici au 20 septembre.  Il a également félicité le général Abhijit Guha pour sa désignation à la tête de la Mission d’appui des Nations Unies à l’accord sur Hodeïda (MINUAAH) et du Comité de coordination du redéploiement. 

L’Envoyé spécial a ensuite déclaré n’avoir que peu d’élément à ajouter concernant les accords conclus en Suède.  Aucune avancée ne s’est faite sur la question des prisonniers, a-t-il indiqué, précisant que sa proposition en faveur d’un échange d’un premier groupe de détenus avait reçu l’aval d’une seule partie, l’autre appelant à une libération générale et en une seule fois.  Une solution jugée « peu pratique » par M. Griffiths compte tenu des exigences des deux parties.  Il a ajouté qu’en dépit des difficultés rencontrées, il n’avait pas renoncé à faire appliquer l’accord de Taëz.  Il dit vouloir le faire avec l’appui de la communauté locale et des groupes de femmes.  Le principal objectif de cet accord reste d’obtenir l’ouverture de couloirs humanitaires afin de diminuer les souffrances humaines et de permettre un accès sans entrave de l’aide humanitaire.  Il a terminé son intervention en soulignant que, parallèlement aux efforts visant à mettre en œuvre l’Accord de Stockholm, les parties yéménites doivent continuer à aller de l’avant et reprendre un processus politique inclusif afin de parvenir sans délai à un règlement global du conflit.  « Il faut maintenir cet élan », a-t-il insisté, promettant d’intensifier ses échanges avec un grand nombre de parties prenantes dans les prochaines semaines.  

M. MARK LOWCOCK, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a tout d’abord condamné l’attentat perpétré samedi contre des installations pétrolières en Arabie saoudite et a appelé les parties à faire preuve de la plus grande retenue.  Il a ensuite rappelé l’adoption, le 29 août, de la Déclaration présidentielle du Conseil de sécurité qui met l’accent sur des questions humanitaires cruciales, à savoir le respect du droit international humanitaire, l’accès humanitaires sans entrave, le plein financement des opérations humanitaires et l’appui à l’économie « chancelante » du Yémen.  Nombre de ces questions figuraient déjà dans la résolution 2451 (2015), et pourtant, a-t-il déploré, nous ne rapprochons pas des objectifs que nous voulons atteindre et, dans certains cas, nous nous en sommes mêmes éloignés.

M. Lowcock a pointé du doigt les nombreuses violations du droit international humanitaire et incidents qui ont fait des victimes civiles, citant notamment les frappes sur une prison dans la province de Dhamar, il y a deux semaines, qui ont fait plus de 100 morts.  Ce type d’attaque survient à un rythme troublant, a-t-il relevé, évoquant plusieurs attaques similaires perpétrées vendredi dernier.  Il a réitéré son appel pour que soit imposé un cessez-le-feu sur tout le territoire national.  Il a également parlé du rapport « troublant » récemment publié par le Groupe indépendant d’experts éminents, créé par le Conseil des droits de l’homme, espérant que le mandat de ce groupe serait prorogé.

Le Secrétaire général adjoint a ensuite alerté sur le fait que, en dépit des appels répétés du Conseil de sécurité, l’environnement opérationnel de l’intervention humanitaire n’a jamais été aussi précaire.  Entre juin et juillet, 300 cas d’entraves à l’accès ont été signalés, la grande majorité de ces incidents étant due aux restrictions imposées par les autorités d’Ansar Allah.  M. Lowcock a cité, entre autres, les obstacles apportés à l’inscription des bénéficiaires, les tentatives de détournement de l’aide et de contrôle de la sélection des partenaires sur le terrain.  Des travailleurs humanitaires ont été arrêtés à des points de contrôle et, dans plusieurs cas, détenus de manière arbitraire, a-t-il dénoncé.  Le personnel humanitaire subit également des intimidations et harcèlements à l’aéroport de Sana’a.  De plus, Ansa Allah cherche à imposer aux ONG internationales de nouvelles règles qui vont à l’encontre des principes humanitaires.  Enfin, de nombreux projets dans le nord du pays n’ont pu démarrer cette année, alors qu’ils devaient bénéficier à 4,3 millions de personnes.

M. Lowcock a également déploré que l’évaluation du pétrolier Safer n’ait pu être faite en dépit d’un accord des autorités d’Ansar Allah.  Il a indiqué qu’une équipe de l’ONU devait commencer l’évaluation du navire le 27 août, mais qu’à l’approche de cette date, Ansar Allah avait soulevé des objections.  L’ONU s’est efforcée de surmonter ces obstacles, mais face à l’absence de perspective de progrès, l’équipe a été renvoyée chez elle, a-t-il relaté.  Évoquant les risques que représente le pétrolier, il a appelé les membres du Conseil à faire tout leur possible pour permettre à l’ONU de faire face à cette situation dès que possible, précisant que l’équipe pouvait être à nouveau déployée dans un délai de trois semaines.

Le Secrétaire général adjoint a aussi parlé de la situation qui prévaut dans le sud du pays où des accrochages récents entre le Gouvernement et les forces affiliées au Conseil de transition du Sud ont entravé les opérations humanitaires pendant plusieurs jours.  Il a averti qu’à moins d’y faire face, cette situation volatile risquait de représenter une menace sérieuse au déroulement des opérations humanitaires dans cette partie du pays.  Il s’est également dit préoccupé par les retards dans l’approbation, par le Gouvernement, des projets d’ONG, ce qui a pour conséquence de différer la mise en œuvre de programmes d’aide destinés à environ 1,6 million de personnes.  Par ailleurs, les exigences de la Coalition au point de contrôle de Dhoubab provoquent un goulot d’étranglement qui ralentit l’accès des agences aux zones sous contrôle du Gouvernement le long de la côte ouest, a signalé M. Lowcock.

Passant à la question du financement des opérations humanitaires, M. Lowcock a annoncé avoir reçu, ce matin même, une confirmation écrite de autorités saoudiennes qu’elles prévoient de verser en un seul paiement les 500 millions de dollars promis en février dans le cadre du Plan de réponse humanitaire pour le Yémen.  Les Émirats arabes unis viennent également d’y allouer 200 millions de dollars, a-t-il ajouté avant d’insister sur l’importance du financement pour pouvoir remettre sur pied les programmes de vaccination, les centres de nutrition, et la lutte contre le choléra, entre autres.

M. Lowcock a ensuite estimé que l’économie yéménite méritait davantage d’attention, les derniers indicateurs étant « alarmants ».  Le taux de change est de nouveau en dépréciation, se situant un peu au-dessus de 600 rials pour 1 dollar, comparés à 215 rials avant la crise.  Étant donné que le Yémen importe « pratiquement tout », un taux de change élevé signifie que des millions de personnes ne peuvent plus se permettre d’acheter de la nourriture et d’autres biens essentiels, a-t-il expliqué.  L’année dernière, a-t-il rappelé, l’effondrement de la monnaie a été le principal moteur qui a poussé le Yémen au bord de la famine.  Il a indiqué que dans le passé, des injections de capitaux étrangers avaient permis de stabiliser le taux de change.  Il a donc jugé nécessaire d’établir un programme « prévisible et régulier » pour ces injections.  Il s’est dit encouragé par le déblocage, la semaine dernière, par l’Arabie saoudite, de 90 millions de dollars destinés à la Banque centrale.

Le Secrétaire général adjoint s’est aussi dit préoccupé de l’impact potentiel des nouvelles règlementations imposées par le Gouvernement yéménite sur les importations commerciales de pétrole, citant notamment le Décret 49.  Il a averti que de telles mesures risquent de « décourager » des flux d’importations essentiels et ce, malgré un mécanisme « efficace » d’inspection et de suivi de l’ONU.  Les navires commerciaux desservant Hodeïda sont déjà confrontés à des retards, a-t-il noté.  À l’heure actuelle, le Gouvernement et la Coalition bloquent l’accès de 10 navires qui transportent 163 000 tonnes de carburant, soit plus que la moyenne importée chaque mois.  Alertant que cette situation pèse déjà sur des milliers de familles, il a appelé le Gouvernement à adopter des règles plus souples comme celles qui avaient été mises en place au mois d’avril pour pallier les pénuries de carburant.  Il a aussi appelé Ansar Allah à cesser d’interférer avec les marchés de combustibles.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a condamné fermement l’attaque « injustifiable » survenue durant le weekend contre des installations pétrolières en Arabie saoudite, qui menace, selon elle, l’approvisionnement énergétique mondial.  Elle a appelé la communauté internationale à répondre à cette attaque comme il se doit, une fois que toute la lumière sera faite sur les faits.  Par ailleurs, Mme Pierce a déploré la « stagnation », voire la « dégradation » de la situation sécuritaire au Yémen, comme en témoigne, selon elle, l’escalade de la violence dans le sud du pays, où elle a condamné les agissements du Conseil de transition du Sud.  Pour mettre fin à cette tendance, elle a appelé l’ensemble des parties à mettre en œuvre l’Accord de Stockholm, à commencer par l’Accord sur Hodeïda.  Elle a également appuyé les efforts déployés par l’Arabie saoudite pour relancer le processus de négociations entre les parties.

La représentante a en outre exhorté les parties à ne pas faire obstacle à la libre circulation des agents humanitaires, ainsi que des acteurs commerciaux à travers le pays.  Par ailleurs, Mme Pierce a souligné le besoin pour les États Membres de soutenir un processus politique « ouvert et vaste » pour mettre fin au conflit, notamment aux vues des évènements récents survenus dans le sud du pays.  Elle a ainsi appelé les parties à reprendre sans tarder des négociations sur les modalités sécuritaires et politiques dans l’intérêt de tous les Yéménites, y compris ceux du Sud, et dans le respect des résolutions du Conseil.

Revenant sur la mise en œuvre de l’Accord de Stockholm, la représentante s’est félicitée de la volonté des parties de coopérer.  Elle a notamment salué la réunion récente du Comité de coordination du redéploiement à Hodeïda.  Toutefois, la représentante s’est demandée pourquoi les houtistes s’entêtaient à « faire peser autant d’obstacles administratifs » dans la zone, aussi bien pour la circulation de l’aide humanitaire que pour l’intervention concernant le pétrolier délabré « Safer », amarré près du port de Ras Issa.  Faute de maintenance, ce dernier, qui abrite 1,1 million de barils dans ses soutes, présente en effet des risques de rupture.  La représentante a enfin appelé les donateurs à financer le plan humanitaire pour le Yémen.  Elle a salué, dans ce cadre, l’annonce d’une donation de 500 millions de dollars par l’Arabie saoudite.

Mme KELLY CRAFT (États-Unis) a vivement condamné les attaques du week-end contre des installations pétrolières en Arabie saoudite.  « Nous sommes aux cotés de nos amis Saoudiens », a-t-elle déclaré, jugeant que cet incident menaçait l’approvisionnement énergétique de la communauté internationale dans son ensemble.  Faisant échos aux propos du Secrétaire d’État américain, M. Mike Pompeo, la représentante a exprimé des doutes quant au fait que cette attaque proviendrait du Yémen.  Les informations qui arrivent laissent apparaître la responsabilité de l’Iran, a dit Mme Craft.

Regrettant que les troubles actuels détournent l’attention du processus de règlement plus vaste, elle a estimé que l’impasse actuelle des pourparlers au Yémen bénéficie à Al-Qaida.  La représentante a donc exhorté les parties à tirer parti des pourparlers menés par les Saoudiens pour régler leurs désaccords, saluant d’ailleurs les efforts de l’Arabie saoudite pour créer un espace de dialogue. 

Mme Craft a également appuyé les efforts menés par l’Envoyé spécial en vue de parvenir à un accord politique global.  Pour y parvenir, elle a exhorté les parties à mettre en œuvre l’Accord de Stockholm, y compris son volet sur Hodeïda.  Par ailleurs, la représentante a exhorté les houtistes à cesser leurs attaques contre des civils, notamment en Arabie saoudite.  Elle a également appelé tous les États Membres à veiller au respect de l’embargo sur les armes au Yémen.  Sur le plan humanitaire, la représentante a rappelé que près de 80% de la population du pays avait besoin d’aide, en insistant sur ce chiffre.  Elle a salué les annonces de financement faites aujourd’hui et a appelé tous les donateurs à accroître leurs contributions financières aux programmes humanitaires sous-financés au Yémen.  La représentante a enfin appelé à appuyer la Banque centrale yéménite pour renforcer la sécurité financière du pays. 

M. MANSOUR AYYAD SH.  A.  ALOTAIBI (Koweït) s’est joint aux autres membres du Conseil de sécurité pour condamner les attaques commises contre deux installations pétrolières en Arabie saoudite.  Il s’agit de violations claires du droit international et de la Charte des Nations Unies, a-t-il affirmé, réitérant l’appui de sa délégation « au Royaume saoudien et aux mesures prises par ce dernier pour assurer la protection de sa souveraineté et son intégrité territoriale ».  Revenant à la situation au Yémen, le représentant s’est félicité que, neuf mois après la conclusion de l’Accord de Stockholm, le Comité de coordination du redéploiement continue à se réunir.  Il y a vu un signe encourageant de la volonté des parties de mettre en œuvre les différents volets de l’Accord.  Ces échanges sont nécessaires pour aller de l’avant et réunir les conditions permettant de parvenir à un cessez-le-feu complet, procéder à des échanges de prisonniers et mettre en œuvre l’accord de Taëz, a insisté le délégué. 

Le représentant s’est en revanche déclaré préoccupé par la situation dans plusieurs régions du Sud du Yémen.  Tout en saluant la tenue des pourparlers de Djedda, auxquels participent le Gouvernement yéménite et le Conseil de transition du Sud, il a qualifié de grave la situation humanitaire dans cette partie du pays, mettant en garde contre un « effet domino » dans la région.  Face à la pénurie alimentaire et aux risques d’épidémies, il a appelé les parties à coopérer de toute urgence avec les agences humanitaires.  Il a les a également exhortées à permettre un accès aux régions du Nord, et notamment au pétrolier accidenté Safer, qui fait craindre une grave crise écologique.  Avant de conclure, le représentant a confirmé l’appui du Koweït aux efforts de l’Envoyé spécial pour parvenir à une solution politique, conformément à la résolution 2216 (2015).

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) s’est joint aux condamnations de l’attaque du 14 septembre contre les installations de l’entreprise ARAMCO en Arabie saoudite, avertissant du risque d’exacerbation de la situation dans la sous-région.  Il a rappelé les effusions de sang dans la ville d’Aden et a appelé les parties concernées à se tendre la main afin d’entamer des négociations.  Le représentant s’est également préoccupé des attaques perpétrées par des groupes extrémistes violents, pointant notamment les actions du l’État islamique d’Iraq et du Levant et d’Al-Qaida.  Il a insisté sur l’importance d’un Gouvernement stable pour les combattre.

Le représentant s’est ensuite préoccupé du sort des 22 millions de Yéménites qui dépendent de l’aide humanitaire et a insisté sur le « devoir moral » d’assurer un accès humanitaire pour les porter assistance.  Il a notamment appelé à mettre en œuvre l’accord signé entre le PAM et les houthistes sur la sélection et l’enregistrement des bénéficiaires.  Le représentant a par ailleurs appelé le Gouvernement et le mouvement houthiste à assurer la pleine mise en œuvre de l’Accord de Stockholm.

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a attribué la responsabilité de l’impasse dans laquelle se trouvent actuellement les négociations de paix au Yémen à la « rigidité » des parties, qu’il a appelées à faire avancer les différents accords déjà conclus.  Dans ce cadre, M. Singer Weisinger a salué la tenue récente d’une nouvelle réunion du Comité de coordination du redéploiement, à l’appui de la mise en œuvre de l’Accord sur Hodeïda.  Toutefois, le représentant a regretté que les « avancées les plus infimes », à l’image de cette réunion, soient « en permanence perturbées » par des offensives militaires de la part des parties au conflit yéménite.

Le représentant a notamment condamné les attaques récentes contre des installations pétrolières en Arabie saoudite, qui ont contribué selon lui à déstabiliser l’ensemble de la région.  Il a également condamné l’attaque perpétrée en début de mois contre un centre de détention à Dhamar, dans laquelle plus de 60 personnes ont trouvé la mort.  « Il est plus que jamais nécessaire de mettre immédiatement fin aux actes de violence contre des civils et infrastructures civiles », a martelé le représentant, appelant les parties à coopérer avec les mécanismes d’enquêtes indépendants existants pour faire toute la lumière sur ces actes. 

Face à la situation humanitaire désastreuse dans laquelle se trouvent les Yéménites, M. Singer Weisinger a également appelé les parties à respecter les principes du droit international humanitaire, en laissant notamment les agents humanitaires circuler librement à travers le pays.  Il a souligné que cette situation était encore aggravée par l’emploi de mines antipersonnel, qui menacent non seulement la population, mais également l’accès à l’eau et la conduite d’activités agricoles, dans un pays où seuls 3% des terres sont cultivables.

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a fermement condamné les attaques à l’aide de drones et de missiles sur des cibles civiles en Arabie Saoudite et, en particulier, les attaques de ce weekend contre des infrastructures pétrolières en Arabie saoudite revendiquées par les houthistes.  Il a estimé que ces attaques étaient inacceptables et mettaient en péril les efforts visant à une solution politique durable au conflit.  Il a salué les résultats de la dernière réunion du Comité de coordination du redéploiement à Hodeidah, tenue les 8 et 9 septembre, notamment concernant le mécanisme de désescalade et l’activation d’un centre des opérations conjointes.  Le représentant a appelé, une nouvelle fois, les parties à mettre entièrement en œuvre l’accord sur le retrait, à respecter le cessez-le-feu intégralement et à résoudre les points de désaccord en suspens.  Il a appelé toutes les parties à mettre en œuvre l’Accord de Stockholm dans son intégralité, y compris l’Accord sur l’échange de prisonniers et l’accord de Taëz. 

Par ailleurs, M. Pecsteen de Buytswerve a jugé indispensable d’améliorer « la situation humanitaire catastrophique », tout en félicitant les agences humanitaires pour le travail remarquable réalisé en dépit des difficultés.  Il a exhorté toutes les parties à faciliter l’accès de l’aide humanitaire et à respecter le droit international humanitaire.  Il a mis l’accent sur l’« excellent rapport » du Groupe des experts éminents portant sur la situation des droits de l’homme au Yémen.  La Belgique, a-t-il rappelé, fait partie du groupe des principaux soutiens, le « Core Group », de la résolution au Conseil des droits de l’homme qui a établi ce Groupe.  Il a exhorté les parties à respecter le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme, avant de mettre l’accent sur l’importance des interventions qui visent la protection contre la violence sexuelle et la violence basée sur le genre.  Enfin, M. Pecsteen de Buytswerve a encouragé l’Envoyé spécial à poursuivre la préparation des prochaines étapes dans le processus politique, qui doit être inclusif, avec la participation significative des femmes et des jeunes qui reflètent la diversité ethnique, géographique et politique de la population du Yémen.  Saluant l’importance de la Déclaration présidentielle du 29 août 2019, le représentant a dit accueillir favorablement les pourparlers organisés par l’Arabie saoudite à Djedda pour essayer de trouver une solution dans le sud du pays. 

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) s’est félicité de la désignation du général de corps d’armée à la retraite Abhijit Guha à la tête de la Mission d’appui des Nations Unies à l’accord sur Hodeïda (MINUAAH) et a condamné les attaques commises contre des installations pétrolières en Arabie saoudite.  S’agissant de la situation politique, le représentant a appelé toutes les parties yéménites à contribuer aux efforts de désescalade et à s’impliquer dans la mise en œuvre de l’Accord de Stockholm.  Réaffirmant son engagement en faveur d’un dialogue inclusif piloté par les Yéménites, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, il a précisé que l’Afrique du Sud préconise une solution diplomatique négociée pour parvenir à une paix durable et pérenne.  À ses yeux, les divergences entre les parties au conflit ne pourront être réglées par des moyens militaires.  La communauté internationale, à commencer par le Conseil de sécurité et les pays voisins du Yémen ne doivent donc ménager aucun effort pour faciliter un accord général.  Selon le délégué, l’établissement des responsabilités constitue un élément essentiel pour parvenir à cet objectif. 

Concernant la situation humanitaire, M. Matjila a constaté que l’incidence du conflit sur les civils est « dévastatrice »: 24 millions de personnes ont besoin d’assistance, 15 millions sont frappées par la faim, 1,1 million sont affectées par le choléra et, selon le Haut-Commissariat pour les réfugiés, 3 millions ont été contraintes de fuir leur foyer, a-t-il énuméré.  De fait, la poursuite de la violence par toutes les parties n’est pas propice à une pacification du Yémen, a-t-il conclu, répétant que la seule solution durable sera « une solution négociée menant à un règlement inclusif et juste ». 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a appelé toutes les parties au Yémen à garantir le respect du droit international humanitaire en mettant l’accent sur deux priorités: protéger les civils, y compris les personnels humanitaires et les personnels médicaux, et garantir un accès humanitaire immédiat, sûr et sans entrave.  Or, a-t-il indiqué, 4,5 millions de personnes ne peuvent bénéficier de l’aide en raison des restrictions imposées par les parties au conflit.  Il a précisé que les nouvelles contraintes imposées par le houthistes aux chaînes d’approvisionnement de l’aide alimentaire, dont les taxes et les contrôles douaniers, pouvaient aggraver la situation.  Notant que plus de 80% de la population yéménite est dépendante de l’aide humanitaire, le représentant a appelé à « éviter à tout prix la fermeture des programmes humanitaires ».  Il a rappelé que le Programme alimentaire mondial (PAM) avait besoin de 663 millions de dollars pour les six prochains mois, dont deux tiers avant la fin de l’année.  Par ailleurs, M. de Rivière a mis l’accent sur la lutte contre l’impunité en cas de violation des droits de l’homme, avant d’exhorter les parties à mener des enquêtes transparentes, indépendantes, impartiales et crédibles et à coopérer avec les mécanismes internationaux.  La France prend note du rapport du Groupe d’experts éminents, a-t-il dit, tout en souhaitant que le groupe de travail sur les enfants dans les conflits armés puisse adopter des conclusions. 

Par ailleurs, a insisté M. de Rivière, seule une solution politique permettra de mettre un terme durablement à la crise au Yémen et aux souffrances de la population civile.  Dans ce contexte, il a appelé à la « reprise sans délais, sans préconditions et sur une base inclusive » de discussions en vue de trouver un accord politique global.  Bien entendu, a-t-il dit, les parties à l’Accord de Stockholm doivent poursuivre leurs efforts en vue de sa mise en œuvre, mais les avancées attendues à Hodeïda ne doivent pas constituer un prérequis pour la reprise de discussions en vue de cette solution politique globale.  Le représentant a expliqué que la France passait des messages aux parties dans ce sens, en réitérant son soutien aux efforts de l’Envoyé spécial dans cette perspective.  La France, lors de ses contacts avec les parties, est également mobilisée pour passer des messages en faveur de la désescalade, a-t-il ajouté.  Il a conclu qu’un engagement des parties à abaisser le niveau de tensions serait un premier pas en vue d’une reprise des discussions pour une solution politique. 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a salué la réunion récente du Comité de coordination du redéploiement à Hodeïda.  Il a toutefois regretté la « fragilité » de la situation actuelle dans la zone, notamment en raison de la « rigidité » dont font, selon lui, preuve les parties au conflit.  Le représentant a en outre déploré les attaques revendiquées ce week-end par les houtistes contre des installations pétrolières d’ARAMCO, en Arabie saoudite.  Il a également condamné les atrocités commises par les rebelles houtistes au Yémen, qui illustrent selon lui le « dédain » des parties vis-à-vis du droit humanitaire et des droits de l’homme.  Ce climat de violence aggrave la situation dans le sud du pays, où il menace de détruire les institutions du pays, a déploré le représentant.  Ce dernier a toutefois salué la déclaration conjointe publiée il y a quelques jours par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, pour mettre fin à la « rhétorique de confrontation » et aux « accusations mutuelles » entre les acteurs impliqués, au profit d’une approche diplomatique.

Par ailleurs, le représentant a appelé à convoquer un nouveau cycle de consultations entre Yéménites, auquel toutes les composantes du pays seraient conviées, y compris les groupes du Sud, « à condition qu’ils s’engagent à respecter l’intégrité territoriale du pays ».  Enfin, le représentant a appelé les parties à mettre en œuvre les accords existants.  Il a également appelé les donateurs à financer le plan humanitaire pour le Yémen, actuellement financé à hauteur de 45% seulement. 

M. HAITAO WU (Chine) a déclaré appuyer sans réserve les efforts déployés par l’Envoyé spécial pour stabiliser la situation au Yémen.  Observant que les évolutions récentes avaient rendu la recherche d’une solution « plus complexe », le représentant a indiqué que son pays s’était joint aux appels de la communauté internationale en faveur d’une désescalade dans le Sud du Yémen.  La Chine, a-t-il dit, condamne les attaques perpétrées contre des installations pétrolières en Arabie saoudite et fait de même pour toutes les attaques visant des infrastructures civiles.  Le délégué a réitéré, à cet égard, l’appui de la Chine au respect de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale du Yémen.  Selon lui, les parties au conflit doivent en premier lieu privilégier les intérêts de la population et faire preuve de retenue pour permettre un retour au calme dans l’ensemble du pays. 

Saluant la volonté exprimée par les parties pour apaiser les tensions, le délégué a estimé que l’Accord de Stockholm et les bons offices des Nations Unies permettent des « avancées majeures » vers la stabilité du Yémen.  De plus, à Hodeïda, la Mission d’appui des Nations Unies et le Comité de coordination du redéploiement jouent également un rôle crucial à cette fin, a-t-il souligné, applaudissant l’activation du mécanisme de suivi, ce qui permet de déployer des équipes de suivi sur les lignes de front.  Le représentant a espéré que ces « mesures concrètes » permettront de consolider le cessez-le-feu et de protéger les civils.  Il a aussi plaidé pour la mise en œuvre de l’accord de Taëz et des échanges de prisonniers entre les parties.  Enfin, appelant la communauté internationale à renforcer son aide humanitaire au Yémen, il a souhaité que les bailleurs de fonds respectent leurs engagements en la matière.  Il a conclu son propos en réaffirmant qu’une solution politique est « la seule sortie de crise possible » pour le Yémen. 

M. PAWEŁ RADOMSKI (Pologne) a condamné les attaques du week-end contre des installations pétrolières en Arabie saoudite, en soulignant qu’elles nuisent à la sécurité régionale et mondiale.  Tout en saluant la réunion récente du Comité de coordination du redéploiement à Hodeïda, le représentant a appelé les parties à accélérer les dernières phases de redéploiement des forces à l’extérieur de la ville.  Il a également appelé les parties à prendre des mesures en faveur de la mise en œuvre complète de l’Accord de Stockholm.  Le représentant s’est par ailleurs déclaré très préoccupé par la flambée de violence à travers le Yémen, notamment dans le sud du pays, ce qui s’est traduit par une augmentation des victimes civiles et une aggravation de la situation humanitaire.  Il a appelé les parties à mettre fin aux opérations militaires et à entamer un dialogue constructif pour résoudre leurs différends. 

Le représentant a en outre condamné les attaques de drones contre deux installations pétrolières majeures en Arabie saoudite.  Cet incident menace directement l’approvisionnement en énergie du monde entier, ainsi que la sécurité et la stabilité du Moyen-Orient, a-t-il déploré, appelant les parties à faire preuve de la plus grande retenue.  Le représentant a enfin tiré la sonnette d’alarme face au manque de financement du plan humanitaire pour le Yémen, dont dépend la survie de plusieurs millions de personnes.

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a condamné avec la plus grande fermeté les attaques du 14 septembre contre les installations pétrolières de l’Arabie saoudite, soulignant qu’elles sont « de nature à fragiliser la sécurité et la stabilité régionales ».  Il s’est aussi préoccupé de l’enlisement et du risque de fragmentation du conflit.  La relance du processus politique par l’instauration d’un dialogue inclusif demeure selon lui l’un des défis majeurs à relever.  Le représentant s’est donc félicité des initiatives prises par les différents protagonistes pour relancer le processus politique, citant notamment la déclaration conjointe du 9 septembre des acteurs régionaux appelant à un dialogue constructif.

Poursuivant, M. Ipo a insisté sur l’importance du respect « scrupuleux » et de la mise en œuvre complète de l’Accord de Stockholm et celui sur Hodeïda.  Pour lui, le contrôle des ports constitue un enjeu « principal »: la mise en place de forces de sécurité locales dans ces ports redynamiserait le processus politique.  Il a exhorté les différentes parties à poursuivre le redéploiement des forces militaires des ports sous l’égide du Comité de coordination du redéploiement.  Il a également insisté sur la nécessité, pour le Conseil de sécurité, d’engager de nouvelles initiatives afin d’amener les belligérants à accélérer le processus lié au mécanisme d’échange de 15 000 prisonniers et la mise en œuvre de la Déclaration d’entente sur la ville de Taëz, ce qui faciliterait l’ouverture de couloirs humanitaires.  Il a par ailleurs exhorté les partenaires bilatéraux et multilatéraux à répondre aux appels d’urgence en vue d’appuyer le financement de l’aide humanitaire.

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a salué la détermination de l’Envoyé spécial pour le Yémen et du Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires dont le travail représente selon lui « un petit pas en avant mais un pas important », notamment concernant Hodeïda.  Assurant qu’il n’y aura pas de solution militaire au conflit et que la seule solution ne peut être que politique, il s’est félicité que l’Arabie saoudite s’efforce de réunir autour d’une même table des représentants du Gouvernement du Yémen et du Conseil de transition du Sud.  À ses yeux, le processus politique qu’appuient les Nations Unies doit être inclusif en intégrant notamment des acteurs régionaux. 

Qualifiant de « déprimante » l’intervention de M. Mark Lowcock relative à la situation humanitaire, le représentant a déclaré avoir l’impression de suivre de près « l’évolution d’un véritable cauchemar ».  Sur le plan opérationnel, a-t-il constaté, les conditions sur le terrain sont à leur pire niveau.  Dans ce contexte, l’Allemagne a promis d’apporter 100 millions d’euros tandis que 30 millions d’euros supplémentaires devaient être prochainement décaissés, a-t-il indiqué.  Il a espéré que, le 25 septembre, l’Arabie saoudite versera aussi ce qu’elle a promis de débourser.  Il a ensuite évoqué le sort des victimes yéménites, femmes et enfants en tête, documenté par les rapports d’experts éminents remis au Conseil des droits de l’homme.  Ils montrent que les droits fondamentaux des personnes sont bafoués au quotidien, a-t-il dénoncé.  Avant de conclure, le représentant s’est joint à l’appel des autres membres du Conseil en faveur d’un cessez-le-feu général et a également condamné les attaques perpétrées contre des installations pétrolières en Arabie saoudite, lesquelles ont des conséquences sur les plans énergétique et environnemental et constituent une violation du droit international. 

M. MUHSIN SYIHAB (Indonésie) s’est félicité des résultats de la dernière réunion du Comité de coordination du redéploiement qui a examiné la mise en œuvre de l’Accord de Hodeidah entre le Gouvernement et les houthistes pour parvenir à la démilitarisation du port de Hodeïdah.  Il a noté la mise en place et l’activation d’un centre des opérations conjointes en espérant que cela permettra aux deux parties et aux Nations Unies de travailler à la désescalade et de renforcer la confiance.  S’agissant de la situation humanitaire, le représentant s’est inquiété de la probable fermeture de certains programmes en raison de l’insuffisance du financement.  I l a estimé que le seul moyen de remédier à cette situation était de parvenir à un cessez-le-feu global et à la reprise du processus politique visant à la fin du conflit. 

Tout en soulignant l’importance de la mise en œuvre de l’Accord de Stockholm, M. Syihab a jugé pertinent de s’engager vers un processus politique plus large.  « Nous réitérons notre soutien à un règlement politique négocié qui engage toutes les parties autour d’un dialogue inclusif », a insisté le représentant.  Par ailleurs, il a condamné les attaques répétées des houthistes, en fustigeant particulièrement la récente attaque au drone contre les infrastructures pétrolières en Arabie saoudite.  Pour ce qui est de la situation dans le sud du Pays, il a salué les efforts de l’Arabie saoudite qui a lancé le dialogue de Djeddah.  Il a appelé à faire cesser les incidents de violence et a encouragé les parties à travailler avec le Comité conjoint pour surveiller et stabiliser la situation.  Il a estimé que cette nouvelle confrontation dans le sud du pays justifiait la reprise d’un processus politique plus large au Yémen. 

M. VASSILY A.  NEBENZIA (Fédération de Russie) s’est dit préoccupé par l’intensification des affrontements dans le sud du Yémen, une situation qui profite selon lui aux groupes terroristes présents dans la zone.  Le représentant a appelé les parties à trouver une solution négociée pour résoudre leurs différends, en tenant compte des préoccupations légitimes de l’ensemble des composantes du peuple yéménite.  Le représentant a salué les efforts de l’Envoyé spécial pour relancer le processus politique.  Il a appelé les parties à prendre des mesures pour relancer la mise en œuvre de l’Accord de Stockholm, y compris l’Accord sur Hodeïda.  Concernant ce dernier, le représentant a appelé à faire avancer le retrait des forces armées des ports d’Hodeïda, de Salif et de Ras Issa, ce qui permettrait, selon lui, de faire avancer les deux autres volets de l’Accord de Stockholm, à savoir l’Accord sur l’échange des prisonniers et la Déclaration d’entente sur Taëz.

Face à la dégradation de la situation humanitaire, le représentant a appelé les agents humanitaires à aider l’ensemble de la population yéménite, indépendamment des parties exerçant le contrôle sur leur territoire.  Il a en outre condamné fermement les attaques de drones contre deux importantes installations pétrolières saoudiennes, un incident qui risque, selon lui, de compliquer encore davantage le processus politique au Yémen.  Il a toutefois appelé à ne pas se perdre dans des conclusions hâtives sur cet incident et à éviter de jeter de l’huile sur le feu.  Le représentant a enfin appelé la communauté internationale à considérer l’initiative de sécurité collective proposée par la Russie afin de débloquer des situations de conflit prolongées échappant à tout contrôle, comme au Yémen.

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a fermement condamné l’attaque terroriste « lâche » perpétrée au moyen de drones contre deux installations de la compagnie pétrolière ARAMCO en Arabie saoudite.  Il a réaffirmé la solidarité de son gouvernement envers Riyad, ainsi que l’engagement de son pays à œuvrer en faveur de la sécurité de l’Arabie saoudite.

Le représentant est ensuite revenu sur les évènements survenus depuis le 8 août dernier à Aden, la capitale provisoire du Yémen, où « ceux qui s’autoproclament » le Conseil de transition du Sud ont réalisé un putsch, avec l’appui des Émirats arabes unis, faisant brièvement la mainmise sur les institutions de l’État.  À la suite de cette attaque contre les forces du Gouvernement légitime à Aden, l’Arabie saoudite a déployé des « efforts considérables » pour contenir la crise, a salué le représentant.  « Mais les putschistes ont persévéré », a-t-il ajouté, dénonçant les attaques du Conseil de transition du Sud contre les institutions de l’État dans deux autres provinces du Sud.  Ces attaques, a-t-il précisé, ont été contenues.  Toutefois, le représentant a indiqué que les Émirats arabes unis avaient procédé, le 28 août dernier, à un raid aérien contre les unités militaires du Gouvernement yéménites postées à Aden.  « Nous avons retiré nos unités de la capitale provisoire pour éviter un bain de sang », a précisé le représentant, exprimant sa surprise face à la poursuite des raids « illégaux » les deux jours suivants. 

Le représentant a salué les appels au dialogue lancés dans la foulée par l’Arabie saoudite, qui a permis selon lui de prévenir une détérioration de la situation à Aden et dans les deux provinces du Sud.  Il a ainsi remercié avec effusion le Royaume saoudien pour avoir mis un terme au putsch, tout en œuvrant au maintien de l’unité au sein de la coalition saoudienne.  De son côté, le Yémen a déployé des efforts importants pour dépasser cette crise, a-t-il affirmé. 

Le représentant a par ailleurs indiqué que son gouvernement s’attachait pour l’heure à relancer le processus de négociations pour parvenir à un règlement du conflit.  Il a cependant dénoncé la « duperie » et les « atermoiements » des milices houtistes, qui tentent selon lui de saper les efforts déployés par son gouvernement pour sauvegarder l’Accord de Stockholm, ainsi que ceux des Nations Unies pour parvenir à une paix globale.  Le représentant s’est notamment dit préoccupé par la reprise des bombardements et les entailles au cessez-le-feu en vigueur dans la province d’Hodeïda.  Il a appelé les houtistes à cesser de commettre de telles attaques et à mettre en œuvre toutes les parties de l’Accord de Stockholm, soit l’Accord sur Hodeïda, l’Accord sur l’échange des prisonniers et la Déclaration d’entente sur Taëz. 

Le représentant a ensuite insisté pour que son gouvernement puisse bénéficier des recettes fiscales, notamment pour payer ses fonctionnaires, ainsi que des cargaisons de carburant, pour limiter la pénurie actuelle sur les marchés locaux.  Mais les milices houtistes lèvent des impôts illégaux sur les importations de produits pétroliers, a-t-il déploré, appelant à empêcher les houtistes de créer une crise pétrolière qui aggraverait la situation humanitaire du pays.

Le représentant a en outre condamné les efforts des houtistes pour empêcher le Groupe d’expert des Nations Unies de procéder à une évaluation technique du pétrolier délabré amarré près du port de Ras Issa, qui, faute de maintenance, présente des risques de rupture.  Il a également condamné l’appui de l’Iran aux milices houtistes, qui ont, selon lui, transformé certaines régions du Yémen en véritable « rampe de lancement de missile » menaçant les pays voisins et la circulation maritime dans la mer Rouge.  Le représentant a enfin appelé le Conseil à faire respecter l’Accord sur Hodeïda, y voyant une condition sine qua non pour une reprise des pourparlers politiques. 

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