Forum sur le financement du développement,
1ere 2e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6904

Forum sur le financement du développement: lancement d’un fonds commun pour éviter la « concurrence stérile » des agences de l’ONU

« C’est l’argent qui gouverne le monde. »  Cet adage a été rappelé aujourd’hui par le Président de l’Assemblée générale alors que le Conseil économique et social (ECOSOC) entamait son Forum annuel sur le financement du développement, sachant qu’il faut 7 000 milliards de dollars par an pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Afin d’éviter « la concurrence stérile » des agences de l’ONU, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU a lancé le « Fonds commun ». 

Ce Forum qui s’étale sur quatre jours prévoit aussi une réunion spéciale de haut niveau avec les institutions de Bretton Woods, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED). 

Nous savons déjà que certains objectifs de développement durable risquent de rester lettre morte, a prévenu le Président de l’Assemblée générale, M. Miroslav Lajčák.  Il faut encourager tous les moyens d’appuyer le développement: le commerce, la science, la technologie et l’innovation.  Mais le financement reste la question centrale et nous ne pouvons y échapper, a souligné le Président, appelant à une approche stratégique et ciblée, celle du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement. 

M. Lajčák a annoncé la convocation, le 11 juin prochain, d’une manifestation de haut niveau sur la question car, « l’argent est là ».  Il faut tout simplement le connecter aux priorités car trop d’obstacles bloquent les connexions et les flux.  « Nous devons dégager les goulets d’étranglement », a-t-il insisté.  Ces propos ont été confirmés par le Directeur général de l’Agence française de développement et Président de l’Association des agences internationales de développement.  M. Rémy Rioux a avoué que les 20 agences membres de son association ont près de 800 milliards de dollars en main.

Le nouveau « Fonds commun pour le Programme 2030 », espère le Secrétaire général dans ses propositions de réforme, sera capitalisé à hauteur de 290 millions de dollars par an.  Les promesses de contributions faites aujourd’hui dépassent les 71 millions de dollars, dont 47 millions pour 2018.

La Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina J. Mohammed, a identifié cinq domaines qui méritent l’attention de la communauté internationale: la mobilisation des ressources nationales; la coopération au développement; un environnement mondial favorable à l’investissement à long terme; l’aide aux pays ayant des besoins urgents, tels que ceux qui sont touchés par des crises ou des catastrophes; et enfin les partenariats avec le secteur privé.

La plupart de ces propositions sont reprises dans le « rapport du Groupe de réflexion interinstitutions sur le financement du développement » que le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Liu Zhemin, a présenté.  Le rapport note que la reprise cyclique de l’économie est l’occasion d’élaborer des politiques contre les problèmes tenaces et d’accélérer la réalisation des objectifs de développement durable. 

Pour aller de l’avant, le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a annoncé la tenue, en septembre prochain à New York, d’une réunion de haut niveau sur le financement de ces objectifs.  Un financement qui doit être inclusif et ne laisser personne de côté, a martelé la Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), Mme Marie Chatardovà, qui a livré cinq messages. 

« Ce qui importe, c’est un système mondial équitable », car, a expliqué le Haut-Représentant du Fonds pour la paix de l’Union africaine, « si vous êtes sur le Titanic, peu importe que vous soyez en première classe ou en troisième classe, vous ne vous en sortirez pas seul ».   M. Donald Kaberuka a en effet expliqué que contrairement aux objectifs du Millénaire pour le développement qui plaçaient l’aide publique au développement (APD) au centre de tout, le Programme 2030 met en avant la mobilisation des ressources nationales.  Si l’Afrique renforçait cette mobilisation de seulement 13%, elle n’aurait aucun problème à réaliser le Programme 2030, a-t-il affirmé, alors qu’aujourd’hui, il manque à son continent quelque 2 500 milliards de dollars par an.

Le Haut-Représentant a donc réclamé des améliorations dans le fonctionnement des institutions financières internationales et le commerce mondial, sans oublier de fustiger les relents du protectionnisme.  Il a tout de même plaidé pour l’augmentation de l’APD mais une « APD intelligente », celle qui va d’abord aux pays fragiles comme la Syrie, le Yémen ou la République centrafricaine.  Traiter de la fragilité, ce n’est pas seulement un problème d’argent, c’est mettre en place des institutions permettant aux gens de prendre en main leur destin et d’entreprendre.  L’« APD intelligente », a-t-il poursuivi, c’est celle qui mobilise les marchés et qui réduit les risques par la création des richesses.   

L’ECOSOC, qui a adopté son ordre du jour* provisoire, reprendra son Forum demain mardi 24 avril à partir de 10 heures.

*E/FFDF/2018/1

FORUM SUR LE SUIVI DU FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT

Déclarations

Mme MARIE CHATARDOVÀ, Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a lancé quelques messages et d’abord celui de la volonté de mettre en œuvre le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement est « plus forte que jamais ».  L’embellie récente de l’économie mondiale est encourageante, mais les vulnérabilités économiques persistantes, l’escalade des tensions géopolitiques et les catastrophes naturelles peuvent faire dérailler rapidement les progrès en matière de développement, a mis en garde la Présidente.  Le développement, a-t-elle rappelé, est la meilleure manière de prévenir les crises, car la réalisation des objectifs de développement durable contribue à atténuer l’impact des crises financières, des catastrophes naturelles et des changements climatiques, tout en minimisant les risques d’instabilité et de conflit.

La Présidente a lancé son deuxième message à la communauté internationale qui doit tenir ses promesses et agir sur le terrain.  Il faut, par exemple, mettre en place des stratégies nationales intégrées de développement durable qui offrent une vision à long terme du financement des objectifs de développement durable.  Les politiques, plans et cadres de régulation mis en place aujourd’hui auront des implications même après 2030.

Troisième, a poursuivi la Présidente, il faut encourager les investissements à long terme et à large échelle dans les objectifs de développement durable.  Elle a dit avoir été impressionnée par la « Foire aux investissements dans ces objectifs » dont le niveau d’engagement des gouvernements, des investisseurs privés et des institutions financières et de développement à explorer des solutions innovantes.

La Présidente a aussi invité la communauté internationale à renouveler son engagement en faveur du multilatéralisme et donc du Programme d’action d’Addis-Abeba.  Elle a rappelé que la coopération au développement demeure un élément central du financement du développement.  Les pays développés doivent tenir leur promesse en matière d’aide publique au développement (APD) et de lutte contre les changements climatiques.  Les banques multilatérales de développement, les institutions financières et les acteurs de la coopération Sud-Sud devraient tous renforcer leurs contributions à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Le cinquième message est que les investissements en faveur des objectifs de développement durable doivent être inclusifs et ne laisser personne sur le côté.  Il faut combler le fossé du financement et des capacités dans les pays les plus vulnérables.  La Présidente a rappelé que cette édition du Forum a été précédée d’un processus de préparation solide dont la Conférence de haut niveau, au Qatar, qui a permis d’adopter les « Dix messages de Doha » pour renforcer la cohérence et la coopération dans la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba.  Le document final de ce forum doit contenir un ensemble de recommandations et d’engagements concrets pour permettre des progrès dignes de ce nom, a conclu la Présidente.

« C’est l’argent qui gouverne le monde.  Si cet adage n’a jamais été vrai, il l’est maintenant », a déclaré M. MIROSLAV LAJČÁK, Président de l’Assemblée générale.  Il a d’abord donner les bonnes nouvelles que sont les progrès depuis l’adoption, il y a trois ans, du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  Le taux de pauvreté est à la baisse, l’accès à l’éducation primaire et à l’électricité s’élargit et la proportion des personnes malnutries continue à baisser.  Mais avant de nous autocongratuler, a mis en garde le Président, passons aux mauvaises nouvelles.  Nombreux sont ceux qui sont toujours laissés de côté: 42% des populations d’Afrique subsaharienne vivent dans l’extrême pauvreté, 2 milliards de personnes ont un accès très limité à l’eau et l’impact des changements climatiques est toujours aussi dévastateur dans les pays les plus vulnérables. 

Nous savons déjà que certains objectifs de développement durable risquent de rester lettre morte et que les fonds promis pour la lutte contre les changements climatiques sont insuffisants.  L’action, c’est maintenant ou jamais, a prévenu le Président, en appelant à une action ambitieuse, y compris sur le front du financement.  Il faut donc encourager tous les moyens d’appuyer le développement: le commerce, la science, la technologie et l’innovation.  Mais le financement reste la question centrale, nous ne pouvons y échapper.  Le « prix » du Programme 2030 est estimé à 7 000 milliards de dollars par an, a rappelé le Président et il manque aux pays en développement 2 500 milliards par an.  Le Président a donc appelé à une approche stratégique et ciblée, celle du Programme d’action d’Addis-Abeba, et soulignant dans ce cadre la pertinence du Forum, il a jugé que la « Foire aux investissements dans les objectifs de développement durable » qui a eu lieu hier est un bon exemple d’action positive.  Pour poursuivre sur cette lancée, le Président a annoncé la convocation, le 11 juin prochain, d’une manifestation de haut niveau sur le financement du développement car « l’argent est là.  Il faut tout simplement le connecter aux priorités car trop d’obstacles bloquent les connexions et les flux ».  « Nous devons dégager les goulets d’étranglement », a conclu le Président. 

Intervenant par visioconférence, le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a indiqué qu’il n’est pas possible de surmonter les obstacles à la mobilisation des ressources de manière isolée.  Il a invité les pays développés à tenir leur engagement en faveur de l’APD et a appelé à un système commercial international véritablement ouvert et juste.  Il a également invité la communauté internationale à lutter contre le blanchiment de capitaux, les fraudes fiscales et les flux financiers illicites.  Il a annoncé l’organisation, en septembre prochain, d’une réunion de haut niveau sur le financement des objectifs de développement durable à New York. 

La Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme AMINA J.  MOHAMMED, a noté qu’une reprise économique généralisée a soutenu les progrès dans de nombreux domaines, même si des faiblesses importantes et des risques à moyen terme dans l’économie mondiale continuent de remettre en question les efforts.  En conséquence, les perspectives de développement de centaines de millions de personnes restent en péril.  Il faut donc une réponse globale et systémique pour rester sur la bonne voie.  La Vice-Secrétaire générale a identifié cinq domaines qui méritent l’attention de la communauté internationale.

Premièrement, la mobilisation des ressources nationales est fondamentale.  Le leadership, l’appropriation et la mise en œuvre, au niveau national, sont au cœur du Programme 2030.  C’est pourquoi les stratégies nationales intégrées de développement durable et les cadres de financement peuvent fournir une vision à long terme et une plateforme pour soutenir le financement national.  Cela est particulièrement important dans le contexte des dépenses d’infrastructures indispensables.  La communauté internationale doit contribuer à la lutte contre l’évasion fiscale, le blanchiment d’argent et les flux financiers illicites qui minent les ressources nationales.

Deuxièmement, la coopération au développement est essentielle pour soutenir la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Le respect des engagements pris en matière d’aide publique au développement (APD) doit être une priorité.  Bien que l’APD ait augmenté en termes réels, elle a malheureusement stagné dans les pays où elle est la plus nécessaire. 

Troisièmement, nous avons besoin, a dit la Vice-Secrétaire générale, d’un environnement mondial favorable à l’investissement à long terme.  Elle a fait observer que le « court-termisme » menace constamment les efforts d’éradication de la pauvreté.  Le rapport du Groupe de réflexion interinstitutions sur le financement du développement montre, par exemple, que la plupart des dirigeants d’entreprise affirment qu’ils retarderaient volontiers des investissements même dans des projets à bon rendement au profit de leurs bonus trimestriels.  Cet état d’esprit doit changer, a-t-elle tranché.

Quatrièmement, la communauté internationale doit trouver les moyens de débloquer rapidement les ressources et l’accès au financement pour les pays ayant des besoins urgents, tels que ceux qui sont touchés par des crises ou des catastrophes.  La saison des ouragans de 2017 dans l’Atlantique a causé ravages et destructions dans les Caraïbes et a inversé le cours du développement des pays touchés.  Pour Mme Mohammed, ces catastrophes ont souligné la nécessité d’un large éventail de mesures pour soutenir les pays confrontés à de tels défis, notamment en finançant l’adaptation aux changements climatiques.  Il existe bien des solutions novatrices en train d’être mises au point dans ce domaine, comme des mécanismes d’assurance pouvant être soutenus au besoin, ou des prêts qui réduisent le remboursement en cas de crise.  Cependant, beaucoup de ces mesures attendent encore d’être mises en œuvre ou vulgarisées.

Les ressources doivent également cibler plus efficacement les secteurs qui font partie intégrante de la réalisation des objectifs de développement durable, a-t-elle préconisé.  Par exemple, pour atteindre l’objectif d’accès universel à l’eau potable et à l’assainissement, nous devons tripler le montant dépensé à environ 114 milliards de dollars par an.  Cela implique un changement majeur dans l’échelle des investissements.  De même, en ce qui concerne l’énergie propre et abordable, des gains impressionnants sont réalisés à mesure que le prix des énergies renouvelables diminue, mais là encore, les besoins d’investissement dépassent considérablement les dépenses actuelles.

Cinquièmement, la Vice-Secrétaire générale a invité les gouvernements et les partenaires du secteur privé à travailler plus efficacement pour surmonter les problèmes de financement actuels.  Il faut donc penser de manière innovante à la manière de catalyser l’intérêt croissant et le potentiel d’investissement du secteur privé en faveur des objectifs de développement durable. 

Elle a promis que le système des Nations Unies était déterminé à aider les États Membres dans leurs efforts de financement et de mise en œuvre du Programme 2030.  C’est pourquoi le Secrétaire général organise une réunion de haut niveau à cet effet en septembre prochain.  « L’ONU aidera les pays à négocier des partenariats, à rechercher des financements innovants, à mobiliser des ressources pour le développement durable et à renforcer les capacités nécessaires », a-t-elle promis.  L’ONU travaille à l’amélioration de sa cohérence et à son efficacité, en mettant l’accent sur l’obtention de résultats collectifs sur le terrain, en droite ligne de la proposition du Secrétaire général de repositionner le système des Nations Unies pour le développement et de sa vision globale de la réforme.

Le Haut-Représentant du Fonds pour la paix de l’Union africaine, M. DONALD KABERUKA, a rappelé qu’à l’époque des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en 2000, l’hypothèse fondamentale du financement du développement était d’augmenter le flux de l’aide publique au développement (APD) et son efficacité.  Le paradigme était celui des flux d’APD du Nord vers le Sud. 

Aujourd’hui avec les objectifs de développement durable, le paradigme n’est plus le même: c’est la mobilisation des ressources, y compris au niveau national, c’est « le cœur même » des objectifs de développement durable.  Ce n’est plus l’APD, a réitéré M. Kaberuka qui a tout de même réclamé une « APD intelligente » allant principalement vers les pays fragiles comme la Syrie, le Yémen ou la République centrafricaine.  Une « APD intelligente », c’est aussi mobiliser le marché et c’est traiter de la réduction des risques par la création de richesse.  Vaincre la pauvreté, c’est traiter de la fragilité.  Or, l’approche que l’on applique aujourd’hui ne le fait pas. 

Traiter de la fragilité, ce n’est pas seulement un problème d’argent, c’est la mise en place d’institutions permettant aux gens de prendre en main leur destin, d’entreprendre.  Nationales ou internationales, les entreprises n’investissent que dans un climat sûr.  Le haut représentant a invité le Forum à mettre au cœur de son débat le cas des États fragiles. 

La solution, a-t-il poursuivi, est de réunir secteur privé et société civile.  En Afrique, par exemple, une augmentation de la mobilisation des ressources de 13% seulement permettra de réaliser les objectifs de développement durable.  Le continent doit se doter de capacités, élargir son assiette fiscale et régler la question des flux illicites de capitaux.  Pour ce faire, le Haut-Représentant a appelé à des efforts pour améliorer les institutions internationales et le commerce international.  Il a plaidé contre le protectionnisme car nous devons travailler de façon multilatérale.  « Si vous êtes sur le Titanic, peu importe que vous soyez en première classe ou en troisième classe, vous ne vous en sortirez pas seul. »  « Ce qui importe, c’est un système mondial équitable. » 

Le Ministre des affaires étrangères du Qatar, M. SULTAN BIN SAAD AL-MURAIKHI, a rappelé l’organisation de la Conférence sur le financement du développement et la Conférence de suivi de Monterey, qui a eu lieu à Doha, l’année dernière, au cours de laquelle, les participants ont renouvelé l’importance de la mise en œuvre effective des objectifs de développement durable et de réunir tous les acteurs autour de ces objectifs.  Le Ministre a aussi rappelé que la Conférence a mis l’accent sur la nécessité de fournir l’aide à ceux qui en ont besoin, d’encourager l’investissement privé, et de promouvoir les partenariats durables.  Dans sa conclusion, M. Al-Muraikhi a réitéré qu’en dépit du blocus imposé à son pays, le Qatar continuera son aide au développement. 

M. LIU ZHEMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a présenté le « Rapport du Groupe de réflexion interinstitutions sur le financement du développement » (E/FFDF/2018/2).  Le Rapport indique qu’en 2017, la plupart des types de flux de financement du développement ont augmenté et des progrès ont été accomplis dans tous les domaines d’intervention du Programme d’action d’Addis-Abeba.  Ces progrès ont été étayés par une large reprise de l’économie mondiale, une augmentation de l’investissement et une situation favorable des marchés financiers.  Mais cette dynamique positive n’est pas uniforme car la croissance par habitant demeure négative ou négligeable dans de nombreux pays où les taux de pauvreté sont élevés.  Tout porte à croire néanmoins que la croissance devrait se poursuivre et offrir une base pour accomplir de nouveaux progrès en matière de financement du développement et de réalisation des objectifs de développement durable. 

Il faut toutefois garder à l’esprit que la reprise cyclique de l’économie mondiale masque d’importantes faiblesses et des risques à moyen terme.  Un resserrement désordonné des conditions financières et les augmentations connexes des taux d’intérêts et de la vulnérabilité liée à l’endettement, l’adoption de politiques de repli ou une escalade des tensions géopolitiques pourraient remettre en cause les progrès en matière de développement.  La persistance de fortes inégalités compromet la réalisation d’une croissance vigoureuse et du développement durable.  La baisse de l’investissement privé dans les infrastructures, combinée à une nouvelle augmentation des émissions mondiales de carbone en 2017, rappelle brutalement l’incapacité, à ce jour, d’aligner suffisamment les investissements sur le développement durable à long terme.  Si l’on n’y porte pas remède, les obstacles structurels continueront de compromettre les perspectives de développement durable. 

La reprise cyclique de l’économie est l’occasion d’élaborer des politiques qui visent à régler des problèmes tenaces et d’accélérer la réalisation des objectifs de développement durable.  Le Programme d’action d’Addis-Abeba offre un cadre pour les actions individuelles et la coopération internationale dans ce sens.  Dans son rapport de 2018, le Groupe de réflexion interinstitutions sur le financement du développement présente une évaluation des progrès et des lacunes dans les sept domaines d’intervention et offre des lignes d’action propres à mettre le monde sur la voie d’une croissance et d’un développement plus durables.  Les sept domaines sont ressources publiques intérieures; entreprises et financements privés aux niveaux national et international; investissement et activité commerciale privés; coopération internationale au service du développement; commerce international comme moteur du développement; dette et viabilité; règlement des problèmes systémiques; science, technologie, innovation et renforcement des capacités; et données, contrôle et suivi. 

Plusieurs messages fondamentaux se dégagent de l’analyse du Groupe de réflexion qui analyse aussi le financement de l’investissement dans certains objectifs de développement durable à savoir les objectifs 6 (eau et assainissement), 7 (énergie abordable et propre), 11 (villes et communautés durables), 12 (modes de production et de consommation durables) et 15 (écosystèmes terrestres).

Comme premier message, le Groupe dit que les stratégies nationales intégrées de développement durable et les cadres de financement doivent inspirer les politiques, les plans et les filières de projets.  Les stratégies intégrées offrent une vision à long terme qui ne se limite pas aux cycles politiques à court terme et évite la pensée cloisonnée.  Les stratégies doivent intégrer des politiques, des plans et des cadres réglementaires à moyen terme.  Les mesures nationales doivent aussi bénéficier d’un environnement mondial favorable à même de faciliter les investissements de qualité sur le long terme, en particulier pour les pays en développement.

Le Groupe estime aussi que les motivations des acteurs des institutions financières publiques et privées doivent être alignées sur le développement durable à long terme.  Sans un horizon d’investissement à long terme, certains risques, tels que ceux liés aux changements climatiques, ne seront pas intégrés dans la prise de décisions.  Il convient de revoir les mécanismes incitatifs dans l’ensemble du système financier et de les aligner sur les objectifs de développement durable.

Le financement public, privé et mixte, poursuit le Groupe, contribuent au financement des investissements relatifs aux objectifs de développement durable.  Les approches et instruments novateurs modifient rapidement la situation en matière de financement du développement.  Les caractéristiques des projets et des pays et les priorités des politiques nationales déterminent quel modèle de financement est le mieux adapté aux différents investissements spécifiques et quels acteurs sont les mieux placés pour gérer les risques d’investissement et fournir des services de manière équitable et efficace par rapport au coût.

Les politiques et les actions publiques sont au cœur du Programme d’action d’Addis-Abeba, rappelle le Groupe.  La conduite des affaires publiques joue un rôle indispensable pour ce qui est de fixer des règles, fournir des orientations, promouvoir la cohérence et surmonter les obstacles structurels qui entravent les transformations structurelles axées sur le développement durable. 

Le Groupe aborde également trois questions intersectorielles: les nouvelles technologies, l’égalité des sexes et l’’accent à mettre sur les plus pauvres et les plus vulnérables, pour faire en sorte que personne ne soit laissé pour compte. 

Le Directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), M. ROBERTO AZEVEDO, a rappelé que la part des pays en développement dans le commerce international est passée de 28% à 48% en 10 ans.  Cette croissance peut garantir la reprise économique dans ces pays, a estimé le haut fonctionnaire qui a noté un problème: « l’ombre du protectionnisme » qui se jette sur l’économie mondiale et la réalisation des objectifs de développement durable.  Il a appelé les pays à régler leurs différends « de manière constructive » et par la coopération.  Il faut promouvoir l’entrepreneuriat et y renforcer la présence des femmes.

L’Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), M. ACHIM STEINER, a réitéré l’importance de la coopération dans le domaine du financement du développement.  La force du PNUD est de comprendre ce qui se fait au niveau national, ce qui se passe sur le terrain, a déclaré M. Steiner, contrairement à la vie des marchés boursiers.  Le haut fonctionnaire a mis en avant quelques paradoxes: les technologies offrent des perspectives économiques énormes mais elles augmentent les inégalités et les risques et détruisent l’emploi.  Les dettes publiques sont à la hausse.  Pour financer le développement, l’argent est là.  Le problème est de l’aligner avec les priorités du développement.  Le PNUD, qui est présent dans plus de 127 pays, peut apporter son expertise dans ce domaine, a réitéré M. Steiner.

M. MUKHISA KITUYI, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a parlé d’un environnement du commerce international marqué par la progression du protectionnisme et la paralysie de l’OMC.  Il s’est inquiété des blocages dans la mise en œuvre des normes sur la pêche durable qui ont été adoptées depuis deux ans.  Pour trouver une parade à ce blocage, il a suggéré à l’ONU de prendre notamment en convoquant la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer pour réglementer les questions de pêches dans le cadre des objectifs de développement durable.  Il a ensuite plaidé pour le soutien aux pratiques commerciales positives comme l’initiative de la Zone de libre-échange continentale africaine qui vient d’être mise en place à Kigali.  Cela peut avoir un impact sur l’essor des peuples, a-t-il argué, tout en ajoutant qu’il faille également faciliter les investissements.  M. Kituyi a insisté sur l’importance du transfert des technologies.  Il a aussi invité la communauté internationale à actualiser les mécanismes de restructuration de la dette souveraine. 

M. TAO ZHANG, Directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI), a relevé que l’économie mondiale continue son essor, même si certains pays émergents dont l’économie est basée sur les produits de base semblent s’essouffler.  Il a aussi tiré la sonnette d’alarme face au niveau d’endettement inquiétant de certains pays en développement.  Pour y faire face, le FMI suggère que ceux qui empruntent renforcent aussi leur capacité de gestion de la chose publique, tandis que les créanciers doivent s’assurer de l’impact de leurs prêts.  Le FMI est disposé à apporter sa contribution pour renforcer les normes internationales en matière de viabilité de la dette.  Le Fonds conseille également aux pays en développement lourdement endettés de diversifier leur économie, en pariant par exemple sur le commerce et l’entrepreneuriat à petite échelle et en y encourageant la présence des femmes.

Le Vice-Président du Programme 2030 de la Banque mondiale, M. MAHMOUD MOHIELDIN, a réitéré que l’APD reste essentielle pour le développement.  Mais il faut aussi mobiliser les ressources nationales en mettant l’accent sur le recouvrement fiscal et la gouvernance financière et économique.  Il a également mis en garde contre l’accumulation des dettes publiques.  Il faut prendre au sérieux l’avertissement du FMI selon lequel deux cinquièmes des pays du monde sont dans une situation d’endettement intolérable.  Il faut accorder toute l’attention voulue à la viabilité de la dette.  S’agissant des technologies, la Banque mondiale travaille à la numérisation des économies, a indiqué M. Mohieldin qui a rappelé l’importance d’investir dans le capital humain comme la santé et l’éducation. 

Au nom des Commissions économiques régionales, la Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes, Mme ALICIA BARCENA, a parlé de l’assistance technique des Commissions régionales qui travaillent à l’augmentation des recettes fiscales et à la bonne gestion économique.  Les Commissions travaillent à la stabilité des pays laquelle est la condition sine qua non à la mobilisation des capitaux.  Les régions, a indiqué Mme Barcena, s’inquiètent de l’augmentation rapide des taux d’intérêt qui risque de déstabiliser les économies et les marchés.  La Secrétaire exécutive a tout de même appelé les États à accélérer la réforme des politiques fiscales et des dépenses publiques pour les aligner avec les exigences des objectifs de développement durable.  Elle a parlé de l’impôt direct, de la fiscalité agricole, de la lutte contre les flux illicites des capitaux, de l’aide fiscale aux petites et moyennes entreprises.  Elle a aussi parlé des partenariats public-privé, en particulier pour les infrastructures et d’une ponction systématique de 5% du PNB pour financer les projets de résilience face au risque de catastrophes. 

Première table ronde ministérielle

Animée par la Vice-Présidente de l’ECOSOC, Mme Marie Chatardová, cette première table ronde a permis aux ministres et représentants des États et des organisations internationales de présenter les politiques et les développements institutionnels pour appuyer la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba. 

L’aide publique au développement (APD) a été mentionnée comme l’un des moyens de financer les efforts de développement, en particulier dans les pays les moins avancés (PMA).  En tant que plus grand contributeur de l’APD, l’Union européenne (UE) a dit vouloir encore intensifier ses efforts, a assuré son Commissaire à la coopération internationale et au développement, M. NEVEN MIMICA.  Un nouveau plan sera bientôt annoncé, a-t-il promis tout en rappelant que l’UE a débloqué, l’an dernier, pas moins de 900 millions d’euros en faveur de l’Afrique subsaharienne.

C’est en effet un appel à augmenter l’APD qu’a lancé le Vice-Ministre de l’industrie et du commerce de la République démocratique populaire lao, M. SOMCHITH INTHAMITH.  La République démocratique populaire lao compte sur cette aide pour sortir de la catégorie des PMA d’ici à 2024, a-t-il avoué, avant de présenter des mesures comme la loi sur l’investissement étranger direct (IED).  Le Vice-Ministre a également plaidé pour des accords entre débiteurs et créanciers afin d’assurer la viabilité de la dette souveraine. 

Les financements mixtes.  C’est ce qu’a préconisé Mme ELISSA GOLBERG, Secrétaire d’État aux politiques stratégiques et aux affaires internationales du Canada.  Le secteur privé, s’est-elle expliqué, ne s’implique pas facilement dans le développement durable.  Il faut y faire appel mais aussi élargir la base des partenaires.  Une approche multisectorielle conduit à de meilleures options financières, a confirmé le Chef du Département de la coopération internationale de l’Agence pour le développement et la coopération de la Suisse, M. PIO WENNUBST.  Il a parlé des fonds de pension qui manipulent des sommes énormes mais qui sont souvent lents à réagir et très prudents dans leurs investissements.  Le but est de parvenir à une « complémentarité » entre investisseurs.  Il faut donc « une approche synergique » surtout pour des pays mal cotés par les agences de notation.  À ce propos, l’orateur a insisté sur la lutte contre la corruption et l’amélioration de la gouvernance.  L’UE a d’ailleurs débloqué une somme de 13 millions d’euros entre 2015 et 2017 pour des programmes de bonne gouvernance dans plus de 80 pays en développement.  « Nous voulons lutter, entre autres, contre les flux financiers illicites et l’évasion fiscale », a confirmé son Commissaire à la coopération internationale et au développement, faisant valoir « qu’il n’y a pas de solution miracle au financement du développement ».

Le secteur privé a largement été sollicité aujourd’hui.  La Banque mondiale, a témoigné Mme KARIN FINKELSTON, entend mettre à contribution la capacité d’innovation de ce secteur privé.  En tant que Vice-Présidente des partenariats, des communications et de la sensibilisation du Groupe de la Banque mondiale, elle a parlé du financement de programmes et projets nationaux pour attirer le secteur privé.  La Banque entend « créer des marchés durables » pour pouvoir se retirer et laisser les manettes au secteur privé dans un environnement dénué de risque.

Réduire les risques, c’est renforcer les cadres institutionnels et réglementaires, ont noté des intervenants comme la Ministre de l’investissement et de la coopération internationale de l’Égypte, dont le pays vient justement de bénéficier d’un soutien de la Banque mondiale.  Mme SAHAR NASR a parlé des ajustements législatifs qui ont permis de booster la bonne gouvernance, améliorer le secteur de prêts hypothécaires en faveur des petites et moyennes entreprises (PME) ou encore renforcer les filets de sécurité sociale grâce, par exemple, à un programme de cantines scolaires en coopération avec l’UE.

En Ukraine, la guerre fait dérailler le décollage économique car une bonne partie du produit intérieur brut (PIB) est désormais alloué au secteur de la sécurité depuis l’invasion russe, a affirmé le Ministre des finances, M. OLEKSANDR DANYLIUK.  Un nouveau système de marché publique a permis par exemple de faire des économies de 30% par rapport aux dépenses de l’ancien système qui était gangrené par la corruption.  En outre, le pays a dû réajuster ses partenariats, puisque son premier partenaire commercial était la Fédération de Russie.  Désormais, un accord d’association avec l’UE lui assure des débouchés commerciaux. 

Il ne faut pas oublier que « sans les gouvernements locaux, il ne peut y avoir de développement durable », a rappelé M. MPHO PARKS TAU, Président de Cités et gouvernements locaux unis (CGLU).  Il s’est impatienté devant les difficultés structurelles qui freinent l’accès des villes aux financements.  Il a estimé que les réformes budgétaires et fiscales pourraient augmenter les fonds destinés aux gouvernements locaux tout comme les mécanismes de décentralisation.  Il est bien beau de nous demander, pays en développement, de mobiliser des ressources nationales, s’est plaint le représentant d’El Salvador, qui a dénoncé la mauvaise foi des entreprises, nationales ou pas, qui ne sont pas très enclines à payer les impôts.  Il a aussi dénoncé le « piège » dans lequel sont tombés les pays à revenu intermédiaire, comme le sien, et dont on barre l’accès à l’APD et aux prêts concessionnels.

Il faut renforcer la coopération internationale, a suggéré le Secrétaire d’État allemand à la coopération économique et au développement, M. NORBERT BARTHLE.  La création de nouveaux partenariats avec les pays en développement fait effectivement partie de la stratégie adoptée par la présidence allemande du G20.  Le but est de doubler d’ici à 2020 le montant alloué à l’assistance technique à la mobilisation des ressources nationales.  L’ONU pourrait aussi renforcer ses efforts en la matière, a plaidé M. MOHAMED ASIM, Ministre des affaires étrangères des Maldives.  Elle pourrait plaider la cause des petits États insulaires en développement (PEID) auprès des institutions financières internationales, a-t-il ajouté. 

Deuxième table ronde ministérielle

À l’occasion de cette table ronde, des ministres et des responsables d’agence de développement ont expliqué ce qu’ils ont accompli pour mobiliser les fonds. 

En la matière, M. RÉMY RIOUX, Directeur général de l’Agence française de développement, a observé quatre tendances depuis 2015: l’activation de nouveaux mécanismes de financement, des prêts concessionnels pratiqués par les banques de développement, d’importants outils donnés aux institutions financières et le rapprochement des agences de développement avec les banques de développement.  La France a d’ailleurs décidé d’augmenter de 0,38% à 0,55% son APD dont 50% sera toujours réservée à l’Afrique.  M. Rioux a défendu le rôle des banques de développement en Afrique qui sont devenues tout aussi importantes que les institutions internationales.  En tant que Président de l’Association des agences internationales de développement, il a indiqué que les quelque 20 agences membres disposent près de 800 milliards de dollars de financement.  L’APD est « cruciale », a acquiescé Mme ULRIKA MODEER, Secrétaire d’État à la coopération pour le développement de la Suède.  Elle a d’ailleurs promis que son pays continuera à y consacrer 0,7% de son PNB.  La Ministre a appelé les autres gouvernements à respecter leurs engagements.

L’APD peut par exemple contribuer à la réforme structurelle des économies, a poursuivi M. LIU ZHEMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, qui a aussi insisté sur la coopération internationale en matière fiscale, dont la lutte contre l’évasion fiscale.  Pour cela, il faut que les institutions financières internationales se prémunissent de toute politisation, a estimé M. MOHAMMAD KHAZAEE, Vice-Ministre des affaires économiques de la République islamique d’Iran.  Mme KAYULA SIAME, Secrétaire permanente au Ministère du commerce et de l’industrie de la Zambie, a d’ailleurs réclamé, une nouvelle fois, la suppression des subventions. 

Chez nous la priorité, c’est la relance du secteur de l’énergie et l’implication du secteur privé, a indiqué M. BAMBANG P.S. BRODJONEGORO, Ministre de la planification du développement national de l’Indonésie.  Pour ce faire, le pays s’efforce de simplifier sa réglementation.  Le but est de lever les obstacles à l’investissement et de promouvoir ainsi les partenariats public-privé.  Le commerce international étant un des moteurs du développement, l’Indonésie a numérisé tous les services d’exportation et des douanes. 

Le problème, c’est que les exportations ont chuté, a confié M. KHURELBAATAR CHIMED, Ministre des finances de la Mongolie.  Après une croissance de 10% à 17% tirée par le secteur minier, la Mongolie doit reconnaître aujourd’hui que le choix d’un développement fondé sur l’industrie extractive a été une erreur.  Le pays se bat désormais contre sa dette et les intérêts qui devraient avaler 60% du PNB. 

Les pays doivent se méfier de l’endettement qui finit par les priver des moyens de financer leur développement, a conseillé la Secrétaire d’État aux affaires étrangères et à la coopération du Portugal.  Comment parvenir à un système de financement à long terme? Mme TERESA RIBEIRO a prescrit l’innovation, la modernisation de l’administration, la satisfaction des besoins des investisseurs et une compréhension de leurs motivations.  Il faut mettre en place une structure durable du financement pour ne plus trop dépendre des fluctuations de l’économie, a ajouté la Secrétaire d’État à la coopération pour le développement de la Suède.  Elle a prôné des « partenariats transfrontaliers » qui verraient des entreprises d’États voisins travailler ensemble.  En Suède, le Gouvernement a créé les « bons verts », des obligations dont les premières ont été émises en 2008 pour financer des projets verts.  La Suède a en outre lancé, en janvier dernier, un centre du développement durable. 

En Colombie, a expliqué M. SERGIO LONDONO ZUREK, Directeur général de l’Agence de coopération auprès de la présidence colombienne, le Gouvernement vient de prendre des mesures fiscales pour développer les zones sorties du conflit, pour favoriser la création d’emplois et développer le tourisme pour en faire un levier de l’économie, en partenariat avec des acteurs nationaux et internationaux. 

LANCEMENT DU FONDS COMMUN POUR LE PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT DURABLE À L’HORIZON 2030

Mme AMINA J. Mohammed, Vice-Secrétaire générale, a indiqué que ce Fonds commun fait partie des initiatives du Secrétaire général, dont le Pacte de financement qui est l’une des grandes nouveautés de sa réforme pour hisser le système des Nations Unies à la hauteur des enjeux du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Ce Fonds entend mettre un terme à la « concurrence stérile » entre les agences onusiennes tout en renforçant leur collaboration, a-t-elle expliqué.  Selon la Vice-Secrétaire générale, ce Fonds est différent des précédentes initiatives dont il s’inspire, y compris « Unis dans l’action ».  Il s’inscrit en droite ligne du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement. 

 Des délégations ont fait d’emblée des annonces de contribution.  L’Union européenne a promis 30 millions d’euros pour les trois prochaines années, soit 10 millions dès maintenant.  La Secrétaire d’État suédoise au développement international a annoncé 20 millions de dollars pour 2018, car « la Suède a foi dans le système des Nations Unies ».  Le Directeur de l’Agence espagnole pour le développement international et la coopération, a promis 10 millions de dollars.  Le Chef du Département de la coopération internationale de l’Agence pour le développement et la coopération de la Suisse a annoncé 3 millions de Francs suisses « pour commencer » tandis que le Secrétaire d’État norvégien au développement international a promis 10 millions de couronnes norvégiennes pour 2018 et pour l’Irlande, ce sera 500 000 euros.  La représentante du Rwanda n’a pas fait d’annonce de contribution mais a estimé que le Fonds ne saurait être le seul mécanisme de financement des objectifs de développement durable.

La Vice-Secrétaire générale a salué la générosité de ces délégations et les assurer de la disposition de l’ONU à tenir compte de leurs suggestions. 

 

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