Cinquante-cinquième session,
2e & 3e séances – matin & après-midi 
SOC/4842

Commission du développement social: l’inclusion et le soutien mutuel sont les clefs de la réussite du Programme 2030

La cinquante-cinquième session de la Commission du développement social a entamé ses travaux, ce matin, pour examiner, jusqu’au 10 février, les « stratégies d’élimination de la pauvreté visant à parvenir à un développement durable pour tous ».  Dans un contexte où encore 786 millions de personnes vivent dans la pauvreté, les intervenants, dont de nombreux ministres, ont exprimé leurs priorités pour que la mise en œuvre des objectifs de développement durable bénéficie véritablement à tous.

« Le mandat de la Commission du développement social est d’autant plus pertinent maintenant que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 a été adopté », a fait remarquer M. Philipp Charwath, de l’Autriche, élu ce matin à la présidence de la Commission. 

Le travail de cet organe technique, qui dépend du Conseil économique et social (ECOSOC), va en effet guider celui des autres commissions dans ce processus de mise en œuvre, a précisé le Président de l’ECOSOC, M. Frederick Musiiwa Makamure Shava, en faisant remarquer que ces travaux avaient, au bout du compte, un impact sur la vie de milliards de personnes.

Créée en 1946, et chargée, depuis, de suivre la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Copenhague de 1995, la Commission du développement social est composée de 46 membres.

Ceux qui se sont exprimés aujourd’hui ont insisté sur le caractère inclusif des objectifs de développement durable, sachant qu’il faut absolument « ne laisser personne de côté », selon le vœu du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Cela veut dire que les mesures prises à cet effet doivent viser les plus vulnérables, comme les jeunes, les femmes, les migrants, les chômeurs, les personnes handicapées et les autochtones. 

« Les politiques que nous élaborons doivent profiter à tous », a résumé le Président du Comité des organisations non gouvernementales, M. Daniel Perell, en voyant l’interdépendance et le soutien mutuel de tous les acteurs comme « la source de notre force ».  Le Sous-Secrétaire général chargé du développement économique, M. Lenni Montiel, n’a pas dit autre chose en invitant à associer les acteurs privés et publics dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

Le Groupe des 77 et la Chine, parlant par la voix de la délégation de l’Équateur, a souhaité que la Commission envoie un message fort au Forum politique de haut niveau pour le développement durable.  Le Président de la soixante et onzième session de l’Assemblée générale, M. Peter Thomson, a d’ailleurs salué la décision de la Commission d’aligner ses thématiques sur celles du Forum en vue de garantir la cohérence des efforts des Nations Unies.

Les représentants des autres groupes de pays ont énuméré leurs priorités et les mesures prises pour arriver à leurs fins.  Ainsi, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) vise en particulier le développement des infrastructures dans les zones rurales, la mise en place de filets de protection sociale et le renforcement de la résilience des groupes vulnérables. 

De son côté, l’Union européenne dispose d’un programme « Garantie pour la jeunesse » qui vient de recevoir un montant additionnel de 2 milliards d’euros.

Parmi les autres initiatives nationales, la Vice-Présidente du Costa Rica, Mme Ana Helena Chacón Echeverría, a présenté le « Pont du développement » qui constitue une stratégie nationale de réduction de la pauvreté.

Le célèbre programme brésilien « Bolsa Familia » a été mis en évidence par le Vice-Ministre du développement social et agraire du Brésil, M. Alberto Beltrame, en expliquant que les fonds transférés par le biais de ce programme atteignent 13,6 millions de familles démunies (soit près de 50 millions de Brésiliens), avec un budget de 9 milliards de dollars par an.

La Ministre de la famille et de la jeunesse de l’Autriche, Mme Sophie Karmasin, a mentionné un nouveau programme intitulé « Future Learning Lab » qui doit donner aux jeunes des compétences adaptées au marché de l’emploi.  Les jeunes sont également au cœur des préoccupations de la Mongolie dont le Ministre du travail et de la protection sociale, M. Nomtoibayar Nyamtaishir, a fait valoir la création de 16 centres pour le développement et la santé des jeunes.

Les personnes handicapées, qui ont été intégrées explicitement au Programme de développement durable à l’horizon 2030, comme l’a fait remarquer le Président de la Commission, bénéficient de mesures spécifiques dans des pays comme la Fédération de Russie ou le Portugal. 

Le Vice-Ministre russe du travail et de la protection sociale, M. Alexey Cherkasov s’est prévalu d’actions en faveur de l’emploi de ces personnes, tandis que la Secrétaire d’État pour l’inclusion des personnes handicapées du Portugal, Mme Ana Sofia Antunes, a souligné l’aide apportée par son pays à plus de 60% des citoyens vivant avec un handicap afin de leur garantir une vie digne.

À l’ouverture de la séance, M. Lot Dzonzi, du Malawi, et Mme Alanoud Al-Temimi, du Qatar, ont été élus vice-présidents pour compléter le Bureau de la Commission pour sa cinquante-cinquième session.  Les autres vice-présidents du Bureau, élus le 12 février 2016, sont Mme Elisabeta David, de la Roumanie, et Mme Ana Sandoval Espínola, du Paraguay.  La Commission a aussi adopté l’ordre du jour provisoire* de la session.

La Directrice de la Division des politiques sociales et du développement au Département des affaires économiques et sociales (DESA), Mme Daniela Bas, a présenté les documents dont est saisie la Commission.  

La Commission du développement social reprendra ses travaux demain, jeudi 2 février, à partir de 10 heures.

* E/CN.5/2017/Rev.1

 

SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE (E/CN.5/2017/2)

Thème prioritaire: stratégies d’élimination de la pauvreté visant à parvenir à un développement durable pour tous (E/CN.5/2017/3)

Examen des plans et programmes d’action concernant la situation de certains groupes sociaux élaborés par des organismes des Nations Unies (E/CN.5/2017/4)

i) Programme d’action mondial concernant les personnes handicapées

ii) Règles pour l’égalisation des chances des handicapées

iii) Programme d’action mondial pour la jeunesse (E/CN.5/2017/5)

iv) Plan d’action international de Madrid de 2002 sur le vieillissement (E/CN.5/2017/6)

v) Questions, politiques et programmes relatifs à la famille

Questions nouvelles: promotion de politiques intégrées pour l’élimination de la pauvreté: l’épanouissement de la jeunesse dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 (E/CN.5/2017/7)

Déclarations liminaires

M. PHILIPP CHARWATH, de l’Autriche, élu ce matin Président de la Commission du développement social, a relevé le caractère inclusif des objectifs de développement durable.  Il s’est réjoui que 22 pays aient déjà, dans le cadre de la mise en œuvre de ces objectifs, présenté leur examen volontaire au Forum politique de haut niveau sur le développement durable. 

Le mandat de la Commission est d’autant plus pertinent maintenant que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 a été adopté, a-t-il d’ailleurs fait remarquer.  Sachant que 786 millions de personnes vivent toujours dans la pauvreté, il a souligné les progrès importants qu’il reste à faire.

Il a invité à miser sur les politiques visant les jeunes, une catégorie de la population particulièrement touchée par le chômage, ainsi que les plus vulnérables, comme les jeunes femmes, les migrants, les handicapés et les autochtones.  La question des handicapés a été intégrée dans le Programme 2030, s’est-il félicité tout en relevant les barrières qui existent encore à leur égard. 

Il a également plaidé en faveur de l’aide aux familles vulnérables.  M. Charwath a prôné une approche qui intègre plusieurs acteurs, une méthode qui est plus importante dans les travaux de la Commission que dans d’autres à son avis.  Cela permet d’utiliser au mieux le potentiel existant pour traiter les questions liées au développement social.

M. FREDERICK MUSIIWA MAKAMURE SHAVA (Zimbabwe), Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a dit que le travail de la Commission du développement social allait guider celui des autres commissions.  Les commissions fonctionnelles de l’ECOSOC se concentrent sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et cherchent à soutenir la réalisation des 17 objectifs de développement durable au niveau national, a-t-il souligné.  

Il a expliqué que l’ECOSOC permet de discuter de ces questions avec des acteurs divers, en soulignant le rôle particulièrement important de la Commission du développement social en ce que son travail a un impact sur la vie de milliards de personnes.

Le Président de l’ECOSOC a appelé à trouver les moyens de relever les défis pour mettre en œuvre le Programme 2030, en prônant en particulier le développement des infrastructures pour soutenir l’industrialisation.  La génération d’aujourd’hui est peut-être celle qui éradiquera la pauvreté, a-t-il reconnu en prévenant qu’il faudrait mobiliser les synergies entre les différentes politiques.  

Enfin, il a annoncé que le travail de la Commission serait renforcé par le débat sur l’intégration, à l’ECOSOC, qui se tiendra du 8 au 10 mai sur le thème « faire de l’éradication de la pauvreté un objectif intégral de toutes les politiques ».

M. LENNI MONTIEL, Sous-Secrétaire général chargé du développement économique, a souligné les contradictions et les difficultés de l’époque.  Les mouvements de marchandises sont libres alors que les mouvements de personnes sont entravés, a-t-il dit.  « Ne nous trompons pas, nous vivons une époque très difficile. »  Il a indiqué que le nombre de chômeurs devrait dépasser les 200 millions cette année et souligné, en conséquence, la nécessité d’élaborer les stratégies pour remédier au chômage et à la pauvreté.

Contrairement aux objectifs du Millénaire pour le développement, les objectifs de développement durable nécessitent, pour leur mise en œuvre, des approches holistiques associant acteurs privés et publics, a-t-il fait remarquer.  M. Montiel a affirmé que le développement durable était « une fin en soi ». 

Les sociétés sont fortes lorsqu’elles comprennent que la diversité est un atout et non pas une source de peur, a conclu le Sous-Secrétaire général chargé du développement économique.

M. DANIEL PERELL, Président du Comité des organisations non gouvernementales, a rappelé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 était un appel à prendre soin des pauvres.  Les progrès matériels sont visibles, a-t-il remarqué, ainsi que les progrès sur les plans moral et idéologique. 

M. Perell a ensuite cité la Déclaration de la société civile adoptée lors du Comité des ONG qui a envoyé le message que la protection sociale est devenue un instrument essentiel.  De nombreuses organisations de la société civile sont prêtes à appuyer une protection sociale renforcée, a-t-il dit.

Si on consacre beaucoup de temps à l’élaboration de politiques, ces efforts doivent être assortis de la volonté de les mettre en œuvre, a-t-il prévenu.  Les politiques que nous élaborons doivent profiter à tous, a-t-il insisté en voulant intégrer les volets humains et techniques.  Appelant aussi les citoyens à assumer leurs responsabilités, il a invité à lancer une réflexion sur les liens existants entre le particulier et l’universel, le Programme 2030 et l’Accord de Paris sur les changements climatiques par exemple. 

L’interdépendance et le soutien mutuel sont de plus en plus perçus comme la source de notre force, selon lui, car « cela permet de s’attaquer aux symptômes de notre société malade ».  M. Perell a souhaité aller plus loin en reconnaissant l’interdépendance de toutes les nations de la communauté internationale.

Mme ROZEMARIJN TER HORST, représentante des jeunes, a indiqué que le sixième Forum de la jeunesse du Conseil économique et social (ECOSOC) a réuni 500 jeunes et 25 ministres.  C’est le Forum le plus divers que l’on ait eu jusqu’à présent, a-t-elle dit.  Elle a souligné l’importance de ce forum qui a permis aux jeunes de s’exprimer, avant de saluer la pertinence du thème retenu cette année, à savoir le rôle des jeunes dans l’éradication de la pauvreté et de la promotion de la prospérité dans un monde en mutation. 

Mme Ter Horst a mentionné les principales conclusions des travaux menés lors de ce forum, citant d’abord les appels lancés pour l’inclusion des jeunes dans la réalisation de l’objectif de développement durable 1 relatif à l’élimination de l’extrême pauvreté et de la faim.  Dans le cadre de l’objectif de développement durable 3, relatif à la promotion de la santé et du bien-être, des appels ont été lancés pour l’élaboration de plans sanitaires accessibles aux jeunes, alors que l’importance de l’hygiène menstruelle pour les femmes a été soulignée, a-t-elle dit.

Insistant sur la nature transversale de la question de la jeunesse, la représentante a, enfin, appelé à l’élaboration de stratégies pour une meilleure inclusion des jeunes et à la préservation des espaces institutionnels qui leur sont dédiés.

Débat général

M. HORACIO SEVILLA BORJA (Équateur), parlant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a considéré que l’année 2015 était à marquer d’une pierre blanche, avec l’adoption d’un train de programmes pour fixer les objectifs universels des prochaines années: le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement durable, le Programme de développement durable à l’horizon 2030, et l’Accord de Paris sur les changements climatiques. 

Un an plus tard, le nouveau programme urbain a été adopté.  Il a jugé important que la communauté internationale renforce les engagements pris pour mettre en œuvre le programme de développement social en vue d’un développement intégré où personne n’est laissé pour compte.  Il a souhaité que la Commission du développement social envoie un message fort au Forum politique de haut niveau pour le développement durable. 

Le Sommet mondial pour le développement social de Copenhague, tenu en 1995, reste le point de référence, a-t-il dit, avant d’exprimer ses préoccupations en ce qui concerne les progrès inégaux en ce qui concerne son application.  Estimant que l’éradication de la pauvreté est une « nécessité impérieuse pour la planète », il a appelé à une mobilisation des ressources suffisantes. 

Le représentant a également voulu renforcer les efforts pour combattre l’exclusion sociale, grâce à la coopération internationale et un financement approprié.  Le G-77 se félicite de l’intérêt porté par la Commission du développement social au Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique.  Le représentant a aussi attiré l’attention sur les obstacles à l’exercice des droits des peuples qui vivent sous occupation étrangère.

Enfin, il a insisté sur la nécessité de s’attaquer à la pauvreté dans toutes ses dimensions, de sorte que personne ne soit laissé pour compte, en examinant la pauvreté de manière plus cohérente, holistique, intégrale et systématique.  Il faut, a-t-il ajouté, tirer les enseignements de la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement.

M. DAVID IAN MANSFIELD (Malte), s’exprimant au nom de l’Union européenne, a indiqué que dans le territoire de l’Union européenne, 119 millions de gens courent le risque de tomber dans la pauvreté ou dans l’exclusion sociale, et les enfants et les jeunes en sont les plus affectés.  Consciente que plus d’emplois et la croissance sont les meilleurs catalyseurs pour sortir de la pauvreté et de l’exclusion sociale, l’Union européenne a lancé un plan d’investissement en plaçant un aspect plus social au cœur de son programme politique.  Les efforts ont porté des fruits, a-t-il argué en expliquant que neuf millions de jeunes ont bénéficié du programme « Garantie pour la jeunesse » qui vient de recevoir un montant additionnel de 2 milliards d’euros afin d’aider deux millions de jeunes gens en plus.  En outre, par le biais du Fonds social européen, l’Union européenne alloue pas moins de 20% de ses fonds dans des mesures de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. 

Dans l’Union européenne, a-t-il encore noté, les systèmes de pension se sont améliorés, alors que des efforts sont faits afin d’assurer que les politiques de santé soutiennent et renforcent les filets de sécurité sociale et les stratégies actives d’inclusion.  Des efforts sont également faits afin d’établir un « pilier européen des droits sociaux ».  Cette initiative, qui sera adoptée au cours de cette année, devrait devenir un cadre de référence pour juger des politiques d’emploi et les performances sociales des membres de l’Union européenne.  Il a enfin expliqué que le plan européen d’investissement extérieur qui est envisagé devra permettre d’utiliser l’aide publique au développement (APD) afin de mobiliser les fonds pour créer des emplois décents et générer une croissance inclusive et durable pour le bien des plus démunis.

Mme NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam), s’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a souligné la complémentarité du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et des efforts de l’ASEAN, qui est pleinement engagée en faveur de la réduction de la pauvreté.  En près de trois décennies, le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté dans la région est passée d’une sur deux à une sur huit, a-t-elle dit.

La déléguée a indiqué que l’éradication de la pauvreté et le développement rural étaient inextricablement liés en Asie du Sud-Est, puisque près de 70% des pauvres vivent dans des zones rurales.  Elle a mentionné les priorités de l’ASEAN dans ce domaine pour les années 2016-2020, citant notamment le développement des infrastructures dans les zones rurales, la mise en place de filets de protection sociale et le renforcement de la résilience des groupes vulnérables.

La déléguée a rappelé les domaines d’intervention retenus par le Plan de travail de l’ASEAN pour les jeunes pour les années 2016-2020, tels que l’entrepreneuriat, la formation qualifiante ou bien encore la participation de ceux-ci.  « Nous travaillons à un indice du développement des jeunes de l’ASEAN qui permettra d’assurer un suivi des politiques de la jeunesse », a-t-elle avancé.

Soulignant l’importance des partenariats s’agissant des efforts d’élimination de la pauvreté et de développement durable, elle a indiqué que les partenariats public-privé étaient des instruments précieux de mobilisation de ressources additionnelles.  Le Plan d’action ASEAN-ONU pour les années 2016 à 2020 met l’accent sur la réalisation du Programme 2030 et de la Vision 2020 de l’ASEAN, a conclu la représentante.

Mme ANA HELENA CHACÓN ECHEVERRÍA, Vice-Présidente du Costa Rica, s’est exprimée au nom du Groupe des amis des droits économiques, sociaux et culturels (Argentine, Belgique, Bolivie, Bosnie-Herzégovine, Cabo Verde, Costa Rica, El Salvador, Équateur, Espagne, Finlande, France, Italie, Mongolie, Monténégro, Portugal, Uruguay).  Elle a rappelé que la Conférence mondiale sur les droits de l’homme à Vienne en 1993 avait souligné que tous les droits de l’homme sont universels, indivisibles, interdépendants et interconnectés et, de ce fait, ils devraient être traités au même pied d’égalité. 

Elle a regretté que malgré cet engagement, de nombreuses disparités subsistent à travers le monde.  « La dignité de la personne humaine doit être au centre de tout processus de développement durable », a-t-elle relevé.  Elle a, de ce fait, souligné que pour être durable, le développement devrait tenir compte du fait que chaque être humain ne doit pas être considéré comme le bénéficiaire passif de l’action publique, mais plutôt comme un véritable agent de changement.

Selon la représentante, la réalisation des cibles et objectifs de développement durable est étroitement liée au respect des droits économiques, sociaux et culturels.  Même si ces droits apparaissent toujours comme un mirage pour des millions de personnes, a-t-elle tempéré.

Très souvent, a-t-elle poursuivi, les gens vivant dans l’extrême pauvreté et dans le sous-développement n’ont ni le pouvoir politique ni les opportunités d’éducation nécessaires pour prendre en main leur destinée.  Dans ce sens, le plein respect des droits de l’homme est une étape fondamentale vers le changement, l’autonomisation, le développement et la dignité humaine. 

Le défi en ce qui concerne les droits économiques, sociaux et culturels est de garantir le respect, par les pays, d’obligations émanant d’engagements internationaux, et notamment le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

La Vice-Présidente du Costa Rica, au nom de son pays, a présenté le « Pont du développement » adopté en tant que stratégie nationale de réduction de la pauvreté.  C’est un instrument, a-t-elle précisé, qui donne des orientations en faveur des familles en situation de vulnérabilité.  Affirmant que cette stratégie fait écho au mandat du Programme de développement durable à l’horizon 2030, elle a assuré vouloir suivre de près sa mise en œuvre, notamment en rédigeant des rapports trimestriels. 

Mme SOPHIE KARMASIN, Ministre de la famille et de la jeunesse de l’Autriche, a recommandé de placer les familles au cœur des politiques économiques, en donnant l’exemple du réseau autrichien appelé « les entreprises pour les familles » qui promeut l’idée qu’un environnement des affaires respectueux des familles est important.  Créer un tel environnement permet aussi de combattre les inégalités de genre, a-t-elle ajouté, en faisant référence aux femmes qui quittent leur emploi après la naissance de leurs enfants. 

Elle a souligné que les femmes perdent ainsi leur indépendance financière, sachant qu’elles souffrent aussi de difficultés financières lors de leur départ à la retraite ou lorsqu’elles divorcent.  Le Ministère autrichien de la famille et de la jeunesse alloue donc une grosse part de son budget à la création de places en crèches et à financer une prime pour les pères qui prennent un congé de paternité.

L’éradication de la pauvreté dépend aussi de la possibilité de trouver un emploi décent, a-t-elle poursuivi en vantant les mérites du programme européen qui garantit une éducation aux jeunes de moins de 25 ans. 

Soulignant l’importance des compétences dans le domaine numérique, elle a mentionné le nouveau programme autrichien intitulé « Future Learning Lab », qui sera lancé cette année, par lequel les enseignants vont essayer de nouvelles technologies et créer des programmes d’enseignement basés sur les technologies de l’information et des communications (TIC).  Cela permettra aux jeunes d’acquérir des compétences conformes aux exigences du marché de l’emploi.

Mme Karmasin a également soutenu l’inclusion des groupes marginalisés en recommandant de leur fournir la protection sociale nécessaire.  Elle a, par ailleurs, assuré que son pays apporte son soutien à d’autres États Membres par le biais de sa coopération au développement.

M. NOMTOIBAYAR NYAMTAISHIR, Ministre du travail et de la protection sociale de la Mongolie, a formé le vœu que la Mongolie devienne d’ici à 2030 un pays au revenu intermédiaire ayant éradiqué la pauvreté, dans le respect de l’environnement.  Les priorités du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ont été déclinées dans les politiques nationales, en vue de l’éradication de la pauvreté qui est à l’origine de bien des maux, y compris la pollution de l’air, a-t-il déclaré. 

Rappelant que 65% des Mongols avaient moins de 40 ans, le Ministre a souligné la nécessité d’investir dans les jeunes afin qu’ils puissent réaliser leur potentiel.  Il a précisé que 16 centres pour le développement et la santé des jeunes ont été récemment créés dans son pays. 

Le Ministre a rappelé que son pays avait été classé parmi les pays à fort développement humain dans l’indice de développement humain du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  Néanmoins, la pauvreté et le chômage restent des défis de taille, a-t-il convenu, en rappelant que les jeunes représentaient 60% des personnes sans emploi dans le pays.

En conclusion, le Ministre a souligné la nécessité de ressources accrues pour le financement des stratégies de développement.

M. ALBERTO BELTRAME, Vice-Ministre du développement social et agraire du Brésil, a rappelé que depuis la Constitution de 1988, le Brésil avait consenti des efforts notables dans le cadre de l’inclusion sociale et de la réduction des inégalités par le biais d’une approche basée sur les droits.  Ainsi, le Brésil a vaincu l’extrême pauvreté, réduit la mortalité infantile et est officiellement sorti de la liste des pays où sévit la famine. 

Il a rappelé que le Brésil avait commencé à mettre en place son « système unifié d’assistance sociale » il y a environ 20 ans.  Ce système, présent sur toute l’étendue du territoire, est le socle de diverses politiques sociales du Gouvernement. 

Dans ce cadre, il a présenté le programme dénommé « Bolsa Familia » par lequel des fonds sont transférés à des familles démunies, au nombre de 13,6 millions.  Ce programme permet ainsi de soutenir près de 50 millions de Brésiliens, a—t-il noté, ajoutant que 9 milliards de dollars étaient déboursés chaque année par le Gouvernement fédéral à cet effet. 

Le « système unifié d’assistance sociale » permet également d’assurer le payement du salaire minimum à 4,4 millions de personnes âgées et handicapées.  Ce projet est évalué à 16 milliards de dollars. 

Par ailleurs, le Gouvernement brésilien entend lancer, au cours de cette année, une stratégie nationale dont le but, a-t-il expliqué, est de renforcer les capacités des Brésiliens dans les domaines professionnels.

M. ALEXEY CHERKASOV, Vice-Ministre du travail et de la protection sociale de la Fédération de Russie, a estimé que la Commission du développement social allait coordonner les actions des Nations Unies sur toute une palette de questions, dans le cadre de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a noté, à cet égard, l’importance de l’intégration des objectifs sociaux. 

Dans son pays, la pauvreté extrême a été éradiquée en 2013, a-t-il dit en parlant des groupes les plus vulnérables, à savoir les familles, les personnes âgées, les chômeurs et les handicapés.  Il a assuré que son gouvernement accordait une attention particulière à ces groupes.  Il a mentionné, par exemple, l’instauration en 2010 d’un supplément aux retraites.

Le taux de chômage en Russie est de 5,6%, une moyenne faible par rapport au taux moyen mondial, a indiqué le Vice-Ministre en se prévalant des diverses mesures prises pour stimuler l’emploi, telles que l’offre de formation professionnelle ou de stages, ou encore les actions en faveur de l’emploi des personnes handicapées. 

Il a reconnu en même temps que son pays avait un autre problème, avec 21 millions de personnes employées dans un emploi informel.  Cette « économie de l’ombre », a-t-il expliqué, a un impact négatif sur le budget du pays.  C’est pourquoi le Gouvernement a commencé à définir un statut juridique pour les travailleurs indépendants. 

En outre, le Gouvernement a augmenté le salaire minimum de 21% l’an dernier, ainsi que le salaire des fonctionnaires.  Le renforcement de l’aide sociale aux citoyens, notamment ceux qui n’ont pas de domicile fixe ou qui sont au chômage, est un autre cheval de bataille. 

Enfin, le Vice-Ministre a soutenu les recommandations du rapport du Secrétaire général sur le thème prioritaire de la session.

M. HÉCTOR RAMÓN CÁRDENAS MOLINAS, Secrétaire exécutif du Secrétariat pour l’action sociale du Paraguay, a souligné les résultats obtenus par les politiques de son pays pour éliminer la pauvreté.  De 2011 à 2015, le taux de pauvreté est passé de 32% à 22%, tandis que le taux d’extrême pauvreté est passé de 18% à 9%, a-t-il dit, en se réjouissant que des milliers de familles aient pu sortir de la pauvreté. 

Il a souligné l’engagement du Paraguay en vue de répondre aux communautés les plus vulnérables, en particulier les peuples autochtones.  Il a ensuite détaillé le programme de transfert monétaire mis en place dans toutes les provinces de son pays, en faveur des plus pauvres, et dont 70% des subsides sont touchés par des femmes.  Beaucoup reste néanmoins à faire, a-t-il convenu.

En conclusion, il a souligné la nécessité de créer des mécanismes de sortie durable de la pauvreté, assortis d’un suivi rigoureux.  La Commission joue un rôle clef dans la formulation de propositions réalistes en vue de l’élimination de la pauvreté, a-t-il dit.

M. MUHAMMETSEYIT SYLAPOV, Vice-Ministre du travail et de la protection sociale de la population du Turkménistan, a indiqué avoir élaboré des indicateurs pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui ont été adoptés en septembre 2016.  Il s’est félicité de la révision constitutionnelle, menée après l’adhésion de son pays à diverses conventions internationales, qui a permis d’inclure les priorités découlant des principes du droit international. 

Parmi les progrès réalisés en ce sens, il a mentionné la création d’un institut des droits de l’homme et l’adoption d’une loi sur les ombudsmans qui vise à atteindre les objectifs de protection des droits et libertés de tous les citoyens.

« Nous avons renforcé la protection sociale de la population », a-t-il assuré, en citant le projet de plan national en cours de préparation à ce sujet.  L’une des priorités de son gouvernement est de collaborer avec les organisations internationales pour être mieux en mesure de relever les défis.  Il a parlé à cet égard de la signature, en 2016, d’un plan-cadre entre l’ONU et le Turkménistan pour la réalisation des objectifs de développement sur la période 2016-2020.

Mme ANA SOFIA ANTUNES, Secrétaire d’État pour l’inclusion des personnes handicapées du Portugal, a rappelé que la pauvreté empêchait les personnes concernées d’exprimer leur potentiel.  Elle a souligné l’aide apportée par son pays aux personnes handicapées à plus de 60% afin qu’elles puissent mener une vie digne.  Les personnes sans emploi de plus de 50 ans sont également au cœur de nos efforts, a-t-elle affirmé.

Rappelant que l’emploi n’était pas forcément synonyme d’une protection sociale, avec la généralisation des emplois précaires, Mme Antunes a défendu la pertinence de garantir un revenu minimum.  Nous espérons garantir un revenu minimum de 600 euros dès 2019, a-t-elle dit.  Mme Antunes a souligné les efforts de son pays afin de lutter contre le phénomène des sans-abris.

Enfin, elle a attiré l’attention sur le bien-être des personnes âgées et rappelé que son pays doit accueillir en septembre la prochaine session de la Commission économique pour l’Europe des Nations Unies consacrée au vieillissement de la population.

Mme MARIE-CHRISTINE BAUDURET, du Ministère des affaires sociales de La France, a expliqué l’approche intégrée adoptée par le Gouvernement français pour l’éradication de la pauvreté, qui est aussi une « approche par la personne », afin d’entendre les populations exposées et de concevoir des dispositifs liés à l’individu. 

La France maintient son coefficient de Gini, une mesure statistique de la dispersion d’une distribution dans une population donnée, entre 0,29 et 0,30 malgré la récession depuis 2008, et ce, grâce à une politique sociale volontariste.  Elle a cité le Plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale, qui suit la logique de l’investissement social permettant de donner la priorité à l’accès à l’éducation des plus jeunes, aux politiques d’accompagnement et de formation des plus précaires, ainsi qu’au renforcement des politiques de prévention des difficultés sociales.  

Mme Bauduret a cité la prime d’activité lancée en janvier 2016 pour renforcer les ressources des travailleurs modestes, qui bénéficie à plus de quatre millions de personnes.  Elle a dit que la France avait lancé un vaste chantier pour simplifier l’accès aux prestations sociales, en cherchant aussi à faire participer les personnes en situation de pauvreté à l’élaboration et au suivi des politiques publiques.  Il s’agit aussi d’anticiper les évolutions qui peuvent conduire à l’exclusion sociale, puis à la pauvreté. 

Elle a parlé d’un mécanisme innovant que la France vient de lancer, le compte personnel d’activité, qui est attaché à la personne et non à l’emploi, pour accompagner les personnes dans leurs projets professionnels quels que soient leur statut et leur formation initiale.  C’est un véritable droit à la deuxième chance pour les jeunes peu qualifiés, a-t-elle estimé, en précisant que ceux-ci bénéficiaient aussi de la garantie jeunes qui accompagne les jeunes vers l’emploi et l’immersion.

M. PETER THOMSON, Président de la soixante et onzième session de l’Assemblée générale, a estimé que les travaux de la Commission avaient jeté les fondations du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Elle a désormais un rôle clef à jouer pour sa bonne mise en œuvre, a-t-il affirmé.  Il a salué la décision de la Commission d’aligner ses thématiques sur celles du Forum de haut niveau en vue de garantir la cohérence des efforts des Nations Unis dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable. 

Le thème choisi cette année ne pouvait pas être plus pertinent, a-t-il dit.  Rappelant que l’élimination de l’extrême pauvreté était la condition sine qua non du développement, le Président a indiqué que cela était possible de parvenir à cet objectif.  

Pas moins de 702 millions de personnes en 2015 vivaient dans l’extrême pauvreté, a-t-il noté.  Pour y remédier, M. Thomson a appelé à la promotion d’une croissance inclusive et à des investissements importants dans le secteur clef de l’éducation.  Il nous faut également pérenniser la paix, a-t-il poursuivi.  « Sans pérennisation de la paix, le développement durable est illusoire. »

Le Président a aussi souligné l’importance de la prévention des conflits et des efforts visant à remédier à leurs causes profondes.  Enfin, M. Thomson a plaidé pour une mobilisation optimale des ressources, privées comme publiques, pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Table ronde: « Stratégies d’élimination de la pauvreté visant à parvenir à un développement durable pour tous »

Les participants à la première table ronde de la cinquante-cinquième session de la Commission du développement social, qui portait sur les « stratégies d’élimination de la pauvreté visant à parvenir à un développement durable pour tous », ont en particulier rappelé que la lutte contre les inégalités nécessitait une volonté politique au plus haut niveau afin de ne laisser personne de côté.

À l’échelle de la planète, plus de 800 millions de personnes vivent encore avec moins de 1,25 dollar par jour.  L’élimination de la pauvreté d’ici à 2030 est le premier des 17 objectifs de développement durable contenus dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui passe par une protection sociale pour les pauvres et les vulnérables.

Auteur de l’exposé principal, M. MARTIN RAVALLION, professeur d’économie à l’Université de Georgetown, a déclaré qu’il y avait eu des progrès dans la lutte contre la pauvreté au cours des dernières années à travers le monde.  Néanmoins, a-t-il relevé, les pays les plus pauvres n’ont pas beaucoup bénéficié de ces progrès, parce que le fléau de la pauvreté s’y manifeste différemment que dans les pays développés. 

Il a également noté que les couches parmi les plus pauvres semblaient hors de portée du fait que les programmes ciblaient les gens se trouvant dans la catégorie du seuil de pauvreté et non de celle de l’extrême pauvreté. 

Faisant état du scénario optimiste des trajectoires actuelles de croissance économique dans les pays en développement susceptibles d’enrayer les inégalités, il a préconisé d’adopter des politiques efficaces et d’élaborer des processus de suivi et d’évaluation.   

Mme ANA HELENA CHACÓN ECHEVERRÍA, VicePrésidente du Costa Rica, a jugé que le développement ne sera pas possible si tant de millions de personnes sont laissées de côté.  Soulignant que l’objectif premier du Programme de développement durable à l’horizon 2030 était d’éradiquer la pauvreté, elle a appelé à la solidarité afin de combler les fossés.  Elle a parlé des programmes mis en place par le Costa Rica, misant sur le fait que la pauvreté pourrait y être éradiquée d’ici 10 ans.

Mme AISHA JUMAI ALHASSAN, Ministre de la condition féminine et du développement social du Nigéria, a présenté des projets initiés par le Gouvernement de son pays afin de soutenir les couches les plus vulnérables, y compris les agriculteurs, les femmes et les jeunes.  Elle a plaidé pour une sensibilisation de la société civile autour de l’ambition d’éradication de la pauvreté.  Pour que les projets sur le terrain soient couronnés de succès, elle a souhaité que toutes les initiatives impliquent les populations cibles.  

Mme MICHELLE MUSCHETT, Vice-Ministre du développement social du Panama, a expliqué que la lutte contre la pauvreté devait tenir compte des différences entre les régions d’un même pays afin de mieux y réduire les inégalités.  Une volonté politique au plus haut niveau est indispensable afin de ne pas tomber dans des discours politiques creux et dénués de résultats concrets.  Au Panama, un salaire minimum a été mis en place.  Les autorités ont adopté une nouvelle politique intitulée « Panama, notre pays à tous, sans pauvreté », afin de parvenir à un Panama sans pauvreté d’ici à 2030.

M. MICHEL SERVOZ, Directeur de la Direction générale de l’emploi, des affaires sociales et de l’inclusion de la Commission européenne, a affirmé que l’Union européenne invitait à une approche globale et intégrée dans le cadre de la lutte contre la pauvreté.  Il a déclaré que les réformes structurelles étaient importantes dans ce contexte, ainsi que l’augmentation des investissements sociaux.  Il a souligné que la Direction fournissait des orientations annuelles aux États membres dans le cadre de la lutte contre la pauvreté.  Il a aussi relevé que le marché unique européen créait les conditions favorables à la création d’emplois, favorisant ainsi la protection sociale des populations.  S’il faut s’atteler à ne laisser personne de côté, il est important de s’attaquer au chômage des jeunes, a—t-il prescrit.

Mme IFEYINWA OFONG, consultante sur les questions de développement et Coordonnatrice de l’ONG Women in Development and Environment in Nigeria, a noté que les initiatives de lutte contre la pauvreté, notamment dans son pays, avaient été pour la plupart vouées à l’échec.  Elle a expliqué qu’avant de concevoir les programmes et projets, il faudrait collecter des données fiables sur les populations cibles, ceux que l’on qualifie de « laissés-pour-compte » dans les objectifs de développement durable.  Elle a ainsi plaidé pour des renforcements de capacités en faveur des pauvres, ajoutant qu’un système financier efficace dans les pays en développement pourrait aussi faciliter l’éradication de la pauvreté.

M. ALBERTO BELTRAME, ViceMinistre du développement social et agraire du Brésil, a salué le fait que des millions de Brésiliens sont sortis de la pauvreté au cours des dernières années.  Il a fait état d’un programme de transfert de fonds vers des familles démunies, permettant ainsi de répondre à leurs besoins de base.  En retour, ces familles doivent scolariser leurs enfants, respecter un programme de vaccination, entre autres. 

Le Brésil entend aussi lancer une stratégie qui vise à renforcer les capacités professionnelles et générer les revenus dans les contextes rural et urbain.  La dernière initiative, dénommée « Enfance heureuse », s’appuie sur le fait scientifique, a-t-il dit, selon laquelle les 1 000 premiers jours de la vie d’un enfant sont cruciaux pour la suite de son épanouissement.  Ce programme va ainsi offrir une assistance régulière aux enfants.  Pas moins de 530 000 d’entre eux recevront des visites à domicile des fonctionnaires au cours de la première année.

Au cours des échanges ayant suivi ces exposés, M. Michel Servoz, de la Commission européenne, a souligné l’importance des partenariats en mettant l’accent sur la nécessité de mobiliser les acteurs sur le terrain pour assurer une mise en œuvre efficace des objectifs de développement durable.

M. Martin Ravallion, de l’Université de Georgetown, a réagi à l’interpellation d’une organisation non gouvernementale qui a déploré la trop grande focalisation des efforts sur les pauvres.  Il a affirmé, qu’effectivement, il serait de bon aloi de ne pas miser exclusivement sur les pauvres, mais d’établir des programmes qui impliquent également les couches moyennes.

Il a ensuite relevé, face aux inquiétudes de la société civile quant à la formule gagnante d’implication des populations, qu’une solution miracle n’existait pas.  Il a néanmoins invité à s’inspirer des mesures qui ont réussi en les adaptant au contexte local.

Le représentant de la Roumanie a estimé pour sa part que la seule solution miracle pour éradiquer la pauvreté était de créer des emplois.

Mme Aisha Jumai Alhassan, Ministre de la condition féminine et du développement social du Nigéria, a insisté sur l’aspect législatif, expliquant que de bonnes lois étaient utiles pour assurer la protection sociale. 

Un membre de la communauté autochtone d’Hawaï a regretté que les autochtones ne soient pas impliqués dans ce débat sur l’éradication de la pauvreté extrême, pourtant ils en sont victimes.  Il a aussi déploré le fait que les autochtones du peuple Dakota en soient aujourd’hui réduits à lutter pour protéger leurs biens contre le projet de passage d’un oléoduc sur leur territoire.

La table ronde était animée par Mme Elizabeth Thompson, Directrice exécutive du Centre pour le leadership et le développement durable, une initiative de l’Université des Indes occidentales et l’Université d’État de New York.

 

 

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