Soixante-treizième session,
15e et 16e séances – matin & après-midi
AG/EF/3502

Deuxième Commission: les délégations se demandent comment éliminer la pauvreté dans un monde où les écarts entre pays sont encore grands

Comment éliminer la pauvreté, dans un monde où le fossé entre pays riches et pauvres se creuse davantage?  La Deuxième Commission (questions économiques et financières) a consacré cette journée à ce vaste sujet, « plus grand défi de l’humanité » pour de nombreuses délégations, et principal objectif du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  La Commission a examiné à cette occasion les activités relatives à la troisième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2018-2027) et d’autres questions liées au développement comme l’écotourisme et la coopération au développement industriel, en se basant sur les rapports présentés dans la matinée.

Choqué et alarmé par les statistiques -300 millions de travailleurs vivant avec moins de 1,90 dollar par jour dans les pays en développement, 844 millions de personnes sans accès à l’eau potable et 4,5 milliards de personnes dans le monde sans services sanitaires adéquats-, le Groupe des 77 et la Chine, par la voix de l’Égypte, ont exigé des actions immédiates. 

Cuba a fait porter la responsabilité de la situation aux pays développés et à leur modèle de production et de consommation, « un modèle non durable, ni aujourd’hui ni demain ».  Les pays développés « ne sont pas au rendez-vous » des discussions de la Deuxième Commission, a d’ailleurs remarqué la Fédération de Russie en déplorant leur faible niveau de participation aux discussions, qui « ne correspond pas aux déclarations entendues durant la semaine de haut niveau ». 

Ces pays développés se sont vu demander à maintes reprises le respect de leurs engagements au titre de l’aide publique au développement (APD), notamment par le Cambodge, au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), le Maroc, pour le Groupe des États d’Afrique, et le Malawi, au nom des Pays les moins avancés (PMA).  Ces délégations ont souligné l’importance de cette aide pour soutenir les efforts d’élimination de la pauvreté que s’efforcent de mener les pays en développement.

Dans les pays les plus pauvres du monde, la pauvreté touche encore 36% de la population, a relevé le Népal qui a craint que les changements climatiques ne fassent empirer la situation.  Les PMA ont donc besoin d’une plus grande assistance de la part de la communauté mondiale et notamment d’investissements plus importants.

Parallèlement à ces appels, El Salvador, s’exprimant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a réaffirmé l’importance de la coopération Sud-Sud, et dit attendre avec intérêt la deuxième Conférence de haut niveau des Nations Unies sur ce sujet qui aura lieu à Buenos Aires en mars 2019.  Cuba a plaidé dans le même sens, fort de ses 50 000 collaborateurs au développement présents dans 65 pays.

Les délégations n’ont pas manqué de saluer les progrès déjà réalisés au début de cette troisième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2018-2027), avec le plan d’action interorganisations qui vise à coordonner les efforts déployés en ce sens à l’échelle du système des Nations Unies.  Toutefois, les Maldives, parlant au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), ont déploré que le rapport sur cette question n’ait pas fait suffisamment cas des petits États insulaires en développement (PEID).

Pour éliminer la pauvreté, les PEID ont fait valoir qu’ils avaient besoin de renforcer leurs capacités et d’avoir accès aux ressources financières et technologiques nécessaires.  Ils ont aussi besoin de davantage de données pour pouvoir élaborer les meilleures politiques. 

La Communauté des Caraïbes (CARICOM) a réclamé une aide pour investir dans les capacités de résilience, arguant que chaque dollar investi dans la résilience permet d’économiser 4 dollars en coûts de reconstruction, selon l’estimation de la Banque mondiale.

La CARICOM a aussi réitéré son appel pour que l’on n’utilise plus le critère unique du produit intérieur brut (PIB) pour décider si un pays peut avoir accès ou non à des financements à des conditions préférentielles.  Le Honduras a appuyé cette demande en expliquant que les catégories dans lesquelles on met les pays en développement ne les aident pas mais au contraire diminuent l’efficacité de l’assistance qui leur est offerte.  La Namibie, dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire, n’a pas dit le contraire en soulignant que ce classement se base sur « une statistique qui ne tient pas compte de la distribution de richesses déséquilibrée en Namibie ».  Le G77 a lui aussi fait écho à ces appels, arguant que les institutions internationales doivent reconnaître « la nature multidimensionnelle de la pauvreté et les fossés structurels entre pays riches et pauvres ». 

Au cours du débat, plusieurs PMA ont témoigné de leurs politiques industrielles nationales durables ou intégrées, comme l’Éthiopie, qui travaille à devenir un pôle africain manufacturier d’ici à 2027, en créant des parcs industriels respectueux de l’environnement.  Le Zimbabwe a présenté son modèle d’industrialisation durable qui privilégie le secteur manufacturier (transformation agricole, production d’engrais et exploitation de minerais). 

Si la promotion du tourisme durable a fait l’objet d’une présentation de rapport, les délégations ont été peu nombreuses à s’emparer du sujet.  L’AOSIS a rappelé combien les PEID étaient dépendants du tourisme pour leur développement, tandis que Madagascar s’est félicité d’une « augmentation des visites de 20% par an, avec le potentiel que cela représente en valeur ajoutée ».  Les Tonga ont aussi mis l’accent sur le rôle du tourisme durable pour éradiquer la pauvreté et protéger l’environnement. 

La Deuxième Commission se réunira de nouveau vendredi 19 octobre, à partir de 10 heures, pour débattre du point « Mondialisation et interdépendance ».

ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ ET AUTRES QUESTIONS LIÉES AU DÉVELOPPEMENT

Présentation de rapports

Mme DANIELA BAS, Directrice de la Division du développement social inclusif au Département des affaires économiques et sociales (DAES), a présenté le rapport du Secrétaire général (A/73/298) sur les Activités relatives à la troisième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2018-2027).  Il présente un plan d’action interorganisations pour l’élimination de la pauvreté visant à coordonner les efforts déployés à l’échelle du système des Nations Unies.  Mme Bas a souligné que l’Année internationale du tourisme durable pour le développement en 2017 a marqué une étape importante car elle a facilité la mobilisation des parties prenantes et a contribué à mieux faire connaître l’apport du secteur du tourisme au développement durable.

Le rapport fait remarquer que plus de 1 milliard de personnes sont sorties de la pauvreté depuis 1990.  Les pays en développement connaissent depuis l’an 2000 une croissance économique remarquable, qui a non seulement contribué à la réduction de la pauvreté et à l’amélioration des conditions de vie, mais aussi permis des progrès dans des domaines tels que l’égalité entre les sexes, la création d’emplois, l’éducation et la santé, la protection sociale, l’agriculture et le développement rural ou encore l’adaptation aux changements climatiques.  Toutefois, les taux de pauvreté restent très élevés en Afrique subsaharienne mais aussi dans nombre de pays en développement et dans certains pays développés.  Compte tenu des taux de croissance démographique actuels, il faudra, pour éliminer la pauvreté à l’horizon 2030, réduire d’environ 110 millions par an le nombre de personnes vivant avec moins de 1,90 dollar par jour.   

Le rapport identifie les domaines dans lesquels doivent œuvrer en priorité les organismes des Nations Unies, qui apportent une contribution essentielle à l’action menée au niveau mondial en faveur de la mise en œuvre effective du Programme 2030: renforcer les capacités dans le domaine des statistiques relatives au Programme 2030; intensifier les initiatives mondiales en faveur d’un travail décent pour tous; promouvoir une transformation structurelle par l’industrialisation; soutenir l’économie rurale agricole et non agricole; renforcer les capacités productives nationales pour stimuler la création d’emplois et éliminer la pauvreté; mettre en place une protection sociale minimale conformément aux priorités nationales; tirer parti de l’innovation et de l’interconnectivité pour créer des emplois et éliminer la pauvreté; investir dans l’éducation, le renforcement des compétences et la facilitation de l’accès à l’emploi; promouvoir une couverture sanitaire universelle et un accès équitable à des services de santé de qualité; promouvoir des solutions pérennes pour les populations déplacées et favoriser leur insertion; intensifier la lutte contre les changements climatiques et leurs répercussions; partenariats et mobilisation des ressources au service du développement.

S’agissant du plan d’action interorganisations, il repose sur 10 principes fondamentaux, parmi lesquels la prise en compte de la pauvreté multidimensionnelle, une croissance économique inclusive et soutenue qui suppose une transformation structurelle pour parvenir au plein emploi productif et garantir un travail décent pour tous, le respect des droits de l’homme, la prise en compte de la problématique femmes-hommes, l’élimination de la discrimination, la marginalisation et l’exclusion, ainsi que l’inclusion et l’autonomisation des laissés-pour-compte.

Mme CLAUDIA LINKE-HEEP, Représentante adjointe de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), a présenté le rapport A/73/121 sur la Coopération pour le développement industriel relatif à la résolution 71/242 de l’Assemblée générale.  Dans ses conclusions, l’ONUDI, qui a étudié les dernières tendances en matière de développement industriel, note que l’industrialisation a fait sortir des millions de personnes de la pauvreté au cours des dernières décennies.  En même temps, il prévient que les récentes tendances, notamment la dernière révolution industrielle, ou révolution 4.0, risque de bouleverser les économies du monde entier.  Les nouvelles technologies peuvent améliorer la flexibilité et l’efficacité des processus de production, mais il y a un risque que les progrès technologiques accroissent les inégalités entre pays ou au sein même des pays, laissant de côté les personnes marginalisées et vulnérables.

L’ampleur réelle des effets de la dernière révolution industrielle est difficile à déterminer, dit le rapport, qui précise qu’en l’absence de cadres normatifs et réglementaires adéquats, l’ONU et ses institutions spécialisées ont l’obligation morale d’accompagner les États Membres dans cette transition.  Dans le même temps, le système international pour le développement doit achever sa transition vers le Programme de développement durable à l’horizon 2030, et la réforme du système des Nations Unies pour le développement est l’occasion d’accroître l’impartialité et l’indépendance sur le terrain et d’adopter une conception plus équilibrée du développement durable, a conclu Mme Heep.

M. KAZI RAHMAN, Représentant spécial du Bureau de liaison de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), a présenté la note du Secrétaire général A/73/274 sur la Promotion du tourisme durable, et notamment l’écotourisme, aux fins de l’élimination de la pauvreté et de la protection de l’environnement.  Cette note fait référence au rapport du Secrétaire général de l’OMT présenté en application de la résolution 71/240.

M. Rahman a noté le rôle crucial du tourisme dans l’avancée de la réalisation des objectifs de développement durable, notamment l’objectif 12 sur l’établissement de modes de consommation et de production durables.  M. Rahman a remarqué que les pays considèrent toujours le développement du tourisme durable comme un secteur stratégique.  Il a appelé à redoubler d’efforts pour atteindre l’objectif 8, sur le travail décent et la croissance économique, et le 14, conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable.  Il faut aussi mettre en avant des pratiques innovantes en matière de tourisme, a-t-il recommandé. 

Échanges avec les délégations

Le représentant du Nigéria a relevé les inégalités entre les régions pour ce qui est de la pauvreté, qui se concentre en Afrique subsaharienne.  Le Nigéria espère réduire la pauvreté sur son territoire, notamment celle qui touche les femmes, a-t-il indiqué.

L’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes) est un partenaire essentiel pour la réduction de la pauvreté touchant les femmes, a fait remarquer, à cet égard, une représentante de la Division du développement social inclusif du DAES en attirant l’attention sur ce que peut faire l’ONU, à travers son plan d’action interorganisations, pour contribuer à l’élimination de la pauvreté.

M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte), au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), a réaffirmé qu’éliminer la pauvreté demeurait un défi.  C’est le but général et primordial du Programme 2030 et cela doit le rester, a-t-il dit.  Inquiet que 783 millions de personnes vivent toujours sous le seuil de la pauvreté, et que le nombre de personnes mal nourries ait augmenté durant ces quatre dernières années, atteignant 815 millions en 2016, il a cité la volatilité des prix alimentaire comme un facteur important. 

Choqué et alarmé par les statistiques énumérées -300 millions de travailleurs vivant avec moins de 1,90 dollar par jour dans les pays en développement, 844 millions de personnes sans accès à l’eau potable et 4,5 milliards de personnes dans le monde sans services sanitaires adéquats- il a exigé des actions immédiates.  Pour continuer à donner la priorité à l’éradication de la pauvreté sous toutes ses formes, M. Edrees a préconisé une approche intégrée et cohérente à tous les niveaux, appelé les pays développés à soutenir les efforts nationaux des pays en développement en respectant entièrement leurs engagements financiers.  Il leur a aussi demandé d’apporter une assistance technique et de créer davantage d’opportunités économiques pour les gens vivant en situation de pauvreté.

S’adressant ensuite aux institutions internationales, le représentant du G77 les a appelées à développer des outils statistiques transparents allant au-delà du simple produit intérieur brut (PIB) par habitant.  Ces institutions, a-t-il précisé, doivent mesurer la dimension et reconnaître la nature multidimensionnelle de la pauvreté, ainsi que les fossés structurels à tous les niveaux, car le fossé entre pays riches et pauvres reste profond.  Se réjouissant des progrès accomplis dans le cadre de la troisième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2018-2027), il a appelé à une transformation radicale et structurelle pour développer une croissance économique durable et réduire l’extrême pauvreté.  Insistant sur la nécessité d’une collaboration équilibrée et intégrée, en vue du développement, il a prôné le transfert des technologies pour les pays en développement, un facteur indispensable dans ce contexte. 

Au nom des pays les moins avancés (PMA), M. PERKS LIGOYA (Malawi) a dit que la faim et la pauvreté, qui ont une dimension multidimensionnelle, ont de fortes répercussions sur le développement des PMA.  Les progrès sont très inégaux dans ces pays car la pauvreté touche encore 36% de la population, a-t-il expliqué.  Et il a craint que les changements climatiques n’empirent la situation.  Les progrès enregistrés dans les PMA sont insuffisants pour éliminer la pauvreté extrême, a tranché le représentant, en faisant remarquer que le travail à accomplir est supérieur à celui des autres pays pour arriver aux mêmes résultats. 

Il en a déduit que pour lutter contre le fléau de la pauvreté, il faut se concentrer sur les pays où les défis sont plus complexes, autrement dit les PMA.  Des pays qui ont besoin d’investissements plus importants et d’une plus grande assistance de la part de la communauté mondiale.  C’est dans ce contexte que le représentant du Malawi a plaidé pour une hausse de l’aide publique au développement (APD).

Le représentant a ensuite fait observer que la progression du secteur manufacturier n’est que marginale dans les PMA, où il représente 3% du PIB.  Ces pays connaissent une productivité bien moindre que dans les pays industrialisés.  Le délégué a donc plaidé pour des politiques industrielles fondées sur la technologie et le développement, afin de parvenir aux transformations structurelles nécessaires.  De son côté, la communauté internationale doit consentir des efforts conjoints pour soutenir au mieux les PMA et permettre à ceux-ci d’atteindre leurs objectifs stratégiques de renforcement de la compétitivité nationale.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. DARIN SUN, (Cambodge) a indiqué que l’éradication de la pauvreté était l’une des principales priorités de son groupe.  Au cours de la dernière décennie, a poursuivi M. Sun, l’ASEAN a en effet mis en œuvre avec succès un ensemble d’initiatives pour lutter contre la pauvreté dans la région, dont le Plan-cadre aux fins de la connexion des pays de l'ASEAN et l’Initiative pour l’intégration de l’ASEAN, qui ont tous deux favorisé les échanges commerciaux et les investissements entre les membres du groupe.

En outre, le représentant a indiqué que la région avait accéléré la mise en œuvre de son initiative, Communauté de l’ASEAN à l’horizon 2025.  Dans ce cadre, il a affirmé que le degré d’intégration économique régionale permettait désormais d’envisager la création d’un marché unique et d’une base de production commune entre les pays de l’ASEAN, qui permettraient, selon M. Sun, de promouvoir l’emploi durable, d’améliorer le niveau de vie et d’éradiquer la pauvreté, dans la lignée du Programme 2030.

Pour l’ASEAN, a par ailleurs déclaré le représentant, l’éradication de la pauvreté est fortement corrélée au développement des zones rurales.  À cette fin, M. Sun a rappelé que la région avait successivement mis en œuvre, depuis 2004, quatre Plans d’action-cadres pour le développement rural et l’éradication de la pauvreté.

Parallèlement, M. Sun a exhorté les pays développés à respecter leurs engagements concernant les taux d’aide publique au développement qu’ils doivent allouer aux pays en développement et aux PMA.  Il a en outre plaidé pour l’allégement de la dette, qui constitue un autre outil efficace pour aider ces pays à éradiquer la pauvreté et à mettre en œuvre le Programme 2030, au même titre que la coopération internationale en termes d’innovation et de transfert technologique.

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), Mme JANINE COYE-FELSON (Belize) a proposé que le plan d’action interorganisations de l’ONU, qui constitue une bonne base pour coordonner les efforts du système des Nations Unies pour la Décennie, accorde une attention particulière aux petits États insulaires en développement (PEID), en accord avec les Orientations de Samoa, la Stratégie de Maurice et le Programme d’action de la Barbade.  La CARICOM propose en outre que le Secrétariat élabore des indicateurs supplémentaires pour suivre les progrès sur l’élimination de la pauvreté dans les PEID. 

Dans le cadre des programmes spécifiques aux PEID, l’élimination de la pauvreté et la réduction des inégalités figurent parmi les priorités, a souligné Mme Coye-Felson.  En août, les PEID des Caraïbes ont adopté la Déclaration de San Pedro, qui identifie les multiples défis auxquels ces pays font face.  Pour autant, a fait observer la représentante, trois facteurs limitent leur accès au financement: presque tous ces pays sont classés comme pays à revenu intermédiaire ou élevé; il n’y a pas de politique effective d’allègement du fardeau de la dette pour ces pays; certains des PEID des Caraïbes sont inscrits sur une liste noire et il y a un certain désengagement des risques à leur égard.  Ce à quoi s’ajoute la baisse de l’APD pour la région Caraïbes depuis 20 ans.  Aussi, les États membres de la CARICOM ont réitéré leur appel à la communauté internationale pour qu’elle cesse de n’utiliser que le PIB comme critère déterminant l’accès à des financements à des conditions préférentielles.

S’agissant des changements climatiques, Mme Coye-Felson a fait observer que la fréquence et l’intensité des tempêtes augmentaient, en même temps que leurs coûts économiques et sociaux dans les Caraïbes.  La Banque mondiale a estimé que chaque dollar investi dans la résilience évite quatre dollars de coûts de reconstruction, a cité la représentante, pour dire qu’il est nécessaire que les États membres reçoivent une aide nécessaire pour investir dans les capacités de résilience.

Mme FARZANA ZAHIR (Maldives), parlant au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a rappelé combien les PEID étaient dépendants du tourisme pour leur développement.  Elle s’est désolée, à cet égard, que le rapport sur la troisième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2018-2027) n’ait pas spécifiquement évoqué les cas de PEID. 

Avec 320 milliards de dollars de dommages économiques causés par les catastrophes climatiques, les membres de l’AOSIS remarquent que les phénomènes climatiques minent le travail mené pour réaliser le Programme 2030, notamment pour éradiquer la pauvreté.

Pour que les PEID réalisent les objectifs de développement durable, ils ont besoin des moyens nécessaires, qui passent par le renforcement des capacités et l’accès aux ressources financières et technologiques.  Beaucoup de PEID n’ont pas les données basiques nécessaires pour formuler les bonnes politiques d’éradication de la pauvreté, a noté la représentante, qui a aussi demandé à la communauté internationale d’améliorer sa coordination et d’honorer ses engagements en matière de renforcement des capacités. 

La Conférence d’examen à mi-parcours des Orientations de Samoa, qui se tiendra le 27 septembre 2019, donnera l’occasion de discuter des possibilités de développement des PEID, de leurs opportunités pour éradiquer la pauvreté et en même temps de leurs difficultés à aller de l’avant, a-t-elle espéré.  Saluant la troisième décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté, elle a exhorté la communauté internationale à s’engager collectivement pour que des progrès significatifs soient faits dans la mise en œuvre du Programme 2030.

Au nom de la Communauté des États de l’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. SORIANO (El Salvador) a souligné que l’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes et dimensions constitue le plus grand défi auquel le monde est confronté et qu’elle est indispensable pour le développement durable et inclusif socialement, économiquement et financièrement.  Des efforts mondiaux, régionaux et nationaux sont nécessaires, a souligné le représentant, en expliquant que le développement durable ne peut être atteint sans inclusion des groupes en situation de vulnérabilité, car il faut ne laisser personne de côté.

De l’avis des États membres de la CELAC, une approche intégrale et holistique est préférable pour éviter les distorsions en donnant la priorité à certaines dimensions du développement pour en exclure d’autres.  En outre, ils ont plaidé pour une coordination et une cohérence effectives dans la mise en œuvre du Programme 2030, du Programme d’action d’Addis-Abeba, de l’Accord de Paris et du Cadre de Sendai, afin de créer des synergies et de la résilience.

Par ailleurs, la CELAC a réitéré la nécessité de continuer à améliorer les mécanismes de régulation, de supervision et de contrôle du système financier international et régional pour promouvoir un environnement financier international propice à la réussite du Programme 2030, en tenant compte du fait que la mobilisation des seules ressources nationales n’est pas suffisante pour promouvoir une croissance économique capable de soutenir un développement durable et l’élimination de la pauvreté.  Le représentant a réaffirmé que la coopération Sud-Sud est importante, sans se substituer pour autant à la coopération Nord-Sud, et a dit attendre avec intérêt la deuxième Conférence de haut niveau des Nations Unies sur la coopération Sud-Sud qui aura lieu à Buenos Aires en mars 2019.

M. OMAR HILALE (Maroc), au nom du Groupe des États d’Afrique, a noté que la pauvreté était une source de conflits et d’instabilité sociale en Afrique.  Avec l’objectif ambitieux d’éradiquer la pauvreté en une génération, le groupe a lancé un plan cadre exhaustif de développement agricole qui vise à réduire la pauvreté et à encourager les partenaires dans leurs efforts et notamment une coopération Sud-Sud efficace.

Les communautés émancipées favorisent le développement durable, a poursuivi M. Hilale, et le Groupe travaille à une Afrique prospère et créatrice d’emplois, avec une production améliorée.  Le représentant a appelé à prendre en considération la pauvreté dans toutes ses dimensions.  Aux pays développés, il a demandé de respecter leurs engagements financiers.  Il a aussi recommandé aux États Membres de renforcer les stratégies qui permettent la croissance et la création d’emploi.

Le groupe des États d’Afrique espère que le capital humain pourra être renforcé sur le continent car « c’est notre ressource la plus précieuse ».  Le représentant a plaidé à ce titre pour que de plus en plus de personnes aient accès à l’université en insistant sur la création de centres d’excellence pour l’éducation.  La participation des femmes au secteur de l’emploi a augmenté ces 20 dernières années en Afrique, s’est-il aussi félicité.  Avec une démographie en croissance rapide -2 milliards d’habitants en 2020– et une population jeune, l’Afrique aura besoin du secteur privé pour éradiquer la pauvreté, a conclu le représentant.  

M. NARENDRA DAMODAR JADHAV (Inde) a dit que l’Inde figure parmi les grandes économies à croissance rapide, ce qui lui permet d’allouer des ressources pour poursuivre un développement plus inclusif.  Des innovations technologiques modernes sont en cours de déploiement pour améliorer les interventions politiques, a-t-il ajouté.  Le représentant a cité le Programme Jan Dhan Yojana, un programme financier inclusif ambitieux qui a permis à 320 millions de personnes d’ouvrir un compte en banque.  En outre, plus d’un milliard de personnes ont obtenu une carte d’identité biométrique.  Grâce à cette carte et aux applications pour les téléphones mobiles, il est plus facile d’offrir des services en ligne et de transférer de l’argent, en particulier pour les personnes marginalisées.  Cela permet aussi d’améliorer la transparence et de lutter contre la corruption. 

Le représentant a ensuite cité d’autres programmes comme « Ayushman Bharat » pour l’assurance santé, qui vise à couvrir 500 millions de personnes.  Le gouvernement prévoit aussi de construire 21 millions de nouveaux logements avant 2022, qui s’ajouteront aux 5 millions de maisons construites pour les pauvres ces dernières années.  Le programme « Mudra » a pour objectif de développer les compétences et de transformer les pauvres en entrepreneurs, tandis que le programme « Ujjwala » a offert 50 millions cuisines connectées au réseau de distribution de gaz aux familles les plus pauvres.  Cela a permis de fournir de l’énergie propre, un facteur important en matière de climat, de santé et d’accès à l’énergie.

M. DAVIS (Afrique du Sud) a déclaré que la plupart des objectifs définis dans le Programme 2030 faisaient échos au Plan de développement national adopté par son pays, un plan avant tout centré sur l’éradication de la pauvreté.  Il a salué la proclamation de la troisième Décennie et jugé « impératif que l’élimination de la pauvreté, sous toutes ses formes, demeure une priorité absolue pour l’ONU », tout en saluant le Secrétaire général pour ses efforts visant à mobiliser davantage le secteur privé dans cette lutte.  Correctement exploitées et canalisées, a affirmé le représentant, les ressources financières, techniques, technologiques et humaines considérables dont dispose le secteur privé peuvent en effet fortement contribuer aux efforts pour éliminer la pauvreté.

L’une des priorités de l’Afrique du Sud dans cette lutte est le besoin d’industrialiser les pays en développement.  Aussi, le représentant s’est-il dit enthousiasmé par les perspectives de croissance des investissements, du commerce, de l’industrialisation et du développement offertes par la zone de libre-échange continentale africaine, selon lui, la plus grande zone de libre-échange au monde. Alors que l’Afrique du Sud traverse actuellement une période de faible croissance économique, le représentant s’est dit néanmoins encouragé par les investissements importants et constants dans son pays, qui reflètent, selon lui, la confiance de la communauté internationale dans son potentiel et ses fondamentaux économiques.

M. AL SALEH (Arabie saoudite) s’est dit convaincu de l’importance de la coopération internationale pour soutenir les efforts menés dans les pays en développement pour éradiquer la pauvreté extrême.  L’Arabie saoudite, a-t-il dit, répond rapidement aux besoins et assiste les peuples de par le monde.  C’est en ce sens, un pays pionnier qui a soutenu des projets relatifs notamment à la sécurité alimentaire, à la nutrition, à la santé, à la coordination d’aide humanitaire, par exemple en faveur des réfugiés rohingyas.  Le pays a également soutenu les efforts internationaux visant à lutter contre la pauvreté en donnant 1 million de dollars à un fonds de la Banque islamique, a ajouté le représentant.  Sur le plan local, l’Arabie saoudite a lancé des projets pour éliminer la pauvreté, a-t-il dit en mentionnant, par exemple, les subventions versées aux familles à revenu moyen et le soutien apporté à des œuvres de bienfaisance.

M. DMITRY CHUMAKOV (Fédération de Russie) a déploré que le niveau de participation des pays développés au sein des discussion à la Deuxième Commission « ne soit pas au rendez-vous » et « ne corresponde pas aux déclarations entendues durant la semaine de haut niveau ».  Il a noté avec satisfaction l’avancée des travaux de l’ONU qui ont permis de diviser par deux le nombre de personnes en situation de pauvreté entre 1990 et 2013, et s’est aussi félicité de la proclamation de la troisième Décennie de lutte contre pauvreté et de l'élaboration d’un plan d’action interorganisations.

Le représentant s’est toutefois préoccupé du facteur de l’âge dans la pauvreté: ces 10 dernières années, le nombre d’enfants recevant un niveau d’enseignement adéquat a augmenté certes, mais ces enfants n’ont pas pu trouver leur place dans un monde de plus en plus numérisé, a-t-il souligné.  Avec l’explosion des innovations technologiques, il a invité les États à se donner les moyens de faire en sorte que chacun développe son potentiel.  La Russie, a-t-il dit, entend aider la communauté internationale dans ce domaine.  Sur le plan intérieur, le représentant a signalé que le taux de pauvreté avait reculé en Russie, tout en reconnaissant qu’il était encore assez lourd.  Le gouvernement veut le réduire de moitié d’ici à 2024. 

Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a estimé que la croissance non durable était « injuste pour les pays du Sud »: les pays en développement sont les moins responsables de la crise climatique, a-t-elle remarqué.  « Des milliards sont investis dans des budgets militaires alors qu’ils pourraient être alloués au développement de nos peuples », a-t-elle appuyé.  S’inquiétant du nombre de personnes souffrant de faim chronique, qui devient alarmant, elle a fait porter l’entière responsabilité de la situation aux pays développés et à leur modèle de production et de consommation mondiale, un modèle non durable, ni aujourd’hui ni demain.

Victime d’un « blocus criminel » de la part des États-Unis, Cuba affiche pourtant un taux de mortalité infantile parmi les plus bas du monde et une espérance de vie très élevée, a fait observer la représentante.  Décrivant un pays qui ne connaît pas l’analphabétisme et qui est doté d’un système de soins gratuits pour tous, la représentante a fait part de la volonté politique de son gouvernement d’éradiquer les facteurs de pauvreté.  Fort de 50 000 collaborateurs au développement présents dans 65 pays, Cuba a enfin loué la coopération Sud-Sud, la « justice sociale » et « l’égalité ».  

M. SALEH (Iraq) a fait observer que la pauvreté menace le tissu social et qu’elle a des répercussions sociales conséquentes, favorisant le retour de l’extrémisme.  Il faut des partenariats pour parvenir à cet objectif d’élimination de la pauvreté, a insisté le représentant.  En ce qui concerne l’Iraq, il a rappelé que le pays avait subi pendant 40 ans des guerres et des blocus, avec pour résultat direct la prolifération de la pauvreté.  Pour éliminer celle-ci, plusieurs politiques et lois ont été adoptées, tandis que des fonds ont été alloués à cette cause ces dernières années, avec pour objectif de réduire la pauvreté de 25% d’ici à 2022.

Les autorités iraquiennes ont créé des unités de logement, mais elles souffrent d’un manque de ressources, a indiqué le représentant en expliquant que la majorité des fonds disponibles sont dirigés vers la guerre contre le terrorisme.  L’Iraq est conscient de faire face à une double crise: la guerre contre Daech et la baisse des prix du pétrole, deux crises qui privent l’État de revenus.  L’Iraq a besoin d’un soutien efficace des Nations Unies, a conclu le délégué qui a appelé tous les partenaires à faire preuve de soutien, en faisant valoir que cela contribuera à la stabilité au Moyen-Orient.

Mme HA THI THANH HUYEN (Viet Nam) a rappelé que 800 millions de personnes dans le monde vivaient toujours en dessous du seuil de pauvreté, soit 1,90 dollar par jour.  Elle a souligné les écarts entre États, comme à l’intérieur de chaque pays, en termes de progrès dans l’éradication de la pauvreté, d’où la nécessité de s’attaquer aux origines économiques, sociales et environnementales du phénomène.  Au cours de la dernière décennie, la représentante a affirmé que le Viet Nam avait réalisé de nombreux progrès dans la lutte contre la pauvreté.  Selon un rapport récent de la Banque mondiale, le taux de pauvreté multidimensionnelle du pays est passé de 9,9% en 2015 à 7% en 2017, a-t-elle salué, ajoutant que près de 957 millions de dollars du budget du pays avaient été alloués à des programmes de réduction durable de la pauvreté entre 2016 et 2018.

En dépit de ces efforts, la représentante a indiqué que le taux de pauvreté du pays dans les régions éloignées et montagneuses demeurait à un niveau élevé.  Elle a également pointé du doigt l’existence d’inégalités géographiques et ethniques en matière de développement socioéconomique.  De plus, Mme Ha a souligné que la lutte contre la pauvreté était particulièrement difficile dans les régions vietnamiennes sujettes aux catastrophes naturelles.  Elle a néanmoins annoncé l’intention de son pays de continuer à investir dans des programmes de réduction de la pauvreté, avec l’aide la communauté internationale.

Mme LEILA CASTILLON LORA-SANTOS (Philippines) a dit que le plan de développement à long terme du gouvernement aspire à faire des Philippines un pays prospère et débarrassé de la pauvreté avant 2040.  Ainsi, le Plan de développement 2017-2022 vise-t-il à réduire l’incidence de la pauvreté qui devrait passer de 21,6% en 2015 à 14% en 2022, soit 6 millions de pauvres de moins.  Le but est aussi d’assurer que la croissance économique reste forte et que ses retombées soient bien distribuées à travers les groupes sociaux.  De plus, la Commission nationale anti-pauvreté met en œuvre un programme basé sur les 10 besoins de base à savoir l’alimentation, l’eau, l’habitation, le travail, les soins de santé, l’éducation, la protection sociale, un environnement sain, la paix et la participation populaire. 

La représentante a aussi fait valoir la réalisation d’une croissance inclusive aux Philippines, grâce à la création d’une plus grande assiette fiscale qui a permis au gouvernement de financer et d’élargir les programmes sociaux.  L’un de ces programmes sociaux est le transfert d’argent aux familles dont les conditions pour en bénéficier sont la fréquentation de l’école par les enfants, la participation à une session de développement par les parents et le comportement des familles en matière de soins de santé.

Mme CANDICE NG (Singapour) a prôné une approche holistique à trois volets pour assurer que personne ne soit laissé sur le côté sur la route du développement durable: l’éducation, les soins de santé, et le logement.  Ces dernières années, le gouvernement a misé sur le développement de l’éducation préscolaire.  L’objectif est de donner à tous les enfants une éducation de bonne qualité pour qu’ils puissent bien être équipés et avoir accès à des opportunités de se perfectionner plus tard dans la vie. 

En outre, Singapour croit en la nécessité d’offrir à tous des soins de santé de base abordables et de qualité.  Bien que tous les Singapouriens aient une assurance maladie obligatoire, ils doivent également contribuer à un plan d’épargne national qui les aide à mettre de côté une partie de leur revenu pour leurs besoins de soins de santé.  En troisième lieu vient le logement, a ajouté Mme Ng.  Grâce à des programmes et des politiques de logement, plus de 8 Singapouriens sur 10 sont aujourd’hui propriétaires d’un appartement public.  Ceci est possible grâce à un plan de financement institué par le gouvernement permettant aux résidants de financer leurs logements à travers un plan d’épargne à long terme.

M. BUSHRA (Soudan) a remarqué que plusieurs pays en développement ont enregistré des progrès dans l’élimination de la pauvreté depuis 2000 mais que les taux restent élevés dans nombre de pays d’Afrique, comme le Soudan.  Ce pays sort de conflit, héberge de nombreux réfugiés, et nécessite une attention particulière, a dit le représentant.  Il a regretté en outre que le fardeau de la dette ait limité les possibilités d’investissements du pays.  Le gouvernement accorde toutefois une attention particulière à l’élimination de la pauvreté et a mis en place le plan quinquennal 2015-2019 en ce sens.  En coopération avec la Banque africaine de développement, il prévoit une nouvelle stratégie qui se base sur une étude des revenus des foyers, avec par exemple un plan d’emploi des jeunes et de financement de petits projets pour les diplômés d’université.  Le représentant a ajouté qu’il serait très important d’assister les pays en développement pour accompagner les efforts d’élimination de la pauvreté à partir d’un renforcement des capacités et de transfert de technologie. 

M. MOHAMMED BESSEDIK (Algérie) a noté que bien que des gains substantiels en matière de réduction de l’extrême pauvreté dans le monde aient été enregistrés au cours des trois dernières décennies, 783 millions de personnes vivent toujours dans une pauvreté multidimensionnelle.  En outre, les inégalités persistent et les progrès sont disparates d’une région à l’autre.  Face au recul de l’APD, à l’augmentation des populations souffrant de la faim et à l’impact des bouleversements climatiques et des conflits ces cinq dernières années, le nombre de personnes vivant dans le dénuement total a certainement pris des proportions plus alarmantes que les chiffres figurant dans le rapport, a fait observer M. Bessedik.  Selon lui, il est impératif que les investissements étrangers directs et le transfert de technologie soient employés à réduire les faiblesses et les vulnérabilités structurelles des pays pauvres afin de les aider à intégrer les chaînes de valeur mondiales.

En Algérie, l’extrême pauvreté est passée de 1,9% en 1988 à 0,8%.  Le gouvernement a mis en œuvre des politiques et stratégies qui se basent sur deux plateformes principales.  La première vise à répondre aux besoins des citoyens sans discrimination à travers notamment la gratuité et l’accès universel à une éducation de base, à la formation professionnelle, aux soins de santé et à la promotion des TIC.  La seconde assure la mise en œuvre des dispositifs sociaux orientés vers la protection des catégories les plus vulnérables de la population et assure une couverture sociale à plus de 85% des habitants.

M. GHULAM SEDDIQ RASULI (Afghanistan) a constaté l’insuffisance de l’augmentation des revenus dans les PMA: au rythme actuel, 30% des habitants des PMA demeureront extrêmement pauvres d’ici à 2035 si la situation de change pas.  La communauté internationale devrait donc redoubler d’efforts pour parvenir à la réalisation des objectifs de développement durable, a-t-il lancé, en mettant l’accent sur certains domaines critiques et en recommandant de se concentrer sur des politiques nationales.  L’Afghanistan s’est engagé depuis 2001 à ce que tous les citoyens puissent vivre dans la dignité, et donc à éliminer la pauvreté.  Le peuple afghan a ainsi vu sa vie s’améliorer ces dernières années.  Le représentant a mentionné le plan national de développement pour l’Afghanistan, qui a permis de créer de l’emploi tout en luttant contre la pauvreté liée au conflit, à l’insécurité alimentaire et à d’autres facteurs de pauvreté.  Optimiste, M. Rasuli a toutefois noté que le terrorisme et les conflits subis par son pays depuis 40 ans avaient grandement freiné son développement.  Le marché du travail et la désertification sont deux autres obstacles, a-t-il indiqué. 

M. TIJJANI MUHAMMAD BANDE (Nigéria) a souligné que la troisième Décennie devrait être l’occasion d’une large campagne au sein des Nations Unies, pour montrer qu’un avenir durable est possible si la communauté internationale coopère. Constatant que la pauvreté demeurait prégnante, non seulement en Afrique mais aussi dans les pays développés, il a assuré que le Nigéria travaillait d’arrache-pied pour la juguler, avec un programme d’alimentation scolaire, un programme pour les entreprises, et un programme de transfert de fonds conditionnels.  Le Nigéria s’est engagé à promouvoir l’industrialisation et l’innovation lors de la proclamation de la troisième Décennie du développement industriel pour l’Afrique (2016-2025).  Il continuera à travailler avec toutes les parties prenantes pour s’assurer de la pleine mise en œuvre du développement durable, a assuré le représentant qui, pour finir, a appelé les partenaires du développement à continuer leurs efforts en faveur des pays africains.  « Il faut soutenir les PME, en particulier celle dirigées par les femmes », a-t-il conclu.

M. LOK BAHADUR POUDEL CHHETRI (Népal) a souligné que, pour atteindre l’objectif 1 du Programme 2030 concernant l’éradication de la pauvreté, il faudrait faire passer 110 millions de personnes par an au-dessus du seuil de 1,90 dollar par jour.  Étant donné la nature complexe et multidimensionnelle de la pauvreté, notamment dans les PMA, le représentant a appelé les États à développer une approche concertée, intégrée et globale pour y parvenir, notamment via l’augmentation des capacités de production, la promotion du développement industriel durable, la création d’emploi, la promotion de l’innovation et la mise en place de mesures de protection sociale.

Le représentant a affirmé que le Népal avait réalisé des progrès « remarquables » dans la lutte contre la pauvreté et la faim au cours des dernières décennies.  L’objectif du Népal, a-t-il ajouté, est de sortir de la catégorie de PMA d’ici à 2022.  Toutefois, l’appartenance du Népal à la catégorie des pays sans littoral rend, selon lui, cet objectif difficile.  Le représentant a, par conséquent, appelé la communauté internationale à soutenir davantage les PMA et les pays sans littoral du point de vue technologique et financier en vue d’éradiquer la pauvreté.

M. HARYO BUDI NUGROHO (Indonésie) a appelé à redoubler d’efforts pour éliminer la pauvreté et utiliser l’élan de la troisième Décennie pour autonomiser les peuples.  Les jeunes ont remplacé les personnes âgées comme groupe le plus vulnérable à la pauvreté, a-t-il remarqué.  C’est pourquoi il a conseillé de se concentrer sur l’éducation et l’accès au financement pour les jeunes, les femmes et les filles, et sur la création d’un environnement propice à l’entrepreneuriat.  S’agissant du Plan d’action interorganisations pour la mise en œuvre de la troisième Décennie, il a souhaité que les transformations visent en priorité une croissance durable, inclusive, capable de réduire la pauvreté.  Parmi les domaines prioritaires qui contribueraient à l’élimination de la pauvreté, le représentant a mentionné la productivité agricole et le développement rural, la couverture de santé universelle, l’éducation pour tous, les systèmes de protection sociale et la résilience des sociétés aux effets négatifs des chocs climatiques.  Pour sa part, l’Indonésie considère l’économie créative, qui peut sortir les personnes de la pauvreté, comme une stratégie alternative pour une croissance équitable et inclusive.  D’ailleurs, elle accueillera la Conférence mondiale sur l’économie créative à Bali en novembre.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a signalé que le Bangladesh a réussi à faire tomber la pauvreté à 21,4% et l’extrême pauvreté à 11,3%, grâce à des politiques centrées sur l’individu et à une approche holistique.  Le pays pourrait d’ailleurs sortir de la catégorie des PMA pour la première fois cette année, a-t-il annoncé.  Le gouvernement reconnaît la nature multidimensionnelle de la pauvreté et prévoit d’investir dans le renforcement des capacités pour intégrer un Indice de pauvreté multidimensionnelle.  Il vient aussi d’adopter une Stratégie nationale de sécurité sociale pour consolider les filets de sécurité.  Ainsi, 6,5 millions de personnes âgées, de veuves, de femmes démunies et de personnes handicapées reçoivent désormais une allocation régulière.  Le gouvernement a par ailleurs mis en place 100 zones économiques spéciales susceptibles de créer 10 millions d’emplois au Bangladesh.  Il encourage les femmes à participer à l’emploi salarié dans l’économie rurale, a encore précisé le délégué.

Pour M. ZHANG ZEPENG (Chine), l’éradication de la pauvreté est essentielle pour assurer la paix et la sécurité au niveau mondial.  Il a prôné des efforts conjoints notamment pour l’élimination de la pauvreté au niveau rural. En tant que plus grand pays en développement du monde, la Chine attache une importance particulière à l’élimination de la pauvreté et envisage d’éliminer la pauvreté rurale d’ici à la fin de la prochaine décennie, a-t-il annoncé.  Pour cela, la Chine a pris des mesures de grande ampleur pour mettre en œuvre sa stratégie nationale de développement qui doit bénéficier notamment aux femmes, aux enfants et aux personnes âgées.  Le représentant a vanté les mérites de la coopération Sud-Sud qui permet un échange d’expériences utiles.  Dans ce cadre, la Chine peut aider d’autres pays à œuvrer pour l’éradication de la pauvreté.

Pour M. MUHAMMAD IMRAN KHAN (Pakistan), l’éradication de la pauvreté est le défi le plus important auquel l’ONU est confrontée, même si le taux de pauvreté est sur une pente descendante.  Il a cité Nelson Mandela pour qui « la pauvreté est entropique », précisant qu’elle dépend de facteurs économiques, sociaux et historiques.  Les pays en développement doivent adapter leurs stratégies à leur contexte national, a poursuivi le représentant qui a énuméré quelques-unes des mesures prises par son pays: création d’un centre pour les partenariats publics-privés, mise en œuvre d’un programme d’alimentation dans les écoles et d'un programme pour éliminer la pauvreté chez les femmes, grâce à un réseau de sécurité sociale.  Le Pakistan a aussi construit 5 millions de logements pour les groupes les plus vulnérables, qui permettront de créer des emplois.  L’inclusion financière et la stabilité économique vont de pair, a-t-il poursuivi, en citant la stratégie d’inclusion financière du Pakistan, lancée en 2015, qui permet l’accès au crédit et à un compte en banque pour le plus grand nombre. 

Les pays du monde doivent honorer leurs engagements en matière de transfert des technologies, a-t-il conclu: « atténuer la pauvreté dépend de la volonté de certains pays d’assurer leurs engagements ».  Il a enfin qualifié « d’essentiel » le Plan d’action dont l’ONU s’est dotée.

Mme AMENA ALHOSANI (Émirats arabes unis) a rappelé qu’aux Émirats arabes unis, 1,3% du PIB est affecté à l’APD: en 2017, cela a bénéficié à 147 États, dont la moitié sont des dons non remboursables.  La politique étrangère du pays est axée sur l’amélioration des conditions de vie des moins fortunés, le renforcement de la paix et de la sécurité, la création de rapports forts avec d’autres pays et l’élargissement de la sphère de développement.  La représentante a ensuite indiqué que les Émirats arabes unis, convaincus que la femme joue un rôle principal pour casser le cercle de la pauvreté, ont lancé une initiative consistant à verser des subventions pour renforcer l’égalité entre les sexes dans les programmes de développement.

Mme SARRESTANI (République islamique d’Iran) a dit que chaque pays doit être responsable de son propre développement économique et social.  Les efforts nationaux devraient être complétés par des programmes internationaux et des mesures et politiques internationales concrètes qui visent à augmenter les chances de développement pour les pays en développement tout en prenant en compte les conditions et les stratégies nationales et en respectant la souveraineté, a-t-elle estimé.  En dépit d’un certain nombre de défis, comme les sanctions économiques injustes, l’accueil de millions de réfugiés depuis 30 ans et la lutte contre les trafics de drogue, l’élimination de la pauvreté reste la plus importante priorité du Plan national de développement de l’Iran, a fait savoir le délégué. 

En Iran, a-t-elle ajouté, 44% des familles pauvres sont couvertes sur le plan social, aidées par l’État et d’autres institutions.  Pour renforcer la coordination intersectorielle et l’alignement des programmes de réduction de la pauvreté, le gouvernement a mis en place un mécanisme unique de service social afin de créer et d’offrir des services sociaux coordonnés.  Ce mécanisme doit, en outre, favoriser la participation des institutions non gouvernementales et des organismes de bienfaisance dans les programmes de réduction de la pauvreté et d’identification des enfants et des familles vivant sous le seuil de pauvreté. 

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a estimé que, étant donné le caractère multidimensionnel de la pauvreté, il faut une approche intégrée et indivisible pour réaliser les objectifs de développement durable.  Pour la délégation, il est essentiel que la communauté internationale adopte une stratégie fondée sur les droits de l’homme, qui valorise l’autonomisation des femmes et des filles, le travail décent et l’accès à des aliments et à des services de base comme la santé et l’éducation, afin de permettre aux individus de rompre le cycle de la pauvreté.

Les programmes et politiques du Nicaragua ont permis de réduire la pauvreté, passée de 42,5% en 2009 à 14,6% en 2016, ainsi que l’extrême pauvreté, de 14,6 à 6,9%.  Le délégué a cependant relevé que les mesures économiques coercitives imposées unilatéralement à certains pays entravent la réalisation du Programme 2030; il a dès lors plaidé pour leur élimination immédiate.  Le droit au développement appartient à tous, a-t-il asséné, et la communauté internationale doit répondre aux besoins de millions d’êtres humains pour qui le développement est encore inatteignable.  Les pays développés doivent ainsi respecter leurs engagements d’APD et les États Membres doivent coopérer mutuellement pour éliminer les obstacles au développement.

Mme MERYEM HAMDOUNI (Maroc) a estimé que la deuxième Décennie pour l’élimination de la pauvreté avait contribué à l’amélioration des conditions de la population mondiale mais que plusieurs pays, notamment en Afrique subsaharienne, continuaient à souffrir de la pauvreté et d’importantes inégalités, exacerbées par les crises économiques et politiques, la disparition de la biodiversité ainsi que la violence et les catastrophes naturelles.  L’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes demeure le plus grand défi et un engagement politique constant est indispensable pour ramener à zéro le nombre de personnes vivant dans une extrême pauvreté, a ajouté le représentant. 

Pour sa part, le Maroc a renforcé les dotations financières destinées aux secteurs sociaux, à l’éducation, à la santé et au logement, avec une attention particulière à l’emploi des jeunes.  Dans les zones rurales, la priorité va à l’amélioration des conditions de vie des populations défavorisées avec une politique axée sur l’autosuffisance alimentaire et le développement de l’agriculture familiale et solidaire.  Par ailleurs, le Maroc est soucieux du développement du continent africain et fait de la coopération Sud-Sud et triangulaire une priorité, a assuré la déléguée.

Mme LILIANA STEPHANIE OROPEZA ACOSTA (Bolivie) a fait observer que l’élimination de la pauvreté n’est pas seulement une question économique mais aussi une question de droits de l’homme et de justice.  Malgré la chute des prix des matières premières en 2014, qui a entraîné une crise du système économique international, a expliqué la représentante, la Bolivie a su maintenir une croissance stable.  Depuis que des mesures d’urgence de lutte contre la pauvreté ont été prises voici 12 ans, l’extrême pauvreté a reculé, de 37 à 17%, et la pauvreté est passée de 60 à 36%.  En 2017, le revenu des 10% les plus riches était 47 fois supérieur à celui des 10% les plus pauvres, a encore indiqué Mme Cordova en relevant là encore les progrès, puisqu’en 2005 ce ratio était de 128.  Pour parvenir à ces résultats, la Bolivie a repris le contrôle de ses ressources naturelles en opérant des nationalisations.  Cela a permis le développement des régions, des communes et des communautés autochtones rurales par la redistribution de excédents et la hausse de l’investissement public dans des entreprises stratégiques.

M. VIRAYOUTH VIENGVISETH (République démocratique populaire lao) a appelé à mettre l’accent sur la mobilisation des ressources nécessaires à la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Sur le plan national, il a indiqué que son pays avait adopté un certain nombre de mesures pour lutter contre la pauvreté et mobiliser ces ressources.  Cependant, a-t-il regretté, en raison de la petite taille de l’économie lao, les ressources domestiques mobilisées ont, selon lui, été limitées.  Par conséquent, le représentant a indiqué que la République démocratique populaire lao travaillait avec l’équipe de pays des Nations Unies et les partenaires du développement pour attirer des ressources externes, y compris l’APD et des investissements directs étrangers.  C’est d’autant plus nécessaire, a estimé le représentant, que le Lao, un membre de la catégorie des pays les moins avancés sans littoral, a été victime cette année d’inondations répétées qui ont mis à mal son économie.

M. GEBEYEHU GANGA GAYITO (Éthiopie) s’est dit particulièrement préoccupé par le taux de pauvreté dans les PMA, jugeant la situation « inacceptable dans un monde d’abondance ».  La troisième décennie offre une occasion de redoubler d’efforts pour lutter contre la pauvreté, s’est-il réjoui.  Il a jugé essentiel de revitaliser les partenariats mondiaux pour un politique efficace de développement, et s’est félicité à cet égard des nombreuses activités mises en place par le système des Nations Unies, en misant sur les fruits que portera la réforme du système des Nations Unies pour le développement.

L’Éthiopie, a poursuivi le représentant, a diversifié sa politique agricole, ce qui a fait bondir le développement économique et humain.  Elle a développé une stratégie industrielle intégrée, avec la volonté de devenir un pôle manufacturier en Afrique d’ici à 2027, en créant des parcs industriels respectueux de l’environnement.  À cet égard, l’Éthiopie a lancé un projet pilote en partenariat avec l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI). Malgré tout, elle reste un PMA, touché par la pauvreté et la désertification, a expliqué le délégué.  Toutefois le gouvernement s’est engagé à redoubler d’efforts pour créer des emplois pour les jeunes et les femmes, et assurer la sécurité alimentaire. 

M. GAGRE (Burkina Faso) a déclaré qu’à travers le Plan national de développement économique et social, le gouvernement ambitionne de réduire l’incidence de la pauvreté pour qu’elle soit inférieure à 35% à l’horizon 2020.  Dans cette perspective, l’accent est mis sur deux leviers qui devraient permettre de transformer structurellement l’économie.  Le premier est la création d’un environnement favorable au développement industriel par le renforcement des secteurs d’appui, notamment l’énergie, les infrastructures de transport et la technologie, la réforme du système éducatif et l’amélioration de la productivité du secteur primaire. 

Le second levier, a poursuivi le représentant, est la promotion d’une industrie compétitive et durable par la réalisation d’investissements industriels structurants.  Pour que le plan atteigne les résultats escomptés, plusieurs politiques économiques et sociales sont mises en œuvre tendant à réduire les inégalités entre les villes et les campagnes.  À cet effet, des programmes de microcrédits visant à l’autonomisation des femmes et des jeunes sont en cours d’exécution.  En vue d’assurer une bonne mise en œuvre des différents programmes et politiques de développement, le Burkina Faso entend mettre l’accent sur la mobilisation des ressources intérieures et extérieures avec des méthodes innovantes pour le financement de son développement.

Mme FADUA ORTEZ (Honduras) s’est dit totalement attachée à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et à ne laisser personne au bord du chemin.  Comme programme national de développement durable, le Honduras a mis en place sa vision 2010-2038, avec l'objectif numéro 1 d'éliminer l’extrême pauvreté, a indiqué la représentante, qui a parlé de l’approche multidimensionnelle suivie, une approche qui tient compte de la complexe réalité économique et sociale.  Elle a soutenu que le système actuel de classement des pays en fonction de leurs revenus diminuait l’efficacité de l'assistance aux pays.  Via de nombreux programmes sociaux, « des petites intentions qui permettent de grandes transformations », 1,8 millions d’Honduriens sont enrôlés dans la mise en œuvre du plan de développement qui comprend la création de logements sociaux, de sanitaires, et l’apport de la sécurité alimentaire.

Mme KUMBIRAYI TAREMBA (Zimbabwe) a commencé son intervention en citant Nelson Mandela: « La pauvreté n’est pas quelque chose de naturel, elle a été créée par l’humain et c’est pour cela qu’elle peut être éradiquée et être dépassée, au moyen d’actions ». Elle a noté que beaucoup moins de personnes vivent dans l’extrême pauvreté aujourd’hui, par rapport à 1990, mais que des progrès restent à faire. Pays extrêmement jeune, le Zimbabwe tache d'embaucher ses jeunes dans des secteurs divers et variés, a témoigné la représentante.  Son gouvernement a aussi mis en place une banque d’autonomisation des femmes.  Mme Taremba a loué un modèle d’industrialisation durable pour réduire la pauvreté au Zimbabwe, privilégiant le secteur manufacturier.  Le gouvernement vise aussi la transformation agricole, notamment par la production d'engrais et les minerais, pour que la part du produit intérieur brut (PIB) de ce secteur passe de 9,7% à 30%. 

M. MAMADOU CAMARA (Mali) a fait observer que l’extrême pauvreté, les effets des changements climatiques, l’insécurité alimentaire et la malnutrition chronique demeurent les causes profondes de la grave crise multiforme et multidimensionnelle que traverse le Mali depuis le 17 janvier 2012.  Conscient que les questions de développement et de perspective d’avenir pour les populations, particulièrement les jeunes et les femmes, constituent les éléments clefs pour parvenir à une paix et à une stabilité durables, le gouvernement a entrepris des actions visant à la réalisation des objectifs de développement durable à l’horizon 2030.  Elles s’appuient sur des projets à impact rapide dans les localités les plus vulnérables et incluent la création d’activités génératrices de revenus pour la population, et en particulier les jeunes, les réfugiés et les déplacés de retour dans leur localité d’origine. 

Quant au Cadre stratégique pour la relance économique et le développement durable (CREED) mis en œuvre depuis décembre 2015, il s’articule autour de priorités comme le renforcement de la paix et de la sécurité, la consolidation de la stabilité du cadre macro-économique, la promotion d’une croissance accélérée, durable, favorable aux pauvres et créatrice d’emplois, le développement et l’accès équitable aux services sociaux de base, le développement institutionnel et la bonne gouvernance.  Le gouvernement a aussi mis en place le « Programme de filets sociaux Jigisemejiri (Arbre de l’espoir) », qui a pour objectif de favoriser les transferts monétaires ciblés aux ménages pauvres et souffrant d’insécurité alimentaire, et le programme présidentiel d’urgences sociales pour la période 2017-2020.

Mme MARTHA POBEE (Ghana) a remarqué que, malgré la croissance économique rapide que connaissent certains pays d’Afrique, le continent abrite des individus qui figurent parmi les plus pauvres au monde.  Il est également préoccupant de constater, a poursuivi Mme Pobee, qu’environ 783 millions de personnes vivent avec moins de 1,90 dollar par jour.  Face à cette réalité, la représentante a indiqué que son pays mettait en œuvre des politiques multidimensionnelles et intersectorielles d’éradication de la pauvreté, notamment pour dynamiser l’entreprenariat chez les jeunes, développer la microfinance et inciter à l’autonomisation des modes de vie.

La représentante a en outre salué le Plan d’action à l’échelle du système des Nations Unies pour éradiquer la pauvreté.  Elle a espéré que le nouveau système des coordonnateurs résidents permettrait à l’action des Nations Unies d’être davantage coordonnée sur ce plan.  Les Nations Unies doivent également continuer à soutenir les efforts nationaux de lutte contre la pauvreté dans le cadre de la troisième Décennie, a estimé Mme Pobee, appelant également l’ONU à s’engager davantage en faveur de l’allégement de la dette, de la restructuration de la dette et de la dette saine.  Enfin, la représentante a appelé à réaliser davantage d’investissement étranger direct dans des domaines créateurs de croissance ayant trait à l’industrie et à la création d’emploi.

M. LIDJALAGHIN LIBOUEL (Togo) a assuré que l’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes et dans toutes ses dimensions, y compris l’extrême pauvreté, constitue le plus grand défi auquel l’humanité doit faire face et reste une condition indispensable au développement durable.  Malgré les progrès enregistrés, a relevé le représentant, le taux de pauvreté demeure élevé dans de nombreux pays d’Afrique et dans les pays les moins avancés.  C’est pourquoi le Togo a opté, depuis 2015, pour un changement de paradigme dans sa politique de développement.  Désormais, toutes ses actions visent une transformation structurelle de l’économie nationale et reposent sur des processus inclusifs où les plus vulnérables et les plus démunis sont prioritaires.

M. Libouel s’est ainsi félicité de l’adoption par le gouvernement du nouveau Plan national de développement, qui prend en compte les dimensions économique, sociale et environnementale du développement, avec pour ambition de favoriser une transformation cohérente de toutes les couches de la population vers une société durable et résiliente à l’horizon 2030.  Ce plan repose sur trois axes prioritaires, à savoir les infrastructures, l’agriculture et l’investissement.  Par ailleurs, le représentant a plaidé pour la promotion de la coopération internationale et des partenariats innovants visant à soutenir, entre autres, l’économie rurale agricole et non agricole, à renforcer les capacités productives nationales pour stimuler la création d’emplois et éliminer la pauvreté, à investir dans l’éducation et à mettre en place une protection sociale minimale.

M. VILIAMI VA’INGA TŌNĒ (Tonga), en tant que représentant d’un pays dont l’économie dépend essentiellement du tourisme, a souhaité mettre l’accent sur le rôle du tourisme durable, y compris l’écotourisme, pour éradiquer la pauvreté et protéger l’environnement.  Les activités d’écotourisme, telles que l’observation et la nage avec les baleines, génèrent des revenus locaux et constituent par conséquent un élément vital de l’économie des Tonga, a-t-il expliqué, estimant que le maintien de la qualité des services touristiques ne contribuait pas seulement à l’emploi et à l’économie du pays, mais également à la préservation de son environnement.  À l’inverse, le représentant a souligné l’importance de la conservation des ressources et de la biodiversité marines pour le tourisme et l’économie des Tonga. 

Le représentant a en outre indiqué que la croissance des petites et moyennes entreprises dans son pays permettait de lutter efficacement contre la pauvreté.  Il est donc important que ces entreprises puissent accéder à des ressources et services financiers adaptés, a-t-il estimé, notamment via la promotion de la microfinance.  De la même manière, le représentant a indiqué que son pays collaborait avec la Banque mondiale sur un projet visant à augmenter les opportunités d’emploi pour les jeunes des Tonga.

Mme LALAINA JOSIE BRIGITTE RAHARIMBOAHANGY (Madagascar) a annoncé que la Grande Île avait enregistré 5% de croissance économique en 2017.  « Nous avons fait de la transition énergétique notre cheval de bataille pour atténuer les effets des changements climatiques, d’une part, et promouvoir l’économie rurale et agricole, d’autre part. »  Madagascar dispose actuellement d’un parc solaire de 20 Mégawatts, a précisé la déléguée.  À l’aube de 2030, le pays ambitionne d’atteindre 70% d’accès à l’électricité produite par énergie mixte dont 85% de source renouvelable avec 75% à partir de système hydraulique.  Par ailleurs, 8 823 ha de surfaces irrigués ont été réhabilités grâce aux nouvelles infrastructures agricoles, tandis que le Centre géo-informatique appliqué au développement rural a été inauguré cette année.

Le tourisme n’est pas en reste, a poursuivi Mme Razafitrimo.  « Nous connaissons une augmentation des visites de 20% par an avec le potentiel que cela représente en valeur ajoutée. »  En termes de coopération industrielle, Madagascar encourage le transfert de technologie.  Doté de potentiel en matière de ressources naturelles, premier pays exportateur mondial de vanille, de girofle et de saphir, et premier pays en Afrique subsaharienne fabricant et exportateur de vêtements vers l’Union européenne, Madagascar appelle aux partenariats durables et prévisibles, a plaidé la représentante.

M. FELIX DIMBARE TUGHUYENDERE (Namibie) a rappelé que d’après la Banque mondiale, la moitié des personnes vivant dans l’extrême pauvreté habitent en Afrique subsaharienne.  Si la tendance se poursuit, en 2030, 9 pauvres extrêmes sur 10 vivront en Afrique subsaharienne.  Il a mentionné la mise en place d’une banque alimentaire en Namibie, qui demande une meilleure coordination des dons et qui entend accroître les possibilités d’emploi pour les jeunes Namibiens, l’accès à la terre, au logement et à de meilleurs transports.  En 2014, le gouvernement a lancé un projet de logement bon marché pour les personnes à faibles revenus, et la Namibie est l’un des rares pays africains avec un système de sécurité sociale financé par le gouvernement pour les personnes à faibles revenus, les orphelins et les personnes âgées.

Le gouvernement a aussi lancé une politique de protection des travailleurs en partenariat avec l’Organisation internationale du Travail (OIT), a ajouté le représentant avant de mentionner que la Namibie œuvre avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour développer l’entreprenariat dans tout le pays.  Malgré tous ces efforts, la Namibie reste entravée par son statut de pays à revenu intermédiaire qui lui a été assigné, à cause du niveau de son PIB, une statistique qui ne tient pas compte de la distribution de richesses déséquilibrée en Namibie, a conclu M. Gertze.

M. ABDULMONEM ESHANTA (Libye) a déploré que l’insuffisance de l’APD et les distorsions du commerce international entravent les efforts de son pays pour garantir une vie digne à chacun.  La Libye déploie en effet de grands efforts pour mettre fin à la pauvreté, mais celle-ci est de plus en plus prégnante à cause de la situation précaire dans le pays, qui a conduit à une récession et à une inflation rapide.  Le dinar libyen a baissé de six fois, et les devises étrangères sont utilisées pour acheter tous les produits importés, a expliqué le délégué.  Il a insisté sur le développement industriel, qui est très important pour les pays en développement.  C’est évident pour la Libye, qui souhaite multiplier les produits vendus à l’export, a-t-il conclu.

M. PHILIPP FOX-DRUMMOND GOUGH (Brésil) a souligné que l’objectif 1 de développement durable ne pourrait être atteint qu’à condition de réaliser tous les autres, au vu du caractère multidimensionnel de la pauvreté.  Pour ce faire, une collecte et l’analyse des données pertinentes sont essentielles car les données ventilées à tous les niveaux permettent une meilleure compréhension des dynamiques de pauvreté.  Le représentant a jugé également l’importance d’intégrer toutes les parties prenantes dans les processus de décision.  Une stratégie multidimensionnelle doit s’appuyer sur une approche fondée sur les droits de l’homme, qui valorise l’autonomisation des femmes et des filles, le travail décent et l’accès à des services de base tels que la santé et l’éducation, afin de rompre le cycle de la pauvreté.  S’agissant de l’égalité entre les sexes, le représentant a noté que les femmes ont joué un rôle central au Brésil dans les programmes de transferts monétaires conditionnels et les crédits immobiliers.

M. MOHD AINI ATAN (Malaisie) a fait savoir que l’élimination de la pauvreté était un succès en Malaisie car la pauvreté absolue, dont le seuil est fixé dans le pays à 2,02 dollar par habitant et par jour, est passée de 49,3% en 1970 à 0,6% en 2014.  En outre, le taux de pauvreté est faible dans toutes les catégories de la population.  Ces résultats sont dus à la mise en œuvre de programmes multidimensionnels d’élimination de la pauvreté lancés dès les années 1960.  Ils s’articulaient autour de l’accès à l’éducation et du développement de compétences pour tous les secteurs de la société, de la création d’activités génératrices d’emplois et de revenus, et du soutien à l’entrepreneuriat, entre autres.  Aujourd’hui, a indiqué le représentant, la Malaisie se concentre sur l’augmentation de la qualité de la vie pour les 40% les moins aisés, notamment sur l’accès à un logement abordable, à des systèmes d’assurance santé et aux services numériques

Pour M. JEAN KAMWITA (République démocratique du Congo), aucun pays ne peut se soustraire à la lutte contre la pauvreté.  C’est pourquoi l’ONU s’est fixée comme objectif principal de « transformer notre monde au moyen d’un programme de développement durable à l’horizon 2030 », en y ajoutant le Programme d’action d’Addis-Abeba, a-t-il rappelé.  En dépit des efforts consentis, la pauvreté n’a pas encore été éradiquée, a toutefois souligné le représentant, dont le pays, victime de conflits et d’instabilités multiformes, s’emploie à améliorer la situation sécuritaire tout en relançant l’économie et en consolidant la croissance.  Le pays est ainsi engagé sur la voie de l’émergence à l’horizon 2030. Son économie est dynamique, a assuré le représentant en indiquant que, présentement, il mène « un grand chantier où abondent les opportunités d’affaires ».  M. Kamwita a cité l’électricité, les assurances, le développement des infrastructures et l’agriculture comme sources de développement. 

Mme RALYANA MARIA HORTA RIBEIRO (Timor-Leste) a cité l’agriculture et la pêche comme secteurs porteurs pour l’éradication de la pauvreté au Timor-Leste, ainsi que le développement du microcrédit.  Depuis son indépendance, le pays a construit des routes, des aéroports et un réseau qui assure la couverture électrique de 61% du territoire.  De plus, a poursuivi la représentante, 91% des villes ont un meilleur accès à l’eau et 73% un accès à des services sanitaires adéquats.  Le gouvernement travaille aussi en partenariat avec le secteur privé, mais la plus grande source de revenus du pays demeure les envois de fonds de l’extérieur, a-t-elle noté.  Elle a aussi fait valoir que, depuis 2014, les femmes et les filles bénéficient d’un meilleur accès à la formation et au crédit, et que le gouvernement a financé à hauteur de 2 millions de dollars un programme d’accès aux crédits pour les PME.    

Mgr TOMASZ GRYSA, Saint-Siège, a souligné l’importance de la famille comme agent principal du développement durable et ainsi comme modèle de communion et de solidarité entre les nations et parmi les institutions internationales.  Une préoccupation commune à la famille et à ses membres est une contribution sûre à la réduction de la pauvreté et au bien-être des enfants, à la promotion de l’égalité entre les filles et les garçons, des femmes et des hommes, à l’amélioration de l’équilibre entre le temps de travail et le repos familial, a-t-il fait remarquer.  Elle aide aussi à renforcer les liens intra et intergénérationnels.  De l’avis du Saint Siège, les politiques favorables à la famille contribuent efficacement à la réalisation des objectifs de développement et à une culture de sociétés pacifiques.

Au sein de la famille des nations, chacun doit être l’architecte de son propre développement et doit être proactif en assumant une telle responsabilité, a recommandé Mgr Grysa.  Aucune nation, cependant, ne peut « faire cavalier seul » ni réaliser son potentiel de développement de manière isolée.  Le Saint Siège juge nécessaire de conclure des accords régionaux d’aide mutuelle entre les pays les plus pauvres, ainsi que des programmes de soutien plus larges de la part des pays développés, destinés à ces pays.  Mgr Grysa a enfin demandé aux États et aux organisations internationales de ne pas se servir de l’aide économique internationale pour faire pression sur les autres États et organisations afin qu’ils adoptent des politiques sapant les fondations éthiques et culturelles de leurs sociétés.  La confiance ne peut pas être reconstruite dans ces termes, a-t-il averti.

L’Ordre Souverain de Malte, a dit son représentant, M. BERTRAND DE LOOZ KARAGEORGIADES, est au service des pauvres et des déshérités depuis plus de 900 ans.  L’Ordre continuera à le faire dans l’avenir.  Pour promouvoir le développement, l’Ordre de Malte considère qu’il faut absolument un environnement économique international favorable permettant des systèmes monétaires, financiers et commerciaux justes, rationnels et durables.  En particulier, l’Ordre souligne l’importance du commerce international comme un moteur du développement, et celle de l’APD dans le développement durable, y compris pour le règlement du problème de l’endettement extérieur.  De même pour les investissements privés étrangers. 

L’Ordre intervient dans plus de 120 pays, a indiqué son représentant, et son action est facilitée par ses relations diplomatiques avec 107 États.  Il dispose aussi de 59 associations nationales toujours prêtes à intervenir dans leur propre pays et sur le plan international et à financer ces interventions.  L'Ordre continuera de faire ce qu’il fait depuis plus de neuf siècles: aider les pauvres et les plus vulnérables et coopérer avec la communauté internationale pour avoir un impact positif et décisif dans le développement durable, l’élimination de la pauvreté, et le respect des droits de l’homme et de la dignité humaine.

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