Soixante-treizième session,
11e séance – matin
CPSD/671

Quatrième Commission: les délégations insistent sur l’importance de promouvoir le multilinguisme dans le travail du Département de l’information

Poursuivant, aujourd’hui, leur débat sur la question de l’information, les délégations de la Quatrième Commission (questions politiques spéciales et décolonisation) ont appelé le Département de l’information à promouvoir le multilinguisme, que ce soit en respectant la parité entre les six langues officielles des Nations Unies, ou en tenant compte des nouvelles dynamiques démographiques et linguistiques.

De nombreuses délégations, dont la France, le Sénégal, l’Égypte, la Libye, ou la Jamaïque, entre autres, ont ainsi rappelé l’importance d’un traitement équitable des six langues officielles des Nations Unies.  De nombreuses délégations hispanophones ont notamment insisté sur la prépondérance de l’espagnol dans le monde pour décrier que les communiqués de presse existent actuellement uniquement en français et en anglais et exiger que l’espagnol soit rajouté à cette liste.

La France a souligné de son côté que, d’ici à 30 ans, le nombre de francophones devrait plus que doubler et a exhorté l’ONU à s’adapter à la vitalité de la langue française « qui fera du continent africain le centre de gravité de la francophonie ».  L’Arabie saoudite et la Syrie ont attiré l’attention sur l’importance de l’utilisation de l’arabe dans toutes les communications des Nations Unies, tandis que la Tanzanie a présenté un long argumentaire en faveur du kiswahili.

Cette délégation a notamment prédit que le kiswahili, qui est devenu une langue officielle au sein de l’Union africaine, sera bientôt une langue mondiale avec près de 500 millions de locuteurs et a dit ne pas comprendre pourquoi elle ne figure pas parmi les langues officielles de l’ONU.  Même son de cloche du côté du Portugal qui a plaidé la cause des locuteurs lusophones.

De son côté, l’Inde a appelé à élargir la couverture sur le site Internet de l’ONU au-delà des six langues officielles de l’ONU, afin d’y inclure celles des principaux pays fournisseurs de contingents.  Consciente des contraintes budgétaires qu’il faudra surmonter pour atteindre ces objectifs, cette délégation a encouragé le Département à recourir à des contributions volontaires.  La Libye a, de son côté, proposé de collaborer avec les universités pour numériser et traduire les archives des Nations Unies dans les six langues officielles.

Le recours à des spécialistes externes a toutefois été remis en cause par la Fédération de Russie pour qui des questions « aussi sensibles » que la réforme du Département de l’information devraient être menées en interne.

Le travail des centres d’information des Nations Unies (CINU) a par ailleurs été salué par diverses délégations, dont l’Uruguay et le Japon, ainsi que par le Portugal qui ont appelé de leur vœux l’établissement d’un tel centre à Luanda, en Angola.  Toutes ces délégations ont souligné que le réseau mondial des CINU permet de diffuser des informations sur les activités des Nations Unies aux populations locales, dans des langues locales.

Au cours de leurs échanges, de nombreuses délégations ont également appelé le Département de l’information à tenir compte de la fracture numérique dans ses stratégies de communication.  Ainsi, si l’Uruguay a estimé que l’utilisation des réseaux sociaux est la meilleure façon de fournir des informations au plus grand nombre, notant que 71% des jeunes de la planète sont connectés à l’Internet, il a aussi appelé à ne pas perdre de vue l’utilité des médias traditionnels comme la télévision, la radio et la presse écrite.  D’autant plus, a renchéri Cuba, qu’il existe toujours 781 millions d’adultes analphabètes dans le monde.  Le Costa Rica a pour sa part souhaité une production adaptée aux besoins, avec des reportages d’intérêt local, notamment pour l’Amérique latine.  

Si le Myanmar a insisté sur l’importance de veiller à la précision et à la fiabilité des informations relayées par les Nations Unies, d’autres délégations, dont la Libye et la Syrie, ont souhaité que le Département de l’information parle davantage de la question palestinienne, notamment de la « terrible judaïsation de la Palestine », afin de promouvoir la solution des deux États, entre autres.

De son côté, Israël a appelé l’ONU à ne pas se transformer en plateforme de promotion de la haine et la violence, se déclarant gravement préoccupé par le programme d’information spécial sur la question de Palestine, « qui a développé une version partiale et biaisée des faits contre Israël ».  La communauté internationale doit comprendre que cette version erronée est simplement mensongère, a insisté la délégation, qui a par ailleurs dénoncé, d’une manière plus générale, la multiplication des fausses informations qui incitent à la haine et à l’antisémitisme.

« L’usage abusif des médias de masse et des réseaux sociaux est déconcertant pour la communauté internationale, et aboutit souvent à la diffusion de messages qui font l’apologie de la violence et de l’extrémisme », s’est également préoccupée l’Égypte, au nom du G77 et de la Chine, qui a engagé les Nations Unies à défendre une prise de position ferme contre ce phénomène dangereux.

L’ONU a également été appelée par l’Ukraine à réagir avec célérité face aux tentatives de falsification de l’information dans le but d’alimenter des conflits régionaux.  « La sécurité de l’information est un élément clef de chaque système de sécurité national et les Nations Unies doivent identifier et tenir pour responsables tous ceux qui s’engagent dans des guerres de propagande », a affirmé la délégation ukrainienne.

Pour sa part, le Venezuela a souligné que les Nations Unies ne doivent pas être utilisées comme une plateforme d’agression contre des États Membres, dénonçant par ailleurs l’usage que font certains pays des techniques de l’information pour interférer dans les affaires d’autres États et y promouvoir l’idée d’un changement de régime. 

La Quatrième Commission poursuivra son débat sur l’information lundi 22 octobre, à 15 heures.

DÉBAT GÉNÉRAL PORTANT SUR LES POINTS RELATIFS À l’INFORMATION (SUITE)

Déclarations

M. DEEPAK MISRA (Inde) a apprécié les efforts déployés par le Département de l’information pour communiquer sur les sujets et défis du moment, notamment les objectifs de développement durable, l’urgence de l’action climatique, le contre-terrorisme, les migrations ou encore le maintien de la paix.  Il a particulièrement mis en lumière le travail du Département pour communiquer sur les progrès et ceux qu’ils restent à faire vis-à-vis de la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  Il s’est aussi félicité de la couverture des opérations de maintien de la paix, notamment la campagne multimédia « Service et Sacrifice ».  Toutefois, il a estimé utile d’élargir la couverture sur le site au-delà des six langues officielles de l’ONU, afin d’y inclure celles des principaux fournisseurs de contingents.  Il a rappelé, à ce titre, que l’ONU a toujours mis l’emphase sur le multilinguisme comme facteur de compréhension entre les peuples et encouragé le Département à communiquer dans le maximum de langues possibles.  Consciente des contraintes budgétaires qui entravent ce mandat, l’Inde a encouragé le Département à chercher d’autres ressources que ses allocations budgétaires pour s’en acquitter, en recourant par exemple à des contributions volontaires.

M. AUNG LYNN (Myanmar) a félicité le Département de l'information pour le professionnalisme de son travail en matière de promotion des activités des Nations Unies dans le monde, mais aussi pour ses efforts de réforme.  Le représentant a encouragé le Département à poursuivre ses efforts de mobilisation « remarquable » au sujet du Programme 2030 en recourant aux réseaux sociaux.  À ce titre, il a cité la visioconférence pour les jeunes organisée en septembre dernier à l’occasion de la Journée internationale de la paix.  Il a également salué les résultats de l’initiative impact universitaire.  Le représentant a également noté les efforts du Département dans le domaine du maintien de la paix, rappelant que son pays est contributeur de troupes au DOMP.

« Nous vivons à une époque d’interconnexion et de mondialisation rapide où il est essentiel de recevoir des informations crédibles », a souligné le délégué, saisissant cette occasion pour mettre en exergue les risques associés aux informations mensongères, notamment en termes d’incitation à la haine et à la violence et de terrorisme.  Il a appelé le Comité de l’information à insister sur la précision et la fiabilité des informations relayées par les Nations Unies, y compris celles diffusées par son réseau de centres d’information des Nations Unies. 

Le Myanmar appelle les Nations Unies à continuer à utiliser les médias traditionnels en attendant que la fracture numérique entre monde développé et monde en développement puisse être comblée.  Il a également souligné que le multilinguisme permet à l’ONU d’être plus proche des peuples.  Le représentant a également mis l’accent sur le potentiel de la téléphonie mobile qui permet l’accès aux réseaux sociaux, y compris au Myanmar. 

Les deux conférences sur le développement des médias, qui ont eu lieu au Myanmar, ont contribué à l’élaboration de stratégies médiatiques pour promouvoir la démocratie et la bonne gouvernance, a-t-il précisé par ailleurs.

M. MOUZNER MOUZNER (République arabe syrienne) a déclaré accorder beaucoup d’importance au nouveau système d’information du Département de l’information, qu’il a appelé à être « plus juste ».  Il a estimé que les objectifs des Nations Unies sont difficiles à atteindre en raison de nouveaux défis transfrontières.  À cet égard, il s’est dit préoccupé par les médias qui ne respectent pas les normes de l’information.  « Ils promeuvent une culture de la violence, et non pas celle de la paix, à laquelle nous aspirons tous », a-t-il dénoncé.  C’est pourquoi les sources d’information des Nations Unies doivent être objectives, « contrairement à ceux des médias de masse ».  Par ailleurs, il a condamné les actes terroristes commis contre des journalistes et a déploré que certains considèrent les groupes terroristes qui œuvrent en Syrie comme de simples groupes d’opposition, citant notamment le cas du Front el-Nosra.

Le représentant a, par ailleurs, appelé à prêter particulièrement attention à la couverture de la question de Palestine.  En outre, il a estimé que le Département de l’information doit redoubler d’efforts pour atteindre la parité entre les langues officielles, notamment la langue arabe.  De plus, le droit à l’information ne saurait être utilisé pour offenser les valeurs et cultures de certains pays, et une attention plus particulière doit être apportée à la question de la décolonisation.

M. HUMBERTO RIVERO ROSARIO (Cuba) a noté que le rapport du Secrétaire général permet de constater l’intérêt du public mondial pour les activités de l’ONU, y compris dans les marchés émergents.  Illustrant son propos, il a cité le nombre de consultations enregistrées sur les différentes plateformes numériques de l’Organisation.  Il ne faut cependant pas perdre de vue les écarts qui persistent dans le monde en termes de développement digital, a toutefois souligné le représentant, qui a également rappelé qu’il existe toujours 781 millions d’adultes analphabètes.  Ainsi, il lui semble primordial que le Département de l’information réfléchisse à la meilleure manière de faire passer les messages de l’Organisation à toutes les catégories de population, si possible dans leur langue, que ce soit par le biais des médias traditionnels ou via des plateformes numériques.  Parallèlement, il faut œuvrer à la réduction de la fracture numérique dans le monde.

Le représentant a ensuite regretté que les communiqués de presse de l’ONU ne soient produits qu’en français et en anglais, en insistant, d’une part, sur la prépondérance de l’espagnol dans le monde, et, d’autre part, sur l’impératif du multilinguisme à l’ONU.

Il a par ailleurs fait savoir que des stratégies pour améliorer la connectivité sont en cours à Cuba en dépit du blocus économique américain qui a un impact direct sur son développement.  Il a également dénoncé les activités « illégales » des États-Unis qui diffusent des programmes radio sur 19 fréquences en provenance de leur territoire à Cuba dans le but de « nuire à l’ordre constitutionnel à Cuba ».  Il a basé cette plainte sur le principe de la non-ingérence dans les affaires internes des États.  Cuba proteste énergiquement contre les tentatives du Gouvernement américain qui cherche à régler les flux d’informations et l’utilisation des médias sur l’île.

M. OLEH NIKOLENKO (Ukraine) a indiqué que dans son pays, le plus grand défi à la liberté d’expression est l’agression militaire russe.  Ainsi, la Russie a lancé une vaste campagne de propagande et d’incitation à la haine contre les Ukrainiens, les médias et les personnalités publiques russes consacrent les heures de grande écoute à la télévision à promouvoir des insinuations au sujet des ukrainiens.  Il a également indiqué que les régions de la République autonome de Crimée, de Sébastopol et de certaines parties du Donbass avaient été transformées par les « administrations occupantes » en zones d’exclusion pour les médias Ukrainiens, remplacés par des sources de propagande russes.  Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme a même appelé la Russie à plusieurs reprises à cesser de criminaliser la liberté d’expression et à cesser d’imposer des pénalités aux habitants qui expriment des points de vue dissidents au sujet du statut de Crimée, a-t-il ajouté.

Dans de trop nombreux cas, a-t-il poursuivi, des journalistes ou bloggeurs qui relatent l’histoire vraie ou qui s’opposent à l’occupation russe ont été physiquement visés.  Il a notamment cité le cas du journaliste et écrivain ukrainien Stanislav Aseyev, qui rédigeait des articles pour des médias ukrainiens au sujet de la situation dans le Donbass et de sa vie sous occupation avant d’être kidnappé et incarcéré sous « l’absurde motif » d’espionnage.  Le représentant a également dénoncé l’incarcération, par la Russie, de Roman Sushchenko correspondant de l’agence ukrainienne UKRINFORM, du fait de son opposition à l’occupation de la Crimée.

Ces pratiques hybrides hostiles contre des médias contrôlés par des États sont une menace directe aux valeurs des Nations Unies, a-t-il déclaré, exhortant par ailleurs l’ONU à réagir avec célérité face à de telles tentatives de falsification de l’information dans le but d’alimenter des conflits régionaux.  Il a aussi appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour identifier les meilleures pratiques et outils capables de gérer cette menace globale.  La sécurité de l’information est un élément clef de chaque système de sécurité national et les Nations Unies doivent identifier et tenir pour responsables tous ceux qui s’engagent dans des guerres de propagande.

Mme DIEDRE NICHOLE MILLS (Jamaïque) a jugé essentiel de faire la promotion du travail extraordinaire des Nations Unies et de parler ouvertement des défis et opportunités auxquelles l’Organisation fait face.  Elle a salué les efforts en cours pour réformer le Département de l’information.  Un Département renforcé reste important pour démontrer la pertinence continue du multilatéralisme comme un principe central du travail des Nations Unies, a-t-elle estimé.  Elle a noté que les avancées des technologies d’information fournissent à la fois des défis et des opportunités sur la façon dont il est possible de diffuser des informations concernant le travail de l’ONU.  Elle a appelé à établir un équilibre entre les moyens de communication traditionnels et contemporains, « afin que les buts de l’Organisation ne soient pas compromis ».  De plus, la question de savoir comment mieux communiquer avec les communautés à travers le monde devrait nous motiver à améliorer notre communication interne.  Nous devons continuer à nous assurer que nous pouvons bénéficier pleinement de la bonne santé de l’information telle qu’elle existe aux Nations Unies, a-t-elle déclaré.  En conséquence, la Jamaïque soutient les appels pour une plus grande parité dans la diffusion de l’information dans toutes les langues officielles des Nations Unies, ce qui inclue les communiqués de presse.

La représentante, a par ailleurs, salué le partenariat établi par le Département pour commémorer la Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves.

Mme SONALI SAMARASINGHE (Sri Lanka) a souligné le rôle joué par le Département de l’information pour porter la voix des Nations Unies aux quatre coins du monde, en particulier au moment où « le multilatéralisme est menacé ».  Ellel a souligné que notre époque est marquée à la fois par le potentiel énorme, mais aussi par les risques graves des avancées technologiques, notant que des voix extrémistes manipulent les outils des réseaux sociaux et prennent en otage des espaces démocratiques.  Aussi, a-t-elle salué la présence de plus en plus marquée du Département sur ces réseaux pour démontrer l’impact et la pertinence du travail des Nations Unies à des publics différents et dans des langues différentes.  Face à l’utilisation mal intentionnée que font les terroristes de ces mêmes réseaux, la représentante a salué le soutien du Département au Bureau de la lutte contre le terrorisme en matière de communication.

En tant que pays contributeur de troupes, la Sri Lanka a aussi mis l’accent sur l’importance de la diffusion d’informations sur les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, et a souhaité que les succès du maintien de la paix soient plus largement couverts.  Une autre cible prioritaire pour le Département doit être les jeunes, a-t-elle ajouté

Elle a salué la réforme en cours du Département pour lui permettre de mieux communiquer les priorités de l’Organisation aux États Membres et adapter ses méthodes de travail aux tendances nouvelles de la communication dans le monde.  La Sri Lanka l’encourage aussi à renforcer ses partenariats avec la société civile.

La représentante a toutefois souligné le fossé numérique qui existe toujours dans le monde où de larges parties ne sont toujours pas dotées de suffisamment d’infrastructures modernes dans le domaine de la communication.  Par conséquent, le Département devrait tenir compte de la réalité sur le terrain de chaque pays, a estimé la déléguée, qui a également soutenu le programme de bourses pour des professionnels de la communication de pays en développement.

Mme RITA MARÍA EL ZAGHLOUL (Costa Rica) a souligné l’importance de la coopération du Département de l’information avec les autres départements des Nations Unies, en particulier dans le domaine du maintien de la paix, des activités de terrain, du désarmement, de la lutte contre le terrorisme, du développement durable et de la promotion du droit international.  Elle a salué le lancement de la version multimédia du site Internet de l’ONU qui, a-t-elle relevé, offre une plateforme d’information rapide et efficace.  Elle a souhaité une production adaptée aux besoins, avec des reportages d’intérêt local notamment pour l’Amérique latine.  Les pages en espagnol du site de l’ONU sont les deuxièmes les plus visitées a-t-elle insisté.

La représentante a également insisté sur le multilinguisme.  S’il se félicite de la diffusion du canal audiovisuel dans toutes les langues de travail de l’ONU, elle a jugé « malheureux » qu’il faille encore attendre la diffusion des communiqués de presse de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité en espagnol, réclamant un meilleur partage des langues au sein de l’ONU.  Dans la même veine, elle a réclamé que le Département couvre tous les sommets, conférences internationales et réunions de haut niveau à égalité.

Mme HALA AL-OTAIBI (Arabie saoudite) a insisté sur l’importance de l’information pour mettre en avant les avancées réalisées sur les plans social et politique en Arabie saoudite.  « Cela permet de monter que les Saoudiens veulent promouvoir une culture du dialogue », a-t-elle déclaré.  Elle a parlé du rôle des centres d’information des Nations Unies pour aider son pays à mener à bien sa lutte contre le terrorisme et son financement.  Elle a rappelé que l’Arabie saoudite accueille le Centre des Nations unies pour la lutte contre le terrorisme, dont l’objectif, a-t-elle précisé, est de promouvoir une culture du dialogue.

Afin de lutter contre la violence et le terrorisme, il faut se concentrer sur les principes de tolérance, a-t-elle insisté.  Et le Département devrait faire toute la lumière sur le cas de la Palestine dont le peuple subit l’oppression d’Israël.

La représentante a par ailleurs jugé crucial d’utiliser et de promouvoir sur toutes les plateformes de communication l’ensemble des langues officielles des Nations Unies.

M. MODEST JONATHAN MERO (République-Unie de Tanzanie) a souligné que les médias ont joué un rôle considérable dans l’amélioration et l’augmentation de l’utilisation du kiswahili en Afrique de l’Est, du Sud et du Centre, citant le cas de la Tanzanie où, depuis la libéralisation des ondes en 1990, le nombre de stations radio FM diffusant en kiswahili n’a cessé d’augmenter.  Le représentant a même prédit que cette langue panterritoriale sera bientôt mondiale avec près de 500 millions de locuteurs dans le monde.  En 2007, Microsoft a lancé un logiciel en kiswahili qui cible 150 millions de personnes, a-t-il indiqué pour justifier son point de vue, ajoutant que cette tendance se confirme dans la téléphonie mobile et les applications informatiques.  Le kiswahili est également devenu une langue officielle au sein de l’Union africaine et dans de nombreux pays africains, alors que certaines universités africaines, et 68 universités américaines, offrent désormais des cours dans cette langue.  Face à ces faits, le délégué a dit ne pas comprendre pourquoi le kiswahili ne fait pas partie des langues officielles de l’ONU.

Abordant ensuite la réforme des Nations Unies, il a mis l’accent sur l’importance de la communication pour toucher un public de plus en plus large, y compris les communautés marginalisées.  Il faut que les messages des Nations Unies leur parviennent par le biais des médias « les moins chers et les plus accessibles », a insisté le représentant, vantant les mérites de la radio dans ce contexte et demandant que le programme en kiswahili des Nations Unies couvre des territoires plus larges en Afrique.

Il a noté les changements au sein du Département de l’information qui ont eu un impact sur le flux de travail, en particulier de l’unité ONU Info, qui a vu un poste P-3 et un poste G-6 supprimés en juin 2017 dans chacune des unités linguistiques, y compris celles en kiswahili et en portugais, dans le but de créer une équipe médias sociaux.  Depuis, a-t-il constaté, la charge de travail des équipes en kiswahili et portugais, qui ne sont pas des langues officielles, a augmenté considérablement dans la mesure où elles ne peuvent pas tirer parti des avantages des services en ligne du Département de l’information, de l’Assemblée générale où les matériaux et articles n’existent pas dans ces deux langues.  C’est la raison pour laquelle la Tanzanie recommande de réintégrer les deux postes supprimés dans ces deux unités et de reconnaître ces deux langues comme langues officielles de l’ONU.  Les deux postes P-2 des unités kiswahilie et portugaise devraient de plus être reclassés en P-3 parce qu’ils sont difficiles à pouvoir à long terme dans la mesure où ils exigent des candidats ayant réussi l’examen YPP alors que les pays parlant ces deux langues ne font pas partie de cet arrangement, a encore demandé le représentant.

M. SAMI AL-GHADBAN (libye) a jugé urgent de combler la fracture numérique, par le biais de formations, de la libéralisation des technologies, tout en continuant d’utiliser les médias traditionnels, comme la télévision, la radio et la presse écrite.  Il est également nécessaire de soutenir les centres d’information des Nations Unies (CINU), notamment dans les langues locales.  Une autre question importante est celle de l’équité entre les langues, notamment l’arabe.

Concernant les archives des Nations Unies, le représentant a proposé a proposé un « grand projet: traduire les archives des Nations Unies dans les six langues officielles et les numériser en travaillant en collaboration avec les universités ».

Il a, par ailleurs, souhaité que le Département de l’information couvre davantage la question palestinienne, notamment de la « terrible judaïsation de la Palestine ».  Le Département doit promouvoir la solution des deux États et faire toute la lumière sur les actions de la Puissante occupante, dont les conséquences dramatiques des actions d’Israël qui vont à l’encontre de la solution susmentionnée, a-t-il estimé.

Également préoccupé par la glorification des kamikazes dans certaines médias, il a estimé que le Département devrait mener des actions pour lutter contre les média et chaînes terroristes, « qui sont très professionnels ».  Enfin, le représentant a estimé que le dialogue entre les civilisations et les religions devrait être renforcé et promu par des ateliers dans les pays ciblés.

M. OREN BAR-EL (Israël) a constaté que les technologies du XXIe siècle ont rendu le monde « plus petit, plus connecté et plus interdépendant ».  De l’impact énorme de l’Internet à l’utilisation des téléphones portables par des milliards de personnes, nous vivons à l’âge de la technologie, qui est constamment redessinée par la diffusion et l’accessibilité de l’information, a-t-il noté.

Alors que les gouvernements et la société civile sont conscients de l’intérêt d’investir dans la recherche et le développement, Israël est devenu un exemple frappant d’une nation qui place l’innovation et le partage de l’information en première ligne de sa vision nationale, a-t-il expliqué, précisant que le pourcentage des investissements consacrés à la recherche et au développement par rapport au PNB d’Israël est l’un des plus élevés au monde.

« L’information est puissante », elle peut rapprocher les gens, améliorer la transparence et permettre plus de dialogue, a remarqué le délégué.  Elle peut aussi éduquer les gens et ouvrir leurs esprits à de nouvelles idées.  Mais, a-t-il reconnu, le danger de la désinformation est bien réel, affirmant que l’antisémitisme en est l’exemple le plus frappant.  Il a salué au passage les efforts des Nations Unies qui « nous aident dans notre combat pour la vérité », rappelant l’attachement d’Israël au programme de sensibilisation du Département de l’information sur l’Holocauste.  Cependant, le « fléau de l’antisémitisme continue néanmoins d’empoisonner nos sociétés », a déploré le délégué.  Et c’est la raison pour laquelle il faut éduquer les peuples et ne jamais oublier ce qui s’est passé pendant l’Holocauste.

À cet égard, il a remarqué que les réseaux sociaux sont devenus une plateforme de prédilection pour la prolifération de l’antisémitisme et a exigé que l’on développe des outils capables de combattre l’antisémitisme, la haine, le racisme et la xénophobie en ligne.  Il a également appelé à assurer un suivi et combattre le terrorisme en ligne et l’incitation à la violence.

Pour sa délégation, les Nations Unies ont l’obligation morale d’agir conformément à la Charte, précisant qu’elles doivent tout faire pour éviter la diffusion d’informations mensongères.  Compte tenu de cela, la délégation israélienne est gravement préoccupée par le « Programme d’information spécial sur la question de Palestine » du Département, qui, selon le représentant, a développé une version partiale et biaisée des faits contre Israël.  « La communauté internationale doit comprendre que cette version erronée est simplement mensongère », s’est emporté le représentant, pointant notamment l’absence de reconnaissance du lien inhérent du peuple juif avec la terre d’Israël, et plus précisément avec Jérusalem.  Il a été jusqu’à accuser « ces mensonges » d’alimenter le meurtre de civils innocents et de potentiellement provoquer la violence.  « En continuant de dépeindre Israël comme l’agresseur dans ce conflit et non pas comme l’autodéfenseur, on ne fait qu’attiser les flammes de la haine et de la violence basées sur le mensonge », s’est-il indigné rappelant que l’ONU ne devait pas se transformer en plateforme de promotion de la haine et la violence.  Ce type d’activité sape, à ses yeux, l’intégrité et l’impartialité de l’ONU et va à l’encontre de sa Charte.

M. MOHAMED KHALED KHIARI (Tunisie) a appelé le Département de l’information à porter davantage d’attention aux priorités de développement du continent africain, aux défis socioéconomiques posés aux pays en transition, aux enjeux de la migration et à la lutte contre les flux financiers illicites et la corruption, sans oublier le recouvrement des avoirs spoliés et leur restitution aux pays d’origine.

Le Département de l'information devrait aussi renforcer la prise de conscience des avantages des technologies de l’information et des communications (TIC), a estimé le représentant qui a mis l’accent sur l’agenda de Tunis, dont l’objectif est l’universalisation de l’accès à ces technologies dans le monde.

Sur le multilinguisme, la Tunisie s’est félicitée de la mise à disposition par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) d’une expertise qualifiée, qui puisse contribuer à l’élaboration d’une politique de multilinguisme aux Nations Unies afin d’en faire une réalité.  Le multilinguisme est impératif dans les domaines de l’information et la Tunisie encourage le Département à le mettre en œuvre sur tous ses supports dans les six langues officielles.

La délégation a par ailleurs reconnu les avantages du réseau des centres d'information des Nations Unies (CINU), appelant à ce que leurs activités soient développées davantage et rappelant au passage celles du Centre de Tunis.

M. TAREK AHMED MAHFOUZ AHMED MAHFOUZ (Égypte) a souligné le rôle positif joué par le Département de l’information dans les campagnes concernant les objectifs de développement durable, ainsi que pour mettre l’accent sur les efforts de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme.  « Il s’agit d’un combat sur les mentalités », a-t-il déclaré.

Il a ensuite appelé à promouvoir le multilinguisme et a demandé au Département de continuer à maintenir ses efforts pour assurer la parité des langues dans ses publications.

L’usage abusif des médias de masse et des réseaux sociaux est déconcertant pour la communauté internationale, a-t-il poursuivi, avertissant que cela aboutit souvent à la diffusion de messages qui font l’apologie de la violence et de l’extrémisme.  Les Nations Unies devraient défendre une prise de position ferme contre ce phénomène dangereux.

Mme ASMA AL-HAMMADI (Émirats arabes unis) a indiqué que son pays avait fait des investissements considérables dans l’infrastructure de la communication au point d’être devenu pionnier dans ce domaine sur le plan régional, et le premier pays arabe en termes d’usage des technologies intelligentes.  Les EAU ont, d’ailleurs, accueilli la première conférence internationale sur l’information et la communication en mars 2018 pour forger des partenariats entre les universités et les cercles d’information du monde entier.

Compte tenu de la menace terroriste, la représentante a averti des risques liés à l’utilisation des technologies nouvelles, notamment en matière d’incitation à la haine et à la violence, et a insisté sur la nécessité de contrecarrer ces discours sur les mêmes plateformes.  Elle a salué le Programme d’informations spécial sur la question de Palestine du DPI, et a rendu hommage aux efforts du Département pour promouvoir d’autres questions importantes telles que l’autonomisation des femmes et des jeunes et la lutte contre le terrorisme.  Les Émirats arabes unis demandent aussi au Département de communiquer sur le futur Forum mondial des Nations Unies sur les données qu’ils accueilleront du 22 au 24 octobre 2018.

La délégation a, par ailleurs, insisté sur le fait que les informations publiées sur les différentes plateformes du Département devraient éviter toute politisation et être exactes et fiables.  Elle a également appelé au renforcement de la coopération entre le Département de l’information et celui de l’Assemblée générale et de la gestion des conférences.  La représentante a aussi mis l’accent sur l’importance du respect du multilinguisme dans les activités du Département.

M. HAJIME KISHIMORI (Japon) a soutenu la réforme du Département de l’information, dans le but de rendre son travail plus pertinent pour tous.  Cette réforme sera bien entendu, faite sans coût supplémentaire, a-t-il déclaré, et à travers le dialogue entre les États Membres.  Le représentant a estimé que le travail crucial du Département ne pourrait atteindre une vaste audience sans le réseau mondial des centres d’information des Nations Unies (CINU).  Chaque centre fournit des informations sur les activités des Nations Unies aux populations locales, dans leur langue maternelle, comme c’est le cas du Centre au Japon, a-t-il indiqué.

Le représentant a ensuite expliqué que, dans le but de soutenir le concept de paix durable, la délégation du Japon a lancé l’initiative « La Paix est », qui se focalise sur l’art et la culture comme medium pour se connecter aux Nations Unies et à ses objectifs.  Le Japon, avec le Département de l’information, ainsi que des jeunes représentants d’ONG ont organisé huit évènements.  Lors de chaque événement, la question a été posée: « qu’est-ce que la paix veut dire pour vous? », les invités ont répondu sur des cartes postales, dans leur langue maternelle.  Notre troisième rendez-vous aura lieu le dernier week-end d’octobre à la Mission des Pays-Bas.  Tout le monde est le bienvenu.

M. FRANCISCO DUARTE LOPES (Portugal) a vanté les mérites du multilinguisme au sein des Nations Unies.  Compte tenu du nombre toujours plus important de lusophones dans le monde, il a fortement encouragé le Département de l’information à augmenter l’utilisation de cette langue dans ses activités.  Il a à cet égard souligné l’accroissement de 40% des abonnements à la chaîne Youtube « Destaque ONU News » qui communique en portugais sur l’activité onusienne.  Notant la valeur inestimable des centres de l’information des Nations Unies, il a rappelé que celui de l’Europe de l’Ouest communiquait en 13 langues, dont le portugais.  À ses yeux, la relation fructueuse que ces centres entretiennent avec les Nations Unies constitue un modèle de partenariat et par ricochet l’exemple à suivre.  C’est à ce titre qu’il a soutenu la création de l’un d’entre eux en Angola, afin d’accroître la diffusion des communications de l’ONU à destination des populations lusitanophones.  Il a conclu sur la nécessité, pour le Département, d’atteindre un maximum de jeunes afin d’élargir autant que possible son public.

Pour M. HENRY ALFREDO SUÁREZ MORENO (Venezuela), les technologies de l’information, les réseaux sociaux et autres outils de communication moderne sont des moyens de promotion de la paix, de la coopération et des droits de l’homme conformément à la Charte des Nations Unies.  Pour cette raison, il a dénoncé et rejeté, une fois encore, la divulgation sélective et partielle de l’information entre les États Membres et notamment celle concernant son pays, dont il a déjà eu l’occasion de se plaindre lors de la quarantième session de la Commission de l’information, en mai 2018.

Les réseaux sociaux de cette Organisation doivent promouvoir l’objectivité, l’impartialité, le dialogue.  Ils ne peuvent être ni sélectifs, ni politisés dans le traitement de l’information au risque d’affecter les États Membres et de travestir la réalité.

De la même façon, il a rejeté l’usage qu’ont fait certains États des techniques de l’information pour interférer dans les affaires d’autres États et promouvoir l’idée d’un changement de régime.  Il a appelé l’ONU à faire cesser de telles campagnes qui, a-t-il affirmé, vont à l’encontre de sa crédibilité, et à veiller à ce que les Nations Unies ne soient pas utilisées comme une plateforme d’agression contre des États Membres, dont le Venezuela.  Il a plaidé pour l’instauration d’une communication juste et efficace, appelant en outre à aider les pays en développement à surmonter le fossé technologique qui les sépare des pays développés.

M. DHRUBA RAJ BHATTARAI (Népal) a salué le travail du Département de l’information en matière de promotion du multilinguisme, et estimé toutefois nécessaire d’assurer une couverture dans davantage de langues, y compris en népalais.  Le délégué a notamment souligné le besoin de couvrir dans sa langue la contribution de son pays au contingent de maintien de la paix afin d’en informer la population locale.  Il a, par ailleurs, salué le Département pour sa promotion de la contribution de ces forces à la sécurité internationale.

Insistant sur l’importance des centres d’information des Nations Unies, il a estimé qu’il faudrait renforcer leurs capacités techniques et d’infrastructures.  Même s’il est conscient de la popularité des nouveaux médias auprès des plus jeunes, il a enjoint le Département à ne pas négliger les médias traditionnels comme la télévision, la radio ou la presse écrite afin de communiquer les actions de l’ONU à tous les publics.  Il a enfin apprécié l’engagement du DPI à nouer des partenariats avec la jeunesse, des institutions éducatives, des ONG et la société civile pour mieux diffuser les messages au niveau local.

M. LUIS HOMERO BERMÚDEZ ÁLVAREZ (Uruguay) a appelé à faire entendre la voix des Nations Unies aux quatre coins du globe, et a loué le travail du Département de l’information pour promouvoir les objectifs des Nations Unies.  Il a aussi appuyé la réforme du Département.  Le représentant a estimé que le multilinguisme fait partie intégrante de la diversité culturelle et a appelé le Département de l’information à œuvrer pour le soutenir.  Les disparités entre les langues officielles des Nations Unies nous préoccupent, a-t-il déclaré.  Il a voulu que les communications et les archives soient traduites dans toutes les langues officielles.  À cet égard, l’Uruguay se prononce en faveur de l’utilisation de stratégies novatrices.

M. Bermúdez Álvarez a aussi estimé que l’utilisation des réseaux sociaux est la meilleure façon de fournir des informations au plus grand nombre, soulignant que 71% des jeunes de la planète sont connectés à l’Internet.  L’utilisation des nouvelles technologies que les jeunes connaissent bien est la meilleure façon de leur transmettre des informations, a-t-il estimé.  Les populations adultes préfèrent cependant, les outils traditionnels, d’où l’importance pour les Nations Unies de continuer à les utiliser.  Il a également appelé à renforcer les centres d’information des Nations Unies qui, a-t-il noté, permettent de diffuser des informations au public dans leurs langues.

M. DANIEL PRADA (Espagne) a fait part de l’intérêt de sa délégation pour la réforme du Département de l'information, se félicitant notamment du fait qu’il sera prochainement rebaptisé « Département des communications mondiales ».  À ce titre, a insisté le représentant, les informations que le Département fournira devront être plus rapides, plus stratégiques et plus intégrées et s’adresser à un public mondial dans un format multilingue et sur des plateformes multiples.  Ces principes doivent guider la réforme et sont indéfectibles dans le panorama actuel de la communication, a ajouté le représentant qui a mis l’accent sur les nouvelles technologies qui « canalisent » les flux d’information.

Il a salué le dialogue engagé par le Département avec les États Membres sur ses priorités, l’encourageant à poursuivre sur cette voie.  Sa délégation apprécie les efforts menés par le Département de l’information pour promouvoir différentes activités et initiatives importantes des Nations Unies, notamment sa campagne pour rendre hommage aux victimes du terrorisme.  Le représentant a également noté la hausse des chiffres de l’audience des Nations Unies, en particulier hispanophone, ce qui l’a amené à exiger à nouveau le respect du multilinguisme au sein du Département de l'information.

Regrettant par ailleurs que 65 journalistes ont perdu la vie en 2017 et que 267 ont été emprisonnés, il a encouragé la défense de la liberté de la presse.

M. JEAN-HUGUES SIMON-MICHEL (France) a estimé qu’en cette période charnière, les Nations Unies doivent communiquer plus que jamais sur les grands enjeux mondiaux en termes de paix, de sécurité, de mise en œuvre des objectifs de développement durable, de lutte contre les changements climatiques, de protection de l’environnement et de droits de l’homme.  Le rôle du Département de l’information est à cet égard stratégique, a-t-il observé.  Il a salué l’augmentation de l’intérêt pour les activités de l’ONU, telle que mesurée par la fréquentation accrue des réseaux sociaux et des sites multimédias de l’Organisation.  « Pourtant, il ne faut pas oublier qu’une part importante de la population mondiale, notamment dans le pays en développement, fait encore face à la fracture numérique », a-t-il déclaré

« C’est avec une préoccupation renouvelée que nous constatons un décalage entre l’emploi de l’anglais et celui des cinq autres langues officielles », a indiqué le délégué.  Il a rappelé, à cet égard, le principe de parité entre les langues officielles, tel que consacré dans les résolutions de l’Assemblée générale.  « Il doit être mieux respecté », a-t-il observé.  Le représentant a aussi souligné l’évolution du paysage linguistique.  Les Nations Unies doivent s’y adapter, faisant notamment observer que d’ici à 30 ans, le nombre de francophones devrait plus que doubler et qu’une grande majorité de locuteurs se trouveront en Afrique.  Citant le Président Macron, il a déclaré que « nous devons nous adapter aux dynamiques démographiques et à la vitalité de la langue française qui feront du continent africain le centre de gravité de la francophonie ».  Il est de la responsabilité des Nations Unies de s’adresser de manière concrète à cette jeunesse qui arrive, a-t-il ajouté.  Enfin, M. Simon-Michel a déclaré connaître les contraintes budgétaires qui pèsent sur l’Organisation, mais « nous avons la conviction que le risque de voir les peuples du monde s’éloigner de l’Organisation aurait un coût bien supérieur ».

M. FEDOR STRZHIZHOVSKIY (Fédération de Russie) s’est félicité des efforts consentis par le Département de l'information dans le cadre de sa réforme, tout en l’encourageant à reprendre la pratique de tenir des séances officieuses avec les membres de la Commission.

Il a voulu que le processus de réforme débouche sur l’amélioration des pratiques du Département, en s’appuyant sur les capacités budgétaires de l’Organisation et en ayant un objectif clair.  À cet égard, il a remis en question le recours à des spécialistes externes sur des questions aussi sensibles que la réforme du Département de l’information, et a estimé que cela aurait dû se faire avec l’accord des États Membres.  Pour sa délégation, cette réforme doit être menée en premier lieu en interne.

Le représentant a ensuite appelé le Département de l’information à impliquer davantage les jeunes dans ses campagnes et initiatives mais aussi à en faire la cible stratégique de ses efforts de communication, citant les activités du CINU de Moscou dans ce contexte.  La Russie regrette, par ailleurs, que le rapport du Comité de l’information ne mentionne nulle part la sensibilisation à des manifestations sportives de grande envergure, notamment la coupe du monde de football qui a eu lieu en Russie, alors même que le Département de l’information y a participé et que les matchs étaient même diffusés au sein des Nations Unies.

Après avoir salué l’augmentation de l’audience sur les plateformes de communication de l’ONU, le délégué a remarqué, toutefois, que si l’on ventile ces statistiques par langue on s’aperçoit que l’anglais reste dominant alors que les publics francophone et russophone stagnent et que le public chinois est en baisse.  Ne serait-il pas temps de penser à développer des partenariats avec les grands médias de ces régions, voire de recruter plus de personnel pour apporter plus de contenu dans ces langues? a suggéré le représentant.

M. CHEIKH NIANG (Sénégal) a estimé que la mise en œuvre d’une stratégie efficace de communication requiert la résorption de la fracture numérique entre le Nord et le Sud.  La majeure partie des populations des pays en développement est exclue de l’évolution fulgurante des technologies de l’information et des communications, a-t-il indiqué.  Il apparaît donc fondamental que l’ONU adopte des mesures pour combler ce fossé.

Passant à la question du multilinguisme, le représentant a souligné que les Nations Unies doivent assurer un traitement équitable des six langues officielles afin de garantir à chaque État Membre la possibilité d’assurer la promotion de ses positions dans la langue de son choix.  Il a insisté sur le respect de la diffusion, dans les délais, des documents officiels des Nations Unies dans les six langues officielles, ainsi que le rôle capital d’une communication multilingue via les centres d’information des Nations Unies et au sein des opérations de maintien de la paix.

M. MOHAMMAD GHORBANPOUR (République islamique d’Iran) a reconnu l’importance du Comité de l’information et a salué les efforts du Département de l’information pour sensibiliser la communauté internationale aux questions importantes.  Il a averti des risques des technologies de l’information et des communications, notamment pour ce qui est des informations mensongères véhiculées par ces nouvelles technologies.  Offrir des informations factuelles et justes aux peuples du monde sur les causes des problèmes est essentiel, a-t-il déclaré.  Ainsi, sa délégation encourage le Département à se concentrer sur des questions qui ont un impact direct sur la paix et la sécurité internationales, y compris les changements climatiques, les travaux des tribunaux internationaux et les accords internationaux qui facilitent le respect du droit international.

L’Iran a également insisté sur l’importance du multilatéralisme dans le monde actuel, et a appelé le Département à le promouvoir.  Par ailleurs, son représentant a soutenu le rôle des centres d’information des Nations Unies qui contribuent à l’amélioration de la notoriété des Nations Unies sur le terrain.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.