8082e séance – matin   
CS/13050

Appel à l’action du Conseil de sécurité face aux violations commises contre les enfants en temps de conflit, véritable « honte mondiale »

« Qu’adviendra-il de l’enfant de 3 ans forcé par sa famille à se saisir d’un couteau et à décapiter son ours en peluche?  Vivra-t-il seulement jusqu’à l’âge de 20 ans? »  L’inquiétude exprimée par le représentant de la société civile, M. Mubin Shaikh, radicalisé par les Taliban, avant de changer de vues après les attaques du 11 septembre 2001, a été au cœur du débat annuel du Conseil de sécurité sur le sort des enfants en temps de conflit armé, au cours duquel le Secrétaire général et 80 délégations ont pris la parole, et dont le point d’orgue a été l’adoption d’une déclaration présidentielle.

Dans cette déclaration, le Conseil se dit « vivement préoccupé » par l’ampleur et la gravité des violations commises sur les enfants en 2016, sachant que le rapport du Secrétaire général dénombre, pour 2016, plus de 8 000 enfants tués ou mutilés et 14 500 violations commises contre eux.  « Une source de honte mondiale », selon les mots du Secrétaire général, M. António Guterres, et de sa Représentante spéciale pour le sort des enfants en temps de conflit armé, Mme Virginia Gamba de Potgieter.

Face à cette situation, le Conseil appelle les parties aux conflits armés à respecter le droit international pour protéger les enfants, avant de prendre note des initiatives en cours, notamment les deux conférences de Paris de 2017.  Le Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, M. Jean-Yves Le Drian, qui présidait la séance, avait fait distribuer une note de cadrage soulignant la nécessité d’endosser les Engagements de Paris en vue de protéger les enfants contre une utilisation ou un recrutement illégaux par des groupes ou des forces armés. 

Préoccupé par l’utilisation d’écoles à des fins militaires, le Conseil exhorte les parties à respecter leur caractère civil, à charge, pour les États, d’empêcher les forces armées et les groupes armés non étatiques de les utiliser.  Les États veilleront par ailleurs à enquêter sur les attaques des écoles.  Le délégué de la Norvège a profité de cette séance pour présenter la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, signée par 35 États, qui vise à assurer la continuité de l’éducation en période de conflit armé. 

Dans la déclaration, les membres du Conseil soulignent la nécessité d’efforts accrus en vue de prévenir le recrutement et l’emploi d’enfants par des groupes armés non étatiques.  « Aucun enfant ne doit être privé de liberté de façon illégale ou arbitraire », poursuit le Conseil, en demandant à toutes les parties à un conflit de mettre fin à ce genre de détention.

Le Conseil demande « instamment » aux États d’intégrer la protection de l’enfance dans la réforme du secteur de la sécurité, cette question devant trouver sa place dans les négociations et accords de cessez-le-feu.  De son côté, le Conseil inclura la protection des enfants dans les mandats des opérations de paix de l’ONU, tout en encourageant, en leur sein, le déploiement de conseillers à la protection de l’enfance.  Ces opérations devront appliquer la politique de tolérance zéro du Secrétaire général à l’égard des violences sexuelles.

Malgré le « niveau alarmant » des violations, le Secrétaire général a tenu, dans son intervention, à insister sur les progrès accomplis, en évoquant les mesures protectrices mises en place par les forces de sécurité de cinq États et quatre groupes armés en 2016.  « Ces mesures vont de la libération d’enfants emprisonnés en Somalie à des actions substantielles affectant des opérations complexes telles que celles prises par la coalition dirigée par l’Arabie saoudite pour rétablir la légitimité au Yémen. » 

M. Guterres a évoqué le sort des milliers d’enfants libérés des forces armées et groupes armés dont la moitié seulement, pour ce qui est de l’année 2016, ont été réintégrés avec succès au sein de leurs famille et communauté.  Le Secrétaire général a donc demandé des ressources supplémentaires pour les programmes éducatifs, de formation, de conseil et pour aider à la réunification des familles.  « Si nous abandonnons les prochaines générations à leurs traumatismes et ressentiment, alors nous trahissons ceux que nous servons et nous nous trahissons nous-mêmes. »

Même son de cloche du côté de M. Shaikh, devenu membre de l’Initiative Enfants soldats de la Fondation Roméo Dallaire depuis son abandon de « l’idéologie empoisonnée » des Taliban.  « Nous devons répondre de manière préventive au défi que posent l’endoctrinement et l’enrôlement des enfants, en s’appuyant sur la coordination entre gouvernements, l’ONU et la société civile, sur la base des atouts et des responsabilités de chacun. »

« Les réponses aux extrémistes violents doivent être conformes au droit international », a affirmé, de son côté, la Représentante spéciale.  Mme Gamba de Potgieter a également rappelé que la réintégration des enfants était beaucoup plus efficace que la détention massive pour la sécurité à long terme, avant d’appeler les États Membres à soutenir les programmes de réinsertion opérés par le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF). 

Les délégations ont été nombreuses à saluer la nouvelle approche du Secrétaire général dans l’élaboration du rapport, qui a permis, selon M. Guterres, un « engagement accru » avec les parties aux conflits.  « Ce rapport n’est pas un acte d’accusation mais un instrument utile aux mains de la communauté internationale », a noté le délégué de l’Égypte, qui s’est tout de même étonné de l’absence d’Israël de la liste annexée des parties commettant des violations graves contre les enfants.  Le représentant égyptien a souhaité que les violations soient traitées de façon égale, tandis que son homologue russe a plaidé pour inclure des informations fiables et éviter toute politisation.  Mais la charge la plus violente est venue de l’Arabie saoudite, dont la coalition qu’elle dirige au Yémen est citée en annexe dudit rapport. 

« L’Arabie saoudite rejette catégoriquement les informations issues du rapport des Nations Unies sur les enfants victimes de la coalition au Yémen », a déclaré le représentant saoudien, en exhibant des images d’enfants impliqués dans les combats aux côtés des houthistes et en précisant que les données utilisées venaient d’organisations installées en zone contrôlée par des rebelles.  « Ce rapport a donc des lacunes », a-t-il tranché, appuyé notamment par l’Égypte et le Maroc.  Enfin, le délégué du Bangladesh a exhorté le Conseil à agir afin de favoriser le retour des enfants rohingya, réfugiés dans son pays, au Myanmar.

LE SORT DES ENFANTS EN TEMPS DE CONFLIT ARMÉ

Rapport du Secrétaire général sur le sort des enfants en temps de conflit armé (S/2017/821)

Lettre datée du 20 octobre 2017, adressée au Secrétaire général par la Chargée d’affaires par intérim de la Mission permanente de la France auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2017/892)

Déclaration du Président du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité salue l’engagement renforcé du Secrétaire général avec les parties mentionnées dans le seizième rapport (S/2017/821) de celui‑ci sur le sort des enfants en temps de conflit armé.

Le Conseil prend note du seizième rapport du Secrétaire général (S/2017/821) sur le sort des enfants en temps de conflit armé et des recommandations qui y sont formulées, salue les progrès qui y sont décrits et reste déterminé à affronter les difficultés restantes dans la mise en œuvre de ses résolutions et des déclarations de son président sur le sort des enfants en temps de conflit armé.

Le Conseil réaffirme qu’il a la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales en vertu de la Charte des Nations Unies et, à cet égard, qu’il est résolu à s’attaquer à la question des répercussions considérables des conflits armés sur les enfants.

Le Conseil reste convaincu que la protection des enfants en temps de conflit armé doit être un aspect important de toute stratégie globale de règlement des conflits et de maintien de la paix et souligne qu’il importe d’adopter une vaste stratégie de prévention des conflits, qui traite les causes profondes des conflits armés dans leur globalité de façon à améliorer la protection des enfants à long terme.

Le Conseil constate que ses résolutions, leur application et les déclarations de son président sur le sort des enfants en temps de conflit armé, ainsi que les conclusions de son Groupe de travail sur le sort des enfants en temps de conflit armé, ont permis de réaliser des progrès en matière de prévention des violations et sévices commis sur la personne d’enfants et d’adoption de mesures pour y faire face, en particulier la démobilisation, la réadaptation et la réintégration de milliers d’enfants, la conclusion de plans d’action par les parties à des conflits armés et la radiation de parties à des conflits des listes figurant dans les annexes au rapport annuel du Secrétaire général.

Le Conseil réaffirme à nouveau qu’il condamne fermement toutes violations du droit international applicable concernant le recrutement et l’emploi d’enfants par des parties à un conflit armé ainsi que leur re-recrutement, le meurtre et les mutilations d’enfants, les viols et autres formes de violence sexuelle dont ils sont victimes, les enlèvements, les attaques contre écoles ou hôpitaux et le refus d’un accès humanitaire par les parties à un conflit armé ainsi que toutes autres violations du droit international, y compris le droit international humanitaire, des droits de l’homme et des réfugiés, commises sur la personne d’enfants en temps de conflit armé, et exige de toutes les parties concernées qu’elles mettent immédiatement fin à de telles pratiques et prennent des mesures spéciales pour protéger les enfants.

Le Conseil demeure toutefois profondément préoccupé par l’absence de progrès sur le terrain dans certaines situations préoccupantes où les belligérants continuent de violer impunément les dispositions du droit international relatives aux droits et à la protection des enfants en temps de conflit armé.

Le Conseil se déclare vivement préoccupé par l’ampleur et la gravité des violations et sévices commis sur la personne d’enfants en 2016, dont il est fait état dans le rapport du Secrétaire général (S/2017/821) sur le sort des enfants en temps de conflit armé, notamment le niveau alarmant des meurtres et mutilations d’enfants, le recrutement et l’emploi d’enfants, y compris l’emploi d’enfants comme boucliers humains et l’emploi croissant d’enfants comme enfants-bombes, et, dans certaines situations, le refus d’un accès humanitaire aux enfants.

Le Conseil se déclare profondément préoccupé par le grand nombre d’enfants tués ou mutilés, notamment, ainsi qu’il ressort du rapport, victimes directes ou indirectes des hostilités entre les parties à un conflit armé et d’attaques aveugles, y compris de frappes aériennes, menées contre la population civile, et appelle toutes les parties à respecter les obligations que leur impose le droit international humanitaire, en particulier les principes de discrimination et de proportionnalité.

Le Conseil demande instamment aux parties à un conflit de prendre toutes les précautions possibles pour protéger la population civile et les biens de caractère civil sous leur contrôle des effets des attaques conformément aux obligations que leur impose le droit international humanitaire.

Le Conseil demande à toutes les parties à un conflit armé de permettre et de faciliter l’accès rapide, sans entrave et en toute sécurité de l’aide humanitaire aux enfants, de respecter le caractère exclusivement humanitaire et impartial de l’aide humanitaire et de respecter les activités de tous les organismes humanitaires des Nations Unies et de leurs partenaires humanitaires, sans distinction.

Le Conseil rappelle l’importance de veiller à ce que les enfants continuent d’avoir accès à des services de base en période et au lendemain de conflits, notamment à l’éducation et aux soins de santé.

Le Conseil se déclare à nouveau profondément préoccupé par les attaques et menaces d’attaque contrevenant au droit international applicable et visant des écoles et/ou des hôpitaux, et les personnes protégées qui leur sont liées, ainsi que par la fermeture d’écoles et d’hôpitaux en temps de conflit armé du fait d’attaques et de menaces d’attaque, et demande instamment à toutes les parties à des conflits armés de s’abstenir de toute action qui entraverait l’accès des enfants à l’éducation et aux services de santé.

Le Conseil se déclare profondément préoccupé par l’utilisation d’écoles à des fins militaires en violation du droit international applicable et reconnaît qu’une telle utilisation peut en faire des objectifs légitimes d’attaque, mettant ainsi en danger la sécurité des enfants et des enseignants et empêchant les enfants d’avoir accès à l’éducation et, à cet égard :

a)    Exhorte toutes les parties à tout conflit armé à respecter le caractère civil des écoles, conformément au droit international humanitaire;

b)    Encourage les États Membres à envisager de prendre des mesures concrètes pour dissuader les forces armées et les groupes armés non étatiques d’utiliser les écoles en violation du droit international applicable;

c)    Exhorte les États Membres à veiller à ce que toutes attaques menées contre des écoles en violation du droit international humanitaire fassent l’objet d’enquêtes et que les responsables soient poursuivis comme il convient;

d)    Demande aux équipes spéciales de pays des Nations Unies de suivre de plus près l’utilisation d’écoles à des fins militaires et de développer la communication d’information à ce sujet.

Le Conseil souligne que c’est aux gouvernements qu’il incombe au premier chef d’offrir secours et protection à tous les enfants touchés par les conflits armés, et réaffirme que toutes les mesures prises par des entités des Nations Unies dans le cadre du mécanisme de surveillance et de communication de l’information doivent viser à soutenir et, s’il y a lieu, accompagner l’État dans sa mission de protection et de réadaptation.

Le Conseil est conscient que les dirigeants locaux et les réseaux de la société civile peuvent jouer un rôle important pour ce qui est de renforcer la protection à l’échelle locale et la réadaptation, y compris la non-stigmatisation, des enfants touchés par les conflits armés.

Le Conseil note que l’évocation de telle ou telle situation par le Secrétaire général dans son rapport sur le sort des enfants en temps de conflit armé n’a pas valeur de constatation juridique, dans le cadre des Conventions de Genève et des Protocoles additionnels auxdites conventions, et que la mention de telle ou telle partie non étatique est sans effet sur son statut juridique.

Le Conseil insiste sur le fait qu’il incombe à tous les États de mettre fin à l’impunité, d’enquêter sur les cas de génocide, de crimes contre l’humanité, de crimes de guerre et d’autres crimes odieux, notamment lorsqu’ils sont perpétrés sur la personne d’enfants, et d’en poursuivre les auteurs, et prend note à cet égard de la contribution du système de justice pénale internationale, des tribunaux spéciaux et mixtes et des chambres spécialisées des tribunaux nationaux.

Le Conseil rappelle que toutes les parties à des conflits armés sont tenues de respecter strictement les obligations mises à leur charge par le droit international aux fins de la protection des enfants en temps de conflit armé, notamment celles résultant des Conventions de Genève du 12 août 1949 et des Protocoles additionnels auxdites conventions de 1977 ainsi que de la Convention relative aux droits de l’enfant et de son Protocole facultatif concernant la participation d’enfants à des conflits armés, et salue les engagements qu’ont pris plusieurs États pour ce qui est de protéger les enfants touchés par un conflit armé, notamment en ratifiant le Protocole facultatif de la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant la participation d’enfants à des conflits armés.

Le Conseil prend note des initiatives internationales et régionales en cours concernant le sort des enfants en temps de conflit armé, notamment de la conférence internationale de Paris en 2007 et de la conférence de suivi qui s’est tenue à Paris en 2017.

Le Conseil reste gravement préoccupé par les atteintes aux droits de l’homme et autres violations du droit international perpétrées par tous groupes armés non étatiques, notamment ceux qui commettent des actes de terrorisme, y compris les enlèvements collectifs, le viol et d’autres formes de violence sexuelle telles que l’esclavage sexuel, visant en particulier les filles, ce qui peut entraîner des déplacements de population et avoir une incidence sur l’accès à l’éducation et aux services de santé, et souligne qu’il importe que les auteurs de ces atteintes et violations répondent de leurs actes.

Le Conseil souligne la nécessité d’intensifier les efforts faits pour prévenir le recrutement et l’emploi d’enfants par des groupes armés non étatiques, notamment ceux qui commettent des actes de terrorisme, et demande aux États Membres d’échanger des informations sur les bonnes pratiques à cet effet.

Le Conseil reste gravement préoccupé par les répercussions néfastes du transfert illicite, de l’accumulation déstabilisante et du détournement d’armes légères et de petit calibre sur les enfants en temps de conflit armé, en particulier en raison du recrutement et de l’emploi d’enfants par les parties aux conflits armés ainsi que de leur re-recrutement, des meurtres et mutilations d’enfants, des viols et autres formes de violence sexuelle dont ils sont victimes, des enlèvements et des attaques contre écoles ou hôpitaux en violation du droit international.

Le Conseil insiste sur le fait qu’il faut tenir compte de l’intérêt supérieur de l’enfant, ainsi que des vulnérabilités et des besoins particuliers des enfants, lors de la planification et de la mise en œuvre des mesures en faveur des enfants dans les situations de conflit armé.

Le Conseil souligne la nécessité de prêter une attention particulière au traitement des enfants qui seraient associés à tous groupes armés non étatiques, notamment ceux qui commettent des actes de terrorisme, y compris par la mise en place de procédures opérationnelles permanentes sur le transfert d’enfants à des acteurs civils de la protection de l’enfance.

Le Conseil souligne qu’aucun enfant ne doit être privé de liberté de façon illégale ou arbitraire et demande à toutes les parties à un conflit de mettre fin aux détentions illégales ou arbitraires ainsi qu’aux actes de torture ou autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants infligés aux enfants pendant leur détention, se dit gravement préoccupé par l’emploi d’enfants détenus à des fins de collecte d’information, et souligne que les enfants qui ont été recrutés en violation du droit international applicable par des forces armées et des groupes armés et sont accusés d’avoir commis des crimes en temps de conflit armé doivent être considérés en premier lieu comme des victimes de violations du droit international, et demande instamment aux États Membres de se conformer aux obligations que leur impose la Convention relative aux droits de l’enfant et préconise l’accès des acteurs civils de la protection de l’enfance aux enfants privés de liberté du fait de leur association à des forces armées et des groupes armés.

Le Conseil invite les États Membres à envisager, comme mesures de substitution aux poursuites et à la détention, des mesures non judiciaires qui mettent l’accent sur la réadaptation et la réinsertion des enfants précédemment associés à des forces armées et des groupes armés, en ayant à l’esprit que la privation de liberté ne devrait être imposée à un enfant qu’en dernier ressort et pour une durée aussi brève que possible, et à éviter dans la mesure du possible la détention provisoire des enfants, et demande aux États Membres de suivre une procédure régulière pour tous les enfants détenus du fait de leur association avec des forces armées et des groupes armés.

Le Conseil est conscient qu’il importe d’offrir en temps voulu aux enfants touchés par les conflits armés une assistance appropriée à la réinsertion et à la réadaptation, tout en veillant à ce que les besoins particuliers des filles et des enfants handicapés soient pris en compte, notamment en ce qui concerne l’accès aux soins de santé et le soutien psychosocial, ainsi que des programmes éducatifs qui contribuent au bien-être des enfants et à une paix et une sécurité durables.

Le Conseil demande instamment aux États Membres concernés d’intégrer la protection de l’enfance dans la réforme du secteur de la sécurité, notamment dans la formation militaire et les procédures opérationnelles permanentes, y compris en ce qui concerne le transfert d’enfants à des acteurs civils de la protection de l’enfance, la mise en place de services de protection de l’enfance dans les forces nationales de sécurité et le renforcement de mécanismes efficaces de détermination de l’âge afin de prévenir le recrutement de mineurs, et souligne à cet égard qu’il importe d’assurer l’enregistrement universel des naissances, y compris lorsqu’il est tardif, ce qui devrait demeurer une exception.

Le Conseil rappelle qu’il importe d’appeler l’attention des forces armées et des groupes armés sur la question de la protection des enfants lors de négociations de paix et dans les processus de paix et engage les États Membres, les entités des Nations Unies, la Commission de consolidation de la paix et les autres parties concernées à veiller à faire une place, dans toutes négociations, tous accords de cessez-le-feu et de paix et toutes mesures de surveillance d’un cessez-le-feu, à des dispositions de protection des enfants, envisageant notamment la libération et la réintégration d’enfants précédemment associés à des forces armées ou groupes armés.

Le Conseil demande à nouveau aux États Membres, aux entités des Nations Unies, y compris à la Commission de consolidation de la paix et à d’autres parties concernées, de faire en sorte que les plans, programmes et stratégies de redressement et de reconstruction au lendemain de conflits accordent la priorité aux questions concernant les enfants touchés par des conflits armés.

Le Conseil salue le rôle que jouent les opérations de maintien de la paix et les missions politiques des Nations Unies dans le domaine de la protection des enfants, en particulier le rôle crucial que jouent les conseillers à la protection de l’enfance en faisant en sorte que la protection des enfants soit systématiquement prise en compte et en conduisant l’action de surveillance, de prévention et de communication de l’information dans les missions, et, à cet égard, réaffirme sa décision de continuer à inclure des dispositions précises concernant la protection des enfants dans les mandats de toutes les opérations de maintien de la paix et les missions politiques des Nations Unies, encourage le déploiement de conseillers à la protection de l’enfance auprès de ces missions, et demande au Secrétaire général de veiller à ce que le besoin de ces conseillers ainsi que leur nombre et leur rôle soient systématiquement évalués lors de la préparation et du renouvellement de chaque opération de maintien de la paix et de chaque mission politique des Nations Unies, et à ce que ces conseillers soient recrutés rapidement, déployés en temps voulu et dotés de ressources suffisantes là où ils sont nommés, et encourage le Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies, notamment le Département des opérations de maintien de la paix et le Département des affaires politiques, à rendre compte de la protection de l’enfance lors de ses exposés devant le Conseil au sujet de la situation dans tel ou tel pays.

Le Conseil demande aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies de continuer à appliquer la politique de tolérance zéro du Secrétaire général à l’égard de l’exploitation et de la violence sexuelles et de s’assurer que leur personnel respecte strictement le code de conduite de l’Organisation des Nations Unies, prie de nouveau le Secrétaire général de continuer de prendre toutes mesures nécessaires à cet égard et de l’en tenir informé, et exhorte les pays qui fournissent des contingents et du personnel de police à continuer de prendre les mesures préventives qui s’imposent, telles qu’une formation à la protection de l’enfance obligatoire avant le déploiement, portant notamment sur l’exploitation et les sévices sexuels, et de veiller à ce que les personnels mis en cause répondent pleinement de leurs actes.

Le Conseil se félicite du renforcement continu du mécanisme de surveillance et de communication de l’information en application de ses résolutions 1612 (2005), 1882 (2009), 1998 (2011), 2143 (2014) et 2225 (2015) et salue le rôle joué par l’UNICEF et les autres entités des Nations Unies sur le terrain dans la collecte de données sur les violations et sévices visant les enfants, dans l’élaboration et la mise en œuvre des plans d’action et dans la suite donnée aux conclusions de son Groupe de travail sur le sort des enfants en temps de conflit armé. À cet égard, il encourage le Secrétaire général à veiller à mettre des spécialistes de la protection des enfants à la disposition du bureau du Coordonnateur résident dans les situations énumérées dans les annexes aux rapports annuels du Secrétaire général sur le sort des enfants en temps de conflit armé.

Le Conseil prie à nouveau le Secrétaire général de faire en sorte que dans tous ses rapports sur la situation spécifique d’un pays la question du sort des enfants en temps de conflit armé soit présentée en tant qu’aspect précis du rapport concerné, et entend prêter toute l’attention voulue à la question des enfants en temps de conflit armé, notamment en ce qui concerne l’application de ses résolutions pertinentes et des recommandations de son Groupe de travail sur le sort des enfants en temps de conflit armé, lorsqu’il examine celles de ces situations dont il est saisi, ainsi qu’une attention particulière aux questions touchant la protection de l’enfance, s’il y a lieu, lorsqu’il se rend sur le terrain.

Le Conseil reconnaît la précieuse contribution des organisations et accords régionaux et sous-régionaux à la protection des enfants touchés par les conflits armés. À cet égard, il les encourage à continuer de faire une place à la protection de l’enfance dans leurs activités de sensibilisation, politiques, programmes et activités de planification des missions, ainsi qu’à former leur personnel, à affecter à leurs opérations de paix et à leurs opérations sur le terrain des spécialistes de la protection de l’enfance, et à instituer des mécanismes de protection de l’enfance dans leurs secrétariats, notamment en désignant des coordonnateurs chargés de ces questions.

Le Conseil souligne l’importance du rôle que joue la Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé dans l’exécution du mandat qui lui a été confié de protéger les enfants en période de conflit armé, conformément à ses résolutions pertinentes, ainsi que celle des visites qu’elle effectue dans les pays pour faciliter une meilleure coordination entre les partenaires des Nations Unies sur le terrain, encourager la collaboration entre l’Organisation des Nations Unies et les gouvernements concernés, approfondir le dialogue avec les gouvernements concernés et les parties aux conflits armés, notamment en négociant des plans d’action, en obtenant des engagements, en encourageant l’adoption de dispositifs d’intervention appropriés et en veillant à ce qu’il soit prêté attention et donné suite aux conclusions et recommandations de son Groupe de travail sur le sort des enfants en temps de conflit armé.

Le Conseil encourage la Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé, avec le concours des acteurs civils de la protection de l’enfance compétents, à tirer des enseignements de l’expérience en vue de répertorier toutes les meilleures pratiques concernant le mandat relatif au sort des enfants en temps de conflit armé, notamment des directives pratiques sur l’intégration des questions touchant la protection de l’enfance dans les processus de paix.

Le Conseil souligne qu’il importe d’examiner régulièrement et en temps voulu les violations et les sévices commis sur la personne d’enfants en temps de conflit armé, se félicite à cet égard de la poursuite de l’activité de son Groupe de travail sur le sort des enfants en temps de conflit armé et invite le Groupe de travail à mettre pleinement à profit les outils dont il dispose dans le cadre de son mandat pour promouvoir la protection des enfants touchés par les conflits armés, notamment en intensifiant les échanges avec les États Membres concernés, à la lumière des débats en cours sur le renforcement du respect des dispositions.

Le Conseil exhorte toutes les parties concernées, y compris les États Membres, les entités des Nations Unies et les institutions financières, à appuyer, selon qu’il conviendra, et en respectant l’appropriation nationale, le développement et le renforcement des capacités des institutions nationales et des réseaux locaux de la société civile en matière de plaidoyer, de protection et de réadaptation des enfants touchés par les conflits armés, notamment les organisations de jeunes, ainsi que de mécanismes nationaux d’établissement des responsabilités, en leur fournissant en temps voulu et de manière soutenue des ressources et des fonds suffisants.

Le Conseil reste déterminé à assurer le respect et l’application de ses résolutions et des déclarations de son président sur le sort des enfants en temps de conflit armé, ainsi que le respect des autres obligations et engagements internationaux visant la protection des enfants touchés par des conflits armés.

Déclarations

« Le rapport dont vous êtes saisis aujourd’hui indique qu’en 2016, les enfants ont continué d’être affectés par les décisions et les actions des dirigeants politiques et militaires, et ce, de différentes manières », a déclaré M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU.  Il a souligné les souffrances inacceptables endurées par les enfants dans le monde en raison des conflits.  « C’est une source de honte mondiale », a-t-il confié.

Il a mentionné le niveau alarmant des violations recensées par son rapport.  « Nous voyons des enfants stigmatisés pour avoir été recrutés et utilisés par des groupes armés.  Nous voyons des enfants tenus pénalement responsables d’actes qu’ils ont été forcés à commettre.  Et nous voyons des parties à un conflit entraver souvent l’acheminement d’une aide vitale pour les enfants. »

M. Guterres a indiqué qu’en 2016, c’est en Afghanistan que le plus grand nombre d’enfants victimes a été recensé par l’ONU.  On a également observé le doublement de cas avérés de recrutement et d’utilisation d’enfants en Syrie et en Somalie ainsi qu’une violence sexuelle largement répandue contre les enfants en République démocratique du Congo (RDC), au Nigéria et au Soudan du Sud, a-t-il poursuivi.  « Des dizaines de millions d’enfants dans le monde ont été chassés de leur foyer par les combats, voyant leurs familles déchirées, leur enfance révolue et leur avenir menacé. »

Malgré ce tableau des plus sombres, le Secrétaire général a tenu à insister sur les progrès accomplis.  « Des changements apportés dans l’élaboration du rapport ont permis un engagement accru avec les parties aux conflits en vue d’encourager la mise en œuvre de mesures destinées à mieux protéger les enfants. »  M. Guterres a évoqué les mesures protectrices mises en place par les forces de sécurité de cinq États et quatre groupes armés en 2016.  « Ces mesures vont de la libération d’enfants emprisonnés en Somalie à des actions substantielles affectant des opérations complexes telles que celles prises par la coalition dirigée par l’Arabie saoudite pour rétablir la légitimité au Yémen. »

Le Secrétaire général a indiqué que l’ampleur et l’intensité des crises exigeaient un redoublement des efforts et l’adoption d’approches innovantes.  Notant la nature transfrontalière croissante des conflits, année après année, le Secrétaire général a plaidé pour un renforcement de l’engagement avec les acteurs régionaux et sous-régionaux.  « Nous devons encourager des engagements juridiques et politiques supplémentaires afin de protéger les enfants, ainsi qu’appuyer les mesures développées par ma Représentante spéciale », a-t-il dit, en demandant aux États Membres de fournir des ressources pour appuyer ces initiatives.

« En 2016, des milliers d’enfants ont été libérés des mains des forces armées et groupes armés, pourtant seulement la moitié d’entre eux ont été réintégrés avec succès au sein de leurs famille et communauté », a poursuivi le Secrétaire général avant de souligner la nécessité de fournir des ressources et capacités aux programmes éducatifs, de formation, de conseil et pour aider à la réunification des familles.  « Le cadre juridique pour protéger les enfants en temps de conflit armé est d’ores et déjà en place », a-t-il poursuivi, en appelant toutes les parties à le respecter.  M. Guterres a également demandé que les auteurs de crimes odieux et de violations des droits de l’homme et du droit humanitaire soient jugés.  « Si nous abandonnons les prochaines générations à leurs traumatismes et ressentiment, alors nous trahissons ceux que nous servons et nous nous trahissons nous-mêmes. »

En conclusion, le Secrétaire général a exhorté les parties à un conflit à travailler avec l’ONU, sur le terrain et à New York, pour assurer la protection de la population la plus vulnérable et de la plus précieuse ressource des pays: « vos enfants ».  « Et j’exhorte ce Conseil à appuyer ce travail alors que nous nous efforçons de promouvoir paix, stabilité et développement durables. »

Mme VIRGINIA GAMBA DE POTGIETER, Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé, s’adressant pour la première fois au Conseil de sécurité, après avoir pris ses fonctions en mai dernier, a fait écho aux préoccupations exprimées par le Secrétaire général dans son rapport.  En 2016, a-t-elle souligné, l’UNICEF a relevé plus de 20 000 violations commises contre des enfants dans le contexte considéré, tandis que les enfants ont été utilisés pour alimenter la guerre.

Ils n’ont pas été mieux lotis en 2017, a-t-elle ajouté en relevant, par exemple, que le nombre d’enfants recrutés au Soudan du Sud et en Somalie était resté à des niveaux saisissants.  De même, le nombre d’attaques perpétrées contre des écoles et des hôpitaux en République démocratique du Congo (RDC) a été anormalement élevé.  Les conflits continuent en outre en Afghanistan, en Syrie et au Yémen, en faisant trop de victimes parmi les enfants, a poursuivi Mme Gamba de Potgieter.  Ces derniers mois, des groupes armés et des gouvernements ont continué de retarder et de refuser une aide vitale à des enfants.  La violence sexuelle contre des garçons et des filles est également répandue dans de nombreux pays en situation de conflit, a-t-elle ajouté.

« Ce que nous avons infligé aux enfants dans les zones de guerre ces dernières années est une honte », a déclaré la Représentante spéciale en lançant un appel à l’action.  À cet égard, les engagements récents pris par les États Membres pour protéger davantage les enfants sont une source d’espoir.  Elle a cité à ce propos les Principes directeurs relatifs aux enfants associés aux forces armées ou aux groupes armés (Principes de Paris), les protocoles facultatifs à la Convention relative aux droits de l’enfant ou encore la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.

Quand la volonté politique existe, des résultats concrets peuvent être obtenus, a assuré Mme Gamba de Potgieter avant de citer ceux relevés par le rapport en ce qui concerne le Nigéria, les Philippines, la Colombie et même la RDC.  Pour le cas du Yémen, elle a expliqué que la coalition constituée pour rétablir la légitimité au Yémen avait mis en place des mesures pour protéger les enfants.

D’après elle, le Conseil de sécurité a un rôle vital à jouer pour encourager les meilleures pratiques.  « Vous pouvez utiliser les outils à votre disposition pour faire en sorte que le plus de parties possible soient ouvertes au dialogue avec les acteurs des Nations Unies pour la protection de l’enfance afin de réduire et de mettre fin aux violations », a-t-elle enjoint.

Les extrémistes violents représentent un défi majeur, a reconnu la Représentante spéciale.  « Nous devons nous assurer que toutes les réponses soient conformes au droit international humanitaire, aux droits de l’homme et au droit des réfugiés », a-t-elle toutefois mis en garde.  Les principes de précaution et la proportionnalité « doivent être placés au cœur des efforts militaires », a-t-elle ajouté.

Selon Mme Gamba de Potgieter, la séparation, la démobilisation et la réintégration des enfants sont beaucoup plus efficaces que la détention massive si l’on veut instaurer la sécurité à long terme.  Elle a saisi cette occasion pour appeler les États Membres à soutenir les programmes de réinsertion opérés par l’UNICEF, en collaboration avec d’autres acteurs.

Elle a également encouragé le Conseil de sécurité à se concentrer sur « l’effet préjudiciable sur les enfants du filtrage à grande échelle des civils dans les conflits armés ».  Certains enfants sont détenus sur la base de leur association avec un groupe armé, tandis d’autres sont privés pour longtemps de leur liberté du fait de l’endroit où ils habitent.  Certes, les États Membres doivent assurer la sécurité de leurs citoyens, « mais il ne faut pas persécuter davantage les enfants », a-t-elle insisté. 

La Représentante spéciale a recommandé, en premier lieu, de ne pas laisser prévaloir l’impunité.  Puis, « nous devons renforcer notre appui aux systèmes judiciaires en allouant suffisamment de ressources à l’instruction et à la poursuite des crimes contre les enfants ».  Ensuite, a-t-elle continué, nous devons améliorer les partenariats, notamment avec les organisations régionales et sous-régionales.  Mme Gamba de Potgieter a également prié le Conseil de sécurité de continuer à demander le déploiement d’équipes de protection de l’enfance dans les opérations de paix de l’ONU.  Lorsque la paix en est à son stade initial, des dispositions relatives aux enfants doivent être incluses dans les accords de cessez-le-feu et de paix, a-t-elle aussi suggéré.

M. MUBIN SHAIKH, représentant de la société civile, a indiqué qu’à l’adolescence, il avait traversé une période de six ans pendant laquelle il avait été radicalisé par les Taliban à la suite d’une « crise identitaire » et à cause d’une « idéologie empoisonnée » que lui avaient instillée d’autres jeunes.  Au lendemain des attaques du 11 septembre 2001, il s’en est détourné et a commencé à étudier l’islam de manière adéquate, avant de rejoindre les services de renseignement canadiens, pour lesquels il a alors commencé à effectuer des missions sous couverture au nom de la lutte contre Daech et ses affidés.  « Dans le cadre de la formation que je dispense aux services de police et de renseignement, j’utilise souvent une vidéo qui me hante à chaque fois que je la montre: un enfant de 3 ans et ses parents qui le forcent à se saisir d’un couteau avant qu’il ne décapite son ourson en peluche », a déclaré M. Shaikh.  « Qu’adviendra-t-il de cet enfant lorsqu’il aura 10 ans?  15 ans?  Vivra-t-il seulement jusqu’à l’âge de 20 ans?  N’attendons pas que l’enfant commette une attaque-suicide pour agir », a-t-il tranché.

Partout dans le monde, des groupes armés non étatiques, dont des extrémistes violents, enrôlent des enfants dans leurs rangs « de manière intentionnelle et systématique », a dénoncé le représentant.  Les raisons à cela?  Elles sont d’ordre « tactique et stratégique », dans la mesure où les enfants peuvent être plus facilement endoctrinés et éveillent moins les soupçons des services de sécurité adverses: ils peuvent être utilisés comme espions, messagers et kamikazes, a-t-il expliqué.  Dans ce contexte, M. Shaikh a porté à l’attention des membres du Conseil l’existence des Principes de Vancouver sur le maintien de la paix et la prévention du recrutement et de l’utilisation des enfants soldats, un document en cours d’élaboration par le Gouvernement canadien.  « Nous devons en outre répondre de manière préventive au défi que posent l’endoctrinement et l’enrôlement des enfants par des groupes armés, en s’appuyant sur la coordination entre gouvernements, l’ONU et la société civile, sur la base des atouts et des responsabilités de chacun », a préconisé l’intervenant.  À cet égard, il a remarqué que les forces de sécurité ont un rôle primordial à jouer, sous peine d’aggraver la situation: elles doivent s’efforcer de cultiver avec les communautés ciblées des relations fondées sur la confiance mutuelle, et donc recevoir la formation préalable pour y parvenir.

« Nous devons avancer vers notre objectif: un monde sans enfants victimes des conflits », a déclaré M. JEAN-YVES LE DRIAN, Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France.  « Nous avons une responsabilité collective pour faire en sorte que les enfants se trouvent où ils doivent être, sur les bancs des écoles et entourés de l’affection de leur famille, et non sur des champs de bataille.  C’est une obligation morale universelle », a-t-il affirmé. 

Les efforts de la communauté internationale ont permis de réelles avancées, a reconnu le Ministre en soulignant que plus de 110 000 enfants soldats avaient été libérés depuis 2000, dont près de 60 000 entre 2007 et 2015.  Il a souligné l’engagement « historique » de la France à cet égard, Paris ayant accueilli il y a 10 ans la Conférence « Protégeons les enfants de la guerre », lors de laquelle furent adoptés les Principes et Engagements de Paris.

Mais en dépit des progrès, beaucoup reste encore à faire, a continué M. Le Drian en soulignant les 230 millions d’enfants qui vivent dans des pays ou des zones affectés par des conflits armés.  « On leur vole ce qui doit être le propre de l’enfance: le jeu, l’instruction, l’imagination, pour les plonger dans la violence. »  Les enfants, s’est-il alarmé, subissent de plein fouet les conflits asymétriques qui caractérisent notre époque.  Comme le rappelle la situation en Syrie, en Afghanistan, en Iraq, en Somalie et au Yémen, les groupes armés non étatiques, en particulier les groupes terroristes, sont de loin majoritairement responsables de ces violations. 

Le Ministre a constaté que les méthodes de recrutement se sont diversifiées.  À l’embrigadement forcé s’ajoutent la radicalisation et le recrutement sur Internet.  L’utilisation, ou plutôt l’exploitation des enfants, a aussi évolué: ils sont désormais utilisés comme bombes humaines ou comme boucliers humains.  Les filles, plus particulièrement, subissent des violences sexuelles, elles sont réduites en esclavage ou vendues par des réseaux de traite, elles sont mariées de force et doivent subir des grossesses forcées.  « Nous gardons tous en mémoire le sort des enfants yézidis d’Iraq, ou des filles de Chibok au Nigéria », a-t-il illustré.

Mais l’indignation et la condamnation ne suffisent pas.  Les mots doivent conduire aux actes, a déclaré M. Le Drian.  « Ce Conseil a un rôle clef à jouer en ce sens. »  Il a détaillé les quatre dimensions qui doivent composer cette action collective: l’information et l’analyse; la prévention; le renforcement de l’action sur le terrain; la lutte contre l’impunité et les efforts de réintégration des enfants. 

Le Ministre a donc soutenu la démarche de la Représentante spéciale du Secrétaire général qui a choisi de faire un bilan des bonnes pratiques.  En matière de prévention, il a expliqué qu’il ne s’agit pas de créer une nouvelle catégorie juridique ou de modifier le mandat donné par le Conseil, mais de bâtir ensemble des plans concrets, dont la lutte contre la radicalisation sur Internet, l’endoctrinement ou l’enrôlement forcé sur le terrain fait partie.  L’éducation étant aussi un enjeu majeur, la France a endossé, le 21 février dernier, la Déclaration sur la sécurité dans les écoles. 

M. Le Drian a ensuite évoqué les actions menées sur le terrain avec l’UNICEF au Nigéria ou au Yémen pour permettre la réintégration des enfants qui ont été associés à des groupes armés.  Il a jugé essentiel le déploiement des conseillers de protection de l’enfance dans les opérations de maintien de la paix.  Enfin, si la lutte contre le terrorisme est une nécessité absolue, elle ne doit pas devenir une justification pour les détentions arbitraires, comme c’est le cas sur de nombreux théâtres, comme en Syrie, a averti le Ministre français.  « Les gouvernements doivent impérativement respecter les normes internationales de justice applicables aux mineurs. »

Mme MARGOT WALLSTRÖM, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a rappelé s’être rendue la semaine dernière en Afghanistan, où un tiers des victimes civiles du conflit sont des enfants dont beaucoup sont recrutés pas des groupes armés.  Ils sont confrontés à la violence sexuelle et sont aussi sujets à la détention.  « Je peux vous assurer que dans toutes les réunions où je suis allée, on m’a dit que ce sont les enfants qui souffrent le plus du conflit », a-t-elle déclaré avant d’appeler la communauté internationale à faire tout ce qui est en son pouvoir pour donner à tous les enfants le droit à leur enfance.

La Ministre a souligné la sévérité des violations et des abus commis contre les enfants dans les conflits armés, partout dans le monde, comme décrit dans le rapport du Secrétaire général.  « Juste le fait de penser à la façon dont ils sont recrutés et utilisés, tués ou pris comme des bombes humaines, rend malade », a-t-elle confié.  Si nous ne pouvons pas ici résoudre tous les conflits, nous pouvons protéger les enfants qui souffrent, a-t-elle déclaré.  Le programme pour les enfants dans les conflits armés est fait pour cela. 

Le Conseil de sécurité a entendu les témoignages choquants d’enfants victimes de groupes non étatiques armés, comme celle de Mubin.  Nous devons améliorer notre travail pour empêcher les violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire, a souhaité la Ministre en appelant à cet égard tous les États Membres qui ne l’ont pas fait à ratifier les Principes de Paris et la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.  Par ailleurs, il faudrait fixer comme priorité la réintégration des enfants qui ont été associés à des groupes ou à des forces armées, a-t-elle suggéré en rappelant que ces enfants devraient être traités comme des victimes.  Enfin, nous devrions garantir leur droit à l’éducation et à étudier dans des écoles protégées, celui des fillettes en particulier, a-t-elle déclaré. 

M. SERGIY KYSLYTSYA, Ministre adjoint des affaires étrangères de l’Ukraine, a rappelé que son pays fut l’un des premiers à ratifier le protocole optionnel de la Convention relative aux droits de l’enfant, tout comme il fut l’un des premiers à faire siens les Principes et Engagements de Paris.  De même, l’Ukraine accorde du prix à la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, raison pour laquelle, en septembre dernier, le Ministre de l’éducation nationale a annoncé sa volonté d’endosser ce document.  Dans le pays, 90 garçons et 47 filles ont perdu la vie depuis « l’agression russe », et 80 enfants sont morts dans l’attentat contre le vol MH17 qui a été touché par « un missile russe », a-t-il indiqué en soulignant que des milliers d’enfants ukrainiens ont été affectés « par le conflit qu’un pays voisin a initié dans leur pays », lequel est « ironiquement » membre permanent du Conseil de sécurité. 

En Ukraine, sur les deux millions de personnes déplacées, 240 000 sont des enfants, et selon des informations issues d’organisations de la société civile, 80 enfants ont été recrutés comme soldats dans les zones non contrôlées par le Gouvernement à Donetsk et à Louhansk.  Le Ministre a en outre déploré le fait que six enfants soient détenus depuis plus d’un an par des terroristes à Yasynuvata, dans la région de Donetsk, au prétexte qu’ils auraient menés des actions de sabotage.  Il a aussi accusé des milices soutenues par la Fédération de Russie de recruter des adolescents âgés de 15 ans pour des activités militaires.  Par ailleurs, les enfants se trouvant dans des zones occupées de Donetsk et Louhansk n’ont pas droit à une éducation en langue ukrainienne, a regretté le Ministre.

M. TARIQ AHMAD, Ministre d’État pour le Commonwealth et les Nations Unies du Royaume-Uni, a noté le niveau alarmant des violations recensées par le Secrétaire général dans son rapport.  Il a considéré essentielle la mise en œuvre du plan d’action de l’ONU pour faire cesser et prévenir les violations graves commises contre les enfants.  Le Ministre a aussi souligné l’importance d’un accès à l’éducation des enfants en temps de conflit, mentionnant à cet égard l’appui fourni en ce domaine par son pays, en coopération avec l’UNICEF, notamment en Syrie.  Cette aide s’élève à 30 millions de livres sterling, a précisé M. Ahmad.

Le Ministre a ensuite dénoncé les violences sexuelles qui continuent d’être commises en République centrafricaine par des soldats de la paix.  « Cela est inacceptable », a-t-il lancé.  Il a indiqué que les enfants faisaient spontanément confiance aux soldats de la paix et que chaque violation ternissait la réputation de l’ONU.  Il ne peut y avoir d’impunité pour les soldats de la paix, a martelé le Ministre.  Il a donc appelé l’ONU à mettre en place des normes de conduite professionnelle des plus rigoureuses et à enquêter sur toutes les allégations de violations.  Enfin, M. Ahmad a tenu à mentionner les avancées accomplies pour mieux protéger les enfants, telles que l’Accord de paix en Colombie ou bien la libération de 1 850 enfants aux Philippines.  « Aujourd’hui, œuvrons pour redonner espoir aux enfants en temps de conflit armé », a-t-il dit en conclusion.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a noté avec préoccupation la poursuite des violations des droits de l’enfant commises dans de nombreux pays, où ceux-ci sont enrôlés de force et endoctrinés par des groupes armés extrémistes pour mener une guerre asymétrique sous la forme d’attaques terroristes.  Prenant note des recommandations faites par le Secrétaire général dans son rapport, il a vu la mise en œuvre des plans nationaux de prévention comme un élément indispensable de la stratégie pour prévenir le recrutement d’enfants.  Par ailleurs, le droit international humanitaire exige des parties qu’elles traitent les enfants comme des « victimes », qui doivent bénéficier à ce titre de la protection nécessaire, a-t-il rappelé.  Pour sa délégation, les enfants ne devraient faire l’objet d’une détention « qu’en dernier recours et pour la période la plus brève possible ».

M. Alemu a ensuite attiré l’attention du Conseil sur le sort des enfants déplacés et réfugiés, souvent livrés à eux-mêmes et plus vulnérables aux abus et à l’exploitation sexuels.  Il faut en faire davantage pour trouver une solution durable les concernant, laquelle passe par une meilleure coordination avec les acteurs de développement dans les pays d’accueil.  D’une manière plus générale, l’Éthiopie a suggéré de renforcer la coordination avec le Conseil de sécurité et les organisations régionales et sous-régionales, en particulier en Afrique.  Le délégué a de plus encouragé la Représentante spéciale du Secrétaire général à envisager un mécanisme de coordination avec le Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les enfants dans les conflits armés.  Pour sa part, Addis-Abeba a pris des mesures pour que les enfants soient protégés dans les théâtres de conflit où sont déployées les troupes éthiopiennes.  Une protection qui s’étend aux mineurs réfugiés dans son pays, y compris non accompagnés, a ajouté le représentant.

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a souligné l’évolution récente des conflits, marquée par un rôle accru des groupes non étatiques et une intensité croissante.  Les conséquences restent les mêmes pour les enfants, a-t-il dit, en soulignant les souffrances endurées par ces derniers en temps de conflit.  Face à cette situation, il a appelé à la mise en œuvre des instruments internationaux pertinents, en particulier les Engagements de Paris en vue de protéger les enfants contre une utilisation ou un recrutement illégaux par des groupes ou des forces armés.  M. Cardi a en outre demandé l’inclusion de dispositions sur la protection des enfants dans les mandats des opérations de paix de l’ONU.  Les postes de conseillers pour la protection des enfants doivent être dotés des ressources nécessaires, a-t-il souhaité.  Il a ensuite souligné l’importance d’une bonne formation des soldats de la paix pour les sensibiliser à la question des enfants.  Les auteurs des violations commises contre les enfants en temps de conflit doivent être jugés, a déclaré le délégué, en insistant sur le rôle essentiel de la Cour pénale internationale (CPI) pour mettre fin à l’impunité.  « En servant l’intérêt des enfants, nous servons l’intérêt de l’humanité. »

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a dénoncé l’ampleur des violations contre des enfants commises par des groupes armés extrémistes à travers le monde, comme les Taliban, Daech ou Al-Qaïda.  « La haine et la violence doivent cesser », a-t-elle déclaré, reprenant à son compte les propos de l’Ambassadrice Nikki Haley, qui est actuellement en déplacement dans plusieurs pays d’Afrique, dont le Soudan du Sud, l’Éthiopie et la République démocratique du Congo (RDC).  En RDC, a relaté Mme Sison, la Représentante permanente des États-Unis auprès de l’ONU a constaté en personne les conséquences des violences sur les enfants, victimes de dizaines de groupes armés non étatiques qui se servent d’eux pour mener des attaques, quand ils ne sont pas victimes de violences, y compris sexuelles.

« Nous devons exiger de toutes les parties qu’elles respectent leurs obligations en vertu du droit international », a prévenu la déléguée en exigeant que les parties soient tenues responsables de leurs actes.  Elle a illustré son propos en mentionnant l’exemple de la Syrie, où le régime de Bachar al-Assad aurait, selon elle, commis des attaques à l’arme chimique auxquelles ont succombé de nombreux enfants.  Mme Sison a également dénoncé les milices de tous bords au Yémen, qui continuent de recruter des enfants.  Convaincue de la nécessité de faire davantage pour répondre aux besoins des enfants victimes de violences, l’intervenante a encouragé les États Membres à se doter de plans d’action nationaux pertinents.

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a souligné l’évolution des conflits contemporains, marquée par une complexité croissante.  Tous les États doivent œuvrer pour que les auteurs de crimes graves commis contre des enfants soient jugés, a-t-il dit, en soulignant le rôle essentiel de la Cour pénale internationale (CPI) pour mettre fin à l’impunité.  Le délégué a appelé les États à cesser de livrer des armes aux parties identifiées par le Secrétaire général dans son rapport.  Il a rappelé que 43 pays n’avaient pas relevé l’âge minimal pour le recrutement dans leurs forces armées pour le porter à 18 ans.  « Comment dès lors pouvons-nous demander cela à des groupes non étatiques? »  M. Bermúdez a ensuite souligné l’importance de garantir un accès sûr à l’école en temps de conflit.  Tous les contingents uruguayens des opérations de paix de l’ONU reçoivent avant leur déploiement une formation sur la question des enfants et des violences sexuelles, a poursuivi M. Bermúdez.  La protection des enfants doit être la pierre angulaire de tout accord de paix, a-t-il aussi affirmé.  En conclusion, il a souligné la nécessité que le rapport du Secrétaire général demeure impartial et objectif. 

M. KORO BESSHO (Japon) a indiqué que le suivi et le compte rendu de la situation des enfants en temps de conflit armé était la clef pour arriver à des progrès sur la question.  Il a rappelé que 58 pays, dont le Japon, avaient adopté les Principes et Engagements de Paris afin de démontrer leur volonté collective de mettre fin au recrutement d’enfants, permettre la libération d’enfants soldats et leur réintégration dans la société.  Pour le Japon, les programmes de réintégration doivent tenir compte des besoins d’enfants qui sont vulnérables et ne peuvent prendre des décisions de leur propre chef.  Étant donné que cette question de la réintégration d’enfants soldats est difficile à gérer pour les pays concernés, le Japon suggère que la communauté internationale leur vienne en aide financièrement et en partageant avec eux les meilleures pratiques dans le domaine.  Le Japon, a dit le représentant, a fourni 2 millions de dollars pour l’assistance à la réintégration de certains des 4 000 enfants qui ont pu quitter les troupes en République centrafricaine en 2016.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a accusé Boko Haram de donner l’un des pires exemples d’atrocités commises contre les enfants, le groupe terroriste utilisant systématiquement diverses méthodes destinées à changer l’identité des enfants enlevés et à briser leurs liens avec leur famille, rendant presque impossible un retour à la vie antérieure.  M. Llorentty Solíz est également revenu sur le cas des enfants palestiniens en détention, tel que mentionné dans le rapport.  Il a fait remarquer que 14 des 15 membres du Conseil de sécurité ont signé la Convention relative aux droits de l’enfant, invitant tous les États à adhérer aux instruments internationaux importants et à respecter leur obligation de protéger les enfants dans les conflits armés. 

Le représentant a jugé fondamental et urgent de définir et de mettre en place des actions tangibles avec des plans de protection pour les filles et les garçons en situation de conflit armé, outre la mise en œuvre de programmes garantissant la réparation par une réhabilitation physique et psychologique, la non-stigmatisation et la non-répétition.  En ce sens, le cas de la Colombie doit être souligné, a-t-il estimé, se félicitant notamment des progrès réalisés et des mesures adoptées par le Gouvernement pour faire face aux violations et aux abus commis contre les enfants durant le conflit armé.

M. GORGUI CISS (Sénégal) a salué le dialogue que l’ONU a entrepris avec des groupes armés non étatiques et qui a abouti à la signature d’un nouveau plan d’action avec la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) pour faire cesser et prévenir les violations graves commises contre les enfants.  La garantie d’une protection et de secours efficaces à tous les enfants touchés par les conflits incombant au premier chef aux gouvernements, la délégation est d’avis qu’il est important que les États Membres s’investissent solidairement dans toutes les actions y contribuant et veillent scrupuleusement au respect et à l’application effective des règles et des normes internationales relatives à la protection des enfants en période de conflit armé auxquelles ils ont souscrit. 

Pour sa part, le Sénégal a mis en place la stratégie nationale de protection de l’enfant.  Sur le plan juridique, il a adhéré au protocole facultatif sur les enfants soldats.  En direction des populations déplacées et particulièrement des enfants, l’État a élaboré un programme humanitaire qui met l’accent sur les cantines scolaires, la réhabilitation de salles de classe, l’hygiène et l’assainissement, l’adduction d’eau, la prise en charge psychosociale, la sensibilisation sur les mines et un début de déminage.  En outre, l’éducation pour la paix figure de plus en plus dans le programme scolaire. 

La délégation a estimé qu’en appui aux efforts des États Membres, l’ONU, et en particulier le Conseil de sécurité, devait eux aussi renforcer leur action dans la promotion d’une culture de prévention des violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme et de lutte contre l’impunité de leurs auteurs.  Le renforcement du rôle des opérations de maintien de la paix constitue un autre levier important dont dispose le Conseil pour la prévention.  La délégation a également réitéré son plaidoyer pour une meilleure prévention basée sur des systèmes d’alerte fiables et rigoureux, sur la nécessité d’une franche coopération avec tous les acteurs concernés, notamment les organisations régionales et sous-régionales.  Elle a rappelé la contribution de l’Afrique dans la lutte contre ce phénomène, avec l’adoption, en 1996, des Principes du Cap concernant la prévention du recrutement d’enfants dans les forces armées, et la démobilisation et la réinsertion sociale des enfants soldats en Afrique, des principes qui ont inspiré la communauté internationale, notamment à travers l’adoption des Principes de Paris.  En conclusion, la délégation a insisté sur l’importance d’une approche globale, qui tienne dûment compte des dimensions politique, économique, sociale et juridique de la protection de l’enfance et qui mette l’accent sur une démarche préventive et proactive.

M. WU HAITAO (Chine) a affirmé qu’il fallait empêcher que les enfants ne soient empoisonnés par les idéologies extrémistes propagées par les groupes armés non étatiques, avant de pointer du doigt les gouvernements des États concernés qui portent la responsabilité première à cet égard.  Pour le représentant, la coordination avec d’autres acteurs peut faire une différence, notamment avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Programme alimentaire mondial (PAM).  Selon lui, l’ONU gagnerait aussi à renforcer sa coordination avec les organisations régionales et sous-régionales concernées.  L’un des objectifs vers lequel devraient tendre toutes les parties prenantes, c’est de créer un environnement propice à la réinsertion des enfants, a-t-il ajouté.

M. EVGENY T. ZAGAYNOV (Fédération de Russie) a indiqué que les attaques contre les enfants et les écoles étaient injustifiables.  Il a détaillé les succès de la lutte contre le terrorisme menée par son pays en Syrie.  Nous veillons au sort des enfants en reconstruisant des écoles et hôpitaux, en particulier à Homs, a-t-il affirmé.  Le délégué s’est dit partisan d’un dialogue constructif avec les États afin de mieux protéger les enfants en temps de conflit armé.  Il a jugé « intéressante » la démarche nouvelle adoptée par le Secrétaire général dans la rédaction du rapport, « même si des questions subsistent s’agissant des annexes à ce rapport ».  Quels sont les critères utilisés pour déterminer quelle partie commet des violations et quelle partie n’en commet pas? a-t-il lancé.

Le délégué russe a estimé qu’il n’était pas nécessaire de compléter les normes juridiques relatives au sort des enfants en temps de conflit armé.  Il faut plutôt se concentrer sur l’efficacité des mesures, a-t-il dit.  Il a jugé important que ledit rapport comprenne des informations fiables et évite l’écueil de la politisation.  Enfin, il a tenu à répondre, « comme d’habitude », aux allégations du représentant de l’Ukraine.  Il a ainsi dénoncé les conséquences négatives d’une loi ukrainienne sur des milliers d’enfants russophones et rappelé que le conflit dans le sud-est du pays avait été déclenché par Kiev. 

M. YERUK ALI (Kazakhstan) a encouragé tous les États Membres à ratifier et mettre en œuvre les traités internationaux pertinents et à se doter de législations relatives à la protection des enfants dans les conflits armés.  À cet égard, il a annoncé que son pays vient de ratifier le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés, d’adopter une loi sur les droits de l’enfant et amendé son code pénal pour interdire et incriminer le recrutement de mineurs.  Le Kazakhstan, s’est-il enorgueilli, a également approuvé les Principes et Engagements de Paris et a signé la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.  Le représentant a ensuite exhorté les États Membres à prendre toutes les mesures nécessaires pour lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent, dans le respect du droit international, à traiter les enfants qui seraient associés à des groupes armés non étatiques comme des victimes et à ne les mettre en détention qu’« en dernier recours ».  Sa délégation s’est enfin déclarée favorable aux efforts visant à prévenir la radicalisation des jeunes et des enfants et la dissémination, notamment sur Internet, d’une idéologie terroriste, en s’appuyant sur le dialogue interculturel et interreligieux. 

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a rappelé que le Conseil avait mis en place un cadre juridique suffisant sur la protection des enfants en temps de conflit armé.  Pourquoi ce cadre n’a-t-il pas été respecté? a-t-il lancé, en insistant sur les souffrances des enfants.  Il a salué le rapport du Secrétaire général qui n’est pas, selon lui, un acte d’accusation, mais un instrument utile aux mains de la communauté internationale.  Il a réaffirmé que les États ont la responsabilité première dans la protection des enfants, avant de rappeler que l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité sont les enceintes idoines pour amender le cadre juridique applicable aux enfants en période de conflit.  Mon pays demande que les violations soient traitées de façon égale, une violation n’étant pas plus importante qu’une autre, a-t-il dit.

M. Aboulatta a souligné la nécessité de remédier aux causes profondes des conflits armés, avant d’insister sur l’insuffisance des fonds pour les programmes de réinsertion des enfants.  Le délégué a appuyé la nouvelle approche suivie dans le rapport du Secrétaire général, même s’il faut éviter tout « deux poids, deux mesures », a-t-il précisé.  Pourquoi les souffrances subies par des enfants palestiniens infligées par des Israéliens ne sont-elles pas incluses dans ce rapport? a-t-il demandé.  Enfin, M. Aboulatta a encouragé l’ONU à réviser sa manière de suivre la situation au Yémen et à utiliser des informations crédibles. 

Réagissant aux propos de la Fédération de Russie, le représentant de l’Ukraine a rappelé que ce pays avait été reconnu comme puissance occupante par l’Assemblée générale des Nations Unies.  À ce titre, a-t-il estimé, elle n’a « aucun droit moral et juridique » à se prononcer sur l’Ukraine, tant qu’elle n’aura pas restitué le territoire qu’elle occupe. 

M. DIDIER REYNDERS, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et européennes de la Belgique, a partagé l’inquiétude du Secrétaire général face à l’ampleur et la gravité des violations qui ont été commises contre les enfants en 2016.  Il a regretté l’impact disproportionné des conflits armés sur les enfants, rappelant que 1 340 victimes enfants ont été confirmées par l’ONU dans le seul cas du Yémen.  Il a soulevé la question de la prévention du recrutement d’enfants par les groupes armés non étatiques, ainsi que celle de la réintégration et réhabilitation des enfants affectés par les conflits, deux aspects qui sont au cœur des Principes de Paris auxquels la Belgique a adhéré.

En termes de prévention des recrutements d’enfants par les groupes armés, le représentant a estimé que les États doivent élaborer un plan d’action qui couvre tous les aspects de cette problématique notamment la scolarisation à l’abri du danger.  Pour ce qui est de la réintégration et de la réhabilitation, sa délégation estime qu’il est primordial d’œuvrer ensemble pour qu’ils puissent bénéficier d’un accompagnement adapté sur la durée.  C’est dans cet esprit que la Belgique et l’UNICEF ont organisé un évènement parallèle, hier, sur la libération et la réintégration des enfants associés à des forces ou des groupes armés.  Le représentant a souligné la pertinence du partage des expériences dans ce domaine par les différentes organisations internationales et régionales, notamment pour ce qui est de la réhabilitation psychosociale et de l’intégration sociale de ces enfants.  La Belgique souhaite en outre que les missions de maintien de la paix des Nations Unies disposent des moyens nécessaires à la protection des enfants, exigeant que le poste de Conseiller en protection des enfants ne soit pas touché lorsque le mandat et le financement des missions sont révisés ou leurs contingents réduits. 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a noté que le débat coïncide avec le dixième anniversaire de l’adoption des Principes et Engagements de Paris qui visent à la protection des enfants du recrutement et de leur utilisation par les forces ou les groupes armés ainsi qu’à leur libération et à leur réinsertion sociale.  Il a lancé un appel pour que tous les pays souscrivent à ces principes.  Pour sa part, le Pérou met en œuvre plusieurs mesures garantissant la protection des garçons, des filles et des adolescents, conformément à ses obligations internationales, notamment celles prévues au Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Ces mesures prennent en considération l’intérêt supérieur de l’enfant ainsi que ses besoins et vulnérabilités.

Le Pérou s’efforce en outre d’adopter des politiques, programmes et décisions focalisés sur la prévention du recrutement des garçons et des filles.  Il consolide son architecture garantissant la protection et le bien-être des enfants.  De plus, le Pérou fait son possible pour faciliter la réinsertion des enfants et, de manière générale, promeut un développement centré sur la dignité humaine.  Le pays procède également à des consultations nationales pour approuver la Déclaration sur la sécurité dans les écoles et les Principes de Vancouver sur le maintien de la paix, la prévention du recrutement et de l’utilisation d’enfants soldats.     

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a rappelé que 2017 marque le dixième anniversaire de l’adoption des Engagements de Paris et des Principes de Paris en vue de protéger les enfants contre une utilisation ou un recrutement illégaux par des groupes ou des forces armés.  Au cours de cette période, des progrès considérables ont été accomplis, même si le rapport du Secrétaire général établit qu’il reste encore beaucoup à faire, a constaté le représentant.  Pour sa part, son pays est plus que jamais déterminé à protéger les enfants dans les conflits armés, y compris au Conseil de sécurité, qui a adopté sous présidence allemande en juillet 2011 la résolution 1998.  Ce texte définit des normes relatives à la protection des écoles et des hôpitaux, a-t-il précisé.  Il a ensuite souligné l’importance des efforts visant à renforcer les réseaux régionaux et les relations avec la société civile pour mieux promouvoir les droits des enfants en situation de conflit armé, comme par exemple l’a fait le Groupe des amis des enfants touchés par les conflits armés en Afghanistan, groupe présidé l’an dernier par l’Allemagne.  M. Heusgen a également annoncé la tenue d’un atelier sur les enfants et les conflits armés et sur les femmes, la paix et la sécurité, les 12 et 13 février 2018.

M. MAURO VIEIRA (Brésil) a renouvelé sa condamnation la plus énergique du recrutement et de l’utilisation des enfants, ainsi que de toutes autres atteintes et violations à leur égard, comme le meurtre, le viol et les enlèvements.  Le plein respect du droit international humanitaire, des droits de l’homme et des réfugiés doit être la pierre angulaire de nos efforts, a-t-il poursuivi.  Il a appelé les États Membres engagés dans des opérations contre des groupes terroristes, agissant seuls ou au sein de coalitions, à établir des garanties précises pour protéger les enfants contre lesdites violations.

Le représentant a partagé la recommandation du Secrétaire général de reconnaître comme victimes les enfants utilisés dans les combats puis libérés.  « Leur proposer des possibilités de réinsertion est une obligation morale et juridique et un fondement important d’une paix durable. »  M. Vieira a jugé « ahurissant » que les enfants soupçonnés d’appartenir à des groupes armés soient de plus en plus traités comme des menaces, au lieu de les traiter comme des victimes, en particulier dans le contexte d’opérations antiterroristes.  Enfin, le délégué a déclaré que la prévention des conflits demeurait l’approche la plus efficace et la plus éthique pour protéger les enfants « de la tragédie de la guerre ».

Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie) a indiqué que la nature changeante des conflits rend épineuse la question du recrutement et de l’utilisation des enfants dans les conflits armés.  Elle s’est toutefois félicitée de pouvoir annoncer que le processus de paix dans son pays avait placé les victimes au premier plan, y compris les enfants.  Ainsi, en 2017, 132 mineurs ont été séparés des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) et pris en charge par le Gouvernement pour assurer leur réinsertion, a-t-elle mentionné.  La déléguée a fait également état de l’adoption d’un « programme de réintégration » pour permettre à ses bénéficiaires de se reconstruire et d’avoir accès aux mêmes opportunités que les autres.  Un accent particulier a été mis sur les enfants et les jeunes issus de minorités, a ajouté Mme Mejía Vélez, pour qui « le chemin vers la réconciliation passe forcément par les enfants ». 

Au nom du Groupe des amis des enfants touchés par les conflits armés, M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada), a invité tous les États qui ne l’ont pas fait à souscrire aux Principes de Paris.  Alarmé par le nombre croissant des violations graves commises à l’endroit des enfants au cours de cette année, il a rappelé que ces attaques ont souvent des répercussions « secondaires et tertiaires qui perdurent très longtemps ».  Il a appelé à la protection des écoles et à la mise en œuvre de la résolution 2286 du Conseil de sécurité. 

Préoccupé par la montée en puissance des groupes armés qui ont recours à la violence extrême, il a souligné que les enfants associés à ces groupes, comme à tout autre groupe armé, doivent être considérés comme des victimes et bénéficier des protections prévues par le droit humanitaire.  Ils ne devraient être détenus qu’en dernier recours et pour une durée aussi courte que possible.  Au fur et à mesure que des groupes tels que Daech perdent des territoires, les efforts de démobilisation et de réinsertion seront fondamentaux.  M. Blanchard a salué la nouvelle Politique de protection de l’enfance des Départements des opérations de maintien de la paix, des affaires politiques et de l’appui aux missions et a encouragé tous les pays contributeurs de troupes et de policiers à prendre des mesures concrètes pour améliorer l’opérationnalisation de la protection des enfants, notamment en misant sur l’instruction et la doctrine de leurs forces mais aussi en fournissant des ressources appropriées aux missions.  Le représentant a estimé que le mécanisme de surveillance et de communication de l’information était un « élément clef » de la réussite du programme du Bureau de la Représentante spéciale.  Il doit rester « impartial et objectif ». 

En sa capacité nationale, M. Blanchard a remercié M. Shaikh pour son travail de déradicalisation au Canada et à l’étranger.  Il a dit sa fierté que son pays figure parmi les 105 signataires des Principes de Paris et qu’il ait adhéré à la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.  Il a également fait part de l’élaboration, en mars dernier, d’une doctrine nationale sur les enfants soldats, une première dans le monde, et d’un ensemble de principes volontaires et non contraignants en matière de maintien de la paix, prévention du recrutement et utilisation d’enfants soldats.  Ces principes s’inspirent de ceux de Paris et Kigali et ont été établis en coopération avec la « Roméo Dallaire Child Soldiers Initiative », en consultation avec l’ONU et la communauté de protection des enfants, a indiqué le représentant.    

M. FERIDUN H. SINIRLIOĞLU (Turquie) a déploré que des organisations terroristes telles que le PKK/PYD continuent de recruter des enfants âgés de moins de 15 ans pour perpétrer des attaques terroristes.  Il a rappelé que la Turquie, pays hôte de 3,1 millions de Syriens ayant fui le conflit dans leur pays, mettait tout en œuvre pour répondre aux besoins des enfants syriens.  Il y a environ 835 000 enfants syriens en âge d’être scolarisés en Turquie, a précisé le délégué.  Il a indiqué que le taux de scolarisation de ces enfants avait doublé pour atteindre 60% en 2017 grâce à une campagne de communication vigoureuse.  « Cela n’est toutefois pas assez », a-t-il estimé, en appelant la communauté internationale à partager le fardeau qui pèse aujourd’hui sur la Turquie.  « L’éducation des enfants syriens est cruciale puisque ce sont eux qui reconstruiront leur pays », a-t-il rappelé.

M. GEORG SPARBER (Liechtenstein) a estimé que le mécanisme de surveillance établi par la résolution du Conseil de sécurité 1612 (2005) pour documenter les violations graves est crucial pour assurer la protection des droits des enfants pendant les conflits armés.  Les attaques contre les écoles et les hôpitaux sont l’une des six plus graves violations identifiées par le mécanisme, a-t-il rappelé.  Or, de telles attaques sont devenues une tendance inquiétante, puisque rien qu’au cours des six derniers mois, plus de 500 établissements scolaires ont été pris pour cible, a observé le représentant, en soulignant qu’il s’agit seulement des incidents vérifiés.  Une autre tendance inquiétante est l’utilisation des écoles à des fins militaires.  Le délégué a donc exhorté toutes les parties au conflit à respecter le principe de distinction et autres règles fondamentales du droit international humanitaire.  Il a appelé tous les États Membres, en particulier ceux qui siègent au Conseil de sécurité, à signer la Déclaration sur la sécurité dans les écoles. 

M. MICHAL MLYNÁR (Slovaquie) a appelé les États Membres à ratifier le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant de 2011, qui permet aux enfants de porter plainte en cas de violation de leurs droits.  Soulignant le dixième anniversaire des Principes directeurs relatifs aux enfants associés aux forces armées ou aux groupes armés, il a estimé que telles mesures contribuent à susciter l’intérêt de la communauté internationale envers le sort des enfants concernés.  Cependant, bien que des dizaines de milliers d’enfants aient été libérés de l’emprise de groupes armés depuis 20 ans, il a reconnu, comme le rapport du Secrétaire général, qu’il reste beaucoup de travail à faire sur cette question. 

L’éducation contribue à l’élimination des inégalités régionales et permet aux enfants de construire un avenir meilleur pour leur communauté et pour leur pays, a relevé M. Mlynár.  Il a exhorté à cet effet les acteurs étatiques et non étatiques à respecter le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme, soulignant la nécessité de traduire en justice les coupables de violations des droits des enfants.  À cette fin, il a préconisé de mettre en œuvre des plans d’action pertinents et de faire rendre des comptes aux recruteurs et kidnappeurs d’enfants.  Il a plaidé également pour le renforcement du consensus international visant à mettre fin à l’utilisation d’enfants en temps de conflit armé. 

Pour l’Observateur permanent de la Palestine, M. RIYAD H. MANSOUR, c’est en pensant à la protection des enfants que la Palestine a saisi le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) sur les crimes commis par Israël contre les enfants palestiniens.  « Les enfants de Palestine souffrent depuis des décennies d’un manque crucial de protection, en dépit des appels répétés en faveur de la protection des civils palestiniens dont les droits sont violés de manière systématique par l’occupation coloniale militaire israélienne qui se prolonge. »  Ainsi, a expliqué l’observateur, 2 000 enfants palestiniens ont été tués depuis l’an 2000 par les forces d’occupation et les colons israéliens.  Rien qu’en 2016, 35 enfants palestiniens ont perdu la vie et 887 ont été blessés.  Les enfants palestiniens, y compris à Jérusalem-Est, sont arbitrairement arrêtés et détenus, assignés à résidence, incarcérés, interrogés, torturés, abusés sexuellement ou encore placés en isolement.  Il a invité la communauté internationale à demander la libération immédiate et permanente de tous ces enfants. 

De l’avis de la délégation palestinienne, toutes ces violations dûment documentées, y compris dans les rapports y afférents du Secrétaire général de l’ONU, militent pour l’inclusion d’Israël et de ses colons dans la liste des parties qui commettent des graves violations contre les enfants en temps de conflit armé.  « L’absence d’une telle inclusion affecte profondément la crédibilité de cette liste », a estimé M. Mansour en précisant que « cela rend la liste vulnérable aux critiques et aux accusations de politisation ».  D’autant que si cette crédibilité est sapée du fait d’un cas, alors cela entache tous les autres cas contenus dans le rapport, a-t-il relevé. 

Pour M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran), l’ampleur et la gravité des violations perpétrées contre des enfants dans les conflits armés en 2016 appellent la communauté internationale à redoubler d’effort pour traduire en justice les responsables de ces actes et mettre fin à la culture de l’impunité.  Le représentant a jugé impératif que toutes les parties respectent pleinement le droit humanitaire international, les droits de l’homme et les droits des réfugiés, car c’est à son avis la pierre angulaire de tous les efforts de prévention.

Si la défaite de Daech et d’Al-Qaida en Syrie et en Iraq constituent un développement positif à cet égard, il ne faut jamais perdre de vue les pratiques inhumaines de ces groupes extrémistes violents, a exigé le représentant.  D’autres groupes comme Boko Haram et les Chabab continuent de terroriser des enfants dans d’autres parties du monde, a-t-il rappelé avant de souligner le nombre record d’enfants palestiniens détenus dans les prisons israéliennes (444 enfants dont 15 filles).  Dans ce contexte, il a dénoncé le fait que la résistance contre l’occupation étrangère soit taxée de terrorisme uniquement dans le contexte palestinien.  Il a encore précisé que 540 enfants palestiniens ont été tués et 2 955 blessés lors de la dernière invasion israélienne de Gaza, avec 74 attaques contre des écoles en Cisjordanie.

Abordant également la situation au Yémen, le représentant a fait état de 1 340 victimes enfants, dont 502 ont trouvé la mort et 838 ont été blessés avec plus de 50% des cas imputables à la coalition menée par l’Arabie saoudite.  Il a dénoncé le fait qu’Israël n’ait jamais figuré sur la liste présentée dans le rapport du Secrétaire général, l’imputant à des pressions et à un lobbying puissant, alors que l’Arabie saoudite y figure pour la première fois cette année au titre des « parties inscrites sur la liste qui ont mis en place des mesures au cours de la période considérée pour améliorer la protection des enfants ».

Mme KATALIN ANNAMÁRIA BOGYAY (Hongrie) a exprimé son soutien aux Principes et Engagements de Paris, en soulignant que les jeunes filles sont les plus à risque de subir la violence et abus sexuels ainsi que les mariages forcés.  Elle a appelé la communauté internationale à donner la priorité aux enfants dans les efforts de protection des droits de l’homme, de lutte contre le terrorisme, de consolidation de la paix, invitant aussi à tenir compte du fait que les enfants sont des victimes et non pas des auteurs des actes de guerre.

Au-delà des efforts humanitaires immédiats, il est important à ses yeux de réfléchir, sur le long terme, à la réintégration des enfants et de leur assurer l’accès à l’éducation et à la santé.  Pour la réintégration des victimes de violence sexuelle, il est important, selon la Hongrie, de mener des programmes de sensibilisation communautaires visant à lutter contre la stigmatisation.  Mme Bogyay a enfin appelé à lutter contre les recrutements d’enfants par le biais des médias sociaux en promouvant les partenariats avec le secteur privé. 

Mme BELEN SAPAG MUÑOZ DE LA PEÑA (Chili) a condamné toute violation commise contre des enfants en situation de conflit en appelant le Conseil de sécurité et les États Membres à adopter des mesures de prévention, et à veiller au respect du droit international humanitaire, des droits de l’homme et des droits des réfugiés dans ce contexte.  Sa délégation exhorte toutes les délégations à ratifier le Protocole facultatif à la Convention sur les droits de l’enfant relatif à l’engagement des enfants dans les conflits armés, ainsi que les Principes de Paris et la Déclaration d’Oslo sur des écoles sûres.

Le Chili insiste en outre pour qu’on mette fin à la culture de l’impunité et pour que les responsables de ces crimes haineux contre des enfants soient traduits en justice.  Si les capacités pour ce faire n’existent pas au plan local, la Cour internationale de Justice (CIJ) devrait en être saisie, a poursuivi la représentante.  Le Chili est favorable à la publication du rapport du Secrétaire général sur la question plutôt au mois de mai de chaque année.  La déléguée a insisté sur le rôle essentiel de la Représentante spéciale pour le sort des enfants en temps de conflit armé, estimant impératif de soutenir son travail thématique ainsi que son mandat distinct.

M. CHARLES WHITELEY, de l’Union européenne (UE), a indiqué que l’UE a commencé, en fin d’année dernière, à mettre en place des projets en Colombie, en République démocratique du Congo, au Soudan, au Liban et dans le Territoire palestinien occupé.  Ces projets consacrés aux enfants associés aux forces ou aux groupes armés et aux enfants touchés par la violence armée visent à soutenir les efforts pour sécuriser leur libération, à garantir leur totale réinsertion dans la société à long terme et aussi à prévenir leur recrutement.  L’UE est très préoccupée par les attaques contre les écoles ainsi que par la pratique consistant à utiliser les écoles à des fins militaires, ce qui met non seulement les élèves et les enseignants en danger mais empêche aussi l’accès à l’éducation et provoque des dégâts aux infrastructures scolaires.  L’éducation est essentielle pour prévenir le recrutement et l’utilisation des enfants par les groupes armés, offrant aussi des espaces sûrs aux enfants déplacés par les conflits, a dit M. Whiteley, insistant sur la situation particulière des filles, dont les problèmes spécifiques devraient être dûment pris en compte dans les programmes de réintégration. 

L’UE attache une grande importance à la protection du droit à l’éducation.  Son engagement en faveur de l’éducation en situation d’urgence est passé de 1% du budget de l’aide humanitaire en 2015 à 6% en 2017, et atteindra 8% en 2018, ce qui est supérieur à la moyenne mondiale.  L’UE s’est également engagée à verser 4 millions d’euros auprès de l’UNICEF pour un programme régional de renforcement des systèmes d’enregistrement des naissances en Afrique, estimant que cela joue un rôle important dans la protection contre le recrutement forcé d’enfants de moins de 18 ans par les forces et les groupes armés. 

M. Whiteley a jugé important de veiller à ce que les recruteurs d’enfants dans les forces et les groupes armés répondent de leurs actes devant la justice.  Il faut garantir par des mécanismes plus forts un meilleur accès des enfants à la justice, a-t-il plaidé, et il faut réfléchir aux alternatives à la détention des enfants qui ont violé la loi.

Rappelant que des plans d’action ont été signés pour mettre fin aux violations graves des droits de l’enfant, M. PHILIPP CHARWATH (Autriche) a jugé qu’il faut en faire la promotion auprès des acteurs étatiques et non étatiques afin d’en assurer la mise en œuvre.  « Vivement préoccupée » par le recrutement et l’utilisation d’enfants par des groupes armés, l’Autriche a, lors de sa présidence de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), en 2017, fait de la prévention de l’extrémisme violent et de la radicalisation une priorité, a-t-il rappelé. 

Afin d’éviter que les enfants associés aux groupes armés non étatiques ne soient perçus comme une menace plutôt que comme des victimes de violations graves, M. Kickert a préconisé la mise en place d’alternatives à la détention, notamment par des stratégies et des mesures concrètes contre la violence à l’encontre des enfants dans le contexte de la prévention du crime et de la justice pénale.  Il a encouragé les États Membres à ratifier les Principes et Engagements de Paris et la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.  Enfin, il a salué les mesures visant à améliorer la formation des Casques bleus et du personnel humanitaire sur ces questions. 

M. CHRISTIAN BRAUN (Luxembourg) a condamné le recrutement et l’utilisation d’enfants par toutes les parties au conflit, y compris les groupes armés et les forces gouvernementales.  Il a aussi condamné le déni de l’accès humanitaire qui a des conséquences dévastatrices sur les enfants, et a déploré la détention d’enfants pour leur association présumée avec des groupes armés, ainsi que l’utilisation accrue d’enfants en tant que bombes humaines et boucliers humains.  Pour ces raisons, le Luxembourg encourage tous les États qui ne l’ont pas encore fait à souscrire aux Principes de Paris, à ratifier le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, et à endosser la Déclaration sur la sécurité dans les écoles. 

Selon le Luxembourg, il faut traiter les enfants associés à des groupes armés, y compris ceux qui se livrent à un extrémisme violent, comme des victimes, éligibles à la pleine protection de leurs droits de l’homme.  Le pays espère voir, dans les opérations de maintien de la paix et dans les missions politiques des Nations Unies, les conseillers à la protection de l’enfance continuer d’exercer leur mandat de manière indépendante.  Le Luxembourg et la Suisse appuient un projet de recherche de l’Université des Nations Unies, réalisé avec l’UNICEF, et qui permettra de développer des outils pour mieux guider l’action du personnel de l’ONU sur le terrain dans la prévention, la protection et le désengagement des enfants de la violence extrême.  Le rapport relatif à ce projet sera présenté en début d’année prochaine, a promis le représentant. 

M. TORE HATTREM (Norvège), s’exprimant au nom d’un groupe de 35 États Membres signataires de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, a présenté cet engagement politique intergouvernemental destiné à assurer la continuité de l’éducation en période de conflit armé.  La Déclaration engage les États l’ayant approuvée à respecter les Lignes directrices pour la protection des écoles et des universités contre l’utilisation militaire durant les conflits armés.  Depuis l’adoption de ce document à Oslo, en mai 2015, 70 pays l’ont entériné, a relevé le représentant.  Sa délégation s’est dite, à la lecture du rapport du Secrétaire général, particulièrement préoccupée par les attaques et les menaces d’attaque qui prennent pour cible les écoles, les enseignants et les élèves, trop fréquentes dans les situations de conflit. 

Dans ce contexte, a estimé M. Hattrem, le soutien croissant dont bénéficie la Déclaration reflète un consensus international grandissant selon lequel la prévention de l’utilisation d’établissements scolaires à des fins militaires est cruciale pour éviter toute interruption dans les cursus de l’éducation.  Au nombre de ses engagements figure celui de recueillir des données pertinentes et fiables sur les attaques contre les établissements d’enseignement ainsi que sur les victimes de ces attaques.  Un autre engagement consiste à apporter une assistance non discriminatoire aux victimes, tandis que les États signataires ont aussi promis d’élaborer des approches dans le domaine de l’éducation qui tiennent compte des conflits.  La Norvège a donc encouragé tous les États Membres de l’ONU à se porter signataires de la Déclaration.

M. HECTOR ENRIQUE JAIME CALDERÓN (El Salvador) a déclaré qu’en tant que nation ayant vécu et résolu un conflit armé par la négociation, El Salvador réaffirme l’importance qu’il faut accorder à la protection des garçons et des filles dans les conflits armés.  Il a salué le travail de l’ONU qui, par ses campagnes, a facilité le dialogue autour de la protection de l’enfant, en incluant cette question dans les négociations sur les accords de paix.  El Salvador a mis en place une législation et des institutions de protection de l’enfance, signé et ratifié le Protocole facultatif se rapportant à la Convention relative aux droits de l’enfant. 

Il a aussi fait état de l’engagement sérieux de son pays en faveur de la prévention, la localisation et l’identification des personnes disparues et de l’appui à leurs familles.  El Salvador mène des enquêtes sur les cas de disparition, pénalisent les responsables et accorde des réparations aux familles.  Depuis 2010, El Salvador a établi une Commission nationale de recherche de garçons et filles disparus dans le contexte du conflit armé interne, laquelle offre aussi un appui psychosocial aux familles des victimes.  Depuis son installation en décembre 2016, la Commission a enregistré 295 cas et clos les dossiers de 34% d’entre eux.  En octobre 2013, El Salvador a créé le Programme de réparations pour les victimes de violations graves des droits de l’homme.  À l’instar du Secrétaire général, le représentant a plaidé pour le déploiement de spécialistes de la protection de l’enfance dans les opérations de maintien de la paix.  Il a aussi appuyé le processus facilité par le Comité international de la Croix-Rouge en vue de l’établissement d’un mécanisme concret de suivi de l’application du droit international humanitaire.

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a déploré les divers cas de violence dont sont victimes les enfants palestiniens du fait des forces israéliennes.  « Nous appelons à ce que ce gouvernement soit reconnu pénalement responsable de ses actes et nous l’invitons à libérer tous ses prisonniers palestiniens », a-t-il lancé, se disant d’ailleurs surpris de voir que le rapport des Nations Unies n’avait pas tenu compte des exactions israéliennes contre les enfants palestiniens. 

En ce qui concerne la situation qui prévaut au Yémen, il a accusé les milices houthistes d’utiliser des sites civils, notamment les écoles et hôpitaux, à des fins militaires.  « Ces milices mènent également, a-t-il relevé, des attaques contre des villes frontalières saoudiennes, et cela, grâce aux missiles iraniens. »  Pour ce qui est de l’intervention de la coalition internationale au Yémen, le délégué a expliqué qu’elle se déroule en respectant des règles claires de protection des civils.  En outre, toutes les opérations des forces de la coalition au Yémen sont constamment évaluées.  Le représentant a indiqué que l’Arabie saoudite et les forces de la coalition avaient créé, en janvier 2016, une équipe d’enquête sur des incidents impliquant des civils.  Il a fièrement exhibé des images d’enfants, les uns impliqués dans les combats aux côtés des milices houthistes, tandis que d’autres, plus rayonnants, ont bénéficié, a—t-il expliqué, de programmes de prise en charge financés par l’Arabie saoudite.

L’Arabie saoudite « rejette catégoriquement » les informations issues du rapport des Nations Unies sur les enfants victimes de la coalition au Yémen, a déclaré le représentant.  Les membres de la coalition n’ont pas pu participer aux enquêtes ayant conduit à établir ces données qui, a-t-il remarqué, viennent d’organisations installées dans des zones contrôlées par des rebelles.  Le délégué a souhaité que des observateurs indépendants aient accès à ces sites afin de vérifier la crédibilité de telles informations.  « Ce rapport a donc des lacunes », a-t-il tranché avant de souligner que la meilleure solution pour la protection des enfants était de prévenir les conflits et de mettre un terme à l’occupation sous toutes ses formes, tout en s’assurant que ceux qui violent les principes humanitaires en soient tenus responsables. 

M. SWEN DORNIG, Conseiller principal de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) sur les enfants en temps de conflit armé, a indiqué que depuis la discussion sur cette question à son Sommet de Chicago en 2012, l’Organisation avait développé des mesures pratiques portant sur le sort des enfants en temps de conflit armé.  Ainsi, les troupes de l’OTAN ont désormais les outils nécessaires pour établir des rapports sur les six plus graves violations commises contre les enfants, des informations qui peuvent être partagées avec les Nations Unies.  Autre exemple: la formation des troupes avant leur déploiement en Afghanistan vient de s’enrichir d’un programme plus étayé sur la protection de l’enfant.  M. Dorning a noté qu’en Afghanistan justement, une victime du conflit sur trois est un enfant.  En outre, les enfants sont exploités sexuellement, notamment les jeunes garçons qui subissent la pratique dite de « bacha bazi ».  En plus d’avoir établi un poste de conseiller principal sur la protection de l’enfance, l’OTAN a mis sur pied une formation en droits de l’homme et droits de l’enfant en temps de conflit armé en Afghanistan.  Des points focaux de protection de l’enfance ont été établis dans tous les postes de l’OTAN à travers l’Afghanistan, a encore indiqué le représentant. 

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a constaté avec préoccupation que la tendance constatée dès 2014 de l’aggravation et de l’ampleur des violations commises contre les enfants en situation de conflit armé se poursuit.  Il a cité les meurtres, les mutilations, les viols et autres formes de violence sexuelle, le recrutement d’enfants pour en faire des enfants soldats et des kamikazes, ainsi que les enlèvements et la vente d’enfants, sans oublier les attaques contre les écoles et les hôpitaux et les obstacles à l’accès des enfants à l’aide humanitaire.  Il a plaidé en faveur de la stricte application de la Convention relative aux droits de l’enfant et de son Protocole facultatif.

Soulignant que le nombre de cas d’enfants victimes de maltraitances de la part de groupes non étatiques est trois fois plus élevé que celui des cas impliquant les forces gouvernementales, il a remarqué que cela rendait la poursuite en justice des responsables d’autant plus difficile dans la mesure où ils opèrent en dehors de tout cadre d’état de droit.  L’archevêque a également dénoncé le nombre croissant d’attaques contre des zones fortement peuplées et a invoqué l’urgence qu’il y a à respecter les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution.  Avant de conclure, il a rappelé que l’Église catholique est activement impliquée dans les initiatives de réhabilitation des survivants et de réinsertion dans leurs famille et communauté dans les zones de conflit où les enfants ont payé un lourd tribut.

Pour Mme DARJA BAVDAŽ KURET (Slovénie), le dernier rapport du Secrétaire général sur les enfants dans les conflits armés est un « appel à l’action ».  Elle s’est dite préoccupée par le niveau alarmant du nombre de meurtres, de mutilations, de recrutements, de violences sexuelles, d’enlèvements et de refus à l’accès à l’aide humanitaire dont les enfants ont été victimes en 2016.  Elle a dit partager la conclusion du Secrétaire général qui exige qu’en cas d’hostilités, il faut pleinement respecter le droit international humanitaire, les droits de l’homme et les droits des réfugiés.  Elle a exhorté les États Membres à signer la Déclaration sur la sécurité dans les écoles et les Lignes directrices pour la protection des écoles et des universités contre l’utilisation militaire durant les conflits armés.

« Les enfants dans les conflits armés doivent avant tout être traités comme des victimes », a conclu la représentante qui a plaidé pour que l’on prenne en charge leurs besoins à court, moyen et long terme, et ce, de manière efficace.  À cet égard, la représentante a fait état de l’engagement actif de la Slovénie dans les efforts de réintégration sociale et d’assistance psychologique aux enfants affectés par les conflits armés.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a considéré que des solutions intégrées et globales sont nécessaires de toute urgence pour assurer la protection des enfants dans les conflits armés, mais aussi pour réinsérer ceux qui ont été enrôlés de force dans les rangs des groupes armés.  Il a donc souligné l’importance de renforcer la coopération entre organisations sous-régionales, régionales et internationales, lesquelles devraient partager les pratiques optimales et les leçons apprises, harmoniser législations et règlementations, et se doter d’outils et mécanismes à l’échelle de des États Membres pour protéger les enfants en période de conflit.  En ce qui la concerne, l’Indonésie administre un centre de maintien de la paix à Sentul, où le personnel prêt à être déployé dans les opérations de l’ONU reçoit une formation à la protection des femmes et des enfants.  Le représentant a apporté en conclusion son soutien au projet de dégager des capacités spécifiques de protection de l’enfance au sein de ces opérations. 

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a rappelé que son pays avait été l’un des premiers États à ratifier le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés.  Il a salué les progrès réalisés en la matière, grâce notamment aux actions coordonnées du Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les enfants dans les conflits armés, de la Représentante spéciale du Secrétaire général et du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).  Dans cette perspective, M. García Moritán a appelé à prendre des mesures fermes pour faire davantage pression sur les acteurs étatiques et non étatiques qui commettent des violations en impliquant systématiquement des enfants dans les conflits armés.  Il a toutefois appelé à maintenir des relations avec ces acteurs afin de contribuer à démobiliser, réhabiliter et réinsérer les enfants enrôlés, en collaboration avec leur communauté d’origine.  En outre, le représentant a demandé de renforcer la capacité des opérations de maintien de la paix sur le terrain à prévenir et documenter les violations des droits de l’enfant.  Dans ce cadre, le représentant argentin a condamné l’utilisation croissante des écoles à des fins militaires, ainsi que l’augmentation des attaques contre les écoles et les hôpitaux. 

Mme LISE H.J. GREGOIRE-VAN-HAAREN (Pays-Bas) a déploré « l’érosion du droit international humanitaire », d’autant plus que le respect des principes et obligations inhérents à ce droit est la clef de la protection des civils.  En plus des protocoles optionnels de la Convention relative aux droits de l’enfant, des Principes de Paris et de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, les Pays-Bas soutiennent et encouragent les autres États à adhérer aux Principes de Vancouver sur le maintien de la paix et la prévention du recrutement et l’utilisation des enfants soldats, lequel sera lancé le mois prochain. 

Pour les Pays-Bas, le mécanisme de surveillance et de communication de l’information relative aux enfants en situation de conflit armé est un outil puissant pour instituer un changement positif.  Par manque de fonds ou du fait d’influences politiques, ce mécanisme risque de perdre de sa valeur, a dit craindre la représentante.  Elle a souhaité plus de transparence dans l’élaboration de la liste des parties mises en cause dans le rapport.  Il est impossible de mettre fin au sort des enfants en temps de conflit si la communauté internationale accepte que continue l’impunité, a prévenu la représentante.

M. MAHMOUD SAIKAL (Afghanistan) a rappelé que dans son pays, beaucoup d’enfances avaient été réduites à néant par les conflits qui s’y poursuivent depuis plus de 40 ans.  Combien de temps encore va-t-il falloir encore pour que l’on s’attaque aux causes profondes des conflits? s’est-il impatienté.  La protection de l’enfance en dépend, sinon leur bien-être sera toujours menacé, a-t-il prévenu.  Pour le représentant, l’objectif doit être de surmonter les facteurs structurels de la violence dans le monde.  Il a dit attendre du Conseil de sécurité qu’il réagisse de façon appropriée pour garantir le bien-être et la sécurité des enfants afghans.  L’Afghanistan, a-t-il affirmé, coopère avec la nouvelle Représentante spéciale du Secrétaire général car la protection des droits de l’enfant fait partie des priorités du Gouvernement qui met en œuvre plusieurs mesures et programmes en ce sens, conformément à ses engagements nationaux et internationaux.  Le représentant a passé en revue certaines de ces mesures et les entités chargées de leur mise en œuvre, notamment dans le domaine du recrutement des enfants par les groupes non étatiques ou encore l’utilisation des écoles à des fins militaires.  Le Gouvernement afghan reste déterminé à mettre un terme aux pratiques qui hypothèquent la vie des enfants afghans et compte sur le soutien de la communauté internationale.

M. MOHAMMED HUSSEIN BAHR ALULOOM (Iraq) a déploré le fait que les observations de son gouvernement n’aient pas été entièrement prises en compte par la Représentante spéciale du Secrétaire général.  Le rapport de cette dernière, a-t-il fait observer, estime que c’est Daech qui a accentué le problème des enfants victimes de conflit, mais il ne le cite pas comme « groupe terroriste » mais comme « partie au conflit ».  Le rapport ne mentionne pas non plus la question des enfants nés des viols commis par Daech en Iraq.  Le Gouvernement rejette aussi le fait que le rapport impute aux Forces armées iraquiennes le non-accès des enfants à l’aide humanitaire.  Le représentant a aussi dénoncé le fait que le rapport accuse les Forces de mobilisation populaire, proche du Gouvernement, d’avoir enrôlé 57 enfants.  Nous mettons au défi la Représentante spéciale de nous fournir le nom d’un seul enfant, a lancé le représentant, devant un rapport qui « contient des accusations sans preuve fondées sur des sources apparemment non fiables ».

M. OLIVIER MARC ZEHNDER (Suisse) a noté que le rapport annuel du Secrétaire général et la liste des auteurs de crimes contre les enfants en temps de conflit armé étaient établis sur la base d’éléments de preuve crédibles recueillis, examinés et rigoureusement vérifiés par le Mécanisme de surveillance et de communication de l’information sur les violations graves commises contre des enfants en situation de conflit armé.  Il a relevé la séparation faite cette année entre les parties inscrites sur la liste qui « ont mis en place des mesures pour améliorer la protection des enfants » et celles qui ne l’ont pas fait, avant de demander au Secrétaire général de fournir des mises à jour transparentes de ces mesures et des progrès accomplis.

S’agissant de l’extrémisme violent et des problèmes que cela pose en termes de protection des civils, et en particulier des enfants, le représentant a regretté qu’on ne dispose pas d’assez d’informations sur les enfants qui intègrent et qui quittent les groupes armés non étatiques dans les conflits contemporains, y compris ceux qui sont considérés comme terroristes et qualifiés d’extrémistes violents.  C’est pourquoi la Suisse, en collaboration avec le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) et le Luxembourg, a apporté son soutien à une initiative de recherche de l’Université des Nations Unies visant à élaborer des directives en matière de programme pour prévenir le recrutement et l’utilisation d’enfants par des groupes armés et pour libérer ces enfants.  Enfin, M. Zehnder a estimé que malgré la restructuration de l’ONU et les pressions financières, il est nécessaire de continuer d’accorder les ressources suffisantes à la protection des enfants dans le cadre des missions de maintien de la paix et des missions politiques.

Mme KATHERINE ZAPPONE, Ministre des enfants et de la jeunesse de l’Irlande, a indiqué que son pays aide sur son territoire 30 jeunes ayant fui les conflits en Afrique et en Asie après leur passage par « la jungle de Calais » en France.  Onze autres jeunes devraient arriver en Irlande dans les jours à venir, a-t-elle annoncé, en affirmant la volonté de son pays de soutenir et protéger des enfants séparés de leurs parents par le biais de l’Agence gouvernementale Tusla.  Le pays est également engagé dans la protection des femmes et des enfants victimes de violences sexuelles en temps de conflit.  L’Irlande apporte en outre son soutien au processus de paix en Colombie, notamment grâce à des projets sur le genre et la justice.  La représentante a invité le Conseil de sécurité à tirer de de tous les outils en sa possession pour mettre fin aux violations des droits de l’enfant. 

M. TEODORO LOPEZ LOCSIN (Philippines) s’est félicité du retrait du Front de libération nationale Moro de la liste des auteurs de violations contre les enfants qui figure dans le rapport 2016 du Secrétaire général.  Il a indiqué que les plus de 1 869 enfants qui avaient été recrutés par ce Front ont été libérés dans le cadre d’un processus arrivé à terme au début de cette année.  Ne comptant plus que quelques poches de conflit dans le pays, le Gouvernement philippin reste attaché à la protection des enfants contre l’abus, l’exploitation et la discrimination.  Il a insisté sur l’importance qu’il y a à assurer l’accès à l’éducation en temps de conflit, affirmant que les écoles ont été déclarées « zones de paix » dans son pays.  Il a également affirmé que le soldat philippin est au premier plan de la protection des enfants.  Une circulaire sur la « protection des enfants en situation de conflit armé » a en effet été publiée qui sert de référence aux Forces armées philippines. 

Le représentant a souligné que son gouvernement n’avait ni l’intention ni l’envie de cacher les cas d’abus ajoutant: « nous avons une armée qui combat pour gagner les conflits -comme dans le cas de Marawi- et pas pour en créer d’autres ».  Nous n’avons pas honte de notre armée, a insisté le représentant qui a dit espérer une relation fructueuse avec la Représentante spéciale du Secrétaire général, ce qui devrait permettre de produire des rapports « corrects et équilibrés ».

Pour Mme JAQUES (Mexique), l’intérêt supérieur des enfants doit être protégé par « notre Organisation et par chacun de ses membres ».  Le Mexique condamne toute activité hypothéquant les droits fondamentaux de l’enfant et estime que le dixième anniversaire des Engagement de Paris représente une occasion opportune pour sensibiliser aux défis qu’il faut toujours relever dans ce domaine.  Les enfants méritent une protection générale mais également spécifique dans les conflits armés du fait de leur vulnérabilité, a estimé la représentante.  Elle a estimé que le Conseil de sécurité avait la responsabilité de protéger les enfants par l’intermédiaire des mandats des missions de maintien de la paix.

Elle a fermement condamné les violences et abus sexuels contre les enfants, et s’est dit favorable à l’initiative de prévention de la violence sexuelle dans les conflits armés que la délégation du Royaume-Uni a proposée.  Elle a dit soutenir en outre l’Initiative de l’ONU « des enfants pas des soldats ».  Mais malgré ces initiatives, la prolifération des groupes non étatiques et terroristes reste une menace pour les enfants.  Le plan du Secrétaire général contre l’extrémisme violent apporte, selon elle, des éléments de réponse pour combattre ce fléau et pour protéger les groupes vulnérables dont les enfants.  Il faut prendre des mesures pour la réintégration des enfants qui ont été recrutés par ces groupes en les traitant comme des victimes et pas comme des criminels, a estimé la représentante.

M. SAMSON SUNDAY ITEGBOJE (Nigéria) a condamné une nouvelle fois les enlèvements d’enfants menés par les groupes armés non étatiques, y compris Boko Haram et Daech.  Le Nigéria, a-t-il dit, a d’ailleurs lancé une initiative sur la sécurité dans les écoles.  Pour le pays, il est important de renforcer la coopération entre organisations régionales et sous-régionales pour lutter contre le sort des enfants affectés par les conflits armés.  La Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a fait montre de son engagement ferme à promouvoir le bien-être des enfants affectés par les conflits, notamment par le biais de la Déclaration d’Accra, adoptée en avril 2000.  Le délégué a réaffirmé la détermination du Gouvernement nigérian de protéger les droits de l’enfant en temps de conflit armé, affirmant que des mesures sont prises afin de faire face à la menace que représente Boko Haram pour le bien-être des enfants. 

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a insisté sur la responsabilité des parties aux conflits s’agissant de la protection des droits de l’enfant, condamnant tout particulièrement les groupes extrémistes violents.  Le Qatar, a-t-elle affirmé, s’attaque aux causes profondes de l’extrémisme violent par le biais de l’éducation.  Le droit à l’éducation doit être garanti même en temps de conflit armé, un principe qui a poussé le Qatar à lancer et soutenir des initiatives en ce sens partout dans le monde.  Un mémorandum d’entente a été signé en septembre dernier avec le Bureau de lutte contre le terrorisme de l’ONU pour renforcer les capacités de protéger les jeunes de la menace de l’extrémisme violent, a précisé la représentante qui a demandé à la communauté internationale de s’engager à trouver des solutions justes et durables aux conflits en Palestine et en Syrie où les enfants payent un lourd tribut.

Également au nom de la Lettonie et la Lituanie, M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a salué le travail de la Représentante spéciale et de l’UNICEF pour leur travail sur le terrain.  Il s’est également félicité de l’évolution positive s’agissant des engagements avec les parties aux conflits.  Il a plaidé pour une pression accrue sur les acteurs armés non étatiques qui recrutent des enfants, sans tenir compte des frontières nationales.  Pour le délégué, l’impunité est la principale raison de la récurrence des violations des droits de l’enfant.  Il est donc utile que le Conseil de sécurité use davantage des sanctions ciblées pour obtenir des acteurs armés étatiques et non étatiques le respect du droit international.  Le Conseil devrait aussi, a poursuivi le représentant, saisir la Cour pénale internationale (CPI) de certaines situations.  Pour l’Estonie, il est crucial de considérer les enfants soldats comme des victimes et d’œuvrer à leur réintégration sociale, en particulier les filles soldats et les victimes de viols qui sont souvent rejetées par leur propre famille et communauté.  M. Jürgenson a plaidé pour le renforcement des systèmes de protection de l’enfance pour atténuer l’impact des conflits et des crises sur les garçons et les filles. 

M. JAMAL JAMA AHMED ABDULLA AL MUSHARAKH (Émirats arabes unis) a tenu à attirer l’attention sur la situation au Yémen, où agit la coalition pour rétablir la légitimité dans ce pays.  La coalition, a-t-il souligné, à laquelle les Émirats arabes unis participent, a été créée à la demande légitime du Gouvernement yéménite pour contrer les houthistes.  Depuis sa création, cette coalition, a-t-il affirmé, s’efforce de mettre en œuvre et de renforcer le cadre d’une solution politique au Yémen, dans le respect de la résolution 2216 (2017), de l’Initiative du Conseil de coopération du Golfe et des décisions prises lors de la Conférence de dialogue national.  M. Al Musharakh a condamné, dans ce contexte, le recrutement d’enfants par les houthistes qui utilisent aussi les écoles et les hôpitaux à des fins militaires.  La coalition a tout mis en œuvre, a affirmé le représentant, pour minimiser l’impact du conflit sur les enfants, en répondant à leurs besoins médicaux, dont la création d’un hôpital pédiatrique.  Le représentant a voulu que le rapport du Secrétaire général et son mécanisme de surveillance se basent sur des sources « indépendantes et fiables » qui traitent « de manière équilibrée » les violations commises dans les conflits armés.

Pour Mme ELENE AGLADZE (Géorgie) la protection des enfants dans les conflits armés est une responsabilité collective.  Cependant, malgré la large compréhension de la nature du problème, les progrès tangibles se font toujours attendre.  Rappelant les chiffres alarmants du rapport 2017 du Secrétaire général, elle a fait état d’au moins 4 000 cas vérifiés d’atteintes aux droits de l’enfant par des forces armées étatiques et de 11 500 cas vérifiés commis par des groupes armés non étatiques.  Alarmée par cette tendance et ces tactiques de guerre « abominables », la représentante a précisé qu’il s’agissait même de cas où l’on empêchait délibérément l’accès à l’aide humanitaire aux enfants, notamment dans les zones assiégées.  Plus de 750 écoles et hôpitaux ont été attaqués en 2016 et on estime à 245 millions le nombre d’enfants qui vivent dans des zones de conflit, a poursuivi la représentante, ajoutant que leur éducation était souvent interrompue à cause de cela.

Dix ans après l’adoption des Engagements de Paris, elle a réitéré celui de la Géorgie.  « Nous, les États Membres, devons travailler de concert avec les communautés humanitaire et de développement et prendre des mesures concrètes pour alléger les conséquences des conflits armés sur les nouvelles générations », a –t-elle déclaré.  La Géorgie, qui a ratifié la Convention des Nations Unies sur les droits de l’enfant et ses Protocoles facultatifs, ne ménage aucun effort pour aider les enfants affectés par les conflits et forcés de fuir l’Abkhazie et la région de Tskhinvali/Ossétie du Sud.  La Géorgie, a dit la représentante, appelle la communauté internationale à accorder aux droits fondamentaux des enfants de ces régions occupées et dans d’autres zones de conflit dans le monde l’attention qu’ils méritent.

M. OMER DAHAB FADL MOHAMED (Soudan) a affirmé que son pays œuvre à la protection des droits de l’enfant, en coopération avec des partenaires internationaux tels que l’UNICEF.  Les Forces armées soudanaises respectent les lois, établies même avant l’indépendance du pays, et qui interdisent le recrutement d’enfants soldats.  Un système de justice juvénile veille en outre au respect des droits de l’enfant, et un procureur chargé des crimes commis au Darfour enquête notamment sur des cas de violations des droits de l’enfant.  Le représentant a assuré que les mesures prises par son gouvernement lui font croire que le Soudan sera bientôt radié de la liste des parties qui commettent des violations graves à l’encontre des enfants dans des situations de conflit armé.  Il a attiré l’attention de la communauté internationale sur le refus des groupes non étatiques de laisser libre cours à une campagne de vaccination au Darfour.  Il n’a pas voulu conclure sans souligner que la coalition internationale au Yémen s’est dûment engagée à mieux protéger les civils.

M. OMAR KADIRI (Maroc) a déclaré que depuis plusieurs années, la communauté internationale s’est mobilisée pour protéger les enfants dans les situations de conflit armé.  Bon nombre d’entre eux sont utilisés comme espions, boucliers humains, messagers ou pour commettre des attentats-suicides.  Après avoir condamné toutes les formes de violence commise par les groupes armés, le représentant a souligné que son pays a été parmi les premiers à ratifier le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant et à adhérer aux Principes de Paris.  Il a dit avoir suivi de près les récents développements au Yémen, où son pays soutient la coalition face aux houthistes.  Le principal objectif de cette coalition, a-t-il rappelé, est de soutenir la transition politique, conformément à l’initiative du Conseil de coopération du Golfe et son mécanisme de mise en œuvre, aux résultats du dialogue national et à la résolution 2216 de l’ONU.  La cause principale de la mort des enfants au Yémen est, a soutenu le Maroc, leur utilisation systématique comme boucliers humains.  Aussi le représentant a-t-il regretté que le rapport du Secrétaire général ne le mentionne pas. 

M. GOLAM FARUQ PRINCE (Bangladesh) a indiqué que les enfants sont parmi les plus affectés par la crise des Rohingya au Myanmar.  Depuis le 25 août dernier, 607 000 personnes se sont réfugiés au Bangladesh, dont 60% d’enfants.  Ils sont tous nés au Myanmar et méritent la protection de leur pays, a souligné le délégué en regrettant que leur État ait choisi une autre option.  Il a partagé deux histoires de jeunes réfugiés qui ont subi des atrocités aux mains des soldats birmans.  Ces enfants doivent-ils être considérés comme des « laissés-pour-compte »?  Au nom de ces enfants, a répondu le représentant, je demande au Conseil de sécurité d’agir avec détermination et d’adopter « au moins » une résolution pour lancer un message clair contre la violence et l’impunité.  Le Myanmar, a averti le représentant, semble avoir renoncé à toute perspective de retour ou de rapatriement de ses ressortissants.  Le Bangladesh, a-t-il affirmé, va aider ces enfants du mieux qu’il pourra mais ils veulent retourner au Myanmar au plus vite comme des « citoyens fiers » et en l’occurrence, l’ONU et le Conseil de sécurité sont leur dernier espoir, a souligné le représentant.

M. AMIT HEUMANN (Israël) a indiqué que son pays sait bien ce que signifie faire face à des ennemis qui emploient systématiquement des enfants à des fins guerrières.  Le Hamas cherche à nuire à notre peuple et à enlever et tuer des enfants israéliens, a-t-il accusé.  Il a mentionné la construction par le Hamas de tunnels sous des écoles de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  Cela montre bien la cruelle exploitation des enfants et l’utilisation sournoise des locaux de l’ONU par le Hamas, a-t-il poursuivi.  Il a exhorté le Conseil à envoyer un message clair aux Palestiniens: « cela suffit ». 

M. Heumann a rappelé que l’intégrité de l’ONU dépendait de l’inclusion de toutes les informations pertinentes dans ses rapports.  Il s’est étonné que le Groupe de travail, qui collecte les informations nécessaires à l’élaboration du rapport, compte parmi ses membres des ONG qui ont des liens avec une organisation terroriste.  « DCI-Palestine », s’est-il expliqué, a des liens étroits avec le Front populaire de libération de la Palestine, qui est une organisation terroriste internationale.  Inclure cette ONG dans un rapport consacré au sort des enfants en temps de conflit armé?  Pourquoi ne pas utiliser les manuels de recrutement de Daech pour rédiger un essai sur le pacifisme? a ironisé le représentant qui a rappelé que son pays agit dans le respect du droit et accueille par exemple des Palestiniens innocents dans ses hôpitaux.  Nous avons soigné plus de 3 000 enfants syriens, a-t-il aussi indiqué. 

Au nom du Réseau Sécurité humaine, Mme LAURA ELENA FLORES HERRERA (Panama) a indiqué que le Réseau est particulièrement inquiet du sort des jeunes filles en temps de conflit armé, notamment de la violence sexuelle et de la stigmatisation dont elles sont victimes.  Elle a plaidé pour la protection des droits humains des jeunes filles.  Le Réseau souligne, a-t-elle insisté, qu’aucun enfant ne choisit de s’impliquer dans un conflit armé, mais sous le poids de la pauvreté, certains sont vulnérables au recrutement dans les groupes armés.  Dans ce contexte, il est essentiel de faire face aux causes profondes et aux facteurs qui favorisent l’implication des enfants dans les conflits, afin d’assurer une paix durable, la sécurité et l’avènement du développement durable dans ses trois dimensions.  La représentante a souligné l’importance du mécanisme de surveillance et de communication de l’information, tout en ajoutant qu’il doit faire preuve « d’intégrité, de crédibilité, d’impartialité et d’objectivité ».  

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a déclaré que son pays avait été à l’avant-garde des processus engagés pour renforcer les engagements pris en faveur de la protection des enfants dans les conflits armés.  Les principes et les pratiques exemplaires du Cap sur le recrutement des enfants par les forces armées et sur la démobilisation et la réinsertion sociale des enfants soldats en Afrique, qui ont été adoptés en 1997, reflètent cet engagement de longue date, a assuré le représentant.  Ces principes, a-t-il expliqué, forment la base sur laquelle ont été élaborés les Engagements de Paris et les Principes directeurs relatifs aux enfants associés aux forces armées ou aux groupes armés.  Aussi le représentant a-t-il appelé toutes les parties à s’engager de manière inconditionnelle en faveur de ces textes.

« Chaque enfant a droit à la sécurité », a affirmé M. ALMUNA YEKH (Koweït) qui a insisté sur l’engagement de son pays à mettre un terme aux atrocités commises contre les enfants.  Il s’est attardé sur le sort des enfants palestiniens et sur les souffrances qu’ils endurent en raison de l’occupation israélienne.  Le Conseil, a-t-il réclamé, doit agir.  Le représentant a annoncé la tenue prochaine au Koweït d’une conférence internationale sur les souffrances infligées par les forces israéliennes aux enfants palestiniens.  Il a fermement condamné le recours à l’arme chimique en Syrie, appelant à la fin du « bain de sang ».  Il a aussi rappelé que la coalition dirigée par l’Arabie saoudite pour rétablir la légitimité au Yémen, et dont son pays est membre, protège les enfants.  Il a aussi souligné l’importance qu’il y a à alléger la souffrance des enfants rohingya.

M. ROLANDO CASTRO CORDOBA (Costa Rica) a déclaré que les rapports de Mme Gamba de Potgieter et M. Shaikh reflètent avec « une clarté désolante » les horreurs subies par des millions de garçons et de filles dans les situations de conflits armés et les attaques asymétriques des groupes armés non étatiques qui ont un grave impact sur les enfants surtout lorsqu’elles sont perpétrées dans des zones à forte densité, y compris contre des écoles et des hôpitaux.  Les enfants sont exposés à la violation de tous leurs droits, à la violence sexuelle, aux mutilations et au recrutement en tant que combattants, y compris pour commettre des attentats-suicides, a poursuivi le Costa Rica.  Le représentant a souligné que ceux qui survivent ont néanmoins un avenir incertain dans des pays dévastés par la guerre.  Ils se retrouvent sans éducation et avec des chances limitées d’exploiter leur potentiel. 

Il a appelé les États à renforcer leurs capacités nationales de protection de l’enfant qu’il faut préserver des conflits armés, de l’extrémisme violent et de l’enrôlement par les groupes armés non étatiques.  Les efforts internationaux doivent miser sur la prévention et l’alerte précoce.  Le représentant a aussi plaidé pour que les dispositions de la Convention relative aux droits de l’enfant et du droit international humanitaire ne « restent pas lettre morte ».  Il a dénoncé la tactique de guerre consistant à priver les populations d’eau potable, d’électricité, de nourriture ou d’aide humanitaire.

Après avoir appelé les États à adhérer à la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, le représentant a jugé important que la liste des individus qui commettent de graves violations des droits de l’enfant soit dressée « de façon impartiale, indépendante » et qu’elle se fonde sur des preuves.  Il a réclamé une stratégie unie et consolidée de suivi et une action plus efficace dans les pays mêmes, grâce à des capacités renforcées au sein des opérations de maintien de la paix et des missions politiques.  Les enfants recrutés par les forces armés non étatiques sont des victimes dont il faut garantir les droits, la protection et l’accès aux services de protection de l’enfance, dans tous les centres de détention.  Le représentant a conclu en plaidant pour la poursuite des auteurs de violations pour mettre fin à l’impunité. 

M. KENNEDY MAYONG ONON (Malaisie) a attiré l’attention sur le sort des enfants « nés » de la guerre, cette deuxième génération issue des conflits.  C’est la raison pour laquelle il est nécessaire de veiller à ce que des mécanismes adéquats permettent d’assurer leur réintégration dans leurs communautés d’origine.  Il importe aussi de reconnaître que nous ne pouvons pas privilégier une approche unique, a poursuivi le représentant, en rappelant le caractère spécifique de chaque situation de conflit et postconflit.  Dans ce contexte, il faut insister sur l’importance pour l’ONU de travailler en étroite coopération avec les États Membres.  Pour sa délégation, les processus de paix présentent une opportunité unique de prendre en compte les besoins spécifiques des enfants soldats démobilisés.

M. NABEEL MUNIR (Pakistan) a rappelé que deux tiers des enfants migrants en Grèce avaient besoin d’un accompagnement.  Il a souligné l’importance de traduire en justice les auteurs des violations commises contre les enfants.  La protection de la vie est liée à la prévention des conflits, a-t-il dit, en demandant de remédier aux causes profondes desdits conflits.  Le délégué du Pakistan a appuyé le mandat de la Représentante spéciale, tout en jugeant nécessaire qu’il respecte les règles encadrant son périmètre.  La mention faite de mon pays dans le rapport du Secrétaire général ne relève pas de son mandat, a-t-il conclu.

Mme CRISTINA MARIA CERQUEIRA PUCARINHO (Portugal) a estimé que les obstacles qui se posent à la protection des enfants sont considérables.  Le Conseil de sécurité doit jouer son rôle, en veillant à ce que les opérations de maintien de la paix de l’ONU qu’il autorise prennent en compte les besoins et vulnérabilités spécifiques des enfants.  C’est la raison pour laquelle elle a préconisé que les mandats de ces opérations incluent des dispositions relatives à la protection de l’enfance.  En outre, elle a demandé aux États Membres qui ne l’ont pas encore fait de signer la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, convaincue que la continuité de l’éducation est un moyen de prévenir le recrutement des enfants par les groupes extrémistes et terroristes, et un outil efficace pour s’attaquer aux causes profondes des conflits.

M. IB PETERSEN (Danemark), s’exprimant au nom des pays nordiques (Danemark, Finlande, Islande, Norvège et Suède), a demandé de ne pas oublier le sort d’enfants qui ont vécu le conflit aux côtés de leur famille, tout comme ceux étant nés en plein conflit.  Il a aussi parlé de la radicalisation des enfants, notant que malgré la perte de ses territoires par Daech, la menace venant de l’idéologie du groupe et de sa propagande restait entière.  Nous allons voir une nouvelle génération qui est née en plein conflit ou qui a été radicalisée, a-t-il prévenu.  Les pays nordiques invitent les États à tenir compte, dans leur réponse à l’extrémisme violent, du fait que des enfants peuvent vivre dans des zones contrôlées par les groupes armés, ou servir de boucliers après avoir été enlevés ou recrutés. 

Pour les pays nordiques, il faut s’assurer que les enfants reçoivent une éducation de qualité, même en temps de conflit armé, puisque cela leur donnera des outils nécessaires pour développer leur esprit critique, lequel est crucial pour prévenir la radicalisation et l’extrémisme violent.  Il est aussi impératif de partager les meilleures pratiques et de renforcer la coopération à tous les niveaux, y compris avec la société civile, les organisations de jeunes, le corps enseignant et le secteur privé.  La communauté internationale doit également identifier et éliminer les messages de radicalisation qui ciblent les enfants et les jeunes sur Internet.  Prévenir la radicalisation passe aussi par la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, selon la délégation.

Le représentant a également conseillé d’intégrer les questions de protection de l’enfant dans les efforts de résolution des conflits, y compris au sein des missions de maintien de la paix des Nations Unies où le rôle des conseillers en protection doit d’ailleurs être valorisé.  Et dans l’urgence, il faut s’assurer que les enfants traumatisés et ceux affectés par la radicalisation reçoivent l’attention nécessaire.  Il a encore plaidé pour des programmes ciblés de réintégration dans la société, y compris un soutien psycho-social, et pour s’assurer que les enfants soient traités comme tels par les systèmes de justice juvénile. 

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a jugé inadmissible la poursuite de violations commises contre les enfants.  Il a souligné la nécessité de remédier aux causes profondes des conflits et a dénoncé les interventions militaires au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, qui sont directement responsables de la déstabilisation des sociétés, dont les premières victimes sont les enfants.  L’ONU doit agir de manière cohérente pour protéger les enfants, a-t-il dit.  Il a évoqué la situation des enfants palestiniens, victimes des violences commises par les forces israéliennes, avant de réitérer l’engagement de son pays à défendre la cause des enfants dans les conflits armés. 

M. ALI NASEER MOHAMED (Maldives) a appelé le Conseil de sécurité à être plus objectif dans la collecte et l’analyse des informations sur la situation des enfants en temps de conflit armé.  Le Conseil pourrait aussi œuvrer de concert avec l’UNICEF et le PNUD afin de promouvoir les valeurs de respect des enfants au niveau individuel et dans les sociétés, a-t-il suggéré.  Aux Maldives, la protection des droits de l’enfant fait partie des priorités du Gouvernement qui a renforcé le système national de protection et établi une base de données.  En outre, une ligne verte permet désormais d’accéder à tout moment à des centres d’aide en cas d’abus contre les enfants.  Les plaintes peuvent même être déposées de façon tout à fait anonyme.

M. ENRIQUE JOSÉ MARÍA CARRILLO GÓMEZ (Paraguay) a exhorté tous les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Protocole facultatif à la Convention sur les droits de l’enfant, le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI) et les Protocoles additionnels aux Conventions de Genève de 1949.  Dans le cadre du processus de paix en cours en Colombie, le Gouvernement du Paraguay participe à un échange culturel visant à prévenir le recrutement des enfants à des fins militaires et promouvoir leur réinsertion, la coexistence pacifique et le dialogue.  Dans ce cadre, une formation est proposée au personnel enseignant, a précisé le représentant.

Mme MARIA THEOFILI (Grèce) a demandé la fin des livraisons d’armes aux parties visées dans l’annexe du rapport du Secrétaire général.  Dénonçant les attaques contre les écoles, la déléguée a souligné la nécessité de remédier aux causes de ces attaques et de traduire en justice leurs auteurs.  Mon pays a signé la Déclaration sur la sécurité des écoles, a affirmé la représentante, avant d’inviter tous les États Membres à faire de même.  « Nous devons tout faire pour protéger l’avenir des enfants. »

Mme ELISENDA VIVES BALMAÑA (Andorre) a rappelé que son pays a adhéré à la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, qui veut réduire activement l’impact de la violence et des conflits sur les établissements scolaires.  Pour sa délégation, une approche holistique de la réintégration des enfants dans leur milieu doit tenir compte aussi de leur stigmatisation, en particulier celle des filles, premières victimes des abus et de l’exploitation sexuels.  Aussi a-t-elle appuyé le plan de tolérance zéro lancé par le Secrétaire général au mois de septembre dernier. 

M. VIRACHAI PLASAI (Thaïlande) a rappelé que plus de 4 000 violations contre les droits des enfants commises par les forces gouvernementales ont été enregistrées en 2016, d’après le rapport du Secrétaire général.  Il a exigé la pleine et efficace mise en œuvre de la Convention relative aux droits de l’enfant, ainsi que de tous ses protocoles facultatifs.  Sur la même période, plus de 11 500 cas de violations vérifiées ont été attribués à des groupes non étatiques, « une tendance alarmante » pour sa délégation.  M. Plasai a donc proposé de collaborer avec les États concernés et de tenir compte, avec prudence, du contexte unique de chaque conflit, tout en insistant sur la responsabilité des parties à un conflit de respecter et faire respecter le droit humanitaire et mettre fin à la culture de l’impunité.  Il a exhorté la société civile, les médias, le milieu universitaire ainsi que les gouvernements à travailler de concert pour se tenir au courant des tactiques des acteurs non étatiques, notamment les recrutements en ligne et l’utilisation agressive des médias sociaux.  Dans le même temps, la communauté internationale doit continuer à traiter les effets à long terme sur les enfants recrutés en formulant des dispositifs adéquats pour leur réinsertion et leur réhabilitation.

M. CHARLES THEMBANI NTWAAGAE (Botswana) a rappelé que plus de 8 000 enfants ont été tués ou mutilés en 2016, tandis que 14 500 violations ont été confirmées.  Le conflit au Yémen touche plus de 11 millions d’enfants, a-t-il poursuivi.  Le représentant a appuyé toutes les initiatives destinées à mettre un terme au recrutement et à l’enrôlement des enfants soldats.  Il a réitéré son soutien au mandat de la Représentante spéciale et à la campagne de l’UNICEF « Des enfants, pas des soldats ».  Le délégué a condamné dans les termes les plus énergiques les attaques contre les écoles, avant de rappeler qu’en 2016, 753 écoles ont été attaquées.  Mon pays a signé la Déclaration sur la sécurité dans les écoles l’année dernière, a précisé M. Ntwaagae. 

M. DAVID YARDLEY (Australie) a salué les progrès accomplis, dont le retrait des Forces armées de la République démocratique du Congo de la liste du rapport du Secrétaire général, et le nombre significatif d’enfants séparés des groupes armés en République centrafricaine et du Front de libération islamique Moro aux Philippines.  Il a également loué la signature de nouveaux plans d’action avec le Mali, le Soudan et avec l’Équipe spéciale civile conjointe au Nigéria. 

Il a défini en quatre points ce qu’il importe de faire pour préserver les enfants de l’impact des conflits armés, soulignant qu’il était d’abord crucial d’inclure dans le rapport annuel une liste fiable et crédible des auteurs des violations.  À cet égard, il a salué le fait que le Secrétaire général veille à ce que toutes les parties responsables de graves violations figurent sur la liste.  Il a aussi salué le nouveau format du rapport qui montre ce qu’une partie au conflit fait concrètement pour mettre fin à l’impunité.  Il a remarqué l’impact significatif des plans d’action, quand on sait que la majorité des groupes qui recrutent des enfants sont des acteurs non étatiques. 

En troisième lieu, le représentant a noté le rôle des conseillers de la protection de l’enfant dans les missions de maintien de la paix et a conclu, en arguant qu’il est impossible d’exagérer l’importance de la réinsertion des enfants soldats pour garantir une paix durable.  Il faut en conséquence œuvrer avec les communautés, les professionnels de la santé, les décideurs, les écoles et les institutions du secteur tertiaire pour épauler cette réinsertion.    

Mme HELENA YÁNEZ LOZA (Équateur) a relevé que les rapports dont le Conseil est saisi décrivent une réalité chaque fois plus alarmante, sans qu’il y ait une réponse collective et intégrale axée sur leur protection.  Le rapport du Secrétaire général met en évidence la façon dont les écoles sont utilisées à des fins militaires et les infrastructures scolaires détruites.  En tant que signataire de la Déclaration d’Oslo (2015), l’Équateur souligne la nécessité de protéger les élèves, les enseignants et les écoles en temps de conflit armé et insiste sur la protection du droit à l’éducation même pendant les conflits.  La représentante a relié ces questions au quatrième objectif de développement durable sur l’accès à une éducation de qualité, un sujet important pour El Salvador que sa Constitution définit comme « un territoire de paix ». 

La Constitution stipule que les filles, les garçons et les adolescents doivent bénéficier d’une attention prioritaire en cas de catastrophe, de conflit armé et tout autre type de situation d’urgence.  La représentante a prié pour que les chiffres cités dans les rapports ne deviennent pas « une banalité quotidienne » mais appellent plutôt une réponse intégrale de la part des États, qui inclurait un engagement total à punir les coupables.  En conclusion, l’Équateur a appelé à un appui politique et financier à la Représentante spéciale.   

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a déclaré que les groupes terroristes poursuivent leurs attaques dans différents pays, y compris au Yémen, où les enfants sont utilisés comme boucliers humains ou pour commettre des attentats-suicides.  C’est pourquoi la coalition arabe a tout mis en œuvre pour protéger les civils et notamment les enfants dans ce pays et faire respecter le droit international humanitaire.  Il a estimé qu’il faut revoir le mécanisme de surveillance du rapport du Secrétaire général pour y faire figurer à l’avenir des informations précises et bien documentées.

M. YASHAR T. ALIYEV (Azerbaïdjan) a dénoncé « la politique de terre brûlée » mise en œuvre par l’Arménie dans les territoires saisis à l’Azerbaïdjan.  Cette politique a conduit à un véritable nettoyage ethnique et aux meurtres violents de milliers de civils, dont des enfants, a-t-il accusé.  « Au 1er octobre 2017, 3 874 ressortissants de l’Azerbaïdjan étaient portés disparus en raison du conflit, parmi lesquels 744 civils, dont 44 enfants ».  Il a dénoncé l’impunité dont bénéficient les auteurs des crimes commis à la faveur de « l’agression arménienne ».  Il a mentionné les noms de deux enfants, Zahra Guliyeva et Ramin Yusifov, âgés de 2 ans et de 13 ans, tués cet été dans les violations du cessez-le-feu par les forces armées de l’Arménie. 

M. KHALED HUSSEIN MOHAMED ALYEMANY (Yémen) a réaffirmé l’engagement du Gouvernement yéménite à protéger les enfants, comme en témoigne le décret présidentiel de 2012 interdisant le recrutement de mineurs dans les forces armées.  Fort de cet engagement, le Yémen a souscrit à la Déclaration sur la sécurité des écoles, a précisé son représentant, avant de dénoncer le fait que le rapport du Secrétaire général place sur un pied d’égalité le Gouvernement légitime et le mouvement houthiste.  Il s’est élevé contre le fait que l’ONU continue de s’appuyer sur des organisations de la société civile acquises à la cause des houthistes et qui fabriquent « de toutes pièces » des informations pour servir leurs intérêts politiques.  Ce n’est pas faute d’avoir proposé à la Représentante spéciale de coopérer plus étroitement afin d’avoir un tableau plus précis de la situation, a déploré le délégué.  Il a demandé que, dans le prochain rapport, les Forces armées yéménites soient retirés de la liste des parties qui n’ont pas mis en place des mesures pour améliorer la protection des enfants.

Mme MARÍA BASSOLS (Espagne) a invité la communauté internationale à se montrer « inflexible » face aux violations commises contre les enfants.  Elle a souligné l’importance qu’il y a à préserver la crédibilité des listes contenues dans les annexes au rapport du Secrétaire général.  Ces listes doivent être basées sur des informations précises, a-t-elle voulu, avant de souligner l’engagement de son pays à améliorer le sort des enfants en temps de conflit.  Mon pays, a-t-elle indiqué, a participé à la Conférence de Paris de 2017 et va souscrire à l’initiative lancée par la France pour protéger le personnel médical dans les zones de conflit.  La déléguée a plaidé pour l’inclusion dans les mandats des opérations de paix de l’ONU de dispositions relatives à la protection des enfants.  Elle a réclamé la traduction en justice de tous les auteurs de violations des droits de l’enfant. 

M. MHER MARGARYAN (Arménie) a accusé l’Azerbaïdjan d’avoir, en violation du droit international, installé des équipements militaires dans des zones civiles qu’elle utilise pour lancer des attaques et des tirs d’artillerie le long de la ligne de contact avec le Haut-Karabakh.  Les infrastructures et la population civiles, y compris les enfants, sont devenues les cibles d’attaques intentionnelles et aveugles.  L’Azerbaïdjan multiplie les tentatives délibérées de faire dérailler le processus de paix par des violations régulières de la frontière, a accusé le représentant. 

Le délégué d’Israël a jugé « déplorable » de devoir reprendre la parole pour répondre aux allégations de son homologue saoudien.  L’Arabie saoudite est responsable de la mutilation de 600 enfants en 2016, entraînant son inscription sur les listes figurant en annexe du rapport du Secrétaire général, a-t-il affirmé.

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