8239e séance – après-midi
CS/13308

Après la fermeture de la MINUL, le 30 mars, le Conseil de sécurité souligne que l’ONU continuera d’être un partenaire important du Libéria

Vingt jours après la fin du mandat de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL), le Conseil de sécurité s’est réuni cet après-midi pour examiner le rapport final du Secrétaire général sur cette mission achevée après 15 ans d’existence au service de la paix.  À cette occasion, le Conseil a adopté une déclaration présidentielle par laquelle il se félicite des « remarquables avancées » que le peuple et le Gouvernement libériens ont accomplies depuis 2003 et souligne que l’ONU continuera d’être un partenaire important du Libéria après la fermeture de la MINUL.  Comme le fait observer le Secrétaire général, il s’agit d’aider le Libéria à surmonter ses difficultés en termes de pérennisation de la paix et de réalisation du développement durable.

La communauté internationale célèbre aujourd’hui « un véritable jalon historique pour le Libéria », a annoncé le Sous-Secrétaire général à l’état de droit et aux institutions chargées de la sécurité au Département des opérations de maintien de la paix, M. Alexander Zouev, en évoquant le chemin parcouru depuis l’adoption de la résolution 1509 (2003) du Conseil.

Présidente de la formation Libéria de la Commission de la consolidation de la paix, Mme Irina Schoulgin Nyoni, de la Suède, a, pour sa part, jugé impératif que la Commission continue de soutenir un leadership politique renouvelé et durable sur les réformes structurelles.  « Poursuivre ces réformes aidera à extirper certaines des causes du conflit », a-t-elle assuré. 

M. Chid Liberty, un jeune entrepreneur libéro-américain et promoteur de l’usine de textile « Liberty & Justice », qui distribue gratuitement des uniformes scolaires aux enfants nécessiteux du Libéria, a ensuite plaidé pour le renforcement du secteur privé et des investissements dans ce pays. 

Caractérisant souvent la MINUL de « succès », les membres du Conseil se sont unanimement félicités de la tenue des élections présidentielle et législatives de 2017, et de la passation de pouvoirs d’Ellen Johnson Sirleaf à George Manneh Weah le 22 janvier 2018, la première entre deux chefs d’État démocratiquement élus depuis 44 ans.

« Le Libéria est un pays qui vit en paix avec lui-même et avec ses voisins », conclut M. António Guterres dans son rapport.  Lorsque la MINUL a été déployée, en octobre 2003, rappelle-t-il, le Libéria était un État « en complète déliquescence » et certaines zones de Monrovia ainsi que de l’intérieur du pays étaient contrôlées par trois factions belligérantes.  Le pays a été marqué par un quart de siècle de crise politique et par 14 années de brutales guerres civiles.

Aux termes de sa déclaration présidentielle, le Conseil prie le Secrétaire général d’entreprendre, dans un délai d’un an, une étude du rôle que la MINUL a joué dans le règlement des conflits et des problèmes endurés par le Libéria.

Le Conseil se félicite de la poursuite de la mise en œuvre du plan de consolidation de la paix au Libéria, intitulé « Pérenniser la paix et assurer le développement: plan de consolidation de la paix au Libéria » (S/2017/282), présenté par le Secrétaire général en application de la résolution 2333 (2016).  À cet égard, il encourage toutes les parties prenantes à redoubler d’efforts pour honorer leurs engagements et concourir à la réussite de cette entreprise.  Il importe, souligne-t-il notamment, que les autorités libériennes « fassent davantage pour s’attaquer aux causes profondes du conflit ». 

Préoccupé par le fait qu’au Libéria, les femmes et les filles continuent d’être victimes de nombreux actes de violence sexuelle et sexiste, le Conseil demande à nouveau au Gouvernement libérien de satisfaire à la nécessité urgente et impérative de lutter contre l’impunité et de traduire en justice tous les auteurs de tels crimes. 

« Les réalisations de la MINUL montrent qu’il est possible d’engranger des succès quand les conditions sont réunies », ont estimé les États-Unis, qui ont noté une excellente collaboration de la MINUL avec le Gouvernement libérien, œuvrant pour réaliser un objectif commun, avec un mandat réalisable, à l’appui d’une solution pour aider le pays à se relever du chaos. 

La France a salué dans la fin de la MINUL « un nouveau succès pour le maintien de la paix, pour le Conseil de sécurité et pour les Nations Unies dans leur ensemble, alors que les Nations Unies sont si souvent et injustement clouées au pilori ».  Quelle que soit l’ampleur des avancées réalisées jusqu’ici, « nous ne devons toutefois pas sous-estimer les défis auxquels le Libéria doit encore faire face sur le chemin du développement et de la paix durables », a toutefois nuancé le représentant, qui a préconisé une « action volontariste pour traiter les causes profondes du conflit ».   

Pour la Côte d’Ivoire, voisine du Libéria, ce pays est désormais « réconcilié avec lui-même » et entretient d’excellentes relations avec ses voisins.  Résumant l’opinion de ses collègues, le représentant a jugé important que la mobilisation internationale se poursuive, de sorte que les partenaires du Libéria soutiennent les efforts déployés par le Gouvernement pour pérenniser la paix et renforcer les investissements déjà effectués, afin de stabiliser durablement le pays.  La Guinée équatoriale a souhaité que ce dénouement positif s’étende à la Guinée-Bissau voisine, qui connaîtra une élection présidentielle en novembre prochain.  Quant à l’Éthiopie, elle a vu dans le départ de la MINUL un succès non seulement pour le Libéria, mais également pour toute l’Afrique.

Le représentant du Libéria a salué un moment de fierté et de joie pour les Libériens, sachant d’où ils reviennent.  « Fermons-nous un chapitre aujourd’hui sans difficultés?  Ma réponse à cette question est un “Non” emphatique! » a-t-il lancé, reconnaissant que bien des défis restaient à relever.  Mais il a assuré que les questions en suspens resteraient au premier plan des préoccupations du gouvernement actuel, avant de solliciter à son tour le soutien de la communauté internationale. 

LA SITUATION AU LIBÉRIA

Rapport final du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies au Libéria

Déclaration du Président du Conseil de sécurité

Alors que la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) a pris fin le 30 mars 2018, le Conseil de sécurité se félicite des remarquables avancées et des progrès notables que le peuple et le Gouvernement libériens ont accomplis depuis 2003 pour ce qui est de consolider durablement la paix et la stabilité et salue l’inlassable ardeur avec laquelle ils ont mis en place des mécanismes et des institutions démocratiques et veillé à les respecter.  Il relève des améliorations considérables en ce qui concerne la cohésion sociale, les conditions de sécurité globales dans le pays et les droits de l’homme, qui sont de plus en plus respectés, autant d’éléments déterminants pour la consolidation de la paix et la stabilité. 

À cet égard, le Conseil félicite le Gouvernement libérien d’avoir organisé et tenu les élections présidentielle et législatives de 2017 et d’avoir réglé pacifiquement les différends, concourant ainsi à renforcer la résilience des institutions démocratiques du Libéria.  Il exprime sa gratitude à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, à l’Union africaine et à toutes les missions d’observation internationales, régionales et nationales d’avoir contribué à la transparence du processus électoral et procédé aux évaluations en temps voulu.  Il se félicite de l’aide multiforme qu’a apportée la MINUL aux élections de 2017. 

Le Conseil rend hommage, pour leur action décisive, à la MINUL et aux membres de son personnel civil et en tenue, en particulier à ceux qui ont perdu la vie au service de la paix, de la stabilité et du développement pendant les quatorze années qu’a duré la Mission.  Il saisit également cette occasion pour saluer les efforts du Secrétaire général ainsi que ceux de son Représentant spécial, M. Farid Zarif, et de tous ses prédécesseurs.  Il loue la détermination avec laquelle le personnel de la MINUL s’est acquitté de ses tâches à des moments particulièrement difficiles, comme celui où l’épidémie d’Ebola a touché le pays en 2014.  Il remercie les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police et les donateurs de l’appui qu’ils ont apporté à l’exécution des mandats de la MINUL. 

Le Conseil prie le Secrétaire général d’entreprendre, dans un délai d’un an, et dans la limite des ressources disponibles, une étude du rôle que la MINUL a joué dans le règlement des conflits et des problèmes endurés par le Libéria grâce à des missions de bons offices, des activités de médiation politique, le régime de sanctions et d’autres mesures lui ayant permis de mener à bien son mandat et de laisser la place à l’équipe de pays des Nations Unies.  Il attend avec intérêt les résultats de cette étude, y compris les enseignements supplémentaires qui auront été tirés de l’expérience et d’autres recommandations qui pourraient être formulées à propos des pratiques exemplaires pour les missions de maintien de la paix en période de transition, et exprime son intention d’examiner les possibilités d’en tenir compte dans le cadre des travaux qu’il continue de mener pour améliorer l’efficacité globale des activités de maintien de la paix des Nations Unies.

Le Conseil se félicite de la poursuite de la mise en œuvre du plan de consolidation de la paix au Libéria, intitulé « Pérenniser la paix et assurer le développement: plan de consolidation de la paix au Libéria » (S/2017/282), présenté par le Secrétaire général en application de la résolution 2333 (2016) à l’issue de consultations étroites entre l’Organisation des Nations Unies, le Gouvernement libérien et les partenaires.  Il prend note des mesures prises pendant la première phase du plan et au début de la deuxième pour aider le Gouvernement libérien à doter le pays des capacités pérennes indispensables pour préserver durablement la paix et, à cet égard, il encourage toutes les parties prenantes à redoubler d’efforts pour honorer leurs engagements et concourir à la réussite de cette entreprise.  Il souligne qu’il importe que les autorités libériennes fassent davantage pour s’attaquer aux causes profondes du conflit, relancer les processus de réconciliation, faire avancer la réforme foncière, poursuivre les réformes constitutionnelles et institutionnelles, en particulier dans les secteurs de la justice et de la sécurité, favoriser la participation active des femmes et des jeunes à la consolidation de la paix, étendre l’autorité de l’État et les services sociaux à l’ensemble du pays, continuer d’œuvrer au respect des droits de l’homme et instaurer la confiance entre les citoyens libériens et les institutions gouvernementales. 

Le Conseil constate avec satisfaction que le Gouvernement projette de faire participer les citoyens à la mise au point du programme de développement national, et que sa vision, favorable aux pauvres et pleinement conforme aux objectifs de développement durable et au Programme 2030, devrait permettre de réduire la pauvreté au Libéria et d’améliorer la situation économique des personnes en situation vulnérable, en particulier des femmes et des jeunes.

Le Conseil demande au Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel de mettre ses bons offices, selon que de besoin, à la disposition du Gouvernement libérien et du Coordonnateur résident des Nations Unies.

Le Conseil rappelle l’examen de haut niveau de l’application de sa résolution 1325 (2000) et les engagements qu’il a pris dans sa résolution 2242 (2015), dans laquelle il a réaffirmé l’importance du rôle joué par les femmes dans la consolidation de la paix, note à nouveau le lien majeur entre, d’une part, la participation active des femmes aux efforts en matière de prévention et de règlement des conflits et de reconstruction et, d’autre part, l’utilité et la viabilité à long terme de ces efforts, et souligne à cet égard l’importance de l’autonomisation des femmes et de leur participation sur un pied d’égalité à tous les efforts faits pour maintenir et promouvoir la paix et la sécurité au Libéria.

Le Conseil demeure préoccupé par le fait qu’au Libéria, les femmes et les filles continuent d’être victimes de nombreux actes de violence sexuelle et sexiste, et demande à nouveau au Gouvernement libérien de satisfaire à la nécessité urgente et impérative de lutter contre l’impunité et de traduire en justice tous les auteurs de tels crimes, de s’engager plus avant à cet égard, notamment en mettant à exécution son plan d’action national sur la violence sexuelle et sexiste et en améliorant l’accès des femmes et des filles à la justice.

Le Conseil souligne que l’exploitation et les atteintes sexuelles dont se rendent coupables des soldats de la paix sont inacceptables et affirme son appui à la politique de tolérance zéro du système des Nations Unies concernant toutes les formes d’exploitation et d’atteintes sexuelles.  Il note avec satisfaction les mesures que la MINUL a prises pour lutter contre l’exploitation et les atteintes sexuelles et engage l’équipe de pays des Nations Unies à améliorer l’efficacité des garanties existantes, à veiller à ce que l’intérêt des bénéficiaires soit toujours prioritaire et à faciliter l’amélioration des normes et la restauration de la confiance à l’échelle du système.  Il demande à l’équipe de pays de veiller, comme il est indiqué dans le document S/2018/344, à ce que toute allégation en suspens au 30 juin 2018 soit transmise à l’équipe régionale déontologie et discipline basée à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), et toute nouvelle allégation au Bureau du Coordinateur résident, qui sera chargé de transmettre les plaintes à l’équipe déontologie et discipline basée à la MINUSMA et au Département de l’appui aux missions, qui prendront les mesures d’examen et de suivi nécessaires.

Le Conseil souligne que l’ONU continuera d’être un partenaire important du Libéria après la fermeture de la MINUL.  Il prend note du communiqué publié le 23 mars 2018 à l’issue de la conférence sur l’avenir du Libéria et de la poursuite des activités que le système des Nations Unies mène dans le pays en y maintenant une solide équipe de pays composée de 16 organismes, fonds et programmes.

Le Conseil souligne l’importance de l’appui que les partenaires bilatéraux et multilatéraux continuent d’apporter au Libéria, au moment où il entre, à la suite de la fermeture de la MINUL, dans une nouvelle phase de son développement, et engage l’ONU, l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest et l’Union du fleuve Mano à continuer de jouer un rôle majeur dans la consolidation et la pérennisation de la paix au Libéria.  Il est conscient de l’importance du rôle que joue la Commission de consolidation de la paix au Libéria et l’engage à poursuivre sa participation active.

Déclarations

M. ALEXANDER ZOUEV, Sous-Secrétaire général à l’état de droit et aux institutions chargées de la sécurité au Département des opérations de maintien de la paix, s’est réjoui d’annoncer que la communauté internationale célébrait aujourd’hui « un véritable jalon historique pour le Libéria ».  Il a rappelé que la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) avait pris fin le 30 mars dernier, après avoir rempli avec succès le mandat pour lequel elle avait été déployée il y a près de 15 ans.

M. Zouev a caractérisé le Libéria de 2003 comme « un pays en ruines, ayant une population traumatisée et vivant dans un État prédateur après 14 ans de guerre civile ».  S’il a personnellement été témoin de la portée de ces destructions, il a aussi discerné l’opportunité d’un renouveau dès 2004 en travaillant sur les dossiers délicats du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration des ex-combattants. 

Le Sous-Secrétaire général a évoqué le chemin parcouru depuis l’adoption de la résolution 1509 (2003) jusqu’à ce jour, alors que le Conseil de sécurité est saisi du rapport final du Secrétaire général sur la MINUL, qui aborde les récents développements et la fermeture de la Mission. 

Les institutions nationales ont montré qu’elles étaient capables d’organiser des élections, s’est félicité M. Zouev.  Le Gouvernement et ses partenaires continueront de devoir veiller à ce que celles-ci reçoivent les investissements et les ressources nécessaires à leur développement.  Le Président Weah continue de consolider son gouvernement et sa vision « propauvres » pour le pays, a poursuivi le Sous-Secrétaire général, qui a cité à titre d’exemple le lancement, la semaine dernière, par le Gouvernement, d’une feuille de route pour son programme de développement, qui place les plus pauvres au cœur de la gouvernance publique.  À l’avenir, a souligné M. Zouev, il sera essentiel que tous les partenaires continuent de travailler main dans la main pour mettre en œuvre ce programme aligné sur les objectifs de développement durable.

Par ailleurs, le Sous-Secrétaire général a relevé que le Gouvernement avait réitéré qu’il était pleinement attaché à la liberté d’expression.

La fin du mandat de la MINUL montre bien quelle est la confiance que nous avons placée dans le pays et combien nous sommes convaincus qu’il avance vers une paix pérenne, a poursuivi M. Zouev, pour qui il appartient maintenant au peuple et au Gouvernement libériens de continuer de construire une nation unifiée, dotée d’un gouvernement redevable qui continue de lutter contre la corruption, une nation où tous les citoyens partagent les bénéfices de ses ressources naturelles et humaines, en charge de son propre destin, et où le Gouvernement garantit sécurité, protection et services à tous. 

Les Nations Unies resteront dans le pays pour soutenir la population et le Gouvernement du Libéria, a assuré M. Zouev, aux yeux de qui l’héritage de la MINUL confirme la valeur du maintien de la paix.  La Mission a réussi à prévenir la résurgence d’un conflit armé et à avancer sur la voie d’une paix et d’un développement durables, a-t-il conclu. 

Mme IRINA SCHOULGIN NYONI (Suède), Présidente de la formation Libéria de la Commission de la consolidation de la paix (CCP), a indiqué que la Commission était attachée à la paix au Libéria.  La CCP a soutenu le Gouvernement et la MINUL en élaborant le plan de consolidation de la paix exigé par la résolution 2333 (2016).  Au cours des 15 années d’une mission réussie, la MINUL a été à l’avant-garde des efforts pour jeter les bases essentielles de la paix au Libéria, a poursuivi Mme Schoulgin Nyoni.  Elle a désarmé plus de 100 000 combattants et protégé des millions de civils, aidé à recréer la police, la justice et les institutions de sécurité, facilité l’aide humanitaire, et soutenu le développement des capacités nationales pour promouvoir et protéger les droits de l’homme.  En outre, 202 Casques bleus ont perdu la vie pendant ces 15 ans. 

Demain, le Libéria ne figurera plus au programme de travail du Conseil de sécurité et la mission de maintien de la paix des Nations Unies aura terminé ses opérations, a ajouté Mme Schoulgin Nyoni.  La CCP et l’ONU sont pourtant très impliquées dans le soutien du Libéria dans ce nouveau chapitre.  En ce qui concerne la transition de la MINUL à la présence des Nations Unies, la Commission a constamment recommandé la poursuite des bons offices et de l’accompagnement politique de l’ONU ainsi que l’offre d’expertise nécessaire aux analyses politiques et la mise en œuvre du plan de consolidation de la paix après la fermeture de la MINUL. 

Tenir la promesse des objectifs de développement durable est essentiel pour renforcer la résilience, réussir les transitions et réduire le risque de conflit violent ou de retour au conflit, a poursuivi Mme Schoulgin Nyoni, qui a souligné les défis majeurs à relever pour lesquels l’appui de la communauté internationale sera nécessaire.  De nombreuses causes du conflit demeurent.  La décentralisation, les questions foncières ou encore l’accès à la justice et une capacité accrue des institutions liées à la sécurité sont cruciaux pour la poursuite de la consolidation de la paix.  Le Plan national de développement doit en tenir compte.  Renforcer l’état de droit et assurer la réconciliation nationale sont aussi essentiels.  En outre, la loi sur la violence contre les femmes reste en suspens.

Pour Mme Schoulgin Nyoni, il est impératif que la CCP continue de soutenir un leadership politique renouvelé et durable sur les réformes structurelles.  Continuer ces réformes aidera à extirper certaines des causes du conflit.  À cette fin, une plus grande intégration des efforts de paix de l’ONU est essentielle.  Cela implique de s’assurer que le soutien à la paix soit fidèlement reflété dans le Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement (PNUAD) et que toutes les composantes du système des Nations Unies sur le terrain soutiennent le Plan national de développement d’une manière efficace et coordonnée. 

Il est clair que les progrès concrets concernant les réformes dépendent également de la croissance économique et des capacités financières.  La situation économique difficile a un impact négatif persistant sur la population.  Néanmoins, le Gouvernement affiche clairement une volonté politique et a l’énergie nécessaire.  Une illustration en est la baisse de 25% de son salaire décidé par le Président. 

Ce dernier a aussi déclaré qu’il avait besoin du soutien de la communauté internationale et a souligné l’importance du partenariat, a rappelé Mme Schoulgin Nyoni.  La Commission continuera de travailler étroitement avec la Banque mondiale et d’autres institutions financières internationales et encourage un engagement plus grand du secteur privé, a-t-elle assuré.  Le Fonds d’affectation spéciale pluripartenaire pour le Libéria, avec un financement prévisible des partenaires internationaux en combinaison avec le soutien catalytique du fonds de maintien de la paix, a le potentiel d’être un mécanisme efficace pour permettre la mise en œuvre continue des priorités du pays en matière de consolidation de la paix, a-t-elle conclu. 

M. CHID LIBERTY, entrepreneur libéro-américain et promoteur de l’usine de textile « Liberty & Justice », a expliqué que sa famille est arrivée aux États-Unis quand il était âgé de 5 ans, afin d’y trouver refuge et de fuir la situation politique tendue du Libéria d’alors.  Il a aussi rappelé que durant son adolescence, la guerre civile faisait rage dans son pays d’origine, avec notamment l’utilisation d’enfants soldats et les violences sexuelles.  Aujourd’hui, a-t-il ajouté, le Libéria est devenu un pays pacifique, grâce à des organisations de la société civile tels que « Leymah Gbowee’s Liberian Women’s Mass Action for peace », ou encore avec le soutien de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), et des dirigeants politiques locaux tels que Mme Ellen Johnson Sirleaf -l’ancienne Présidente-, « sans oublier le Conseil de sécurité ». 

M. Liberty a aussi rappelé son tourment quand, enfant lui-même, il voyait circuler des photos de jeunes garçons au Libéria habillés en treillis déchirés et portant des armes à feu.  Il a fait part de la joie qui l’habite aujourd’hui en voyant, quand il se rend au travail à Monrovia le matin, des enfants habillés en uniformes scolaires.  « Les seules marches que nos enfants font sont celles du chemin de l’école ou des sites de jeux », s’est-il réjoui.  Son entreprise, « Liberty & Justice », confectionne et distribue gratuitement des uniformes scolaires aux enfants nécessiteux du pays.  La compagnie peut équilibrer ses comptes par des produits de sa marque « Uniform » vendus aux États-Unis grâce à un partenariat avec les magasins Bloomingdale’s, a-t-il expliqué. 

L’entrepreneur a souligné qu’à son retour au Libéria en 2009, le taux de pauvreté avoisinait 80% et que le même chiffre exprimait le taux de chômage dans le pays.  C’est ce contexte qui l’a motivé, avec ses partenaires, à ouvrir une usine et donner du travail aux femmes, notamment les déplacées, qui comptaient parmi les plus défavorisés.  Il s’est félicité du fait que les agents de sécurité de son usine soient tous des anciens enfants soldats qui aujourd’hui protègent les mêmes femmes qui furent leurs victimes hier.

M. Liberty a parlé du cas d’une employée de son usine, Mme Jennah, qui est arrivée en 2010, tellement pauvre qu’elle portait des sandales de couleurs différentes.  Une femme seule, avec des enfants à charge, et qui ne savait pas lire et encore moins écrire.  Aujourd’hui, a-t-il témoigné, elle est la meilleure employée de son usine et, après huit ans, elle peut désormais lire et écrire grâce à des programmes sociaux mis en place par l’entreprise. 

M. Liberty a dit merci au Conseil de sécurité pour le soutien apporté à son pays, assurant que les investissements qu’il y avait consentis n’avaient pas été vains.  Selon lui, alors que la MINUL vient de fermer ses portes, le Libéria est dorénavant un succès en matière d’après conflit.  « Mission accomplie », a-t-il lancé. 

Désormais, il s’agit de renforcer le secteur privé dans le pays, a poursuivi l’entrepreneur.  La population, en majorité jeune, doit être éduquée, employée et impliquée dans le processus politique.  Il faut donc investir dans la jeunesse du Libéria, notamment en faveur des jeunes entrepreneurs du pays afin que ces derniers créent des emplois d’avenir, construisent une base fiscale locale et soutiennent la société civile.  Il a reconnu que d’aucuns continuent de juger très risqué d’investir au Libéria.  Il a néanmoins expliqué qu’à partir de son expérience personnelle dans le pays, et ayant vu une génération perdue, « le risque d’y investir n’est pas aussi grand que le fait de ne pas y investir ».

Pour Mme AMY NOEL TACHCO (États-Unis), la MINUL a grandement contribué à la paix et à la sécurité dans un pays déchiré par une guerre civile effroyable et de multiples violations des droits de l’homme.  « La MINUL a fait la différence sur le terrain », a-t-elle dit, ajoutant que la Mission avait surmonté les difficultés pour parvenir à une transition et permis de sauver des vies. 

« Les réalisations de la MINUL montrent qu’il est possible d’engranger des succès quand les conditions sont réunies », a estimé Mme Tachco.  Ainsi la Mission a-t-elle bénéficié d’une excellente collaboration avec le Gouvernement du pays, œuvrant pour réaliser un objectif commun, avec un mandat réalisable, à l’appui d’une solution pour aider le pays à se relever du chaos.  Avec les élections de 2017, nous avons compris tout le chemin parcouru par le Libéria et ses institutions, a poursuivi Mme Tachco.

« La réconciliation ne signifie pas simplement oublier le passé », a ensuite souligné la représentante.  Dans cet esprit, elle a félicité le Gouvernement pour la tenue de la conférence sur la réconciliation visant à trouver une identité nationale, pour sa stratégie de la paix et de la réconciliation nationale et pour avoir suivi les recommandations de la Commission vérité et réconciliation.  Elle a souhaité que la Commission libérienne des droits de l’homme continue de se développer et a salué la création d’un bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme.  

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a salué les efforts de la MINUL pour stabiliser le Libéria, ce dont témoignent en particulier les mesures prises pour la bonne tenue de la dernière élection présidentielle.  Il a rendu hommage à tous ceux qui ont perdu la vie au sein de la Mission afin que le pays puisse aujourd’hui vivre en paix.  Il a aussi salué, sur le plan sécuritaire, le fait que les autorités peuvent désormais s’acquitter des fonctions qui échoyaient naguère encore à la MINUL. 

Le représentant a néanmoins regretté la lenteur des réformes du système de la justice.  Il a relevé que le nouveau Président du pays faisait assurément face à de nombreux défis, dont celui du rétablissement de la confiance des populations en leur système judiciaire.  La Fédération de Russie invite les autorités à faire face aux causes profondes qui avaient conduit au conflit, y compris les différends fonciers.  M. Polyanskiy a également souligné l’importance de la bonne coopération avec les pays voisins, notamment la Côte d’Ivoire, où vivent de nombreux réfugiés libériens.  Il a enfin souhaité que les autorités œuvrent à la stabilité du pays et à son essor économique et social. 

M. PAWEL RADOMSKI (Pologne) a salué la fermeture de la MINUL.  Alors que la Mission avait été déployée il y a 15 ans dans un État en déliquescence, elle quitte aujourd’hui un pays à l’aube d’une ère nouvelle, a-t-il ajouté, estimant que l’investiture du Président Weah avait constitué « un jalon sur la voie de la transformation de cette république, la plus ancienne d’Afrique ».  Le représentant a aussi salué le rôle de premier plan de la société civile pour rétablir la paix au Libéria, jusqu’à la tenue d’un processus électoral transparent et inclusif.

Il reste toutefois des défis à relever, a reconnu M. Radomski, notamment sur le plan socioéconomique.  Le représentant a salué l’engagement du Président à lutter contre la corruption, promouvoir la bonne gouvernance et avancer sur la voie de la réconciliation nationale pour pérenniser la paix et jeter les bases d’un développent durable.  En conclusion, il a souligné l’importance pour les Nations Unies de rester engagées.  « Il est de notre devoir de préserver les acquis de la MINUL », a-t-il insisté.  Enfin, il a rendu hommage aux 202 Casques bleus qui ont perdu la vie au service de la paix au Libéria.

M. THÉODORE DAH (Côte d’Ivoire) a estimé que le Libéria était désormais réconcilié avec lui-même et entretenait d’excellentes relations avec les pays voisins, dont la Côte d’Ivoire.  Le récent voyage du Président George Weah à Abidjan en est la parfaite illustration, a ajouté le représentant.  Il a salué la contribution essentielle des acteurs politiques libériens qui, à une période cruciale de l’histoire de leur pays, ont accepté de placer l’intérêt national au-dessus de toute autre considération.  Reconnaissant que de nombreux défis restaient à relever, le représentant s’est dit convaincu que l’engagement et la volonté politique des nouvelles autorités permettraient au Libéria de repartir sur des bases solides.  Il a aussi noté la détermination du Gouvernement à combattre la corruption, à promouvoir la bonne gouvernance et à faire avancer le processus de réconciliation nationale. 

Il importe que la mobilisation internationale se poursuive, a insisté M. Dah, de sorte que les partenaires du Libéria soutiennent les efforts déployés par le Gouvernement pour pérenniser la paix et renforcer les investissements déjà effectués, ceci afin de stabiliser durablement le pays.  En outre, la consolidation des résultats acquis en vue de la pérennisation de la paix et de la stabilité demeure essentielle pour prévenir tout risque de retour en arrière.  Il appartient donc à l’équipe de pays des Nations Unies, en rapport avec le Gouvernement libérien et les organisations régionales et sous-régionales, de travailler à l’unisson, en vue de la réalisation d’un tel objectif, a conclu le représentant.

M. DAWIT YIRGA WOLDEGERIMA (Éthiopie) a présenté le départ de la MINUL comme un succès pour le Libéria, mais également pour toute l’Afrique.  Il a salué le travail de la MINUL, paraphrasant le nouveau Président du pays qui a affirmé que l’ONU avait eu un impact indélébile sur la vie des Libériens.  Il a rappelé que l’Éthiopie avait contribué à ce succès par l’envoi de contingents.  Il a souhaité que le travail de la MINUL fasse l’objet d’une évaluation et que des leçons en soient tirées. 

Le représentant a ensuite prôné la réconciliation et la promotion de la démocratie au Libéria.  Il a également jugé essentiel de mettre en œuvre le plan de consolidation de la paix pour le Libéria et a invité la communauté internationale, notamment la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union africaine et les Nations Unies, à continuer d’accompagner le pays pour y pérenniser la paix.

Mme SCHOULGIN NYONI (Suède), s’exprimant cette fois au nom de son pays, a salué le caractère spécial de cette dernière séance du Conseil consacrée à la MINUL, en précisant qu’elle était « la seule diplomate suédoise en poste à Monrovia en 2004 et 2005 », alors que la MINUL nouvellement installée commençait à peine à apporter l’espoir.  La bonne transition de la MINUL vers l’équipe de pays de l’ONU atteste du professionnalisme de la Mission comme du chemin parcouru par le Libéria, a-t-elle estimé, en soulignant la soif de démocratie dans le pays et l’apaisement de la situation sécuritaire. 

De nombreuses causes profondes du conflit demeurent néanmoins, a nuancé Mme Schoulgin Nyoni, en rappelant qu’il ne peut y avoir de paix sans développement.  Elle a plaidé notamment pour une bonne gestion des vastes ressources du pays au service du peuple libérien.  Enfin, elle a jugé ambitieux le programme de réduction de la pauvreté du nouveau Président, avant de rappeler qu’il est essentiel que le soutien international à ce pays ne faiblisse pas. 

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a, avec le retrait de la MINUL, salué « un nouveau succès pour le maintien de la paix, pour le Conseil de sécurité et pour les Nations Unies dans leur ensemble, alors que les Nations Unies sont si souvent et injustement clouées au pilori ».  Ce succès, a-t-il noté, s’inscrit dans le sillage de ceux récemment obtenus en Côte d’Ivoire, en Sierra Leone ou encore en Haïti. 

« Le départ de la MINUL ne marque pas la fin de la présence des Nations Unies au Libéria, bien au contraire », a assuré M. Delattre.  Il ouvre le chapitre d’une nouvelle forme d’appui de la part du système des Nations Unies, avec des structures et des instruments plus adaptés aux besoins actuels de la population libérienne.  Il est également indispensable que la communauté internationale au sens large continue de soutenir le Libéria, a-t-il déclaré.  « Le Libéria a récemment pu montrer l’ampleur des progrès qu’il avait réalisés sur le chemin de la démocratisation et de la stabilisation », s’est félicité M. Delattre, en faisant part de la volonté de la France d’accompagner le Président Weah dans la réalisation des orientations qu’il a définies pour son pays. 

Quelle que soit l’ampleur des avancées réalisées jusqu’ici, « nous ne devons toutefois pas sous-estimer les défis auxquels le Libéria doit encore faire face sur le chemin du développement et de la paix durables », a nuancé le représentant, qui a averti qu’une stabilisation durable ne saurait faire l’économie d’une « action volontariste pour traiter les causes profondes du conflit ».    

M. KANAT TUMYSH (Kazakhstan) a félicité le peuple du Libéria pour les dernières élections pacifiques et pour le long chemin parcouru vers la paix.  Il a apporté son soutien au Président Weah qui entend lutter contre la corruption et relancer l’économie.  Pour cela, il est important que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union africaine et l’ONU apportent leur soutien au pays.  Le représentant a invité le Gouvernement à s’atteler à l’autonomisation des femmes et des jeunes.  Il a aussi souligné le rôle des dirigeants religieux pour la consolidation de la paix. 

Des fonds sont nécessaires pour la reconstruction du Libéria, a poursuivi M. Tumysh, qui a souhaité que la communauté internationale réagisse favorablement aux demandes du pays.  Il a aussi invité le Gouvernement national à trouver des moyens de diversifier son économie, sans oublier le renforcement des droits de l’homme.  Il a enfin estimé que les leçons tirées de l’expérience de la MINUL pourraient aider au succès d’autres missions de maintien de la paix des Nations Unies. 

M. BADER ABDULLAH N. M. ALMUNAYEKH (Koweït), qui a évoqué les victimes des guerres civiles successives au Libéria, a ensuite reconnu que la MINUL s’était acquittée de ses fonctions avec succès.  Il s’est réjoui de débattre d’un ordre du jour au Conseil de sécurité « de façon positive ».  D’après lui, la MINUL représente un exemple parfait de participation aux niveaux international, régional et local, qui a permis de construire un État en mesure de s’autogérer. 

Le représentant a souligné l’importance de l’équipe de pays, du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et de la Commission de consolidation de la paix, compte tenu de la situation économique difficile, et afin de réaliser le développement durable.  Il s’est également félicité du rôle joué par les acteurs politiques pour résoudre leurs différends avant les dernières élections. 

M. PEDRO LUIS INCHAUSTE JORDÁN (Bolivie) a noté que le Libéria devait encore relever des défis importants car consolider la paix nécessite des efforts au quotidien.  Il a salué le rôle de l’ancienne Présidente Sirleaf et a souligné la mission cruciale du Président Weah qui lui a succédé démocratiquement en janvier dernier.  Il a ensuite cité un certain nombre de chantiers, notamment les questions de sécurité et de renforcement de l’état de droit.  Le représentant a aussi rappelé l’épidémie d’Ebola, qui avait affecté le pays et la région en 2014, soulignant l’importance pour la communauté internationale de s’assurer que cela ne se reproduira plus.  Il a conclu en saluant le travail mené dans le pays par la MINUL.

M. WU HAITAO (Chine) s’est dit confiant dans le fait que, sous la direction du Président Weah, le Libéria et son peuple pourraient réaliser de grands progrès.  Il a félicité la MINUL de sa contribution au maintien de la paix et à la stabilité au Libéria.  La Chine, a-t-il rappelé, a toujours insisté pour dire que les opérations de maintien de la paix devaient faire l’objet d’ajustements en temps voulu, en fonction de la situation sur le terrain et en respectant la volonté du pays concerné. 

La MINUL, s’est félicité le représentant, est « une véritable success story », qui devra être étudiée pour que nous en tirions les leçons nécessaires.  Qu’il s’agisse de la consolidation d’une nation ou de la lutte contre l’épidémie d’Ebola, la Chine s’est toujours tenue aux côtés du Libéria et elle a participé activement à la MINUL, a également fait valoir le représentant.  À l’avenir, a-t-il assuré, la Chine continuera de faire avancer sa politique africaine sur la base des valeurs d’amitié et de bénéfices partagés, et de jouer « un rôle constructif sur le continent africain ». 

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a rappelé que, pendant la crise d’Ebola, la Guinée équatoriale avait prêté 3 millions de dollars aux pays affectés, y compris le Libéria.  Il a salué l’aboutissement du processus politique ayant mené à la paix dans le pays, notamment grâce à l’implication de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l’Union africaine et de l’ONU.  Pour le représentant, cette expérience montre l’importance de la composante régionale dans la recherche de la paix.

M. Ndong Mba a déclaré que le Libéria était un excellent exemple en ce qu’il montre que le sens du compromis des acteurs politiques peut conduire à une solution, même dans les situations les plus complexes.  Il a dit souhaiter que ce dénouement positif puisse s’étendre à la Guinée-Bissau voisine, qui connaîtra une élection présidentielle en novembre prochain.  Il a enfin salué le rôle de la MINUL, rendant aussi hommage au personnel onusien ayant perdu la vie au Libéria.

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a rendu hommage au personnel des Nations Unies ayant servi au Libéria, notamment les 202 soldats de la paix qui ont payé de leur vie leur service dans le pays.  Au titre des enseignements de l’expérience libérienne, le représentant a noté que la MINUL avait encouragé l’appropriation nationale.  Ainsi, les forces de police nationale ont radicalement changé entre le temps du début de la Mission en 2003 et aujourd’hui, s’est-il félicité.  La MINUL a aussi coordonné ses efforts avec ceux d’autres acteurs comme la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a-t-il fait observer, sans oublier le rôle joué par la formation Libéria de la Commission de consolidation de la paix.

En revanche, un des aspects négatifs de la MINUL tient au temps très long qu’a duré la Mission, a estimé le représentant, qui a déploré que le Conseil n’ait pas établi une feuille de route claire au moment de sa création.  On aurait dû avoir un mandat plus réaliste, a-t-il concédé. 

Désormais, a estimé M. Allen, l’ONU doit jouer un rôle de coordination entre les donateurs en faveur de la mise en œuvre des objectifs de développement durable dans le pays.  Dans le même temps, l’ONU doit également s’assurer de la redevabilité des autorités nationales.  Après avoir rappelé que le conflit au Libéria avait fait près de 250 000 morts, le représentant a conclu en disant souhaiter que l’on puisse voir bientôt d’autres Libéria.

Mme LISE GREGOIRE VAN HAAREN (Pays-Bas) a exhorté le nouveau Président à s’appuyer sur le travail accompli par l’Administration précédente afin de faire du Libéria un pays inclusif et pacifique.  Elle a souligné la nécessité de remédier aux causes profondes du conflit et de pérenniser la paix, l’équipe de pays des Nations Unies ayant à cet égard un rôle crucial à jouer.  Il faudra renforcer cette équipe, ainsi que le Bureau du Coordonnateur résident, a déclaré la représentante, afin de jeter les bases d’institutions fortes et d’assurer la pleine participation des femmes.  Enfin, tirant les leçons de la bonne transition au Libéria, Mme Gregoire Van Haaren a souligné l’importance d’une planification de la stratégie de sortie d’une mission, estimant qu’on aurait pu prévoir davantage de temps entre la tenue des élections au Libéria et le départ de la MINUL. 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a souligné, en examinant le cas de la consolidation de la paix au Libéria, l’importance de l’accompagnement de la communauté internationale, de la Commission de consolidation de la paix (CCP) et des organisations régionales et sous régionales comme l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).  Ce pays est aussi un exemple de la façon dont une mission des Nations Unies peut soutenir les efforts nationaux pour parvenir à une paix durable, a-t-il ajouté.  Le Pérou exprime sa satisfaction d’avoir pu contribuer à la consolidation de la paix au Libéria, a ajouté le représentant en insistant sur la nécessité d’aller de l’avant en suivant trois objectifs.

Le premier est la réconciliation nationale, qui nécessite l’accélération de la mise en œuvre du plan de consolidation de la paix.  Le deuxième est le respect des droits de l’homme, a-t-il poursuivi en saluant la création d’un bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme au Libéria.  Le troisième réside dans les réformes institutionnelles.  Le représentant a en effet souligné l’importance de l’édification d’institutions démocratiques.  Il s’est félicité à cet égard du programme en faveur des pauvres adopté par le Gouvernement du Libéria, qui s’inscrit dans le plan de consolidation de la paix et des objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. ISRAEL CHOKO DAVIES (Libéria) a indiqué que cette séance n’était pas seulement un moment historique, puisque c’était la dernière réunion du Conseil de sécurité sur le Libéria et la MINUL, mais aussi un moment de fierté et de joie pour les Libériens, quand on sait d’où ils reviennent.  Il y a maintenant huit ans, a-t-il rappelé, que le Libéria avait demandé au Secrétaire général de placer le pays à l’ordre du jour de la Commission de consolidation de la paix (CCP). 

Voulant exprimer ses remerciements pour tout ce qui a été accompli depuis, M. Davies a commencé par « Dieu tout puissant et la communauté internationale dans son ensemble ».  Le représentant a adressé en particulier sa reconnaissance à la CEDEAO, l’Union africaine, l’Union européenne et, « bien sûr, l’ONU et tous ses organes ainsi que la CCP ».  Il n’a pas manqué de citer non plus le soutien reçu d’individus et d’institutions philanthropes, avant de rendre un hommage particulier aux Libériens eux-mêmes et à la MINUL.

« Fermons-nous un chapitre aujourd’hui sans difficultés?  Ma réponse à cette question est un “Non” emphatique! » a poursuivi le représentant, qui a reconnu que bien des défis restaient à relever.  Il a cité la décentralisation, la propriété foncière et les différends en suspens, la corruption, la violence contre les femmes et les filles, l’économie en difficulté, ainsi que les infrastructures en mauvais état, parmi tant d’autres problèmes.  Il a assuré que ces questions resteraient au premier plan des préoccupations du gouvernement actuel, avant de solliciter le soutien sans faille de la communauté internationale.  « Pas seulement des donateurs traditionnels, a-t-il précisé, mais de tout le monde. »

M. Davies a réitéré l’engagement de son pays à respecter l’état de droit, en particulier la liberté d’expression et la bonne gouvernance.  Il a misé sur le Plan de développement national, la Feuille de route pour la réconciliation, le plan de consolidation de la paix, le Fonds d’affectation spéciale multidonateurs et le programme en faveur des pauvres.  « Nous continuerons à nous appuyer sur les réalisations des anciens leaderships et feront en sorte qu’aucun Libérien ne soit laissé de côté », s’est-il engagé.  Avant de conclure, M. Davies a salué la mémoire des 202 Casques bleus qui ont perdu la vie en luttant pour la paix au Libéria.  « Aujourd’hui, le Libéria se relève », a-t-il assuré.

 

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