8056e séance – matin
CS/13007

Soudan du Sud: le Représentant spécial souligne devant le Conseil de sécurité la nécessité d’efforts internationaux unifiés en faveur du processus de paix

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan du Sud, M. David Shearer, a souligné, ce matin, devant le Conseil de sécurité, la nécessité d’un « front commun » et « d’efforts unifiés » de la communauté internationale en faveur du processus de paix dans le pays, lequel est aujourd’hui au point mort.  Un point de vue partagé par les États Membres, les États-Unis n’hésitant pas à parler de « dernière chance » de sauver ce processus. 

« Nous sommes tous conscients que le Soudan du Sud risque de demeurer une source d’instabilité régionale et un puits sans fond pour les ressources internationales », a affirmé M. Shearer, qui présentait le dernier rapport* du Secrétaire général sur le Soudan du Sud. 

Près de 7,6 millions de Sud-Soudanais ont besoin d’une aide humanitaire, tandis que le nombre de personnes déplacées a atteint les quatre millions lors des premiers six mois de cette année, a-t-il noté.  Le Représentant spécial a également mis en garde contre une possible insurrection civile en raison de la crise économique.

M. Shearer a évoqué la mise en œuvre de l’Accord de paix de 2015, dans un contexte marqué par les gains militaires du Gouvernement sur une opposition profondément divisée.  « Les parties ont montré peu d’intérêt à s’engager dans de sérieuses négociations, malgré les différentes initiatives visant à trouver une solution politique », a déclaré M. Shearer. 

Il a convenu que l’espace pour un compromis s’agissant de la mise en œuvre de l’Accord de paix était « étroit » et que le processus de paix devait urgemment gagner en substance. 

Notant qu’il ne restait plus que quelques mois avant la fin de la période transitoire visée par l’Accord de paix, M. Shearer a souligné la nécessité d’un « élan extérieur », afin d’ouvrir la voie à la tenue d’élections crédibles.  « Nous, collectivement, devons délivrer un message clair et unifié aux parties sur la marche à suivre », a–t-il dit. 

Le Représentant spécial a également précisé que les acteurs régionaux, tels que l’Union africaine et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), avaient un rôle crucial à jouer pour l’obtention d’une solution pacifique. 

Le Président de la Commission mixte de suivi et d’évaluation de l’Accord de paix, M. Festus Mogae, a rappelé qu’un rapport complet sur la mise en œuvre de cet accord devrait être présenté à l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) dans le cadre d’un forum de revitalisation du processus de paix, dont les préparatifs sont en cours. 

« Ce qui est irréfutable, c’est que le cessez-le-feu permanent est toujours l’objet de violations commises en toute impunité par les parties au conflit », a constaté le Président.

Les délégations, dont celles du Japon et de l’Uruguay, ont fondé de grands espoirs en ce forum.  Ce forum, qui est une « occasion unique de rassembler toutes les parties en présence », doit se réunir le plus rapidement possible, a affirmé le représentant de la Suède. 

D’autres délégations, dont celle de la Bolivie, ont insisté sur la nécessité d’une complémentarité des efforts de paix.  Le Représentant spécial leur a assuré qu’il veillerait à améliorer la coopération entre l’Union africaine, l’IGAD et l’ONU. 

Les délégations se sont néanmoins divisées sur la question de l’imposition de sanctions au Soudan du Sud.  La représentante de la France a estimé qu’un embargo sur les armes serait pertinent pour endiguer la violence, tandis que son homologue du Royaume-Uni a plaidé pour l’imposition de sanctions ciblées « contre tous ceux qui font obstacle à la paix ». 

« Un embargo sur les armes et des sanctions ciblées ne feraient qu’aggraver la situation actuelle », a balayé le délégué de la Fédération de Russie. 

Enfin, les délégations ont été nombreuses à demander l’élimination des obstacles qui entravent la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) et à saluer le déploiement de la Force de protection régionale qui devrait, selon le Représentant spécial, permettre à la Mission de se consacrer à la protection des civils dans de nouvelles zones. 

« Des défis considérables se posent aux opérations de la Mission mais il y a aussi des signes d’amélioration et certains progrès sur lesquels nous espérons nous appuyer », a réagi le représentant du Soudan du Sud. 

* S/2017/784

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Rapport du Secrétaire général sur le Soudan du Sud (Période allant du 2 juin au 1er septembre 2017) (S/2017/784)

Déclarations

« Alors que nous approchons de la saison des pluies, le Soudan du Sud demeure confronté à des défis sociaux, économiques et humanitaires », a affirmé M. DAVID SHEARER, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan du Sud.  Le Gouvernement paraît avoir gagné en confiance avec ses récents gains militaires, y compris dans certains bastions de l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS) dans l’opposition fidèle à M. Riek Machar, a-t-il poursuivi. 

Il a indiqué que l’opposition demeurait profondément divisée et avait subi des revers militaires importants ces derniers mois.  Alors que la tenue d’élections est évoquée, le Représentant spécial a affirmé que celles-ci devaient être inclusives, crédibles et transparentes et devaient consolider un processus de paix authentique. 

Il s’est dit très préoccupé par la situation humanitaire, estimant à 7,6 millions le nombre de personnes ayant besoin d’une aide dans le pays.  Le plan de réponse humanitaire de 1,64 milliards de dollars n’a été financé qu’à hauteur de 66%, a-t-il noté. 

M. Shearer a précisé que le nombre de personnes déplacées avait atteint les quatre millions lors des premiers six mois de cette année.  Le Représentant spécial a souligné l’effet négatif de l’éclatement de l’opposition sur l’acheminement de l’aide, un convoi humanitaire en route pour Yambio ayant désormais besoin de 13 permissions séparées de la part des groupes armés. 

Dix-huit travailleurs humanitaires ont été tués au Soudan du Sud en 2017, a-t-il déploré.  Il a exhorté le Gouvernement sud-soudanais à adopter une attitude plus positive vis-à-vis des partenaires humanitaires et à éliminer les obstacles bureaucratiques qui entravent leur travail. 

Il a indiqué que la MINUSS allait s’installer à Yei et renforcer sa présence à Torit et Yambio pour permettre un retour des personnes déplacées.  Une réduction de la présence de la Mission à Wau et possiblement à Bor est envisagée, a-t-il poursuivi. 

M. Shearer a mentionné les efforts de la MINUSS pour passer progressivement de l’accomplissement de tâches statiques vers une projection au sein des communautés qui ont le plus besoin de la Mission.  « En fin de compte, tout dépendra de la manière dont le Gouvernement et les forces d’opposition se comporteront. »

Le Représentant spécial a évoqué la Force de protection régionale, en indiquant que le positionnement de celle-ci à l’aéroport de Djouba demeurait une question controversée.  Le mandat de la Force, tel qu’établi par le Conseil, est sans ambiguïtés, a-t-il dit. 

M. Shearer a affirmé que les menaces sécuritaires dans la capitale n’émanaient plus de la présence de deux armées face à face comme il y a un an mais d’une potentielle insurrection civile en raison de la crise économique.  Le renforcement de la MINUSS grâce à la Force de protection régionale devrait permettre à la Mission de se consacrer à la protection des civils dans certaines zones, a-t-il précisé.

Sur le plan politique, le Représentant spécial a déclaré que l’espace pour un compromis s’agissant de l’Accord de paix de 2015 était étroit.  Les parties ont montré peu d’intérêt à s’engager dans de sérieuses négociations, malgré les différentes initiatives visant à trouver une solution politique, a déploré M. Shearer. 

Il a précisé que l’ONU continuerait d’appuyer le dialogue national avec prudence, dépendant de la transparence de ce processus.  « Je reconnais que ce processus peut paraître partisan à une opposition de plus en plus fracturée et désenchantée, mais ces derniers mois, il a fourni une plateforme utile pour des discussions ouvertes d’une importance capitale. »

Notant qu’il ne restait plus que quelques mois avant la fin de la période transitoire visée par l’Accord de paix, M. Shearer a souligné que le processus de paix avait besoin d’un « élan extérieur ».  Il est essentiel que la communauté internationale montre un front uni afin d’appuyer la mise en œuvre d’un processus de paix ouvrant la voie à la tenue d’élections crédibles dans les délais impartis, mais après seulement une période de transition marquée par une véritable stabilité, a-t-il lancé.  « Nous sommes tous conscients que le Soudan du Sud risque de demeurer une source d’instabilité régionale et un puits sans fond pour les ressources internationales », a affirmé M. Shearer.

En conclusion, M. Shearer a déclaré que le Soudan du Sud avait besoin d’efforts unifiés et de l’attention du Conseil et précisé que la région avait un rôle crucial à jouer pour l’obtention d’une solution pacifique. 

« Nous, collectivement, devons délivrer un message clair et unifié aux parties sur la marche à suivre », a–t-il dit.  M. Shearer a affirmé que les consultations de ces derniers jours avaient été encourageantes.  « Mais nous appuyons un processus qui doit urgemment gagner en substance. »

M. FESTUS MOGAE, Président de la Commission mixte de suivi et d’évaluation, a indiqué que les incidents dont il s’était fait l’écho, le mois dernier, au sein de l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS) se sont aggravés entre les deux factions rivales, celle dirigée par l’ancien Vice-Président sud-soudanais, M. Riek Machar, et celle placée sous les ordres de l’actuel Premier Vice-Président, M. Taban Deng Gai.  Il a fait également état du déplacement de 3 000 civils vers l’Éthiopie, d’affrontements dans l’Équatoria, de vols à main armée, et de tensions intercommunautaires dans le Bahr-el-Ghazal. 

M. Mogae a indiqué qu’un rapport complet sur la mise en œuvre de l’Accord de paix sera présenté à l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) dans le cadre d’un forum de revitalisation du processus de paix. 

En mars dernier, a-t-il rappelé, « nous avons pris l’initiative de renforcer notre supervision en créant six comités et évaluons régulièrement les progrès accomplis dans la mise en œuvre de l’Accord, en fonction desquels des mesures immédiates sont prises ».  S’il a dit ne pas pouvoir préjuger du contenu du rapport de la Commission mixte, M. Mogae a été en mesure de dire que la mise en œuvre de l’Accord a été entravée au cours de la période à l’examen.

« Ce qui est irréfutable, c’est que le cessez-le-feu permanent est toujours l’objet de violations commises en toute impunité par les parties au conflit », a constaté le Président, qui s’est dit préoccupé par les conséquences de la scission de l’APLS en deux factions. 

Des progrès ont certes été accomplis, mais il est décevant de voir que les « institutions de transition » et les « mécanismes intermédiaires » prévus par ledit accord n’ont toujours pas été mis en place, sans compter l’absence d’avancées dans le processus constitutionnel. 

Il faut mettre fin à toutes les formes de violence et les parties politiques doivent démontrer leur volonté politique, a-t-il insisté en conclusion.

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a indiqué qu’elle se rendrait à Djouba en octobre.  Six mois se sont écoulés depuis que le Conseil de sécurité a demandé un cessez-le-feu et un retour des parties à la table des négociations, a-t-elle rappelé. 

« Tous les mois, nous demandons aux parties la même chose, tous les mois, nous voyons que la situation ne s’améliore pas », a-t-elle déploré.  Mme Haley a regretté qu’il n’y ait pas eu de punition contre ceux qui sont directement responsables des souffrances du peuple sud-soudanais. 

Le Gouvernement n’a pas entendu les appels du Conseil pour une cessation des combats et la formation d’un gouvernement inclusif, a-t-elle noté.  Elle a ensuite décrit la situation humanitaire désastreuse, avant d’exhorter le Gouvernement à coopérer avec la MINUSS. 

« Au début de ce mois, nous avons sanctionné certains individus entravant le processus de paix », a-t-elle dit.  « Mon pays fera ce qu’il peut pour aider le Soudan du Sud. »

Elle a exhorté le Conseil à en faire davantage avant de lancer le message suivant au Gouvernement: « Vous pouvez faire cesser cette violence et vous engager dans la voie d’une revitalisation du processus de paix. » 

Elle a conclu en indiquant qu’il s’agissait là de « la dernière chance » de sauver le processus de paix. 

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a affirmé que les parties au conflit au Soudan du Sud sont sourdes à la détresse de la population civile, comme en témoignent les crimes « épouvantables » recensés dans le pays, lesquels provoquent le déplacement de millions d’habitants.  « Ces souffrances ne peuvent plus être tolérées et le Soudan du Sud être autorisé à continuer sur cette voie », a-t-il tranché. 

S’il s’est félicité des efforts conjoints de l’Union africaine, de l’ONU et de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) pour mettre fin à la crise, le représentant a estimé que des efforts concertés de tous les pays de la région sont nécessaires pour revitaliser le processus de paix. 

Mais la première étape est, pour les parties, de déposer les armes, a-t-il affirmé.  Lui aussi a plaidé pour l’imposition de sanctions ciblées « contre tous ceux qui font obstacle à la paix ».

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a demandé aux parties en présence au Soudan du Sud de tenir leur engagement de mettre immédiatement fin aux hostilités et de s’engager de bonne foi dans un processus de dialogue qui permette la mise en œuvre de l’Accord de paix de 2015.  Au Gouvernement du Soudan du Sud, il a demandé de rétablir les libertés politiques essentielles à la paix et de garantir le respect des droits de l’homme, tout en s’assurant que justice soit rendue pour les cas de violation de ces droits.

M. Bermúdez a souligné les efforts déployés pour revitaliser le processus de paix tant par les Nations Unies que par l’Union africaine, l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et la Commission mixte de suivi et d’évaluation.  Toutes les parties prenantes doivent agir à l’unisson en envoyant aux parties en conflit un message non équivoque, a-t-il souhaité. 

Enfin, le représentant a salué la convocation par l’IGAD d’un forum de haut niveau pour la revitalisation de l’Accord de paix de 2015, un bon moyen, selon lui, de relancer le processus politique dans le pays et avancer vers des élections démocratiques au terme de la période de transition.

M. KORO BESSHO (Japon) a déclaré que la position de son pays restait inchangée: les violations du cessez-le-feu et les restrictions à l’accès humanitaire doivent prendre fin, et le Gouvernement soudanais doit coopérer avec la MINUSS.  D’après lui, le Conseil de sécurité doit rester uni en envoyant un message fort au Gouvernement et à l’opposition.

Face aux coûts humains considérables de ce conflit, le Japon a annoncé, le 19 septembre dernier, une aide d’urgence de 3 millions de dollars pour le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). 

Le représentant a souligné l’importance d’un processus politique véritablement inclusif et appuyé les efforts de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) visant à organiser un forum de haut niveau sur la revitalisation du processus de paix.

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a déclaré que l’escalade de la crise au Soudan du Sud avait une incidence sur la sous-région, estimant toutefois qu’il n’est pas juste d’incriminer le Gouvernement seulement.  Il a tenu à rappeler qu’en mai dernier, le Président Salva Kiir avait annoncé un cessez-le-feu unilatéral qui n’a pas été respecté. 

Aussi sa délégation a-t-elle estimé qu’un embargo sur les armes et des sanctions ciblées ne feraient qu’aggraver la situation actuelle.  Il a souhaité que le Secrétariat de l’ONU et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) aident au déploiement de la Force de protection régionale, notamment dans la zone de l’aéroport, et que les préparatifs en cours du forum de l’IGAD de revitalisation de l’effort de paix soient menés à bien. 

Il est important que les gouvernements régionaux s’impliquent dans la résolution de la crise au Soudan du Sud, a souligné le délégué russe.

M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan) s’est dit préoccupé par la lenteur dans la mise en œuvre de l’Accord de paix.  Le dialogue national de 2017 doit être ouvert à tous et transparent, a-t-il dit.  Il a estimé que la crise ne pourra être durablement réglée que si les initiatives de paix sont dûment coordonnées.  Tous les acteurs sud-soudanais doivent parler d’une même voix, a-t-il poursuivi. 

Le délégué a ensuite plaidé pour une stratégie intégrée afin de répondre aux causes profondes du conflit.  Il s’est dit préoccupé par la poursuite des affrontements militaires dans l’Équatoria et a demandé aux parties de rechercher un cessez-le-feu permanent. 

Enfin, le représentant a apprécié les progrès accomplis dans le déploiement de la Force de protection régionale et salué la décision du Kenya de fournir des contingents à ladite Force.

M. OLOF SKOOG (Suède) a exprimé son plein soutien au processus de revitalisation de l’Accord sur le règlement du conflit au Soudan du Sud, comme il en est résulté de la réunion de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) de la semaine dernière. 

Il a souhaité la convocation rapide du forum de revitalisation de haut niveau, estimant que c’est une occasion unique de rassembler toutes les parties en présence, invitant celles-ci à s’engager dans ce processus de bonne foi. 

Il a aussi salué la convocation régulière de réunions tripartites entre les Nations Unies et l’Envoyé spécial, le Haut-Représentant de l’Union africaine et l’Envoyé spécial de l’IGAD, y voyant un moyen de mieux coordonner les efforts.

Seule une solution politique pourra mettre fin à la crise au Soudan du Sud, a déclaré le représentant en exigeant une cessation immédiate des hostilités par « toutes » les parties.  Il a demandé au Conseil de sécurité de rester uni dans le soutien qu’il apporte aux efforts régionaux en ce sens. 

Il lui a aussi rappelé ses responsabilités en l’invitant à se préparer à appliquer « nos » décisions, notamment les dispositions de la déclaration présidentielle adoptée il y a six mois.

S’agissant de la situation humanitaire, le représentant a appelé le Gouvernement à faciliter le travail de la MINUSS et des organisations humanitaires en garantissant la sécurité de leurs personnels.  Il s’est réjoui à cet égard du déploiement de la première compagnie de la Force de protection régionale, espérant que les obstacles seraient levés pour permettre son plein déploiement. 

Le représentant s’est aussi inquiété de la capacité de la MINUSS à suivre les violations des droits de l’homme, qui est limitée à cause des restrictions à la liberté de mouvement de son personnel. 

Enfin, il a recommandé de favoriser la participation des femmes dans le processus de paix.

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a estimé qu’il y a trois aspects fondamentaux à la crise au Soudan du Sud: la situation humanitaire; les violations des droits de l’homme; et la réconciliation nationale et le processus de paix.  Il a salué les conclusions du travail préparatoire au déploiement de la Force de protection régionale et a espéré que les autorités du Soudan du Sud iront de l’avant. 

Le représentant a noté que, ces dernières semaines, des mesures modestes avaient été adoptées, telles que le communiqué du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et la réunion de haut niveau organisée à l’initiative du Secrétaire général de l’ONU, qui viennent appuyer le processus de revitalisation du processus de paix lancé par l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a réitéré sa conviction selon laquelle la solution au conflit au Soudan du Sud ne doit pas être militaire, arguant que la seule option viable est de suivre un processus politique authentique dans le cadre de l’Accord sur le règlement du conflit au Soudan du Sud. 

Il a, dès lors, appelé les dirigeants et les autres acteurs à faire preuve de volonté politique claire en prenant des mesures concrètes en faveur de la paix.  Le représentant s’est félicité du soutien apporté par la réunion ministérielle du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine sur le Soudan du Sud le 20 septembre, à New York, dont le communiqué a envoyé un message clair pour dire que le statu quo n’est pas tenable. 

La situation au Soudan du Sud ne peut plus être traitée de manière routinière, a reconnu le représentant en demandant de prendre des mesures urgentes.  Il a donc appelé toutes les parties prenantes à cesser les hostilités et à s’engager en faveur d’un cessez-le-feu permanent et à mener le dialogue politique de manière inclusive, transparente et indépendante, en veillant à ne pas voir le dialogue national comme un remplacement de l’Accord de paix et du processus de revitalisation mené par le Conseil des ministres de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).

« Les chiffres sont têtus et pointent l’ampleur de la crise au Soudan du Sud », a déclaré Mme ANNE GUEGUEN (France).  Elle a rappelé que 18 travailleurs humanitaires avaient été tués dans le pays depuis le début de l’année.  Dans ce contexte, le Soudan du Sud étant l’un des pays les plus dangereux au monde, elle a indiqué que la mise en place d’un embargo sur les armes pourrait s’avérer pertinente. 

La déléguée de la France a ensuite loué la posture ferme adoptée par la MINUSS s’agissant de la protection des civils.  Elle a salué les progrès accomplis dans le déploiement de la Force de protection régionale, tout en observant que le Conseil a autorisé ce déploiement il y a déjà un an. 

Elle a souligné la nécessité de faire avancer le processus politique, ajoutant que le forum de revitalisation de haut niveau aura un rôle crucial à jouer.  La déléguée a appuyé les efforts de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).  L’engagement de ce Conseil est essentiel pour la paix au Soudan du Sud, a conclu Mme Gueguen. 

M. ZHANG DIANBIN (Chine) s’est félicité que le Gouvernement provisoire d’union nationale se soit engagé en faveur de la paix depuis le début de l’année et que l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) prépare un forum de revitalisation du processus de paix. 

Les parties sont récemment parvenues à un consensus, a-t-il assuré, même s’il a reconnu que les conditions politiques, économiques et sécuritaires restent très préoccupantes.  Le représentant a vivement encouragé la communauté internationale à améliorer son soutien aux parties au conflit et la synergie des organisations qui s’efforcent d’aider le Soudan du Sud. 

Dans ce contexte, le Conseil de sécurité devrait jouer un rôle de coordination dans le processus de médiation dont l’IGAD reste le chef de file.  Le Gouvernement provisoire d’union nationale doit, au bout du compte, faire le choix de la paix.  « Avant de proposer des solutions, la communauté internationale devrait consulter le Gouvernement et éviter d’imposer par la force des solutions », a plaidé le délégué chinois. 

Pour sa part, a-t-il précisé, la Chine a déployé un millier de Casques bleus au sein de la MINUSS, contribué à hauteur de 5 millions de dollars au Programme alimentaire mondial (PAM) cette année et acheminé 8 000 tonnes de vivres au Soudan du Sud par le biais de partenaires bilatéraux. 

M. PEDRO LUIS INCHAUSTE JORDÁN (Bolivie) a estimé que la fin des combats était la première étape dans l’instauration d’une paix durable au Soudan du Sud.  Il a vivement déploré le manque d’engagement des parties en faveur d’un règlement pacifique de la crise.  Le délégué a appuyé les initiatives régionales pour l’instauration de la paix et salué le « message fort » envoyé récemment par l’Union africaine. 

Les initiatives de paix doivent être complémentaires, a-t-il relevé.  Le représentant a déclaré que le processus visant à ce que les crimes commis au Soudan du Sud ne restent pas impunis devait être piloté par l’Union africaine. 

Il a ensuite salué l’arrivée du contingent rwandais au sein de la Force de protection régionale et a souligné l’importance d’une bonne coordination entre cette Force et le pays hôte.  Grâce à cette Force, la MINUSS pourra se déployer dans d’autres zones du pays et mieux protéger les civils, a-t-il conclu. 

M. AKUEI BONA MALWAL (Soudan du Sud) a déclaré qu’il n’avait pas l’intention de contester l’exactitude de faits contenus dans le rapport du Secrétaire général, « certaines allégations » étant néanmoins « discutables », mais plutôt de faire comprendre au Conseil de sécurité et aux parties concernées que ce n’est pas la politique du Gouvernement sud-soudanais d’entraver le mandat de la MINUSS ni l’accès humanitaire dans le pays. 

Il a reconnu que des défis considérables se posent aux opérations de la Mission, mais qu’« il y a aussi des signes d’amélioration et certains progrès sur lesquels nous espérons nous appuyer ».  Le représentant a notamment émis l’espoir de tirer parti de consultations et d’une coopération plus étroites comparables à celles ayant prévalu lorsqu’il s’est agi de résoudre la question de l’équipe préparatoire rwandaise de la Force de protection régionale. 

Son gouvernement, a-t-il dit, examinera les différents messages adressés par la communauté internationale, y compris le communiqué interministériel en date du 20 septembre, rendu public à New York, pour élaborer des politiques destinées à renforcer la coopération et à améliorer la communication et les interactions quotidiennes entre les agences gouvernementales et la MINUSS.

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