Soixante-treizième session,
2e séance plénière - matin
AG/12057

L’Assemblée générale rend hommage à la mémoire de l’ancien Secrétaire général, Kofi Annan « fervent défenseur » de la Charte des Nations Unies

Flûte, tam-tam et chants traditionnels du Ghana; l’Assemblée générale s’est inclinée aujourd’hui devant la mémoire de l’ancien Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, en présence de ses successeurs, MM. Ban Ki-moon et António Guterres lequel a salué « un homme exceptionnellement chaleureux, accessible et populaire, mais surtout fervent défenseur des valeurs de la Charte des Nations Unies ».

C’est avec une grande tristesse, a avoué la Présidente de l’Assemblée générale, que nous ouvrons cette soixante-treizième session, après la perte du septième Secrétaire général de l’ONU, décédé le 18 août 2018, à Genève.  Mme María Fernanda Espinosa Garcés, de l’Équateur, qui est seulement la quatrième femme à se hisser à ce poste en 72 ans, a estimé particulièrement juste que cet hommage coïncide avec la Journée internationale de la paix, une cause défendue inlassablement par Kofi Annan, récipiendaire du prix Nobel en 2001, qui avait intitulé son Rapport du Millénaire, « Nous les peuples », les premiers mots de la Charte des Nations Unies.

Les Nations Unies et Kofi Annan étaient inséparables, a confirmé son successeur, M. António Guterres qui a salué un homme « charmant, sage et gentil mais qui savait aussi « sermonner de manière magistralement subtile ».  Ses efforts pour articuler les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ont mobilisé le monde autour de l’élimination de la pauvreté et ouvert la voie au Programme de développement durable à l’horizon 2030, « une feuille de route ambitieuse pour un monde meilleur ».  La « voix morale » de Kofi Annan, a estimé M. Guterres, a conduit le monde vers une « compréhension révolutionnaire » de la nécessité de défendre notre humanité commune.  Pour Kofi Annan, les Nations Unies, c’était « le meilleur espoir de l’humanité ».

« Idéalisme et compassion », tels étaient ses moteurs, a poursuivi son successeur immédiat, M. Ban Ki-moon, admiratif devant « une source d’inspiration » et convaincu que l’histoire se souviendra d’« un monument à la vision lumineuse de notre avenir commun ».  Desmond Tutu voyait en lui « un jeune homme devenu un sage », moi j’ai vu « un mentor », a déclaré M. Ban. 

Sage, il l’était, puisque jusqu’à sa mort, Kofi Annan présidait encore « The Elders » réunis par Nelson Mandela en 2007.  Membre de ce « Conseil des Sages », l’ancienne Présidente de l’Irlande et ancienne Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Mme Mary Robinson, s’est émerveillée devant « la grâce et la dignité » avec lesquelles Kofi Annan a dirigé l’ONU, « une famille qu’il cherchait à protéger comme un père ».  Il connaissait les forces et les faiblesses de chacun, a confirmé Mme Tasa Delenda, ancienne membre du Cabinet de l’ancien Secrétaire général.  Il nous traitait tous sur un pied d’égalité, n’oubliant pas de demander des nouvelles de nos enfants.  J’ai tout de suite vu « ses qualités exceptionnelles », a confié, à son tour, son ami de 40 ans et ancien Chef de Cabinet, M. Iqbal Riza, qui a aussi insisté sur « le charisme et la mémoire sans pareil » de Kofi Annan, premier Secrétaire général à être issu du personnel de l’ONU.

Je me souviens de la première fois qu’il est monté sur cette tribune, « fier et digne », s’est souvenue, émue aux larmes, sa veuve, Mme Nane Annan.  Mon mari, « le rebelle du 38e étage », est parti trop tôt mais il a eu une vie bien remplie.  La vie de mon père a pris fin, a poursuivi son fils, Kojo Annan, mais « sa vision perdure », celle de faire de la paix « une question personnelle ».

Sa vision, a embrayé, le Groupe des États d’Afrique, c’est une approche collective et non exclusive des relations internationales, avec une Afrique, « partie prenante incontournable » au système international.  C’est un homme « pétri de culture, tenace, doté d’un sens inné du devoir » que le Groupe régional a salué, alors que celui des États d’Asie et du Pacifique s’inclinait devant l’homme qui a su « faire entrer l’Organisation dans le nouveau millénaire ».  L’héritage profond de Kofi Annan, selon le Groupe des États d’Europe orientale, restera une source d’inspiration et de créativité pour parvenir, par des actions communes, à un monde meilleur.  C’était un homme pragmatique qui privilégiait le consensus, a souligné le Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes.  « Son héritage restera à jamais avec nous. »  Même après avoir quitté l’ONU, il a poursuivi sa lutte pour la paix et la tolérance à travers sa Fondation, ont rappelé les États-Unis.

La présence de deux Secrétaires généraux ici et des nombreux chefs d’État qui sont venus au Ghana prouvent la haute estime et le profond respect dans lesquels était tenu Kofi Annan, s’est réjoui le représentant ghanéen qui a cité les mots de l’ancien Secrétaire général: le leadership n’est pas tant lié à la personne, mais plutôt à ce qu’il faut faire pour parvenir au bien-être de la société et des personnes au service desquelles l’on travaille.

Kofi Annan disait aussi dans son dernier discours à l’Assemblée générale, le 19 décembre 2006: « Oui, je demeure convaincu que la réduction de la fracture passe nécessairement par des Nations véritablement Unies.  Changements climatiques, VIH/sida, équité des échanges commerciaux, migrations, droits de l’homme: on en revient toujours là…  Il est indispensable pour chacun de nous, pour notre village, notre quartier, notre pays, que l’on s’attaque à chacun de ces problèmes…  Chacun de nous doit gagner la confiance de ses frères et sœurs humains, indépendamment de leur race, de leur couleur ou de leur religion, et apprendre à se fier à eux.

C’est en cela que croyaient les fondateurs de l’ONU.  C’est en cela que je crois.  Et c’est en cela que l’immense majorité des gens de ce monde veulent croire…  Ensemble nous avons hissé d’énormes rocs en haut de la montagne, même si quelques-uns nous ont échappé et sont retombés.  Avec ses vents vivifiants et sa vue panoramique sur le monde, cette montagne est le meilleur endroit qui soit…  Oui, ce fut une période difficile et pleine d’embûches, mais aussi une période faite de moments palpitants et enrichissants…  Au moment de céder la place aux autres, je garde, obstinément, espoir dans notre avenir commun. »  C’est d’ailleurs par ces mots que s’est ouverte la cérémonie d’hommage à celui qui a dirigé l’ONU de 1997 à 2006.  

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