8557e séance – matin
CS/13853

Conseil de sécurité: le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient craint « l’effondrement » de l’Autorité palestinienne

Le Conseil de sécurité a entendu, ce matin, le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient faire le point sur l’application des dispositions de la résolution 2334 (2016), en comparant les exigences de celles-ci avec les faits et les mesures prises par les parties entre le 25 mars et le 10 juin 2019.  Si le haut fonctionnaire s’est inquiété d’un potentiel « effondrement » de l’Autorité palestinienne, les États-Unis ont misé sur un atelier qu’ils organisent au Bahreïn à la fin du mois pour discuter de la question de la Palestine, et notamment de sa croissance économique, une initiative qui a été accueillie avec prudence. 

« Le Gouvernement palestinien fait face à une grave crise financière qui, si elle n’est pas résolue, risque de déclencher une série de développements dangereux, et peut-être même l’effondrement de l’Autorité », a averti M. Nickolay Mladenov, après avoir énuméré longuement et en détail les dispositions de la résolution qui n’ont pas été respectées par Israël, le Hamas et le Jihad islamique ainsi que par les États Membres. 

Le Coordonnateur spécial a rappelé que si la résolution 2334 (2016) « exige d’Israël qu’il arrête immédiatement et complètement toutes ses activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est », aucune mesure n’a été prise à cet égard durant la période examinée.  Au contraire, Israël a approuvé, entre autres, la construction de près de 6 000 nouveaux logements en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est. 

La résolution demande également « que des mesures immédiates soient prises pour prévenir tous les actes de violence visant des civils, y compris les actes de terreur, ainsi que tous les actes de provocation et de destruction ».  Toutefois, durant la période à l’examen, a informé M. Mladenov, une très grave escalade de violence a été constatée à Gaza ainsi que la poursuite de la violence en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est.  Il a parlé de « la pire escalade depuis 2014 » en évoquant les incidents des 4 et 5 mai derniers, lorsque le Hamas et le Jihad islamique palestinien ont lancés plus de 700 projectiles sur Israël. 

Évoquant encore la résolution qui demande à toutes les parties de prévenir tous les actes de provocation et de destruction, et de s’abstenir de toute déclaration incendiaire, le Coordonnateur spécial n’a pu que constater la poursuite de tels actes.  Ainsi, le 15 mai par exemple, des responsables du Hamas ont averti les Israéliens que « le jour de leur décapitation, d’extermination et d’annihilation est proche » tandis qu’un député israélien sortant a menacé « d’éliminer » des prisonniers palestiniens et leurs familles et de les « enterrer avec des cochons ». 

M. Mladenov a en outre regretté que les dispositions de la résolution demandant aux États Membres et à toutes les parties de « déployer collectivement des efforts pour engager des négociations crédibles » n’aient pas été suivies d’effet.  L’Afrique du Sud, faisant un parallèle entre l’épopée de l’Empereur romain Néron, qui jouait du violon alors que Rome brûlait, et le Conseil de sécurité « qui ne fait rien alors que le conflit palestinien lui échappe progressivement », a décrié « la situation économique très difficile de la Palestine, qui empêche actuellement l’Autorité palestinienne de payer ses fonctionnaires et de s’acquitter de ses services publics envers son peuple ». 

« Je suis profondément préoccupé par les développements relatifs au transfert de revenus à l’Autorité palestinienne », a dit auparavant M. Mladenov dans son exposé.  Face à cette grave crise financière, il a craint des développements dangereux, peut-être même l’effondrement de l’Autorité, et redouté l’annulation de 25 années d’investissement de la part de la communauté internationale.

Le Coordonnateur spécial a amplifié l’appel du Premier Ministre palestinien, M. Mohammed Shtayyeh, à Israël, pour que ce dernier restaure les transferts de revenus en totalité.  Il a appelé les deux parties à s’engager de manière constructive pour assurer le respect du Protocole de Paris relatif aux relations économiques entre le Gouvernement d’Israël et l’OLP. 

C’est dans ce contexte que les États-Unis ont annoncé l’organisation d’un atelier sur la question palestinienne au Bahreïn à la fin du mois, « pour discuter de la croissance économique du territoire, de la construction d’un avenir prospère pour les Palestiniens et de l’ensemble des questions en suspens liées au statut final ».  Des discussions essentielles pour tenter de parvenir, à terme, à une croissance économique sur le territoire palestinien, ont justifié les États-Unis. 

Le Royaume-Uni a souhaité que la délégation américaine « soumette des propositions détaillées pour régler les problèmes en suspens », tandis que l’Allemagne a annoncé son « intention de rechercher des solutions pour améliorer la situation socioéconomique de la Palestine ».  La France, prête à soutenir tout effort, y compris sur le plan économique, a demandé qu’il s’inscrive dans la perspective d’un État palestinien viable et indépendant.  Mais la « paix économique » ne saurait se substituer à la recherche d’un véritable règlement politique, a tempéré la France, à l’instar de la Belgique.  Même son de cloche chez la Fédération de Russie pour qui « toute proposition d’amélioration économique devait se borner à accompagner le volet politique, sous peine d’être vouée à l’échec ». 

Prenant note de l’initiative des États-Unis et du Bahreïn d’organiser des débats sur les investissements et les initiatives économiques « qui pourraient rendre possible un futur accord de paix israélo-palestinien et une solution aux questions du statut final », M. Mladenov a confirmé que le conflit israélo-palestinien ne pouvait pas être résolu uniquement par des mesures économiques.  « Une telle initiative ne peut qu’accompagner un processus politique légitime qui mettra fin à l’occupation et qui apportera des solutions à toutes les questions relatives au statut final conformément aux résolutions des Nations Unies », a recadré le Coordonnateur spécial.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. NICKOLAY MLADENOV, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, a présenté au nom du Secrétaire général le dixième rapport sur la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) qui couvre la période entre le 25 mars et le 10 juin 2019.  Il a réitéré que les développements durant la période à l’examen ne pouvaient être détachés du contexte général: Israël continue l’occupation militaire de territoire palestinien et la colonisation; le Hamas maintient sa mainmise sur Gaza et les activités de ses milices; la guerre persiste; les actions unilatérales torpillent les efforts de paix et posent des défis à la viabilité financière de l’Autorité palestinienne.  Tous ces développements érodent les perspectives de la solution des deux États, a-t-il prévenu.

Pour commencer, M. Mladenov a parlé des défis financiers insurmontables auxquels se heurte l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  Il travaille sur la base d’un déficit de 211 millions de dollars sur les 1,2 milliard de dollars annuels budgétisés et fait face à une grave crise de trésorerie.  Cela pourrait se répercuter sur sa capacité à mener ses opérations y compris la fourniture d’une aide alimentaire à plus d’un million de réfugiés palestiniens à Gaza.  La Conférence d’annonces de contributions annuelle pour l’Office aura lieu le 25 juin à New York, a indiqué M. Mladenov, qui a demandé aux États Membres de continuer leurs efforts.

Par ailleurs, la résolution 2334 (2016) exige de nouveau d’Israël qu’il arrête immédiatement et complètement toutes ses activités de peuplement dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et respecte pleinement toutes les obligations juridiques qui lui incombent à cet égard, a rappelé le Coordonnateur spécial en indiquant qu’aucune mesure n’avait été prise à cet effet durant la période examinée.

Durant cette même période, a continué M. Mladenov, Israël a approuvé la construction près de 6 000 nouveaux logements en Cisjordanie y compris à Jérusalem-Est, ce qui constitue le programme de colonisation le plus important depuis deux ans.  Il a précisé notamment que deux larges colonies étaient prévues à des emplacements stratégiques en ce qu’ils empêcheront la continuité d’un État palestinien ainsi que des liaisons nord-sud et est-ouest.  En outre, le 3 juin, Israël a réfuté une série d’objections contre un plan controversé du Gouvernement israélien de construire un câble entre Jérusalem-Ouest et la vieille ville.  Ce câble, selon les Palestiniens et des organisations non gouvernementales israéliennes, risquerait de renforcer le contrôle d’Israël sur cette zone. 

Poursuivant, M. Mladenov a signalé que les démolitions et la saisie de structures palestiniennes par Israël s’étaient poursuivies dans toute la Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est.  La situation à Wadi Yasul est aussi préoccupante, a-t-il alerté en indiquant que 11 personnes dont 7 enfants et 2 femmes avaient été déplacés le 30 avril après la destruction de leurs maisons.  D’ailleurs, une cinquantaine de plaintes sur la destruction de maisons et de structures sont pendantes dans les tribunaux israéliens.  De plus, l’armée israélienne continue de mener des exercices militaires dans les zones qu’elle désigne comme zones de tirs dans la vallée du Jourdain en Cisjordanie.  En conséquence, environ 184 Palestiniens, dont 80% de femmes et d’enfants, ont été forcés d’évacuer temporairement leurs maisons 11 fois, y compris pendant le ramadan.  Mais le 22 mai, la Cour suprême d’Israël a rejeté une pétition contre le déplacement forcé de la communauté. 

La résolution 2334 (2016) demande également que des mesures immédiates soient prises pour prévenir tous les actes de violence visant des civils, y compris les actes de terreur, ainsi que tous les actes de provocation et de destruction.  Toutefois, durant la période à l’examen, une très grave escalade de violence a été constatée à Gaza ainsi que la poursuite de la violence dans la Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est.  M. Mladenov a rappelé que les 4 et 5 mai derniers, Gaza avait connu la pire escalade depuis 2014 avec le Hamas et le Jihad islamique palestinien, qui ont lancés plus de 700 projectiles sur Israël, touchant deux écoles maternelles, une école et un hôpital et faisant 4 morts et 200 blessés.  De leur côté, les Forces de défense israéliennes ont déclaré qu’elles avaient touché plus de 300 cibles civiles à Gaza, dont 21 immeubles résidentiels, faisant 27 morts et 150 blessés. 

Auparavant, le 30 mars, 50 000 Palestiniens ont marqué pacifiquement l’anniversaire de la Grande Marche du retour.  Même si la violence a baissé autour du périmètre de clôture à Gaza, 9 Palestiniens dont 3 enfants ont été tués par des tirs israéliens durant la manifestation.  Depuis Gaza, des cerfs-volants et ballons incendiaires et autres engins ont encore été lancés vers le sud d’Israël, causant 70 incendies et brûlant 30 hectares.  Le Coordonnateur spécial a mentionné d’autres violences commises en Cisjordanie et des morts parmi les Palestiniens pendant des manifestations ou dans des camps de réfugiés.  Un infirmier palestinien a notamment été tué par une balle des Forces de sécurité israéliennes, tandis qu’un civil et un enfant israéliens ont été gravement blessés par un Palestinien dans la vieille ville de Jérusalem.

La situation sur les lieux saints reste tendue, a averti M. Mladenov.  Pour la première fois depuis plusieurs années, la commémoration de la Journée de Jérusalem par Israël a coïncidé avec les derniers jours du ramadan.  L’interdiction, puis l’autorisation donnée aux Juifs de visiter le site ont abouti à des accrochages, le 2 juin, entre la police israélienne et les Palestiniens.

La violence des colons s’est également poursuivie, avec notamment un Palestinien tué et 32 autres blessés, tandis que 41 incidents provoqués par les colons ont causé des dégâts aux propriétés.  Le 17 mai, dans deux cas différents, des Israéliens ont été filmés en train de brûler des terres palestiniennes à Naplouse, un militaire israélien faisant partie des incendiaires.  Dans le même temps, 7 Israéliens ont été blessés et 22 dommages ont été commis par des Palestiniens contre des propriétés israéliennes. 

La résolution 2334 (2016) demande à toutes les parties de prévenir tous les actes de provocation et de destruction, et d’éviter toute déclaration incendiaire.  Malheureusement, de tels actes ont continué, a déploré M. Mladenov.  Le 15 mai, des responsables du Hamas ont averti les Israéliens que « le jour de leur décapitation, d’extermination et d’annihilation est proche ».  Des responsables israéliens ont aussi lancé des provocations.  Un député israélien sortant a menacé « d’éliminer » des prisonniers palestiniens et leurs familles et de les « enterrer avec des cochons ».  Un autre politicien israélien a demandé au Premier Ministre d’affamer les prisonniers qui font une grève de la faim pour qu’ils meurent. 

La résolution 2334 (2016) réitère les appels du Quatuor qui demande l’adoption immédiate de mesures énergiques afin d’inverser les tendances négatives sur le terrain, qui mettent en péril la solution des deux États.  Des développements positifs ont été constatés durant la période considérée plus particulièrement concernant les besoins humanitaires à Gaza.  La communauté internationale a continué ses efforts pour répondre à la grave situation à Gaza.  Le Comité spécial de liaison s’est réuni à Bruxelles le 30 avril et a réitéré son appui à la mise en œuvre d’un ensemble d’interventions humanitaires et économiques à Gaza par les Nations Unies.  Le 7 mai, le Qatar a annoncé une aide financière de 480 millions de dollars au peuple palestinien, 250 millions de prêts au Gouvernement palestinien et 50 millions de dollars de bourses de projets pour la Cisjordanie.  Mais ce qu’il faut, c’est trouver une solution durable et complète pour résoudre les graves problèmes économiques et humanitaires et créer les conditions d’une paix durable, a plaidé M. Mladenov. 

Les dispositions de la résolution 2334 (2016) demandent par ailleurs aux États Membres de faire une distinction, dans leurs échanges en la matière, entre le territoire de l’État d’Israël et les territoires occupés depuis 1967.  Elles demandent à toutes les parties de déployer collectivement des efforts pour engager des négociations crédibles.  Mais ces appels n’ont été suivis d’effet, a encore dénoncé M. Mladenov qui, avant de terminer, a partagé son avis sur la mise en œuvre des dispositions de la résolution, en énumérant 11 points. 

Tout d’abord, l’expansion des colonies israéliennes, qui ne peut avoir aucun effet juridique et qui viole le droit international, doit cesser immédiatement et complètement.  Ensuite, la menace persistante de destruction et de déplacement des Palestiniens de la zone C, de Jérusalem-Est et de la zone Hébron est une source permanente de préoccupation.  De plus, les destructions et le déplacement dans la zone C et à Jérusalem-Est affectent les femmes et les filles en particulier.  Ensuite, a encore observé M. Mladenov, Israël a déclaré 18% de la Cisjordanie comme zone militaire d’entrainement aux tirs où la présence des civils est interdite.  Il faut, a-t-il recommandé, cesser l’évacuation des communautés palestiniennes de ces zones. 

La situation à Gaza reste périlleuse avec la menace persistante d’une autre escalade, la population continuant de souffrir.  Il est « tragique et inacceptable » que les populations continuent d’être tuées ou blessées inutilement durant les manifestations par des tirs de roquette ou d’autres actes hostiles.  Le Hamas et le Jihad islamique en Palestine doivent cesser ces actes, tandis que, conformément au droit international humanitaire, Israël doit exercer la plus grande retenue et recourir à la force létale contre les manifestants uniquement lorsque cela est absolument inévitable pour protéger la vie. 

M. Mladenov a fermement condamné les attaques contre les civils palestiniens et israéliens et appelé leurs dirigeants à s’abstenir de violence et à condamner clairement de tels actes.  Tous les auteurs doivent être tenus responsables de leurs crimes.  En ce qui concerne la situation de la population palestinienne et des militants des droits de l’homme dans la zone H2 depuis le départ de la Présence internationale temporaire à Hébron, le Coordonnateur spécial l’a jugée inquiétante. 

Il s’est également dit préoccupé par les développements relatifs à la remise des revenus à l’Autorité palestinienne.  Le Gouvernement palestinien fait face à une grave crise financière qui, si elle n’est pas résolue, risque de déclencher une série de développements dangereux, peut-être même l’effondrement de l’Autorité, et d’annihiler 25 ans d’investissement par la communauté internationale en appui à la solution des deux États en vertu du processus d’Oslo, a averti M. Mladenov.  Il a réitéré l’appel du Premier Ministre palestinien, M. Mohammed Shtayyeh, à Israël, pour que ce dernier restaure les transferts de revenus en totalité.  Il a également appelé les deux parties à s’engager de manière constructive pour assurer le respect du Protocole relatif aux relations économiques entre le Gouvernement d’Israël et l’OLP. 

Gravement préoccupé par la détérioration de la situation économique et humanitaire à Gaza, il a indiqué que des solutions durables à la crise énergétique devaient être trouvées sans tarder.  En outre, Israël doit cesser les restrictions à la circulation des biens et des personnes à Gaza, avec comme objectif final de les lever.  Il est essentiel que le calme qui prévaut actuellement soit préservé afin de lancer graduellement les projets de développement à Gaza.  Il a appelé par ailleurs toutes les factions palestiniennes à travailler avec l’Égypte sur la question de la réconciliation.  Gaza, selon lui, doit rester une part intégrale de l’État palestinien dans le cadre de la solution des deux États. 

M. Mladenov a pris note de l’initiative des États-Unis et du Bahreïn d’organiser des débats sur les investissements et les initiatives économiques qui pourraient rendre possible un futur accord de paix israélo-palestinien et une solution aux questions du statut final.  Il a souligné que le conflit ne pouvait cependant pas être résolu par des mesures économiques uniquement.  Une telle initiative ne peut qu’accompagner un processus politique légitime qui mettra fin à l’occupation et qui apportera des solutions à toutes les questions relatives au statut final conformément aux résolutions des Nations Unies. 

Dans une déclaration très brève, M. RODNEY M. HUNTER (États-Unis) a annoncé son intention d’inviter toutes les parties prenantes à un atelier sur la question palestinienne au Bahreïn à la fin du mois, pour discuter de la croissance économique du territoire, de la construction d’un avenir prospère pour les Palestiniens et de l’ensemble des questions en suspens liées au statut final.  Aux yeux du représentant, ces discussions sont essentielles pour tenter de parvenir, à terme, à une croissance économique sur le territoire palestinien, croissance qui n’est selon lui pas envisageable dans le contexte actuel.  Le représentant a tenu à rappeler que tous les membres du Conseil de sécurité désirent la paix entre Israéliens et Palestiniens et espèrent que ces derniers pourront entamer un dialogue en ce sens. 

Mme ANNE GUEGUEN (France) s’est déclarée extrêmement préoccupée par la détérioration de la situation sécuritaire à Gaza, où tout doit être mis en œuvre pour prévenir une nouvelle escalade de la violence susceptible de dégénérer en un nouveau conflit.  Alors que la situation humanitaire est désastreuse, sur le plan politique, l’unité palestinienne est plus importante que jamais.  « Il y a donc urgence à relancer le processus de réconciliation interpalestinien.  Nous le savons, il n’y aura de stabilité durable à Gaza que dans le cadre d’une solution politique, qui passe par le retour complet de l’Autorité palestinienne.  Enfin, l’avenir de Gaza ne peut être séparé de l’objectif de l’établissement de deux États, Israël et la Palestine, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité », a ajouté la représentante. 

Elle est ensuite revenue sur l’aggravation de la politique de colonisation en Cisjordanie, qui sape les fondements de la solution des deux États.  Depuis le début de l’année, plus de 4 500 nouvelles unités de logement ont fait l’objet de décisions d’approbation en Cisjordanie, a souligné la délégation.  Avec plus de 600 000 colons, dont 200 000 à Jérusalem, nous sommes proches du point de non-retour.  Les différentes initiatives visant à appliquer le droit israélien en Cisjordanie contribuent à un mouvement d’annexion de fait, a mis en garde la France.  Dans ce contexte, il est plus que jamais nécessaire, selon elle, de réaffirmer les paramètres agréés par la communauté internationale de la solution des États.  Si la France est prête à soutenir tout effort, y compris sur le plan économique, dès lors qu’il s’inscrit dans la perspective d’un État palestinien viable et indépendant, la « paix économique » ne saurait se substituer pour Paris à la recherche d’un véritable règlement politique.  Toute tentative de s’écarter de ces paramètres, définis collectivement, serait condamnée à l’échec, a prévenu Mme Gueguen.

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a rappelé l’épisode historique bien connu de l’Empereur Néron, qui s’employait à jouer du violon alors même que Rome était en train de brûler.  « Si le Conseil ne fait rien, l’Histoire nous jugera comme elle a jugé Néron », a-t-il affirmé.  « Nous jouons du violon alors que la question palestinienne nous échappe progressivement. »

Le représentant a pris note de la situation économique très difficile de la Palestine, qui empêche actuellement l’Autorité palestinienne de payer ses fonctionnaires et de s’acquitter de ses services publics envers son peuple.  Parallèlement, Israël a « étendu de façon illicite sa domination » sur le territoire palestinien sans avoir à en souffrir les conséquences de la part de ce Conseil, a déploré le représentant.  L’an dernier, 10% de la population palestinienne a ainsi été remplacée par 10% de la population israélienne, a-t-il poursuivi, précisant que ce chiffre avait encore augmenté au cours des 18 derniers mois. 

Le Conseil doit s’acquitter de ses responsabilités en vertu de la Charte des Nations Unies et agir de façon décisive pour aider Israël et la Palestine à instaurer une paix durable, a appelé le représentant.  Au fil des ans, les initiatives se sont succédé en vain pour y parvenir, a-t-il constaté.  « L’heure est désormais venue de concrétiser ces orientations », a-t-il appelé.  Le représentant a pris note de la réunion convoquée par les États-Unis au Bahreïn à la fin du mois sur la question.  Il a jugé important d’aborder collectivement à cette occasion les questions en suspens sur le statut final, notamment celui de Jérusalem.  Dans ce sens, le représentant a jugé que toute action unilatérale sur ces questions ne contribuait qu’à nuire à une solution pacifique au conflit à long terme.

Sur le plan humanitaire, le représentant a constaté les conséquences désastreuses du blocus d’Israël sur le développement économique de Gaza, auquel s’ajoute la retenue à la source des revenus fiscaux de l’Autorité palestinienne par Israël.  Il a appelé à la levée immédiate du blocus « illicite » de Gaza et de la retenue de ces revenus fiscaux. 

En Cisjordanie, le représentant a déploré la poursuite de la politique israélienne d’expansion des colonies de peuplement.  Le Conseil n’a rien fait pour enrayer cette tendance, a-t-il déploré, avant d’appeler la communauté internationale à relancer ses efforts pour trouver une solution durable au conflit. 

M. KACOU HOUADJA LÉON ADOM (Côte d’Ivoire) a réitéré la position de son pays qui est en faveur de la sécurité d’Israël et du droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination, tout en réaffirmant son adhésion à la solution des deux États coexistant pacifiquement dans le cadre des frontières d’avant 1967.  Face à l’impasse dans laquelle se trouve aujourd’hui le conflit, la Côte d’Ivoire rappelle son soutien au consensus international sur la nécessité de relancer des pourparlers de paix entre les parties concernées.  Elle renouvelle son appel à la retenue à toutes les parties prenantes et les invite à renouer le dialogue, sur la base du droit international et des résolutions pertinentes des Nations Unies.

M. Adom a ensuite souligné que la situation humanitaire était beaucoup plus inquiétante à Gaza, caractérisée par un accès de plus en plus difficile aux soins de santé, ainsi que par les incessantes pénuries d’eau et les interruptions d’électricité.  La Côte d’Ivoire salue le soutien matériel et financier des agences spécialisées des Nations Unies et des partenaires internationaux en faveur de l’UNRWA, tout en leur renouvelant son appel à poursuivre leurs actions vitales au profit des populations en détresse. 

Enfin, le représentant a exprimé son soutien à toutes les initiatives visant à créer les conditions d’une reprise du dialogue israélo-palestinien.  Il a appelé tout particulièrement à la réconciliation entre le Fatah et le Hamas pour permettre à l’Autorité palestinienne d’exercer pleinement ses fonctions régaliennes, aussi bien à Gaza qu’en Cisjordanie. 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) s’est déclarée extrêmement préoccupée par la situation sur le terrain, en soulignant qu’au cours des derniers jours une escalade de la violence se profilait à Gaza.  Elle a condamné les tirs de roquette dans le territoire israélien, ainsi que l’envoi de ballons incendiaires, avant de condamner le Hamas et d’autres acteurs à Gaza pour leurs actions et provocations violentes, auxquelles Israël répond en exerçant son droit à la légitime défense. 

La délégation a ensuite appelé à faire respecter le consensus international selon lequel le seul moyen pour Israël et les Palestiniens de progresser est de négocier une solution à deux États, en essayant de rétablir un horizon politique pour la reprise d’un processus de paix véritable.  Or, il nous faut reconnaître que le processus est presque entièrement bloqué, notamment par les divisions entre factions palestiniennes, qui ne cessent d’aggraver la situation de la population de Gaza et d’affaiblir les aspirations nationales des Palestiniens, a poursuivi la Pologne.  Pour la délégation, il y a une nécessité urgente à relancer le processus de réconciliation intrapalestinien, en soutenant les efforts déployés par l’Égypte à cet égard.  Elle a tenu à rappeler le caractère illégal des colonies de peuplement au regard du droit international, en rappelant que leur arrêt est essentiel « pour préserver la solution des deux États ».

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a dit partager la position du Secrétaire général sur l’expansion des colonies de peuplement illégales en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est.  Dans ce cadre, elle a condamné la décision récente des autorités israéliennes de lancer de nouveaux appels d’offres en vue de permettre la construction de plus de 800 logements dans les colonies situées à Jérusalem-Est.

S’agissant de Gaza, la représentante a condamné les tirs de roquette du Hamas contre Israël.  Elle s’est également dite troublée par le sort tragique d’un médecin palestinien, qui a récemment reçu une balle en plein visage.  La représentante a appelé les parties à mettre fin aux violences en vue de privilégier une solution politique à long terme.  Elle a rappelé que, le 29 mai dernier, le Royaume-Uni avait annoncé le versement de 2 millions de dollars à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour aider la population de Gaza.

Revenant sur les heurts qui se sont produits le 2 juin dernier sur l’esplanade des mosquées, la représentante a demandé aux parties de préserver le statut quo sur les lieux saints à Jérusalem et de veiller à ce que les festivités religieuses dans la zone se déroulent pacifiquement, y compris celles liées au mois sacré de ramadan.

La représentante a rappelé l’appui de son pays à la solution des deux États, selon le tracé des frontières d’avant 1967.  Elle a encouragé les États-Unis à soumettre des propositions détaillées pour régler les problèmes en suspens dans le but de faire avancer cette solution, notamment dans la perspective de la réunion qui aura lieu à la fin du mois à Bahreïn sur le développement économique de la Palestine.  Enfin, la représentante s’est dite fermement attachée à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  Elle a espéré que la réunion qui aura lieu ,ce mois-ci, à New York, sur le financement de l’agence se solde par un succès.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) s’est dit préoccupé par le cycle de destruction et de violence qui alimente la question de Palestine.  Cette dynamique a un impact négatif dans un contexte instable et imprévisible pour toute la région, s’est alarmé le représentant.  M. Meza-Cuadra s’est dit aussi inquiet que la solution politique semble de plus en plus « diffuse ».  Il a condamné les tirs de roquette par des groupes palestiniens contre Israël tout en rappelant à ce dernier son devoir de respecter les principes de proportionnalité et de précaution dans sa défense.  La disproportion de la riposte israélienne est contraire au droit international.  Elle menace l’intégrité de la Palestine et sape la solution des deux États, a-t-il ajouté. 

Le délégué a, par ailleurs, salué le travail de l’UNRWA ainsi que les tentatives de rapprochement interpalestiniennes qui pourraient déboucher sur la levée du blocus de Gaza.  Il s’est insurgé contre la confiscation par Israël des recettes fiscales palestiniennes et souligné l’importance de respecter les règles qui régissent les relations commerciales entre les deux parties. 

M. HAITAO WU (Chine) s’est dit préoccupé par la récente escalade de la violence à Gaza.  Il a appelé à mettre pleinement en œuvre la résolution 2334 (2016) du Conseil, en mettant fin à l’expansion des colonies de peuplement illicites sur le territoire palestinien, à la destruction de maisons palestiniennes et aux expropriations de Palestiniens, ainsi qu’en prenant des mesures pour protéger les civils.  « Toute mesure unilatérale pour tenter de légitimer les colonies doit cesser », a-t-il insisté.

Le représentant chinois a appelé à trouver des solutions pour régler la question du statut final de Jérusalem.  De ce point de vue, il a jugé inquiétants les heurts survenus récemment sur l’esplanade des mosquées.  Le représentant a appelé à respecter le statut quo sur les lieux saints à Jérusalem et le principe de coexistence pacifique dans la zone.

Sur le plan humanitaire, le représentant a noté la situation très grave dans laquelle se trouve Gaza.  Il a appelé à la levée du blocus israélien pour y remédier.  Le représentant s’est également dit préoccupé par la retenue des recettes fiscales palestiniennes et le manque de respect du Protocole de Paris relatif aux relations économiques entre le Gouvernement de l’État d’Israël et l’OLP.  Concernant l’UNRWA, le représentant a espéré que la future réunion sur le financement de l’agence à New York se solde par un succès.  Enfin, il a appelé à faire avancer la solution des deux États, sur la base des frontières d’avant 1967.

M. MUHSIN SYIHAB (Indonésie) a constaté l’absence de tout signe de reprise des pourparlers politiques et la détérioration des conditions de vie des Palestiniens, que ce soit à Gaza, en Cisjordanie ou à Jérusalem-Est.  Les Palestiniens restent privés de leurs droits, a-t-il déploré, notant que tout espoir d’un avenir meilleur s’évapore.  Devant nos yeux, la Puissance occupante continue de démonter les accords et paramètres politiques du passé, alors même qu’ils constituent la base de la solution des deux États, s’est indigné le représentant avant de passer en revue une série de pratiques israéliennes comme l’expansion des colonies de peuplement, le blocus de Gaza, la démolition de propriétés palestiniennes et les évictions forcées.  De plus, a-t-il estimé, il n’y a pas lieu de questionner le refus de l’Autorité palestinienne d’accepter un transfert de revenus fiscaux inférieur au montant qui leur est dû, mais il faut plutôt exiger de la part d’Israël qu’il verse l’intégralité du montant.

Compte tenu de ce constat, l’Indonésie souligne le rôle significatif de l’UNRWA qui offre « une lueur d’espoir » à la moitié de la population de Gaza à laquelle il assure des services de base.  L’existence de l’Office est vitale pour les réfugiés palestiniens et les Palestiniens en général, a poursuivi le représentant, pour lequel c’est « le moins que puissent faire les Nations Unies pour leur venir en aide, compte tenu de l’échec de ce Conseil à agir pour faire respecter ses propres résolutions sur la question palestinienne ».  L’ONU est redevable à la Palestine, et « nous devons nous acquitter de cette dette, aujourd’hui et à l’avenir », a martelé le délégué, saisissant l’occasion pour rappeler au États Membres que la prochaine Conférence d’annonces de contributions pour l’UNRWA aura lieu le 25 juin.  « Nous avons fait un travail remarquable l’an dernier, ce qui a permis d’éviter que l’UNRWA ne s’écroule, et j’exhorte toutes les délégations à faire preuve du même engagement cette année. »

Le représentant a également plaidé pour le maintien du statu quo d’Haram el-Charif, « un endroit qui a toujours été l’épicentre de la violence » à cause de ce qu’il représente à la fois spirituellement et culturellement.  Il a souligné que ce qui se passe là-bas ne concerne pas uniquement la région mais a aussi un effet domino ailleurs.  Dénonçant la violation du statu quo par la Puissance occupante le dixième jour de ramadan, le mois dernier, il a mis en garde qu’il fallait à tout prix éviter de transformer ce conflit en un conflit religieux car cela pourrait avoir de graves conséquences.  « Je crois sincèrement que nous tous ici partageons ce point de vue », a-t-il lancé à ses homologues autour de la table du Conseil, avant de les appeler à exiger d’Israël qu’il respecte l’Histoire et le statu quo.  En conclusion, il a appelé « à nouveau » le Conseil de sécurité à exercer son autorité dans le contexte du dossier palestinien.

S’agissant d’autres questions régionales, le représentant a mis l’accent sur l’urgence qu’il y a d’éviter une « catastrophe humanitaire » dans le nord-ouest de la Syrie, et il a demandé aux parties concernées de faire preuve de retenue pour qu’il n’y ait pas d’escalade de la situation dans le détroit d’Ormuz.

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) s’est désolé des tendances actuelles concernant la situation au Moyen Orient, en soulignant la responsabilité centrale du Conseil de sécurité en matière de maintien de la paix et de la sécurité au niveau mondial.  Cela exige des mesures fermes et efficaces, a-t-il plaidé.  Le délégué a cependant noté l’inertie sur la question israélo-palestinienne, pointant du doigt non seulement le manque de volonté et l’absence de processus politique significatif, mais aussi les positions divisées.  Les espoirs du peuple palestinien de consolider leur État s’évaporent à mesure qu’avancent les colonies israéliennes en territoire palestinien occupé, a-t-il observé.  Il a aussi fait remarquer que ce sont les civils, israéliens et palestiniens, femmes et enfants, qui sont les victimes de la violence alimentée par des provocations, des incitations et une rhétorique inflammatoire. 

Le représentant a réaffirmé la position de son pays, à savoir qu’il faut respecter la souveraineté et l’autodétermination des peuples, selon les principes de la Charte des Nations Unies relatifs au caractère inadmissible de l’acquisition de territoire par la force.  En ce qui concerne Jérusalem, il a reconnu le caractère spécial de la Ville sainte, sa dimension et son patrimoine d’ordre spirituel, religieux et culturel.  D’un autre côté, M. Singer a condamné fermement les actes de violence qui ont lieu dans la territoire palestinien occupé, notamment l’usage de force léthale pendant les manifestations et autres incidents lors des opérations de sécurité à Gaza et en Cisjordanie.  Il a aussi condamné les lancements, depuis Gaza, de roquettes et dispositifs incendiaires et explosifs sur Israël, fait qu’il a imputé au Hamas et à d’autres militants palestiniens.

Enfin, le représentant a abordé la situation humanitaire à Gaza qui demeure critique.  Il a salué le travail indispensable des organisations et agences de l’ONU présentes sur le terrain, comme l’UNRWA, ainsi que l’appui de pays amis, pour soulager les souffrances et tenter de changer la donne.

M. JUERGEN SCHULZ (Allemagne) a estimé que le conflit israélo-palestinien était un conflit politique qui exigeait une solution politique.  Il a annoncé l’intention de son pays de rechercher des solutions pour améliorer la situation socioéconomique de la Palestine dans le cadre de la réunion qui aura lieu au Bahreïn à la fin du mois sur cette question.  Toutefois, a-t-il insisté, le volet économique ne saurait se substituer à une solution politique.

À ses yeux, l’un des obstacles majeurs à la résolution du conflit réside dans la poursuite par Israël de sa politique d’expansion des colonies de peuplement illégales, y compris l’approbation, fin mai, de centaines de nouveaux logements en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est, en violation du droit international.  Le représentant s’est également inquiété des destructions de maisons et de biens palestiniens, ainsi que des déclarations des parties faisant allusion à une annexion d’une partie de la Cisjordanie.  « C’est une violation claire et flagrante du droit international qui pourrait être lourde de conséquences », a-t-il mis en garde, précisant que l’Allemagne ne reconnaîtrait « aucun changement » à la ligne du 4 juin 1967, y compris concernant Jérusalem-Est. 

La résolution 2334 (2016) doit être pleinement respectée, a poursuivi le représentant, s’agissant non seulement des colonies, mais également des groupes terroristes, des incitations à la violence et des discours incendiaires.  Le représentant a ainsi condamné les tirs de roquette depuis Gaza contre Israël.  Il s’est dit fermement attaché à la sécurité d’Israël, « en tant qu’État juif et démocratique », et a demandé au Hamas de mettre fin à ces exactions.  Parallèlement, le représentant a condamné toute mesure unilatérale qui sape la viabilité de la solution des deux États.

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a appelé la communauté internationale à œuvrer en faveur de « la coexistence de deux États, avec la ville de Jérusalem comme future capitale de ceux-ci, conformément aux paramètres internationalement agréés ».  Pour la Belgique, cette perspective est la seule qui soit à même de répondre aux aspirations des Israéliens à vivre en sécurité dans un État reconnu par tous et aux aspirations légitimes des Palestiniens à un État souverain, démocratique et viable.  Cette perspective peut être soutenue par des mesures économiques, a-t-il précisé, soulignant cependant que ces dernières ne sauraient se substituer à une solution politique.  À ses yeux, en effet, l’économie palestinienne ne pourra pleinement se déployer que moyennant la fin de l’occupation, le libre accès des Palestiniens à leurs terres et à leurs ressources, la liberté de mouvement et d’accès à l’ensemble du territoire et la capacité à s’intégrer dans un marché régional.

Le représentant a, par ailleurs, déclaré que la politique de colonisation israélienne était une violation flagrante du droit international et des résolutions du Conseil, y compris la résolution 2334 (2016).  Cette colonisation, qui s’accompagne de mesures d’expropriation, de démolitions et de déplacements de population, porte atteinte au respect des droits fondamentaux des Palestiniens, a-t-il insisté, ajoutant que la colonisation compromettait également de manière fondamentale, « et bientôt irrémédiable », la solution des deux États, que la Belgique soutient.  La publication récente de plusieurs appels d’offres en vue de permettre la construction de plus de 800 logements dans des colonies situées à Jérusalem-Est est une nouvelle illustration de cette politique, a dénoncé le représentant.  

Dans ce contexte, il a exprimé sa plus vive inquiétude face à l’augmentation des tensions et violences entre colons israéliens et Palestiniens, ainsi que du fait de la détérioration de la situation à Hébron et à Jérusalem-Est.  Le représentant a appelé les parties à éviter toute provocation et à respecter le droit international.  Les récentes escalades de violences à Gaza nuisent également à la perspective d’une paix durable et stable, a poursuivi le représentant, appelant les parties à respecter le droit international humanitaire et à veiller à la protection des civils. 

À Gaza, le représentant a appelé toutes les parties à garantir aux acteurs humanitaires un libre accès.  Sur le plan politique, seule une levée du blocus et l’ouverture complète des points de passage, tout en tenant compte des préoccupations sécuritaires légitimes d’Israël, peuvent constituer une solution appropriée, a-t-il estimé, appelant également au retour du territoire sous le contrôle de l’Autorité palestinienne. 

Mme AMPARO MELE COLIFA (Guinée équatoriale) a regretté que le conflit israélo-palestinien avance dans la mauvaise direction.  Les tirs croisés de la semaine dernière sont, à son avis, des preuves de la méfiance mutuelle entre les deux parties et de leur tendance à favoriser l’affrontement.  En tout cas, ces tirs menacent la vie des populations civiles, a dénoncé la représentante qui a reconnu le droit d’Israël à se défendre tout en respectant le droit international humanitaire.  Elle s’est dit également préoccupée par la persistance des incidents à Hébron et dans tout le territoire occupé.  Il est urgent de protéger les populations civiles, a prévenu la représentante. 

La situation humanitaire à Gaza est également grave, a-t-elle poursuivi en constatant que le chômage, le manque de vivres et l’insécurité enferment la population.  Face à cette situation, la représentante a demandé à Israël de revoir le blocus contre Gaza, avant d’exhorter la communauté internationale à relancer le processus de réconciliation palestinienne.  Elle a en outre encouragé les partenaires internationaux à financer l’UNRWA dont dépend la survie des réfugiés palestiniens.  Avant de terminer, Mme Mele Colifa a demandé à Israël et aux Palestiniens de donner la place à une solution politique et définitive au conflit et d’envisager de discuter autour d’une table. 

M. VLADIMIR K.  SAFRONKOV (Fédération de Russie) a condamné la « déstabilisation du Moyen-Orient par des puissances extérieures », comme en témoigne, selon lui, les tensions attisées « de façon artificielle », ces derniers jours, dans le golfe Persique, au détriment de la stabilité de la région.  L’aventurisme et le recours à la force ne peuvent que conduire à la catastrophe, envenimer les conflits existants et entraîner une nouvelle vague de migration, a mis en garde le représentant, appelant à une désescalade au Moyen-Orient et à la recherche de solutions négociées. 

Le représentant a appelé à sécuriser la région « sans exceptions et sans passe-droits » au profit d’États en particulier.  « Ce qui est interdit à certains ne peut pas être autorisé à d’autres », a-t-il insisté.  « Cela ne marche pas! »

Le représentant a ensuite rejeté la faute de l’impasse actuelle dans laquelle se trouve le conflit israélo-palestinien sur la « révision agressive » des accords passés.  Il a appelé à prendre comme base du règlement du conflit les initiatives internationalement reconnues des dernières décennies.  Le représentant a notamment estimé que la solution des deux États était la seule viable pour mettre fin au conflit.  En ce sens, il a jugé que toute proposition d’amélioration économique devait se borner à accompagner le volet politique, sous peine d’être vouée à l’échec. 

Par ailleurs, le représentant a insisté sur le fait que le statut des territoires palestiniens occupés et du Golan syrien occupé était régi par les résolutions pertinentes de l’ONU.  Aucune action unilatérale ne pourra les remettre en cause, a-t-il déclaré. 

Le représentant a, en outre, jugé indispensable de faire participer les acteurs de la région, notamment les nations arabes, aux négociations sur la question.  Il a souligné l’intention de son pays de continuer d’œuvrer activement au règlement du conflit.  En ce sens, il a indiqué que la proposition russe d’accueillir un sommet avec les dirigeants palestiniens et israéliens tenait toujours.  Il est aussi grand temps de voir se concrétiser une autre initiative russe, a-t-il ajouté, à savoir la création d’une mission du Conseil de sécurité au Moyen-Orient.

Le représentant a, par ailleurs, appelé à remédier à la détérioration de la situation humanitaire à Gaza et à soutenir financièrement l’UNRWA.  Il a également appelé à prendre des mesures pour instaurer une culture de paix au Moyen-Orient, centrée sur la protection des minorités religieuses, y compris les Chrétiens, dont certains ont été contraints de quitter la région pour échapper au génocide.  Le représentant a appelé à rejeter « une logique de bloc » au profit d’une « logique de plateforme » pour trouver des solutions dans la région.  C’est ensemble que nous pourrons surmonter les défis, « par des moyens politiques et non militaires », a-t-il insisté.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a regretté qu’aucun progrès n’ait été fait dans la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) par Israël.  « Comment constater les progrès alors qu’Israël continue de créer des colonies et d’occuper des terres palestiniennes? »  Priant d’abord Israël de mettre un terme à la colonisation, aux annexions de territoires et au gel des recettes fiscales palestiniennes, il a ensuite demandé à la communauté internationale d’obliger Israël à cesser les actes de violence et à respecter la résolution 2334 (2016) ainsi que toutes les résolutions du Conseil de sécurité et les conventions de Genève sur le droit international humanitaire. 

« Comment parvenir à des progrès réels dans le processus de paix tant qu’est maintenu le blocus sur Gaza et tant qu’Israël continue d’occuper Jérusalem-Est? » a encore questionné le représentant.  Le Conseil de sécurité ne reconnaîtra aucun changement aux frontières de 1967, a averti le délégué qui a voulu que la communauté internationale ne reste pas « silencieuse » alors que les crimes contre le peuple palestinien se poursuivent.  Il a apporté aussi son appui à l’UNRWA en saluant son rôle important pour les réfugiés palestiniens.  Il a dit attendre avec impatience la conférence de contributions à cette agence qui aura lieu ce mois-ci.  Le Koweït, a-t-il rappelé, a donné 140 millions de dollars à l’Office ces quatre dernières années.  Avant de terminer, il a réitéré la nécessité de revenir à la solution des deux États et de trouver une solution viable et durable à ce conflit. 

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