SC/13353

Déclaration à la presse faite par le Conseil de sécurité sur la Force conjointe du Groupe de cinq pays du Sahel

On trouvera ci-après le texte de la déclaration à la presse faite, aujourd’hui, par le Président du Conseil de sécurité pour le mois de mai, Mme Joanna Wronecka (Pologne):

Les membres du Conseil de sécurité ont entendu, le 23 mai 2018, des exposés sur les activités de la Force conjointe du Groupe de cinq pays du Sahel (G5 Sahel) présentés par la Sous-Secrétaire générale aux opérations de maintien de la paix, Bintou Keita, le Secrétaire permanent du G5 Sahel, Maman Sidikou, l’Observatrice permanente de l’Union africaine auprès de l’ONU, Fatima Kyari Mohammed, et le Chef de la délégation de l’Union européenne auprès de l’Organisation, João Vale de Almeida.

Les membres du Conseil se sont félicités de l’ampleur et de la rapidité des progrès accomplis dans l’application de la résolution 2391 (2017), notamment grâce à la conférence internationale de haut niveau sur le Sahel du 23 février 2018, à laquelle ont participé le G5 Sahel, l’ONU, l’Union africaine et l’Union européenne, et qui a donné lieu à des annonces de contributions d’un montant total de 414 millions d’euros à l’appui de la Force conjointe; grâce à la signature, le 23 février 2018, d’un accord technique entre l’ONU, l’Union européenne et le G5 Sahel prévoyant la prestation d’un appui opérationnel et logistique spécial à la Force conjointe par l’intermédiaire de la MINUSMA dans les conditions fixées par la résolution 2391 (2017); grâce à l’approbation par le G5 Sahel, via l’accord technique, d’un cadre réglementaire solide (le « cadre réglementaire ») visant à prévenir toute violation du droit des droits de l’homme et du droit international humanitaire en rapport avec la Force conjointe, à enquêter, à prendre des dispositions ou à rendre compte à ce sujet.  Les membres du Conseil se sont félicités de l’engagement personnel du Secrétaire général à l’appui de la mise en place de la Force conjointe.  Ils ont félicité l’ONU, l’Union africaine et l’Union européenne de leur rôle positif sur cette question.

Les membres du Conseil se sont félicités de la détermination inébranlable des États du G5 Sahel à unir leurs efforts pour lutter contre les conséquences du terrorisme et de la criminalité transnationale organisée dans la région.  Ils ont salué la constance avec laquelle les États du G5 Sahel avaient œuvré à la mise en fonctionnement pleine et entière de la Force conjointe, notamment en progressant dans le déploiement de contingents, en menant une deuxième opération, en mettant en service le poste de commandement central et les états-majors de secteur, et en adoptant le cadre administratif et opérationnel de la Force conjointe.  Ils ont pris note avec satisfaction des progrès accomplis en ce qui concerne l’institutionnalisation du Secrétariat permanent du G5 Sahel, qui s’est notamment traduite par l’établissement d’un bureau de la sécurité et de la défense et la création d’un fonds d’affectation spéciale.

Les membres du Conseil ont engagé les États du G5 Sahel à continuer de prendre les mesures nécessaires pour que la Force conjointe atteigne sa pleine capacité opérationnelle aussitôt que possible, moyennant notamment le versement rapide de toutes les contributions nationales, le déploiement de tous les contingents, le règlement des problèmes qui subsistent en matière de commandement et de contrôle, et la mise en application du cadre réglementaire.  Ils ont exprimé leur soutien à l’action menée par les États du G5 Sahel pour déployer la composante police de la Force conjointe dès que possible, de manière à assurer la coordination nécessaire entre la Force conjointe et les systèmes de justice pénale des États du G5 Sahel.  Ils ont demandé à la présidence tournante du G5 Sahel de convoquer régulièrement des réunions du Groupe de soutien mentionné dans la résolution 2391 (2017) pour continuer d’assurer l’intégration pleine et effective de la Force conjointe dans le cadre régional et international dans lequel elle opère, ainsi que la coordination efficace de l’appui international apporté à la Force conjointe.

Les membres du Conseil ont félicité tous les donateurs qui s’étaient mobilisés en faveur de la Force conjointe.  Ils ont souligné qu’il fallait absolument concrétiser l’aide en versant rapidement les contributions annoncées afin de rendre la Force conjointe pleinement et effectivement opérationnelle sans délai.  Ils ont félicité le centre de coordination de l’Union européenne de l’excellent travail fait pour déterminer les besoins de la Force conjointe et pour coordonner les contributions bilatérales en sa faveur, et ils ont engagé l’Union européenne à continuer de collaborer étroitement avec le Secrétariat permanent du G5 Sahel.  Ils ont accueilli avec satisfaction la signature le 23 mars 2018 d’un mémorandum d’accord entre le G5 Sahel et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine qui vise à doter la Force conjointe du matériel nécessaire pour la rendre opérationnelle et à lui apporter un appui technique et financier, notamment en créant une cellule de coordination stratégique chargée de fournir une assistance technique au fonds d’affectation spéciale pour le G5 Sahel et en ce qui concerne la mobilisation des ressources. Ils ont incité les partenaires et les donateurs à appuyer davantage le Secrétariat permanent du G5 Sahel.

Les membres du Conseil ont pris bonne note du fait que le soutien apporté à la Force conjointe se matérialiserait dans le cadre de l’accord technique après le versement d’une contribution de l’Union européenne d’un montant de 10 millions d’euros.  Ils ont demandé aux donateurs de verser leurs contributions sans délai afin que l’accord technique puisse être appliqué pleinement.

Les membres du Conseil ont rappelé que, en ce qui concernait les menaces auxquelles le G5 Sahel faisait face, une intervention militaire ne pouvait être efficace que si elle s’accompagnait de l’application pleine, effective et sans exclusive de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, si elle était associée à la mise en œuvre rapide et effective de stratégies régionales sans exclusive englobant la sécurité, la gouvernance, le développement, les droits de l’homme et les questions humanitaires et si elle était menée dans le plein respect du droit international, en prenant des initiatives pour réduire au minimum le risque pesant sur les civils dans toutes les zones d’opérations.

Les membres du Conseil ont rappelé que, comme le prévoyait le cadre réglementaire, il fallait enquêter sur les allégations de violations des droits de l’homme et d’atteintes à ces droits et sur les allégations de violations du droit international humanitaire en rapport avec la Force conjointe et y donner suite.  Ils ont souligné que le respect du cadre réglementaire était essentiel pour gagner la nécessaire confiance des populations et partant, pour l’efficacité et la légitimité de la Force conjointe.

Les membres du Conseil se sont dits très préoccupés par le fait que les conditions de sécurité continuaient de se détériorer dans la région du Sahel.  Ils ont exprimé leur intention de continuer à suivre de près la situation et la question du soutien à la Force conjointe, ainsi que ce qui était fait pour rendre celle-ci opérationnelle.

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