8451e séance – matin
CS/13677

Plaidoyer pour un rôle renforcé du Conseil de sécurité et de l’ONU dans la prévention des conflits liés aux catastrophes climatiques

Une grande majorité de délégations, parmi plus de 80 qui ont pris la parole aujourd’hui, y compris une vingtaine de ministres, a plaidé pour un rôle renforcé du Conseil de sécurité pour la prévention des conflits liés aux catastrophes naturelles, y compris celles découlant des changements climatiques que le Canada a désigné comme « l’un des plus grands défis sécuritaires du XXIe siècle », qui menacent la vie et les moyens de subsistance de gens à travers le monde.

 De nombreux intervenants ont aussi demandé que le Conseil arrive à un consensus sur cette problématique afin de l’intégrer officiellement dans son programme de travail, alors que d’autres États ont insisté sur la nécessité d’avoir un représentant spécial pour le climat et la sécurité à l’ONU, pour « se préparer aux implications sécuritaires des changements climatiques ».     

Le premier débat du Conseil sur l’impact des changements climatiques sur la paix et la sécurité avait été convoqué en 2007 par le Royaume-Uni et depuis lors, la question a été soulevée à plusieurs reprises lors de débats et de réunions informels du Conseil, avant deux autres débats publics sur la question en 2011 et en juillet dernier.

Pour expliquer la raison d’être du débat de ce jour, la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo, a relevé le lien complexe qui existe entre les risques climatiques et les conflits, même si c’est parfois de manière indirecte comme au Sahel et au Soudan.  Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a déjà reconnu le lien entre changements climatiques et conflits en Afrique, lors de sa réunion du 21 mai 2018, a indiqué cette délégation.

Concrètement, l’Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), M. Achim Steiner, a averti que les changements climatiques provoqueront la migration de plus de 140 millions de personnes d’ici à 2050 en Afrique, en Asie et en Amérique latine, ce qui exacerbera conflits et tensions.  De son côté, le scientifique en chef de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), M. Pavel Kabat, a attiré l’attention sur le dernier Rapport du Forum économique mondial de Davos selon lequel les températures extrêmes, les catastrophes naturelles, les changements climatiques et les crises de l’eau occupent les quatre premières places dans la liste des menaces existentielles qui pèsent sur le monde. 

« Il faut donc agir maintenant, avec un sentiment d’urgence, en s’engageant à placer les personnes au centre des efforts », a lancé Mme DiCarlo.  En plus de mesures déjà prises au niveau régional -en Afrique de l’Ouest et en Asie centrale notamment- et par le biais des missions de maintien de la paix, elle a indiqué que l’ONU entendait renforcer ses capacités d’analyse.  Ainsi, le Département qu’elle dirige, en partenariat avec le PNUD et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), et en collaboration avec des acteurs au sein et hors du système, ont développé un cadre d’évaluation des risques de sécurité liés au climat. 

Le Secrétariat de l’ONU s’attèle également à faire figurer de manière plus évidente les implications sécuritaires des changements climatiques dans les rapports présentés au Conseil de sécurité, notamment pour les bureaux d’Afrique de l’Ouest et du Sahel et d’Afrique centrale.  En plus, l’ONU envisage de renforcer les bases de données probantes pour appuyer l’élaboration de stratégies de prévention et de gestion des risques climatiques sur le terrain.  

Apportant la « voix des jeunes » à ce débat, Mme Lindsay Getschel, qui est assistante de recherche au Stimson Center, a demandé au Conseil d’adopter une résolution qui reconnaisse formellement que les changements climatiques représentent une menace à la paix et la sécurité internationales.  Un vœu partagé par la Papouasie-Nouvelle-Guinée qui a constaté un « gouffre » entre l’action de l’Assemblée générale, ayant adopté une résolution en ce sens, et celle du Conseil qui se limite à reconnaître ce lien dans des cas spécifiques.

Nauru et Tuvalu, au nom respectivement du Forum des îles du Pacifique et des petits États insulaires en développement du Pacifique, ont demandé la nomination d’un « représentant spécial pour le climat et la sécurité » qui serait notamment chargé d’informer le Secrétaire général et le Conseil des risques climatiques émergents pour la paix et la sécurité internationales.  Cette idée a été soutenue par la Nouvelle-Zélande, l’Irlande et le Canada, ce dernier pays ayant aussi demandé la mise en place d’un centre dédié à cette question au sein du système des Nations Unies, rejoignant le vœu de la Belgique qui a parlé d’un point focal institutionnel, une « clearing house » qui répondrait au besoin urgent de mettre à la disposition du Conseil de sécurité des stratégies adéquates d’analyse et de gestion des risques pour certains pays et régions.

La France n’a pas dit le contraire en précisant que ce qui manque, c’est « une sentinelle garante du message scientifique » capable de cristalliser un consensus sur les liens entre climat et sécurité.  Et le pays souhaite que le Secrétaire général joue ce rôle en présentant chaque année à l’Assemblée générale et au Conseil un rapport sur les risques pour la paix et la sécurité que font peser les impacts des changements climatiques, dans le but d’anticiper et d’élaborer des réponses appropriées.  Les États-Unis encouragent d’ailleurs les membres du Conseil à envisager les moyens de faire jouer un rôle majeur aux missions politiques dans le cadre de l’atténuation des risques de conflit liés aux facteurs climatiques.  La Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie a même voulu que les Casques bleus soient mieux équipés pour leur permettre de « mener des opérations militaires autres que la guerre », notamment des « missions de paix climatiques ».   

Si la majorité des orateurs ont affirmé avec conviction la pertinence de cette thématique pour le Conseil de sécurité, comme les Philippines qui veulent que le Conseil grave les changements climatiques dans « le marbre de ses priorités », certains pays, comme le Brésil, l’Afrique du Sud et la Fédération de Russie, ont déclaré que le Conseil n’est pas le forum approprié pour traiter de la question.  La Russie a même déploré une pratique diluant la répartition des tâches au sein de l’ONU.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Faire face aux conséquences des catastrophes naturelles sur la paix et la sécurité internationales

Déclarations

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a d’emblée prévenu que les risques relatifs aux catastrophes liées au climat ne sont pas le scénario d’un lointain futur.  Ils sont déjà, a-t-elle affirmé, une réalité d’aujourd’hui pour des millions de gens à travers le monde, et cela ne va pas changer.  Elle a rappelé qu’un rapport publié en octobre dernier par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) prédit davantage de vagues de chaleur et des pluies diluviennes, ainsi que la montée du niveau des mers et des dommages plus conséquents sur l’agriculture. 

Mme DiCarlo a relevé que le lien entre les risques climatiques et les conflits est complexe et se recoupe souvent avec des facteurs politiques, sociaux, économiques et démographiques.  Elle a relevé qu’en l’espace d’un mois, les ouragans Irma, Harvey et Maria avaient conduit au déplacement de près de trois millions de personnes le long de la côte atlantique des Amériques et des Caraïbes.  Et l’impact le plus tragique a été relevé dans les petits États insulaires en développement (PEID) de la région.  En Haïti par exemple, une série de catastrophes liées au climat a frappé le pays depuis le tremblement de terre dévastateur de 2010, ce qui a contribué à l’instabilité et a prolongé la crise humanitaire.

La Secrétaire générale adjointe a souligné que les changements climatiques affectent également la paix et la sécurité de manière indirecte, mais tout aussi sérieusement.  Au Sahel et au Soudan par exemple, les changements climatiques ont accru la compétition pour des terres qui se raréfient, ainsi que pour les forages et les ressources en eau, aggravant les tensions entre éleveurs et agriculteurs.  Dans le bassin du lac Tchad, les changements climatiques contribuent à des cycles de pluies irréguliers, ce qui entrave les moyens de subsistance traditionnels, accentuant l’exclusion socioéconomique et réduisant les coûts de l’adhésion à des groupes armés.

Les déplacements de population du fait des changements climatiques deviennent aussi un problème sérieux, a poursuivi Mme DiCarlo.  Des sécheresses plus longues et plus fréquentes en Somalie ont été un facteur majeur du déplacement de plus de 2,6 millions de personnes, ce qui a aggravé les tensions locales et le trafic des êtres humains, l’exploitation des enfants et le recrutement par des groupes armés.  En Asie du Sud, des recherches récentes ont laissé voir que l’impact négatif des changements climatiques sur les moyens de subsistance est lié à l’augmentation des conflits civils.  Mme DiCarlo a également rappelé que ces derniers mois, le Conseil de sécurité a reconnu que les conséquences négatives des changements climatiques, entre autres facteurs, affectent la stabilité du Mali, de la Somalie, de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel, de l’Afrique centrale et du Soudan. 

C’est fort de tout cela que le Secrétaire général de l’ONU a établi une vision large de prévention des conflits.  Il considère comme prioritaire l’amélioration des capacités de l’Organisation à faire face à de larges stress et chocs pouvant exacerber les crises et conduire à des conflits violents.  Par exemple, le Bureau régional des Nations Unies en Afrique de l’Ouest et au Sahel travaille étroitement avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour analyser les risques de sécurité liés au climat dans la région, afin de développer des stratégies régionales de prévention.  Ces approches régionales sont également mises en œuvre en Asie centrale où la coopération régionale appuie les progrès dans la gestion transfrontière des eaux, avec le soutien du Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale.  En outre, dans plusieurs pays, les missions onusiennes préparent les réponses aux conséquences des changements climatiques.  Ainsi, la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM) et l’équipe de pays des Nations Unies ont travaillé de concert pour établir une réponse efficace à la sécheresse dans ce pays. 

Dans l’avenir, les Nations Unies entendent renforcer leur capacité d’analyse.  Ainsi, le Département que dirige Mme DiCarlo, de même que le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), en collaboration avec des acteurs au sein et hors du système, ont développé un cadre d’évaluation des risques afin d’analyser les risques de sécurité en rapport avec le climat.  Le Secrétariat de l’ONU s’attèle également à faire figurer de manière plus évidente les implications sécuritaires des changements climatiques dans les rapports présentés au Conseil de sécurité, notamment pour les bureaux d’Afrique de l’Ouest et du Sahel et d’Afrique centrale.  En plus, l’ONU envisage de renforcer les bases de données probantes pour appuyer l’élaboration de stratégies de prévention et de gestion des risques climatiques sur le terrain.  Mme DiCarlo a invité les États Membres et d’autres parties prenantes à examiner les bonnes pratiques qui vont permettre d’améliorer le travail déjà engagé. 

En outre, l’ONU renforce ses partenariats afin de tirer parti des capacités existantes dans le système des Nations Unies, au sein des États Membres, des organisations régionales, de la société civile et de la communauté des chercheurs.  « Faire face aux implications sécuritaires des changements climatiques est un problème collectif, qui requiert une réponse collective. »  Pour ce faire, Mme DiCarlo a souligné que les actes doivent suivre les paroles.  Les grandes armées et les entreprises ont longtemps souligné le besoin de se préparer aux risques liés aux changements climatiques, identifiant le phénomène comme un « multiplicateur de menace ».  Il faut donc agir maintenant, avec un sentiment d’urgence, en s’engageant à placer les personnes au centre des efforts, a conclu la Secrétaire générale adjointe.

M. ACHIM STEINER, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), s’exprimant par visioconférence depuis Nairobi, a mentionné les deux risques sécuritaires majeurs pour le monde: les changements climatiques et la cybersécurité.  Le dernier rapport du Forum économique mondial mentionne les changements climatiques comme une menace majeure pour l’économie mondiale, a-t-il précisé.  Plus de 140 millions de personnes migreront d’ici 2050 en Afrique, en Asie et en Amérique latine en raison de ces changements climatiques, exacerbant conflits et tensions.  Il a mentionné le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et rappelé que « les plus pauvres parmi les pauvres » paieront le prix fort des conséquences découlant des changements climatiques.

M. Steiner a passé en revue les actions prises pour remédier à cette menace, mentionnant l’exemple du Plan national de l’Iraq élaboré dans le cadre de l’Accord de Paris qui fait un lien explicite entre changements climatiques et sécurité.  « Il est urgent de renforcer la résilience du monde face aux changements climatiques », a plaidé M. Steiner avant de citer les centaines de projets menés dans 140 pays par le PNUD à cette fin.  Aux Maldives, par exemple, l’approvisionnement en eau potable est menacé par la montée du niveau des océans.  En République dominicaine, le PNUD a participé au calcul de la vulnérabilité de certaines zones du pays face aux ouragans.  Enfin, M. Steiner a exhorté à réagir efficacement face à ce risque majeur pesant sur la « sécurité humaine ».

M. PAVEL KABAT, scientifique en chef de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), a attiré l’attention du Conseil de sécurité sur l’édition 2019 du Rapport du Forum économique de Davos sur l’évaluation des risques mondiaux.  Le Rapport dit que les températures extrêmes, les catastrophes naturelles, les changements climatiques et les crises de l’eau occupent les quatre premières places dans la liste des menaces existentielles qui pèsent sur le paysage mondial.  Ces risques montrent des connexions importantes avec les autres chocs et impacts à la paix et à la sécurité et au développement durable.  Le Rapport souligne, une nouvelle fois, l’importance cruciale du rôle de l’OMM qui a en son cœur l’alerte rapide. 

Le taux global de concentration des gaz à effet de serre a atteint un niveau jamais vu depuis trois à cinq millions d’années quand la température mondiale était de 2 à 3 C plus chaude et que le niveau de la mer était de 10 à 20 mètres plus haut qu’aujourd’hui.  L’OMM, a dit M. Kabat, a publié une étude qui montre que ces quatre dernières années ont battu le record de chaleur et que les 20 années les plus chaudes ont été vécues ces 22 dernières années.  La température moyenne mondiale est près de 1 C plus élevée que celle de l’ère préindustrielle.  Les ouragans Maria, Irma ou encore Harvey ont provoqué des dégâts estimés à 282 milliards de dollars et la Banque mondiale souligne qu’à la Dominique, ces dégâts se chiffrent à 1,3 milliard de dollars soit 224% du PNB.  Sur les 17,7 millions de déplacés suivis par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 2,3 millions l’étaient à cause des catastrophes liées à la météo et au climat.  La montée du niveau de la mer s’accélère tout comme la fonte des glaciers, avec les risques que cela représente pour les petits États insulaires en développement. 

M. Kabat a espéré que son exposé devant le Conseil de sécurité lancera une ère de collaboration plus étroite.  Il a dit compter sur des réunions d’information plus fréquentes entre le Conseil et les agences du système des Nations Unies dont la sienne, pour garantir des décisions informées sur les moyens de maintenir la paix et la sécurité internationales. 

Mme LINDSAY GETSCHEL, assistante de recherche au Stimson Center, est intervenue en tant que « voix des jeunes » pour exiger des mesures de lutte contre les changements climatiques, « parce que ma génération et celles qui nous succèderont auront à en subir les conséquences ».  « Nous sommes déterminés à trouver des solutions à ce problème pour nous permettre de vivre dans un monde plus sûr, plus pacifique et plus prospère », a-t-elle assuré avant de soumettre trois suggestions concrètes aux membres du Conseil.

En premier lieu, elle a demandé au Conseil d’adopter une résolution qui reconnaisse formellement que les changements climatiques représentent une menace à la paix et la sécurité internationales.  Elle n’a pas manqué de souligner que cette question a été abordée pour la première fois par la Conseil de sécurité il y a 10 ans, sans engagement à faire appel au chapitre 7, mais qu’à ce jour aucun texte formel n’a été adopté.  En second lieu, elle a estimé que les missions des Nations Unies devraient faire une évaluation des conséquences des changements climatiques sur la jeunesse locale et de l’implication possible de ces jeunes dans le renforcement des capacités de résistance à l’impact climatique dans leurs communautés.  Enfin, Mme Getschel a exigé que les missions des Nations Unies fassent la transition vers les énergies renouvelables sur le terrain, ce qui contribuerait, selon elle, à alléger les effets des changements climatiques et à édifier des communautés plus résilientes et viables.

Il est évident que toute personne présente dans cette salle croit à la réalité de la menace que représentent les changements climatiques, a-t-elle lancé avant de rappeler que rien qu’en 2017, ce sont près de 18 millions de personnes qui ont été déplacées à la suite de tempêtes, sècheresses, inondations ou vagues de chaleur.  Les derniers ouragans qui ont ravagé le golfe du Mexique et les Caraïbes ont prouvé que les gouvernements locaux ne sont pas en mesure, seuls, d’y faire face.  Or, quand les gouvernements locaux ne sont plus capables d’assurer les services de base à leur population, cela provoque des déplacements de personnes, la pauvreté, l’instabilité politique et la violence, a mis en garde Mme Getschel.  Les changements climatiques affectent aussi la sécurité alimentaire de millions de personnes, notamment en Afrique et au Moyen-Orient où cette réalité sous-tend déjà certains conflits, alors que les communautés côtières sont directement frappées par le réchauffement des océans et la transformation des écosystèmes marins qui en résulte.

Mme Getschel a demandé au Conseil de sécurité de reconnaître à la fois l’impact disproportionné des changements climatiques sur les jeunes et le rôle unique que ces jeunes peuvent jouer en tant qu’agents de l’innovation dans ce domaine.  À ce titre, elle a suggéré que les missions des Nations Unies fassent appel aux jeunes locaux pour trouver des moyens de renforcer la résilience climatique de leurs communautés.  La nouvelle stratégie « jeunesse 2030 » des Nations Unies pourrait servir de plateforme aux jeunes pour faciliter l’échange d’idées, d’une part, et pour trouver des soutiens à leurs initiatives, d’autre part, a-t-elle conclu en martelant que « près de deux milliards de jeunes dans le monde n’ont pas le luxe de choisir de ne pas se sentir concernés par cette question ».

M. SHEIKH SABAH AL-KHALED AL-HAMAD AL-SABAH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Koweït, a dit que l’Accord de Paris est une réalisation historique qui mérite d’être mise en œuvre.  Il a souligné les millions de gens qui souffrent dans le monde des conséquences des changements climatiques, ajoutant que ceux-ci se jouent des frontières.  Mettant l’accent sur la responsabilité de tous, il a proposé que des mesures multilatérales soient arrêtées dans le cadre de la mise en œuvre des directives du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe et de l’Accord de Paris.  Il a dit espérer que le Sommet sur le climat, prévu en septembre prochain au Siège des Nations Unies, permettra de faire des avancées en ce sens. 

Le Vice-Premier Ministre a ensuite affirmé que le Koweït accorde un intérêt particulier aux énergies renouvelables, afin d’atteindre un taux de 50% d’énergies renouvelables dans sa consommation nationale d’ici à 2020.  Le Koweït apporte aussi son assistance aux pays faisant face aux catastrophes ou aux conflits.  Il a enfin plaidé pour des actions internationales en matière d’adaptation et d’atténuation aux conséquences des changements climatiques, dans le respect du principe de la responsabilité commune mais différenciée. 

M. DIDIER REYNDERS, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Belgique, a souligné que des phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents et de plus fortes intensité, tels que les ouragans ou les sècheresses, ainsi que l’élévation du niveau de la mer, accentuent les tensions sociopolitiques à travers le monde.  « Vu les preuves scientifiques de plus en plus nombreuses des conséquences désastreuses des changements climatiques, il ne devrait plus y avoir de doute quant à la pertinence de cette thématique pour le Conseil de sécurité », a tranché le Ministre pour lequel la communauté internationale doit enfin se rassembler pour trouver d’urgence une réponse commune ambitieuse.  « En tant que décideurs politiques, nous portons une énorme responsabilité et nous devons être à l’écoute des appels des générations futures. »

Il en a profité pour soulever trois questions: l’importance d’une approche préventive; la manière dont le Conseil devrait mieux prendre en compte le lien entre changements climatiques et sécurité; et la réponse du système des Nations Unies dans son ensemble.  Tout d’abord la prévention des conflits ne représente pas seulement une politique vertueuse, elle constitue aussi une stratégie profitable à bien des niveaux et permet d’investir des moyens dans des actions positives et porteuses d’avenir.  Il a également souhaité que le Conseil de sécurité intègre les risques climatiques dans les débats relatifs à des pays ou régions, y compris quand il s’agit du renouvellement de mandats de missions de l’ONU.

Pour le Ministre, le moment est venu d’organiser davantage cette problématique au sein du système des Nations Unies, en regroupant l’expertise présente au sein des différentes agences et départements de l’ONU, afin de croiser les connaissances existantes et de les opérationnaliser.  Un point focal institutionnel, une « clearing house », répondrait, selon lui, au besoin urgent de mettre à la disposition du Conseil de sécurité des stratégies adéquates d’analyse et de gestion des risques pour les pays et régions où c’est pertinent.  Cela pourrait se faire au sein du Secrétariat ou à travers une formule qui associe également les États Membres, a poursuivi le Ministre qui a envisagé un briefing thématique annuel, des analyses détaillées et un retour régulier de la part des Représentant spéciaux du Secrétaire général et des opérations de maintien de la paix dans les régions concernées.  « Il ne s’agit pas d’alourdir la machinerie institutionnelle, mais de trouver des moyens de rassembler les savoir-faire disponibles, conformément à une approche unique et intégrée des Nations Unies. »   Dans la perspective du sommet sur le Climat du Secrétaire général, il a appelé non seulement à agir davantage pour atténuer les changements climatiques catastrophiques et appliquer pleinement l’Accord de Paris, mais aussi à s’adapter à un monde qui se réchauffe.

 « Les changements climatiques sont une réalité », a déclaré d’emblée Mme RETNO LESTARI PRIANSARI MARSUDI, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, qui a expliqué que sa ville natale de Semarang, située à Java dans un delta de basse altitude, fera face, au cours des 100 prochaines années, à une hausse de 40 à 80 cm du niveau de la mer.  Toutefois, étant une ville dynamique sur le plan économique, Semarang a la capacité de s’adapter.  Mais lorsque cela n’est pas le cas, a-t-elle averti, des menaces sécuritaires potentielles se transforment en de véritables menaces sécuritaires, que ce soit en termes de perte de bien-être, de migration irrégulière, de pénurie alimentaire ou encore de perte de territoire.  Il en va parfois de la survie même des nations, a-t-elle souligné.  Aussi l’Indonésie partage-t-elle les préoccupations des PEID.

La Ministre a ensuite appelé le Conseil à consolider les efforts afin de pouvoir mieux réagir aux conséquences sécuritaires des changements climatiques. Elle a notamment jugé nécessaire de mieux équiper les Casques bleus pour leur permettre de « mener des opérations militaires autres que la guerre », notamment des « missions de paix climatiques ».  Elle a également souligné que le maintien et la consolidation de la paix doivent assurer la synergie entre la sécurité et le développement.

Mme Marsudi a en outre estimé qu’il revient aux pays concernés de répondre aux impacts sécuritaires des changements climatiques.  Au lieu d’interférer, il faut fournir un appui sur la base des besoins réels et des priorités nationales, a-t-elle indiqué.  Elle a aussi parlé du rôle des organisations régionales, citant notamment la réponse coordonnée fournie par le Centre AHA de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).  Elle a par ailleurs insisté sur la nécessité de respecter l’Accord de Paris.

M. HEIKO MAAS, Ministre fédéral des affaires étrangères de l’Allemagne, a commencé son intervention en brandissant des photos de la ville de Berlin et d’une région côtière du Danemark prises à un an d’intervalle depuis l’espace par l’astronaute allemand Alexander Gerst.  Les clichés de juillet 2017 montrent des paysages verdoyants, tandis que ceux de juillet 2018 laissent apparaître en majorité des zones brunes. 

« Ce qui est habituellement un continent vert à cette époque de l’année ressemble à présent à une steppe brunâtre », s’est alarmé M. Maas, soulignant que cette sécheresse avait causé des milliards d’euros de pertes agricoles, des feux de forêt « catastrophiques », y compris en Europe du Nord, ainsi que des pénuries de fuel dans certaines régions allemandes, le niveau des rivières n’étant plus suffisamment élevé pour permettre le passage de navires pétroliers.  Le Ministre a également évoqué l’augmentation du nombre de conflits au Sahel en raison de la pénurie en eau, du terreau fertile pour l’extrémisme que crée l’assèchement du lac Tchad, des perspectives de paix sapées par le manque d’eau en Iraq, sans oublier les feux de forêt qui ont fait rage en Californie et les ouragans qui menacent l’existence même de certains États insulaires.  « Il ne fait aucun doute que les changements climatiques sont une réalité. »  Leur impact est mondial et ils deviennent une menace de plus en plus pressante à la paix et à la sécurité internationales.  L’examen des liens entre le climat et les situations de conflit doit devenir une routine, a-t-il asséné.

Le Ministre de l’Allemagne a ensuite estimé que les États Membres doivent avoir accès à des informations fiables et complètes. Il a aussi souligné que le Secrétariat et le Conseil de sécurité doivent disposer de moyens fiables pour l’analyse et la prévision des risques, avec des recommandations claires quant à la manière d’agir, appelant à suivre la voie tracée en la matière par la Suède. M. Maas a aussi exhorté à redoubler d’efforts pour traduire les connaissances sur les changements climatiques en politiques tangibles, aussi bien dans les mandats des missions de l’ONU, que dans leur travail sur le terrain.  Il faut impérativement renforcer la capacité des Nations Unies à analyser la situation sur le terrain, a-t-il encore recommandé.

M. Maas a ensuite invité les États Membres à participer à une conférence de haut niveau sur le climat et la sécurité qui doit se tenir le 4 juin, à Berlin.  Il a aussi parlé du lancement, en septembre, d’une mission scientifique dans l’Arctique d’un an, qui rassemblera sur un navire de recherche allemand 600 scientifiques venant de 37 pays.  Leur objectif, a-t-il indiqué, est d’alerter l’humanité sur les pires conséquences des changements climatiques.  L’Arctique est un système d’alerte précoce pour les changements climatiques, a-t-il dit en souhaitant que le Conseil de sécurité devienne à son tour un système d’alerte précoce pour la politique internationale en la matière.

M. MICHAL KURTYKA, Secrétaire d’État du Ministère de l’environnement de la Pologne, a mentionné la « menace existentielle » que représentent les changements climatiques.  Les changements climatiques, locaux par nature, ont un « effet papillon » affectant la sécurité dans le monde et forment un terreau fertile pour des conflits potentiels, a-t-il dit, mentionnant la situation dans la région du Sahel ou du bassin du lac Tchad.  Afin d’y remédier, il a encouragé le Conseil à ne pas être dans la « réaction » mais bien dans « l’anticipation et la prévention ». 

Tous les pays devraient s’équiper de mécanismes d’alerte précoce, qui les alerteraient des risques sécuritaires liés au climat, a-t-il conseillé.  Les enjeux sécuritaires liés au climat devraient en outre être davantage discutés au sein de ce Conseil, afin que ce dernier puisse renforcer son action préventive.  Enfin, il a souligné l’importance des résultats de la conférence COP24 qui s’est déroulée dans son pays, à Katowice.  Le Document final de la conférence –appelé règles d’application de Katowice- rend opérationnel l’Accord de Paris.  Il est important parce qu’il éclaircit la formule selon laquelle les pays doivent agir, parce qu’il ouvre la voie à un système unique plus transparent et aussi parce qu’il créé un cadre spécifique pour un financement de l’action climatique, a conclu M. Kurtyka. 

M. TARIQ MAHMOOD AHMAD, Ministre d’État au Commonwealth et des Nations Unies du Royaume-Uni, a invité à impliquer les jeunes dans la quête de solutions face aux changements climatiques.  C’est le Royaume-Uni qui fut le premier État à soulever au sein du Conseil de sécurité la question à l’ordre du jour, en 2007, a-t-il rappelé.  Le Ministre a parlé d’« impératif moral » pour les économies développées quand il s’agit d’aider les pays en développement qui sont en proie aux conséquences des changements climatiques.  Son pays consacre une somme importante à cet effet, a-t-il assuré.

Le Ministre a cité une recherche récente selon laquelle on aurait sous-estimé les conséquences socioéconomiques des changements climatiques.  Il a souligné que l’Accord de Paris de 2015 est un pilier pour la réaction commune.  Les chefs d’État du Commonwealth se sont réunis récemment et ont décidé de s’engager pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre, a-t-il indiqué.  Le Ministre a également plaidé en faveur du partage d’informations climatiques entre nations, invitant aussi impérativement les Nations Unies à tenir compte des risques climatiques dans la recherche de la paix et de la sécurité internationales.  Il faut, dans le même temps, améliorer la coordination des agences onusiennes qui s’occupent des questions climatiques.  La communauté internationale doit travailler de concert afin que le système des Nations Unies intègre cette réalité, a-t-il insisté.

M. ZHAOXU MA (Chine) a mentionné le « chaos » laissé par les changements climatiques dans de nombreuses régions du monde.  Il a jugé nécessaire de défendre le multilatéralisme et le sentiment d’une humanité commune face aux changements climatiques.  « Aucun pays ne peut faire cavalier seul face à ce phénomène. »  Il a appelé à promouvoir l’économie verte et à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, en mettant l’accent sur la lutte contre la pauvreté.  Il importe de reconnaître les disparités de développement entre les pays, a-t-il dit, en exhortant les États Membres à mettre en œuvre l’Accord de Paris.  Les petits États insulaires en développement doivent recevoir un appui renforcé, a encore recommandé le représentant.  Enfin, le délégué a promis l’appui de son pays face aux catastrophes climatiques.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a dit qu’il est contreproductif d’examiner cette question au sein du Conseil de sécurité.  Cette pratique, selon lui, dilue la répartition des tâches au sein de l’ONU.  « Les changements climatiques ne sont pas un défi universel à la paix et sécurité internationales », a-t-il martelé, précisant cependant que ce phénomène peut être un facteur de risque dans certains pays ou certaines régions.  Mais pour la Russie, généraliser cette approche laisse croire que les facteurs environnementaux sont de facto des causes directes des conflits.  Or par exemple, a-t-il remarqué, l’insécurité au Sahel est liée aux bombardements en Libye menés par certains pays, même si des facteurs environnementaux viennent se greffer à ce problème de base. 

Personne ne nie qu’il faille adopter des démarches intégrées pour faire face aux changements climatiques, a-t-il poursuivi, avant de préciser qu’il existe, au sein de l’ONU, des agences pertinentes qui tablent sur ces questions environnementales et qui sont composées d’experts en la matière.  Le représentant a aussi attiré l’attention sur l’importance d’un appui technique en faveur des pays en développement les plus vulnérables face aux catastrophes.  La Fédération de Russie, pour sa part, apporte un soutien en ce sens à certains PEID du Pacifique.  La délégation a également plaidé pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris qui peut permettre de lutter efficacement contre l’augmentation des températures sur terre.  Pour conclure, le représentant a estimé que les risques climatiques méritent d’être pris en considération, mais pas de manière générique dans les travaux du Conseil de sécurité.

M. GBOLIÉ DESIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a relevé que jusqu’au début des années 1990, on comptait moins de 300 catastrophes dans le monde, tandis que depuis le début des années 2000 on en a comptabilisé plus de 500.  De plus, on estime que plus de la moitié de la population des pays en développement devrait être exposée aux risques d’inondations et/ou de tempêtes d’ici à 2025.  Il a également remarqué que les dégâts matériels et humains causés par l’aggravation des phénomènes climatiques sont liés à la croissance urbaine et la concentration des populations dans des zones à risque.  En Afrique subsaharienne, a-t-il indiqué, 700 000 personnes vivaient dans des zones côtières inondables en 2000. Elles seront 5 millions en 2030 et jusqu’à 25 millions en 2060, selon les prévisions les plus pessimistes.

Dans un environnement marqué par une démographie galopante couplée avec la raréfaction des terres cultivables et des ressources en eau, les catastrophes naturelles pourraient constituer des facteurs déclencheurs ou aggravants des tensions sociales pouvant dégénérer en conflits ouverts, a-t-il averti.  Il a aussi indiqué que, dans un contexte où les mécanismes d’alerte précoce et les dispositifs sanitaires de réponse ne permettent pas de circonscrire l’ampleur des désastres, ces catastrophes peuvent favoriser la propagation des maladies hydriques ou à transmission vectorielle.  L’Afrique, a-t-il ajouté, est aujourd’hui l’une des régions les plus exposées aux effets des changements climatiques sur la paix et la sécurité.

Se penchant sur son propre pays, classé 147 sur 178 parmi les plus vulnérables aux changements climatiques, le représentant ivoirien a parlé de l’adoption du programme national de lutte contre les changements climatiques qui vise notamment à augmenter de 16% la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique d’ici à 2030.  M. Ipo a ensuite appelé à élaborer un cadre continental pour réagir de manière proactive aux menaces réelles et potentielles pour la sécurité que représentent les changements climatiques.  Il a aussi jugé nécessaire d’améliorer la communication sur ledit phénomène en vue de garantir efficacement la préparation aux catastrophes et la réduction des risques, du niveau local au niveau continental.  Il a également appelé à accélérer la mise en œuvre de l’Accord de Paris, du Protocole de Montréal et du Cadre de Sendai.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a appelé ce Conseil à apporter des réponses aux effets des catastrophes climatiques sur la paix et la sécurité internationales.  Le Conseil de sécurité a commencé à le faire en Somalie, dans le bassin du lac Tchad et en Haïti, a-t-il déclaré.  Le Conseil doit également procéder à une évaluation fine des risques, a poursuivi le délégué, en soulignant l’importance d’une bonne prévention des conflits.

Le représentant a souhaité des synergies accrues entre le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et le Conseil économique et social (ECOSOC) en vue de la mise en œuvre de mécanismes d’alerte précoce sur les risques sécuritaires des catastrophes climatiques.  Enfin, le représentant a insisté sur la vulnérabilité de son pays face aux changements climatiques et appelé à une bonne coopération en vue de la mise en œuvre du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe.

Mme ANNE GUEGUEN (France) a fait valoir que son pays s’est vu confié la tâche, avec la Jamaïque, de travailler sur la finance et les financements climats dans le cadre du sommet sur le climat prévu le 23 septembre prochain.  La représentante s’est dite convaincue que les risques pour la sécurité internationale des impacts des changements climatiques doivent devenir un élément central de l’agenda de prévention des conflits.  Elle a notamment appelé à mettre en place une diplomatie préventive qui intègre l’ensemble des facteurs déstabilisateurs, y compris ceux liés aux effets des changements climatiques et à l’effondrement de la biodiversité.  Une analyse rigoureuse et régulière de ces risques est nécessaire et d’intérêt public international, a-t-elle poursuivi, appelant les Nations Unies, « et en leur sein le Conseil de sécurité et le Secrétaire général », à jouer un rôle pivot à cet égard.  Elle a également souligné que cette analyse de risques doit désormais s’accompagner de mesures de prévention.

Mme Gueguen a ensuite proposé aux États Membres de se doter d’un outil collectif d’analyse et d’alerte précoce des impacts des changements climatiques sur la paix et la sécurité mondiales.  Ce qui manque, c’est « une sentinelle garante du message scientifique », pouvant cristalliser un consensus sur les liens entre climat et sécurité, a-t-elle indiqué.  La France souhaite que le Secrétaire général joue ce rôle en présentant chaque année à l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité un rapport sur les risques pour la paix et la sécurité que font peser les impacts des changements climatiques, dans le but d’anticiper et de mettre en place des réponses appropriées.

Une deuxième proposition de la France porte sur le rôle des Nations Unies dans l’élaboration de recommandations d’actions concrètes pour prévenir les conflits.  Mme Gueguen a appelé à mobiliser une large palette d’outils, de l’aide d’urgence à des politiques de développement.  Outre les mesures d’urgence humanitaires en cas d’évènement climatique extrême, elle a invité à aider les communautés à s’adapter face à la montée inéluctable des eaux et à la dégradation des sols.  Il faudra aussi anticiper pour permettre aux petits producteurs de redémarrer une activité économique rapidement après un désastre climatique plutôt que de devoir migrer vers d’autres zones.  Elle a ensuite appelé les pays bailleurs de fonds à adapter leurs politiques de développement afin de répondre aux besoins en matière d’alerte, de prévention et de renforcement des capacités pour faire face aux risques climatiques.

M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) a rappelé que l’an dernier, son pays a été affecté par des ouragans comme Maria qui fut le plus dévastateur dans l’histoire de Puerto Rico.  Les catastrophes naturelles peuvent entraver le développement tout en contribuant à des troubles à l’ordre public, a-t-il relevé en notant que ces risques sont exacerbés dans des pays ayant connu des conflits par le passé.

Pour leur part, les États-Unis évitent les pertes en vies humaines et réduisent les effets de catastrophes en prenant des mesures idoines, a assuré le représentant.  Le pays est prêt à partager son expérience avec ceux qui en font la demande, comme c’est déjà le cas dans les Caraïbes où des partenariats sont noués à cet effet.  Pour le représentant, le Conseil de sécurité peut aussi jouer un grand rôle sur la question en débat.  Les États-Unis encouragent d’ailleurs le Conseil et les agences onusiennes à partager leurs informations sur cette question.  Il faut aussi que les membres du Conseil envisagent les moyens de faire jouer un rôle majeur aux missions politiques dans le cadre de l’atténuation des risques de conflit du fait de facteurs climatiques.

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a mentionné le rapport du GIEC, selon lequel les conséquences des changements climatiques se font sentir de manière plus prononcée dans les pays en développement, les pays fragiles et vulnérables ainsi que les pays en proie à un conflit.  Il a souhaité que leur soit apporté un appui renforcé.  De son côté, a-t-il ajouté, l’ONU doit leur apporter son expertise technique.  Il a dit être intéressé par la réflexion sur le fait que le Conseil de sécurité doit faire prendre conscience du problème et promouvoir des mesures pour y faire face.

Le représentant a insisté sur la vulnérabilité de l’Afrique face à ce défi, alors que le continent est l’un des plus faibles émetteurs de gaz à effet de serre.  Il n’y a aucun doute que les températures mondiales augmentent, avec des conséquences délétères, a déclaré le délégué.  Enfin, il a passé en revue les mesures prises par son pays pour atténuer les conséquences des changements climatiques.  « L’engagement de l’Afrique face aux changements climatiques est sans faille. »

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a estimé que dans les situations où les changements climatiques semblent être un facteur d’insécurité, comme au Sahel et en Somalie, il est important que le Conseil reconnaisse que le phénomène climatique est une question qui doit être traitée par la communauté internationale tout entière.  En ajoutant sa voix à la conversation, le Conseil renforce la sensibilisation au problème, ce qui, nous l’espérons tous, peut mobiliser l’action contre le climat et fournir l’appui nécessaire aux pays en développement.  Le Conseil peut aussi contribuer à la préparation de stratégies pour atténuer les risques d’insécurité.  Toutefois, a tempéré le représentant, il est souvent difficile de déterminer le lien direct entre changements climatiques et catastrophes naturelles, d’une part, et menace à la paix et à la sécurité internationales, d’autre part.  Dans des cas particuliers, les premiers peuvent être des circonstances aggravantes ou des multiplicateurs de risques plutôt que la cause « directe et spécifique » des conflits.  Cette réalité a d’ailleurs été reconnue en Afrique dont la feuille de route « Faire taire les armes d’ici à 2020 » identifie les principaux domaines qui constituent des menaces à la paix et à la sécurité, y compris « potentiellement » les changements climatiques.  Ne perdons pas de vue, a mis en garde le représentant, que la composition restreinte du Conseil et son rôle spécifique dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales signifient qu’il n’est peut-être pas le forum le plus approprié pour traiter de la question des changements climatiques.  Nous devrions éviter de faire double emploi avec les efforts des autres organismes du système des Nations Unies qui sont mieux équipés pour s’attaquer à cette question, a conclu le représentant. 

M. MIGUEL VARGAS MALDONADO, Ministre des affaires étrangères de la République dominicaine, a estimé que ne pas reconnaître la vulnérabilité des pays des Caraïbes face aux changements climatiques aura des conséquences énormes pour la région et au-delà.  Cette attention du Conseil face à cette problématique tient du fait qu’il s’agit du « plus grand défi mondial de l’humanité », a-t-il justifié.  Selon lui, étant donné que le Conseil de sécurité a déjà reconnu que les facteurs environnementaux sont des causes de conflits, il est donc normal que l’organe se penche sur la question climatique.  Mais le Conseil doit pouvoir disposer d’outils appropriés pour analyser les situations à risque en rapport avec le climat.  C’est pourquoi le Ministre a demandé que le Conseil arrive à un consensus sur cette problématique afin de l’intégrer dans son programme de travail. 

En outre, a ajouté le Ministre, il est important d’accroître les capacités d’analyse du Conseil dans ce domaine en le dotant de mécanismes nécessaires pour garantir la pertinence de ses analyses.  M. Maldonavo a jugé tout aussi crucial que différentes instances des Nations Unies tablant sur ces questions puissent travailler en synergie, tout en respectant leur mandat respectif.   

Mme SANDRA ERICA JOVEL POLANCO, Ministre des affaires étrangères du Guatemala, a indiqué que l’ONU doit rendre des comptes aux États Membres et agir pour rendre le monde meilleur.  Elle a insisté sur la vulnérabilité de son pays face aux changements climatiques, mentionnant notamment les dégâts occasionnés par les ouragans Mitch, Stan et Agatha, ainsi que les fréquentes sécheresses.  Elle a passé en revue l’action de son pays pour y remédier, par le biais notamment d’une stratégie de reboisement et d’un recours accru aux énergies renouvelables.  La Ministre a aussi insisté sur les déplacements de population causés dans son pays par les catastrophes climatiques.  Enfin, rappelant que la lutte contre les changements climatiques est l’affaire de tous, la Ministre a lancé un appel pour une pleine mise en œuvre de l’Accord de Paris.

M. PÉTER SZIJJARTO, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Hongrie, a rappelé que d’ici quelques années, on aura plus de 200 millions de migrants climatiques dans le monde.  Pour la Hongrie, les migrations constituent une grave menace sécuritaire dans les pays de transit et de destination notamment.  C’est pourquoi l’ONU ne doit pas adopter des documents qui encouragent les migrations et en parlent comme d’un droit, a-t-il estimé, appelant en outre la communauté internationale à tout faire pour s’attaquer aux causes des migrations.  Pour conclure, il a dit que la Hongrie reste opposée au Pacte de Marrakech, le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.

L’humanité fait face à son ultime défi, a alerté M. TEODORO LOPEZ LOCSIN JR, Ministre des affaires étrangères des Philippines, qui a dit craindre la perspective imminente d’un effondrement écologique, une « certitude » générée entièrement par les activités humaines et l’inaction.  La science l’a prouvé, l’expérience l’a montré, la férocité des tempêtes l’a démontré et seul le charabia ambiant » le conteste.  Les Philippines, qui ont 7 107 îles « magnifiques », se résolvent à en perdre beaucoup.  Mais toutes les pertes ne seront pas regrettées, a précisé le Ministre, en parlant des nombreuses îles difficiles à surveiller et qui sont devenues le paradis des trafiquants de drogues.  Les changements climatiques montrent aussi que les Philippines devraient perdre 98% de leurs récifs coralliens et peut-être se féliciter enfin de l’« évaporation » des différends territoriaux quand les récifs concernés auront disparu sous les eaux et avec eux, les structures militaires qu’ils abritent.  « Comme quoi, à toute chose malheur est bon », a commenté le Ministre avant de voir poindre à l’horizon une nouvelle période sombre et un monde de brutes comme ceux qui nient aujourd’hui les changements climatiques et les défis qu’ils représentent.  Pour les pays les moins développés qui calquent leur vie sur la dépravation des pays développés, ce ne sera qu’un juste retour sur investissement. 

Nous devons, a tout de même pressé le Ministre, nous doter de meilleures stratégies d’évaluation des risques et d’atténuation.  Il a vanté son peuple qui fait toujours ce qu’il faut même quand les autres ne le font pas.  Mais comme les changements climatiques ne connaissent pas de frontière, les Philippines sont à la merci de l’action et de l’inaction des autres.  Il faut donc des synergies plus fortes entre États et une coopération internationale plus approfondie, a plaidé le Ministre, en ne voyant aucune raison de renoncer à l’Accord de Paris.  Il a aussi plaidé pour un appui aux pays en développement en termes de financement, de transfert de technologies et d’appui au renforcement des capacités, en vertu du principe de responsabilité partagée mais différenciée.  Les gens, a-t-il dit, peuvent toujours se retrancher derrière leurs murs mais qu’ils sachent qu’ils risquent de ne pouvoir les franchir quand le chaos s’abattra sur eux.  Ceux qui ont l’intelligence de s’attaquer aux changements climatiques ne devraient pas avoir à mendier la coopération des imbéciles, a tranché le Ministre.  Le Conseil de sécurité, a-t-il conclu, doit graver les changements climatiques dans « le marbre de ses priorités » car quand la fin viendra et que tous les liens sociaux auront été brisés, les conflits du passé auront l’air de simples compétitions sportives.  On ne pourra pas alors plaider l’ignorance.

M. ABDULLA SHAHID, Ministre des affaires étrangères des Maldives, a indiqué avoir rencontré à l’aéroport, avant d’embarquer pour New York, « une jeune fille aux yeux pétillants d’espoir et d’une innocence joyeuse, ignorante de l’avenir qui lui est réservé ». « Pouvons-nous lui garantir l’avenir qu’elle veut et qu’elle mérite? En l’état actuel des choses dans le monde, je dois dire que non. »  Le Ministre a ensuite mentionné la véritable « destruction » de son pays par les changements climatiques, ajoutant qu’une montée de deux mètres du niveau des océans sera suffisante pour submerger entièrement les Maldives. « Cela sera alors la fin d’un pays. »

Le Ministre s’est néanmoins dit encouragé par l’Accord de Paris et les règles d’application de Katowice.  « Mais pour nous, attendre et espérer ne suffisent pas », a-t-il déclaré, en appelant à des changements drastiques. « Nous avons besoin de solutions basées sur le principe de justice, de responsabilité partagée mais différenciée, de solutions forgées au moyen du consensus, qui cherchent à parvenir au bon équilibre entre adaptation et atténuation », a-t-il déclaré.  « Nous avons besoin d’action. »

M. BOCCHIT EDMOND, Ministre des affaires étrangères et des cultes d’Haïti, a souligné que les catastrophes climatiques récurrentes constituent un obstacle majeur aux efforts de développement durable et une véritable menace à la survie de beaucoup de pays.  Ces dernières années, a-t-il rappelé, des cyclones de fortes intensités ont infligé d’indicibles souffrances humaines et des dégâts matériels considérables, en particulier en Amérique centrale et dans les Petits États insulaires de la Caraïbe.  D’une façon générale, a-t-il ajouté, les besoins en termes de redressement et de reconstruction ont souvent dépassé les capacités nationales de la plupart des pays affectés.

Le Ministre a ensuite indiqué que le cyclone Matthew avait, en octobre 2016, détruit pratiquement tous les moyens de subsistances des populations rurales et sapé les efforts déployés par le Gouvernement d’Haïti.  En quête de solutions rapides et durables à ces phénomènes, le Président Moïse a lancé dès son accession au pouvoir plusieurs initiatives novatrices, dont la caravane du changement, a-t-il poursuivi, déplorant toutefois que des initiatives n’aient pas encore bénéficié d’un appui financier soutenu de la communauté internationale.  Il a par ailleurs dit ne pouvoir cautionner certaines assertions de la note de cadrage relative à la situation d’Haïti, en particulier la référence « contestable » à une « recrudescence depuis 2009 du paludisme (dans le pays voisin) qui trouve son origine en Haïti ».

Mme CATHERINE MCKENNA, Ministre de l’environnement et des changements climatiques du Canada, a estimé que l’impact des changements climatiques sur la sécurité de notre planète est une « discussion urgente et essentielle », et l’un des plus grands défis sécuritaires du XXIe siècle qui menace la vie et les moyens de subsistance de gens à travers le monde.  Elle a indiqué que le commandant en chef des forces armées canadiennes a récemment affirmé que l’une des plus grandes menaces à la sécurité du pays n’est pas militaire, mais plutôt les catastrophes naturelles.  Pour le Canada, qu’il s’agisse de la désertification dans des régions d’Afrique, des migrations forcées de personnes vulnérables qui sont des réfugiés climatiques, les conflits liés à la rareté de l’eau, ou encore la montée du niveau des mers et des tempêtes tropicales touchant des PEID comme la République dominicaine et Nauru, les aspects sécuritaires des changements climatiques représentent un danger actuel.

Pour le Canada, la question du climat et de la sécurité doit avoir une place claire dans les délibérations du Conseil de sécurité.  La Ministre a rappelé que des précédentes résolutions du Conseil avaient reconnu les effets néfastes des changements climatiques sur la stabilité et la sécurité des régions telles que le bassin du lac Tchad et le Sahel.  Afin que le Conseil puisse efficacement remplir ses fonctions, le Canada soutient l’établissement d’un poste de représentant spécial du Secrétaire général sur le climat et la sécurité, tout comme la mise en place d’un centre dédié à cette question au sein du système des Nations Unies.  En tant que candidat à un poste de membre non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2021-2022, le Canada plaide pour des solutions concrètes sur la question du lien entre le climat et la paix et la sécurité.

M. AIYAZ SAYED-KHAIYUM (Ministre de la justice et Ministre de l’économie des Fidji) a indiqué que son pays poursuit encore ses efforts de relèvement après le passage de l’ouragan Winston de 2016, qui lui a coûté un tiers du PIB.  En 2014, les Fidji ont procédé à la réinstallation de la première communauté côtière en raison de la montée des eaux, 43 autres communautés devant bientôt suivre, a-t-il indiqué.  « Nous sommes à un point de non-retour », a expliqué le Ministre, en mettant en garde contre des migrations massives que pourraient bientôt entraîner les changements climatiques.  « Nous sommes tous vulnérables. »  Il a exhorté le Conseil à reconnaître le défi lancé à la gouvernance mondiale par ces catastrophes climatiques.  Enfin, il a indiqué que son pays est en train de mettre sur pied une unité de réponse rapide aux conséquences des catastrophes climatiques.

M.PAUL OQUIST KELLY, Ministre conseiller de la présidence du Nicaragua, a prédit que « l’avenir s’annonce difficile ».  La civilisation actuelle est-elle en mesure de survivre à une sécheresse de 100 à 300 ans, comme ce fut le cas par le passé? s’est-il demandé.  D’ores et déjà le lac Tchad est à 95% asséché et les pays sahariens sont frappés de sécheresse.  En ce qui concerne l’avenir, si les économies de subsistance agricoles continuent de disparaître, rien qu’au Sahel on s’attend à 20 millions de réfugiés climatiques d’ici à 2030, a-t-il averti.   

Pour le Ministre, c’est la volonté politique qui est le principal problème.  Il a anticipé un scénario où les pays responsables de l’impact négatif des changements climatiques seront forcés de dédommager les pays et sociétés pour les dommages causés, comme cela est prévu par le droit international.  « Même si d’aucuns estiment que ce système juridique est obsolète », on ne pourra parler de justice climatique si les PEID ne sont pas indemnisés, s’est-il indigné en prévenant du risque de voir une vague de réfugiés climatiques à l’avenir.  « Qu’est-ce-qui va prévaloir: la défense des populations les plus vulnérables ou une économie égoïste de la croissance à tout prix? »  Le représentant a rappelé qu’il reste 11 ans avant 2030 pour prendre ces décisions.  Même si quelques progrès ont été faits, il est impératif de mettre en œuvre l’Accord de Paris dans son intégralité et sans plus tarder, a-t-il conclu.

M. JENS FROLICH HOLTE, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Norvège, a admis que la relation entre les changements climatiques, la paix et la sécurité est « complexe ».  Les changements climatiques, a-t-il avoué, sont « rarement » la cause directe des conflits mais fonctionnent plutôt comme un multiplicateur de risques.  Mais leurs conséquences, comme une augmentation de 250% des pertes économiques ces 20 dernières années, n’aggravent pas seulement les tensions existantes et ne fournissent pas seulement un terreau fertile aux conflits mais elles peuvent aussi déstabiliser gravement les économies, alimenter les extrémismes politiques et parfois menacer l’existence même des pays, en particulier les petits États insulaires en développement.  Les conséquences des changements climatiques compromettent très gravement nos efforts communs pour réaliser les objectifs de développement durable.  Le nexus climat-sécurité doit donc être fermement ancré dans l’ordre du jour du Conseil de sécurité, a estimé le Vice-Ministre qui en a fait la priorité pour son pays, candidat à un siège non permanent du Conseil.  

Le Vice-Ministre a aussi appuyé l’idée de nommer un représentant spécial des Nations Unies pour le climat et la sécurité.  Il a dit voir trois lignes de défense: l’Accord de Paris sur le climat, l’aide au renforcement de la résilience des pays vulnérables et à l’adaptation aux conséquences des changements climatiques et intégration du nexus climat-sécurité dans les politiques de développement et de sécurité.  L’action climatique, a conclu le Vice-Ministre, est une preuve « indiscutable » de la validité du multilatéralisme.  On ne peut le combattre seul, ce n’est tout simplement pas une option.  Il a donc salué l’initiative de l’Allemagne et de Nauru de créer le Groupe des Amis du climat et de la sécurité.  Une action ambitieuse contre les changements climatiques pourrait générer, a souligné le représentant, des gains économiques directs de 26 000 milliards de dollars d’ici à 2030 et la transition vers l’énergie renouvelable devrait réduire le nombre des conflits liés à l’énergie.

M. PAUL TEESALU, Ministre adjoint des affaires étrangères de l’Estonie, a indiqué que dans le passé son pays ne se trouvait pas sur les lignes de front des catastrophes climatiques, mais que les changements climatiques avaient eu de graves répercussions sur son secteur agricole et forestier, conduisant l’Estonie à développer une expertise notable dans la lutte contre les feux de forêt.  Notant la complexité des changements climatiques et de leurs conséquences, il a appelé à adopter une approche holistique et une planification stratégique, jugeant essentiel d’intégrer la question des changements climatiques dans tous les secteurs de planification aux niveaux national et régional.  Il faudra également veiller à l’inclusion des femmes et des jeunes au processus, a-t-il ajouté.

Le Ministre adjoint a également appelé à mettre en exergue les liens entre les changements climatiques, la pauvreté, la sécurité alimentaire et hydrique ou encore la migration et les conflits afin d’exercer une influence sur les agendas politiques au niveau national.  À cet égard, a-t-il ajouté, le Conseil de sécurité peut et doit adopter une approche systématique pour considérer les changements climatiques comme une cause et un facteur exacerbant des situations de conflit. Il a aussi recommandé de tenir compte des effets négatifs des changements climatiques lors de la définition des mandats des missions.

M. Teesalu a par ailleurs indiqué que les outils de la technologie moderne sont particulièrement utiles pour appuyer la résilience climatique, comme en témoignent les systèmes d’alerte précoce.  L’Estonie compte ainsi investir davantage pour promouvoir des solutions novatrices sur le plan de l’efficacité énergétique, entre autres.

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a indiqué que l’on ne peut remédier aux causes profondes des conflits ou faire sien l’idéal de prévention défendu par le Secrétaire général sans prendre en compte les changements climatiques.  Il s’est félicité de l’inclusion d’éléments de langage relatifs aux changements climatiques dans les résolutions du Conseil relatives au Mali, à la Somalie ou bien encore au Darfour.  Il a mis en garde contre les tensions susceptibles de découler d’une exploitation accrue de l’énergie fossile en Arctique en raison de la fonte de la calotte glaciaire.  Enfin, le délégué a invité le Conseil à considérer les changements climatiques comme une menace directe à la paix et appelé à la pleine mise en œuvre de l’Accord de Paris.

Pour M. KORO BESSHO (Japon), les risques climatiques, y compris les catastrophes naturelles, peuvent agir comme des « multiplicateurs de menaces » et cette tendance est à la hausse, a-t-il constaté, en particulier dans les pays en développement.  Il faut par conséquent s’adapter à cette nouvelle donne en adoptant des mesures concrètes.  Le Japon est chef de file de cette démarche au sein du G20, a-t-il fait remarquer.  Le Japon a également contribué à mettre en place des sociétés plus résistantes aux risques liés au climat à travers son aide au développement, y compris par des évaluations de l’impact des changements climatiques et par le développement de données sur les risques climatiques.

En tant que pays victime de catastrophes naturelles, le Japon cherche à faire intégrer la réduction des risques de catastrophe sur la scène internationale, non seulement en assumant un rôle de leadership dans l’adoption du Cadre de Sendai, mais aussi à travers ses diverses formes d’assistance tangibles ou intangibles dans le contexte de la coopération autour de l’Initiative de Sendai, a précisé son représentant.  Le plus important, à ses yeux, est que chaque gouvernement fasse de la réduction des risques de catastrophe une priorité nationale en intégrant cette approche dans les politiques de développement et en la soutenant par des investissements.  La résilience des sociétés de demain dépend aussi d’efforts collectifs dans le cadre de telles politiques, a-t-il noté en insistant sur la mobilisation des ressources, la planification et l’adoption de mesures visant à contrecarrer les risques émergents.

Mme MARIA THEOFILI (Grèce) a remarqué que les dernières données scientifiques suggèrent que les changements climatiques posent une menace croissante aux écosystèmes, à la santé, à la sécurité alimentaire et au développement économique.  Sa propre région et son pays ont été frappés par des incendies de forêt, des sècheresses prolongées, une baisse des ressources en eau et des inondations, ce qui a eu des répercussions négatives sur l’agriculture, la pêche et le tourisme.  Aucun pays n’est à l’abri des conséquences directes et indirectes des changements climatiques, et, par conséquent, pour y répondre il faut une coopération multilatérale renforcée, a poursuivi Mme Theofili.  C’est dans cet esprit que la Grèce a signé et ratifié toutes les conventions importantes sur les changements climatiques et la protection de l’environnement, y compris l’Accord de Paris.  Elle participe aussi aux négociations en cours à l’Union européenne sur les implications sécuritaires à long terme des changements climatiques et la réponse à y apporter.

S’agissant du rôle de l’ONU, la représentante a estimé qu’il fallait donner la priorité à l’amélioration et au partage du savoir ainsi qu’à la compréhension des situations en termes de risques climatiques, avant de les prendre en compte systématiquement dans les mécanismes d’alerte rapide et de prévention de conflits.  Elle a également appelé à renforcer et à aligner l’Accord de Paris et le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. ANDREJS PILDEGOVICS (Lettonie) a indiqué que son pays avait enregistré une hausse record des températures, et que les tempêtes s’y étaient aggravées, frappant durement les populations des régions côtières.  L’érosion des côtes le long de la mer Baltique devrait également s’intensifier à l’avenir.  Il a souligné que seuls des efforts multilatéraux conjoints et la coopération permettront de venir à bout des changements climatiques en réduisant les émissions de gaz à effet de serre, en renforçant la résilience et en assurant une meilleure préparation aux effets néfastes du phénomène.

La Lettonie travaille à la mise en œuvre d’une stratégie nationale de développement qui cible les émissions de gaz carbonique sur le long terme, ainsi qu’à la mise sur pied d’un plan national pour l’action énergétique et climatique. De plus, assurant actuellement la présidence du Conseil des États de la mer Baltique, la Lettonie compte promouvoir la mise en œuvre effective de l’Accord de Paris dans la région et mettre l’accent sur la pollution.  Les déchets plastiques représentent une des menaces croissantes aux écosystèmes marins de la région, a-t-il précisé.  Le représentant a en outre jugé nécessaire d’envoyer un message fort au secteur privé pour accélérer les innovations et les investissements dans l’économie verte.

M. STEFANO STEFANILE (Italie) a repris la formule du Secrétaire général, pour lequel les changements climatiques représentent l’enjeu le plus important de notre temps et une menace directe à la survie de notre planète et de l’humanité.  Nous assistons déjà à leurs conséquences déstabilisatrices dans de nombreuses parties du monde, du Sahel à l’Amérique centrale et aux Caraïbes, de l’Asie du Sud-Est au Pacifique, ainsi que dans la région de la Méditerranée.  Il a comparé les nouveaux phénomènes climatiques et les conditions météorologiques extrêmes à une nouvelle forme « de menaces hybrides naturelles » à la sécurité internationale, faisant remarquer que certains pays et régions y sont particulièrement exposés.  Il a cité le cas du Sahel, du bassin du lac Tchad et des PEID.  Cependant leurs conséquences en termes de crises humanitaires, de déplacements forcés ou encore de flux migratoires ont un impact direct et immédiat sur la sécurité de toute la planète.

Pour l’Italie, la première priorité pour la communauté internationale est la prévention et la limitation des impacts climatiques, ce qui passe en large partie par la limitation des émissions de gaz à effet de serre comme prévu par l’Accord de Paris.  À cet égard, le représentant a regretté que malgré les acquis de la COP24 de Katowice, il reste encore beaucoup à faire pour atteindre cet objectif crucial.  Il a espéré que le Sommet sur le climat du Secrétaire général prévu en septembre sera instrumental pour intensifier et accélérer l’action internationale à tous les niveaux.

Le représentant a également mis l’accent sur les efforts mondiaux en termes d’adaptation, de prévention et de gestion des risques de catastrophe naturelle, en recommandant la pleine application du Cadre de Sendai.  Il a rappelé que l’Italie avait accueilli en novembre dernier le Forum européen sur la réduction des risques de catastrophe qui a mis l’accent sur le besoin de définir rapidement des stratégies nationales et locales sur cette question.  Il a ensuite passé en revue les différentes initiatives soutenues par l’Italie, notamment par le truchement de projets d’assistance, pour lutter contre l’impact climatique.  Il a appelé le Conseil de sécurité à systématiquement inclure cette problématique dans ses travaux.

M. MUHAMMAD IMRAN KHAN (Pakistan) a déclaré que les changements climatiques sont le plus important défi de notre époque.  Il a indiqué que son pays est le huitième au monde en termes de vulnérabilité climatique, expliquant que les plus vieilles civilisations du monde s’y sont développées autour de grands fleuves, mais qu’étant de faible altitude, le Pakistan souffre de stress hydrique qui menace son grenier à blé, ainsi que celui de toute l’Asie méridionale.

Avertissant que les risques climatiques qui pèsent sur la sécurité humaine ne vont qu’aller en augmentant, le représentant a appelé à s’attaquer aux causes des changements climatiques et à renforcer la coopération pour faire face au phénomène.  Il a également appelé à fournir un appui aux pays en développement par le biais du transfert de technologie, du renforcement des capacités et du financement.

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a rappelé que ce sont les plus pauvres qui paient le prix fort des changements climatiques.  Les habitants de pays pauvres ont cinq fois plus de risques d’être déplacés en raison d’évènements climatiques extrêmes que les habitants des pays plus riches.  Mgr Auza a insisté sur la pertinence des éléments de réponse apportés par le GIEC pour y remédier, notamment la promotion de l’innovation technologique et des changements dans les comportements.  Ces actions font partie de la « conversion écologique » appelée de ses vœux par le pape François, a conclu le nonce.

« Les changements climatiques sont le défi multidimensionnel majeur de notre époque », a déclaré M. CHULL-JOO PARK (République de Corée), en appelant de ses vœux une action onusienne renforcée pour y remédier.  Il a souhaité que les discussions du Conseil sur ce sujet aboutissent à des résultats concrets, dans le droit fil de la déclaration présidentielle de 2018 sur la région du Sahel.  Il a ainsi souhaité que des mesures de suivi soient prises pour faire en sorte que cette déclaration soit bien mise en œuvre.  Enfin, le délégué a invité à soutenir les pays les plus vulnérables afin d’empêcher que les crises climatiques ne dégénèrent en de véritables menaces à la paix et à la sécurité internationales.

M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a appelé les États Membres à revoir à la hausse leurs ambitions pour faire face au phénomène des changements climatiques, invitant notamment à la pleine mise en œuvre de l’Accord de Paris.  Il a aussi appelé à faire la différence entre les causes et les conséquences des phénomènes climatiques afin d’identifier quelles agences de l’ONU sont le plus à même d’agir. Il faut également s’attaquer aux facteurs de vulnérabilité, notamment en mettant en œuvre le Programme 2030.  Il faut encore, a-t-il insisté, prendre conscience des conséquences dévastatrices des changements climatiques.

Le représentant a ensuite souligné l’importance de tenir compte des contextes régionaux pour répondre au mieux aux problèmes climatiques, en agissant au cas par cas et en privilégiant le développement durable.  Il a aussi insisté sur l’importance des mécanismes de gestion du risque, et sur la nécessité d’atteindre les objectifs de développement durable.  Une division claire des tâches au sein de l’ONU est le meilleur moyen de répondre aux défis, a-t-il ajouté, avant d’engager le Conseil de sécurité à renforcer son rôle.

M. FINNIAN CHESHIRE (Nouvelle-Zélande) a déclaré que les changements climatiques représentent une menace directe et immédiate, susceptible de fomenter l’instabilité et les conflits.  Il a averti que les catastrophes climatiques sont en hausse dans la région du Pacifique, où les États font déjà face à la hausse du niveau des mers, au réchauffement et à l’acidification des océans, et à la pollution saline des sources d’eau fraîche et des terres arables.  Et pour les communautés contraintes d’abandonner leurs terres en raison de la montée des eaux, il n’y a aucune possibilité de retour.  Mais loin d’être des anomalies, a-t-il averti, ces déplacements seront notre avenir commun si la tendance actuelle persiste.

Le représentant a appelé le Conseil de sécurité à examiner les menaces que font peser les changements climatiques sur la paix et la sécurité internationales au fur et à mesures qu’elles apparaissent.  Il a aussi appuyé la nomination d’un représentant de haut niveau pour les changements climatiques.

M. SYED AKBARUDDIN (Inde) a remarqué que des phénomènes comme l’augmentation du niveau des mers menacent l’intégrité même des États, même en l’absence de violence et de conflit.  Par ailleurs, les recherches peinent à établir un lien incontestable et non ambigu entre changements climatiques et sécurité.  Quel est le meilleur mécanisme international pour aborder au mieux ce phénomène? s’est-il demandé.  Si la paix et la sécurité internationales l’emportent souvent sur d’autres considérations, il y a des risques inhérents à traiter des changements climatiques sous cet angle car « réfléchir en termes sécuritaires débouche généralement sur des solutions militarisées et met les États en concurrence, alors que ce sont d’autres solutions et processus qui sont nécessaires ».  Selon lui, « cette approche met les mauvais acteurs autour de la table » et il vaut mieux tabler sur la coopération internationale.

Cela l’a amené à demander si ceux qui citent la lutte contre le terrorisme et la non-prolifération au Conseil pour justifier des mesures punitives seront disposés à expliquer qui est « l’autre » en matière climatique, « qui devra rendre des comptes ».  S’agit-il de ceux qui ne respectent pas leurs engagements de l’Accord de Paris?  Allons-nous obliger ceux qui n’honorent pas leurs obligations en termes de « financements climatiques » à le faire?  Est-ce que les objectifs de la justice climatique pourront être réalisés en faisant passer la définition du droit climatique de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) à un processus de prise de décisions d’une institution « structurellement non représentative » ayant une approche exclusive décidée dans des délibérations secrètes?  Après toutes ces questions, l’Inde a invité la communauté internationale à la prudence et lui a conseillée de suivre une approche ancrée dans la coopération, dans le droit fil de la responsabilité commune mais différenciée.

M. SANTOS (Espagne) a souligné que les preuves scientifiques appellent les États Membres à se mettre en garde.  Les changements climatiques menacent en effet gravement la paix et la sécurité internationales en contraignant des milliers de personnes à migrer en masse.  Entre autres conséquences, ce phénomène aurait un impact notable sur la stabilité régionale et internationale, a souligné le représentant.

Pour y faire face, le représentant a notamment appelé à opérer une transformation des systèmes afin d’assurer le développement durable.  La semaine dernière, l’Espagne a lancé un plan énergie-climat pour les 10 prochaines années. Elle s’est aussi ralliée au rassemblement pour la neutralité carbone.  L’Espagne, a ajouté la délégation, souhaite que le Conseil de sécurité soit saisi de la question des changements climatiques.  Il est capital que celui-ci puisse disposer d’un mécanisme d’évaluation des risques en la matière, a-t-il ajouté.

M. ANTONIO PARENTI, de l’Union européenne, a indiqué que la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel est un bon exemple du type de réponse intégrée qu’il faut apporter aux enjeux sécuritaires découlant des changements climatiques. Il a appelé à la pleine mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, avant d’inviter le Conseil, lorsqu’il analyse une situation donnée, à intégrer les risques environnementaux et climatiques.  Il a salué le rôle que pourrait jouer à cette fin la Commission de consolidation de la paix.

Le délégué a aussi plaidé pour une gestion durable des ressources naturelles afin de réduire les risques de conflit.  L’Accord de Paris doit rester la pierre angulaire de notre action, a continué M. Parenti.  Enfin, le délégué a passé en revue l’action de l’Union européenne dans ce domaine, citant ainsi les images envoyées par le satellite Copernic qui a permis d’identifier des survivants après le passage des ouragans Harvey et Irma en 2017.

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), Mme ELIZABETH THOMPSON (Barbade) a d’abord souligné que le Secrétariat exécutif de la Convention des Nations Unies contre les changements climatiques doit rester l’agence principale du système contre ce phénomène.  Elle a souligné que les petits États insulaires en développement sont dans le « vortex » d’une menace existentielle imminente qui requière une réponse préventive incluant l’évaluation des risques, une planification et un financement adéquats des efforts de résilience et de renforcement des capacités.  L’examen de cette question par le Conseil de sécurité, a-t-elle poursuivi, doit mettre l’accent sur toute la panoplie des risques que l’impact des changements climatiques représente pour la paix et la sécurité.  La représentante a appelé les pays développés à honorer les engagements qu’ils ont pris dans l’Accord de Paris s’agissant, en particulier du financement, du renforcement des capacités et du transfert des technologies, sans oublier la limitation à 1,5 C de la hausse de la température terrestre. 

Elle a ensuite attiré l’attention sur la déclaration sur les changements climatiques que les chefs d’État et de gouvernement de la CARICOM ont adopté en juillet 2018 et qui demande à la communauté internationale d’appuyer la décision de la région de devenir une « zone climatique intelligente ».  Le système des Nations Unies doit améliorer sa compréhension de la menace que fait peser les changements climatiques sur la paix et la sécurité.  On ne peut parler, s’est-expliquée la représentante, de la planification du développement, des tendances migratoires, de la gestion de l’eau, de la rareté des ressources ni de la paix, de la sécurité et de la durabilité sans parler des changements climatiques.  Elle a pris bonne note de l’appel des îles du Pacifique à nommer un représentant spécial des Nations Unies pour le climat et la sécurité et de l’idée que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et le Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophes viennent expliquer les défis du jour au Conseil de sécurité.

M. FRANCISCO DUARTE LOPES (Portugal) s’est dit encouragé par cette réunion qui contribuera à faire que cette question soit reflétée davantage dans les travaux du Conseil à l’avenir.  Rappelant le coût économique sans précédent des catastrophes liées au climat, les émissions de carbone qui sont au plus haut niveau historique et le fait que les océans sont de plus en plus chauds et acides, le représentant a exigé une réponse urgente et ambitieuse, saluant à cet égard le Sommet sur le climat du Secrétaire général de septembre 2019 et la réunion de haut niveau sur ce thème de l’Assemblée générale prévue en mars.

M. Duarte Lopes a noté que la Déclaration de La Haye sur la sécurité planétaire reflète ces préoccupations et met un accent particulier sur la lutte contre la désertification dans la région du Sahel ainsi que sur l’optimisation de la coordination des efforts internationaux.  Au Portugal, la stratégie nationale sur la défense nationale, adoptée en 2013, tient compte des risques climatiques et environnementaux.  Enfin, le représentant a plaidé pour que le Conseil de sécurité intègre les risques climatiques et environnementaux dans ses travaux pour assurer le soutien nécessaire aux États qui sont les plus vulnérables à leurs effets. 

M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) a relevé que jusqu’à 200 millions de personnes pourraient être contraintes de migrer, d’ici à 2050, en raison de la dégradation environnementale, notant par ailleurs que les catastrophes climatiques avaient fait des milliers de morts en 2017 et causé 320 milliards de dollars en dégâts.  Il a jugé urgent de s’adapter et de doter les pays touchés d’outils de renforcement de la résilience, notamment dans les régions des Caraïbes et du Pacifique.  Ces mécanismes, a-t-il précisé, doivent tenir compte des risques d’instabilité sociale et politique et des conflits qui voient le jour à cause des liens entre changements climatiques et facteurs socio-politiques.  Le transfert de technologie et de savoir est également une nécessité urgente.

Le représentant a ensuite indiqué que son pays fait face à une baisse de la pluviométrie et subit la sécheresse.  La Turquie devrait devenir, d’ici à 2030, un pays souffrant de stress hydrique.  Il a aussi appelé à mettre en œuvre l’Accord de Paris, tout en notant que sa réussite dépend du respect du principe de responsabilité commune mais différenciée, des capacités respectives et de l’équité.

M. DOMINIQUE MICHEL FAVRE (Suisse) a indiqué que lors de la canicule de 2018, la navigation sur le Rhin, qui revêt une importance stratégique pour l’économie de son pays, avait été fortement entravée par les températures élevées, des précipitations insuffisantes et de faibles niveaux d’eau.  Cela a interrompu le commerce d’importation et d’exportation, laissant la Suisse enclavée avec un accès limité aux biens de première nécessité tels que les carburants, a-t-il expliqué.

Concernant les effets des changements climatiques sur la paix et la sécurité, la Suisse a lancé, en 2010, l’initiative Blue Peace qui vise à renforcer la coopération transfrontalière dans la gestion des ressources en eau.  Le représentant a aussi parlé des effets des changements climatiques sur la sécurité humaine et a appelé à mettre en place des systèmes d’alerte précoce identifiant systématiquement les situations où ces changements sont un multiplicateur de risques.  Il a en outre engagé le Conseil de sécurité à intégrer systématiquement les risques climatiques dans les situations régionales ou de pays se trouvant à son ordre du jour.  Le Conseil doit aussi pouvoir tirer parti des informations et des ressources existantes au sein du systèmes des Nations Unies.  Il a aussi recommandé que des mesures proactives et systématiques soient prises afin d’assurer la paix et la sécurité internationales dans un contexte où les risques de fragilité climatique, les catastrophes extrêmes et les risques à évolution lente augmentent.  Le délégué a par ailleurs parlé de la tenue, en mai 2019, à Genève, de la Plateforme mondiale pour la réduction des risques de catastrophe.

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a indiqué que son pays s’est engagé à dépenser au moins un milliard de dollars pour renforcer la résilience des pays en développement face aux changements climatiques, dont 300 millions pour la région du Pacifique.  Elle a notamment promis l’appui de l’Australie aux pays de la région Asie-Pacifique pour mettre en œuvre le Cadre de Sendai.  L’aide publique au développement (APD) australienne consacrée à la réduction des risques excède d’ailleurs 1% du PIB.  Enfin, la représentante s’est félicitée des règles d’application de Katowice, qui permettent de faire de l’Accord de Paris une réalité.

M. AMRITH ROHAN PERERA (Sri Lanka) a rappelé que, selon l’OMM, quatre des cinq dernières années étaient les plus chaudes jamais enregistrées, tandis que les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter, ce qui entraîne des vagues de chaleur, des inondations, des sècheresses et des incendies de forêts.  Après avoir aussi évoqué les conséquences de la montée du niveau des mers et de la dégradation des côtes, il a rappelé que son pays avait été dévasté par des tragédies naturelles, y compris un tsunami terrifiant en 2004.  Or, « la montée du niveau des mers, la pollution des océans, et la perte des écosystèmes marins et côtiers sont au cœur de notre existence », a-t-il martelé.

Seule une vision mondiale, à travers des engagements et la coopération multilatérale, sera en mesure de freiner la dégradation de la planète et les risques à la paix et la sécurité internationales que cela entraîne, a estimé le représentant avant d’appeler la communauté internationale à respecter pleinement l’Accord de Paris.  Il a souligné les effets multiplicateurs des changements climatiques en termes de menaces de conflit; la dégradation de l’environnement en tant que cause de migrations; ou encore la compétition pour les ressources naturelles nationales.  Avant de conclure, le représentant a souligné que la coopération internationale doit être complémentaire des actions nationales dans le domaine de la lutte contre les changements climatiques.

M. FRANCISCO ALBERTO GONZALEZ (Colombie) a souligné que la décennie à venir sera déterminante pour la lutte contre les changements climatiques, car les scientifiques sont clairs: les initiatives prises à présent ne suffiront pas pour limiter la hausse des températures à 1,5 degré.  Il a expliqué que la Colombie est particulièrement vulnérable aux impacts des changements climatiques en raison de la richesse de sa biodiversité, de sa situation géographique et de son niveau de développement.  La fréquence des phénomènes El Niño et La Niña ont notamment provoqué d’importantes pertes, avoisinant 2,2% du PIB national entre 2010 et 2011.  Et en 2015-2016, le phénomène El Niño a été particulièrement virulent, provoquant d’importants feux de forêt et la sécheresse.

Le représentant a appelé à mobiliser les ressources financières et à assurer le transfert de technologie et le renforcement de capacité pour les pays en développement afin de dégager des solutions pour faire face aux changements climatiques.

M. MAX HUFANEN RAI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a plaidé pour que les PEID aient un siège au Conseil de sécurité, saluant au passage la présidence du Conseil par l’un d’eux, la République dominicaine.  Dans son pays, les habitants de la région autonome de Bougainville et de l’île de Caterets ont été contraints à quitter leur terre en raison de la montée du niveau de la mer, a expliqué le représentant en précisant qu’ils se sont réinstallés ailleurs dans le pays ce qui s’est accompagné de tensions souvent liées au partage des ressources dans les zones d’accueil.

« Imaginez que ce scenario se multiplie.  Imaginez les conséquences que cela aurait sur la paix et la sécurité », a lancé le délégué.  Il a tenu à rappeler aux membres du Conseil de sécurité que lorsqu’on parle de paix et de sécurité il est question de vies humaines et de moyens de subsistance des peuples de ce monde.  Les besoins fondamentaux de l’être humain sont l’eau, la nourriture et l’air.  Or, nous assistons à une baisse de la qualité et de la quantité de ces trois éléments s’est-il alarmé en imputant cela à l’impact des changements climatiques.  Il a dès lors demandé au Conseil de sécurité de systématiquement tenir compte de cet impact sur la paix et la sécurité internationales.  Il a constaté un « gouffre » entre l’action de l’Assemblée générale qui a adopté une résolution en ce sens, et celle du Conseil qui se limite à reconnaître ce lien dans des cas spécifiques comme celui du bassin du lac Tchad.

M. OLOF SKOOG (Suède) a indiqué que lorsque son pays avait présidé le Conseil en juillet 2018, il avait organisé un débat thématique qui avait mis en lumière l’empressement à faire avancer l’examen des risques sécuritaires liés au climat.  Il est à présent reconnu que les changements climatiques ont un impact sur la paix et la sécurité et il importe désormais de déterminer la marche à suivre, « et de le faire dès maintenant ».  Il a averti que les phénomènes météorologiques extrêmes, l’insécurité alimentaire et hydrique et la montée du niveau de la mer risquent de provoquer des déplacements et une compétition autour de ressources en raréfaction et de provoquer par la suite des conflits.  En outre, « nous entrons dans une ère inconnue », a-t-il estimé en faisant remarquer que le monde a déjà franchi certaines des limites planétaires, comme en témoigne le rapport du GIEC, et que les conséquences sur la paix et la sécurité internationales restent encore à déterminer.

Le représentant a souligné que le Conseil de sécurité doit disposer d’informations complètes sur les risques sécuritaires liés au climat, d’une analyse tournée vers l’avenir et de mécanismes d’alerte précoce afin de prendre des décisions informées.  Il a aussi appelé à réviser les mandats des missions, les programmes et les allocations de ressources, et à intégrer les défis climatiques aux efforts de médiation.  Il conviendrait ainsi d’examiner comment des parties divisées pourraient se rassembler autour de mesures d’adaptation climatique concrètes.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a indiqué que son pays figure parmi les plus durement frappés par les changements climatiques en raison de sa situation géographique et de sa susceptibilité aux aléas climatiques tels que les cyclones, les inondations et les glissements de terrains.  Une hausse d’un seul degré des températures mondiales pourrait inonder de larges zones du pays et 40 millions de personnes pourraient être déplacées d’ici à la fin du siècle, a-t-il signalé.  En outre, le Bangladesh perd 2% de son PIB en raison de calamités naturelles et de la dégradation environnementale.  Et l’accueil de 1,1 million de Rohingya déplacés du Myanmar se fait également gravement ressentir sur le plan environnemental.

Parmi les actions mises en œuvre par le Bangladesh, le représentant a cité son budget carbone, son industrie à faible niveau d’émissions de gaz à effet de serre et son Plan Delta 2100 qui tient compte des vulnérabilités multidimensionnelles liées aux changements climatiques pour faire avancer le développement du pays.  Plus de 1% du PIB est consacré à l’action climatique, tandis que des investissements ont été réalisés dans le secteur agricole pour le rendre plus résistant aux aléas climatiques, a-t-il ajouté.  La protection des Sundarbans, la plus importante forêt de mangrove au monde, est également en cours.  M. Momen s’est dit convaincu que les changements climatiques et les catastrophes qui en résultent doivent être débattus « dans le moule de la coopération internationale en matière de développement ».  Il a aussi plaidé pour mobiliser des ressources financières et transférer des technologies aux pays les plus vulnérables, avant de demander aux entités du système de l’ONU de travailler ensemble pour mieux informer sur les risques que font peser les changements climatiques sur la paix et la sécurité internationales.

Mme FATIMA KYARI MOHAMMED, déléguée de l’Union africaine, se disant consciente des débats pour déterminer sur oui ou non les changements climatiques sont une source directe ou indirecte de conflits, a appelé à reconnaître qu’ils pourraient favoriser les conflits, voire avoir un effet multiplicateur des menaces dans certaines circonstances.  Elle a cité, à titre d’exemple, la situation au Sahel et dans le bassin du lac Tchad.  Elle a aussi appelé les États Membres à respecter les engagements contractés dans différents cadres, en particulier l’Accord de Paris et d’autres cadres multilatéraux sur la protection de l’environnement et la lutte contre les changements climatiques.

Pour sa part, l’Union africaine a établi des partenariats pour permettre aux pays africains de poursuivre leur développement avec une faible empreinte carbone.  La représentante a également expliqué que lors de sa sept-cent-soixante-quatorze réunion, le 21 mai 2018, le Conseil pour la paix et la sécurité de l’Union africaine avait reconnu le lien entre changements climatiques et conflits en Afrique et la réponse à y apporter.  Les efforts de lutte contre les changements climatiques ne pourront être efficaces que s’ils sont ancrés dans une approche multilatérale, dont l’Accord de Paris reste la meilleure illustration, a conclu la représentante.

M. GALLEGOS (Équateur) a averti que les changements climatiques menacent d’anéantir les efforts réalisés en matière de développement durable.  Il s’est alarmé du fait que des populations entières doivent parcourir de grandes distances pour trouver de quoi manger ou boire, au lieu de consacrer ce temps à l’éducation, avertissant dans la foulée du risque de radicalisation des jeunes que cela représente.  Il a appelé à promouvoir le transfert de technologie et à privilégier le transfert de compétence vers les pays en développement.  Il a souhaité que ce débat débouche sur une plus grande mobilisation des ressources et des efforts consacrés à la lutte contre les changements climatiques.

Nous ne pouvons changer le moment, l’endroit, la fréquence ou l’ampleur des catastrophes liées au climat, a reconnu M. LAZARUS OMBAI AMAYO (Kenya).  Mais, a-t-il dit, nous pouvons nous préparer, planifier et minimiser leur impact.  Le défi principal est donc de mobiliser les moyens de mise en œuvre, en particulier au niveau local.  L’insuffisance des fonds, l’absence de technologies et autres capacités et la faible nationalisation des directives internationales sont un problème grave dans les pays en développement.  Il faut donc plus d’investissements et une aide au renforcement des institutions concernées.  En 2018, le Kenya a d’ailleurs actualisé sa politique nationale de gestion des risques de catastrophe après avoir analysé les meilleures pratiques.  Au niveau international, a conclu le représentant, il faut revitaliser la coopération internationale, s’agissant en particulier du partage d’informations, de l’alerte précoce, et de la recherche-développement.  La mobilisation de fonds adéquats et prévisibles, le transfert de technologies et le renforcement des capacités aideront les gouvernements et les organisations régionales à répondre aux effets négatifs des changements climatiques et à prévenir de nombreux conflits et autres menaces à la sécurité.

Mme NEDRA P. MIGUEL (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a mis en garde contre la politique erronée qui consisterait à choisir entre la menace existentielle que sont les changements climatiques pour des pays comme le sien et les dangers émanant des situations en Syrie, au Yémen, au Myanmar, dans la péninsule coréenne, dans de l’État de Palestine ou encore en Afrique.  Nous devons régler « tous » ces problèmes quels que soit nos doutes sur le nexus climat-sécurité.  La représentante a appelé les plus grands pollueurs à faire de vraies coupes dans leurs émissions de gaz à effet de serre et a appuyé les appels à rendre le Conseil de sécurité plus conscient et plus sensible aux conséquences « terribles » des changements climatiques sur la paix et la sécurité internationales.  Reconnaître le climat comme une menace à la sécurité et travailler ensemble pour en protéger les peuples nous mettra sur la bonne voie, a-t-elle estimé.

M. BRIAN PATRICK FLYNN (Irlande) a affirmé que « les changements climatiques sont une réalité » en soulignant leur impact au niveau mondial et en prévenant que « notre sécurité est en jeu ».  Le nier n’a pas de sens, a-t-il estimé, tout comme le fait de ne pas reconnaître le lien entre changements climatiques et le mandat de ce Conseil de sécurité.  Face à la difficulté pour la communauté internationale de trouver une réponse cohérente à la menace que posent les changements climatiques, le représentant a été d’avis que c’est au tour du Conseil de sécurité de réagir, sachant que ces changements ont un effet multiplicateur des menaces à la paix et la sécurité mondiales.

L’Irlande plaide pour une réponse mondiale à cette menace et souhaite que l’impact climatique soit systématiquement pris en compte dans les travaux du Conseil de sécurité.  Elle souhaite que les opérations de l’ONU en fassent de même pour pouvoir mieux évaluer les risques des facteurs climatiques et identifier les meilleures pratiques dans ce domaine.  La délégation appelle aussi le Conseil de sécurité à trouver des moyens pour passer des débats à l’action, en collaboration avec les organisations régionales et sous-régionales.  Le représentant a également prôné une approche fondée sur les droits de l’homme en matière de politique climatique et a exigé que les PEID soient mieux représentés au sein du Conseil de sécurité.  Il a suggéré la nomination d’un représentant spécial du Secrétaire général pour le climat et la sécurité.

M. MILENKO ESTEBAN SKOKNIC TAPIA (Chili) a relevé que le rapport du GIEC fait état de nouveaux défis, d’où l’importance de mener de front des politiques de limitations des émissions de gaz à effet de serre, entre autres.  Lançant un ferme appel à l’action, il a souligné que la question des changements climatiques sera déterminante pour les années à venir.  Il a jugé essentiel d’élaborer des capacités analytiques au sein de l’ONU, afin de pouvoir transmettre au Conseil de sécurité des informations utiles quant à l’étendue des menaces climatiques.

Le représentant a ensuite rappelé que le Chili avait décidé d’accueillir la COP 25 en janvier 2020, soulignant que son pays assume ce rôle dans la lignée de son engagement en faveur du multilatéralisme et fort de sa conviction que les changements climatiques sont un défi auquel il faut répondre avec la coopération de tous.

Au nom du Forum des îles du Pacifique, Mme MARLENE MOSES (Nauru) a attiré l’attention sur la Déclaration de Boé relative à la sécurité régionale, adoptée par le Forum en septembre 2018.  Pour nous, a dit la représentante à propos des changements climatiques « qui ne disparaîtront pas », les institutions requises pour répondre à l’impact de ce phénomène ne sont pas encore mises en place tout simplement parce que nous savons très peu de choses sur la manière dont nos systèmes humains répondront à son impact grandissant.  Elle a donné l’exemple de la crise alimentaire de 2007 et de 2008 qui a provoqué des troubles sociaux dans le monde entier, poussant certains pays à déclarer l’état d’urgence.  Notre chaîne de production, qui est souvent célébrée comme « une merveille du capitalisme », n’a pourtant pas été capable de donner aux gens la nourriture dont ils avaient besoin à un prix abordable.  Or les changements climatiques ont été un des facteurs de la crise.  La distribution de l’eau, le transport international, la production industrielle, les places financières ou le marché des assurances sont tous des systèmes humains complexes et interconnectés mais souvent assez fragiles. Un problème dans l’un peut avoir un impact plus dangereux encore que l’aspect des changements climatiques qui l’a provoqué. 

La nomination d’un représentant spécial pour le climat et la sécurité est donc une mesure essentielle pour se préparer aux implications sécuritaires des changements climatiques.  Le représentant spécial, a expliqué la représentante, serait chargé d’informer le Secrétaire général et le Conseil de sécurité des risques climatiques émergents pour la paix et la sécurité internationales; de faciliter une meilleure coopération régionale et transfrontières; de suivre les points chauds du nexus climat-sécurité; de s’engager dans la diplomatie préventive; et d’apporter son aide aux situations où les changements climatiques sont un risque de déstabilisation.  Le représentant spécial serait bien placé pour coordonner les efforts dans ce domaine du Département des affaires politiques, du Bureau de la coordination de l’aide humanitaire (OCHA), du Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes, du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). 

M. FREDERICO SALOMÃO DUQUE ESTRADA MEYER (Brésil) a dit que son pays « compatit » avec tous les pays frappés par des catastrophes climatiques.  Il a reconnu la vulnérabilité spécifique des PEID, avant de souligner la nécessité d’une coopération internationale forte après une catastrophe.  Le Brésil a toujours été solidaire des pays touchés, comme avec Haïti, après le tremblement de terre.  Mon pays est fier de l’exemple qu’il donne en matière de lutte contre les changements climatiques, a dit le représentant.

Néanmoins, le Brésil est d’avis que cette question n’est pas du ressort du Conseil de sécurité.  Faire des questions environnementales des questions sécuritaires n’est pas sans risque, les liens n’étant pas prouvés, a-t-il dit. Le délégué a, enfin, appelé à impliquer la famille des Nations Unies, et pas seulement la poignée des membres du Conseil, pour mettre en place les mécanismes de prévention et d’atténuation des risques liés aux changements climatiques.

Mme PENNELOPE ALTHEA BECKLES (Trinité-et-Tobago) a salué le fait que le Conseil de sécurité ait reconnu les conséquences néfastes des changements climatiques en Afrique de l’Ouest, au Sahel ou bien encore en Somalie.  Le Conseil doit néanmoins être mieux informé sur les risques sécuritaires liés au climat, a-t-elle estimé, avant d’appeler à des synergies entre l’ONU et les États Membres pour renforcer la résilience face aux changements climatiques.  La déléguée a néanmoins affirmé qu’un rôle accru du Conseil ne doit pas se faire au détriment de l’Assemblée générale.  Il est temps d’agir face à cette menace existentielle, a conclu la déléguée.

M. DANG DINH QUY (Viet Nam) a souligné que l’impact des changements climatiques sur la paix et la sécurité internationale devient de plus en plus évident.  Il a aussi indiqué qu’après avoir été classé pendant 20 ans parmi les 10 pays les plus touchés par les changements climatiques, le Viet Nam figure désormais depuis quatre ans parmi les six premiers.  Une étude indique notamment que si le niveau de la mer augmente d’un mètre d’ici à 2010, 40% du delta du Mékong sera inondé, alors que de larges pans de terres arables sont déjà salinisés par l’eau de mer.  Il a averti que cette situation aura un impact non seulement sur le bien-être des 40 millions de personnes qui vivent dans cette région, mais aussi au-delà car le Viet Nam est l’un des trois plus importants exportateurs de riz, dont 90% est cultivé dans le delta du Mékong.

Le représentant s’est ensuite dit partisan d’une approche complète pour répondre aux implications sécuritaires des changements climatiques.  Il a insisté sur rôle du système des Nations Unies, du Conseil de sécurité et des organisations régionales, citant notamment le Centre de coordination de l'aide humanitaire de l'Association des nations de l’Asie du Sud-Est pour la gestion des catastrophes.

M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a insisté sur le principe de responsabilité commune mais différenciée et sur le transfert de technologie pour combattre les effets des changements climatiques.  Il a aussi appelé la communauté internationale à s’opposer vigoureusement à toute tentative de saper les instruments internationaux pertinents, dont le retrait.  Les pays en développement les plus vulnérables doivent bénéficier d’un appui au renforcement de leurs capacités, à savoir le partage des meilleures pratiques, l’échange d’expériences et le transfert sans condition ni discrimination des ressources financières, du savoir-faire et des technologies.  Les efforts de renforcement des capacités doivent s’accompagner de la promotion de la coopération régionale et internationale.  Si tels sont nos objectifs, ils doivent être poursuivis à la Convention sur les changements climatiques, à l’Assemblée générale, au Conseil économique et social mais en aucun cas au Conseil de sécurité qui n’a ni la compétence juridique ni la capacité technique de s’attaquer à ces questions, a tranché le représentant.  Il a rappelé que déjà en 2017, il n’y avait aucun consensus ni entre les membres du Conseil ni entre ceux de l’Assemblée générale.  Bien au contraire, de nombreux pays voyaient plutôt un autre exemple de la tendance du Conseil à empiéter sur les prérogatives des autres organes des Nations Unies.  Il est tout simplement « incompréhensible », s’est impatienté le représentant, que le Conseil, qui ne parvient même pas à s’attaquer sérieusement aux situations de conflit dont il est saisi, insiste pour plonger dans des questions qui n’ont pas de lien établi avec la paix et la sécurité internationales.  Le représentant a donc exhorté le Conseil à se limiter strictement à son mandat et à arrêter de faire des promesses qu’il ne peut pas tenir. 

M. MOHAMMED SAHIB MEJID MARZOOQ (Iraq) a estimé que la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques est le cadre adéquat pour débattre du sujet en discussion ce jour au Conseil de sécurité.  Le représentant a tout de même reconnu que les menaces climatiques augmentent les risques de migrations du fait du stress hydrique qui est l’une des causes des conflits au Moyen-Orient.  L’Iraq plaide donc pour le respect du droit international dans le cadre de la gestion des eaux transfrontières.  Le représentant a déploré que les États en soient aujourd’hui réduits à utiliser de l’eau de mer pour pallier le manque d’eau douce.  L’Iraq note également que les changements climatiques sont un phénomène mondial qui exige une approche multilatérale.

M. OMAR HILALE (Maroc) a détaillé la « politique proactive » de son pays face aux changements climatiques en faisant remarquer que celui-ci est un « multiplicateur de menaces ».  Il a mentionné la création de la Commission Climat pour la Région du Sahel et du Fonds bleu pour le bassin du Congo, à l’initiative du Roi Mohammed VI, ainsi que le lancement de l’initiative Durabilité, stabilité et sécurité en Afrique visant à s’attaquer aux causes profondes de la migration et de l’instabilité amplifiées par la dégradation des terres et les changements climatiques.

Le Maroc continue d’investir dans les projets d’irrigation moderne à grande échelle et à mettre en place des programmes d’approvisionnement en eau potable pour les zones les plus vulnérables, a indiqué le représentant.  Enfin, M. Hilale a cité le projet Noor Ouarzazate, premier projet d’énergie solaire marocain et plus grand complexe énergétique au monde avec une capacité totale de 580 MW.

M. LUIS HOMERO BERMÚDEZ ÁLVAREZ (Uruguay) a dit que son pays parie sur des énergies renouvelables afin de lutter contre les changements climatiques.  Il a estimé que débattre de cette question doit se faire dans les enceintes appropriées comme le secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques ou encore l’Assemblée générale.  Le délégué a aussi insisté sur les promesses faites dans le cadre de l’Accord de Paris.  Pour l’Uruguay, dont des soldats prennent part aux missions de maintien de la paix, il est clair que les questions environnementales ont un impact sur les conflits.  Il a demandé que la communauté internationale agisse de toute urgence contre ce phénomène susceptible de saper le développement international.

M. ROBERT MARDINI, Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a indiqué que la semaine dernière, le Président du CICR a achevé une visite de huit jours au Sahel.  Dans cette région, le conflit armé, la pauvreté, la faiblesse des services publics et la perturbation des moyens traditionnels de survie ne sont pas dus seulement au conflit mais aussi à la diminution des terres arables et à l’imprévisibilité des ressources en eau.  Nous savons aussi, a poursuivi le représentant, que dans les situations de conflit, l’environnement naturel et les infrastructures civiles sont endommagés ou détruits, avec des conséquences qui peuvent contribuer aux changements climatiques.  Si le droit international humanitaire ne traite pas explicitement des changements climatiques, il contient des règles qui protègent l’environnement.  Il établit par exemple des protections pour les ressources naturelles vitales dont l’exploitation peut conduire à des risques climatiques.  Le droit international humanitaire protège aussi certaines ressources naturelles comme l’eau ou les zones agricoles ainsi que les objets indispensables à la survie de la population civile. 

Lorsque l’on examine l’impact des catastrophes liées au climat sur la paix et la sécurité internationales, a encore estimé le représentant, il faut tenir compte de la manière dont les changements climatiques peuvent aggraver la vulnérabilité des gens dans les situations de conflit.  Le CICR implique d’ailleurs les acteurs locaux dans la réduction des risques de catastrophe et l’adaptation.  Cette année, il compte convoquer une série de tables rondes sur ces questions et sa Division juridique est déjà en train de réviser les directives de 1994 pour les manuels militaires, sur la protection de l’environnement en temps de conflit. 

M. MAGDI AHMED MOFADAL ELNOUR (Soudan) a affirmé que son pays est l’un de ceux souffrant le plus des conflits du fait des changements climatiques.  Il a pris en exemple le conflit au Darfour qui a surgi après une période de sécheresse, après quoi le Gouvernement du Soudan a engagé des efforts de rétablissement de la paix, condition sine qua none pour tout développement durable.  Les autorités ont aussi lancé des projets de développement, tablant notamment sur des sources d’énergie renouvelables.

Le représentant a plaidé pour que des mesures préventives soient prises afin d’éviter que les conséquences des changements climatiques ne conduisent à des conflits.  Il faut notamment par des systèmes d’alerte précoce, a-t-il précisé.  De plus, selon le Soudan, les États industrialisés se doivent de respecter leurs engagements vis-à-vis des États en développement en leur fournissant les moyens d’atténuation et d’adaptation aux effets des changements climatiques.

M. KAI SAUER (Finlande) a plaidé pour une réponse intégrée de la communauté internationale face aux défis sécuritaires liés aux changements climatiques, en particulier dans le cercle arctique.  Le Conseil de sécurité a un rôle clef à jouer à cet égard, a-t-il précisé.  Le délégué a aussi tenu à rappeler que les femmes paient souvent le prix fort des changements climatiques. Il a ensuite souligné l’importance d’une coopération forte dans le domaine de la météorologie pour mieux faire face aux risques.  Enfin, il a appelé à faire preuve d’ambition dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris.

M. NAZIROV (Ouzbékistan) a attiré l’attention du Conseil de sécurité sur « la pire catastrophe écologique de notre temps »: la dessiccation de la mer d’Aral dont le volume d’eau est 14 fois inférieur à son niveau d’il y a 50 ans. Le degré de salinité a été multiplié par 25 et dépasse désormais de loin celui des océans du monde.  Ce qui était avant une mer grouillant de poissons est devenu un désert de sable salé de plus 5,5 millions d’hectares qui laisse échapper chaque année de plus de 75 millions tonnes de poussières et de minéraux dangereux à des milliers de kilomètres de là.  D’après les experts, entre 2035 et 2050, la température de la région devrait encore augmenter de 1,5 à 3 C.  Le Président ouzbek a donc proposé un certain nombre d’initiatives, dont la désignation de la mer d’Aral comme une région d’innovation écologique et technologie.  Il s’agit d’unir les efforts des pays d‘Asie centrale et de créer les conditions favorables aux investissements étrangers dans les technologies propres, l’économie verte, la lutte contre la désertification ou encore l’écotourisme.  Les niveaux des ressources et la coordination des organisations financières internationales et des donateurs étant insuffisants, l’Ouzbékistan et les Nations Unies ont créé une plateforme unifiée pour atténuer les conséquences de la crise de la mer d’Aral et assurer un développement socioéconomique durable à la région.  Le 27 novembre 2018, un fonds d’affection spéciale pluripartenaire pour la sécurité humaine dans la région de la mer d’Aral a été créé, présidé par le Secrétaire général de l’ONU qui s’était lui-même rendu dans la région en juin 2017 et y avait vu « une des pires catastrophes environnementales causées par l’homme ».

En tant que Président de la Commission de consolidation de la paix, M. ION JINGA (Roumanie) s’est targué d’une bonne compréhension des causes multidimensionnelles de l’insécurité dans la région du Sahel.  J’ai pris l’initiative de creuser la question, a-t-il dit, et de proposer pour thème de la réunion conjointe avec le Conseil économique et social (ECOSOC), le 13 novembre de l’année dernière, « les liens entre les changements climatiques et les défis de la consolidation de la paix et de la paix durable au Sahel ».  La réunion a contribué à améliorer la sensibilisation à l’impact des changements climatiques sur la stabilité du Sahel, aux défis de la consolidation de la paix dans la région et à la nécessité de la cohérence, de la coopération et de la coordination pour renforcer la résilience.  Le représentant a aussi indiqué que le mois dernier, sa Mission a organisé au Siège de l’ONU à New York une manifestation parallèle sur « l’amélioration de l’état de préparation aux catastrophes naturelles », en présence du Chef du Bureau roumain des réponses d’urgence.  Les changements climatiques, a-t-il conclu, n’exacerbent pas seulement les menaces à la paix et à la sécurité internationales.  Ils « sont » une menace à cette paix et à cette sécurité.  La communauté internationale doit donc mieux évaluer les connexions entre ce phénomène et les risques sécuritaires et offrir son appui aux pays et aux régions les plus affectés.

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a souligné que les changements climatiques sont un problème sérieux de notre temps.  Les sociétés vulnérables sont les plus affectées, a-t-elle ajouté en citant notamment les PEID.  La représentante a donc plaidé pour que le rythme des actions multilatérales s’accélère.  Elle a dit que l’Accord de Paris reflète une volonté politique en ce sens.  Le Qatar, a-t-elle assuré, entend respecter ses engagements dans ce cadre, notamment par des investissements en faveur des économies moins polluantes et en faveur des sources d’énergie vertes.

« Nous sommes avertis sur la gravité des changements climatiques », a déclaré M. CARAZO (Costa Rica), avant d’insister sur les enjeux sécuritaires qui en découlent.  Il a insisté sur la vulnérabilité aux changements climatiques de son pays -le coût annuel de relèvement des catastrophes climatiques est de 337 millions de dollars-, avant de passer en revue l’action de son gouvernement pour y remédier.  Il a notamment mentionné le plan national de « décarbonisation » 2018-2050.

Les personnes les plus vulnérables, en particulier les femmes, paient le prix fort des changements climatiques, a-t-il regretté.  De l’avis de sa délégation, la question de l’égalité entre les sexes devrait être au cœur des grands textes sur les changements climatiques.  Enfin, le délégué a appelé à la mise en place de mécanismes d’alerte précoce et indiqué que la nomination d’un représentant spécial climat et sécurité mérite considération.

M. KANAT TUMYSH (Kazakhstan) a relevé la vulnérabilité des PEID face à la montée des niveaux des océans, en martelant qu’il est impossible d’y faire face sans développement durable.  Le Kazakhstan est proactif dans sa réponse aux changements climatiques en cherchant à mieux comprendre les risques et les vulnérabilités associés aux catastrophes naturelles, et en mettant en place des systèmes d’alerte rapide, de réduction des risques et de préparation aux catastrophes, a expliqué le représentant pour lequel une approche multilatérale s’impose dans ce contexte.  Il a également encouragé une plus grande synergie entre les travaux du Conseil de sécurité, de l’Assemblée générale et de l’ECOSOC dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris, y compris les principes directeurs adoptés à Katowice, et de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.

Victime lui aussi des changements climatiques, et notamment de la fonte de ses glaciers, le Kazakhstan risque de faire face à un manque d’eau d’ici à 2050.  Le représentant a salué la contribution du centre glaciologique régional de l’Asie centrale qui devrait orienter les mesures à prendre pour contrecarrer cette menace.  Le rétrécissement de la mer d’Aral est un autre problème climatique auquel le pays doit trouver réponse en misant sur la coopération transfrontière en matière d’eau avec les pays d’Asie centrale.

Pour Mme SOFYA SIMONYAN (Arménie), les données météorologiques et les projections climatiques confirment la vulnérabilité des écosystèmes et des peuples face aux risques climatiques et il est impératif d’accélérer et de renforcer les efforts internationaux, régionaux et sous-régionaux pour s’adapter aux changements climatiques et mieux se préparer aux catastrophes naturelles.

Rappelant que l’Arménie se trouve dans une des régions séismiques les plus actives au monde, la représentante a expliqué que l’expérience de son pays, et notamment le tremblement de terre de 1988, avait mis en exergue l’importance de la coopération régionale et internationale dans la gestion des catastrophes naturelles et dans la réduction des risques.  L’une des priorités de l’Arménie est précisément de renforcer sa résilience et ses capacités nationales en termes de préparation aux catastrophes.  Pour ses politiques nationales dans ce domaine, l’Arménie a opté pour « l’approche par écosystèmes », dans le droit fil des principes de l’économie verte, a précisé la déléguée.  En juin dernier, l’Arménie a accueilli la Plateforme sous-régionale de l’Asie centrale et du Caucase pour la prévention des risques de catastrophe.   

M. MICHAL MLYNÁR (Slovaquie) a souligné la nécessité d’une approche intégrée de la part des Nations Unies, dont le Conseil de sécurité.  Il a parlé d’une approche qui inclue la diplomatie préventive, la consolidation et le maintien de la paix et le renforcement de la résilience.  Les divisions institutionnelles et sectorielles doivent être surmontées pour permettre un travail plus intégré liant humanitaire, développement, atténuation, paix et sécurité.  Le 27 mai 2016, a-t-il rappelé, l’Assemblée de l’environnement des Nations Unies a adopté une résolution qui reconnaît le rôle des écosystèmes sains et de la gestion durable des ressources dans la réduction des risques de conflit.  Nous devons aller plus loin, a estimé le représentant, et nous attaquer aux menaces réelles que les guerres et les conflits armés font peser sur l’environnement et les efforts de conservation de la nature ainsi qu’au rôle que les ressources naturelles peuvent jouer dans les conflits armés.  Le représentant a profité du débat pour soulever la question de la gestion de l’environnement dans les opérations de maintien de la paix.  Il a appelé à une pleine mise en œuvre de la Stratégie pour l’environnement, lancée par les Nations Unies en novembre 2016.  Rappelant que le mot d’ordre de la vingt-quatrième Conférence des États Parties à la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 24) était « changeons ensemble », le représentant a exhorté le Conseil de sécurité à apporter sa pierre à l’édifice de la gestion et de l’atténuation des changements climatiques.

Le lien entre changements climatiques et sécurité est « clair et indéniable », a estimé Mme LISE GREGOIRE VAN HAAREN (Pays-Bas).  Elle attiré l’attention sur l’approche 3P: « si nous voulons prévenir, nous devons prévenir et nous préparer ».  C’est la raison pour laquelle, s’est-elle expliquée, les Pays-Bas appellent à une évaluation et à une analyse intégrée des risques et au renforcement des capacités institutionnelles pertinentes.  Les évaluations intégrées des risques doivent inclure tous les facteurs multiplicateurs, y compris la question de l’eau et les changements climatiques.  Elle a d’ailleurs rappelé l’instrument d’alerte rapide qu’a présenté « World Ressources Institute ».  De tels instruments, a-t-elle estimé, peuvent aider les gouvernements et le système des Nations Unies à améliorer l’analyse et l’évaluation pour mieux se préparer.  La préparation, a-t-elle précisé, c’est identifier les risques mais c’est aussi améliorer les opérations et développer les bons programmes.  Il est donc crucial que les mandats reflètent la nécessité d’une évaluation intégrée des risques et que les missions et les entités des Nations Unies soient dotées des capacités et des moyens institutionnels idoines.

En dehors des Nations Unies, a poursuivi la représentante, nous devons faire plus pour partager le savoir-faire et les meilleures pratiques et explorer des réponses actionnables.  Le 13 décembre 2018, les Pays-Bas, le Centre d’excellence pour le développement durable des petits États insulaires en développement et l’Agence de la gestion des catastrophes de la CARICOM ont organisé une Conférence sur la sécurité de la planète dont les résultats contribueront à la prochaine édition prévue à La Haye, les 19 et 20 février.  Si nous prévenons mieux grâce à l’alerte rapide et que nous nous préparons mieux grâce à cette même alerte, nous pourrons prévenir les conflits, a conclu la représentante qui a vu dans les objectifs de développement durable l’agenda « ultime » de la prévention dans lequel est ancrée la lutte contre les changements climatiques.  Elle s’est félicitée de la décision du Secrétaire général de convoquer un Sommet sur le climat en septembre prochain.

Mme LOIS MICHELE YOUNG (Belize), s’exprimant au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a égrené des faits qui témoignent des réalités que connaissent les PEID à cause des conséquences néfastes des changements climatiques.  Elle a dit que la communauté internationale a un impératif moral urgent d’agir, conformément aux éléments scientifiques en sa possession.  Elle doit apporter le soutien nécessaire aux pays en développement pour leur adaptation.  La représentante a aussi demandé que la communauté internationale respecte les engagements pris dans l’Accord de Paris, notamment le transfert de technologie en faveur des pays en développement, et la mise à leur disposition des fonds utiles pour les mesures d’adaptation. 

La déléguée a souhaité que le Conseil de sécurité soit davantage sensible aux questions climatiques dans le contexte du maintien de la paix et la sécurité internationales.  Il faut donc que son travail s’appuie sur des faits scientifiques, a-t-elle clamé en insistant sur le besoin d’améliorer les capacités d’analyse du système onusien, sans oublier la coordination des agences du système pour renforcer leur rôle d’appui aux pays et groupes les plus vulnérables. 

M. SAMUELU LALONIU (Tuvalu), qui s’exprimait au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique, a attiré l’attention du Conseil sur la récurrence accrue des catastrophes climatiques.  Les changements climatiques sont la menace la plus grave à la sécurité et au bien-être des pays du Pacifique, a-t-il déclaré.  Le délégué a demandé au Conseil de procéder à une évaluation solide des enjeux sécuritaires liés aux changements climatiques et souhaité la nomination d’un représentant spécial chargé de ce dossier.  Un représentant spécial au climat et à la sécurité pourrait remédier aux lacunes dans la coopération des différentes entités onusiennes, a-t-il déclaré, en exhortant tous les membres du Conseil à appuyer cette proposition.  Le Conseil doit agir maintenant, a conclu le délégué. 

M. SABRI BOUKADOUM (Algérie) a estimé qu’il n’est pas illégitime de penser que le Conseil a un rôle à jouer s’agissant de la dimension sécuritaire des changements climatiques, même si ce rôle reste à définir.  Du reste, le Conseil a d’ores et déjà abordé cette question dans une déclaration présidentielle de 2011, qui reconnaissait le rôle de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.  Le délégué a appelé à la mise en œuvre des engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris, avant d’indiquer que la thématique de ce jour doit encore être clarifiée.  Enfin, le délégué a préconisé que le Conseil coopère avec les organisations régionales, en particulier l’Union africaine, et œuvre à une prévention des risques, par le biais notamment de ces mêmes organisations régionales et sous-régionales.

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a relevé que des groupes terroristes, comme Boko Haram, profitent de la « réduction dramatique » du lac Tchad et des récentes sécheresses pour recruter ceux qui ont perdu leur bien-être en conséquence de l’insécurité climatique.  De même, les changements climatiques menacent la survie des petits États insulaires du Pacifique et de l’océan Indien, provoquant des mouvements de population et faisant émerger de nouveaux défis en matière de contrôle et d’intégrité territoriale.  La représentante a appelé à recadrer la question des changements climatiques, faisant observer que la limitation des gaz à effet de serre ou le financement du bien-être dans les régions frappées par la sécheresse, longtemps considérés comme des questions de développement ou des questions humanitaires, sont en fait des investissements dans la sécurité.

La représentante a dès lors appelé les États Membres à s’engager à renforcer les efforts de développement dans les régions les plus sujettes à l’insécurité climatique.  Nombre de pays ainsi touchés ont des niveaux de chômage élevé, a-t-elle rappelé.

M. MAHAMMED NAGUIB SOOMAUROO (Maurice) a indiqué que saisir le Conseil de sécurité de la question des changements climatiques avait été un véritable défi, mais que la prise de décision pour pousser les États Membres à une action proactive le sera encore plus.  Il a souligné que les petits États insulaires y sont particulièrement vulnérables mais qu’il incombe néanmoins à tout un chacun de répondre aux changements climatiques.  Loin d’être une question uniquement environnementale ou de développement, les changements climatiques posent une menace complexe et à la paix et à la stabilité ainsi qu’à la durabilité de notre planète.  Et on ne saurait sous-estimer le potentiel qu’ont les migrations climatiques à provoquer des tensions et à menacer la paix et la sécurité internationales.  Pour le représentant, le Conseil de sécurité est la plateforme idoine pour répondre à cette menace.

Le délégué a ensuite déploré les progrès inadéquats pour mettre en œuvre l’Accord de Paris.  À Maurice, a-t-il poursuivi, les indicateurs font état d’une aggravation, marquée par une hausse des températures et du niveau de la mer, une baisse de la pluviométrie, une érosion des plages, « pilier de notre économie », tandis qu’une baisse de la production agricole pourrait mettre en péril le bien-être de la population.  Il est plus que temps d’aller au-delà des mots, a-t-il indiqué, et pour Maurice, le Conseil de sécurité fait partie de la solution à ce problème fâcheux.

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