Soixante-quatorzième session,
18e séance – après-midi
CPSD/707

​​​​​​​Quatrième Commission: préoccupées par les nouvelles menaces qui pèsent sur les soldats de la paix, les délégations plaident pour une modernisation des forces

Au deuxième jour de l’examen, par la Quatrième Commission (chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation), des problématiques du maintien de la paix par l’ONU, les thèmes des nouvelles menaces, de la modernisation des forces, du pilotage institutionnel, du financement et de la place des femmes dans les missions ont dominé les débats.

« Les attaques contre les Casques bleus se sont multipliées ces dernières années », a ainsi déploré le Népal, cinquième contributeur mondial des soldats de la paix, résumant les inquiétudes de nombreuses délégations.  Le Népal, qui a perdu 76 ressortissants servant au sein de ces opérations depuis 1958, a constaté que les soldats de la paix travaillent « dans un environnement de plus en plus hostile et complexe ».  Il a évoqué les menaces croissantes constituées par les organisations terroristes, les liens entre ces derniers et la criminalité organisée et l’utilisation de nouvelles armes, au premier rang desquelles les drones.  Pour sa part, le Kenya a estimé que l’utilisation d’engins explosifs improvisés par les terroristes représentait aujourd’hui le risque principal auquel sont confrontés les Casques bleus sur le terrain.

Le Pérou a, de son côté, souhaité la mise en œuvre de moyens « modernes » au sein des forces de maintien de la paix, notamment la création de services dédiés au renseignement et de forces d’appui rapide, deux propositions reprises par plusieurs autres délégations.  Nombre d’entre elles ont aussi insisté sur la nécessité d’améliorer la formation et les équipements des soldats de la paix.  La Gambie a ainsi souligné que la disponibilité en matériels demeure un défi immense pour les pays en développement contributeurs de troupes.  Selon elle, ces lacunes en matière de capacités doivent être traitées en promouvant des partenariats stratégiques entre le Comité des pays contributeurs de troupes et les pays détenteurs de matériels.

Si toutes les délégations ont salué l’importance des missions de maintien de la paix, certaines d’entre elles se sont montrées critiques.  Tout en reconnaissant que l’utilisation des nouvelles technologies peut être bénéfique, Cuba a émis des réserves quant à l’utilisation de drones, qui devrait se faire au cas par cas et dans le respect de la souveraineté des États, selon la délégation.

Abordant la question du pilotage institutionnel des opérations, Cuba a souligné le rôle primordial de l’Assemblée générale, par le truchement du Comité spécial des opérations de maintien de la paix (Comité des 34) « seule enceinte de l’ONU qui a pour mandat d’analyser les opérations de paix sous tous leurs aspects, de fixer les directives et politiques dans ce domaine ».

Dès lors, Cuba a regretté que le Comité n’ait pas été en mesure, cette année, d’adopter son rapport par consensus en affirmant qu’une seule délégation en était responsable.  Le Nigéria, qui préside le Comité des 34, a manifesté des regrets similaires quant à l’adoption du rapport, de même que plusieurs autres délégations.

La Syrie a, elle aussi, insisté sur le rôle central du Comité des 34.  Elle a par ailleurs estimé que « la responsabilité première de la protection des civils revient au pays hôte », mettant en garde contre « toute tentative d’utiliser le concept de protection des civils pour s’ingérer dans les affaires internes des pays ».  De son côté, la Sri Lanka a estimé que l’ONU doit se tourner plus souvent vers les pays contributeurs de troupes et les États qui accueillent des missions au moment de la révision et/ou de la prorogation des mandats des opérations de maintien de la paix.  Mandats qui, forts de leurs suggestions, doivent refléter les besoins réels des pays hôtes, a insisté la Sri Lanka. 

Plusieurs délégations ont fait état des problèmes de financement et arriérés qui affectent les remboursements des pays contributeurs de troupes et de policiers.  Le Népal a affirmé que cette situation mettait à mal le moral, les capacités et finalement les performances des personnels déployés sur le terrain.  Le Kenya a, lui aussi, souligné que l’efficacité des opérations de paix dépend grandement du soutien financier dont elles bénéficient, en notant que leurs budgets ne cessent de diminuer et que les missions continuent à se réduire, non pas du fait de l’amélioration des conditions sécuritaires, mais en raison de l’insuffisance des fonds mis à disposition.  Selon lui, non seulement cela affecte l’efficacité de la mission, mais aussi les vies des civils et des soldats de la paix.

L’Uruguay, à l’instar de nombreuses autres délégations, a estimé que « la hausse du nombre de femmes au sein des contingents déployés est fondamentale pour le succès des missions ».  Les Maldives ont cependant noté que « malgré des efforts, les femmes restent sous-représentées dans les opérations de maintien de la paix ».  Le Pérou a rappelé que « les femmes représentent 20% des forces déployées sur le terrain et que leur nombre doit augmenter ».  Le Paraguay a tenu à rendre hommage aux 3 800 personnes, militaires, policiers et civils qui ont perdu la vie dans le cadre des opérations de maintien de la paix de l’ONU.

ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS

Débat général (suite)

M. ABDALLAH Y. AL‑MOUALLIMI (Arabie saoudite) a commencé par rendre hommage à tous ceux qui ont perdu la vie au nom de la paix et de la sécurité, notamment au Yémen.  Sa délégation appuie l’initiative « Action pour le maintien de la paix » du Secrétaire général de l’ONU, a dit le représentant, qui a également rappelé que son pays est signataire de la Déclaration d’engagements communs.  De plus, Riyad paye ses contributions au titre du maintien de la paix en temps et en heure et prête une assistance technique dans le contexte de certains conflits.  Le représentant a par ailleurs salué le processus politique en cours au Soudan.  Il a également fait état de l’appui saoudien à la Force conjointe du G5 Sahel ainsi qu’au peuple yéménite, compte tenu de la crise que traverse son pays, en assurant que les efforts saoudiens visent à stabiliser la région et à combattre les milices houthistes.  La délégation s’est, en outre, félicitée des efforts de l’ONU au Yémen et a encouragé la communauté internationale à appuyer l’Accord de Stockholm.  Avant de conclure, le représentant a mis en exergue l’importance de la coopération de l’ONU avec les organisations régionales dans le contexte du maintien de la paix et de la diplomatie préventive.  Les opérations de paix doivent renoncer à toute ingérence dans les affaires intérieures des pays, a-t-il ajouté.

« Les attaques contre les Casques bleus se sont multipliées ces dernières années », a déploré M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal). Il a constaté que ceux-ci travaillent dans un environnement de plus en plus hostile et complexe, en raison des défis posés par les organisations terroristes, les liens qu’elles entretiennent et la criminalité organisée, ainsi que l’utilisation de nouvelles armes dont les drones.  Il a aussi regretté les problèmes de financement et d’arriérés de contributions qui affectent les remboursements mettant à mal le moral, les capacités et finalement les performances des troupes sur le terrain.  En tant que pays contributeur de troupes de premier plan, le Népal a pris une place importante dans l’initiative Action pour le maintien de la paix.  Il a rappelé que 140 000 Népalais ont servi lors de 58 missions depuis 1958, qu’il est le cinquième contributeur au niveau mondial et reste engagé à fournir 10 000 membres des forces de sécurité à l’ONU.  Notant que le pays a déjà perdu 76 soldats de la paix au champ d’honneur, il a appelé à développer une force d’appui d’urgence, pour garantir un déploiement rapide de renforts en cas de besoin, et à améliorer l’équipement des Casques bleus, notamment dans des environnements instables comme en Libye.  Selon le délégué, la performance d’ensemble de la Mission comme des contingents devrait être la responsabilité des chefs de mission. Il a noté que le Népal disposait d’un centre de formation pour les Casques bleus de réputation mondiale et que le pays s’engageait à l’utiliser comme pôle d’excellence du maintien de la paix.

Mon gouvernement attache une attention particulière à la réforme de l’architecture du maintien de la paix de l’ONU, a indiqué M. MOHANNAD ADNAN MOUSA SHADDAD (Jordanie).  En 1996, son pays a établi un Centre de formation des soldats de la paix qui a formé 66 000 soldats à ce jour, a précisé le représentant en brossant un tableau des ateliers et cours offerts aux soldats jordaniens et de pays amis.  Ce Centre forme également le personnel de police préalablement au déploiement dans le but de donner aux participants les capacités nécessaires.  La Jordanie espère devenir un centre d’excellence pour la région, a indiqué le représentant, en insistant également sur l’augmentation du nombre de femmes au sein des opérations de paix.  Il a annoncé que la parité avait été atteinte dans l’armée jordanienne.  En conclusion, il a rappelé que la Jordanie s’est engagée à fournir des bataillons d’infanterie aux opérations de paix de l’ONU.

M. ISATOU BADJIE (Gambie) a souligné l’engagement à long terme de son pays en faveur du maintien de la paix mondiale, et la participation de ce dernier à 17 opérations de l’ONU ces 30 dernières années.  Les Gambiens furent parmi les premiers à intervenir au Darfour, et parmi les derniers à partir du Libéria, a-t-il ainsi rappelé.  D’expérience, le représentant a pointé la nécessité d’examiner et d’améliorer les performances des opérations de maintien de la paix.  À cet égard, elle a approuvé la priorité donnée au maintien de la paix dans les réformes du Secrétaire général concernant l’architecture de paix et de sécurité au sein du Secrétariat.

Après avoir noté l’importance du processus politique dans les situations d’après-conflit, M. Badjie a réclamé davantage de fonds pour les opérations de maintien de la paix, afin qu’elles puissent intervenir dans les situations de conflit de manière plus efficace.  Il a aussi souligné que la disponibilité en matériel demeure un défi immense pour les pays en développement contributeurs de troupes de maintien de la paix: ces lacunes en matière de capacités doivent être traitées en promouvant des partenariats stratégiques entre le Comité des pays fournisseurs de contingents et les pays détenteurs de matériel. En termes de renforcement des capacités, l’amendement des directives de maintien de la paix des Forces armées gambiennes reflète son engagement.  Elles mettent l’accent sur la nomination de femmes Casques bleus, le déploiement d’une force d’intervention, d’un entraînement complet des troupes préalablement au déploiement, et la nomination d’officiers hautement qualifiés, y compris des femmes, à des positions de commandement.

M. OMAR CASTAÑEDA SOLARES (Guatemala) a estimé que le dynamisme du maintien de la paix justifie d’adapter continuellement les mandats des opérations pour mieux répondre aux exigences sur le terrain.  Il a appelé à promouvoir une analyse efficace conjointe de toutes les opérations de paix au niveau du système et de ses principaux partenaires, à commencer par les pays contributeurs de contingents et d’équipements.  Le maintien de la paix par l’ONU est le fruit d’une véritable alliance mondiale, a estimé le représentant, et son efficacité dépend de la coopération triangulaire entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents.  Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix est l’enceinte idéale pour avoir des délibérations au sujet des questions relatives au maintien de la paix, a poursuivi le représentant.  Dès lors, il a émis l’espoir que les membres du Comité parviendraient à un consensus pour adopter son rapport lors de sa prochaine session qui sera l’occasion d’intégrer la structure d’action pour la paix dans ce document.  Le Guatemala, a poursuivi le délégué, est très attaché à la participation des femmes, sur un même pied d’égalité, à tous les aspects du maintien et de la pérennisation de la paix.  Il a ensuite dénoncé l’exploitation et les atteintes sexuelles commises dans le contexte des opérations de paix et a appelé à une approche commune pour y contrevenir.  M. Castañeda Solares a enfin mis l’accent sur l’impératif de garantir la sécurité de tous les soldats de la paix.  En conclusion, il a assuré que son pays s’engage à sélectionner le personnel le plus qualifié pour servir sous la bannière de l’ONU.

M. JULIO CÉSAR ARRIOLA RAMÍREZ (Paraguay) a évoqué le développement d’un centre de formation au maintien de la paix au sein de l’armée de son pays.  Il a rappelé que le Paraguay participe actuellement à cinq missions de maintien de la paix sous conduite de l’ONU, avant d’insister sur le fait que l’ONU et les pays contributeurs de troupes doivent atténuer les risques de plus en plus importants qui pèsent sur les Casques bleus.  À cette fin, priorité doit être donnée à l’évaluation des situations, à la formation et à l’équipement des soldats de la paix, a plaidé le représentant.  « Nous soutenons la politique de tolérance zéro mise en place par le Secrétariat de l’ONU contre les violences sexuelles », a-t-il ajouté.  En conclusion, le représentant a tenu à rendre hommage aux 3 800 personnes, militaires, policiers et civils qui ont perdu la vie dans le cadre des opérations de maintien de la paix de l’ONU.

Pour M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud), le maintien de la paix fait partie des outils les plus efficaces de l’ONU mais son efficacité dépend de la capacité de tenir compte des conditions spécifiques à chaque mission, comme par exemple la menace que fait peser Ebola sur la MONUSCO.  La délégation a appelé à des évaluations régulières pour que les mandats soient couronnés de succès, de même que les retraits des missions clôturées.  Elle a appelé à une amélioration du financement de la formation dans les pays fournisseurs de contingents.  En outre, les critères pour mesurer les performances ne devraient pas être utilisés pour cibler négativement certains contributeurs, a suggéré le délégué. Celui-ci a également souligné le rôle significatif joué par les organisations régionales dans le maintien de la paix et encouragé l’ONU à renforcer sa coopération avec elles, en particulier l’Union africaine.  À cet égard, le représentant a réitéré l’appel de sa délégation pour que le Conseil de sécurité consente au financement des opérations de paix sous conduite de l’Union africaine.  Les centres régionaux et nationaux devraient également être financés de façon adéquate pour pouvoir réagir rapidement à toute crise africaine.  L’Afrique du Sud a plaidé en faveur de l’amélioration du soutien logistique et médical au personnel de la paix en vue de renforcer sa sûreté.  Elle s’est dite fière de faire partie des pays qui ont le plus de femmes déployées, avant de préciser qu’elle avait introduit un test ADN pour l’ensemble de ses troupes afin de lutter contre les atteintes sexuelles, a indiqué le représentant.  Le représentant a exhorté, en conclusion, tous les États Membres à travailler de concert pour parvenir à un consensus sur le prochain rapport du Comité spécial des opérations de maintien de la paix.

M. LUIS HOMERO BERMÚDEZ ÁLVAREZ (Uruguay) a rappelé que 50 000 de ses compatriotes avaient participé à 20 opérations de maintien de la paix jusqu’à présent, faisant de son pays le « principal contributeur des Amériques ».  Il a souligné que l’Uruguay s’est proposé comme « pays champion » dans le cadre de l’initiative Action pour le maintien de la paix, et ce, dans trois domaines: la protection des civils, l’association et la sécurité des personnels de paix.  Il a défendu le rôle central du Comité spécial des opérations de maintien de la paix pour traiter des questions relatives à ce sujet.  « L’augmentation du nombre de femmes au sein des contingents déployés est fondamentale pour le succès des missions », a-t-il ajouté.

Les défis émergents dans le monde exigent que les opérations de paix de l’ONU soient en mesure de réagir et répondre plus rapidement et de manière efficace, a estimé M. NGUYEN NAM DUONG (Viet Nam).  Il a souligné les problèmes actuels liés aux opérations de maintien de la paix dont la performance, l’établissement des responsabilités, la cohérence des mandats et les ressources, avant de marteler que l’objectif de ces opérations devrait être une paix pérenne.  Dès lors, la délégation a défendu l’idée que des solutions politiques durables devraient figurer au cœur du maintien de la paix de l’ONU, et encouragé la diplomatie pour la paix.  Elle a estimé que tout effort déployé par les opérations de paix doit obtenir le consentement préalable du gouvernement impliqué.  Ces opérations doivent également respecter les principes de non-ingérence et de non-utilisation de la force, a-t-il dit.  Le représentant a estimé qu’il est important d’ancrer la coopération entre l’ONU et les organisations régionales dans les avantages comparatifs.  En outre, il a insisté pour que les mandats des missions de paix soient élaborés en concertation avec les pays fournisseurs de contingents et les pays hôtes.  À l’heure actuelle, les femmes représentent plus de 15% des contingents de maintien de la paix du Viet Nam, a précisé le délégué, en conclusion.

Mme FATIMATH NAJWA (Maldives) a déclaré que le succès du maintien de la paix était affaire de volonté politique, car la paix durable ne peut être accomplie uniquement par des voies militaires.  Les solutions politiques devraient guider la conception et le déploiement des opérations de maintien de la paix, a-t-il dit, ajoutant que l’accent doit encore être mis sur l’intensification de la présence des femmes dans les contingents et sur le financement adéquat de l’effort de paix des Nations Unies par les pays.  « Si nous voulons compter sur le maintien de la paix en vue d’assurer la paix et la sécurité dans un monde dont les défis n’ont de cesse d’évoluer, les États Membres devront respecter leur engagement », a-t-il conclu.

M. HUMBERTO VELÁSQUEZ (Pérou) a salué les plus de 150 adhésions à la déclaration de principe partagée de l’initiative Action pour le maintien de la paix.  Il a appelé à mieux adapter les missions aux contextes locaux, souhaitant aussi la mise à disposition de moyens « modernes », notamment la création de forces d’appui rapide et de services dédiés au renseignement.  « Les femmes représentent 20% des forces déployées par son pays sur le terrain et leur nombre doit augmenter », a-t-il aussi affirmé.

M. HUMBERTO RIVERO ROSARIO (Cuba) a constaté la tendance à élargir et à rendre plus complexes les opérations de maintien de la paix ces dernières années, une tendance qui ne saurait toutefois se substituer aux efforts pour régler les causes des conflits, car on ne saurait pouvoir imposer la paix, a martelé le représentant, pour lequel ces opérations ne peuvent être une fin en soi.  Il a souligné le rôle primordial de l’Assemblée générale, par le truchement du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, seule enceinte de l’ONU qui a pour mandat d’analyser les opérations de paix sous tous leurs aspects, de fixer les directives et politiques dans ce domaine.  Dès lors, Cuba a regretté que le Comité n’ait pas été en mesure, cette année, d’adopter son rapport par consensus en affirmant qu’une seule délégation est responsable de cet échec.  La responsabilité de la protection des civils dans les conflits incombe en premier lieu aux États, a poursuivi le représentant, en rejetant les tentatives actuelles d’ingérence dans les affaires internes des pays dans ce contexte.  Tout en reconnaissant que l’utilisation des nouvelles technologies dans les opérations de paix peut être bénéfique, le représentant a émis des réserves quant à l’utilisation de drones.  Cela doit se faire au cas par cas et dans le respect de la souveraineté des États, a-t-il estimé, ajoutant que pour sa délégation, il est impératif de définir clairement les conditions acceptables pour l’utilisation de ces nouvelles technologies dans le contexte des opérations de maintien de la paix de l’ONU.

M. EDWARD RUGENDO NYAGA (Kenya) a souligné que l’efficacité des opérations de paix dépend grandement du soutien financier dont elles bénéficient.  Malheureusement, a-t-il noté, le budget des opérations de paix ne cesse de baisser, ce qui induit également une réduction du soutien apporté aux soldats de la paix.  Ainsi, les missions continuent de se réduire, non pas du fait de l’amélioration des conditions sécuritaires, mais en raison de l’insuffisance des fonds mis à disposition.  Selon lui, non seulement cela affecte l’efficacité de la mission, mais aussi les vies des civils et des soldats de la paix.  Il a donc appelé à davantage de consultations de la part de toutes les parties prenantes avant de prendre des décisions.  De même, le délégué a plaidé pour que l’ONU finance les opérations de paix africaines par le biais des contributions de base.

Le Kenya s’est ensuite dit disponible à œuvrer de concert avec l’ONU et d’autres parties prenantes afin de mieux former les Casques bleus face au danger croissant posé par les engins explosifs improvisés.  Quant à au terrorisme, M. Nyaga a exhorté le Conseil de sécurité à placer les Chabab dans la liste des sanctions applicables en Somalie, afin d’exercer plus de pression sur ce groupe, a-t-il argué.  Le délégué a également invité la communauté internationale à investir davantage afin d’assurer que les institutions de sécurité somaliennes ont les capacités de prendre en main la sécurité dans le pays.

Mme KSHENUKA SENEWIRATNE (Sri Lanka) a estimé que l’ONU doit se tourner plus souvent vers les pays contributeurs de troupes et les États qui accueillent des missions lors du développement et du renouvellement des mandats des opérations de maintien de la paix.  Le mandat des missions, fort des suggestions de ces contributeurs, doit refléter les besoins réels des pays hôtes, a-t-elle insisté, appelant en outre l’ensemble des acteurs du maintien de la paix à examiner de manière approfondie les causes de l’instabilité et des conflits.  Ce n’est que comme cela que les opérations de maintien de la paix réussiront à relever les défis de la protection des civils et des non-combattants et à appuyer de manière efficace les efforts diplomatiques initiés par la communauté internationale, a encore considéré la déléguée.

Mme ALIAA ALI (République arabe syrienne) a souligné l’importance du respect des principes de respect de la souveraineté des États et de la non-ingérence dans leurs affaires internes.  « La Syrie a toujours soutenu tous les efforts fournis pour contribuer aux opérations de paix », a-t-elle affirmé.  Elle a ensuite insisté sur le rôle central du Comité spécial des opérations de maintien de la paix.  « La responsabilité première de la protection des civils revient au pays hôte », a-t-elle affirmé, en mettant en garde contre « toute tentative d’utiliser ce concept de protection des civils pour s’ingérer dans les affaires internes des pays ».  La représentante a enfin appelé à respecter le mandat et la structure interne de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD), déployée dans le Golan syrien.

M. IBRAHIM MODIBBO UMAR (Nigéria), qui est aussi le Président du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, a fait part de ses préoccupations face à l’incapacité du Comité à adopter son rapport lors de la dernière session.  Il s’agit d’un outil indispensable pour le maintien de la paix et d’un véritable guide pour le Secrétariat, a estimé le représentant en saluant le nouveau format que ce dernier prendra à partir de la prochaine session.  Le Nigéria souscrit à l’initiative Action pour le maintien de la paix en vue de rendre les opérations de paix plus efficaces.  Il a également salué les efforts « énormes » consentis par le Secrétariat et les États Membres pour rationaliser le maintien de la paix de l’ONU, au titre desquels le représentant a notamment cité le rapport Brahimi.  S’agissant d’un effort collectif, le maintien de la paix exige la coopération entre les Nations Unies et ses partenaires, en particulier les pays fournisseurs de contingents et les organisations régionales.  Le représentant a également appelé à définir des mandats clairs assortis de moyens humains, financiers et opérationnels adéquats, tout en appelant à parvenir à des solutions politiques aux conflits.  Saluant le renforcement de la coopération ONU-UA dans le domaine du maintien de la paix, il a appelé à garantir un financement prévisible et souple pour les missions de l’Union africaine autorisées par le Conseil de sécurité.

M. TAREK LADEB (Tunisie) a réitéré la nécessité de respecter les principes et objectifs de la Charte des Nations Unies dans le contexte du maintien de la paix.  Il a souligné la nécessité d’élaborer des mandats clairs avec des objectifs précis et de renforcer la coopération triangulaire entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents.  La Tunisie a aussi appelé à renforcer la sécurité des personnels de paix dans leurs zones de déploiement et à augmenter la participation des femmes aux opérations de maintien de la paix.  La Tunisie a participé cette année, pour la première fois, avec un avion C130 et 75 membres d’équipage et militaires à la MINUSMA, a annoncé le représentant, rappelant qu’elle participe en tout à six missions.  La délégation tunisienne a, en outre, encouragé le partenariat ONU-UA dans le cadre du maintien de la paix et rendu hommage au professionnalisme et au courage des soldats de la paix des Nations Unies.

M. SAMRITHPISETH SDAN (Cambodge) a réitéré l’engagement de son pays en faveur du maintien de la paix et de la sécurité internationales, qui est aussi une responsabilité partagée de tous les États Membres.  Il a ajouté que l’intégration de la protection des civils dans les mandats des opérations de maintien de la paix doit retenir l’attention des États Membres.  Pour atténuer les risques posés aux Casques bleus et assurer l’efficacité des opérations, les soldats de la paix doivent disposer des ressources nécessaires et avoir accès aux technologies modernes et à l’information.  Aucun pays ne devrait adopter une position intenable à cet égard, a estimé M. Sdan.  Le coût humain et économique des conflits est beaucoup trop élevé, a déploré le représentant, pour qui le mandat des opérations de maintien de la paix doit être clair, crédible, réalisable et suffisamment financé.  Conformément à l’initiative Action pour le maintien de la paix du Secrétaire général, la perspective de genre devrait être intégrée à toutes les étapes de l’analyse, de la planification, de la mise en œuvre et des rapports sur les opérations de maintien de la paix.  Le Cambodge a contribué à 17,2% des experts militaires de l’ONU, a annoncé M. Sdan, en conclusion.

M. REDAE GIRMAY ABRAHA (Éthiopie) a dit que ces dernières années, le rôle, les objectifs et les fonctions du maintien des opérations de la paix des Nations Unies ont considérablement changé et que cela a un impact considérable sur la formation et l’appui nécessaires des Casques bleus.  Comme la nature du maintien de la paix et les conflits modernes ont évolué, nous devons investir dans la formation et le renforcement de capacités avec l’objectif d’améliorer la sûreté, l’efficacité, la performance et le professionnalisme des soldats de la paix, a ajouté le représentant.  L’Éthiopie, a-t-il indiqué, attache la plus grande importance à la paix et à la sécurité internationales, en général, et à la paix et à la stabilité du continent africain, en particulier.  À cet égard, l’Éthiopie a estimé que la révision des opérations de maintien de la paix de l’ONU devrait parvenir à un équilibre entre les mandats et les capacités requises, les sources de financement ainsi que les partenariats avec les mécanismes régionaux et sous-régionaux, a fait savoir le délégué, pour qui la priorité reste le partenariat Union africaine-ONU en vue d’assurer un financement prévisible et durable des opérations africaines de maintien de la paix.  Pour M. Abraha, des mandats qui correspondent aux capacités, notamment par le biais de formations et d’une participation significative des femmes aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, sont un élément important pour leur efficacité.  Avant de passer la parole, il a tenu à saluer les efforts pour réviser les méthodes de travail et les principes directeurs du Comité spécial des opérations de maintien de la paix visant à résoudre les problèmes liés au manque de consensus.

Pour M. ALI AL-MASOODI (Iraq), les opérations de maintien de la paix ont un potentiel énorme, et leur rôle ne s’arrête pas au maintien de la paix mais s’étend à la facilitation des processus politiques, la démobilisation, le soutien électoral et l’assistance au retour à l’état de droit.  Il a mis en exergue l’impact potentiel des changements climatiques sur la paix et la sécurité internationales, notamment lors de migrations forcées en cas de catastrophes naturelles.  Le représentant a également assuré que son pays paye ses contributions au titre du maintien de la paix, fort de son attachement à ce pilier de l’action onusienne.  Il a salué les nouvelles propositions pour la refonte de l’architecture du maintien de la paix de l’ONU. 

Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a réitéré le soutien de son pays à la Déclaration d’engagements communs pour le maintien de la paix et aux réformes du Secrétaire général.  Il a en outre souhaité un contrôle plus strict de la discipline dans les opérations de maintien de la paix pour prévenir les atteintes sexuelles, tout en notant les bons chiffres relatifs à la réduction des affaires d’atteintes sexuelles commises par les troupes de maintien de la paix.  Le Liban a jugé que les opérations de maintien de la paix, coûteuses, impliquaient des sacrifices, et que, par conséquent, des solutions politiques leur étaient préférables.  L’armée libanaise travaille régulièrement avec la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), a indiqué le délégué, qui a souligné l’engagement de son pays en faveur de la résolution 1701 (2006) et du mandat de la FINUL, qui joue un rôle nécessaire pour parvenir à une solution pacifique et tripartite.  La Force joue aussi un rôle pour soutenir l’environnement local, en apportant un soutien aux pompiers pour éviter les incendies, par exemple.  Mme Mudallali a enfin appelé la communauté internationale à faire pression sur Israël pour que cesse l’occupation du territoire libanais.

Mme ELSA HAILE (Érythrée) a déclaré que dans un contexte global de plus en plus complexe, où la nature des conflits armés évolue rapidement, l’Érythrée réitère son appel à des initiatives de maintien de la paix axées sur la prévention et le traitement des racines des conflits.  L’Érythrée soutient les réformes du Secrétaire général concernant l’architecture de paix et de sécurité au sein du Secrétariat, en privilégiant la prévention à travers la négociation, le dialogue et la médiation, tout en renforçant l’efficacité et la cohérence des opérations de maintien de la paix, afin de rendre le pilier de la paix et la sécurité plus pertinent.  Affirmant que le maintien de la paix ne pouvait se substituer à une solution politique, il a réclamé plus d’efforts dans la recherche de solutions aux conflits plutôt que dans la gestion des conflits.

Considérant la tendance croissante qui fait échoir aux organisations régionales davantage de responsabilités dans le maintien de la paix, conformément aux Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, Mme Haile a jugé important de rappeler que la prudence reste de mise, notamment en Afrique, quand les troupes des opérations de maintien de la paix sont originaires de pays voisins, car dans de nombreux cas, « leurs intentions sont guidées par l’intérêt national » pour interférer dans les affaires du pays hôte, selon elle.

M. ABDULLAH IBRAHIM ABDELHAMID ALSAYED ATTELB (Égypte) a rappelé que des consultations importantes sont en cours pour concrétiser l’initiative Action pour le maintien de la paix du Secrétaire général.  Il a regretté que le Comité spécial des opérations de maintien de la paix n’ait pas été en mesure de parvenir à un consensus sur son rapport lors de sa dernière session, et insisté sur le fait que ce Comité reste la principale enceinte pour aborder toutes les questions relatives au maintien de la paix.  L’Égypte a constaté lors des consultations en cours que celles-ci ont tendance à porter sur les aspects opérationnels des missions de maintien de la paix, au détriment des aspects politiques qui sont « pourtant essentiels ».  Certains États Membres ne s’acquittent pas de leurs responsabilités, a poursuivi le délégué, ce qui a une incidence sur les ressources qui sont nécessaires au bon fonctionnement des opérations de paix.  Pourtant l’initiative Action pour le maintien de la paix souligne l’importance du soutien à un cadre politique, a-t-il fait remarquer avant d’encourager les discussions entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents pour aborder l’ensemble de ces questions.  Le succès de ces missions dépend de la volonté politique de tous les acteurs, a-t-il affirmé.  Pour sa part, l’Égypte fait partie des pays chefs de file qui soutiennent la réforme du maintien de la paix de l’ONU, a confié le représentant. Il a mentionné la conférence régionale qui a permis l’adoption de la feuille de route du Caire relative au maintien de la paix.  Cette feuille de route est un cadre qui permet la mise en œuvre de l’Action pour le maintien de la paix à l’échelle africaine, a expliqué le représentant, en appelant à un soutien collectif aux opérations de maintien de la paix.

Mme VICTORIA KUVSHYNNYKOVA (Ukraine) a estimé que l’initiative du Secrétaire général visant à renforcer les liens entre toutes les parties prenantes du maintien de la paix est exactement ce dont l’Organisation a besoin afin que le potentiel des opérations soit pleinement exploité.  Elle a précisé que la constitution des forces est une priorité stratégique, comme le développement des capacités de renseignement et la réduction de l’empreinte carbone des opérations de maintien de la paix.  La représentante a, en outre, souligné l’importance que le Conseil de sécurité se saisisse des initiatives et options envisagées par le Secrétaire général au moment de redéfinir la présence onusienne dans les pays et régions affectés par des conflits.

M. IDO BROMBERG (Israël) a fait valoir que ces dernières années ont vu l’influence croissante des acteurs non étatiques au Moyen-Orient, souvent financés par des États.  Donc, si on examine la question uniquement dans le contexte d’une « guerre asymétrique », on risque de passer à côté du fait que ces acteurs détiennent souvent un armement sophistiqué qui était autrefois l’apanage des seuls États, a-t-il argué.  Il est donc vital que les missions de maintien de la paix appliquent pleinement leur mandat, a insisté le représentant.  Israël entend respecter l’accord de désengagement de 1974 concernant le plateau du Golan, mais défendra ses frontières contre n’importe quel acteur violent qui tenterait d’exploiter cette zone avec de mauvaises intentions comme par exemple le Hezbollah.  À cet égard, la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD) joue un rôle stabilisateur. 

De même, Israël a salué le rôle de la FINUL au Sud-Liban et reste déterminé à appliquer la résolution 1701.  Cependant, la FINUL doit aussi respecter pleinement son mandat pour empêcher toute escalade qui saperait la souveraineté du Liban: à cette fin, Israël a appelé la FINUL à prendre les mesures nécessaires pour s’assurer que sa zone de déploiement n’est pas utilisée par le Hezbollah, a-t-il insisté, en appelant la communauté internationale à ne pas se laisser duper par le calme apparent de la zone.  Le Hezbollah continue d’y accumuler un arsenal sans précédent de 150 000 roquettes et missiles dans des zones densément peuplées, a-t-il accusé.  L’an dernier, Israël a bloqué une tentative du Hezbollah d’utiliser des tunnels pour conduire des attaques terroristes à travers la Ligne bleue: il est indispensable que les rapports de la FINUL reflètent cette réalité-là ainsi que les zones auxquelles elle n’a qu’un accès restreint ou pas d’accès du tout, a-t-il réclamé en conclusion.

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