Soixante-treizième session,
2e séance – après midi
CPSD/662

Décolonisation: l’amélioration des relations entre l’Argentine et le Royaume-Uni domine le débat général de la Quatrième Commission

La Quatrième Commission (politiques spéciales et décolonisation) a entamé, aujourd’hui, son débat général, l’occasion pour de nombreuses délégations de l’Amérique latine et des Caraïbes de réitérer leur position par rapport au différend de souveraineté qui touche les îles Falkland (Malvinas), les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les espaces maritimes associés, tout en prenant note de l’amélioration des relations entre l’Argentine et le Royaume-Uni.

Alors que la troisième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme doit toucher à sa fin dans deux ans, la grande majorité des délégations a également appelé, une fois de plus, à mettre fin aux situations coloniales qui persistent dans les 17 territoires inscrits à l’ordre du jour de la Quatrième Commission. 

« Le colonialisme est un anachronisme au XXIsiècle », a notamment affirmé l’Uruguay qui s’est joint aux multiples appels lancés à l’intention des puissances administrantes pour les enjoindre à prendre les mesures nécessaires pour achever la décolonisation de ces territoires en prenant en compte la situation spécifique de chacun.

À l’instar du Marché commun du Sud (MERCOSUR) et de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), de nombreuses délégations ont également réaffirmé la souveraineté de l’Argentine sur les « îles Malvinas ».  Elles ont ainsi décrit cette « situation coloniale spéciale » comme étant celle d’un territoire colonisé et non celle d’un peuple colonisé dans la mesure où, après avoir été occupé par le Royaume-Uni en 1833, la Puissance administrante « y a transplanté sa propre population ».  Comme l’a souligné le Brésil, cela la prive de facto de son droit à l’autodétermination, sur la base des principes directeurs de la décolonisation qui sont définis dans la résolution 1514 de l’Assemblée générale.  

Cet argument a aussi été défendu par l’Argentine mais, sur une note positive, son représentant a expliqué que l’élection du Président Mauricio Macri, en 2015, avait ouvert une nouvelle ère dans les relations entre son pays et le Royaume-Uni, caractérisée par le renforcement de la confiance mutuelle et le dialogue positif.  À titre d’exemple, il a cité certains développements récents visant, entre autres, à promouvoir une meilleure connectivité entre le territoire continental argentin et les îles « Malvinas ».  Des propositions pour mettre en place des vols additionnels hebdomadaires ont également été formulées et il a également été possible d’identifier les restes de 100 soldats argentins avec l’aide de la Croix-Rouge, s’est-il félicité.

C’est dans le cadre de cette amélioration des relations bilatérales, et dans un esprit constructif que la délégation argentine a d’ailleurs exhorté le Gouvernement du Royaume-Uni à mettre fin à ses actions unilatérales.

Usant de son droit de réponse, le Royaume-Uni a toutefois fait observer qu’on ne peut invoquer l’autodétermination à moins que les populations ne le souhaitent.  Or, lors du dernier référendum dans les « îles Falkland », l’écrasante majorité de la population de ces îles, qui n’ont jamais été administrées par l’Argentine, a souhaité rester dans le giron du Royaume-Uni, a-t-il expliqué.

En réponse, l’Argentine a vu dans la tenue du référendum de 2013 un « acte unilatéral qui a permis à des citoyens britanniques d’exprimer leur choix de rester britanniques ».

En début de séance, la Commission a approuvé les demandes d’audition de pétitionnaires* à l’exception de celles de M. Samuel Ikome Sako (Africa Solidarity for Sahrawi) et de M. Martin Ayong Ayim (Living stories and Memories) qui, à la demande du Cameroun, seront examinées ultérieurement.  Les auditions de pétitionnaires se feront du mardi 9 au vendredi 12 octobre.

Le rapport du Comité spécial de la décolonisation (Comité des 24) a été présenté par son rapporteur, M. Bashar Ja’afari, de la République arabe syrienne.  Ce dernier a notamment rappelé la mission des membres du Comité spécial de la décolonisation en Nouvelle-Calédonie en vue de soutenir ce territoire qui s’apprête à tenir, le 4 novembre 2018, un référendum sur l’autodétermination.  Le Président du Comité spécial, M. Walton Alfonso Webson, qui a participé à cette mission, a également saisi l’occasion de son intervention pour remercier le Gouvernement de la Grenade pour avoir accueilli le séminaire régional du Comité cette année.

La Quatrième Commission chargée des politiques spéciales et de la décolonisation se réunira à nouveau demain, mardi 9 octobre, à 15 heures, pour commencer les auditions de pétitionnaires sur les territoires non autonomes.

A/C.4/73/7

DÉBAT GÉNÉRAL PORTANT SUR LES POINTS RELATIFS À LA DÉCOLONISATION

Allocution de la Présidente de l’Assemblée générale

Dans son intervention devant la Quatrième Commission, Mme MARÍA FERNANDA ESPINOZA GARCÉS, Présidente de l’Assemblée générale, a estimé que les travaux de cette Commission « sont peut-être » les plus variés et dynamiques de toutes les Commissions. 

« Les activités de cette Commission reflètent des activités centrales des Nations Unies », a déclaré Mme Espinoza Garcés passant en revue les différents points inscrits à son ordre du jour.  Dans le contexte de la décolonisation, elle a commencé par rendre hommage à tous ceux qui ont lutté pour cette cause, y compris aux icones comme Nelson Mandela et le Mahatma Ghandi.  Elle a regretté que cet agenda ne soit toujours pas achevé, rappelant qu’il s’agit d’un objectif clair de la Charte des Nations Unies.

Abordant ensuite la question palestinienne, elle a noté que le monde est le témoin du désespoir et des souffrances du peuple palestinien qui résultent de l’enlisement de ce processus de paix.  Alors que la communauté internationale a la responsabilité d’appuyer la reprise des pourparlers de paix, Mme Espinoza Garcés a appelé les États Membres à prendre d’autres mesures pour soutenir les Palestiniens, notamment en assurant le financement du budget de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  Elle a notamment averti que la grave crise financière que traverse l’Office risque d’affecter sa capacité à assurer les services de base aux réfugiés palestiniens.

Pour ce qui est du maintien de la paix, la Présidente de l’Assemblée générale a reconnu l’ampleur de l’appui fourni, par les Nations Unies, aux peuples du monde dans le cadre de ces missions.  À ses yeux, il faut aujourd’hui se concentrer sur la prévention et les causes profondes des conflits avant qu’ils n’éclatent.  Elle s’est réjouie de travailler avec la quatrième Commission sur l’établissement de mécanismes permettant d’associer les jeunes aux efforts de paix dans le monde.  

En termes de coopération pacifique dans l’espace extra-atmosphérique, Mme Espinoza Garcés a reconnu son potentiel dans les domaines de la science et de la recherche.  Elle a néanmoins attiré l’attention sur les risques d’une course aux armements dans l’espace et a souhaité qu’une telle perspective puisse être évitée de manière pacifique à travers le dialogue.

Avant de conclure, elle a rappelé aux délégations que la préservation et le renforcement du multilatéralisme sont une priorité de la soixante-treizième session de l’Assemblée générale.

Déclarations

M. RUBEN ARMANDO ESCALANTE (El Salvador), au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a souligné que le processus de décolonisation est l’un des défis les plus importants des Nations Unies et a noté l’importance historique du Comité spécial de la décolonisation et des décisions du Secrétaire général des Nations Unies qui ont conjointement conduit à la décolonisation de plus de 80 territoires.  Mais, malgré ses réalisations spectaculaires, le délégué a regretté que le processus de décolonisation ne soit pas terminé.  En témoignent, selon lui, les 17 territoires non autonomes actuels.  S’appuyant sur la déclaration de la troisième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme, il a appelé les puissances administrantes à prendre les mesures nécessaires pour achever la décolonisation de ces territoires en prenant en compte la situation spécifique de chacun.

Il a ensuite appelé le Département de l’information à redoubler d’efforts dans sa promotion, dans les six langues officielles de l’ONU, de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux ainsi que du Plan d’action pour la deuxième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme.  Il en a aussi profité pour saluer les mesures qui ont été prises pour assurer la retransmission sur le Web des sessions du Comité spécial sur la décolonisation qui se sont tenues en 2017.  Il a dit souhaiter voir ces efforts poursuivis dans le futur.

Par la voix de son représentant, la CELAC a réaffirmé sa position sur la question des îles Malvinas et rappelé qu’elle soutenait la souveraineté de l’Argentine sur cet archipel, mais aussi sur celui de Géorgie du Sud et les îles Sandwich du Sud.  Comme cela fut exprimé lors du cinquième Sommet des chefs d’État et de gouvernement de la CELAC, tous les pays de la région appellent l’Argentine et le Royaume-Uni à reprendre les négociations pour trouver une solution pacifique et définitive sur cette question de souveraineté.  Ils demandent aussi au Secrétaire général de renouveler ses efforts pour aider à la reprise de ces discussions et enjoindre toutes les parties à ne prendre aucune décision unilatérale dans ce dossier, conformément à la résolution 31/49.

Enchaînant sur le cas de Porto Rico, le délégué a pointé qu’il était débattu au Comité spécial depuis maintenant 45 ans et que 36 résolutions et décisions avaient d’ores et déjà été prises à son sujet qui réaffirment le droit inaliénable du peuple portoricain à l’autodétermination.  À ce titre, la CELAC s’est dite prête à travailler avec toutes les parties prenantes dans l’esprit et le cadre de la résolution 1514 des Nations Unies pour faire de toute la région de l’Amérique latine et des Caraïbes une zone exempte de colonialisme.  Il a également appelé les agences spécialisées de l’ONU à fournir tout l’appui nécessaire aux territoires non autonomes frappés par le passage des ouragans Maria et Irma.

La CELAC est également très préoccupée par la situation dans les Îles Turques-et-Caïques et souligne le besoin d’une gouvernance inclusive, démocratique et représentative.  « Pour une bonne gouvernance et une stabilité économique, les habitants des Îles Turques-et-Caïques doivent pouvoir participer à la détermination de leur propre futur », a insisté le délégué.  Plus généralement, la CELAC demande à ce qu’une attention particulière soit consacrée à toutes ces petites îles dans le cadre de la montée des eaux et des ouragans causés par les dérèglements climatiques.

Sur la question du Sahara occidental, enfin, le CELAC réaffirme son soutien à l’ensemble des résolutions adoptées par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité qui visent à atteindre une solution politique durable et mutuellement acceptable conduisant à l’autodétermination du peuple sahraoui.

M. LUIS HOMERO BERMÚDEZ ÁLVAREZ (Uruguay), qui s’exprimait au nom des pays du MERCOSUR, a axé son intervention sur la question des îles Malvinas, les îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les espaces maritimes associés.  Il a rappelé que depuis l’adoption de la résolution 2065 (1965) à ce jour, l’Assemblée générale et le Comité spécial de la décolonisation ont reconnu qu’il s’agit d’un différend de souveraineté entre l’Argentine et le Royaume-Uni et n’ont eu de cesse de réitérer que le règlement de cette situation coloniale spéciale passe par une solution pacifique et négociée entre les deux parties.

Les pays membres du Mercosur se sont prononcés sur cette question à de nombreuses reprises, notamment dans leur communiqué conjoint, adopté à Asunción, au Paraguay, le 18 juin 2018, où les Présidents de ces pays ont réaffirmé les droits légitimes de l’Argentine dans cette dispute de souveraineté.  Le représentant a souligné « à nouveau » la pleine disposition démontrée par le Gouvernement argentin à créer un climat propice au dialogue et à une meilleure coopération avec le Royaume-Uni en vue de relancer les négociations pour trouver une solution définitive au différend des îles Malvinas. 

S’exprimant ensuite en sa qualité nationale, M. Bermúdez Álvarez a appelé à redoubler d’efforts pour venir à bout de la décolonisation dans les territoires qui sont toujours non autonomes et à promouvoir le dialogue et la coopération entre les puissances administrantes et les territoires sous leur administration.

S’agissant de la question du Sahara occidental, il a réaffirmé le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, et a espéré que le referendum sur l’avenir de ce territoire puisse enfin avoir lieu « conformément au droit international ».

Il est revenu sur la situation des îles Malvinas, en faisant valoir « les liens historiques, culturels et géographiques entre l’Uruguay et l’Argentine ».  Ainsi l’Uruguay appuie pleinement « les droits légitimes » de l’Argentine sur ces îles et les espaces maritimes associés, mais rejette l’applicabilité du droit à l’autodétermination dans ce cas.  Comme l’a expliqué le représentant, les habitants de ces îles y ont été « transplantés » par la Puissance administrante et ne correspondent donc pas aux critères définis dans la résolution 1514 dans la mesure où il s’agit d’un territoire non autonome sans population colonisée.

Il a conclu en affirmant que « le colonialisme est un anachronisme », et qu’il faut y mettre fin sous toutes ses formes.

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a souligné que les peuples colonisés ont le droit de décider librement de leur statut politique futur, et ce, en conformité avec les résolutions pertinentes de l’Assemblée générale et des dispositions de la Charte des Nations Unies.  L’Argentine, a-t-il assuré, continuera à défendre le droit à l’autodétermination des peuples.  Néanmoins, ce principe n’est pas absolu, a-t-il rappelé.  Conformément au droit international et tel que reconnu par la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale, l’autodétermination ne doit pas être utilisée comme prétexte pour remettre en question l’intégrité territoriale des États existants.

« C’est dans ce cadre que doit s’entendre la situation coloniale spéciale qui fait débat entre l’Argentine et le Royaume-Uni au sujet des Malvinas, des îles de Géorgie du Sud, des Îles Sandwich du Sud et des zones maritimes adjacentes », a-t-il rappelé.  L’origine de ce différend remonte à 1833 lorsque le Royaume-Uni a occupé les îles Malvinas par la force, alors que l’Argentine exerçait légitimement sa souveraineté sur ce territoire, dont elle avait hérité de l’Espagne, en conformité avec le droit international.

 Par la suite, le Royaume-Uni a mis en place de stricts contrôles migratoires avec un objectif immuable, celui de reconfigurer la composition démographique de l’île pour l’adapter à ses propres intérêts.  L’Argentine, a-t-il rappelé, refuse cette occupation.  En 1965, l’Assemblée générale a adopté la résolution 2065 (XX) qui précisait que le seul moyen de résoudre cette question était de prendre en compte les intérêts des habitants de ces îles.  Selon lui, l’Assemblée générale a estimé qu’il n’existait pas sur ces îles un peuple soumis à la domination coloniale étrangère, prérequis nécessaire, établi par la résolution 1514 (X) pour appliquer le principe d’autodétermination des peuples.  Ce critère a été maintenu pendant plus de 40 résolutions, la plus récente datant du 21 juin 2018, a-t-il rappelé.

Le représentant a déploré que depuis, les tentatives de négociations aient toutes échoué.  Le conflit de 1982 -qui eut lieu lors de la dictature-, a-t-il rappelé- n’a pas altéré la nature judiciaire de ce litige et ne l’a pas résolu non plus.  Depuis, le Royaume-Uni n’a pas voulu entendre les appels en faveur des négociations formulées à maintes reprises par la communauté internationale, que ce soient les Nations Unies, l’Organisation des États américains, le Groupe des 77 et la Chine, la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes et le Marché commun du Sud, a-t-il regretté.

Le représentant a estimé que l’élection du Président Mauricio Macri, en 2015, a ouvert une nouvelle ère des relations entre le Royaume-Uni et l’Argentine, basée sur l’édification de la confiance mutuelle et le dialogue positif.  Afin de promouvoir une meilleure connectivité, entre le territoire continental argentin et les îles Malvinas, les deux Gouvernements ont mené des actions avec les pays voisins du Marché commun du Sud (MERCOSUR).  Des propositions pour mettre en place de vols additionnels hebdomadaires à ceux existants ont également été formulées.  De même, avec la Croix-Rouge, il a été possible d’identifier les restes de 100 soldats argentins.  C’est dans le cadre de cette amélioration des relations bilatérales, et dans un esprit constructif qu’il a exhorté le Gouvernement du Royaume-Uni à mettre fin à ses actions unilatérales, conformément à la résolution 31/49 de l’Assemblée générale.  L’Argentine réaffirme ses droits légitimes et imprescriptibles sur les Malvinas et réaffirme son appel envers une solution pacifique de cette controverse.

M. JORGE SKINNER-KLEÉ ARENALES (Guatemala) a regretté que cela fasse plus de 50 ans que l’Assemblée générale a reconnu le différend de souveraineté entre l’Argentine et le Royaume-Uni sur les îles Malvinas, « une situation coloniale spéciale » qui n’est toujours pas réglée.  Il s’agit, pour le Guatemala, d’une question d’intégrité territoriale, a insisté le représentant qui a noté que suite à l’occupation, en 1833, de ces îles par le Royaume-Uni, la Puissance occupante y a ensuite installé sa propre population « ce qui prive cette dernière de son droit à l’autodétermination ».  Il s’agit d’un territoire colonisé et non d’une population colonisée, a-t-il martelé invoquant la résolution 1514 (XV) qui définit les principes directeurs de la décolonisation.

Rappelant ensuite que le 16 décembre 2018 marque le cinquante troisième anniversaire de l’adoption de la résolution 2065 (XX) par l’Assemblée générale qui fait spécifiquement référence à la question des îles Malvinas, le représentant a souligné la volonté constante démontrée par l’Argentine pour régler ce différend par le biais de la négociation et du dialogue.  Il a appelé le Royaume-Uni à se joindre à cet effort afin de trouver une solution définitive et pacifique à ce différend.

M. MARIO A. ZAMBRANO ORTIZ (Équateur) a réaffirmé le droit des peuples à l’autodétermination.  « Le colonialisme qui existe toujours dans les 17 territoires occupés empêche le développement des peuples, notamment économique », a-t-il estimé.  Dans ce contexte, et pour mettre en œuvre les instruments existants, les États Membres doivent faire preuve de volonté politique.  Il est donc nécessaire de redoubler d’efforts pour faire avancer les principes d’indépendance.  L’Équateur réitère son appui à toutes les questions qui ont été énoncées à l’ouverture du débat, dont la question de Palestine et du Sahara occidental.  « À cet égard, nous nous félicitons de la reprise des négociations directes entre le Front Polisario et le Gouvernement du Royaume du Maroc, grâce au travail de l’Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies ».

Poursuivant, le représentant a fait observer que plusieurs décennies se sont écoulées depuis l’adoption de la résolution 2065 de l’Assemblée générale sur les îles Malvinas (Falkland).  Mettre fin à ce différend passe par la reprise des négociations, a-t-il déclaré.  De même l’Équateur a réitéré son appui au droit inaliénable à l’autodétermination du peuple de Porto Rico, conformément à la résolution 1514.  Comme le réaffirme l’Assemblée générale chaque année, l’exploitation des peuples est incompatible avec la Charte des Nations Unies et la Déclaration Universelle des Droits de l’homme, a-t-il souligné.

M. FREDERICO SALOMÃO DUQUE ESTRADA MEYER (Brésil) a réitéré l’appui ferme et historique du Brésil au droit légitime de l’Argentine en ce qui concerne le différend de souveraineté sur les Iles Malvinas.  Il a constaté qu’il s’agit d’une situation coloniale spéciale qui dure depuis plus de deux siècles, où un territoire a été occupé par le Royaume-Uni qui y a transplanté sa propre population.  On ne peut donc, dans ce cas, invoquer le droit à l’autodétermination des peuples, a estimé le représentant.  « Les Malvinas font partie intégrante du territoire argentin » et, à ce titre, c’est le principe de l’intégrité nationale qui prévaut, a-t-il tranché.  À cet égard, le Brésil salue les efforts de l’Argentine pour faciliter la relance des pourparlers bilatéraux avec le Royaume-Uni en vue de parvenir à une solution négociée et définitive à cette question.

M. Duque Estrada Meyer s’est dit préoccupé par les infractions aux accords multilatéraux découlant de la résolution 31/49 de l’Assemblée générale, qui demande aux parties de ne pas introduire de modification dans la situation de ces îles et cela tant que le différend n’est pas réglé.  Ainsi, il a appelé le Royaume-Uni à mettre fin à ses actions unilatérales d’exploitation et d’exploration des ressources naturelles sur ces îles et dans les zones maritimes associées.  En conclusion, il a souligné que l’Atlantique Sud est une zone de paix et de coopération avec une vocation d’harmonie et de plein respect du règlement pacifique des différends.

Pour M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud), il est regrettable qu’en 2018, il reste 17 territoires colonisés dans lesquels les peuples se voient encore déniés leur droit à l’autodétermination, enfreignant ainsi un droit humain fondamental aux termes de la Chartes des Nations Unies.

La situation du Sahara occidental demeure l’une de ces reliques de l’histoire et une douloureuse épine dans le flanc de l’Afrique et des efforts collectifs que nous avons déployés, sous l’égide de l’Union africaine, pour surmonter l’héritage du colonialisme.  Combien d’enfants sahraouis encore devront grandir dans ces conditions et devoir se battre pour leurs droits élémentaires? a-t-il demandé.

L’Afrique du Sud condamne l’exploitation illégale des ressources naturelles appartenant au peuple sahraoui qui devraient contribuer au développement socioéconomique du pays et de son peuple.  Elle salue les jugements rendus par la Cour de justice de l’Union européenne et la Cour suprême d’Afrique du Sud qui ont reconnu la souveraineté du Sahara occidental et espère qu’ils constitueront un précédent juridique qui découragera de nouvelles exploitations du territoire.

Enfin, le représentant a appelé à la tenue de négociations sincères et sans préjugés entre le Royaume du Maroc et la République arabe sahraouie démocratique.  A cette fin, l’Union africaine a décidé lors de sa trente et unième session d’établir un Mécanisme africain pour soutenir les efforts de l’ONU en encourageant les parties à faire preuve de flexibilité et d’un esprit de compromis.

M. ANTÓNIO GUMENDE (Mozambique) a souhaité que le principe d’autodétermination soit perçu sous un angle « dynamique » dans le cadre de la promotion de la paix, de la stabilité, de la coopération et des objectifs de développement durable, estimant que c’est une bonne manière d’inclure les peuples dans ces efforts collectifs.  C’est dans ce contexte que le Mozambique considère le manque de progrès des processus d’autodétermination des peuples de Palestine et du Sahara Occidental.

Le délégué a réitéré l’appel de son pays à la communauté internationale pour relancer les négociations entre les autorités palestiniennes et israéliennes afin de parvenir à une résolution durable et pacifique sur la base de la solution des deux États.  Pour ce qui est du Sahara occidental, le délégué a regretté qu’il se soit déjà écoulé trois décennies depuis l’adoption unanime de la résolution 690 du Conseil de sécurité visant à établir une Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental.  Il a déploré le peu de progrès effectués sur cette question qui, a-t-il rappelé, aurait dû permettre au peuple Sahraoui d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination.  Une fois encore, il a enjoint la communauté internationale à redoubler d’efforts pour parvenir à une solution et soutenir tous les efforts du Secrétaire général des Nations Unies et de son Envoyé personnel pour le Sahara occidental.

M. JULIO CÉSAR ARRIOLA RAMÍREZ (Paraguay) a réitéré son soutien au principe de l’autodétermination des peuples, « l’un de piliers de notre système moderne de relations internationales et la base des relations pacifiques entre les États ».  Il a également appuyé le processus de décolonisation mené dans différentes régions du monde, dans le cadre des Nations Unies.  Malgré tous ces efforts, le colonialisme est encore une réalité, notamment dans notre région, a-t-il déploré.  « C’est une question complexe », a-t-il constaté, » étant donné les liens étroits qui existent entre les peuples d’origine, les peuples qui sont là suite aux actions des colonisateurs et les intérêts de la Puissance occupante.  Néanmoins, il a déclaré soutenir les droits des peuples autochtones sur ceux qui sont imposés par les puissances administrantes occupantes.  « La volonté politique doit dépasser la gestion politique des gouvernements qui sont en place à un moment donné », a-t-il estimé.

Concernant les îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les zones maritimes adjacentes, le représentant a appelé à la reprise des négociations pour trouver une solution pacifique à ces différends.

M. MILENKO ESTEBAN SKOKNIC TAPIA (Chili), un pays membre du Comité spécial de la décolonisation depuis 1962, a salué le fait que plus de 63 territoires non autonomes soient parvenus à leur souveraineté depuis cette date.  Malgré cette preuve factuelle du travail effectué par l’Assemblée générale et le Comité spécial de la décolonisation, il existe cependant toujours des questions en suspens concernant les 17 territoires non autonomes toujours inscrits à l’ordre du jour de la Quatrième Commission, a-t-il reconnu.  Le Chili soutient les processus politiques visant à trouver des solutions pacifiques et négociées à ces différends, sous l’égide des Nations Unies.

Après avoir réaffirmé l’appui du Chili au droit légitime de l’Argentine sur les îles Malvinas et leurs espaces maritimes associés, le représentant a exhorté les parties à reprendre les négociations en vue de trouver le plus tôt possible une solution à ce conflit qui, a-t-il souligné, relève de l’intégrité territoriale.  Il a espéré que la mission de bons offices des Nations Unies qui est en cours puisse se poursuivre, et a salué la disposition du Gouvernement argentin à faciliter le succès de ce processus

M. VLADIMIR KURT SEAN BUDHU (Trinité-et-Tobago) considère que l’existence du colonialisme, quelle que soit sa forme, mine les principes et valeurs de la Charte des Nations Unies.  Il a, à cet égard, rappelé que la résolution 1514 qui a été votée en 1960 par l’Assemblée générale avait reconnu le droit inaliénable à l’autodétermination et permis l’indépendance de nombreux territoires en Afrique, aux Caraïbes et dans le Pacifique.  C’est en vertu de ces succès passés que le délégué a regretté l’inertie dans laquelle se retrouve actuellement le processus de décolonisation.  Dix-sept territoires non autonomes demeurent à l’agenda du Comité spécial de la décolonisation et bien peu de progrès ont été faits quant à la reconnaissance de la légitimité politique de leur processus d’indépendance, a-t-il fait remarquer.  Qui plus est, comme 6 de ces 17 territoires sont caribéens, leur non-autonomie s’oppose de facto à une intégration régionale complète de cette zone du globe.  Le délégué de Trinité-et-Tobago a ensuite eu une attention particulière pour le Sahara occidental.  Soutenant le droit de son peuple à l’autodétermination, il s’est félicité de la poursuite des négociations sous la houlette des Nations Unies et a encouragé toutes les parties prenantes à négocier dans un esprit de compromis afin de trouver une solution juste et mutuellement acceptable.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a réaffirmé son appui indéfectible à l’autodétermination des peuples et à la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux.  Il a lancé un appel aux puissances administrantes coloniales pour qu’elles mettent un point final au processus de décolonisation et qu’elles trouvent une solution juste et durable aux 17 territoires non autonomes qui existent encore.  Il faut mettre en œuvre des mécanismes multilatéraux afin de sauvegarder la paix internationale, a-t-il déclaré. 

Le représentant a appuyé l’appel à l’autodétermination de Porto Rico, et ce, sans plus attendre.  Par ailleurs, depuis 1965, les Nations Unies ne cessent de dire que le Royaume-Uni et l’Argentine doivent résoudre leurs différends sur la question des îles Malvinas, afin qu’elles, ainsi que les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les zones maritimes adjacentes, puissent redevenir des îles souveraines.  Il a soutenu le peuple palestinien dans son combat et a appelé à mettre un terme aux plans d’expansion de la Puissance occupante.  De même, il a soutenu le peuple du Sahara occidental.  À cet égard, le représentant a appuyé la proposition présentée par le Secrétaire général des Nations Unies pour relancer les négociations, de bonne foi.

M. KHAMIS ABDALLA OTHMAN (République-Unie de Tanzanie) a rappelé que les discussions de cette année interviennent alors que le droit à l’autodétermination des peuples de 17 territoires non autonomes n’est toujours pas respecté.  Réaffirmant son soutien à leurs aspirations, la Tanzanie a affirmé que le colonialisme sous toutes ses formes est incompatible avec la Charte et les résolutions des Nations Unies.  Ce faisant, elle estime qu’il est du devoir du Comité spécial de la décolonisation d’assister ces peuples et de les aider à faire valoir leurs droits.

À son tour, le délégué a tenu à aborder le cas du Sahara occidental qui a pris, selon lui, une nouvelle tournure puisque le Maroc a rejoint l’Union africaine où il est désormais membre de son Conseil de paix et de sécurité.  La Tanzanie y voit une opportunité pour les Nations Unies et l’Envoyé personnel du Secrétaire général de travailler avec le nouveau mécanisme mis en place par l’Union africaine pour résoudre le conflit au Sahara occidental.

Mme KEISHA ANIYA MCGUIRE (Grenade) a constaté qu’il reste encore beaucoup à faire en termes de décolonisation, et a lancé un appel au dialogue pour aller de l’avant.  Elle a pris note du référendum sur l’autodétermination qui doit avoir lieu en novembre en Nouvelle-Calédonie.  S’agissant du Sahara occidental, elle a estimé qu’il fallait une solution politique pérenne, acceptable, et fondée sur le compromis politique.  Elle a remercié le Secrétaire général d’y avoir relancé le processus politique et a apporté le soutien de son pays à l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental.  Elle a également appuyé la proposition de tenir une table ronde en décembre, à Genève, à laquelle participeraient l’Algérie, la Mauritanie et le Maroc.  La représentante a également insisté sur la nécessité d’enregistrer les réfugiés dans les camps de Tindouf.

M. AHMED TIDANE CAMARA (Guinée) a estimé que la communication actuelle au sujet du Sahara occidental permet de réaffirmer la position constructive sur cette question.  Il est nécessaire de trouver une solution politique durable, a-t-il déclaré.  Après lecture du rapport du Secrétaire général des Nations Unies sur la question et en fonction de la résolution 2414 de l’Assemblée générale, le représentant a appelé à dégager une solution sur la base du réalisme et du compromis.  Il a loué les efforts du Secrétaire général et de son Envoyé personnel pour le Sahara occidental.  « La mise en place d’un cinquième cycle et une réunion préparatoire en 2018 est salutaire », a-t-il jugé.  Il a également loué l’initiative marocaine d’autonomie sur cette question et a encouragé les parties prenantes à continuer le processus politique dans la région.  Nous ne ménagerons aucun effort pour aider à la résolution de cette question, comme à l’accoutumée, a-t-il conclu.

Droits de réponse

Le Royaume-Uni n’a aucun doute sur sa souveraineté sur les îles Falkland, a affirmé le délégué en réponse aux critiques de plusieurs pays d’Amérique latine et des Caraïbes.  Le principe du droit à l’autodétermination de ces territoires leur donne le droit de décider de leur destin et de leur développement économique, a-t-il ajouté.  Bien que l’Argentine ait cité différentes résolutions pour défendre son point de vue, il a rappelé que lors du dernier référendum, l’écrasante majorité de la population a souhaité rester dans le giron du Royaume-Uni.  Il a déploré que l’Argentine continue de nier l’application de ces droits fondamentaux aux habitants des îles Falkland, et que ce pays tente d’imposer sa souveraineté sur ce territoire britannique, « dont la population provient de différentes régions du monde ».  Ces îles n’ont jamais été administrées par l’Argentine, a-t-il conclu après un bref rappel historique de l’évolution des frontières dans cette région du globe.

Le représentant de l’Argentine a déclaré que les îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les zones maritimes adjacentes sont occupées illégalement par le Royaume-Uni.  L’occupation illégale par le Royaume-Uni a fait que l’Assemblée générale a adopté la résolution 2565 et d’autres qui reconnaissent l’existence de différentes souverainetés sur les îles Malvinas.  Elle a également encouragé l’Argentine et le Royaume-Uni à reprendre les négociations sur la décolonisation.  Il a regretté l’interprétation erronée faite par le Royaume-Uni sur les faits de 1883 et qui, a-t-il avancé, n’ont pour but que de justifier l’occupation illégale des îles Malvinas.  Le représentant a réitéré que le principe de l’autodétermination des peuples ne s’applique pas à la situation, et a qualifié le référendum d’illégitime.  Cette action unilatérale ne met pas fin au droit de souveraineté, a souligné le délégué.  La preuve, ce référendum n’a pas mis fin à l’examen question au sein Comité spécial de la décolonisation, a-t-il déclaré.  Il a affirmé que les intérêts des habitants des Malvinas sont dument protégés par la Constitution argentine.

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