Soixante-douzième session,
25e séance – matin
CPSD/654

Quatrième Commission: face aux difficultés financières de l’UNRWA, les États affirment son rôle crucial dans l’assistance aux Palestiniens

À l’occasion de la clôture du débat de la Quatrième Commission sur les activités de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), une majorité d’États Membres ont réitéré leur soutien à ses activités, insistant sur la nécessité de trouver des solutions pérennes à son manque de ressources qui menace son fonctionnement.

Avec un déficit de 126 millions de dollars en 2017, ramené à 77 millions grâce à l’intervention de plusieurs donateurs, « jamais l’UNRWA n’a été dans une telle situation dès le mois de novembre », a déploré aujourd’hui encore son Commissaire général, M. Pierre Krähenbülh, en conclusion de deux jours de discussions.

S’il a remercié les États pour leur soutien, il les a aussi appelé à trouver « des solutions pragmatiques » pour assurer des ressources pérennes et prévisibles, redoutant d’avoir à prendre « des décisions très difficiles, comme la suspension de certains programmes ».  « C’est extrêmement urgent », a-t-il mis en garde, rappelant les mesures internes déjà prises pour améliorer la rentabilité de ses opérations.

Conscientes de ce problème récurrent, les délégations ont majoritairement exprimé leur volonté de permettre à l’UNRWA de continuer l’assistance « essentielle » ou « cruciale » aux quelque cinq millions de réfugiés palestiniens qui dépendent de l’Office pour leur éducation, leur santé ou pour obtenir des perspectives d’emplois.

Au moment où le Moyen-Orient connaît une vague de violence et de conflits, le représentant de l’Iraq a notamment souligné que l’UNRWA contribue à la stabilité politique dans une région tandis que les Émirats arabes unis ont rappelé l’importance de cette aide pour offrir « un avenir meilleur » aux jeunes et « empêcher le recrutement par des organisations terroristes ». 

Face à ce constat, de nombreuses délégations comme l’Arabie saoudite, Sri Lanka, et l’Afrique du Sud ont à nouveau défendu une résolution de l’Assemblée générale qui permettrait de fournir des ressources à l’UNRWA à partir du budget ordinaire des Nations Unies.  « Il n’y a pas d’alternative si nous voulons répondre aux besoins humanitaires des réfugiés palestiniens », a souligné le représentant saoudien.

Plusieurs délégations ont aussi salué les propositions alternatives du Secrétaire général, notamment la création d’un fonds d’affectation spéciale de la Banque mondiale et d’un fonds de dotation de la Banque islamique mondiale.  La Turquie et la Suisse ont pour leur part rappelé les consultations lancées conjointement pour définir une stratégie à moyen terme de mobilisation de ressources sur la période 2016-2021.

L’urgence de trouver une solution aux problèmes récurrents de déficit de l’UNRWA a aussi été appuyée par Sri Lanka qui a prévenu que cette situation pourrait se traduire par une crise humanitaire aux proportions « épiques » étant donné que les Palestiniens représentent 40% des réfugiés à long terme dans le monde.

Parmi les pays qui les accueillent, le Liban, où vivent 400 000 réfugiés palestiniens, a d’ailleurs averti que les effets délétères des problèmes de financement de l’UNRWA se feraient notamment ressentir sur l’espérance de vie, la pauvreté, le chômage, et la montée de l’extrémisme violent.  Au-delà de la situation de l’UNRWA, a-t-il ajouté, le manque d’horizon politique pour mettre un terme à l’occupation israélienne en Palestine risque d’enfermer ces populations dans ce qui ressemble à un statut perpétuel de réfugiés.

Rappelant que l’éducation fournie par l’UNRWA est « d’autant plus importante que c’est une éducation libre des idéologies radicales qui empoisonnent les jeunes esprits », l’Égypte a estimé pour sa part que les pays hôtes « assument déjà un fardeau conséquent » et qu’ils ne peuvent gérer des responsabilités supplémentaires.

Citant aussi la situation dans le camp de Yarmouk, « envahi par Daech et d’autres groupes terroristes », la Syrie a insisté sur la responsabilité « juridique et morale » de la communauté internationale.  Si son représentant à mis en cause avec virulence l’occupation des territoires palestiniens « par des colons racistes », les délégations du Koweït, de la Malaisie, des Maldives, du Bangladesh, du Brésil, de l’Équateur ou du Venezuela ont appelé Israël à lever son blocus de la bande de Gaza et à cesser sa politique de colonisation, rappelant l’importance de trouver une solution politique au conflit pour permettre le retour des réfugiés.

Répondant à ces mises en cause, Israël a reproché à l’UNRWA de promouvoir « l’agenda politique controversé d’une partie au conflit », citant en exemple les campagnes « sur le soi-disant droit au retour des réfugiés palestiniens » et qualifiant cette démarche « d’illégitime » et « minant les efforts pour parvenir à une solution politique ».  Il a également fortement déploré que le rapport du Commissaire général ne fasse pratiquement pas allusion au « rôle destructif » du Hamas, « première source des souffrances des habitants de Gaza ».

Le représentant israélien, qui indique que son pays coopérait avec l’UNRWA, a également cité l’exemple des tunnels creusés sous des écoles de l’UNRWA ou l’appartenance d’agents de l’UNRWA au Hamas, appelant l’Office à respecter « les critères d’équilibre, de transparence et de neutralité ».

Défendant la neutralité de l’UNRWA et rendant un hommage appuyé aux pays qui accueillent des réfugiés palestiniens « pour leur confiance et leur aide », son Commissaire général a rappelé les condamnations des actes du Hamas et le renvoi « d’employés ayant des attitudes inappropriées ».  « Nous ne cachons rien, nous traitons les problèmes liés au Hamas quand il y en a », a insisté M. Krähenbülh, soulignant que ce n’était « pas à l’UNRWA de trouver une solution » au conflit.  « Nous voyons les conséquences humaines, c’est aux États et aux Nations Unies d’être à la hauteur de leurs obligations, sinon ce problème va se poser encore pendant des décennies et nous ne voulons pas que l’URNWA soit le seul horizon pour les jeunes palestiniens », a-t-il conclu.

La Quatrième Commission (questions politiques spéciales et décolonisation) reprendra ses travaux mardi 7 novembre, à 10 heures.

OFFICE DE SECOURS ET DE TRAVAUX DES NATIONS UNIES POUR LES RÉFUGIÉS DE PALESTINE DANS LE PROCHE-ORIENT (A/72/13/REV.1, A/72/313, A/72/326, A/72/332 ET A/72/334)

Clôture du débat général

M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a indiqué que, d’ici à 2020, la population des réfugiés palestiniens dépasserait les six millions de personnes, entraînant mécaniquement l’accroissement des besoins financiers de l’UNRWA.  À cet aune, il a appelé le Gouvernement israélien à mettre fin à la construction des colonies de peuplement dans les territoires occupés ainsi qu’à la destruction des infrastructures et maisons palestiniennes.  Saluant le récent accord de réconciliation interpalestinien, il a souhaité que ce rapprochement entre le Hamas et l’Autorité palestinienne contribue à la relance du processus de paix et du dialogue autour de la réalisation de la solution à deux États, « avec Jérusalem-Est comme capitale de l’État de Palestine ».

M. MOUNZER MOUNZER (République arabe syrienne) a affirmé que le sort des réfugiés palestiniens relève d’une responsabilité internationale à la fois juridique et morale.  Il ne s’agit pas seulement d’une responsabilité humanitaire, il s’agit de comprendre que plus de cinq millions de Palestiniens ont dû quitter leur territoire à cause de l’occupation raciste de colons israéliens, a-t-il dit.  Depuis sa création, l’UNRWA est témoin de la tragédie et des souffrances des réfugiés palestiniens et continue de jouer un rôle important pour soulager leurs souffrances, en dépit du ciblage exercé par Israël, qui a détruit des écoles et tué des membres de son personnel, a affirmé le délégué.

Poursuivant, il a souligné que les pays qui accueillent l’UNRWA sont aussi des donateurs, et qu’ils subissent des pressions plus que quiconque.  Il a indiqué que la Syrie a accueilli des réfugiés palestiniens en tant que « frères et sœurs ». « Nous voulons assurer leur droit au retour et les avons traités sur un pied d’égalité par rapport aux Syriens », a-t-il dit, évoquant l’assistance fournie par le Gouvernement syrien à l’UNRWA, notamment pour reconstruire les écoles.  Affirmant que son gouvernement n’épargne aucun effort pour aider les réfugiés palestiniens sur son territoire à avoir une vie décente en dépit des attaques terroristes menées contre eux, il est revenu sur la situation dans le camp de Yarmouk, envahi par Daech et d’autres groupes terroristes.  « Les habitants sont utilisés comme bouclier humain, leurs biens confisqués et ils n’ont pas d’accès à l’aide humanitaire », s’est-il indigné en précisant que le samedi 26 août, ces groupes terroristes avaient empêché des étudiants de quitter le camp pour aller à Damas se présenter à des examens.  « Ceci s’est poursuivi en septembre.  Ils ont détruit des manuels scolaires et pris toutes les mesures possibles pour empêcher les étudiants d’aller à l’école », a-t-il indiqué, précisant que l’UNRWA ne pouvait fournir une assistance à cause de ces groupes armés.

Le délégué a aussi insisté sur la nécessité de continuer à assurer un financement prévisible à l’UNRWA, notant que le Gouvernement syrien a donné 45 milliards de livres syriennes et qu’il fournit tout type d’assistance à l’UNRWA, pour qu’il puisse s’acquitter de ses fonctions.  « Nous rejetons toute option qui entraînerait l’annulation des services fournis par l’UNRWA, qui serait une violation du droit international » a-t-il déclaré, demandant aux Nations Unies, aux donateurs et à « tout le monde » de contribuer.  Il a dénoncé une manœuvre d’Israël et des États-Unis, « qui ont réussi dans leurs efforts visant à empêcher l’UNRWA de fournir de l’aide ».  Le représentant y a vu la preuve d’une crise politique, qui mine le droit au retour.  « Ces deux pays veulent épuiser l’Office afin qu’il ne soit plus indépendant », a-t-il affirmé.

M. AHMED ELSHANDAWILY (Égypte) a estimé qu’il était du devoir de la communauté internationale de soutenir l’UNRWA.  Qualifiant sa tâche d’« unique et vital » en ce qu’elle prodigue aux populations les services essentiels, il a jugé qu’il fallait appuyer son travail jusqu’à ce qu’une solution définitive soit trouvée pour la question palestinienne.  « Le rôle joué par l’éducation et les soins de santé pour les habitants du Moyen-Orient, et particulièrement pour les Palestiniens ne peut pas être minimisé », a expliqué le délégué, soulignant que l’éduction fournie par l’UNRWA est d’autant plus importante que c’est une éducation libre de ces idéologies radicales qui empoisonnent les jeunes esprits.  C’est pourquoi, le délégué s’est alarmé de la crise financière que traverse l’UNRWA depuis plusieurs années, une crise qui requiert, à ses yeux, toute l’attention de la communauté internationale.  Il a rappelé que ces difficultés entravaient la capacité de l’Office à remplir son mandat à destination des populations palestiniennes, une situation exacerbée par la situation compliquée que connaît actuellement le Moyen-Orient.  Il a assuré que l’Égypte soutiendrait toutes les propositions allant dans le sens d’un financement adéquat et durable de l’UNRWA.  Il a ensuite indiqué que les pays hôtes assument un fardeau conséquent et que ces derniers ne devaient avoir à assumer des responsabilités supplémentaires. 

M. HUMBERTO RIVERO ROSARIO (Cuba) a indiqué que l’Office fournit une éducation à plus de 515 000 enfants et effectué 8,5 millions de consultations médicales grâce au travail de plus 30 000 employés dont la majorité sont des réfugiés palestiniens.  Il s’est inquiété de la situation financière « extrêmement critique » que connaît l’UNWAR, appelant à y remédier pour lui permettre de poursuivre ses activités.  Il a dénoncé le fait que l’assistance fournit par l’UNRWA soit remis en cause par certains États qui, a-t-il affirmé, menacent d’éliminer leur appui financier en invoquant des prétextes politiques.  Il a appelé les États Membres à poursuivre leurs contributions pour permettre à l’UNRWA de jouir d’une situation financière durable et de continuer ses services de base.  Il faut unir nos efforts pour répondre à ce problème récurrent de déficit, a-t-il affirmé, soulignant par ailleurs que l’UNRWA est essentiel pour améliorer la situation difficile dans laquelle se trouvent les réfugiés palestiniens.

M. TAREQ MD ARIFUL ISLAM (Bangladesh) a souligné les efforts sans précédents déployés par l’UNRWA et l’importance de renforcer ses capacités pour apporter une aide humanitaire aux réfugiés de Palestine, saluant l’adoption de sa stratégie à moyen terme pour la période 2016-2021.  Il s’est dit sérieusement préoccupé par la sécurité des agents de l’UNRWA et a rappelé que 30 d’entre eux avaient été tués et 26 étaient portés disparus, soulignant qu’il n’y avait « aucune justification pour tuer ou enlever du personnel des Nations Unies ».  « Il ne peut y avoir d’excuses pour la destruction d’abris d’urgence, de maisons, d’écoles ou d’infrastructures civiles destinées à des civils innocents », a-t-il ajouté, appelant le Conseil de sécurité à rester saisi de cette « situation critique ».

Le représentant a ensuite déploré les problèmes récurrents de financement de l’UNRWA, soulignant que l’Office avait dû emprunter 20 millions de dollars pour la première fois de son histoire.  Il a appelé les donateurs internationaux à continuer de soutenir la cause des Palestiniens.  Il a déploré le fait que 67 ans après la création de l’UNRWA, une solution politique viable à cette crise centrale au Moyen-Orient reste encore illusoire.  Il a appelé la communauté internationale  à traiter « sérieusement cette longue crise » et à « respecter ses engagements » en vertu du Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui vise à ne laisser  personne de côté.

M. OLIVIER MARK ZEHNDER (Suisse) s’est dit préoccupé par la situation des réfugiés de Palestine, saluant le travail de l’UNRWA pour fournir des services de base et une protection à quelque cinq millions de réfugiés, « en dépit de ses défis opérationnels et financiers constants ».  Déplorant la persistance du conflit israélo-palestinien, de l’occupation et d’un processus de paix politique enlisé, il a estimé « fondamental » que l’UNRWA dispose de fonds stables, regrettant que l’Office soit encore confronté à un déficit budgétaire important.  Rappelant les recommandations du Secrétaire général demandées par l’Assemblée générale l’année dernière, il a estimé qu’elles représentaient « une occasion unique de s’attaquer aux défis de financement ».  Il a demandé une mise en œuvre rapide de ces recommandations, appelant à l’adoption du projet de résolution cette année, pour « faire un pas important en vue de trouver des options à long terme pour doter l’UNRWA d’une base de financement durable », soulignant la responsabilité de la communauté internationale pour garantir un budget pérenne.  Il a mis en avant le soutien de son pays via ses contributions directes, pour un montant de 21 millions de dollars en 2017, et via la stratégie à moyen terme de mobilisation de ressources pour la période 2016-2021.  Il a précisé que son pays s’engageait désormais à fournir une contribution pluriannuelle, conformément aux recommandations du Secrétaire général.

M. SHAHIR ALKHANINY (Arabie saoudite) a salué le rôle vital de l’UNRWA pour protéger les réfugiés palestiniens.  Il a souligné que son pays était un des donateurs principaux et qu’il avait fourni plus de 51 millions de dollars pour financer des projets dans les domaines de l’éducation et de la santé.  L’Arabie saoudite s’est également engagée à verser 37 millions de dollars en 2018 et a fourni en outre, chaque année, 2 millions de dollars au budget ordinaire de l’Office.  Il a regretté que l’UNRWA ait encore besoin d’argent pour boucler son budget et que sa situation soit actuellement encore plus critique qu’en 2015 et 2016.  Il a appuyé la résolution de l’Assemblée générale visant à financer l’UNRWA à partir du budget ordinaire des Nations Unies.  « Il n’y a pas d’alternative si nous voulons répondre aux besoins humanitaires des réfugiés palestiniens » a poursuivi le représentant en se réjouissant également de l’initiative auprès de la Banque islamique de développement.  « Nous allons œuvrer à trouver des solutions durables, nous connaissons le rôle important de l’UNRWA dans l’accès à l’éducation et à l’emploi des jeunes », a-t-il assuré.

Poursuivant, le représentant a indiqué que l’existence de l’UNRWA démontre l’ampleur des souffrances du peuple palestinien, accusant Israël d’ignorer le droit international et de créer des réfugiés partout au Moyen-Orient.  Il a estimé que l’UNRWA doit poursuivre ses activités jusqu’à ce que tous les réfugiés puissent rentrer chez eux et soient compensés pour leurs nombreuses pertes.  Il a également appelé Israël à se retirer des territoires occupés et à mettre en œuvre la solution des deux États, avec Jérusalem-Est pour capital.

M. HASSAN ABBAS (Liban) a rappelé que l’UNRWA a joué un rôle de filet de sécurité sociale pour les générations de réfugiés palestiniens vivant dans les camps du Liban, de Syrie et dans les territoires occupés.  Il s’est inquiété que ce rôle stabilisateur soit mis en danger par les déficits financiers récurrents que connait l’UNRWA qui s’élèvent à 121 millions de dollars en 2017.  Il a ensuite dénoncé les actions répréhensibles d’Israël dans les territoires occupés, son siège illégal de Gaza et sa répression contre la population palestinienne de Cisjordanie qui, a-t-il affirmé, impactent négativement la qualité des services fournis par l’UNRWA.  En tant que pays hôte, le Liban s’est dit profondément inquiet des effets délétères qu’aurait le problème de financement de l’UNRWA s’il venait à persister: scolarisation en baisse, diminution de la vaccination et de la médecine préventive, réduction de l’espérance de vie, pauvreté, chômage, et extrémisme violent.  Il a appelé la communauté internationale de répondre adéquatement à ce problème, notamment en mettant en œuvre les recommandations exposées par le Secrétaire général dans son rapport du 30 mars 2017.

Rappelant ensuite que le Liban compte quelque 400 000 réfugiés palestiniens, et qu’ils représentaient 10% de la population libanaise avant que l’afflux de réfugiés syriens ne change la donne, le représentant a insisté sur la précarité que ces populations continuent d’affronter.  Au-delà de la situation de l’UNRWA, a-t-il ajouté, « le manque d’horizon politique pour mettre un terme à l’occupation israélienne en Palestine » risque d’enfermer ces populations dans « ce qui ressemble à un statut perpétuel de réfugiés ».  Pointant le manque de fonds pour finaliser la reconstruction de certaines infrastructures dans les camps du Liban, il a aussi insisté sur les efforts entrepris par son pays à destination de ces populations en dépit de ses ressources limitées.  « En attendant qu’une solution juste soit trouvée qui mettra un terme à l’occupation israélienne des terres arabes, qui instituera un état palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale, et qui permettra le retour des Palestiniens chez eux, la communauté internationale a le devoir de continuer d’apporter son soutien à l’UNRWA », a conclu le délégué.

Mme SONALI SAMARASINGHE (Sri Lanka) a souligné la qualité du travail fourni par l’UNRWA et a eu une pensée émue pour les 30 employés de l’Office qui ont été tués, et les 26 qui demeurent portés disparus.  Elle a estimé que l’UNRWA avait besoin de soutien pour maintenir les indispensables infrastructures scolaires et éducatives dans les territoires occupés.  Elle s’est ainsi félicitée que les 702 écoles de l’UNRWA soient parvenues à dispenser une éducation à 500 000 élèves tout en assurant une parité entre les sexes et en atteignant un taux d’alphabétisation parmi les plus haut du Moyen-Orient.  En tant que membre du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés, Sri Lanka s’est dite très préoccupée par la situation des droits du peuple palestinien, qualifiant les conditions à Gaza de « désespérées », la bande étant minée par la violence, la pauvreté et le manque d’accès à l’électricité et aux soins de santé.  Selon lui, le travail des employés de l’UNRWA est la seule lueur d’espoir.

La représentante a également constaté que le conflit syrien n’avait fait que compliquer la tâche de l’Office en provoquant de considérables mouvements de population qui ont impacté ses ressources financières.  Soulignant que les réfugiés palestiniens sont parmi les populations les plus vulnérables et que le principe de non refoulement doit continuer d’être honoré au regard des événements en Syrie, il a appelé la communauté internationale à soutenir les efforts de l’UNRWA.  Elle s’est dite préoccupée du manque de fonds dont souffre l’UNRWA et a prévenu que cette situation pourrait se traduire par une crise humanitaire aux proportions « épiques » étant donné que les Palestiniens représentent 40% des réfugiés à long terme dans le monde.

M. KAZUFUMI AOKI (Japon) a noté que les réfugiés palestiniens faisaient face à la crise humanitaire la plus prolongée et qu’ils vivaient dans des conditions de plus en plus difficiles, se préoccupant notamment de la crise de l’électricité à Gaza.  Alors que le Moyen-Orient est en proie à de nombreux conflits, l’assistance de la communauté internationale en faveur des personnes déplacées est plus importante que jamais, a indiqué le représentant.  Il a indiqué que le Japon a façonné des relations solides avec l’UNRWA et a accueilli chaque année M. Pierre Krähenbühl depuis qu’il est en fonction.  « Le peuple japonais a entendu son message » a fait savoir le délégué, en indiquant que l’appui du Japon à l’UNRWA remonte à 1953, avant même que son pays ne soit membre des Nations Unies.  Tout en reconnaissant la réalité difficile de l’UNRWA qui ne dispose pas des ressources suffisantes, il a toutefois espéré qu’il pourra poursuivre ses projets dans les limites de son budget disponible.  Il l’a invité à poursuivre les démarches telles que celles entreprises auprès de la Banque mondiale et de la Banque islamique de développement et l’a également encouragé à recourir à des contributions du secteur privé, en particulier la diaspora palestinienne et les entrepreneurs palestiniens.

M. DAVID YARDLEY (Australie) a salué la contribution positive et stabilisatrice de l’UNRWA, non seulement pour les vies des réfugiés palestiniens mais aussi  à l’ensemble de la région.  Il a reconnu l’environnement périlleux dans lequel œuvre l’Office et les conditions humanitaires particulièrement difficiles, en particulier à Gaza.  Saluant les efforts de l’UNRWA pour réduire son déficit budgétaire, il a toutefois noté que si ce problème n’était pas réglé de manière prioritaire, la viabilité de l’agence pouvait être menacée.  Il s’est réjoui que l’UNRWA cherche d’autres moyens de financement, en élargissant sa base de donateurs et en diminuant sa dépendance au groupe de donateurs traditionnels.  Il a cependant estimé qu’une contribution venant du budget ordinaire de l’ONU n’était pas une option de financement durable et pratique pour l’UNRWA.

Poursuivant, il a déclaré que son pays soutenait l’UNRWA depuis plus de 50 ans, précisant que le dernier engagement s’élevait à 80 millions sur une base pluriannuelle, ce qui assure à l’agence une certitude et l’aide à planifier. Abordant le chapitre de la neutralité « essentielle à des opérations », le délégué a salué la condamnation et les actions rapides prises en réponse à la découverte, en juin 2017, de tunnels sous deux écoles financées par l’UNRWA.  « Cet incident rappelle le besoin d’une vigilance constante de l’UNRWA », a-t-il insisté.  Malgré les efforts de l’UNRWA, la solution à long terme pour les réfugiés palestiniens est politique, a fait savoir le délégué, qui a indiqué que son pays restait engagé vis-à-vis de la solution des deux États.

M. BENJAMIN KRASNA (Israël) a tout d’abord rappelé que son pays coopérait avec l’UNRWA.  Il a ensuite indiqué que lors de sa création, le mandat de l’UNRWA couvrait « des centaines de milliers de réfugiés » qui seraient aujourd’hui « estimés à cinq millions ».  « Comment le nombre de bénéficiaires peut-il avoir augmenté de manière aussi drastique? », s’est-il interrogé, estimant que si les critères du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) étaient appliqués, ce nombre « diminuerait de manière dramatique ».  Il s’est ensuite demandé si « à vouloir prendre en charge la détresse des réfugiés », l’UNRWA « ne tombe pas dans le piège d’entretenir cette détresse ».

Le représentant a ensuite rappelé que l’une des missions de l’UNRWA était d’apporter une assistance, notamment dans le domaine de l’éducation, « sur des notions de tolérance et non sur la haine, sur l’inclusion et non l’exclusion ».  Il a reproché à l’UNRWA de promouvoir « un agenda politique controversé », citant en exemple les campagnes qui appuient « le soi-disant droit au retour » de millions de Palestiniens.  Il a souligné que cette question ne pouvait être résolue qu’au travers de négociations bilatérales entre les parties.  « Il est inacceptable pour une agence des Nations Unies de soutenir activement l’agenda d’une partie au conflit », a-t-il insisté, qualifiant cette démarche d’« illégitime, inappropriée, et minant les efforts pour parvenir à une solution politique ».

Il a ensuite fait part de sa profonde préoccupation quant à l’usage persistant que fait l’Office de fonds humanitaires pour perpétuer un récit biaisé du conflit.  « L’éducation est la clef de l’avenir, ce n’est pas vivre dans le passé », a-t-il souligné.  Si des programmes et des institutions sont empoisonnés par la propagande et la distorsion des faits, l’avenir meilleur auquel nous aspirons tous s’éloignera plus encore, a-t-il averti.

Le représentant a ensuite critiqué le rapport du Commissaire général de l’UNRWA, estimant qu’il ne remplissait pas « les critères d’équilibre et de neutralité ».  Il a mis en avant le « rôle destructif du Hamas dans la bande de Gaza », déplorant que le rapport n’y fît quasiment pas allusion.  S’appuyant sur le rapport des Nations Unies « Gaza: 10 ans après » qui met en cause le Hamas, le représentant a souligné que le Hamas resserre son emprise sur Gaza, opprime l’opposition, renforce son potentiel militaire et entrave les efforts pour trouver une solution qui permettrait d’améliorer la livraison des services de base à Gaza. « Tout cela étant connu des agences des Nations Unies et de la communauté internationale, comment se fait-il que le rapport ne reconnaisse pas que cela a un impact sur les activités de l’UNRWA à Gaza? », a-t-il lancé.  « Le Hamas confisque, détourne et fait de la contrebande avec des ressources destinées à l’aide humanitaire pour les habitants de Gaza.  Il redirige ces ressources vers ses priorités: réarmement et terrorisme, avec des tunnels, la fabrication de roquettes et la construction de camps d’entrainement », a-t-il poursuivi, citant ensuite l’exemple des tunnels creusés sous des écoles de l’UNRWA ou l’appartenance d’agents de l’UNRWA au Hamas.  Il a estimé que « la condamnation de ces faits doit être claire, sans équivoque et universelle » et que l’UNRWA doit être « proactive » pour les empêcher.

À ses yeux, ces deux cas soulèvent des questions quant à l’application des procédures mises en place pour empêcher la politisation des activités de l’UNRWA, ainsi que le fonctionnement du système de sélection de son personnel.  De tels cas, a-t-il affirmé, doivent être dument signalés aux États Membres et ne doivent pas être balayés d’un revers de main et traités comme une simple question administrative.

Le représentant a ensuite déploré que le Hamas continue de s’armer et de prôner la destruction d’Israël, l’accusant d’être « la première source des souffrances des habitants de Gaza » et « responsable de la situation sur le terrain ».  « Aussi longtemps que le Hamas continuera de rejeter les accords existants, de promouvoir le terrorisme, de détenir des armes illégalement et de nier le droit de l’État d’Israël d’exister, nous devons rester vigilants et prévenir sa capacité à être perçu comme un acteur légitime et un interlocuteur de la communauté internationale », a-t-il encore insisté, appelant l’UNRWA à être « transparente et redevable ».  Il a ensuite souligné que son pays coopérait avec l’UNRWA et avait facilité la reconstruction de Gaza, notamment via le Mécanisme pour la reconstruction de Gaza, permettant l’acheminement de huit millions de tonnes de matériel de construction. 

M. ALI NASEER MOHAMED (Maldives) a salué le travail effectué par l’UNRWA soulignant que l’Office restait « indispensable pour protéger les droits élémentaires et la dignité du peuple palestinien ».  Il a déploré toutefois que l’incertitude sur ses ressources pose un énorme défi, qui pèse sur la capacité de l’UNRWA à remplir son mandat et offrir aux Palestiniens l’aide humanitaire dont ils ont besoin.  Dans ce contexte, il a jugé « crucial » que l’UNRWA dispose « de ressources stables, pérennes, et suffisantes », pour assurer « la continuité de ses projets de développement humain ».

Le représentant a ensuite dénoncé le blocus imposé depuis 10 ans à la bande de Gaza, exhortant Israël à le lever immédiatement et à offrir un accès libre aux territoires occupés aux agents de l’UNRWA qu’elle a par ailleurs qualifié de « héros méconnus ».  Elle a ensuite fait part de sa grande préoccupation face à l’augmentation sans précédent des déplacements forcés, dénonçant les destructions de maison de Palestiniens en Cisjordanie, en particulier à Jérusalem-Est, exhortant Israël à cesser immédiatement ses activités illégales dans les territoires occupés, et à mettre un terme à son occupation illégale.

M. TORE HATTREM (Norvège) a souligné que la protection des droits des réfugiés palestiniens est cruciale pour une paix à long terme.  Il a salué le travail de l’UNRWA aussi bien pour son action dans le champ de l’assistance humanitaire, que de la santé, des services éducatifs et des opportunités d’emploi. Aux yeux du délégué, cette organisation a contribué à la stabilité en Palestine.  À ce titre, il s’est inquiété de la situation financière insoutenable dans laquelle il se trouve et s’est félicité du rapport du Secrétaire général du 30 mars 2017 visant à explorer toutes les voies et moyens possibles, notamment par des contributions volontaires et évaluées, pour garantir le financement suffisant, prévisible et durable du mandat de l’UNRWA.  En espérant qu’une suite favorable sera donnée à ces recommandations, il a souligné que l’UNRWA doit composer avec les réalités changeantes de la région.  S’il a soutenu les mesures d’économies budgétaires de ces dernières années et la priorisation de l’aide apportée aux groupes les plus vulnérables de Palestine, il a aussi considéré qu’il fallait prendre des mesures permettant d’améliorer les performances de l’UNRWA et de mettre à sa disposition un budget stable.

M. WOUTER HOFMEYR ZAAYMAN (Afrique du Sud) a réitéré son soutien à l’UNRWA et rappelé que le contexte régional actuel rendait les réfugiés de Palestine encore plus dépendants de son aide.  Il a passé en revue l’assistance apporté par l’UNRWA, dans le domaine de la santé, de l’éducation, des services essentiels, soulignant les conditions politiques et sécuritaires difficiles dans lesquelles les agents de l’UNRWA opéraient.  Déplorant que les réfugiés palestiniens souffrent depuis des décennies de la pauvreté et de privation, il a indiqué qu’en l’absence de solution politique à long terme, « qui passe par la réalisation complète et totale de la reconnaissance du droit du peuple palestinien à l’autodétermination », le rôle de l’UNRWA reste « indispensable ».

Poursuivant, M. Zaayan a appelé à apporter un soutien continue au processus de paix entre la Palestine et Israël.  Il a notamment appelé le Gouvernement israélien à cesser la construction de nouvelles colonies de peuplement en Cisjordanie, notant que cela avait créé une impasse dans les négociations actuelles, engageant par ailleurs cet État à mettre fin à sa « litanie contradictoire » quant à ses obligations liées au droit international.  Il a appelé à la levée immédiate du blocus « scandaleux et insoutenable » de la bande de Gaza, se préoccupant notamment de la détérioration des conditions psychosociales qui, a-t-il averti, créent les bases d’une évolution à venir « catastrophique ».  Le représentant s’est aussi inquiété des problèmes récurrents de ressources de l’UNRWA, appelant la communauté internationale à ne pas « abdiquer » et à assumer ses responsabilités à l’égard des réfugiés de Palestine pour assurer la continuité du travail de l’UNRWA.  Il a plaidé pour l’augmentation de la part du budget des Nations Unies allouée à l’URNWA pour la période 2018-2019.

M. DOUGLAS NICOMEDES ARCIA VIVAS (Venezuela) a souligné que plus d’un demi-siècle d’occupation israélienne de la Palestine avait détérioré les conditions de vie des Palestiniens « avec peu d’espoir d’amélioration », accroissant ainsi la demande des services de l’UNRWA, à la limite de ses capacités de réponses et financières.  La Puissance occupante annihile aussi toute chance de développement en Palestine, rendant chaque fois plus difficile la faisabilité d’un État palestinien, et impossible, la solution à deux États, a-t-il dénoncé.  Dans cette optique, il a exhorté la communauté internationale à agir avec fermeté en faveur de la cause palestinienne.  Après avoir dénoncé la destruction des maisons, des infrastructures et des moyens de production des Palestiniens, entre autres, le représentant a fustigé le blocus israélien brutal et inhumain de la bande de Gaza. Selon l’UNRWA, a-t-il signalé, plus d’1,3 million de réfugiés palestiniens à Gaza ont vu leurs conditions de vie se détériorer.  Il s’est indigné que 80% de la population de la bande de Gaza n’arrive plus à vivre dans la dignité et par ses propres moyens et se voit obliger à dépendre de l’assistance internationale, notamment de l’UNRWA.  Dans ce contexte, il a loué les efforts de l’UNRWA visant au dialogue avec la Puissance occupante, avec les autorités palestiniennes et les gouvernements des pays voisins qui accueillent les réfugiés et déploré la perte de membres de son personnel sur le terrain.  L’UNRWA agit avec équanimité et sans céder aux pressions dans la fourniture de l’aide aux réfugiés dans le cadre de son mandat, a-t-il noté. 

M. AHMED AL-SAHHAF (Iraq) a appuyé les efforts du Commissaire général pour traiter tout problème opérationnel de l’Office, et pour mettre en œuvre des réformes qui mettent davantage l’accent sur le développement et l’économie.  Il a insisté sur le rôle joué par l’UNRWA alors que le conflit israélo-palestinien se prolonge, soulignant également qu’il contribue à la stabilité politique dans une région instable, et atténue les effets du terrorisme.

Il a regretté que la crise financière de l’UNRWA menace sa capacité à fournir des services aux réfugiés, notant que « cela augmente l’insécurité ressentie par cette population fragile ».  Estimant qu’il est du devoir de tous de prendre des mesures pour assurer la stabilité financière de l’agence, il s’est réjoui des nouvelles pistes explorées, tels que l’accès aux institutions financières internationales et l’extension de la base de donateurs.  Pour lui, il faut aussi envisager des contributions provenant du budget ordinaire des Nations Unies, afin de garantir qu’aucun réfugié ne soit laissez de côté.

Enfin, il a affirmé l’importance d’une solution politique juste et durable pour les réfugiés palestiniens et a appelé à démarrer les négociations prévues par les résolutions, et ce, afin de trouver une paix durable et juste au Proche-Orient. « Il est nécessaire que l’UNRWA soit en position d’exercer son mandat dans l’éducation, la santé, le secours d’urgence, l’amélioration des camps de réfugiés et des services de microfinances », a-t-il également affirmé.

M. MAURO VIEIRA (Brésil) a salué le professionnalisme et l’impartialité de l’UNRWA, rappelant, à cet effet, que nombre de ses employés sont eux-mêmes des réfugiés.  Reconnaissant le rôle essentiel des pays hôtes que sont le Liban, la Jordanie, la Syrie et « l’État de Palestine », le Brésil s’est positionné comme membre de la commission consultative de l’UNRWA et réitéré son soutien à cet organe qui apporte éducation, soins, logement, assistance alimentaire, mais aussi microfinancement et offres d’emploi à des millions de réfugiés.  Alarmé par la crise budgétaire structurelle que traverse l’UNRWA, le délégué a plaidé pour un financement adéquat et planifié et a appuyé les recommandations du Secrétaire général à ce propos.  Il a proposé que les coûts opérationnels de l’Office soient absorbés par les contributions au budget régulier des Nations Unies.  Il a aussi réclamé des dons plus fréquents, non affectés et flexibles qui permettront de respecter les priorités de l’UNRWA.

Le représentant a ensuite indiqué que le Brésil avait récemment augmenté sa coopération envers les réfugiés palestiniens au travers d’une contribution financière volontaire et de l’assistance alimentaire.  Une donation de 4 000 tonnes de riz d’une valeur de 4,7 millions a notamment été annoncée en septembre dernier. Il a ensuite rappelé que l’UNRWA n’avait jamais eu vocation à être permanente et que la crise en Palestine ne serait réglée que grâce à des progrès pour faire advenir une solution juste et durable dans cette région.

M. NUR AQSHIKIN MOHD TAIB (Malaisie) a mis en évidence le contexte particulièrement instable dans lequel l’UNRWA doit fonctionner, citant le blocus de la bande de Gaza, les conditions de vie des réfugiés palestiniens en Syrie où des membres du personnel de l’UNRWA ont été tués, ainsi que les violences armées dans ce pays ainsi qu’au Liban qui ont un impact sur l’accès aux écoles et aux soins de santé.  Il a fermement condamné les violations flagrantes commises par Israël en Cisjordanie et dans la bande de Gaza qui compliquent les capacités de l’Office à accomplir ses tâches.  Il a ensuite abordé le problème budgétaire de l’UNRWA, soulignant « une modeste contribution de 120 000 dollars » de son pays pour appuyer l’Office dans sa tâche de distribution de nourriture aux réfugiés palestiniens.  Les opérations de l’UNRWA sont cruciales pour la région et son travail démontre que nous n’avons pas oublié la lutte des réfugiés palestiniens, que nous continuerons à soutenir leur droit à la justice, aux droits humains et aux libertés fondamentales dont ils ont été privés, a souligné M. Taib.

M. ALSABAH (Koweït) a estimé qu’il n’était pas possible d’aborder la souffrance des réfugiés palestiniens sans en imputer la responsabilité à Israël qui poursuit sa politique d’occupation, continue à contrôler tous les aspects de la vie quotidienne dans les camps, et mine les opportunités économiques et les perspectives de travail.  Il a appelé Israël à se plier aux résolutions internationales et à s’abstenir de détruire les infrastructures palestiniennes.  Le Koweït appuie l’UNRWA depuis sa création avec des dons qui dépassent les 162 millions de dollars ou en répondant aux appels ponctuels, a fait savoir le délégué.  En 2016, le pays a également déboursé 150 millions de dollars pour permettre à 500 000 étudiants palestiniens de poursuivre leur étude et a fourni 34 millions de dollars en 2009 à Gaza après qu’Israël ait détruit 36 écoles de l’UNRWA.  Le Koweït a aussi versé une importante contribution dans le cadre de la conférence sur la reconstruction de Gaza.

M. YIĞIT CANAY (Turquie) a salué le « personnel dévoué » de l’UNRWA, qualifiant l’Office d’« essentiel pour la stabilité de la région » et pour « assurer les droits et la dignité des Palestiniens ».  Il a mis en avant le processus de consultations mené par son pays, avec la Suisse, pour trouver des solutions pérennes de financement et lui assurer des ressources durables et sûres.

Il a demandé l’application des recommandations du Secrétaire général, soulignant la complexité de la situation régionale et ses conséquences sur le sort des réfugiés de Palestine.  Il a demandé des efforts sincères pour résoudre le sort des habitants de Gaza et améliorer la situation budgétaire de l’UNRWA.  Il a déploré le déficit de 77 millions de dollars de l’UNRWA et le fait que la poursuite des services qu’il offre soit remise en question.  « Nous reconnaissons que des réformes profondes ont été lancées au sein de l’UNRWA, mais des efforts collectifs sont nécessaires pour combler le déficit budgétaire et assurer la stabilité financière de l’UNRWA ».  Il a mis en valeur les initiatives alternatives, notamment avec les fonds de la Banque mondiale et de la Banque islamique de développement.    

M. IDRISS BOUASSILA (Algérie) a remercié les travailleurs palestiniens de l’UNRWA qui se sacrifient par solidarité pour le peuple palestinien, ajoutant que cette agence joue un rôle capital pour alléger les souffrances.  « Elle offre une éducation à des millions d’enfants, ainsi que des consultations médicales gratuites et une assistance aux familles pour la reconstruction des maisons détruites.  En raison de ce rôle essentiel au service de plus de cinq millions de réfugiés palestiniens, a-t-il estimé, la communauté internationale doit prendre ses responsabilités en matière de financement y compris par le biais de contributions à recouvrement dans le budget de l’ONU.  Il a déploré la dégradation de la situation sur le terrain, en particulier à Gaza.  En Cisjordanie, a-t-il poursuivi, on a détruit des maisons, la situation se détériore et cela ajoute à la charge de l’UNRWA.  Il a aussi dénoncé les restrictions dans la liberté de circulation, y compris à Jérusalem-Est, qui retardent l’acheminement des convois humanitaires.

M. MARIO A. ZAMBRANO ORTIZ (Équateur) a souligné le caractère « indispensable » de l’UNRWA et de son mandat, « en raison de l’aggravation des déplacements de réfugiés et des politiques illégales perpétrées contre la population palestinienne ».  Il a rappelé le rôle clef joué par l’UNRWA, dans les domaines de l’éducation, de la santé, des prestations sociales, des infrastructures ou de l’aide d’urgence.  Le représentant a également soutenu le rapport du Secrétaire général sur le financement de l’UNRWA, avant d’appeler « les États en mesure de le faire d’augmenter leurs contributions pour permettre à l’UNRWA d’exécuter son mandat et de poursuivre ses assistances au peuple palestinien ».

M. NAOUALI (Tunisie) a dénoncé le fait qu’après près de 70 ans ont passé, les réfugiés palestiniens font toujours face à des conditions extrêmes avec des besoins persistant en matière d’éducation, de santé, de services sociaux, d’infrastructure, d’amélioration des camps et de développement humain.  Il a salué les efforts de l’UNRWA qui opèrent dans un contexte caractérisé par un environnement opérationnel de plus en plus complexe.  Il s’est dit préoccupé par les difficultés budgétaires qui minent les efforts de l’Office pour répondre aux besoins de base des réfugiés palestiniens.  Il a souligné l’urgence de déployer des efforts collectifs pour fournir à l’UNRWA les ressources suffisantes à son fonctionnement, et a salué les efforts du Secrétaire général pour trouver de nouveaux moyens de financement, notamment auprès de l’Organisation de la coopération islamique, de la Banque mondiale et de la Banque islamique de développement.  Rappelant que tout impact transformateur sur les conditions humanitaires et socioéconomiques des palestiniens dépendait d’abord d’une solution globale aux problèmes, il a exhorté Israël à prendre les mesures nécessaires pour renforcer la confiance du côté palestinien, en mettant notamment un terme aux colonies de peuplement dans les territoires occupés, y compris Jérusalem-Est.  Il s’est réjoui de la réconciliation palestinienne et a mis en évidence l’importance de relancer le processus de paix et de reprendre les négociations autour de la solution des deux états, pour arriver à une solution juste et pacifique conformément aux résolutions du Conseil de sécurité et de l’Initiative de paix arabe.

M. ANDREY A.LISTOV (Fédération de Russie) a noté qu’avec les troubles très profonds dans la région du Moyen-Orient, les réfugiés palestiniens dépendent de plus en plus de la communauté internationale, et particulièrement de l’UNRWA.  « Beaucoup ont remis leur sort entre ses mains », a-t-il constaté, indiquant ensuite que la Russie avait alloué à l’Office 10 millions de dollars sur une base pluriannuelle, entre 2017 et 2021.  « Cela permettra d’améliorer la prévisibilité », a indiqué le représentant qui s’est également dit prêt à examiner la proposition de financer l’UNRWA sur la base du budget ordinaire de l’ONU.  Il a par ailleurs appelé à ne pas ignorer l’aide apportée par certains États Membres à l’autorité palestinienne sur une base bilatérale, comme le fait la Russie qui accorde notamment des bourses d’études aux étudiants palestiniens.

Le délégué a ensuite qualifié de remarquable le fait que l’UNRWA fasse un travail impartial et que « malgré la pression extérieure, il évite la politisation et continue ses services malgré les difficultés financières ».  Il s’est dit inquiet des affrontements entre groupes armés qui contrôlent les camps au Liban, notant la pression accrue en raison de la crise syrienne.  Il a fait part de son espoir que les réfugiés syriens puissent retourner en Syrie, notant qu’il faut reconstruire les infrastructures vitales dans les territoires libérés du terrorisme.

Mme MAISOON AL-DAH (Émirats arabes unis) a fait part de sa vive préoccupation quant à l’aggravation de la situation des réfugiés palestiniens, en raison de la détérioration de la situation régionale actuelle.  Elle a dénoncé la poursuite de l’occupation israélienne et les politiques belliqueuses, avec le déplacement forcé de population et les démolitions de biens de Palestiniens, « qui aggravent leur souffrance ainsi que le fardeau de l’UNRWA ».  Elle s’est également préoccupée des crises de financement récurrentes de l’UNRWA, qui impactent en particulier l’assistance en matière d’éducation et de santé pour les quelque cinq millions de réfugiés.  Elle a appelé à mettre en œuvre les recommandations du Secrétaire général pour parvenir à un budget durable et prévisible.

La représentante a ensuite rappelé que son pays avait donné 15 millions de dollars à l’Office, en lui faisant l’un des principaux donateurs.  Elle a précisé que cela avait permis de combler une partie du déficit budgétaire, réduit cette année de 126 à 77 millions de dollars.  Elle a indiqué que cette aide s’ajoutait à l’assistance directe offerte par son pays, notamment en appuyant des activités éducatives depuis 2015, dont bénéficient plus de 500 000 étudiants palestiniens.  La représentante a ensuite indiqué que « le règlement de la crise des réfugiés réside dans le règlement du conflit, conformément au processus de Madrid ».  Elle a aussi insisté sur l’importance des activités de l’UNRWA qui permettent « d’empêcher le recrutement de jeunes générations par des organisations terroristes », en leur fournissant un avenir meilleur.

M. CHENG LIE (Chine) s’est inquiété de la crise humanitaire dans la bande de Gaza, constatant que le contexte rend le travail humanitaire difficile.  Il a ensuite appelé à renforcer l’aide au Liban, à la Jordanie et à la Syrie pour alléger leur fardeau.  Il s’est félicité des efforts et bons résultats de l’UNRWA malgré le manque de financement, les restrictions de mouvement et un travail effectué dans des conditions précaires.  Il a souligné son rôle positif pour appuyer la stabilité régionale, « en entravant la propagation du terrorisme dans les camps de réfugiés ».  Il a indiqué que son pays avait établi des canaux d’aide bilatéraux, et fournissait notamment une aide directe au Liban pour les camps de réfugiés.  La Chine augmente ses contributions à l’UNRWA chaque année et apportera des financements prévisibles et adéquats, a-t-il également fait savoir.  Il a aussi appelé à mettre en œuvre une solution politique, à travers la solution des deux États et Jérusalem-Est pour capitale.

Mme INA HAGNININGTYAS KRISHAMURTHI (Indonésie) a exprimé sa gratitude à l’UNRWA et ses agents, qualifiant leur travail « d’ultime sacrifice dans l’assistance offerte aux réfugiés de Palestine ».  Elle a déploré la situation « impossible » des réfugiés, ainsi que le manque de ressources de l’UNRWA.  Elle a rappelé les mises en garde du Commissaire général, et le risque de suspension, faute de fonds, de son programme d’éducation pour environ 700 écoles, avec le retrait de 20 000 employés qui ne pourront plus être payés.

Elle a rappelé « l’énorme responsabilité de l’UNRWA » dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, rappelant à la communauté internationale que le sort des réfugiés de Palestine était celui  « d’humains qui méritent le minimum pour avoir une vie décente ».  Elle a déploré que la résolution destinée à accroître le financement de l’UNRWA n’ait pu être adoptée lors de la dernière session de l’Assemblée générale, « au détriment des opérations de l’UNRWA ».

La représentante a ensuite salué les efforts déployés par la Suisse et la Turquie via leur Comité de pilotage, pour élargir les consultations et trouver des financements alternatifs permettant de maintenir les activités humanitaires de l’UNRWA.  Elle a également appuyé l’initiative et les progrès réalisés pour établir un fonds d’affectation spéciale de la Banque mondiale et le fonds de dotation de la Banque islamique de développement.

MGR BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, s’est inquiété de la situation financière difficile et instable de l’UNRWA, avec un financement qui n’a pas suivi ses besoins croissants, notant que l’Office est passé de la prise en charge de 750 000 réfugiés en 1950 à plus de cinq millions aujourd’hui.  « Notre but ultime est de rendre l’UNRWA non pertinente » a aussi indiqué Mgr Auza, qui a appelé à la pleine mise en œuvre de la résolution 181 de l’Assemblée générale.  « L’effondrement des négociations de paix en avril 2014 a mené à des actions unilatérales négatives et des actes de violence » a –t-il regretté, ajoutant que l’éloignement du processus de paix de Madrid et des accords d’Oslo avait augmenté le niveau de frustration et de désespoir du peuple palestinien.  Pour cette raison, le Saint-Siège réaffirme à nouveau, comme il le fait depuis 1947, son soutien au droit de l’État d’Israël et de l’État palestinien à vivre dans la paix à l’intérieur de frontières sûres et reconnues, et dans une atmosphère de respect mutuel et de coopération.  Il est convaincu que la solution des deux États est la seule option permettant une coexistence pacifique d’Israël et de la Palestine.  En conclusion, il a insisté sur le fait que l’UNRWA restait un facteur significatif de stabilité dans une région troublée.

M. PIERRE KRÄHENBÜHL, Commissaire général de l’UNRWA, s’est dit impressionné par les paroles de solidarité des États Membres.  « Vous avez souligné le rôle de l’URNWA pour la dignité et l’aide humanitaire aux Palestiniens, et dans le domaine de la stabilité, pour les réfugiés de Palestine eux-mêmes mais aussi pour toute la région. »  Il a remercié les États d’avoir reconnu « les mesures de rentabilité prises par l’UNRWA pour continuer d’opérer », ainsi que « les États donateurs ».  Il a également remercié « les pays hôtes pour leur appui, leur confiance et leur aide aux réfugiés », ainsi que la Suisse et la Turquie pour leur travail sur le financement de l’UNRWA.

Il a souligné que la question du déficit budgétaire de l’UNRWA était récurrente mais que l’Office n’avait pas été dans une situation telle dès le mois de novembre.  « C’est une situation très dure, je vais devoir prendre des décisions très difficiles si des fonds ne sont pas trouvés, peut-être suspendre certains programmes », a-t-il expliqué, appelant les États à trouver des solutions pragmatiques.  « C’est extrêmement urgent », a-t-il insisté.

M. Krähenbühl a salué les recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général des Nations Unies, ainsi que les pistes alternatives qu’offrent les fonds d’affectation et de dotation de la Banque mondiale et de la Banque islamique de développement.

À propos de la sécurité des agents de l’UNRWA, il a rappelé le principe de neutralité.  « Nous ne cachons rien, nous traitons les problèmes liés au Hamas quand il y en a, nous avons mis fin aux contrats d’employés ayant des attitudes inappropriées », a-t-il indiqué.

Abordant ensuite la question de l’existence même de l’UNRWA, le Commissaire général a rappelé pourquoi les réfugiés de Palestine avaient une agence dédiée. « Il y a une différence entre un réfugié palestinien et un refugié afghan, congolais ou autre; la différence, c’est que ces réfugiés peuvent faire le choix d’un retour dans un État indépendant, ce qui n’est pas possible pour des réfugiés de Palestine », a-t-il indiqué, défendant « une solution » à la situation tout en insistant sur la responsabilité des parties et non de l’UNRWA de trouver cette solution.  « Nous voyons les conséquences humaines, c’est aux États et aux Nations Unies d’être à la hauteur de leurs obligations sinon ce problème va se poser encore pendant des décennies et nous ne voulons pas que l’URNWA soit le seul horizon pour les jeunes palestiniens », a-t-il conclu. 

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