8470e séance – matin  
CS/13717

Le Conseil de sécurité entend le compte-rendu de la mission effectuée en Afrique de l’Ouest du 13 au 17 février

Le Conseil de sécurité a entendu, ce matin, un compte-rendu, par les délégués de la Côte d’Ivoire et de la Guinée équatoriale, de la mission « fructueuse » qu’il a effectuée en Afrique de l’Ouest du 13 au 17 février, afin d’y évaluer la situation politique et les efforts de consolidation de la paix en Côte d’Ivoire, au Libéria et en Guinée-Bissau.

Premier orateur, le délégué ivoirien, M. Léon Houadja Kacou Adom, a détaillé la première étape de la visite dans son pays, consacrée « aux expériences et bonnes pratiques en matière de transition du maintien à la consolidation de la paix en Côte d’Ivoire et au Libéria ».

Ces deux pays, qui ont accueilli des missions onusiennes de maintien de la paix, ont connu des « trajectoires de sortie de crise différentes » et connaissent aujourd’hui, en raison de leurs potentiels et des défis qui leur sont propres, des rythmes de développement économique et social différents, a noté le représentant.

La délégation du Conseil de sécurité, arrivée à Abidjan le 14 février, a notamment rencontré le Ministre des affaires étrangères, M. Marcel Amon-Tanoh.  Le Ministre a ainsi pu exposer la stratégie de sortie de crise et de consolidation de la paix en Côte d’Ivoire, fondée notamment sur le triptyque « relance économique, reconstruction nationale et réconciliation nationale », a déclaré M. Adom.

Le délégué a assuré que son pays est conscient des « regards impatients » de certains acteurs internationaux, qui reconnaissent toutefois les progrès remarquables réalisés depuis 2011.  Il a en outre insisté sur les efforts de son gouvernement afin de préserver la paix sociale y compris par l’organisation en 2020 d’une élection présidentielle « transparente et crédible ». 

La période 2019-2020 sera consacrée au renforcement de l’action gouvernementale dans le domaine social dans l’optique d’une meilleure répartition des fruits de la croissance économique, a déclaré M. Adom.

Le Gouvernement entend par ailleurs consacrer 726 milliards de francs CFA au programme social avec l’éducation et la santé comme domaines prioritaires. 

Lors d’une table ronde avec les Coordonnateurs résidents du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) des deux pays, la qualité des liens entre le système onusien et le Gouvernement dans la préparation de la Mission de paix de l’ONU en Côte d’Ivoire et le transfert des activités résiduelles à l’équipe de pays des Nations Unies a été soulignée, a déclaré le délégué. 

Lors de cette table ronde, le Coordonnateur résident au Libéria, M. Yacoub ElHillo a indiqué qu’après 25 ans à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, ce pays s’est engagé sur la voix de la paix, de la stabilité et du développement économique.  En raison toutefois des fragilités structurelles liées à son histoire et ses cycles d’instabilité politiques et de violences communautaires, le Libéria reste confronté à d’énormes défis à la consolidation de la paix. 

La chute drastique de la croissance économique de 8% à 1%, la persistance des causes profondes du conflit, les difficultés du processus de réconciliation nationale, la faiblesse de la reddition de compte post-crise, les lacunes en matière de contrôle des frontières terrestres et maritimes pour prévenir les trafics sont autant de vulnérabilités à résoudre afin d’éviter une résurgence du conflit libérien.

Prenant le relais, le délégué de la Guinée équatoriale, M. Anatolio Ndong Mba, a détaillé la seconde étape de la visite qui s’est déroulée en Guinée-Bissau, du 15 au 17 février, au cours de laquelle la délégation du Conseil a notamment rencontré le Premier Ministre, le Président de l’Assemblée nationale populaire et le Président du pays.

En prévision des élections législatives prévues le 10 mars et de l’élection présidentielle qui doit se tenir plus tard dans l’année, le Conseil a lancé un appel aux acteurs politiques afin de préserver les gains fragiles enregistrés, a déclaré M. Ndong Mba, en espérant que ces élections ramèneront la stabilité dans le pays.

Le Premier Ministre, M. Aristides Gomes, a évoqué les difficultés rencontrées dans l’organisation de ces élections, en particulier leur financement.  Selon le Bureau intégré des Nations Unies en Guinée-Bissau (BINUGBIS), les donateurs ont contribué à hauteur de deux millions de dollars au Fonds établi par le PNUD pour le financement de ces élections.

De son côté, le Gouvernement n’a pas été en mesure de couvrir les dépenses dont il est responsable, a poursuivi le délégué de la Guinée équatoriale, en pointant les conséquences négatives de l’impasse politique sur la situation économique et, partant, pour la rentrée de ressources fiscales.

Par ailleurs, le chef du principal parti d’opposition, le Parti du renouveau social, a fait état d’irrégularités dans le processus électoral.  Ainsi, seuls 735 000 électeurs auraient été inscrits, a noté M. Ndong Mba, ajoutant que la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) allait vérifier ces inscriptions.

Le délégué a indiqué que la CEDEAO pourrait retirer, en septembre prochain, sa Mission sur place -l’ECOMIB- une force militaire de 600 effectifs, en raison de son coût.  Le BINUGBIS juge toutefois la présence de cette Mission nécessaire.  Lors de cette visite, la délégation du Conseil a pu entendre des appels pour la levée des sanctions frappant 10 éléments militaires impliqués dans le coup d’état de 2012.

« Selon plusieurs de nos interlocuteurs, les entraves au processus électoral sont le fait de membres du personnel politique, non pas d’éléments militaires », a déclaré le délégué.  Enfin, soulignant le caractère crucial des élections à venir en Guinée-Bissau, M. Ndong Mba a conclu en indiquant que la visite du Conseil avait été « fructueuse », tous les interlocuteurs s’étant montrés « réceptifs ».

 

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