7998e séance – matin 
CS/12907

RDC: le Chef des opérations de maintien de la paix alerte le Conseil de sécurité d’une mise en œuvre « largement insuffisante » de l’accord du 31 décembre

La mise en œuvre de l’accord politique du 31 décembre 2016, censée régir la transition en cours et baliser le chemin vers les élections, « demeure largement insuffisante », a estimé le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, devant le Conseil de sécurité qui examinait la situation concernant la République démocratique du Congo (RDC). 

M. Jean-Pierre Lacroix a rappelé qu’il y a six mois, alors que le second mandat du Président de la RDC, M. Joseph Kabila, arrivait à son terme, la signature de l’accord par tous les acteurs politiques avait permis « d’éviter une crise grave ».  Mais à moins de six mois des élections prévues par l’accord, « le consensus s’est progressivement effrité » et les retards se sont accumulés, notamment dans la publication du calendrier électoral.  Le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement, une plateforme réunissant des partis de l’opposition, s’est désolidarisé des arrangements politiques récents destinés à mettre en œuvre l’accord.  Il est à craindre, a-t-il poursuivi, que la mise en place annoncée du Conseil national de suivi de l’accord (CNSA) souffre également de l’effritement du consensus politique.

« En dépit du sentiment d’impasse qui prévaut parfois », le Secrétaire général adjoint a relevé les progrès dans l’enregistrement des électeurs dans 24 des 26 provinces de la RDC.  Au 10 juillet 2017, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) avait enregistré 33 millions d’électeurs sur un total de 41 millions.  Mais la récente déclaration du Président de la CENI concernant l’impossibilité d’organiser des élections d’ici à la fin de l’année, constitue « un motif supplémentaire de préoccupations ».

Le représentant de la France a jugé urgent que le Gouvernement congolais prenne des mesures pour réaffirmer son engagement à respecter l’accord, rappelant les risques que feraient courir pour toute la région le non–respect de l’une ou l’autre des dispositions principales de l’accord.  Or, « ce scénario est malheureusement en train de se réaliser sous nos yeux », a-t-il dit craindre.  Le Gouvernement sait ce qu’il a à faire, a renchéri son homologue du Royaume-Uni: l’accord du 31 décembre doit être appliqué, les élections doivent avoir lieu dans les six mois et la Commission électorale doit publier un calendrier électoral.  « Nous n’avons que peu de temps pour faire pression sur le Gouvernement et l’obliger à tenir ses engagements », a martelé la représentante des États-Unis.

Du point de vue sécuritaire, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a dénoncé une récente série d’attaques contre les Forces armées de la RDC (FARDC), dans la province du Nord-Kivu, parallèlement aux heurts ethniques.  Dans l’ouest du pays, les violences dans les provinces du Kasaï ont atteint des niveaux très préoccupants avec la milice « Kamuina Nsapu ».  Entre mai et juin 2017, a précisé M. Lacroix, le nombre de personnes déplacées en RDC a augmenté de 26%, pour atteindre 1,3 million de personnes.

Un aspect du règlement de cette crise sera la réponse qu’apporteront les autorités congolaises à la lutte contre l’impunité, a estimé le représentant de la France, se félicitant de la résolution adoptée le 23 juin par le Conseil des droits de l’homme, avec le soutien de la RDC, sur le déploiement d’une mission d’experts internationaux qui travaillera en coopération avec les autorités congolaises.  Son homologue du Royaume-Uni, qui a dénoncé les exactions commises par les Forces armées de la RDC, a dit attendre « une pleine coopération » du Gouvernement congolais.  Les parties prenantes n’ont pas encore « payé » les conséquences de l’instabilité et du retour à la « violence terrible », a prévenu la représentante des États-Unis.  « Il n’y a aucun doute sur les auteurs de ces heurts violents et sur leurs motifs. » 

Les enquêtes qui se poursuivent ont permis l’arrestation de 11 autres suspects parmi lesquels 8 seraient identifiés comme ayant joué un rôle direct dans l’assassinat des deux experts des Nations Unies, a affirmé le représentant de la RDC.  Le Gouvernement collabore avec la MONUSCO et le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme.  Il a accueilli favorablement la demande du Gouvernement américain qui participe aux enquêtes à travers le FBI et est prêt à travailler avec le Gouvernement suédois.  Le représentant de la Suède a d’ailleurs suggéré que la solution serait peut-être la création d’un mécanisme d’enquête supplémentaire. 

La situation va mieux, a argué son homologue de la RDC, puisque la CENI est sur le point d’entamer le processus d’enregistrement des électeurs dans les Kasaï car on ne peut pas envisager d’organiser une élection aussi importante que la présidentielle sans ces provinces qui représentent plus de 8% du collège électoral, a insisté le représentant.  Il n’a pas manqué d’imputer une partie des retards au « manque de souplesse et de concession » d’une partie de l’opposition, le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement.

LA SITUATION CONCERNANT LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

Rapport du Secrétaire général sur l’application de l’accord politique du 31 décembre 2016 en République démocratique du Congo (S/2017/435)

Rapport du Secrétaire général sur la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (S/2017/565)

Déclarations

La mise en œuvre de l’accord politique du 31 décembre 2016, censée régir la transition en cours et baliser le chemin vers les élections, « demeure largement insuffisante », a déploré M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix.  Il y a six mois, a-t-il rappelé, le second mandat du Président de la RDC, M. Joseph Kabila, arrivait à son terme.  Dans ce contexte, la signature de l’accord du 31 décembre 2016 par tous les acteurs politiques a permis « d’éviter une crise grave ». 

Le Secrétaire général adjoint a « tracé les contours de la transition en cours », en vue de la tenue des élections à la fin 2017.  Cependant, a-t-il alerté, à moins de six mois des élections, « le consensus s’est progressivement effrité ».  Le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement, une plateforme réunissant des partis de l’opposition, s’est désolidarisé des arrangements politiques récents destinés à mettre en œuvre l’accord.  Il est à craindre, a-t-il poursuivi, que la mise en place annoncée du Conseil national de suivi de l’accord (CNSA) souffre également de l’effritement du consensus politique.

Face à cette situation, M. Lacroix a rappelé que le Représentant spécial du Secrétaire général pour la République démocratique du Congo (RDC), M. Maman Sambo Sidikou, et l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, M. Said Djinnit, poursuivent leurs bons offices en vue pour la bonne mise en œuvre des engagements pris dans le cadre de l’accord du 31 décembre.  En dépit du sentiment d’impasse qui prévaut parfois, a estimé le Secrétaire général adjoint, les progrès dans l’enregistrement des électeurs dans 24 des 26 provinces de la RDC représentent un motif d’encouragement.  Au 10 juillet 2017, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) avait enregistré 33 millions d’électeurs sur un total de 41 millions.  Cependant, les défis sécuritaires dans les Kasaï rendent l’enregistrement problématique, de même que les retards enregistrés par la CENI dans la publication du calendrier électoral et les incertitudes sur le financement des scrutins.  Enfin, a-t-il dit, la récente déclaration du Président de la CENI concernant l’impossibilité d’organiser des élections d’ici à la fin de l’année, constitue un motif supplémentaire de préoccupations.  M. Lacroix a par conséquent appelé les acteurs nationaux et internationaux à se mobiliser pour remettre l’accord sur les rails.

Évoquant la situation sécuritaire dans certaines régions de l’est et de l’ouest de la RDC, M. Lacroix a déploré la multiplication des affrontements entre groupes armés et Forces nationales de sécurité.   Dans l’est, une récente série d’attaques contre les Forces armées de la RDC (FARDC), dans la province du Nord-Kivu, constitue un nouveau phénomène préoccupant, qui ajoute à la complexité dans une zone déjà minée par les violences.  Parallèlement, des heurts entre milices ethniques du Nord-Kivu se sont poursuivis, a-t-il signalé. 

Par ailleurs, dans l’ouest du pays, les violences dans les provinces du Kasaï ont atteint des niveaux très préoccupants, a déploré le représentant, précisant que la milice « Kamuina Nsapu » venait de prendre pour cible des dizaines de civils et d’attaquer des bureaux de la CENI ainsi que des écoles et des éléments des FARDC.  La violence interethnique dans cette région est extrêmement préoccupante, a poursuivi M. Lacroix, ajoutant qu’il a des informations faisant état d’exécutions sommaires et de viols, y compris par des groupes appuyés par le Gouvernement ou par les Forces armées elles-mêmes.   

« Cette situation est en partie responsable de la hausse préoccupante des violations des droits de l’homme », a déclaré M. Lacroix, ajoutant que la situation sécuritaire était également la principale cause de la détérioration de la situation humanitaire en RDC.  Entre mai et juin 2017, a-t-il précisé, le nombre de personnes déplacées en RDC a augmenté de 26%, pour atteindre 1,3 million de personnes.  Des dizaines de fosses communes ont été signalées à travers le pays, a-t-il déploré, appelant à lutter contre l’impunité pour ces crimes, notamment dans la province du Kasaï, l’une des plus touchées par les violences.

Dans ce contexte, a poursuivi le Secrétaire général adjoint, la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) travaille à répondre aux défis auxquels la RDC fait face, tout en poursuivant ses efforts d’ajustement.  « J’ai pu le constater lors de ma visite dans le pays il y a quelques semaines », a-t-il précisé, visite durant laquelle il a rencontré le Président Kabila.

Le Secrétaire général adjoint a enfin appelé le Conseil de sécurité et la communauté internationale, y compris les organisations régionales, à redoubler d’efforts pour appuyer la transition en RDC, en vue de la tenue « d’élections libres, équitables et ouvertes, en accord avec la Constitution du pays ».

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a d’abord déclaré que l’accumulation des retards dans la mise en œuvre de l’accord du 31 décembre inquiétait son pays alors qu’approche l’échéance fixée pour l’organisation des élections.  Cet accord constitue la seule feuille de route crédible pour une sortie de crise et le respect des échéances qu’il fixe est essentiel, a insisté le représentant.  Il a donc jugé urgent que le Gouvernement prenne des mesures pour réaffirmer son engagement à respecter l’accord.  Le représentant a salué les progrès accomplis dans l’enregistrement des électeurs mais a continué de déplorer les retards dans ce processus, en particulier dans les trois provinces du Kasaï et à Kinshasa.

Il a jugé particulièrement alarmantes les violences sans précédent dans l’ouest du pays.  La violence dans les Kasaï a atteint un « niveau insoutenable », a estimé M. Delattre, qui a mis l’accent sur le lourd tribut payé par les civils, ce dont témoigne le nombre de déplacés et de réfugiés.  La France est également très préoccupée de la propagation rapide de l’instabilité jusqu’au Tanganyika.  Elle condamne ces violences at appelle les belligérants à déposer les armes.  Un aspect du règlement de cette crise sera la réponse qu’apporteront les autorités à la lutte contre l’impunité, a poursuivi le représentant, en appelant lesdites autorités à déployer les moyens nécessaires pour mener des enquêtes approfondies sur les exactions commises.  La France se félicite de la résolution adoptée le 23 juin par le Conseil des droits de l’homme, avec le soutien de la République démocratique du Congo (RDC), sur le déploiement d’une mission d’experts internationaux qui travaillera en coopération avec les autorités congolaises.

Enfin, la France salue les efforts importants déployés par la MONUSCO pour s’adapter au mandat prévu par la résolution 2348 (2017), a déclaré le représentant qui a constaté que la Mission se reconfigurait rapidement sur le terrain en fonction de ses deux nouvelles priorités: la protection des civils et le soutien à la mise en œuvre de l’accord du 31 décembre.  En conclusion, le représentant a rappelé les risques que feraient courir pour toute la région le non–respect de l’une ou l’autre des dispositions principales de l’accord.  Or, a-t-il dit craindre, ce scénario est malheureusement en train de se réaliser sous nos yeux.  Le représentant a donc une nouvelle fois appelé toutes les parties à renouveler leurs efforts pour respecter les engagements pris en décembre et organiser les élections.

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) a estimé que la période « n’est pas normale » pour les Congolais.  Les informations en provenance notamment des Kasaï devraient nous faire frissonner d’horreur, a déclaré le représentant, qui a rappelé que les forces de sécurité du Gouvernement sont responsables d’un nombre important des exactions commises, y compris des violences sexuelles et des meurtres d’enfants.  Cela ne signifie évidemment pas que les milices qui sévissent dans la région sont innocentes: elles aussi sont responsables de viols, de meurtres et de recrutements forcés d’enfants.  C’est pourquoi, a dit le représentant, le Royaume-Uni se réjouit de la création par le Conseil des droits de l’homme d’une commission d’enquête internationale et demande au Gouvernement de la RDC de coopérer pleinement avec elle.

Le représentant a rappelé que les violences concernaient aussi d’autres parties de la RDC, dont l’est du pays et s’est alarmé de ce que beaucoup de ces violences aient un caractère ethnique. Il a lié les violences à la situation politique à Kinshasa et mis en garde sur les conséquences régionales de cette situation.  Le Gouvernement sait ce qu’il a à faire, a insisté le représentant: l’accord du 31 décembre doit être appliqué, les élections doivent avoir lieu dans les six mois et la Commission électorale doit publier un calendrier électoral.  Le Royaume-Uni, a-t-il ajouté, se félicite des progrès dans l’enregistrement des électeurs et du rôle que la MONUSCO joue à cet égard, tout en refusant que l’instabilité dans certaines régions ne serve de prétexte pour justifier les retards.  Le Conseil de sécurité doit envoyer un message clair pour stopper les violences, a conclu le représentant.

« Nous sommes vivement préoccupés par les progrès limités et lents de la mise en œuvre de l’accord politique du 31 décembre 2016 », a déclaré M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay), appelant les parties à redoubler d’efforts pour appliquer cet accord, seule solution crédible, à ses yeux, pour le maintien de la paix dans le pays.  La détérioration constante de la situation sécuritaire dans l’ouest de la RDC, dont les provinces du Kasaï, est une source de préoccupation, a déploré le représentant, soulignant que cette violence s’étendait également dans l’est du pays.

Évoquant les violations des droits de l’homme, le représentant s’est dit extrêmement préoccupé par le fait que plus de la moitié des violations aient été commises par des agents de l’État.  Il a également condamné le rétrécissement progressif de l’espace démocratique, notamment pour la société civile et les défenseurs des droits de l’homme.  Dénonçant, enfin, la réduction progressive des effectifs de la MONUSCO, au moment même où la situation sécuritaire sur le terrain se dégrade, le représentant s’est dit très préoccupé par les propositions visant à réduire encore davantage ces effectifs.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) s’est dit préoccupé par le fait que le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement n’ait pas reconnu le nouveau Gouvernement de la RDC.  Tout en se félicitant de la poursuite de l’enregistrement des électeurs dans la perspective des élections, d’ici à la fin de l’année, et des activités d’appui menées par la MONUSCO, le représentant a condamné les attaques contre les civils à travers le pays, les exécutions sommaires et les violations répétées des droits de l’enfant.  Il a appelé le Gouvernement à coordonner davantage ses opérations militaires avec la MONUSCO, notamment dans les provinces du Kasaï où les violences contre les enfants sont, selon lui, « sans précédent ».  Enfin, le représentant a appelé la Banque africaine de développement (BAD) à soutenir davantage le processus politique dans le pays.

M. OLOF SKOOG (Suède) s’est dit très préoccupé par les violences à grande échelle et les graves violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme commises actuellement sur le territoire de la RDC, et notamment dans les Kasaï et l’est du pays.  Il faut agir avec détermination pour y mettre fin et à cet égard, une pleine mise en œuvre de l’accord du 31 décembre est essentielle.  Le représentant a donc appelé une nouvelle fois les différentes parties à l’accord à l’appliquer dans son intégralité.  Il a appuyé la mission de bons offices du Représentant spécial et son appel à la Commission électorale indépendante pour qu’elle publie sans délai un calendrier électoral officiel et consensuel. 

Une République démocratique du Congo stable et pacifique est essentielle à la stabilité de toute la sous-région, a ajouté le représentant, encourageant un engagement « fort » des acteurs régionaux.  Il a donc appuyé la démarche conjointe effectuée en mai par l’Union africaine, la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et les Nations Unies.  Le mandat de la MONUSCO, tel que nous l’avons adopté au printemps, se concentre sur le processus politique et oblige les Nations Unies à agir de manière efficace et stratégique.  Il est nécessaire de poursuivre les consultations avec le Secrétariat pour permettre à la Mission de remplir son mandat, notamment en ce qui concerne la protection des civils, et l’examen stratégique sera important à cet égard, a estimé le représentant.

Il faut tout faire, a-t-il conclu, pour rendre justice aux familles des deux experts des Nations Unies assassinés en mars, et à cet égard, la Suède continuera, avec notamment le Secrétaire général, à rechercher des propositions concrètes sur la manière dont les Nations Unies, y compris le Conseil de sécurité, peuvent soutenir les enquêtes en cours.  La solution serait la création d’un mécanisme d’enquête supplémentaire, a suggéré le représentant.

M. RENÉ ERNESTO FERNÁNDEZ REVOLLO (Bolivie) s’est dit préoccupé par le contexte violent en République démocratique du Congo, ainsi que par la grave détérioration de la situation humanitaire dans le pays, ce dont témoigne le rapport du Secrétaire général.  La Bolivie salue l’intensification des efforts de la MONUSCO en faveur de la protection des civils et estime qu’elle sera amenée à jouer un rôle plus important encore dans ce domaine.  La Bolivie, a poursuivi son représentant, estime que l’accord du 31 décembre constitue « une base solide » mais elle est préoccupée par l’absence de mécanisme de suivi ou de mesures de confiance.  Elle exhorte les autorités à poursuivre les progrès relevés dans l’enregistrement des électeurs et souligne la nécessité d’un dialogue inclusif sur le respect de la Constitution du pays.  La Bolivie salue par ailleurs les efforts de l’Union africaine, de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et tous les autres acteurs et demande à tous les belligérants de déposer les armes.

Nous voulons veiller à ce que la MONUSCO puisse s’acquitter de son mandat, a déclaré Mme MICHELE J. SISON (États-Unis), tout en précisant que le principal pas en direction de la paix doit toutefois être franchi par les parties qui doivent organiser les élections, comme convenu, d’ici à la fin de l’année.  Dans ce contexte, a-t-elle déclaré, tout retard dans les élections ne saurait être justifié, y compris de la part de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), que la représentante a appelé à publier un calendrier électoral.

Les États-Unis ont démontré qu’ils souhaitent intervenir contre ceux qui font entrave à la mise en œuvre de l’accord politique pour une transition pacifique du pouvoir, a rappelé la déléguée.  « Nous sommes prêts à intervenir à nouveau si nécessaire », a-t-elle affirmé, appelant le Conseil à prendre également des mesures pour réduire les violences dans le pays.  Les parties prenantes n’ont pas encore payé les conséquences de l’instabilité et du retour à la « violence terrible », notamment dans la région du Kasaï, a ainsi regretté la représentante, précisant que ces violences engendraient aussi de nombreux déplacements supplémentaires.  Des milliers d’enfants ont été recrutés de force dans la province du Kasaï par des groupes armés et, parallèlement, des vidéos circulent montrant des militaires de l’armée nationale exécuter sommairement des enfants, a dénoncé la représentante.  « Il n’y a aucun doute sur les auteurs de ces heurts violents et sur leurs motifs », a-t-elle déclaré.  Dans l’est du pays, a poursuivi la représentante, les violences survenues illustrent l’absence des institutions nationales. 

La représentante a conclu en appelant à l’inscription rapide des électeurs dans le Kasaï, avec l’appui de la MONUSCO.  « Nous n’avons que peu de temps pour faire pression sur le Gouvernement de la RDC et l’obliger à tenir ses engagements », a-t-elle appelé.  « Nous connaissons les raisons des violences et nous ne voulons pas que l’Histoire se répète. »

M. ANDREA BIAGINI (Italie) s’est dit extrêmement préoccupé par l’évolution de la situation humanitaire en République démocratique du Congo, et notamment dans les Kasaï.  L’Italie s’alarme des violations des droits de l’homme et rappelle au Gouvernement qu’il doit protéger sa population et poursuivre les auteurs d’exactions.  Au plan politique, l’accord du 31 décembre est la seule feuille de route légitime et doit amener le pays à des élections libres et transparentes, a rappelé le représentant, qui a estimé à cet égard que les dernières déclarations en date de la CENI n’étaient « guère encourageantes ».  Il a apporté son plein appui à la MONUSCO et au Représentant spécial du Secrétaire général.

M. KORO BESSHO (Japon) s’est dit gravement préoccupé par la situation en RDC et a déploré le peu de progrès dans la mise en œuvre de l’accord du 31 décembre et la dégradation de la sécurité, en particulier dans les Kasaï.  Le représentant s’est inquiété de l’annonce faite par la CENI sur l’impossibilité d’organiser les élections d’ici à la fin de l’année.  Il a souhaité que la communauté internationale reste unie pour envoyer un message clair au Gouvernement de la RDC.  Appuyer les processus politique et électoral est désormais un des principaux aspect du mandat de la MONUSCO, a également rappelé le représentant, qui a estimé que le Secrétaire général adjoint avait donné une bonne idée de ce que pouvait faire la Mission et des défis auxquels elle est confrontée.  Le Japon appuie la MONUSCO mais se demande si son dispositif actuel est suffisant pour lui permettre de garantir la protection des civils comme le prévoit son mandat.

Concernant la situation politique, suite au manque de souplesse et de concession du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement, la nomination d’un gouvernement a connu des retards, a déploré M. IGNACE GATA MAVITA WA LUFUTA (République démocratique du Congo), ajoutant que le processus électoral avait aussi pris du retard pour ces raisons.  Le représentant de la RDC a également déploré le refus des partis de l’opposition de participer à la mise en place du Conseil national de suivi de l’accord (CNSA).

En ce qui concerne les élections, le fichier de mise à jour d’inscription des électeurs semble évoluer correctement, a estimé le représentant, à l’exception des deux Kasaï, en raison, selon lui, des violences perpétrées par des milices, notamment des attaques contre des bureaux d’enregistrement des électeurs.  Mais, a-t-il noté, les Kasaï sont sur le point d’entamer le processus d’enregistrement des électeurs.  Le représentant a appelé les habitants de ces provinces déplacés par les violences à rentrer chez eux pour s’enregistrer.  Le représentant a également demandé à la société civile et la communauté internationale de s’abstenir de tout discours de nature à envenimer la situation.  La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a déjà enregistré près de 33 millions d’électeurs sur les 45 millions prévus, a-t-il précisé.

Concernant l’organisation des élections à temps, on ne peut pas envisager d’organiser une élection aussi importante que la présidentielle sans faire participer les deux Kasaï, qui représentent plus de 8% du collège électoral, a insisté le représentant.  « Cela conduirait à des désordres et à des troubles », a-t-il mis en garde.

Concernant le volet sécuritaire, le représentant s’est dit conscient des violences qui prévalent dans les deux Kasaï.  Il a sollicité un soutien renforcé pour poursuivre la lutte contre les groupes armés sévissant dans la zone.  « Notre armée s’emploie à rétablir l’ordre dans cette région et à réinsérer les enfants enrôlés de force par des groupes armés », a-t-il affirmé. 

Par ailleurs, a estimé le représentant, « il n’est pas correct, comme certains de vous l’ont affirmé, que les violations commises par l’armée restent impunies ».  Selon lui, la police militaire de la RDC mène des enquêtes sur ces violations dans le but de châtier les coupables.  « Ma délégation est surprise de constater la virulence avec laquelle vous vous en prenez à nos forces de l’ordre », a-t-il ajouté, déclarant que les abus avaient été commis, « comme dans toutes les armées », par des « éléments marginaux que nous condamnons ».  Nous avons pris les mesures qui s’imposent, a-t-il insisté.  « Mais quand des milices décapitent vos soldats, comment vos forces de l’ordre réagiraient-elles? » a-t-il demandé, alors que vos forces de l’ordre à vous réagissent violemment devant des faits qui nous paraissent à nous bénins.  « Je crois qu’il faut éviter le deux poids, deux mesures. »

L’action entamée en justice pour le meurtre des deux experts des Nations Unies suit son cours, a poursuivi le représentant.  Le Gouvernement collabore avec la MONUSCO et le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme et tient à conduire ce dossier dans la transparence et à châtier les auteurs de ce crime.  C’est dans cet esprit qu’il a accueilli favorablement la demande du Gouvernement américain qui participe aux enquêtes à travers le FBI.  Le Gouvernement congolais est également prêt à travailler avec le Gouvernement suédois s’il sollicite sa collaboration. 

Les enquêtes qui se poursuivent, a révélé le représentant, ont permis l’arrestation de 11 autres suspects parmi lesquels 8 seraient identifiés comme ayant joué un rôle direct dans l’assassinat des deux experts.  Justice sera rendue aux deux experts des Nations Unies comme à leurs quatre accompagnateurs congolais dont les corps n’ont jamais été retrouvés, a souligné le représentant.  Justice sera rendue à tous nos compatriotes qui ont été victimes des violences causées par la milice « Kamwina Nsapu ». 

S’agissant des rapports faisant état de fosses communes au Kasaï, « nous ne disons pas qu’elles n’existent pas, mais il faut le prouver », a déclaré le représentant, ajoutant que la MONUSCO avait récemment affirmé avoir découvert sept fosses communes: en fait, un seul corps a été découvert, puis une arme de chasse et, enfin, deux corps sans têtes.  « Dans une autre prétendue fosse commune », a déclaré le représentant, les équipes conjointes de la MONUSCO et des FARDC « y ont trouvé une moto ».  Or, a accusé le représentant, le rapport évite de contredire ce que la MONUSCO avait annoncé « avec fracas ». 

Enfin, le représentant a constaté que la réduction des effectifs de la MONUSCO de 3 600 Casques bleus, prévue dans la résolution du Conseil 2348 (2017), n’avait pas encore eu lieu ni d’ailleurs l’opérationnalisation de la brigade d’intervention.  La réduction ne pourra se faire qu’après le remplacement des troupes actuelles par des unités beaucoup plus aguerries et dotées d’un équipement plus adapté pour faire face à la guerre asymétrique, a conclu le représentant. 

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