Conférence sur les océans,
Matin & après-midi
MER/2051

Conférence des Nations Unies sur les océans: les partenaires au développement multiplient les engagements volontaires

Le moment est venu de répondre à « l’Appel des océans »*, a estimé la Secrétaire générale de la Convention de Ramsar sur les zones humides et animatrice du dialogue de partenaires sur la gestion des systèmes marins et côtiers qu’a organisé, aujourd’hui, la Conférence de haut niveau des Nations Unies sur les océans.  Son vœu a été entendu: rien qu’hier, 150 engagements volontaires ont été enregistrés, s’est félicité le Prince Albert II de Monaco, Coprésident du deuxième dialogue du jour sur la lutte contre les effets de l’acidification des océans. 

Depuis hier, la page Internet de la Conférence compte en tout 818 engagements, soit des initiatives volontairement entreprises par les gouvernements, le système des Nations Unies,  les institutions financières, les ONG, les universités ou encore le secteur privé pour mettre en œuvre l’objectif 14 du Programme de développement durable à l’horizon 2030 relatif à la conservation et l’exploitation durable des océans, des mers et des ressources marines.

Beaucoup d’États ont saisi l’occasion du dialogue sur la gestion des systèmes marins et côtiers pour rappeler les engagements qu’ils ont déjà pris.  En Chine, la restauration de certaines zones humides a permis le retour de 160 espèces animales.  Aux Émirats arabes unis, c’est un projet de création de récifs coralliens artificiels pour pallier la destruction des vrais qui a été lancé.  En Colombie, l’un des pays les plus importants en matière de biodiversité marine, une Journée nationale de la protection des récifs coralliens a été proclamée.  Dans le Pacifique, un sanctuaire de requins a été créé.

La cible visant à placer sous protection 10% des zones marines d’ici à 2020 est désormais à portée de main, ont estimé les participants au dialogue.  La Directrice du Groupe de la coordination du programme et des politiques de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a insisté sur « une gouvernance ouverte » qui tienne compte de la voix de tous et qui tende vers l’appropriation des efforts par les communautés locales.    

Lors du deuxième dialogue de la journée, le Prince Albert II de Monaco a rappelé que le phénomène « encore méconnu » de l’acidification des océans a fait son apparition avec la révolution industrielle.  Depuis lors, l’humanité a rejeté des centaines de milliards de tonnes de dioxyde de carbone dans l’atmosphère dont  la concentration moyenne a fortement augmenté au cours des dernières années, au point d’atteindre un niveau record en 2015.  Or, environ 26% de ce dioxyde est absorbé par les océans.  La pleine mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques a donc été vue comme une donnée « essentielle », dans un contexte « regrettable » où les États-Unis viennent de s’en retirer. 

Le taux d’acidité des océans, ont prévenu les participants au dialogue, risque de croître de 150% d’ici à 2050 et mettre en danger les récifs coralliens, les coquillages et les crustacés, avec les conséquences économiques et alimentaires que l’on sait.  Comme l’état actuel des connaissances scientifiques ne permet pas de mesurer l’ampleur exacte des répercussions de l’acidification des océans sur le milieu marin, des appels ont été lancés pour que l’on « jette des ponts » entre la science et la politique.  Si les pouvoirs publics et les milieux universitaires sont les principaux moteurs de la recherche, a déclaré le représentant de la Banque européenne d’investissement (BEI), le secteur privé a aussi un rôle à jouer, celui de participer activement au financement de cette recherche. 

La Conférence des Nations Unies sur les océans poursuivra ses travaux demain, mercredi 7 juin, à partir de 10 heures, avec un dialogue de partenaires sur la pêche durable.

* Le programme d’action que la Conférence devrait adopter à la fin de ses travaux.

CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES VISANT À APPUYER LA RÉALISATION DE L’OBJECTIF DE DÉVELOPPEMENT DURABLE NO 14: CONSERVER ET EXPLOITER DE MANIÈRE DURABLE LES OCÉANS, LES MERS ET LES RESSOURCES MARINES AUX FINS DU DÉVELOPPEMENT DURABLE

Dialogue de partenaires « Gestion, protection, conservation et restauration des écosystèmes marins et côtiers » (A/CONF.230/5)

Les écosystèmes marins et côtiers fournissent aux humains de l’alimentation, de l’eau, des médicaments, des matériaux de construction, de l’énergie, des transports, de la protection des côtes et de la prévention de l’érosion, tout comme la régulation du climat, la production d’oxygène, la maintenance de la biodiversité, ainsi que des services récréatifs, esthétiques, culturels, religieux et spirituels.  La valeur économique de ces écosystèmes est estimée en milliards de dollars par année. 

Malheureusement, les activités anthropiques marines et terrestres menacent, détériorent et détruisent de plus en plus ces écosystèmes qui subissent les effets cumulatifs majeurs découlant des changements climatiques, de l’extraction non durable des ressources marines, de la modification du donné physique et de la destruction des habitats et des paysages marins et côtiers, ainsi que de la pollution marine.

Aujourd’hui, environ 30% des stocks halieutiques sont pêchés à un niveau non durable d’un point de vue biologique et sont par conséquent surexploités.  Entre 20 et 35% des mangroves ont été perdus depuis 1980.  Les récifs coralliens connaissent un déclin constant partout dans le monde depuis plus de 100 ans, et plus particulièrement depuis les 50 dernières années.  Ce sont ces constats alarmants qui ont guidé les échanges au cours de ce dialogue sur le thème « Gestion, protection, conservation et restauration des écosystèmes marins et côtiers ».

Coprésident du dialogue, le Président des Palaos, M. Tommy Esang Remengesau Jr. a rappelé que son pays compte une large aire marine de 190 000 km2 d’océans, soit 80% du territoire national.  Il a donc encouragé tous les États à ratifier tous les accords internationaux relatifs à la préservation des zones marines.  Il a aussi plaidé pour des mécanismes de financement spécifiquement.  L’autre Coprésidente du dialogue et Sous-Secrétaire d’État au Ministère de l’environnement, de la terre et de la mer de l’Italie, Mme SILVIA VELO, a compté 29 aires marines protégées couvrant 19,87% des eaux territoriales italiennes.  Elle s’est targuée des partenariats de son pays avec les petits États insulaires en développement (PEID).

Le moment est venu de répondre à « l’appel des océans », a estimé Mme MARTHA ROJAS-URREGO, animatrice du dialogue et Secrétaire générale de la Convention de Ramsar sur les zones humides.  La réalisation des cibles de l’objectif 14 du Programme de développement durable à l’horizon 2030 sur « la conservation et l’exploitation durable des océans, des mers et des ressources maritimes »  permettrait de réaliser les autres 16 du Programme.

La Chine, a indiqué l’Administrateur adjoint de l’Organisme chinois pour les océans, s’est engagée à améliorer la réglementation de la gestion des zones marines dont le pourcentage ainsi que celui des sanctuaires marins a déjà augmenté.  Quelque 235 institutions de surveillance gèrent plus de 8 000 stations d’observation produisant des milliards de données par an.  La technologie du radar est utilisée pour surveiller les côtes.  Le Gouvernement ne s’est pas arrêté là, il a aussi mis en place un système de quota pour les déchets déversés en mer.  En outre, la restauration de certaines zones humides a permis le retour de 160 espèces animales qui avaient déserté ces sites.  C’est un projet de création de récifs coralliens artificiels pour pallier la destruction des vrais qui a été lancé aux Émirats arabes unies, a dit le Ministre de l’environnement du pays.  Le délégué de la Colombie, dont le pays est l’un des plus importants du monde en matière de diversité biologique marin, a d’ailleurs rappelé la proclamation de la Journée nationale de la protection des récifs coralliens.  L’existence d’un sanctuaire de requis dans le Pacifique a été soulignée par le représentant du Secrétariat du Programme régional pour l’environnement du Pacifique.

Comment mettre en place des partenariats efficaces entre des secteurs  traditionnellement distincts? a demandé l’animatrice.  La Secrétaire exécutive de la Convention sur la diversité biologique est d’abord revenue sur les 20 objectifs d’Aichi relatifs à la diversité biologique qui constituent le nouveau « Plan stratégique pour la diversité biologique 2011-2020 » adopté par les États parties à la Convention en octobre 2010.  Les 20 objectifs ont d’ailleurs été intégrés dans le Programme 2030.  La Secrétaire exécutive a ensuite parlé des différents partenariats initiés par son Secrétariat, se félicitant du fait que désormais, la cible visant à placer sous protection 10% des zones marines d’ici à 2020 est désormais à portée de main.  Le Premier Ministre des Îles Cook a en effet indiqué que son pays compte créer des aires marines protégées sur 16% de son territoire.  

Pour la Secrétaire exécutive de la Convention sur la biodiversité, les partenariats doivent se baser sur une approche intégrée et impliquer gouvernements, chercheurs, société civile, secteur privé et autres.  C’est un partenariat innovant de ce genre que le représentant de Monaco a décrit.  Il a présenté un fonds fiduciaire que Monaco a initié avec des bailleurs de fonds privés et publics pour financer la protection des aires marines.  Deux projets en Tunisie et au Maroc ont déjà pu bénéficier de cette initiative.  Le Premier Ministre des Îles Cook est allé plus loin, il a suggéré la création d’un fonds mondial pour la protection des océans.  La bonne santé des océans passe aussi par la pleine mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, a souligné la déléguée de la France.

S’il est unanimement reconnu que les partenariats sont cruciaux, comment s’assurer de la participation des communautés locales?  La Directrice du Groupe de la coordination du programme et des politiques de l’Union internationale pour la conservation de la nature et de ses ressources (UICN) a affirmé qu’à l’UICN, la plupart des projets sont mis en œuvre avec les communautés locales.  Elle a parlé du projet « Les mangroves de l’avenir », mis en place il y a 10 ans dans 11 pays d’Asie du Sud et d’Asie du Sud-Est.  Ce projet, qui a été mené avec la contribution active des populations locales, a permis de valoriser le tourisme et la pêche.  Il faut toujours, a-t-elle insisté, chercher à autonomiser les communautés locales, en leur apportant tout l’appui nécessaire à la préservation des zones marines et côtières.  En lançant les projets et les programmes, il faut privilégier « une gouvernance ouverte » qui tienne compte de la voix de tous et qui tend vers l’appropriation et la redevabilité locales.

Il faut en effet s’occuper de l’environnement sans oublier de prendre soin des gens qui y vivent, a acquiescé l’observateur du Saint-Siège.  Ma communauté, a argué le Président de la Polynésie française, est considérée comme faisant partie des petits États insulaires en développement (PEID) même si elle se considère davantage comme vivant dans un grand pays maritime avec 5 millions de km2 d’eau.  La Polynésie française est devenue en 2002 l’un des premiers sanctuaires de mammifères marins au monde.  Ces efforts, reconnus mondialement, démontrent la valeur du travail des communautés locales qui ont même créé des aires marines gérées par des élèves qui éduquent ainsi leurs camarades.    

Quand les populations locales sont impliquées, comment mesurer l’impact des interventions et les avantages socioéconomiques qu’elles en tirent?  Le Responsable scientifique de Pêches et Océans (Canada), a d’abord souligné que trop d’agences et organismes dans le monde s’arrogent le droit « d’évaluer les océans ».  Il faut qu’elles accordent leur violon parce qu’il est important de reconnaître que la mesure des progrès, des coûts, des bénéfices et de l’impact dépend du lieu où on se trouve.  Que l’économie bleue, a-t-il prié, ne devienne pas « nouveau code » permettant aux pays développés d’utiliser les technologies les plus avancées pour exploiter les ressources marines à leur seul avantage.  Il faut au contraire des mesures pour que l’exploitation des océans bénéficie aux plus vulnérables de la planète.  Toutes les parties prenantes doivent pouvoir participer aux évaluations et ceci est crucial si l’on veut que les ressources marines soient exploitées de manière intelligente et avisée et que les bénéfices soient partagés par tous, a insisté le Responsable scientifique.

Les participants au dialogue ont tous convenus qu’il est essentiel de mesurer les changements dans les écosystèmes marins pour pouvoir élaborer des politiques de gestion informées.  Par exemple, ce n’est qu’évaluant précisément et scientifiquement les ressources naturelles que les exploitants directs ou indirects pourront assurer à leur pérennité.  Le représentant des Philippines a particulièrement insisté sur des données actualisées.  Celui du Canada a d’ailleurs parlé de programmes de recherche que son gouvernement soutient.  En plus de la science, il faut aussi savoir tirer parti des connaissances traditionnelles, ont plaidé plusieurs intervenants dont la représentante de « Drammeh Institute », une ONG basée à New York qui œuvre à la préservation des savoirs culturels ancestraux des populations d’ascendance africaine.  L’ONG encourage les programmes de préservation des écosystèmes marins par le savoir endogène d’Afrique.  

Dialogue de partenaires « Réduire au maximum l’acidification des océans et lutter contre ses effets » (A/CONF.230/6)

Les participants au dialogue de cet après-midi étaient invités à réfléchir à des solutions communes pour atteindre la troisième cible de l’objectif 14 du Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui appelle à « réduire au maximum l’acidification des océans et lutter contre ses effets, notamment en renforçant la coopération scientifique à tous les niveaux ».

En sa qualité de Coprésident du dialogue de partenaires, le Prince Albert II de Monaco a rappelé que le phénomène « encore méconnu » de l’acidification des océans avait fait son apparition avec la révolution industrielle.  Depuis lors, a-t-il dit, l’humanité a rejeté des centaines de milliards de tonnes de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, notamment par la consommation des combustibles fossiles.  Malheureusement, a ajouté l’animateur du dialogue, M. Petteri Taalas, Secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), la concentration moyenne de dioxyde de carbone à la surface du globe a fortement augmenté au cours des dernières années, au point d’atteindre un niveau record en 2015. 

« Nous sommes donc encore loin de la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques», a-t-il regretté, ajoutant qu’environ 26% du dioxyde de carbone rejeté dans l’atmosphère est absorbé par les océans.  Cette contribution essentielle, a déclaré le Secrétaire général de l’OMM, n’est toutefois pas sans conséquences, car le dioxyde de carbone modifie la chimie de l’eau de mer et acidifie les océans, dont le taux d’acidité pourrait croître de 150% d’ici 2050. 

Si la tendance actuelle se poursuit, les écosystèmes marins auront de plus en plus de mal à s’adapter à la hausse du taux d’acidité, a prévenu une chercheuse au Laboratoire marin de Plymouth, au Royaume-Uni, disant craindre pour les organismes calcificateurs qui auraient une moindre capacité de former leur coquille ou la structure de leur squelette, avec une incidence directe sur la croissance et la survie des récifs coralliens, des coquillages et des crustacés.  Les conséquences de ce phénomène, quoiqu’incertaines à l’heure actuelle, se font déjà sentir.  Les scientifiques ont observé un taux de mortalité de 80% des huitres dans l’océan Pacifique.

Outre les huitres, les récifs coralliens sont particulièrement touchés, a noté le chef de la Division des laboratoires de l’environnement de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Les récifs sont extrêmement sensibles à l’acidification des océans, au point que 90% d’entre eux pourraient être menacés d’ici à 2030 et près de 100% d’ici à 2050.  Il s’agit d’un problème « vital » pour les petits États insulaires en développement, s’est inquiétée la Directrice adjointe de l’Institut des affaires maritimes de Trinité-et-Tobago, soulignant que les récifs coralliens sont d’une importance capitale pour la pêche, le tourisme et la protection des côtes.  Dans un pays comme Trinité-et-Tobago, a-t-elle précisé, la destruction des récifs coralliens pourrait affecter jusqu’à 34% de l’économie nationale.  De manière générale, a-t-elle ajouté, dans les pays en développement de la zone pacifique, un quart des poissons pêchés proviennent des récifs coralliens. 

Outre ces conséquences économiques, elle a noté que les petits États insulaires en développement consomment beaucoup de fruits de mer par manque de choix.  Plus largement, M. AGOSTINHO MONDLANE, Ministre de la mer, des eaux intérieures et de la pêche du Mozambique et Coprésident du dialogue a insisté sur le fait que l’acidification des océans pourrait avoir des répercussions graves sur la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance de l’ensemble des collectivités de pêcheurs et d’aquaculteurs de la planète, notamment pour les pays qui ont de vastes zones côtières, comme le Mozambique.

Force est toutefois de constater, a regretté le Prince Albert II de Monaco, que l’état actuel des connaissances scientifiques ne permet pas de mesurer l’ampleur exacte des répercussions de l’acidification des océans sur le milieu marin.  Le représentant des Tuvalu a en effet regretté qu’aucune étude sérieuse n’ait été menée jusqu’ici pour mieux comprendre les effets de l’acidification des océans sur les écosystèmes marins.  Pour combler ce manque de connaissances scientifiques, son homologue des Palaos a appelé les États à allouer les fonds nécessaires à la recherche.

Un appel qui a offert au Chef de la Division des laboratoires de l’environnement de l’(AIEA) la chance d’indiquer que son agence travaille actuellement en partenariat avec d’autres organismes de l’ONU mais aussi avec des institutions scientifiques de différents pays, dont Monaco.  Il a également jugé important de combler les lacunes juridiques car, selon lui, les instruments juridiques internationaux existants ne permettent pas de faire efficacement face au phénomène.  « Il faut jeter des ponts entre la recherche scientifique et la politique », a-t-il estimé.

Dans le même ordre d’idée, la représentante des États-Unis a appelé à combler les lacunes de la coopération internationale en matière de recherche, prônant la mise en place de réseaux de surveillance rassemblant les scientifiques expérimentés du monde entier.

Non seulement les connaissances scientifiques sont limitées, mais les indicateurs pour rendre compte avec précision de l’évolution de l’acidification des océans sont également inadaptés, a estimé le représentant de Vanuatu.  Il a appelé à d’autres indicateurs, en plus de ceux qui existent pour suivre la mise en œuvre de l’objectif 14.

Pour endiguer à long terme l’acidification des océans, la plupart des intervenants ont estimé qu’il fallait avant tout réduire les émissions de dioxyde de carbone dans l’atmosphère.

Le chef du dicastère pour le développement humain intégral du Saint-Siège a appelé les pays à prendre exemple sur le Pape François qui s’efforce de « décarboniser le Vatican ».  Pour cela, a-t-il dit, les solutions techniques ne suffisent pas et la sensibilisation de l’opinion publique est d’une importance capitale pour changer les comportements. 

Plusieurs intervenants ont également appelé à réduire les émissions de gaz à effet de serre imputables au secteur maritime et à celui de la pêche.  Le représentant de la Chambre internationale de la marine marchande (CIMM) a assuré les participants des efforts déployés par le secteur maritime pour répondre aux ambitions de l’Accord de Paris.  La Chambre est sur le point de proposer des objectifs ambitieux pour maintenir le niveau des émissions de l’industrie en deçà du niveau de 2008.

Certes, ces initiatives sont importantes, a déclaré la Directrice adjointe de l’Institut des affaires maritimes de Trinité-et-Tobago, mais il faut surtout que les États signataires de l’Accord de Paris respectent leurs engagements.  « Regrettable » a dit la représentante de l’Islande après la décision des États-Unis de se retirer de l’Accord de Paris, « le principal instrument de réduction des émissions de carbone », et par conséquent de lutte contre l’acidification des océans.

À la recherche de solutions complètes, le Ministre de la mer, des eaux intérieures et de la pêche du Mozambique a voulu que l’on jette des ponts entre l’objectif 14 du Programme de développement durable et l’objectif 13, intitulé « prendre d’urgence des mesures pour lutter contre les changements climatiques et leurs répercussions ».  En effet, a-t-il dit, outre le phénomène d’acidification, la majeure partie de la chaleur due à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère est absorbée par les océans, qui se réchauffent et perdent ainsi de l’oxygène.

Des solutions innovantes existent pour répondre à l’ensemble de ces problèmes, a estimé la chercheuse au Laboratoire marin de Plymouth: la culture de micro-algues permet de retirer une partie du dioxyde de carbone des océans et d’infléchir le cours de leur acidification et de leur désoxygénation.  Le représentant des Tuvalu a attiré l’attention sur les concombres de mer qui permettent également de freiner l’acidification des océans.  Or, s’est-il inquiété, la valeur marchande de cette espèce ne cesse de croître en Asie.  Le représentant s’est prononcé contre le commerce de cette « espèce menacée. »

Entre autres solutions innovantes, le représentant du Centre scientifique de Monaco a mentionné la restauration de récifs coralliens, la mise en place de nouvelles zones protégées et la sélection d’espèces marines résistantes à l’acidification.  Cette dernière piste, a déclaré le représentant des Palaos, est justement explorée chez nous où des études scientifiques pour tenter de comprendre pourquoi certaines espèces marines démontrent une résilience à l’acidification des océans sont en cours.

Mieux comprendre les raisons de cette résilience, a expliqué le représentant, permettrait de mettre en place les politiques les plus efficaces et les plus adaptées.

Outre la résilience des espèces marines, le Prince Albert II de Monaco a appelé à renforcer la résilience des communautés touchées et de leurs systèmes socioéconomiques pour limiter les effets de l’acidification des océans.  Plusieurs intervenants ont encouragé les scientifiques des pays en développement et des pays développés à mener des expériences et des recherches conjointes sur la résilience des communautés touchées.

Si les pouvoirs publics et les milieux universitaires sont les principaux moteurs de la recherche et du suivi dans le domaine de l’acidification des océans, a déclaré le représentant de la Banque européenne d’investissement (BEI), le secteur privé a aussi un rôle à jouer, celui de participer activement au financement de la recherche.  La BEI accorde environ 18 milliards de crédits par an, dont 25% pour des projets contre le réchauffement climatique.

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