8284e séance – matin
CS/13379

Afrique centrale: le Conseil de sécurité entend les inquiétudes concernant les processus électoraux en cours dans chaque pays et la situation au Cameroun

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique centrale a indiqué, ce matin, que la situation dans cette région reste difficile du fait d’un certain nombre de menaces pesant sur la stabilité politique, sécuritaire et socioéconomique, notamment en République centrafricaine et en République démocratique du Congo.  L’escalade de la violence et des tensions dans les régions nord-ouest et sud-ouest du Cameroun représentent aussi « une source de préoccupation majeure », a-t-il averti, nourrissant ainsi le désir de la délégation des États-Unis d’en débattre davantage au sein du Conseil de sécurité.

Venu présenter devant le Conseil de sécurité le dernier rapport du Secrétaire général sur la situation dans la région, M. François Louncény Fall, qui est aussi Chef du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC), a souligné que les 11 pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) sont soit au milieu, soit au début d’un cycle électoral, ce qui explique en partie les tensions qu’ils connaissent.

Parmi les 10 membres du Conseil qui se sont exprimés sur ce sujet, plusieurs ont appelé de leurs vœux le bon déroulement de ces processus électoraux.  La Pologne, par exemple, a appelé les gouvernements concernés à œuvrer en faveur de la tenue d’élections « pacifiques et crédibles ».  Son homologue du Pérou a ajouté qu’il fallait promouvoir la participation des femmes et des jeunes.

Pour le cas du Cameroun, pays qui n’est pas à l’ordre du jour du Conseil de sécurité mais qui a été mentionné dans plusieurs interventions, M. Louncény Fall a recommandé un apaisement des tensions pour permettre la bonne conduite des scrutins présidentiel, législatifs et municipaux prévus pour cette année.  Il s’est notamment inquiété de la condamnation de sept activistes anglophones à des peines allant jusqu’à 15 ans de prison, pour des motifs notamment de terrorisme.

Le Représentant spécial a insisté sur l’importance d’un dialogue inclusif pour trouver une solution à la crise camerounaise, répondre aux doléances des populations anglophones et garantir l’intégrité territoriale du pays, ainsi que la stabilité régionale.  Il s’est aussi inquiété du nombre important de réfugiés camerounais -plus de 200 000- qui ont été enregistrés de l’autre côté de la frontière avec le Nigéria.

La situation au Cameroun a valu au représentant du Royaume-Uni de réclamer des mesures d’urgence pour apaiser les tensions tandis que les États-Unis ont axé leur intervention exclusivement sur cette situation.  Appelant à la plus haute vigilance, cette délégation a estimé que le Conseil de sécurité devait se pencher davantage sur ce pays.  Son avis est que le risque élevé de violence électorale menace de miner les efforts déployés pour stabiliser la situation dans le bassin du lac Tchad.

Le représentant de l’Éthiopie a toutefois mis en garde contre les conséquences d’une « dramatisation » de la situation au Cameroun.  Il a longuement insisté sur les mérites de la « diplomatie de velours », ou silencieuse, et a engagé le Secrétaire général à utiliser ses bons offices à cette fin. 

Le sujet des élections a aussi été l’occasion de signaler qu’au Burundi, le Président Pierre Nkurunziza a annoncé qu’il ne se présenterait pas à l’élection présidentielle de 2020.  La Guinée équatoriale a espéré voir organiser un dialogue ouvert pour permettre la sortie de crise dans ce pays.  La Côte d’Ivoire a recommandé la reprise du dialogue politique inclusif interburundais sous l’égide de la Communauté d’Afrique de l’Est, dans le cadre de l’Accord d’Arusha.

Pour l’ensemble de la sous-région, la poursuite des activités de Boko Haram et de l’Armée de résistance du Seigneur a suscité des préoccupations parmi les membres du Conseil, dont le Royaume-Uni qui a estimé qu’une action militaire en même temps qu’une action non militaire s’imposent.  À l’instar de la Côte d’Ivoire et de l’Éthiopie, de nombreuses délégations ont appelé au renforcement de l’appui à la Force multinationale mixte de lutte contre Boko Haram.

De son côté, le Secrétaire général de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), M. Ahmad Allam-Mi, a indiqué qu’un cadre de coopération entre la CEEAC et la Communauté économique des États de l’Afrique de l'Ouest (CEDEAO) devrait être signé par les deux chefs exécutifs avant la tenue du Sommet conjoint CEEAC-CEDEAO sur l’extrémisme violent qui est prévu le 30 juillet 2018. 

La situation en République centrafricaine et la menace qu’elle représente pour la sécurité de la sous-région ont été évoquées au cours de la séance.  Le Représentant spécial a exhorté les pays de la région à participer plus activement à l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation dans ce pays.  Il a également « fortement » encouragé les autorités centrafricaines et les pays voisins à accélérer le processus de mise en œuvre des commissions mixtes pour traiter de questions telles que le contrôle des frontières et la transhumance.

La Côte d’Ivoire a d’ailleurs préconisé l’adoption d’une règlementation communautaire sur le pastoralisme, encourageant aussi à la mise en place de la stratégie de lutte contre le mercenariat et la criminalité transnationale organisée en Afrique centrale.         

En la matière, le représentant équato-guinéen a recommandé la tenue d’une conférence internationale sur le mercenariat, rappelant notamment que le 28 décembre, des mercenaires étrangers avaient infiltré la Guinée équatoriale dans le but d’y changer l’ordre constitutionnel.   

S/2018/521

RÉGION DE L’AFRIQUE CENTRALE

Rapport du Secrétaire général sur la situation en Afrique centrale et sur les activités du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (S/2018/521)

Déclarations

M. FRANÇOIS LOUNCÉNY FALL, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique centrale et Chef du Bureau régional des Nations Unies pour l'Afrique centrale (BRENUAC), a indiqué que la situation dans cette région reste difficile, avec un certain nombre de menaces sérieuses qui pèsent sur la stabilité politique, sécuritaire et socioéconomique, notamment en République centrafricaine (RCA) et en République démocratique du Congo (RDC).  De plus, l’ensemble des 11 États membres de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) sont soit au milieu, soit au début d’un cycle électoral et par conséquent connaissent des tensions liées aux processus électoraux.

Parmi les nouveaux développements dans la sous-région, M. Louncény Fall a notamment parlé du Tchad avec la promulgation, le 4 mai, de la nouvelle Constitution, suivie, le 10 mai, de la prestation de serment du nouveau Gouvernement puis, le 24 mai, de la cérémonie d’installation du cadre national du dialogue politique.  Ce dernier, a-t-il indiqué, doit créer les conditions favorables à la tenue d’élections législatives crédibles et pacifiques en novembre 2018.

Au Gabon, le centre gabonais des élections nouvellement établi a entamé les préparatifs pour le prochain scrutin législatif, tandis qu’au Burundi, le Président Pierre Nkurunziza a promulgué une nouvelle Constitution après la validation des résultats du référendum du 17 mai par la Cour constitutionnelle.  Le Représentant spécial a toutefois signalé que plusieurs acteurs et partenaires ont exprimé leurs préoccupations selon lesquelles la réforme pourrait réduire à néant les acquis de l’Accord d’Arusha.  Il a jugé important que le Conseil de sécurité continue d’appuyer le processus de médiation au Burundi dirigé par la Communauté d’Afrique de l’Est.

M. Louncény Fall a ensuite averti que l’escalade de la violence et des tensions dans les régions nord-ouest et sud-ouest du Cameroun est une source de préoccupation majeure.  Plus de 200 000 réfugiés camerounais ont été enregistrés de l’autre côté de la frontière avec le Nigéria, et le 25 mai, sept activistes anglophones ont été condamnés à des peines allant jusqu’à 15 ans de prison, pour des motifs notamment de terrorisme, s’est-il alarmé.  Il a insisté sur l’importance d’un dialogue inclusif pour trouver une solution à la crise, répondre aux doléances des populations anglophones et garantir l’intégrité territoriale du pays, ainsi que la stabilité régionale.  Apaiser les tensions contribuera également à la bonne conduite des élections présidentielle, législatives et municipales prévues pour cette année, a-t-il indiqué.

Poursuivant, le Chef du BRENUAC a parlé des peines de prison imposées à plusieurs dirigeants politiques de la RDC arrêtés à la suite de l’élection présidentielle, y compris la condamnation à 20 ans de réclusion pour le général Jean-Marie Mokoko, l’ancien Chef d’état-major de l’armée et ancien candidat à la présidentielle.  Il a aussi signalé que le processus de désarmement, démobilisation et réintégration dans la région du Pool avance plus lentement que prévu.

À Sao Tomé-et-Principe, a-t-il enchaîné, des tensions ont encore éclaté à la suite d’une décision, le 4 mai, de l’Assemblée nationale de révoquer les juges de la Cour suprême de justice en raison de divergences sur la décision de cette dernière de restituer la brasserie du pays, Rosema, à un investisseur congolais.  Une résolution sur la nomination des nouveaux juges a ensuite été adoptée le 30 mai.

Poursuivant son tour d’horizon, le Représentant spécial s’est attardé sur la situation en RCA, se disant encouragé par les conclusions de la deuxième phase de consultation avec les groupes armés.  Il a exhorté les pays de la région à participer plus activement à l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation, encourageant par ailleurs fortement les autorités centrafricaines et les pays voisins à accélérer le processus de mise en œuvre des commissions mixtes pour traiter de questions telles que le contrôle des frontières et la transhumance.

Enfin, il s’est félicité de l’initiative du Président de la Guinée équatoriale de tenir un dialogue politique national au mois de juillet qui, a-t-il espéré, pourrait ouvrir davantage l’espace politique dans ce pays.

Poursuivant son intervention en anglais, après le début en français, M. Louncény Fall a averti que le fléau du terrorisme et de l’extrémisme violent continue d’affecter les populations et de faire dévier les ressources que les gouvernements devraient consacrer aux programmes de développement pour lancer les opérations sécuritaires onéreuses.  Il a parlé de la tenue, les 8 et 9 mai au Nigéria, de la réunion inaugurale du forum des gouverneurs du bassin du lac Tchad pour la coopération régionale sur la stabilisation, la consolidation de la paix et le développement durable.  De plus, la première Conférence des États parties à la Convention de Kinshasa se tient actuellement à Yaoundé pour répondre au défi de l’afflux d’armes légères et de petit calibre.  Il a aussi fait savoir que le Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale avait recommandé à la CEEAC d’accélérer la mise en œuvre de la stratégie régionale de lutte contre le terrorisme et la non-prolifération des armes légères et de petit calibre.

Le Représentant spécial a par ailleurs salué la validation, le 24 mai, d’un plan d’action régional pour la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité en Afrique centrale.  Il s’est dit convaincu que la participation des femmes et des jeunes sera essentielle pour assurer le succès du Sommet conjoint de la CEEAC et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l'Ouest (CEDEAO) sur la paix, la sécurité, la radicalisation et l’extrémisme violent qui est prévu au mois du juillet.  Il s’est aussi félicité de la décision des États membres de la CEEAC d’accélérer sa réforme institutionnelle, y voyant une bonne occasion pour l’organisation d’améliorer son fonctionnement et de mettre en œuvre des projets clefs dans les domaines de la sécurité, la consolidation de la paix et la gouvernance.

Enfin, M. Louncény Fall a appelé le Conseil de sécurité à renouveler le mandat du BRENUAC pour une période de trois ans.

M. AHMAD ALLAM-MI, Secrétaire général de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), intervenant par visioconférence depuis Green Tree dans l’État de New York, a rappelé les priorités de la CEEAC, à savoir les infrastructures, l’environnement, et désormais les questions de paix et de sécurité « qui pourtant ne faisaient pas partie des missions de la CEEAC à sa création ».  Ces deux questions se sont imposées à la CEEAC à la sortie de la léthargie qu’a connue l’institution entre 1992 et 1998 du fait des violentes guerres qu’ont vécues 7 des 10 États membres pendant cette période.  Les objectifs de la CEEAC ont donc été renforcés en février 1999 en vue de la prévention et de la résolution des conflits par la création du Conseil de paix et de sécurité de l’Afrique centrale (COPAX) avec l’appui des Nations Unies, et dans le cadre du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale (UNSAC).  L’architecture paix et sécurité de la CEEAC fonctionne en harmonie avec l’Architecture africaine de paix et de sécurité (APSA) avec un bilan certes encore perfectible mais encourageant, a souligné M. Allam-Mi. 

Compte tenu de la menace à la sécurité de la sous-région que représente la situation en République centrafricaine (RCA), la CEEAC est restée saisie de la situation dans le pays, a-t-il rappelé.  C’est dans ce cadre que la CEEAC participe pleinement à l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation en RCA, une initiative qui nécessite le soutien multiforme de la communauté internationale.  

En ce qui concerne la sûreté et la sécurité maritime, la sous-région de l’Afrique centrale abrite désormais, à Yaoundé au Cameroun, le Centre interrégional de coordination pour la sécurité maritime dans le golfe de Guinée (CIC).  Cet organe est chargé de la mise en œuvre de la stratégie dont les États du golfe de Guinée se sont dotés à travers leurs institutions régionales - la CEEAC mais aussi la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la Commission du golfe de Guinée (CGG).

Dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, et en harmonie avec la Stratégie antiterroriste mondiale adoptée par les Nations Unies, la CEEAC a pris des initiatives importantes.  Il a cité à cet égard l’élaboration, avec l’appui du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC), d’une stratégie sous-régionale de lutte contre le terrorisme qui a été ensuite validée par les ministres et sera prochainement soumise à l’approbation des chefs d’État et de gouvernement.

Dans le même temps, le sommet conjoint CEEAC-CEDEAO sur le thème de l’extrémisme violent pourrait se tenir le 30 juillet 2018 avec l’appui technique du BRENUAC et du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS).  Un cadre de coopération entre la CEEAC et la CEDEAO est en cours de finalisation et devrait être signé par les deux chefs exécutifs avant la tenue de ce sommet, a affirmé le Secrétaire général de la CEEAC qui a ajouté qu’un document de stratégie de lutte contre la criminalité transfrontalière organisée et le mercenariat est également en cours d’élaboration par la CEEAC.

M. Allam-Mi a aussi indiqué que la CEEAC s’était engagée dans une réforme profonde qui devrait lui permettre de disposer de nouveaux textes fondateurs.  Dans le cadre de cette réforme, il est préconisé la transformation du Secrétariat général en une commission, ainsi que la mise en place d’un conseil de paix et de sécurité permanent au siège de la CEEAC.

Poursuivant, M. Allam-Mi a observé que l’Afrique centrale demeure une région de crises et de conflits armés ouverts ou latents.  Elle reste particulièrement affectée par les crises au Burundi, en RDC et la crise politique, sécuritaire et humanitaire en RCA, ainsi que les activités des groupes terroristes dans le bassin du lac Tchad.  Il a également salué « l’excellente collaboration entre le BRENUAC et la CEEAC », précisant que les deux institutions disposent d’un cadre de coopération assorti de plans périodiques d’activités communes. 

Au sujet du dernier rapport du Secrétaire général sur la sous-région qui a été présenté ce matin, il a ajouté qu’au Burundi, le Président de la République a annoncé qu’il ne se présentera pas à l’élection présidentielle de 2020.  En RDC, il a relevé l’acquittement par la Cour pénale internationale (CPI) de l’ancien Vice-Président Jean-Pierre Mbemba, alors qu’en RCA, il y a un motif d’encouragement de par l’engagement des anciens chefs d’État centrafricains à appuyer l’initiative africaine, et en même temps des inquiétudes face à la reprise de la violence à Bangui et à l’intérieur du pays.  Il a enfin rappelé que la situation politique, sécuritaire et humanitaire dans la sous-région sera au cœur de la réunion de concertation des chefs d’État et de gouvernement de la CEEAC que le Président gabonais, M. Ali Bongo Ondimba, qui préside la CEEAC, a convoqué en marge du Sommet de l’Union africaine prévu les 1er et 2 juillet prochains à Nouakchott (Mauritanie).

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) s’est préoccupé de la situation politique et sécuritaire dans la sous-région, citant notamment les activités de Boko Haram et de l’Armée de libération du Seigneur, ainsi que l’utilisation de femmes et d’enfants comme kamikazes.  Il a estimé qu’une action miliaire en même temps qu’une action non militaire s’imposent, de même que l’adoption d’une approche holistique pour prévenir toute détérioration de la situation.  Inquiet également de la situation humanitaire, le représentant s’est par ailleurs engagé à verser 300 millions de livres sterling au cours des cinq prochaines années pour financer l’octroi de l’aide.

Le représentant a ensuite fait part de ses inquiétudes au sujet de la situation au Cameroun, insistant sur le droit de chacun de manifester pacifiquement.  Il a appelé à prendre des mesures d’urgence pour apaiser les tensions et s’est félicité de l’annonce du Nouvel An du Président camerounais concernant le processus de décentralisation dans le pays.  Il a appelé le Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC) à contribuer aux efforts visant à désamorcer la crise, insistant par ailleurs sur son rôle crucial en matière d’appui aux processus électoraux.

Le délégué s’est aussi soucié de la menace de piraterie dans le golfe de Guinée et souhaité davantage d’information sur les efforts déployés pour la combattre.  Il a par ailleurs estimé que le BRENUAC devait mettre l’accent sur le renforcement des capacités régionales en matière de prévention.

M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale) a commencé par condamné l’attentat ayant eu lieu le 10 juin dernier contre une patrouille de la MINUSCA et qui a causé la mort d’un soldat de la paix burundais.  Il a ensuite émis le vœu que l’épidémie de maladie à virus Ebola en République démocratique du Congo (RDC) sera bientôt contenue. 

Il a aussi insisté sur le dialogue pour venir à bout de la crise en République centrafricaine et a suggéré des mesures autant politiques qu’économiques en faveur du pays.  Il a aussi appelé la communauté internationale à ne pas se détourner de la question de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) qui poursuit ses exactions contre les populations, notamment autour de la zone frontalière entre la République centrafricaine et la RDC. 

La Guinée équatoriale est également préoccupée par les activités de Boko Haram qui propage la terreur en Afrique centrale et de l’Ouest depuis bientôt huit ans.  Il a rappelé que, depuis 2015, le groupe terroriste est affaibli grâce aux actions des pays du bassin du lac Tchad.  En ce qui concerne les Grands Lacs, la Guinée équatoriale invite les pays de la région à collaborer pour lutter contre l’exploitation illicite des minerais et le braconnage.

Au vu des différentes crises dans la sous-région, le représentant a invité la communauté internationale à agir au plus vite pour une assistance humanitaire appropriée dans les pays qui en ont besoin.  La Guinée équatoriale a pris note de la décision du Président burundais Pierre Nkurunziza de ne pas se présenter à l’élection présidentielle de 2020, et la délégation espère voir organiser un dialogue ouvert pour permettre la sortie de crise au Burundi.

Le délégué a rappelé que le 28 décembre, la Guinée équatoriale a été victime d’actions de mercenaires étrangers qui ont infiltré le pays afin d’y procéder à un changement de l’ordre constitutionnel.  Heureusement, a-t-il noté, leur action a été rejetée par le peuple de Guinée équatoriale.  Il s’est dit inquiet du phénomène de trafics d’armes légères et de petit calibre et a appelé à une conférence internationale pour discuter de la pratique du mercenariat.  

Il a déploré les activités de piraterie ayant cours dans le golfe de Guinée et a appelé au renforcement du cadre de coopération entre le BRENUAC et le Secrétariat de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) pour renforcer la sécurité aux frontières. 

Enfin, le représentant a annoncé la tenue d’un dialogue national en Guinée équatoriale, afin de rassembler les parties prenantes dans le pays comme à l’extérieur pour discuter de toutes les questions importantes de la vie nationale.

Mme ELAINE MARIE FRENCH (États-Unis) s’est alarmée de la détérioration de la situation au Cameroun, dénonçant notamment les violences endurées par les civils ces dernières semaines.  Elle s’est inquiétée du manque d’intérêt que suscite cette crise et a appelé le Conseil de sécurité à en débattre davantage.

Elle a notamment averti que la poursuite de la crise dans la région anglophone risque de miner les efforts déployés pour stabiliser la situation dans le bassin du lac Tchad.  Le potentiel de violence électorale est également grand et risque aussi de saper la légitimité du scrutin.  Cette situation exige la plus haute vigilance, a-t-elle estimé.

La représentante a ensuite salué l’engagement en faveur du dialogue et du multilinguisme manifesté par le Président Paul Biya camerounais, mais a déploré l’absence de progrès pour désamorcer la crise.  Il est essentiel que toutes les parties prennent des mesures immédiates dans ce sens, a–t-elle souligné.  Et le Représentant spécial et le BRENUAC ont aussi un rôle important à jouer pour trouver une issue à la crise dans ce pays.

M. GUSTAVO MEZ-CUADRA (Pérou) a souligné l’importance d’adopter des approches régionales et sous-régionales, et de s’attaquer aux causes profondes des conflits, pour relever les défis et construire une paix durable en Afrique centrale.  Ainsi a-t-il salué les alliances établies par le BRENUAC avec l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), la Commission du golfe de Guinée et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Évoquant les élections prévues dans cinq pays d’Afrique centrale, il a jugé essentiel de promouvoir la stabilité politique et la participation des femmes et des jeunes.

Préoccupé par les nombreuses violations des droits de l’homme dans la sous-région, et en particulier par la menace terroriste de Boko Haram, le représentant a appuyé la stratégie de prévention et de lutte contre le terrorisme lancée par la CEEAC, ainsi que la réforme du Conseil de paix et de sécurité de l’Afrique centrale (COPAX).

Enfin, il a rappelé que la sous-région fait face à une grave crise humanitaire et que près de 11 millions de personnes dépendent d’une aide extérieure. 

Préoccupé par la recrudescence de la violence en République centrafricaine, M. ILAHIRI ALCIDE DJÉDJÉ (Côte d’Ivoire) a soutenu l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine, menée sous l’égide de l’Union africaine.  Il a salué les efforts du Président de la République centrafricaine qui privilégie le dialogue et la concertation afin d’aboutir à la réconciliation nationale inclusive. 

En République démocratique du Congo (RDC), la délégation ivoirienne appelle à la mise en œuvre effective de l’Accord de la Saint-Sylvestre, en vue de la tenue effective des élections le 23 décembre prochain.  Concernant la situation au Burundi, elle invite toutes les parties prenantes à la reprise du dialogue politique inclusif interburundais, sous l’égide de la Communauté d’Afrique de l’Est, dans le cadre de l’Accord d’Arusha.

La situation sécuritaire dans le bassin du lac Tchad a également inquiété M. Djédjé, en raison de la menace persistante de Boko Haram dont les activités criminelles s’étendent au Cameroun, au Tchad et au Niger.  Il a soutenu le renforcement de l’appui à la Force multinationale mixte de lutte contre Boko Haram, en collaboration étroite avec l’Union africaine et la Commission du bassin du lac Tchad, tel que recommandé par le Secrétaire général.  

En outre, il a salué la prorogation du mandat de l’Initiative de coopération régionale pour l'élimination de l'Armée de résistance du Seigneur (ICR-LRA), par l’Union africaine, jusqu’au 22 août 2018.

Compte tenu de ces difficultés, le représentant a souligné « la nécessité de la mise en place d’une stratégie de coopération régionale afin d’apporter une réponse appropriée aux défis qui minent l’Afrique centrale ».  À cet égard, la Côte d’Ivoire soutient les efforts déployés par la Communauté des États d’Afrique centrale (CEEAC) en faveur de la paix et de la sécurité et salue l’adoption récente par le Conseil de paix et de sécurité de l’Afrique centrale (COPAX) de la stratégie de prévention et de lutte contre le terrorisme dans cette région.  

Elle encourage aussi la mise en place de la stratégie de lutte contre le mercenariat et la criminalité transnationale organisée en Afrique centrale, ainsi que l’adoption d’une règlementation communautaire sur le pastoralisme.

M. KANAT TUMYSH (Kazakhstan) a fait part de sa préoccupation face aux tensions qui ont cours dans les régions anglophones du Cameroun et a invité toutes les parties à créer les conditions nécessaires pour la cessation de la violence et établir un réel dialogue ouvert.  

Il a appelé l’Union africaine, la Commission du bassin du lac Tchad et l’ONU à continuer de former et mettre en œuvre une stratégie régionale coordonnée pour faire face aux causes profondes de la crise transnationale causée par les activités de Boko Haram.  Il a invité la communauté internationale à poursuivre son soutien en faveur de la Force multinationale de lutte contre Boko Haram et à la Force régionale d’intervention de l’Union africaine en République centrafricaine. 

Pour le Kazakhstan, la question du nombre élevé de déplacés dans la sous-région mérite une attention spéciale, car elle met un fardeau supplémentaire sur les communautés et les pays d’accueil qui font déjà face à des ressources limitées.  Le soutien des donateurs internationaux est donc utile, et les gouvernements locaux se doivent également d’assurer la sécurité nécessaire au retour volontaire des réfugiés, avec le soutien du système des Nations Unies, a-t-il ajouté.

M. PEDRO LUIS INCHAUSTE JORDÁN (Bolivie) a considéré que les travaux du BRENUAC devaient se poursuivre en coopération avec les acteurs régionaux, dans le respect de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale des États concernés.  

Pour relever les défis en matière de paix et de sécurité, d’assistance humanitaire et de développement, il a préconisé une stratégie conjointe entre le BRENUAC, les équipes de pays et les organisations régionales et sous-régionales, notamment l’Union africaine, la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC), la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), et la Commission du golfe de Guinée.  En effet, a-t-il poursuivi, bien que la situation dans chaque pays soit distincte, les conflits de la région doivent se résoudre à travers la médiation, la diplomatie préventive et le dialogue politique.

D’après le représentant, il faudrait reproduire en Afrique centrale l’initiative des pays du G5 Sahel pour lutter contre le terrorisme.  À cet égard, il a salué les efforts de la Force multinationale mixte de lutte contre Boko Haram, en collaboration avec l’Union africaine et la Commission du bassin du lac Tchad.  Les pays de la région et la communauté internationale doivent aborder les causes profondes des défis, dont le manque de contrôle sur les ressources naturelles, dont l’exploitation illicite contribue à financer des groupes comme l’Armée de résistance du Seigneur (LRA). 

Enfin, le représentant a exhorté la communauté internationale à prendre en compte la situation humanitaire dans la sous-région. 

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) s’est inquiété de l’impact du terrorisme et du crime transnational organisé pour la région.  Il a condamné dans les termes les plus vifs les attaques répétées contre les Casques bleus qui travaillent dans des conditions difficiles dans cette région.

Le représentant s’est aussi préoccupé de la détérioration de la situation en République centrafricaine, avertissant que cela risquait de saper les progrès réalisés jusqu’à présent et de déboucher sur un nouveau cycle de violence.  Il a appelé à la tenue d’un dialogue large et inclusif pour trouver une solution, insistant par ailleurs sur la nécessité pour le Gouvernement de bénéficier du plus large appui de la part de la communauté internationale.

Abordant ensuite la violence liée aux activités de Boko Haram et de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), il a estimé qu’un effort diplomatique est nécessaire pour appuyer les efforts de lutte en la matière.  Il a aussi jugé nécessaire de renforcer le mandat de la MINUSCA pour lui permettre de réagir à l’évolution de la situation sur le terrain.

L’appui politique et la mobilisation des ressources s’imposent également pour renforcer l’action de la Force mixte multinationale contre Boko Haram, a-t-il ajouté.

Concernant la situation au Cameroun, il a appelé à désamorcer la crise par le biais d’un dialogue inclusif qui, a-t-il insisté, doit bénéficier de tout le soutien nécessaire.  La priorité doit aussi être donnée à la diplomatie silencieuse et le Secrétaire général doit utiliser ses bons offices à cette fin.  

Le représentant a averti que la dramatisation de la situation risquait de l’aggraver, insistant une nouvelle fois sur les mérites de la « diplomatie de velours ».  Il a ensuite appuyé le renouvellement du mandat du BRENUAC.

M. CARL ORRENIUS SKAU (Suède) a souligné l’importance vitale du BRENUAC dans la prévention des conflits, y compris par les bons offices et le soutien à la coopération et l’intégration régionales.  Il a plaidé pour un soutien de l’ONU au renforcement des capacités des organisations régionales en Afrique centrale et a aussi jugé important que l’Organisation continue de promouvoir et soutenir la feuille de route de Libreville sur la paix en RCA.

Au sujet de la situation dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun, la Suède plaide pour l’examen des revendications de longue date, invitant aussi les parties à agir de manière responsable, à se garder de poser des actes de violence et à contribuer au respect des droits de l’homme et à l’ouverture d’un dialogue ouvert ainsi qu’à l’examen de la question de la décentralisation.  Il a jugé utile que le Conseil de sécurité continue de suivre attentivement la situation en prévision des futures élections.

Le représentant a enfin salué la dernière réunion du forum des gouverneurs du lac Tchad sur la consolidation de la paix, qui s’est tenue à Maiduguri (Nigéria) en mai dernier.  Il a noté que cette rencontre, qui fut précédée par des consultations auprès de plus de 1 000 femmes, hommes et jeunes des communautés autour du lac Tchad, a permis de souligner la nécessité de suivre une approche globale et régionale pour faire face aux causes profondes de l’instabilité dans la région.  Il a dit attendre avec impatience la prochaine rencontre du genre prévue en 2019 à Diffa (Niger).

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a estimé que l’évolution de la situation sur le terrain illustre la précarité dans laquelle se trouve la sous-région.  Elle a noté que des élections sont prévues à différents niveaux dans plusieurs pays de la sous-région et a appelé les gouvernements concernés à œuvrer en faveur de la tenue d’élections pacifiques et crédibles.

Elle s’est souciée de l’instabilité qui prévaut en République centrafricaine, en République démocratique du Congo (RDC) ainsi qu’au Cameroun, où la situation est « particulièrement inquiétante ».  Elle a insisté sur l’importance du respect de l’état de droit.

La représentante a aussi estimé que la poursuite des activités de Boko Haram et de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) démontre la nécessité de fournir un appui continu à la Force multinationale mixte.

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