SC/12750

Déclaration à la presse faite par le Conseil de sécurité sur la situation au Burundi

On trouvera ci-après le texte de la déclaration à la presse faite, aujourd’hui, par le Président du Conseil de sécurité pour le mois de mars, M. Matthew Rycroft (Royaume-Uni):

Le 9 mars, les membres du Conseil de sécurité se sont réunis pour débattre de la situation au Burundi.

Les membres du Conseil ont pris acte du rapport du Secrétaire général (S/2017/165) et exprimé leur profonde inquiétude devant la situation politique, l’insuffisance des progrès réalisés dans la mise en œuvre de la résolution 2303 (2016) et l’absence d’engagement du Gouvernement burundais à cet égard.  Tout en constatant que la situation en matière de sécurité dans le pays est restée calme dans l’ensemble, ils se sont déclarés à la fois extrêmement préoccupés par le nombre croissant de réfugiés qui quittent le pays et troublés par les informations faisant état d’actes de torture, de disparitions forcées et d’assassinats.

Les membres du Conseil ont salué les efforts régionaux visant à aider les Burundais à trouver des solutions politiques et réaffirmé leur appui au processus de facilitation dirigé par l’ancien Président Benjamin Mkapa sous la médiation du Président Museveni, en sa qualité de Président de la Communauté d’Afrique de l’Est.  Ils ont souligné que le dialogue interburundais, dirigé par la Communauté d’Afrique de l’Est avec l’appui de l’Union africaine, est le seul processus viable en vue d’un règlement politique durable au Burundi.  À cet égard, ils ont demandé aux États de la région de prêter leur concours en vue d’une résolution pacifique de la crise au Burundi et noté avec satisfaction le communiqué en date du 27 janvier 2017 dans lequel les garants de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération en République démocratique du Congo et dans la région ont exprimé leur appui sans réserve en faveur du processus de facilitation de la Communauté d’Afrique de l’Est, et invité toutes les parties à contribuer à l’accélération et à la conclusion du processus de dialogue, notamment en assurant la participation des femmes.  Ils ont souligné l’importance de l’engagement actif des États membres de la Communauté d’Afrique de l’Est pour que la médiation régionale facilitée par M. Mkapa puisse se poursuivre et réussir.  Les membres du Conseil ont dit attendre avec intérêt les discussions sur le Burundi qui auront lieu lors du prochain Sommet de la Communauté d’Afrique de l’Est pour lever les obstacles à l’avancement du processus de dialogue.  Ils se sont également félicités de la création, pour appuyer l’action du Facilitateur, d’un groupe de travail mixte de la Communauté d’Afrique de l’Est, de l’Union africaine et de l’Organisation des Nations Unies.

Les membres du Conseil ont exprimé leur profonde préoccupation devant la lenteur des progrès du dialogue interburundais, dirigé par la Communauté d’Afrique de l’Est avec l’appui de l’Union africaine, et ont demandé à toutes les parties prenantes attachées à une solution pacifique de prendre part de manière active, constructive et immédiate à ce dialogue.

Les membres du Conseil ont de nouveau enjoint à toutes les parties au Burundi de s’abstenir de tout acte qui mettrait en péril la paix et la stabilité dans le pays et pourrait avoir une incidence sur la stabilité régionale à long terme.  Ils ont souligné qu’il importe au plus haut point de respecter la Constitution ainsi que la lettre et l’esprit de l’Accord d’Arusha, qui a permis au Burundi de connaître une décennie de paix. 

Les membres du Conseil ont exhorté le Gouvernement burundais à renouer avec les partenaires internationaux, en particulier l’Organisation des Nations Unies, dans un esprit constructif fondé sur la confiance mutuelle.  Ils ont réaffirmé leur appui sans réserve en faveur des efforts déployés par le Secrétaire général et son Conseiller spécial pour la prévention des conflits, y compris au Burundi, pour maintenir le dialogue avec le Gouvernement burundais sur les modalités de mise en œuvre de la résolution 2303 (2016) conformément aux pratiques établies de l’ONU. 

Les membres du Conseil ont réaffirmé qu’ils déplorent la décision du Burundi de suspendre toute coopération avec le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), qui est présent dans le pays depuis 1995 pour y renforcer les institutions garantes de l’état de droit, et ont dit espérer que, grâce au dialogue entre le Gouvernement et le HCDH, une solution rapide puisse être trouvée qui permette à ce dernier de reprendre ses activités, y compris ses fonctions de surveillance et de communication.  Ils ont pris note à cet égard du fait que le Gouvernement burundais a transmis le 24 février 2017 au HCDH à Genève sa réponse au projet d’accord entre la République du Burundi et l’ONU concernant la création d’un bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme au Burundi, transmis par le HCDH en novembre 2016.

Les membres du Conseil ont appelé le Gouvernement burundais et l’Union africaine à signer sans plus tarder le mémorandum d’accord qui permettra aux observateurs des droits de l’homme et aux experts militaires de l’Union africaine d’exercer pleinement leur activité dans le pays, conformément au mandat qui leur a été confié.  Ils ont souligné l’importance du déploiement des observateurs de l’Union africaine et pris acte de la lettre du Secrétaire général en date du 19 septembre 2016 à cet égard.

Les membres du Conseil ont exprimé leur préoccupation au sujet de la situation humanitaire et des droits de l’homme dans le pays et demandé au Secrétaire général de continuer à soutenir l’assistance humanitaire de l’ONU en faveur de la population burundaise.  Ils ont en outre constaté que, compte tenu de la situation actuelle, un certain nombre de partenaires bilatéraux et multilatéraux avaient suspendu leur aide financière et technique au Gouvernement burundais, et ont encouragé ces partenaires à poursuivre leur dialogue avec le Gouvernement burundais en vue de mettre en place des conditions propices au rétablissement de cette assistance.

Les membres du Conseil se sont félicités de l’annonce de la libération de 2 500 détenus politiques et autres, dans le cadre de la grâce présidentielle annuelle, et ont exhorté les parties burundaises à prendre de nouvelles mesures pour sortir de l’impasse politique actuelle.  Ils ont noté avec préoccupation les informations persistantes faisant état d’atteintes aux droits de l’homme et de violations à cet égard, qu’ils ont condamnées vigoureusement, et, rappelant que c’est au Gouvernement burundais qu’il incombe au premier chef d’assurer la sécurité sur son territoire et de protéger sa population en ce qui concerne l’état de droit et les droits de l’homme, ont demandé à nouveau à toutes les parties de respecter et de protéger les droits de l’homme et les libertés fondamentales pour tous et engagé le Gouvernement à faire en sorte que les responsables de ces violations et atteintes en rendent raison, quels qu’ils soient.  Ils ont exhorté le Gouvernement burundais à coopérer avec la Commission d’enquête sur le Burundi constituée en vertu de la résolution A/HCR/33/24 du Conseil des droits de l’homme.

Ils ont également demandé aux États de la région de concourir à la recherche d’une solution à la crise au Burundi et de s’abstenir de soutenir les activités des mouvements armés de quelque façon que ce soit, et rappelé à cet égard les engagements pris par les États de la région au titre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région, ainsi que de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés;

Les membres du Conseil se sont félicités de l’exposé du Président de la formation Burundi de la Commission de consolidation de la paix, ainsi que de l’engagement continu de celle-ci au Burundi.

Les membres du Conseil de sécurité ont pris acte de l’accord conclu entre l’Union africaine et le Gouvernement burundais concernant la présence continue de soldats burundais au sein de l’AMISOM et la reprise du paiement de leurs soldes.

Les membres du Conseil ont réaffirmé leur ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance politique, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale du Burundi.

Les membres du Conseil se sont dits déterminés à continuer de suivre de près la situation au Burundi, y compris les progrès à venir dans la mise en œuvre de la résolution 2303 (2016).

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