8117e séance – matin
CS/13098

Syrie: la crise humanitaire exacerbée par les restrictions de l’aide, notamment transfrontalière, affirme au Conseil de sécurité le Secrétaire général adjoint

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, M. Mark Lowcock, a, ce matin, demandé au Conseil de sécurité de renouveler l’autorisation donnée par la résolution 2165 (2014), « essentielle pour sauver des vies » en Syrie, où sévit la « pire crise de déplacements » au monde.

En vertu de ce texte, les agences humanitaires de l’ONU et leurs partenaires peuvent, jusqu’au 10 janvier 2018, emprunter les routes franchissant les lignes de conflit ainsi que les postes frontière de Bab el-Salam, Bab el-Haoua, Yaroubiyé et Ramtha, situées le long de la Jordanie.

Or, les civils se trouvant dans les zones qui ne sont pas sous le contrôle du Gouvernement sont bien plus nombreux à recevoir une aide par le biais des opérations transfrontalières que par celles menées de part et d’autre des lignes de front, a fait observer M. Lowcock.

Alors que la France et les États-Unis ont considéré le renouvellement de cette autorisation comme une « priorité » pour leurs délégations, la Fédération de Russie a pour sa part demandé un nouvel exposé, « dans les semaines à venir », sur les convois humanitaires qui traversent les lignes de conflit en Syrie ainsi que les postes frontière, jugeant « insuffisantes » les assurances données par M. Lowcock sur le mécanisme de vérification des cargaisons.

« L’aide qui arrive de l’étranger doit être distribuée dans toute la Syrie, pas seulement dans les zones contrôlées par les groupes armés », a argué le délégué russe.  « Mon gouvernement permet l’acheminement de l’aide lorsque celle-ci est destinée à des civils », a déclaré quant à lui le représentant de la Syrie.

Le Coordonnateur des secours d’urgence était venu aujourd’hui présenter et actualiser les informations contenues dans le dernier rapport en date du Secrétaire général sur la crise humanitaire en Syrie, mis en cause par le délégué syrien, pour qui ce document « lacunaire » a été rédigé sans s’appuyer sur des « sources sérieuses ».

Selon M. Lowcock, après presque sept ans de conflit, 13,1 millions de Syriens ont besoin d’assistance et de protection, dont 5,6 millions « de toute urgence ».  La moitié des habitants du pays seraient déracinés, avec plus de 6 500 personnes contraintes au déplacement quotidiennement au cours des neuf derniers mois de 2017, a-t-il précisé.

En outre, 1,75 million d’enfants sont déscolarisés, soit pratiquement un enfant sur trois, et un tiers des écoles endommagées ou détruites, a poursuivi le haut fonctionnaire.  Moins de la moitié des installations dans le pays de santé sont pleinement opérationnelles, avec pour conséquence des milliers de décès évitables. 

Enfin, près de trois millions de personnes continuent de vivre dans des zones difficiles d’accès à travers toute la Syrie, dont 420 000 dans 10 localités assiégées, 94% étant regroupées dans la Ghouta orientale.

La situation dans ces faubourgs ruraux de Damas a suscité la plus vive préoccupation chez M. Lowcock, qui a expliqué que les frappes aériennes et les combats s’y sont intensifiés au cours des dernières semaines, faisant 84 morts et 659 blessés rien qu’entre le 14 et le 17 novembre. 

Corollaire de ce regain d’hostilités, la crise alimentaire dans la Ghouta orientale est extrêmement grave, selon le Secrétaire général adjoint, qui a annoncé que les taux de malnutrition aiguë chez les enfants de cette zone auraient quintuplé en 2017.

« Les décès d’enfants seraient évitables à condition que davantage de convois humanitaires nous parviennent, et plus régulièrement.  J’ai eu des discussions constructives à Moscou et à Téhéran la semaine dernière à ce sujet et j’espère que cela permettra de faire des progrès significatifs », a déclaré M. Lowcock sur ce point.

Il a également déploré de « nouvelles restrictions » à la livraison de l’aide humanitaire dans le nord-est de la Syrie depuis le 9 novembre, date à laquelle l’ONU a commencé de se heurter à une « série d’obstacles bureaucratiques imposés par les parties ». 

Par ailleurs, les convois qui traversent les lignes de front continuent d’arriver au compte-gouttes, « en dépit d’un accord avec le Gouvernement syrien sur les plans d’accès bimensuels et l’établissement des zones de désescalade » prévues par l’Accord d’Astana, a constaté le Secrétaire général adjoint.  Or, deux de ces zones, la Ghouta orientale et le nord de Homs, sont précisément les principaux secteurs auxquels les convois humanitaires onusiens tentent d’accéder.

La représentante des États-Unis a jugé « ironique » que la Ghouta orientale soit considérée comme une zone de désescalade, alors qu’avec l’appui de la Fédération de Russie, le régime syrien pilonnerait toujours la population locale pour mettre en œuvre une « véritable stratégie de la famine ».

La France a donc appelé les États garants de l’Accord d’Astana –Fédération de Russie, Turquie et République islamique d’Iran– à faire cesser les violences et à veiller à ce que l’aide parvienne aux populations concernées, le Kazakhstan donnant l’assurance que tout serait mis en œuvre à cet effet.

Si elle a appelé le Gouvernement syrien à renforcer sa coopération avec les agences humanitaires, la Bolivie a en revanche condamné vigoureusement les allégations de destructions de vaccins contre la rougeole et la polio, suite à des bombardements aériens. 

La Fédération de Russie a d’ailleurs accusé les États-Unis et leurs alliés de chercher à dissimuler les crimes supposément commis par la coalition en Syrie, notamment à Raqqa, où celle-ci aurait cherché à minimiser le nombre de victimes civiles et l’étendue des dégâts que ses frappes auraient causés. 

Selon le délégué syrien, la coalition aurait utilisé du « phosphore blanc », en violation du droit international. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Rapport du Secrétaire général sur l’application des résolutions 2139 (2014), 2165 (2014), 2191 (2014), 2258 (2015) et 2332 (2016) du Conseil de sécurité (S/2017/982)

Déclarations

M. MARK LOWCOCK, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a entamé son intervention par une série de chiffres relatifs à la crise syrienne.  Après presque sept ans de conflit, 13,1 millions de personnes ont besoin d’une assistance humanitaire et de protection, dont 5,6 millions de personnes de toute urgence. 

La Syrie, a-t-il dit, reste la « crise de déplacements » la plus grave au monde et celle qui évolue le plus vite, la moitié de la population du pays étant déplacée à travers le pays.  « Plus de 6 500 personnes ont été contraintes au déplacement quotidiennement au cours des neuf derniers mois de 2017 », a précisé le haut fonctionnaire. 

En outre, 1,75 million d’enfants sont déscolarisés, soit pratiquement un enfant sur trois, et un tiers des écoles sont endommagées ou détruites.  Moins de la moitié des installations de santé sont pleinement opérationnelles, une situation à l’origine de milliers de décès évitables.  Et près de trois millions de personnes continuent de vivre dans des zones difficiles d’accès à travers toute la Syrie, dont 420 000 dans 10 localités assiégées, 94% étant regroupées dans la Ghouta orientale. 

Dans ces faubourgs de Damas, et dans la capitale elle-même, les combats se sont intensifiés, et rien qu’entre le 14 et le 17 novembre, s’est alarmé le haut fonctionnaire, 84 personnes ont été tuées et 659 autres blessées, dont des centaines de femmes et d’enfants, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). 

M. Lowcock a fait état de frappes aériennes et de tirs de mortiers et de roquettes.  La crise alimentaire dans la Ghouta orientale est extrêmement préoccupante, selon le Secrétaire général adjoint, qui a déploré qu’à peine 100 000 personnes sur une population de 400 000 dans cette enclave aient reçu une aide jusqu’à présent. 

La fermeture du seul point de passage, le 3 octobre, conjuguée à l’intensification des frappes aériennes et terrestres, a entraîné une détérioration rapide de la situation sur place.  Les taux de malnutrition aiguë sévère chez les enfants de cette zone auraient quintuplé au cours des 10 derniers mois, a poursuivi le Coordonnateur des secours d’urgence.  « Les décès d’enfants qui en meurent seraient évitables à condition que davantage de convois humanitaires nous parviennent, et plus régulièrement.  J’ai eu des discussions constructives à Moscou et à Téhéran la semaine dernière à ce sujet et j’espère que cela permettra de réaliser des progrès significatifs », a-t-il précisé.

La situation dans le nord-est de la Syrie reste également préoccupante, alors que les combats se poursuivent le long de l’Euphrate vers la frontière iraquienne.  Depuis le début de l’offensive menée contre Daech en novembre dernier, les frappes aériennes et les affrontements ont provoqué le déplacement de plus de 436 000 personnes à l’intérieur et à l’extérieur de la province de Raqqa.  Et depuis août 2017, 350 000 autres ont été déplacées à l’intérieur et à l’extérieur de la province de Deïr el-Zor, a ajouté le Secrétaire général adjoint. 

Les nouvelles restrictions à la livraison de l’aide humanitaire dans le nord-est de la Syrie limitent l’accès à nombre de personnes que nous aurions pu atteindre auparavant, a regretté le haut fonctionnaire.  En effet, a-t-il constaté, depuis le 9 novembre, l’ONU fait face à une série d’obstacles bureaucratiques imposés par les parties.  En conséquence, la livraison de l’aide a décliné alors que les besoins continuent d’augmenter. 

Il s’est alarmé du sort d’au moins 30 000 Syriens bloqués dans des conditions difficiles le long de la frontière syro-jordanienne.  « Je suis également préoccupé par l’augmentation des déplacements de population dans le nord-ouest de la Syrie, où près de 70 000 personnes ont été déplacées dans la province d’Edleb au cours des dernières semaines, tandis que plus de 27 000 l’ont été dans diverses zones de la province au cours de la même période. »

L’aide apportée dans les régions placées sous le contrôle du Gouvernement syrien continue de représenter l’essentiel de la réponse fournie par l’ONU dans le pays, a reconnu M. Lowcock.  En octobre, près de 2,8 millions de personnes dans ces zones ont bénéficié d’une aide alimentaire, fournie par le biais d’environ 1 500 convois du Programme alimentaire mondial (PAM).  L’OMS a traité plus de 123 000 patients et l’UNICEF fourni une assistance sur le plan nutritionnel à 183 000 personnes. 

Par ailleurs, a noté le Secrétaire général adjoint, les convois qui traversent les lignes de front continuent d’être fortement limités.  En moyenne, à peine plus d’un quart des bénéficiaires prévus reçoivent actuellement une aide, et ce, en dépit d’un accord avec le Gouvernement syrien sur les plans d’accès bimensuels et la création des zones de désescalade qui couvrent deux des principaux secteurs auxquels l’ONU tente d’accéder: la Ghouta orientale et le nord de Homs. 

« En novembre, seuls quatre convois sont arrivés à destination: deux à Homs, atteignant un peu plus de 200 000 personnes, et deux autres dans la Ghouta, à Douma et à Nashabiyeh, répondant aux besoins de seulement 28 000 personnes.  De plus, les articles médicaux continuent d’être retirés des convois », a affirmé le Coordonnateur des secours d’urgence. 

Enfin, les Nations Unies continuent de fournir une aide vitale aux habitants du nord-ouest et du sud de la Syrie grâce aux livraisons transfrontalières, 800 000 personnes au total ce mois-ci ayant reçu une aide alimentaire.  L’assistance transfrontière de l’ONU est vérifiée par le Mécanisme de surveillance des Nations Unies aux points de passage frontaliers de Bab al-Hawa, de Bab as-Salam et d’Al-Ramtha. 

Chaque camion est vérifié pour s’assurer qu’il ne contient que des fournitures humanitaires.  Les livraisons sont confirmées par des contrôleurs tiers sous contrat avec l’ONU à leur arrivée dans les entrepôts syriens.  Après quoi, un suivi est également mis en place après la distribution.  L’assistance transfrontalière des Nations Unies est également soumise aux mécanismes de contrôle habituels entre donateurs et prestataires de services.  Rien qu’au cours des 10 premiers mois de 2017, plus de 750 000 personnes en moyenne par mois ont bénéficié de ces opérations transfrontalières conduites par l’ONU. 

Les civils se trouvant dans les zones qui ne sont pas sous le contrôle du Gouvernement sont bien plus nombreux à recevoir une aide par le biais de ces opérations transfrontalières que des opérations menées de part et d’autre des lignes de front.  C’est pour cette raison que M. Lowcock a demandé, au nom du Secrétaire général, le renouvellement de la résolution 2165 (2015), « essentielle pour sauver des vies ».

Dans la Ghouta orientale, qui figure pourtant parmi les zones de désescalade instaurées dans le cadre du processus d’Astana, le quotidien des civils est fait de désespoir, de famine et de malnutrition, a déploré M. LUIS HOMERO BERMÚDEZ ÁLVAREZ (Uruguay).  En dépit de cette situation, M. Bermúdez Álvarez a salué l’annonce récente d’un cessez-le-feu et d’une amélioration de l’accès humanitaire dans la zone, annonce qui a coïncidé avec l’ouverture d’un nouveau cycle de pourparlers intersyriens à Genève. 

Loin de verser, cependant, dans l’optimisme, le représentant a déploré la persistance d’entraves à l’acheminement de l’aide humanitaire sur l’ensemble du territoire syrien.  Il a ainsi estimé que le renouvellement, le mois prochain, de la résolution 2165 (2014) du Conseil sur l’acheminement de l’aide transfrontalière depuis les pays voisins de la Syrie était de la plus haute importance. 

Le représentant a rappelé au Gouvernement syrien qu’il était dans l’obligation de garantir la distribution de l’aide à l’ensemble de sa population.  Il a également appelé ce même gouvernement à mettre fin à ses raids aériens ininterrompus dans la Ghouta orientale, en violation, selon lui, des termes de l’Accord d’Astana, conclu en mai dernier.

La déroute de Daech en Syrie a, certes, de quoi réjouir la communauté internationale, mais elle doit impérativement aller de pair avec la mise en œuvre de stratégies de protection des populations et infrastructures civiles, a estimé M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie). 

Entre autres, le représentant a appelé à mettre l’accent sur les activités de déminage et de déblaiement des restes explosifs de guerre, sous peine de ne pas être en mesure d’acheminer l’aide humanitaire en toute sécurité ou d’envisager sereinement le retour de plus de six millions de personnes dans les territoires repris au groupe terroriste. 

Parallèlement, le représentant a appelé le Gouvernement syrien à renforcer sa coopération avec les agences humanitaires afin d’éviter que des obstacles administratifs n’entravent la livraison de l’aide.  S’agissant, en particulier, de l’aide en matière de santé, le représentant a condamné énergiquement les rapports faisant état de destructions de vaccins contre la rougeole et la polio, suite à des bombardements aériens. 

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a rappelé les souffrances indicibles endurées par les civils dans la Ghouta orientale.  Une mère n’avait à donner à ses enfants que des feuilles de journaux à mâcher, a-t-elle dit.  Elle a jugé ironique que la Ghouta orientale soit une zone de désescalade.  Avec l’appui de la Russie, le régime syrien pilonne toujours la population et met en œuvre une véritable stratégie de la famine, a-t-elle poursuivi. 

Elle a accusé Damas et le Hezbollah de confisquer des articles médicaux et du lait pour nourrissons.  Que peut-on attendre d’un régime qui affame son peuple, a-t-elle lancé, avant de rappeler l’influence de certains pays sur le régime syrien, dont la Fédération de Russie. 

La déléguée des États-Unis a appelé Damas à cesser de piller les convois humanitaires.  Le renouvellement, le mois prochain, du mandat contenu dans la résolution 2165 (2014) autorisant l’acheminement de convois transfrontières est crucial, a-t-elle dit, en invitant à mettre la politique de côté.  « Nous devons nous tenir aux côtés du peuple syrien. »

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) s’est félicité des succès remportés dans l’éradication des bastions terroristes en Syrie, affirmant que la priorité est maintenant de réhabiliter les infrastructures civiles.  Il a attiré l’attention sur le fait que la déclaration conjointe faite récemment par les Présidents Vladimir Putin et Donald Trump comprend un appel pour que soit fournie une aide humanitaire à la population civile. 

Le représentant a rejeté le principe de sanctions unilatérales imposées par certains États, qui empêchent Damas de se procurer des médicaments et de rouvrir les hôpitaux.  Il s’est également élevé contre les mesures supposément prises par la coalition, en accusant les États-Unis et leurs alliés de chercher à dissimuler les crimes commis dans le pays, notamment à Raqqa, où elle chercherait à minimiser le nombre de victimes civiles et l’étendue des destructions qu’elle a causées. 

La Fédération de Russie a exprimé son inquiétude quant au sort de ceux qui fuient Raqqa pour se réfugier dans des camps se trouvant dans des zones placées sous le contrôle de la coalition et des groupes armés. 

« Dans la Ghouta orientale, nous avons des contacts avec les groupes armés en ce qui concerne l’acheminement de l’aide humanitaire », a assuré M. Nebenzia, pour qui le mécanisme tripartite Syrie-Russie-ONU est indispensable pour régler cette question épineuse.  Il a rappelé que les autorités syriennes ont déclaré qu’un débat réel doit se tenir sur le Mécanisme de surveillance et l’aide transfrontière.  L’aide qui arrive de l’étranger doit être distribuée dans toute la Syrie, pas seulement dans les zones contrôlées par les groupes armés, a argué le délégué russe.  Il a jugé insuffisantes les informations fournies aujourd’hui par le Secrétaire général adjoint, en demandant dans les prochaines semaines un exposé sur les convois des agences humanitaires des Nations Unies et de leurs partenaires qui empruntent les routes franchissant les lignes de conflit en Syrie ainsi que les postes frontière de Bab el-Salam, Bab el-Haoua, Yaroubiyé et Ramtha. 

Selon lui, le Mécanisme de surveillance viole la souveraineté nationale de la Syrie et doit donc être réexaminé à l’approche du renouvellement de l’autorisation donnée en vertu de la résolution 2165 (2017).  Le représentant s’est en conclusion déclaré inquiet de la situation humanitaire dans le camp de déplacés se trouvant à proximité de la frontière jordanienne.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a jugé essentiel de garantir l’accès humanitaire en Syrie et de respecter le cessez-le-feu dans les zones de désescalade.  Les nombreux engins explosifs laissés par Daech doivent être désactivés pour permettre le retour des personnes déplacées, a-t-il poursuivi. 

Il a indiqué que le processus à Astana visait à la mise en œuvre de mesures de confiance entre les parties.  « Nous allons tout faire pour que les avancées à Astana débouchent sur un meilleur accès humanitaire », a-t-il assuré. 

Enfin, le délégué a jugé indispensable l’appui du Conseil à toute tentative visant à instaurer la paix dans les zones de conflit. 

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a accusé le régime syrien d’avoir mis en place un véritable étau autour des zones qui échappent à son contrôle, en se servant de la famine comme « méthode de guerre ».  Reprenant à son compte les chiffres donnés par le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, le représentant les a qualifiés de « terrifiants ».  Il a dénoncé le fait que le régime refuse toujours d’accorder les autorisations nécessaires pour permettre l’acheminement des convois humanitaires.

Les attaques contre les infrastructures civiles, a lancé la délégation, relèvent de « pratiques inadmissibles ».  Tout aussi « inacceptables » sont les restrictions à l’aide humanitaire imposées par les autorités syriennes, a tranché M. Delattre, pour qui les zones de désescalade n’ont pas permis de faciliter l’acheminement de l’aide. 

En outre, les entraves se poursuivent par la multiplication d’obstacles bureaucratiques, a-t-il encore accusé.  Plaidant pour le rétablissement d’un accès sur l’ensemble du territoire, il a appelé les États garants des zones de désescalade à faire cesser les violences et à veiller à ce que l’aide parvienne aux populations concernées. 

La France a annoncé en conclusion que le renouvellement de l’autorisation accordée en faveur de la résolution 2165 (2015) serait une « priorité » pour elle.

M. MOUNZER MOUNZER (Syrie) a noté les améliorations contenues dans le dernier rapport du Secrétaire général.  Évoquant une visite prochaine du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) en Syrie, il a invité celui-ci à ne pas céder aux pressions de certains membres qui veulent instrumentaliser la situation humanitaire.  Il a pointé les lacunes du rapport, qui a été rédigé sans faire appel aux sources sérieuses avancées par le Gouvernement syrien. 

« Mon gouvernement permet l’acheminement de l’aide lorsque celle-ci est destinée à des civils », a-t-il dit.  Il a demandé aux auteurs du rapport de justifier auprès des États Membres les chiffres avancés sur la situation humanitaire.  Le personnel humanitaire en Syrie ne doit pas traiter avec des conseils locaux illicites, qui sont liés aux groupes armés, a-t-il poursuivi. 

Le délégué syrien a demandé aux auteurs du rapport d’être plus clairs sur les actions de la coalition menée par les États-Unis, en particulier les destructions qu’elle a causées à Raqqa.  Cette coalition utilise des armes comme le phosphore blanc interdit pourtant par le droit international, a-t-il dit. 

Enfin, le délégué a indiqué que la Cour pénale internationale (CPI) n’avait aucune compétence s’agissant de la situation en Syrie.  La Cour a perdu toute crédibilité depuis qu’elle est devenue l’instrument d’imposition de la loi du plus fort, a-t-il conclu. 

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