7940e séance – matin
CS/12824

Kosovo: toujours pas de dégel des relations entre Belgrade et Pristina, selon le Représentant spécial

Dans un contexte marqué ces derniers mois par un regain de tensions entre Pristina et Belgrade, le Conseil de sécurité a procédé, ce matin, à son examen trimestriel de la situation au Kosovo, dont le Représentant spécial du Secrétaire général a estimé qu’elle demeurait volatile, en raison notamment de la prolifération, de part et d’autre, de « déclarations irresponsables et incendiaires ». 

Plusieurs membres du Conseil ont toutefois jugé que ces crispations ne justifiaient pas le maintien du niveau actuel des effectifs de la Mission de l’ONU au Kosovo et ont appelé à espacer davantage la périodicité des rapports au Conseil sur cette question.

Dans sa présentation au Conseil du rapport* trimestriel du Secrétaire général sur la situation au Kosovo, M. Zahir Tanin, qui dirige également la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), a en effet constaté que le dernier trimestre avait été marqué par « des tensions et une fragilité de natures changeantes », en raison de « déclarations irresponsables et incendiaires », d’« incitations à la haine » et de slogans « intolérants et ethno-nationalistes ». 

Ce durcissement de ton, a-t-il ajouté, a notamment fait suite à l’arrestation, par la France, du dirigeant du parti d’opposition Alliance pour l’avenir du Kosovo (AAK) et ancien Premier Ministre, Ramush Haradinaj, pour sa participation présumée à des crimes de guerre commis en 1998-1999 au Kosovo.

Selon le Représentant spécial, le 7 avril, M. Daut Haradinaj, membre de l’AAK et frère de Ramush Haradinaj, a proféré la menace d’une « guerre » et d’« un Kosovo ethniquement pur » si son frère devait être transféré à Belgrade par les autorités françaises, suite à la demande d’extradition faite par la Serbie, qui a finalement été refusée.  Par la suite, le Président serbe sortant, M. Tomislav Nikolić, a qualifié M. Haradinaj de « chien enragé », ce qui n’a fait, selon M. Tanin, qu’ajouter aux tensions. 

Revenant sur cette affaire, la Ministre de la justice serbe a jugé scandaleuse la décision prise par la cour d’appel de Colmar de refuser d’extrader Ramush Haradinaj, coupable, selon elle, de crimes « atroces » contre des Serbes.  La représentante de la France a quant à elle estimé que cette décision, « rendue en toute indépendance » par la justice française, n’appelait pas de commentaire de la part des autorités françaises et ne saurait en aucun cas être interprétée de manière politique.

Sans même remonter jusqu’aux années 1990, la Ministre serbe a fait remarquer que les droits des non-Albanais continuaient d’être menacés au Kosovo, comme en témoignent, selon elle, les attaques récentes motivées par des raisons ethniques et les campagnes d’intimidation à leur encontre.

Les Serbes du Kosovo sont la minorité « la plus privilégiée d’Europe », a de son côté fait valoir Mme Vlora Çitaku, du Kosovo.  En revanche, a-t-elle accusé, c’est la communauté albanaise de Serbie qui est la plus discriminée en Europe.  Dans cette même veine, les deux délégations se sont accusées l’une l’autre d’être responsables de l’absence de progrès dans la mise en œuvre des accords de paix, notamment la création de l’association/communauté des municipalités à majorité serbe du Kosovo. 

Tout en condamnant les provocations récentes de part et d’autre, les représentants des États-Unis, du Japon, de la Suède et du Royaume-Uni ont plutôt mis l’accent sur les progrès réalisés au Kosovo depuis 2008.  Or, au lieu de parler des progrès, « tous les trois mois on nous ramène plus de 20 ans en arrière », a critiqué le représentant du Royaume-Uni, estimant que les frontières actuelles étaient pourtant bien définies.

Partant de ce constat positif, les quatre délégations ont appelé à réduire les effectifs de la MINUK et à rejeter la demande récente de 2 millions de dollars supplémentaires pour la Mission, qui, selon la déléguée américaine, a perdu de sa « pertinence ».  Étant donné l’absence d’incidents violents récents au Kosovo, ces mêmes délégations ont demandé à ce que les rapports sur la MINUK ne soient désormais présentés au Conseil que tous les six mois, voire sur des périodes encore plus espacées. 

« Les problèmes n’ont pas diminué, au contraire ils ont pris de nouvelles formes », a quant à lui désapprouvé le représentant de la Fédération de Russie, soulignant le climat délétère entre Belgrade et Pristina, notamment en raison, selon lui, des violations dont est régulièrement victime la minorité serbe au Kosovo.  Il s’est aussi inquiété du regain d’activités terroristes au Kosovo, un territoire selon lui utilisé pour recruter des combattants terroristes étrangers à destination du Moyen-Orient.

Dans ce contexte, le délégué russe s’est opposé à une réduction des effectifs de la MINUK, qui fonctionne déjà selon lui avec des ressources « très modestes ».  Du même avis, la Ministre de la justice serbe est allée plus loin, affirmant que la MINUK avait besoin de plus de personnel et de ressources financières.   

Les deux pays ont enfin appelé, pour des raisons similaires, à ne pas remettre en cause la tenue de réunions trimestrielles du Conseil de sécurité sur la situation au Kosovo, notamment afin de s’assurer que les accords ne restent pas lettre morte.

* S/2017/387

RÉSOLUTIONS 1160 (1998), 1199 (1998), 1203 (1998), 1239 (1999) ET 1244 (1999) DU CONSEIL DE SÉCURITÉ

Rapport du Secrétaire général sur la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (S/2017/387)

Déclarations

M. ZAHIR TANIN, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), a indiqué que le dernier trimestre avait été marqué par « des tensions et une fragilité de natures changeantes ». 

Certes, a-t-il dit, une « escalade a pu être évitée », grâce notamment à des interventions diplomatiques extérieures, mais le niveau de confiance entre Belgrade et Pristina s’est détérioré en raison d’un certain nombre de « déclarations irresponsables et incendiaires ».  Le Représentant spécial a en effet indiqué que les deux parties n’ont eu de cesse de s’accuser mutuellement de provocations, alors même que le processus de normalisation de leurs relations nécessite une coopération sans faille. 

Au niveau politique, la décision de convoquer une élection parlementaire anticipée en juin au Kosovo, suite à l’effondrement de l’alliance au pouvoir forgée en 2014, a été, selon M. Tanin, un développement important.  Ces élections, a-t-il espéré, permettront d’assurer une plus grande diversité au niveau de la représentation politique au Kosovo. 

Toutefois, le Représentant spécial s’est dit consterné par l’attaque dont a été victime le week-end dernier Mme Arbana Xharra, une « grande figure des médias qui avait rejoint il y a peu le sérail politique ».  Il a appelé à une enquête complète et rapide sur cet incident, jugé d’autant plus préoccupant qu’il a eu lieu en début de campagne.

S’agissant du différend concernant la construction d’un mur de soutènement en face d’un pont de la municipalité de Zvečan/Zveçan, localisé dans l’agglomération de Mitrovica, M. Tanin a déclaré que cette question avait été réglée de manière pacifique par des négociations. 

Le Représentant spécial a également constaté que la volonté des dirigeants kosovars de transformer la Force de sécurité du Kosovo en une force armée par simple modification législative, plutôt que par révision de la Constitution, a faibli, ce qui est selon lui un signe positif.

Toutefois, le Représentant spécial a fait état de « distractions » qui ne permettent pas de promouvoir le dialogue facilité par l’Union européenne entre Belgrade et Pristina, notamment afin d’aboutir à la création d’une association/communauté des municipalités à majorité serbe du Kosovo.

M. Tanin a ainsi regretté les slogans « intolérants et ethno-nationalistes » qui ont caractérisé la période, notamment suite à l’arrestation à Paris par les autorités françaises, le 4 janvier dernier, du dirigeant du parti d’opposition Alliance pour l’avenir du Kosovo (AAK) et ancien Premier Ministre, Ramush Haradinaj, pour sa participation présumée à des crimes de guerre commis au Kosovo au cours de la période 1998-1999.

En effet, le 7 avril, a indiqué le Représentant spécial, M. Daut Haradinaj, membre du AAK, député à l’Assemblée du Kosovo et frère de Ramush Haradinaj, a proféré la menace d’une « guerre » et d’« un Kosovo ethniquement pur » si son frère devait être transféré à Belgrade par les autorités françaises, suite à la demande d’extradition faite par les autorités serbes.

Ajoutant aux tensions, a poursuivi M. Tanin, le Président serbe sortant, M. Tomislav Nikolić, a ensuite qualifié M. Haradinaj de « chien enragé ». 

« De telles incitations à la haine ne sont pas compatibles avec un discours politique digne », a estimé le Représentant spécial, qui a également constaté l’apparition de tensions entre l’Albanie et la Serbie sur la question de l’intégration des différentes communautés albanaises vivant en Serbie à des ensembles régionaux et sous-régionaux.  M. Tanin a constaté que certaines des déclarations des parties sur ces questions régionales et sous-régionales ont dépassé le cadre du débat académique et ont revêtu une coloration politique susceptible « d’attiser des craintes et des tensions ».

Constatant également que des incidents sur le plan de la sécurité ont eu lieu autour de la ville de Mitrovica, impliquant notamment l’utilisation d’armes, le Représentant spécial a estimé que, « dans le climat actuel, les attentes sont mâtinées de peur plutôt que d’optimisme ».

Il s’est toutefois dit encouragé par les associations des familles de personnes disparues, qui ont offert un exemple de dialogue constructif entre Belgrade et Pristina.  Cette question, a-t-il poursuivi, « demeure une plaie ouverte » pour les familles.  Le Représentant spécial a ainsi appelé les parties à maintenir « l’esprit d’ouverture qui a prévalu » jusqu’à présent sur cette question.

M. Tanin a par ailleurs indiqué que la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) s’était attachée sur la période considérée à mettre en œuvre la résolution 2250 (2015) du Conseil de sécurité, qui met l’accent sur la jeunesse et son implication dans la vie politique et économique.

Le Représentant spécial a enfin appelé les dirigeants des deux parties à « transcender les divisions ethno-nationalistes, au lieu de les amplifier ».  Il a également appelé le Conseil à user de son influence pour encourager les deux parties au dialogue dans l’intérêt des populations concernées.

Mme NELA KUBUROVIĆ, Ministre de la justice de la Serbie, a noté que la MINUK avait besoin de plus de personnel et de ressources financières.  Elle a aussi souligné qu’elle opérait dans un environnement qui n’est pas amical à cause de l’animosité de la communauté albanienne.  C’est sans doute pour cela, a-t-elle expliqué, que la MINUK décrit une situation sur le terrain dans des termes plus modérés, en s’abstenant de faire des évaluations qui seraient critiques à l’égard de Pristina et qui conduiraient à des conclusions erronées.

La Serbie, a-t-elle assuré, continue de participer au dialogue de manière constructive et responsable en vue de la stabilisation et de l’admission de la région des Balkans occidentaux dans l’Union européenne.  Elle a en revanche dénoncé, du côté de Pristina, l’utilisation du dialogue comme moyen de faire du chantage à la partie serbe et à ses partenaires européens.  Cela a conduit la partie adverse, au mois de mars, à suspendre le dialogue et à redessiner les frontières pour créer la soi-disant « Grande Albanie ».

La Ministre a regretté le manque de progrès sur la création de l’association/communauté des municipalités à majorité serbe du Kosovo, en appelant Pristina à assumer pleinement ses engagements dans ce cadre.  Elle a jugé utile, dans ce contexte, la tenue de réunions trimestrielles du Conseil de sécurité pour envoyer des messages aux deux parties selon lesquels les accords ne doivent pas rester lettre morte.

Elle a demandé de ne pas accepter l’impunité pour les auteurs des crimes commis, soulignant que toutes les victimes étaient sur un pied d’égalité.  Elle a jugé scandaleuse la décision d’une juridiction française, la cour d’appel de Colmar, qui a refusé d’extrader Ramush Haradinaj, qui est suspecté d’avoir commis des crimes de guerre parmi les plus graves.  Elle a estimé que la Cour n’avait pas prouvé que les exigences de la Convention européenne sur l’extradition de 1957 n’étaient pas remplies.  C’est la défaite du droit et de la justice, a-t-elle commenté.

Soulignant les crimes atroces commis contre les civils serbes en 1998-1999, elle a aussi indiqué que ce suspect continuait de proférer des menaces concernant la saisie du territoire de la Serbie par la force et la révision de la Constitution.

Mme Kuburović a rappelé que la République fédérale de Yougoslavie avait convenu, par un accord du 16 octobre 1998, que la Mission de vérification du Kosovo de l’OSCE, dirigée par M. William Walker, serait déployée sur son territoire.  Or, cette mission de vérification n’a jamais été pleinement opérationnelle et tous les observateurs ont été retirés suite à la décision du 20 mars 1999, a-t-elle rappelé.  

Elle a déploré l’incapacité de mettre véritablement en œuvre la décision de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), ainsi que la pression et les actes exercés par M. Walker, dénonçant une violation flagrante de l’Article 53 de la Charte des Nations Unies.

La décision de recours à la force contre la République fédérale de Yougoslavie avait été prise sans autorisation du Conseil de sécurité, a-t-elle aussi souligné, dénonçant l’attitude des pays à l’origine de cette décision, les mêmes qui continuent à plaider en faveur de l’indépendance du « Kosovo ».  La position sur la soi-disant « intervention humanitaire » au Kosovo n’était pas la position du Conseil de sécurité ni d’un organe crédible, a-t-elle ajouté en refusant l’excuse d’une « intervention humanitaire ».

La Ministre serbe a aussi déploré les destructions et les pertes en vies humaines en République fédérale de Yougoslavie.  Les actions contre la Serbie étaient planifiées, a-t-elle argué en refusant la justification post factum de la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité pour fonder l’utilisation de la force armée contre la République fédérale de Yougoslavie.

Mme Kuburović a prévenu que les droits de l’homme des non-Albanais continuent d’être menacés, souhaitant que les rapports du Secrétaire général reflètent davantage ce problème.  Elle a également signalé les attaques motivées par des raisons ethniques, ainsi que les campagnes d’intimidation menées contre les Serbes.

Il ne peut y avoir de coexistence harmonieuse avec un taux de 1,9% de retour de personnes déplacées dans les zones les plus affectées par le conflit, a poursuivi la Ministre.  Elle a cité les propos du Haut-Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe à ce sujet.  Elle s’est aussi inquiétée des retours volontaires dus aux actes d’hostilité et au manque d’action de la police, ainsi que de l’escalade de l’extrémisme religieux et politique.

La Serbie est contre la création d’une « armée du Kosovo », a-t-elle déclaré en s’inquiétant des tentatives de redessiner les frontières internationales et de créer une « Grande Albanie ».  Elle a demandé des garanties pour le respect de l’intégrité territoriale de la Serbie, plaidant en faveur du dialogue constructif et non pour imposer les intérêts d’une partie. 

La Ministre a par ailleurs considéré comme inutiles les tentatives d’admettre Pristina dans des organisations internationales.

« Ce n’est pas parce que la Serbie ne nous reconnaît pas que nous n’avons pas le droit d’être un peuple et une nation indépendants », a déclaré Mme VLORA ÇITAKU, du Kosovo.  « Le fait que nous ne soyons pas encore un État Membre de l’ONU, pour des raisons purement géopolitiques, ne change rien au fait que nous soyons un État. »  Même si « nous ne sommes pas un État parfait », a-t-elle ajouté. 

Les Serbes du Kosovo sont la minorité la plus privilégiée d’Europe, a fait valoir Mme Çitaku.  En revanche, a-t-elle accusé, c’est la communauté albanaise de Serbie qui est la plus discriminée en Europe, notamment dans les domaines de l’économie et de l’éducation.  Malheureusement, le Conseil de sécurité ne se réunit pas pour discuter des droits des Albanais de souche.

Mme Çitaku a reproché à la Serbie d’utiliser la plateforme du Conseil de sécurité de manière asymétrique et d’avoir « une attitude raciste ».  Selon elle, la Serbie a toujours présenté le Kosovo comme un peuple inférieur, « de seconde classe ».

« La Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) n’a pas de rôle à jouer au Kosovo », a affirmé Mme Çitaku après avoir souligné que la résolution 1244 (1999) était expirée depuis longtemps.  Estimant qu’elle ne remplissait plus ses objectifs, elle s’est dite surprise de constater l’augmentation du budget et du personnel de la MINUK pour l’année prochaine.  Le Kosovo, a-t-elle relevé, demande depuis longtemps une nouvelle approche en ce qui concerne les opérations de maintien de la paix créées il y a des années, voire des décennies.  Selon elle, « il est temps de fermer la MINUK ».    

Mme Çitaku a assuré que le Kosovo restait engagé dans le dialogue avec la Serbie.  Toutefois, elle s’est dite fatiguée des deux poids, deux mesures et de l’ambiguïté.  Par exemple, la Serbie fait un mauvais usage du système d’alerte rouge d’INTERPOL pour lancer des mandats d’arrêt contre d’anciens combattants de la liberté kosovars.

La Serbie sait bien qu’elle a perdu la bataille avec le Kosovo, a continué la représentante.  Elle a perdu militairement en 1999; politiquement en 2008; juridiquement en 2009 avec la décision de la Cour internationale de Justice.  Or, la Serbie refuse d’accepter sa responsabilité historique pour ce qui s’est produit.  « Il y avait un agresseur dans l’ex-Yougoslavie et c’était la Serbie », a-t-elle martelé.

Entre 2009 et 2015, a précisé Mme Çitaku, les institutions kosovares ont émis plus de 20 actes d’accusation pour crimes de guerre.  Le Kosovo, qui entend contribuer à la sécurité régionale et mondiale, a lancé la création de l’armée kosovare.  « Nous nous efforcerons de convaincre la population locale serbe d’appuyer ce projet », a-t-elle indiqué.  Toutes les autres minorités du Kosovo sont en sa faveur.

« Nous ne sommes pas en train d’acquérir des MIG-s », a-t-elle rassuré sur le ton de la plaisanterie.  Il s’agit d’une petite force défensive, qui complètera les infrastructures de l’État en matière de sécurité, conformément à une étude conduite avec l’OTAN, a-t-elle expliqué.

Enfin, le Kosovo a invité des observateurs internationaux à surveiller les élections parlementaires qui auront lieu le mois prochain.     

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a réitéré ses préoccupations pour que soient promues la sécurité et la stabilité dans les Balkans occidentaux.  Si la situation reste précaire, il a toutefois salué les progrès enregistrés, caractérisés par un taux de développement plus élevé, la baisse du chômage et un climat propice aux investissements.

Le représentant a demandé au Gouvernement kosovar de continuer de concilier les divergences de vues par une approche constructive.  À ce sujet, le débat de haut niveau entre Pristina et Belgrade reste le cadre le plus approprié pour régler ces divergences.  Il appelé les deux parties à s’abstenir de prendre des mesures unilatérales susceptibles d’attiser les tensions. 

Inquiet face à la montée de tendances nationalistes, le délégué a également insisté sur le fait que le Kosovo doit avancer dans l’établissement des autorités municipales pour garantir la protection des Serbes du Kosovo. 

En outre, a-t-il estimé, le Parlement kosovar devrait accepter l’accord de démarcation avec le Monténégro pour accélérer l’intégration du pays dans l’Europe.   

Compte tenu des progrès enregistrés par le Kosovo depuis 2008, Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a soutenu une réduction des effectifs de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), qui, selon elle, a perdu de sa « pertinence ». 

Étant donné la réalité du terrain, la représentante a estimé que la Mission disposait à l’heure actuelle de ressources et d’effectifs disproportionnés.  Dans ces conditions, elle s’est étonnée de la demande de 2 millions de dollars supplémentaires, notamment pour des activités liées aux droits de l’homme.  La représentante a en effet estimé que le Gouvernement du Kosovo disposait de suffisamment de ressources pour développer ces activités en toute indépendance.

« Les Nations Unies doivent être moins présentes au Kosovo », a poursuivi la représentante, tout en demandant à ce que les rapports sur la MINUK ne soient désormais présentés que tous les six mois, voire sur des périodes encore plus espacées.

La représentante a par ailleurs appelé les parties à s’abstenir de toute provocation, et ce, dans le but de relancer le dialogue entre Belgrade et Pristina, facilité par l’Union européenne (UE).

Réagissant à la déclaration de son homologue serbe, la représentante a estimé que les travaux réalisés à l’époque par les observateurs étaient sans équivoque concernant les événements survenus dans les années 1990.  Elle a ainsi appelé les parties à « s’abstenir de tout révisionnisme » et à ne pas « s’enfoncer dans le mensonge » pour changer l’interprétation du passé. 

Elle a invité tous les dirigeants de la région à se garder de « toute incitation à la haine » et les a exhortés à prendre des mesures pour accélérer l’intégration au sein de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN).

La représentante a enfin appelé les États ne l’ayant pas encore fait à reconnaître le Kosovo comme un État indépendant.

M. FODÉ SECK (Sénégal) s’est félicité des progrès enregistrés par les deux parties dans le cadre du dialogue entre Belgrade et Pristina, conduit sous les auspices de l’Union européenne.  Afin de consolider les résultats obtenus dans ce cadre, le représentant a jugé primordial que les accords conclus soient mis en œuvre.  Il a salué le retrait d’un projet de loi du Président kosovar visant à transformer les forces de sécurité en une force armée.  Il s’est inquiété, néanmoins, de l’adoption par l’Assemblée du Kosovo d’une résolution appelant à la suspension du dialogue entre Pristina et Belgrade. 

Au titre des notes positives, il a salué la participation des Serbes du Kosovo à l’élection présidentielle de la Serbie avec des bureaux de vote installés à travers tout le Kosovo avec le soutien de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et de la Force de paix au Kosovo (KFOR).  Le représentant du Sénégal a jugé que la question des personnes disparues doit rester une priorité absolue et qu’elle requiert des dirigeants des deux parties une volonté politique à toute épreuve. 

Il s’est félicité des activités de la MINUK en matière de promotion de la réconciliation, de la justice transitionnelle, des droits de l’homme et de l’appui au processus de normalisation des relations entre Belgrade et Pristina.  Eu égard à la dynamique positive constatée sur le terrain, le représentant a estimé qu’il n’est pas illégitime de se demander si le rythme actuel de nos consultations sur la situation au Kosovo est encore justifié.      

M. OLOF SKOOG (Suède) a déclaré que la coopération régionale et des relations de bon voisinage sont un préalable incontournable pour des Balkans occidentaux stables, pacifiques et prospères.  Il a dit qu’il était clair que l’avenir de la Serbie et du Kosovo résidait au sein de l’Union européenne.  Dans ce contexte, il a invité Belgrade et Pristina à s’engager de manière constructive dans le dialogue facilité par l’Union européenne. 

Il a exhorté les deux parties à mettre en œuvre leurs engagements dont le démantèlement de structures parallèles dans les territoires à majorité serbe et la création d’une association/communauté des municipalités à majorité serbe du Kosovo.  Le représentant de la Suède a jugé essentiel que la question du statut ne vienne porter atteinte aux perspectives européennes du Kosovo ni à son adhésion à des organisations internationales. 

Il a invité les dirigeants nationaux du Kosovo à mener les réformes nécessaires en regrettant que l’impasse politique actuelle menace les efforts de réforme.  Néanmoins, compte tenu des avancées, le représentant de la Suède a souhaité que le prochain rapport du Secrétaire général soit l’occasion de propositions sur la réduction des effectifs de la MINUK.  Il a aussi proposé de passer de trois à six mois en ce qui concerne la périodicité de rapport.   

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a indiqué que les problèmes qui persistaient au Kosovo demeuraient d’une extrême gravité.  « Ces problèmes n’ont pas diminué, au contraire ils ont pris de nouvelles formes », a affirmé le représentant, ajoutant que la création d’une société multiethnique au Kosovo était loin d’être effective.

Le délégué s’est par ailleurs plaint du fait que les dirigeants du Kosovo, « avec l’appui de parrains extérieurs », ne veillent pas à honorer leurs engagements vis-à-vis de Belgrade.  Constatant « l’attitude peu amicale » des dirigeants du Kosovo envers Belgrade, il a estimé que le dialogue facilité par l’Union européenne (UE) se trouvait « dans l’impasse depuis les derniers mois ».  Il a ainsi regretté l’absence de progrès sur la création d’une association/communauté des municipalités à majorité serbe du Kosovo, alors qu’un accord a été convenu il y a plus de quatre ans.

Le représentant a en outre estimé que les tentatives d’imposer aux Serbes un mode d’autonomie avec des droits limités étaient inacceptables.  À ses yeux, cela revient à faire porter aux Serbes la responsabilité des manques de progrès dans le dialogue.

Selon le représentant, les dirigeants kosovars profitent ainsi de l’absence de pressions suffisantes de la part de Bruxelles, comme en témoignent, selon lui, les menaces proférées par M. Hashim Thaçi, du Kosovo, de démissionner si le projet de loi visant à transformer la Force de sécurité du Kosovo en une force armée n’était pas adopté. 

Il a également pointé du doigt les « ultimatums » et « intimidations » visant à empêcher l’extradition en Serbie du dirigeant du parti d’opposition AAK, l’ancien Premier Ministre Ramush Haradinaj.  Il a appelé les pays occidentaux impliqués à faire en sorte que les crimes de guerre soient punis.

Face à l’absence de progrès dans les poursuites des criminels de guerre au Kosovo, le représentant a espéré que les travaux du nouveau tribunal à La Haye ne soient pas « contaminés par les manquements » du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), qui a été, selon lui, incapable de faire preuve d’impartialité et a relaxé Ramush Haradinaj à deux reprises.

Les provocations au nom de la « Grande Albanie » représentent une menace pour la région, a par ailleurs estimé le délégué, tout en demandant à l’UE et aux États occidentaux de prendre des mesures pour mettre fin à ce type de provocations, et ce, dans le but d’aboutir à un respect mutuel et de restaurer les relations de bon voisinage.

Le délégué russe a par ailleurs mis l’accent sur le climat délétère entre Belgrade et Pristina, notamment en raison, selon lui, des violations de la liberté de mouvement, d’association et de participation aux élections dont est régulièrement victime la minorité serbe au Kosovo.  Il a également mentionné les pressions pour empêcher le retour des réfugiés serbes au Kosovo, ainsi que les tentatives récentes des autorités kosovares de s’approprier des biens publics serbes. 

Le délégué s’est également dit préoccupé par la recrudescence d’activités terroristes au Kosovo, un territoire selon lui utilisé pour recruter des combattants terroristes étrangers à destination du Moyen-Orient.

Le délégué a par conséquent appelé à ne pas répondre aux appels pour réduire les effectifs de la MINUK, qui fonctionne selon lui avec des ressources très modestes.  Il s’est également opposé au fait de revoir la périodicité trimestrielle des réunions sur la situation au Kosovo.

M. WU HAITAO (Chine) a défendu la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Serbie et compris les préoccupations légitimes de ce pays au sujet du Kosovo.  Certaines questions complexes ne sont toujours pas résolues, a-t-il regretté.  Il a espéré que les parties resteront attachées à la recherche d’un règlement pacifique en travaillant sur la base de la confiance.  À ce sujet, a-t-il rappelé, la résolution 1244 (1999) reste une base juridique importante pour régler la situation. 

La réconciliation nationale est dans l’intérêt commun des deux parties qui doivent mettre en avant le bien-être de leur population, a insisté le représentant.  Le Conseil de sécurité devrait rester attentif à la situation au Kosovo pour envoyer un message clair au public.  Il a donc demandé à la MINUK de continuer de s’acquitter de ses fonctions en coopération avec les deux parties.

La perspective de l’intégration européenne est essentielle pour orienter les réformes que les Balkans occidentaux doivent mener à bien aujourd’hui, a estimé M. SEBASTIANO CARDI (Italie).  Il y a quelques jours, a-t-il noté, la Haute Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique européenne est revenue devant ce Conseil sur l’engagement de l’UE par rapport au destin européen de cette région.

Des résultats concrets ont été engrangés, mais le représentant a espéré voir les deux parties manifester un effort plus robuste.  Pristina ne doit pas perdre de vue la mise en œuvre des mesures convenues dans le cadre du dialogue avec Belgrade facilité par l’Union européenne, notamment à l’approche des élections anticipées.

Soulignant la priorité de la voie européenne, il a encouragé le Conseil de sécurité à envisager un examen de la MINUK en tenant compte des réformes générales en matière de maintien de la paix.  Il a demandé au Secrétaire général de formuler des recommandations à cet égard, y compris sur la possibilité d’améliorer les synergies de la MINUK avec l’Union européenne et d’autres organisations internationales.  Il a aussi proposé de revoir la fréquence des réunions du Conseil pour mieux illustrer la réalité sur le terrain.

L’Italie va œuvrer avec tous les pays des Balkans occidentaux pour favoriser la coopération régionale tant avec Pristina que Belgrade.  Le représentant a annoncé la tenue du Sommet de Trieste le 12 juillet prochain, qui s’inscrira dans le cadre de l’intégration européenne des Balkans.

Enfin, il a condamné les discours nationalistes qui ont recommencé dans la région pour éviter toute instabilité politique et aggravation des relations entre les communautés.  Il est temps, a-t-il conclu, que tous les pays des Balkans occidentaux « tournent la page » et travaillent de conserve.

M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan) a souhaité que les deux parties participent davantage au dialogue constructif et renforcent la confiance mutuelle sous l’égide des Nations Unies, avec la participation de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et d’autres organisations régionales pertinentes, en vue de maintenir la stabilité au Kosovo et d’assurer la sécurité régionale.

D’après lui, la situation au Kosovo exige encore toute l’attention du Conseil de sécurité.  Il a évoqué les discours haineux et les cas de personnes disparues.  Il a également jugé essentielle la protection des langues et du patrimoine culturel des communautés minoritaires et salué les mesures prises par la société civile pour encourager le dialogue entre la Serbie et le Kosovo.  Le dialogue entre les deux parties est la seule façon d’assurer la bonne gouvernance et l’état de droit, a ajouté le représentant.  

M. YASUHISA KAWAMURA (Japon) a salué le rôle de la MINUK et de l’Union européenne (UE) dans l’évolution du Kosovo depuis son indépendance en 2008.  Notant que la charge de travail du Conseil de sécurité est actuellement plus grande que jamais, à cause de graves crises et conflits au Moyen-Orient, en Afrique et dans d’autres parties du monde, il s’est félicité de l’absence d’incidents violents au Kosovo lors des récentes élections présidentielles serbes et au cours des trois derniers mois.

Il en a déduit qu’il fallait changer le rythme des exposés sur cette question au Conseil de sécurité, qui est le même depuis 1999.  À son avis, ces exposés devraient revenir devant le Conseil seulement tous les six mois, voire même de manière plus espacée.

Dans le même sens, il a jugé qu’il était temps pour le Conseil de sécurité de procéder à un examen de la MINUK pour évaluer quelles fonctions ne peuvent être exercées que par la Mission et recommander d’éventuelles réductions de personnel.

Il n’a pas voulu cependant minimiser les problèmes que le Kosovo doit toujours affronter, en ce qui concerne la réconciliation avec les communautés albanaises et serbes et le retour difficile des populations kosovares serbes.  Il a jugé utile que le dialogue de haut niveau entre Pristina et Belgrade continue, sous la houlette de l’UE.

Souhaitant que le Kosovo devienne un membre responsable de la communauté internationale, le délégué a salué l’entrée en vigueur, l’an dernier, de l’Accord de stabilisation et d’association entre ce pays et l’UE.  Il a exhorté les dirigeants du Kosovo à continuer sur cette voie en s’écartant des appels nationalistes. 

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a estimé qu’il était nécessaire d’examiner toutes les questions en suspens sur la situation au Kosovo, « de façon équitable » et « conformément aux Accords de Bruxelles ». 

Saluant l’implication de l’Union européenne (UE) dans le dialogue entre les parties, le représentant s’est toutefois dit préoccupé par le manque de progrès sur la mise en œuvre des accords entre Belgrade et Pristina, ainsi que par le manque de mesures concrètes pour faciliter la création d’une association/communauté des municipalités à majorité serbe du Kosovo et l’intégration du système judiciaire dans le nord du Kosovo.

Le délégué a par ailleurs réaffirmé son appui aux travaux de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK).  Il a dit espéré que la MINUK puisse continuer à développer des activités visant à promouvoir les droits de l’homme et la stabilité de la région dans le futur.

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) s’est félicité que la période à l’étude ait été relativement calme, ce qui, à son avis, ne nécessite pas toute l’attention du Conseil de sécurité.  Il a encouragé les autorités du Kosovo à rester en contact avec l’OTAN sur des initiatives comme celle concernant l’armée.

« Nous savons tous que l’avenir du Kosovo sera modelé à Bruxelles, et non pas ici, dans cette salle », a déclaré le représentant.  Le Kosovo se préparant à aller aux urnes, il a dit attendre des élections équitables qui illustrent la volonté du peuple.  

Il a ensuite reconnu les progrès réalisés par le Kosovo sur le plan international depuis la dernière réunion du Conseil de sécurité.  Ainsi le Kosovo est-il devenu le cent quatre-vingt-unième membre de l’Union des douanes.

Or, au lieu de parler des progrès, « tous les trois mois, on nous ramène plus de 20 ans en arrière », a critiqué le représentant.  Aujourd’hui, pourtant, les frontières sont bien définies.  Ces réunions du Conseil ne reflètent pas le Kosovo actuel.  « Il est temps que le Conseil de sécurité espace ses réunions sur cette question », a-t-il insisté.

« Nous devons également reconfigurer la MINUK », a-t-il demandé.  Il est temps de prendre du recul, a-t-il argué, en se déclarant déçu par les tentatives d’augmentation du budget de la MINUK, « alors même que nous avons demandé une réduction des effectifs ces derniers temps ».

M. YURIY VITRENKO (Ukraine) a regretté que, malgré les préoccupations exprimées par les membres du Conseil de sécurité en février, les institutions du Kosovo aient essayé de transformer la Force de sécurité du Kosovo en force armée.  Il a jugé irresponsable cette approche, craignant des tensions accrues dans la région.  Cela ne contribue pas à l’instauration d’un climat de confiance, a-t-il souligné.  Il s’est félicité à cet égard de la réaction rapide de l’OTAN et des États-Unis, ainsi que de la décision des institutions du Kosovo d’abandonner cette initiative.

Le représentant s’est aussi inquiété des développements sur les questions de propriété, des discours de haine avec menaces de nettoyage ethnique, des incidents avec les voyageurs provenant du Kosovo, ainsi que de la résistance au processus de retour pacifique. 

Il a aussi noté avec préoccupation la résolution de l’Assemblée du Kosovo qui appelle à suspendre le dialogue facilité par l’UE.  Il a exprimé sa frustration quant à l’obstruction du retour des populations sur Istiok qui aurait dû, dès 2000, accueillir les Serbes déplacés.

Le représentant a toutefois salué les efforts de l’UE, de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et de la MINUK pour préserver la stabilité et la paix au Kosovo. 

Il a appelé les dirigeants de Belgrade et de Pristina à éviter toute provocation et escalade dans un conflit.  Il a partagé l’avis du Secrétaire général que le dialogue facilité par l’UE est le meilleur mécanisme pour la résolution des différends entre les parties.

M. PEDRO LUIS INCHAUSTE JORDÁN (Bolivie) a demandé « la mise en œuvre pleine et entière » de la résolution 1244 du Conseil, estimant que la tentative des dirigeants kosovars de constituer une armée nationale était contraire à cette résolution.

Le délégué a appelé à éviter les mesures contreproductives de ce type, afin de faire avancer le dialogue entre Belgrade et Pristina, facilité par l’Union européenne (UE).  « Les deux parties doivent s’abstenir de discours guerrier », a-t-il estimé, tout en appelant à faire avancer la question de la création d’une association/communauté des municipalités à majorité serbe du Kosovo.

Le délégué a par ailleurs salué le retour de 94 déplacés au Kosovo, notamment des Roms et des Ashkalis.  Appelant les parties à résoudre leurs différends pacifiquement, le représentant a estimé que le dialogue entre Belgrade et Pristina, facilité par l’UE, offrait le cadre le plus adapté pour y parvenir.  Le délégué a enfin encouragé la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) à poursuivre ces travaux de stabilisation de la région.

Mme MARIE AUDOUARD (France) a appelé une nouvelle fois le Secrétaire général à faire des propositions en faveur d’une révision du rythme d’examen de la situation au Kosovo par le Conseil de sécurité.  Elle a estimé que rien ne justifiait plus le maintien d’exposés trimestriels sur la question du Kosovo.  Les développements positifs enregistrés ces dernières années au Kosovo en matière de consolidation des institutions contribuent à la poursuite du recentrage des actions de la MINUK et de leur coordination avec les autres acteurs internationaux présents au Kosovo.  

Elle s’est dite convaincue du fait que l’avenir du Kosovo ne se joue désormais plus prioritairement au sein de ce Conseil, mais bien dans le cadre du dialogue politique entre Belgrade et Pristina mené sous les auspices de l’Union européenne.  « Nous attendons que l’ensemble des accords conclus soient effectivement mis en œuvre dans les meilleurs délais, y compris s’agissant de la création de l’association/communauté des municipalités à majorité serbe, qui constitue un élément clef du dialogue », a dit la représentante de la France.  

« Après les épisodes de tensions des derniers mois, nous attendons plus que jamais de l’ensemble des acteurs qu’ils fassent preuve de responsabilité et de retenue, un point d’autant plus important à l’approche des échéances électorales à venir au Kosovo », a encore dit la représentante.  Elle a dit que la résurgence de discours nationalistes était porteuse de danger pour la stabilité de la région.

Cependant, elle a estimé que l’accord récemment trouvé sur le plan local concernant la démolition du mur de Mitrovica constituait un exemple positif qui montre que des solutions concrètes peuvent être trouvées pour favoriser la coexistence entre les communautés, loin des provocations politiques et de toute rhétorique de division.  Elle a aussi noté que la participation récente des citoyens serbes vivant au Kosovo à l’élection présidentielle serbe sans aucun incident sérieux représentait un développement encourageant

Selon elle, la poursuite des efforts engagés par le Kosovo pour la consolidation de l’état de droit au Kosovo devait demeurer une priorité, avant de saluer la lutte contre la radicalisation, sous toutes ses formes. 

Par ailleurs, elle a déclaré que la décision rendue en toute indépendance par la justice française dans l’affaire Haradinaj n’appelait pas de commentaires de la part des autorités françaises et ne saurait en aucun cas être interprétée de manière politique.

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a jugé fondamental de se fonder sur la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité pour régler la situation au Kosovo, dans le respect des principes de la souveraineté et de l’intégrité territoriale.

Appuyant le processus facilité par l’Union européenne, il a engagé les deux parties à travailler de façon constructive et à renouer au plus tôt le dialogue de haut niveau.  Selon lui, la mise en œuvre des engagements déjà consentis permettra d’assurer la stabilité du Kosovo.

Sur la question des personnes disparues, a estimé M. Rosselli, il y a lieu d’avancer.  Il faut aussi régler à terme la situation des personnes déplacées.  En outre, les discours nationalistes et l’incitation à la haine et au ressentiment doivent être combattus, car la discrimination fondée sur l’appartenance ethnique a été un véritable fléau pour l’humanité.

En bref, le représentant a considéré que la MINUK faisait « un travail important pour la population du Kosovo ».  Il a cité à titre d’exemple la Journée mondiale portes ouvertes sur les femmes, la paix et la sécurité organisée le 15 mars à Pristina sous l’égide de la Mission.  

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