Session de 2017,
3e et 4e séances - matin & après-midi
AG/COL/3311

La question du Sahara occidental divise le comité de la décolonisation au premier jour de sa session annuelle

Le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, encore appelé « Comité spécial des Vingt-Quatre » ou « C24 », a entamé, aujourd’hui, sa session de 2017 en étalant, une fois encore, sa division au sujet de la question du Sahara occidental.

À seulement trois ans du terme de la troisième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme (2011-2020), le C24 est toujours mandaté pour accompagner les 17 territoires non autonomes vers l’autodétermination. 

La question du Sahara occidental a été l’objet de vifs échanges aujourd’hui entre les délégations qui ont par ailleurs examiné les questions de Gibraltar et des Tokélaou.

Le Comité spécial a également adopté par consensus deux projets de résolution* sur la « diffusion d’informations sur la décolonisation » et sur les « Renseignements relatifs aux territoires non autonomes communiqués en application de l’alinéa e de l’Article 73 de la Charte des Nations Unies ».  Il a aussi adopté son programme de travail** pour cette session qui prend fin le 23 juin prochain.

L’adoption d’un texte sur l’envoi de missions de visite dans les territoires a été reportée à une date ultérieure.

La question du Sahara occidental a suscité de vives prises de position dès le début des travaux de cette journée, certaines délégations, à l’instar du représentant du Venezuela, estimant qu’aucun pétitionnaire du Sahara occidental ne devait être entendu au cours de cette session, arguant que cette pratique est propre à la Quatrième Commission. 

« Si le Comité veut interdire aux pétitionnaires du Sahara occidental de s’exprimer, alors il faudrait qu’aucun pétitionnaire ne parle, y compris ceux censés s’exprimer au nom d’autres territoires non autonomes au cours de cette session », a toutefois affirmé la représentante de la Grenade. 

Une déclaration qui a provoqué l’ire du Président du C24 qui a dénoncé des propos s’apparentant à une « menace à l’endroit du Comité », accusant cette dernière de vouloir « prendre le Comité en otage ».  Après un débat qui a mobilisé toute la matinée, la participation des pétitionnaires du Sahara occidental a finalement été rejetée, à l’issue d’un vote, par 8 voix contre, 7 voix en faveur et 5 abstentions. 

Dans l’après-midi, la question du Sahara occidental a encore donné lieu à des discours enflammés des délégations qui ont fait prolonger le débat de 40 minutes, sans interprétation.

Dans un premier temps, le délégué du Front Polisario a dénoncé les tentatives de blocage des processus de paix avec le Front Polisario et l’absence, depuis 25 ans maintenant, de la tenue d’un référendum sur l’autodétermination.  Il a aussi invité le Comité des 24 à se rendre sur place afin de toucher du doigt « le pillage des ressources du Sahara occidental par le Maroc ». 

 « Ce territoire non autonome vit sa période la plus sombre », s’est alarmé le représentant du Venezuela, avertissant que si l’aspiration du peuple sahraoui n’est pas prise en compte, « les Sahraouis risquent de se livrer à des actes susceptibles de les mettre en situation de conflit avec des pays de la région ».

De son côté, le représentant du Maroc a affirmé que la requête concernant l’intervention du pétitionnaire du Front Polisario avait volontairement été cachée dans le but de le faire s’exprimer en tant que représentant du Sahara occidental et non, « comme cela aurait dû être le cas », en tant que représentant du Front Polisario. 

« Jamais, jamais, jamais, jamais », a martelé le représentant du Maroc, qui s’en est directement pris au Président du Comité, l’accusant de « déshonorer, décrédibiliser et politiser » le C24.

Le délégué du Maroc a indiqué que le plan d’autonomie proposé par son pays en 2007 était une « initiative de compromis » conforme au droit international et à la Charte de l’ONU.  Contrairement à la bonne volonté du Maroc, a-t-il ajouté, l’autre partie persiste à ressusciter des plans irréalisables ou qui, de l’aveu même du Conseil de sécurité, ont échoué.  Plusieurs délégations, dont celle de la Guinée, ont d’ailleurs estimé que l’initiative marocaine d’autonomie devrait être considérée comme le « cadre unique » du processus de négociation.  Le représentant de l’Algérie a pour sa part plaidé pour la tenue d’un référendum sur l’autodétermination, sous supervision conjointe de l’ONU et de l’Union africaine.

Sur la question de Gibraltar, M. Fabian Picar, le Ministre principal de ce territoire, a estimé que le C24 aurait dû tenir compte des résultats d’un référendum d’autodétermination organisé il y a 50 ans qui avait laissé voir que la population « n’entend pas se soumettre à la domination espagnole ».

La représentante de l’Espagne a indiqué que son pays avait invité à plusieurs reprises le Royaume-Uni à entamer sans plus tarder des négociations, propositions qui sont, selon elle, restées lettre morte.  La proposition espagnole d’une « souveraineté conjointe » est « incongrue » et contraire aux principes démocratiques modernes, a toutefois estimé le représentant du Groupe pour l’autodétermination de Gibraltar. 

Les délégations ont en revanche noté les bonnes relations qu’entretiennent la Nouvelle-Zélande, Puissance administrante, et les Tokélaou.  Principal dirigeant politique de ce territoire, M. Aliki Faipule Siopili Perez, a expliqué au Comité que le processus d’autodétermination est actuellement en suspens, mais que des procédures de gouvernance sont néanmoins en cours de définition.

La prochaine réunion du Comité spécial aura lieu, lundi 19 juin, à partir de 10 heures. 

* A/AC.109/2017/L.5 et A/AC.109/2017/L.4
** A/AC.109/2017/L.2

COMITÉ SPÉCIAL CHARGÉ D’ÉTUDIER LA SITUATION EN CE QUI CONCERNE L’APPLICATION DE LA DÉCLARATION SUR L’OCTROI DE L’INDÉPENDANCE AUX PAYS ET AUX PEUPLES COLONIAUX

Renseignements relatifs aux territoires non autonomes en application de l’alinéa e de l’Article 73 de la Charte des Nations Unies (A/AC.109/2017/L.4 et A/72/62)

Déclarations

M. HUMBERTO RIVERO ROSARIO (Cuba) a estimé que les puissances administrantes avaient l’obligation de communiquer « en temps voulu » des renseignements « adéquats » relatifs aux territoires non autonomes, en particulier dans le cadre de l’établissement, par le Secrétariat, de documents de travail relatifs à ces territoires.  « Ces informations constituent un outil utile à la prise de décisions par le Comité spécial », a-t-il ajouté, appelant de ce fait à ce que les informations transmises soient « précises » et reflètent fidèlement la situation économique, sociale, éducative, politique et constitutionnelle de ces territoires.

Or, le représentant a exprimé sa préoccupation face au fait que certaines puissances administrantes n’aient pas transmises les informations nécessaires à l’élaboration, par le Secrétaire général, de son rapport intitulé « Renseignements relatifs aux territoires non autonomes communiqués en application de l’alinéa e de l’Article 73 de la Charte des Nations Unies ».  Le représentant a également pointé du doigt l’attitude « lamentable » de certaines puissances administrantes, qui persistent selon lui à faire preuve d’absentéisme en ne participant pas aux réunions du Comité spécial, alors même qu’il serait pertinent de disposer de leur point de vue.

Exprimant son plein accord avec la déclaration de son homologue cubain, M. DOUGLAS NICOMEDES ARCIA VIVAS (Venezuela) a insisté pour que les puissances administrantes transmettent des informations concernant les 17 territoires non autonomes.

Le comité spécial a adopté par consensus un projet de résolution (A/AC.109/2017/L.4) présenté par son président et intitulé « Renseignements relatifs aux territoires non autonomes communiqués en application de l’alinéa e de l’Article 73 de la Charte des Nations Unies ».  Par ce texte, l’Assemblée générale réaffirmerait qu’en l’absence d’une décision de l’Assemblée générale elle-même établissant qu’un territoire non autonome s’administre complètement lui-même au sens du Chapitre XI de la Charte des Nations Unies, la Puissance administrante concernée doit continuer de communiquer des renseignements au sujet de ce territoire en vertu de l’alinéa e de l’Article 73 de la Charte.

L’Assemblée générale prierait les puissances administrantes concernées de respecter les obligations qui découlent de l’alinéa e de l’Article 73 de la Charte en ce qui concerne chaque territoire figurant à l’ordre du jour du Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux.

Elle prierait également les puissances administrantes concernées, conformément aux obligations qui découlent pour elles de la Charte, de communiquer ou de continuer de communiquer régulièrement au Secrétaire général, « à titre d’information, sous réserve des exigences de sécurité et de considérations d’ordre constitutionnel », des renseignements statistiques et autres de nature technique relatifs à la situation économique et sociale et à l’éducation dans les territoires dont elles sont respectivement responsables, ainsi que des renseignements aussi complets que possible sur l’évolution politique et constitutionnelle des territoires en question, « notamment sur la constitution, la loi ou le décret régissant le gouvernement du territoire et les relations constitutionnelles entre celui-ci et la Puissance administrante », dans les six mois suivant l’expiration de l’exercice administratif dans ces territoires;

Question de diffusion d’informations sur la décolonisation (A/AC.109/2017/18 et A/AC.109/2017/L.5)

M. JANOS TISOVSKY, Responsable de la Division de la communication stratégique au Département de l’information de l’ONU, a présenté le Rapport du Secrétaire général sur la diffusion d’informations sur la décolonisation pendant la période allant d’avril 2016 à mars 2017 (A/AC.109/2017/18).

Au cours de la période considérée, le Département de l’information a publié 32 communiqués de presse, en anglais et en français, pour rendre compte des réunions, déclarations et débats relatifs aux travaux de l’ONU sur la question de la décolonisation, notamment ceux de l’Assemblée générale et de sa Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) ainsi que du Comité spécial de la décolonisation.

Une déclaration à la presse a également été publiée en anglais et en français au nom du Comité spécial en décembre 2016, à l’occasion du cinquante-sixième anniversaire de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux.

En outre, le Groupe des accréditations et de la liaison avec les médias a diffusé des dépêches sur les réunions consacrées à la décolonisation et accordé des accréditations aux représentants des médias chargés de couvrir les réunions.  Le Centre de documentation pour les médias a également diffusé des déclarations et autres informations en rapport avec ces réunions.

Le Département de l’information a continué d’actualiser la page Web « Les Nations Unies et la décolonisation » (www.un.org/fr/decolonization) dans les six langues officielles de l’Organisation, en ajoutant des pages pour les nouvelles sessions du Comité spécial de la décolonisation ainsi que des documents et communiqués de presse, y compris une page spéciale sur l’exposition de photographies organisée à l’occasion du cinquante-sixième anniversaire de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux.  Ces pages Web consacrées à la décolonisation ont été consultées près de 804 000 fois entre janvier et décembre 2016, soit une augmentation sensible de (133%) par rapport à l’année précédente. 

Les activités et les questions relatives à la décolonisation ont également été mises en relief sur d’autres pages Web spécialisées du Département de l’information, notamment celle consacrée aux « Questions thématiques » (www.un.org/fr/globalissues/decolonization).  Le Département de l’information a aussi utilisé divers comptes sur les réseaux sociaux pour promouvoir des questions relatives à la décolonisation, notamment le cinquante-sixième anniversaire de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, et orienter les lecteurs vers les pages Web consacrées à la décolonisation et vers d’autres pages et manifestations pertinentes.

Le Centre d’actualités de l’ONU, qui diffuse des informations à travers les médias sociaux et des plateformes multimédias, dans les six langues officielles de l’Organisation ainsi qu’en swahili et en portugais, a couvert les activités, les manifestations et les questions concernant la décolonisation et les territoires non autonomes.  En outre, la question de la décolonisation a figuré régulièrement dans le discours proposé lors des visites guidées du Siège de l’Organisation à New York.  Les guides ont notamment expliqué le processus historique de la décolonisation à la lumière de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux de 1960, en mentionnant notamment le rôle joué par le Conseil de tutelle et l’action menée par le Comité spécial de la décolonisation.  Au cours de la période considérée, 238 371 visiteurs ont fait une visite guidée du Siège de l’ONU à New York.

  Les groupes des visites de Genève, de Nairobi et de Vienne ont également organisé des séances d’information sur la décolonisation, y compris sur le rôle du Conseil de tutelle et du Comité spécial de la décolonisation à cet égard, dans le cadre de leur programme de visites guidées. Les informations fournies portaient notamment sur la question des territoires non autonomes restants. 

La Bibliothèque Dag Hammarskjöld a continué de fournir de façon continue des services de recherche et d’information sur la décolonisation et les questions connexes.  Au cours de la période considérée, elle a fourni au Département des affaires politiques un historique du Comité spécial de la décolonisation (concernant ses membres et l’évolution de sa composition et de sa structure).

Enfin, le réseau mondial des centres d’information des Nations Unies présents dans plus de 60 pays à travers le monde a organisé régulièrement des réunions d’information sur les activités de l’ONU relatives à la troisième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme, le régime de tutelle des Nations Unies et le rôle du Conseil de tutelle.

Le représentant de Cuba a estimé que le rapport du Secrétaire général portant sur la diffusion d’informations sur la décolonisation fait ressortir les efforts déployés par le Département de l’information de l’ONU, notamment dans le cadre du Séminaire régional de 2016 sur les activités de la troisième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme.  Le représentant a également pris note de « l’augmentation considérable de 133% » du trafic des utilisateurs sur le site web et de la qualité des travaux du Centre d’actualités de l’ONU, qui diffuse des informations dans les six langues officielles de l’Organisation, ainsi qu’en portugais et en swahili.

Le représentant a ensuite souligné que les informations sur la décolonisation devaient être disponibles dans les six langues officielles de l’ONU.  Or, il a constaté avec regret que, dans certains cas, ces informations étaient disponibles en anglais sur le site Web de l’ONU, mais pas en espagnol.  Il a estimé que le traitement linguistique des questions de décolonisation était « déséquilibré », soulignant que la diffusion d’informations « de qualité et en temps voulu » permettait d’améliorer le processus de prise de décisions.

Enfin, le représentant de Cuba a appelé à créer un rapport, dans le cadre des futurs travaux du Comité, rassemblant les propositions concrètes à réaliser dans chaque sphère pour faire avancer les questions de décolonisation.

Mme RIE KADOTA, Responsable du Groupe de la décolonisation du Département des affaires politiques de l’ONU, a présenté les activités de dissémination des informations sur la décolonisation effectuées par le Département des affaires politiques pendant la période allant de juillet 2016 à juin 2017.

Elle a indiqué que son Département a fourni, régulièrement, des informations au site Internet de l’ONU dévolu à la question de la décolonisation, ces informations y étant présentées dans les six langues officielles des Nations Unies.  Elle a promis que le Groupe de la décolonisation allait continuer dans la même lancée en mettant à disposition toutes les informations relatives à la question de la décolonisation.

Le Comité spécial a également adopté par consensus un projet de résolution (A/AC.109/2017/L.5) présenté par son Président et intitulé « Diffusion d’informations sur la décolonisation ».  Selon ce texte, l’Assemblée générale jugerait important de poursuivre et d’accroître ses efforts pour diffuser le plus largement possible des informations sur la décolonisation, en mettant l’accent sur les différentes possibilités qui s’offrent aux peuples des territoires non autonomes en matière d’autodétermination.

Elle prierait le Secrétaire général de développer davantage l’information fournie sur le site Web de l’Organisation concernant la décolonisation et de continuer à y inclure la série complète de rapports des séminaires régionaux sur la décolonisation, les déclarations faites et les documents spécialisés présentés lors de ces séminaires, ainsi que des liens vers l’ensemble des rapports du Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux.

L’Assemblée générale prierait en outre le Département des affaires politiques et le Département de l’information d’appliquer les recommandations du Comité spécial et de continuer à prendre les mesures voulues en utilisant tous les moyens d’information disponibles –publications, radio, télévision, Internet et médias sociaux– pour faire connaître l’action de l’Organisation dans le domaine de la décolonisation. Elle les prierait notamment d’étudier plus avant l’idée de créer un programme de collaboration avec les points de contact des gouvernements des territoires pour les questions de décolonisation, notamment dans le Pacifique et les Caraïbes, de façon à améliorer l’échange d’informations.

Question de l’envoi de missions de visite et de missions spéciales dans les territoires (A/AC.109/2017/L.6)

Le représentant de la Côte d’Ivoire a émis des réserves quant à la mention, dans le projet de résolution, d’une possible mission de visite au Sahara occidental.  Il a estimé qu’une telle mission ne serait pas conforme à l’Article 12 de la Charte de l’ONU, en vertu duquel l’Assemblée générale doit s’abstenir de formuler des recommandations sur une situation dont le Conseil de sécurité est saisi, à moins que le Conseil ne lui en ait expressément fait la demande.  Étant donné que le Conseil est actuellement saisi de la situation au Sahara occidental, le représentant s’est opposé au principe d’une mission de visite dans ce territoire.

La représentante de la Grenade a appuyé la position de la Côte d’Ivoire, indiquant en outre que la visite au Sahara occidental avait déjà fait l’objet d’un rejet en réunion restreinte du Comité spécial.  Elle a aussi appelé à modifier le paragraphe du projet de résolution relatif aux visites dans les territoires. 

Le Président du Comité spécial a toutefois fait observer que les missions n’ont de sens que dans le cadre de territoires faisant face à un problème d’autodétermination, et non à un conflit de souveraineté.

La représentante du Timor-Leste a pour sa part estimé qu’à trois ans de la fin de la troisième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme, il serait opportun qu’il y ait une visite dans tous les territoires faisant l’objet de débat devant le Comité spécial. 

La déléguée d’Antigua et Barbuda a rappelé la proposition de sa délégation de constituer une mission de visite dans les Caraïbes.  Elle s’est par ailleurs associée aux appels visant à supprimer la mention, dans le projet de résolution, de la demande formulée par le représentant du Front populaire pour la libération de la Saguía el-Hamra et du Río de Oro, en sa qualité de représentant du Sahara occidental, pour que le Comité spécial effectue une mission de visite dans le territoire.

M. SABRI BOUKADOUM (Algérie) a appelé les délégations à ne pas confondre « Sahara » et « Sahara occidental » dans leurs interventions.  Il a par ailleurs estimé qu’il n’existait aucun processus politique au Sahara occidental.

M. DOUGLAS NICOMEDES ARCIA VIVAS (Venezuela) a estimé que les missions de visite étaient très utilisées et permettaient d’avancer sur la voie de la décolonisation.

Le délégué de l’Indonésie a demandé davantage de temps pour que le Comité puisse discuter plus avant de ces propositions dans le cadre de ce projet de résolution.

Le représentant du Maroc a voulu savoir pourquoi les requêtes d’autres délégations n’étaient pas également mentionnées, alors que « la question du Sahara occidental semble cristalliser les regards ».  Il a aussi proposé que le Comité spécial s’inspire de la Charte, notamment son Article 12 qui précise que si le Conseil de sécurité est en charge d’un dossier, comme c’est le cas du Sahara occidental, alors aucun autre organe ne saurait s’en saisir sans l’autorisation expresse du Conseil de sécurité.  Il a  souligné qu’un processus politique est en cours au Sahara occidental.  Le représentant a ensuite indiqué que le Maroc est opposé à la visite du C24 au Sahara occidental, et que son pays ne donnera aucune autorisation en ce sens, justifiant cette position par le fait que le Maroc est respectueux de l’Article 12 de la Charte précitée.

Le Président du C24 a réagi en expliquant que des exceptions ont été accordées à Gibraltar et aux Îles Falkland (Malvinas) en raison de leur statut spécifique.  Il a appelé les membres du Comité à œuvrer pour atteindre un consensus sur la question.

La déléguée de la France a indiqué que la Nouvelle-Calédonie ne saurait être le seul territoire à recevoir les visites du Comité, d’autant plus que la dernière mission effectuée par le C24, en 2014, fut dans ce territoire.  Elle a aussi avancé que les processus politiques internes en cours dans ce territoire ne laissent pas de place à une mission en ce moment. 

Le Président du Comité a ensuite indiqué que le projet de résolution L.6 serait mis aux voix ultérieurement.

Le représentant du Venezuela a pris la parole en début de séance pour exiger qu’aucun pétitionnaire du Sahara occidental ne soit entendu au cours de cette session, arguant que cette pratique est propre à la Quatrième Commission.

La Grenade, par la voix de sa déléguée a voulu savoir si le Venezuela rejette l’ensemble de la liste des pétitionnaires ou seulement certains parmi eux.  Suite à cela, le Venezuela a précisé qu’il s’agissait de toute la liste des pétitionnaires du Sahara occidental.

Le délégué de Cuba a soutenu l’avis du Venezuela, tandis que ses homologues du Nicaragua et de la Bolivie ont souligné que la Quatrième Commission est le lieu idoine pour accueillir les pétitionnaires. 

Le délégué de la Côte d’Ivoire a estimé que les pétitionnaires ayant, par le passé, pris part à ce genre de réunion, il était de bon aloi que la même logique s’applique et que les pétitionnaires du Sahara occidental puissent prendre la parole.  Lui emboitant le pas, la déléguée de la Grenade a estimé qu’il fallait entendre toutes les parties prenantes sur les questions de décolonisation, y compris les pétitionnaires du Sahara occidental.  Antigua-et-Barbuda, ainsi que Saint-Kitts-et-Nevis ont soutenu cet avis, de même que Sainte-Lucie et la Dominique.

Les délégués du Timor-Leste et de la Syrie ont toutefois estimé que les pétitionnaires devaient s’exprimer devant la Quatrième Commission de l’Assemblée générale, avis également partagé par l’Équateur.

Le délégué de l’Éthiopie a fait observer que le C24 n’a jamais entendu les pétitionnaires du Sahara occidental. Pourquoi donc vouloir changer la donne et créer un précédent? a-t-il lancé. 

Le représentant de l’Indonésie a voulu savoir si l’audition des pétitionnaires est un exercice qui violerait la pratique de la Commission ou la Charte des Nations Unies et a demandé un avis juridique du Secrétariat.

Suite à cela, le Secrétariat du Comité des 24 a ainsi estimé que c’est aux membres du Comité de décider si des pétitionnaires devraient s’exprimer ou pas. 

Le Président a repris la parole pour préciser que le Comité n’a jamais entendu de pétitionnaires au cours de ses séances, rappelant de nouveau que la Quatrième Commission était l’enceinte appropriée pour ce genre de pratique.

Suite à cela, le délégué de l’Inde a estimé que si aucun texte réglementaire n’interdit à un pétitionnaire de s’exprimer devant le C24, autant les laisser parler. 

Le représentant du Chili a rappelé de son côté qu’au cours des 17 années qu’il a passées au sein de ce Comité en tant que représentant de son pays, jamais un pétitionnaire ne s’y est exprimé.  Il a rappelé que le Sahara occidental n’est que l’un des 17 territoires devant faire l’objet de l’attention du Comité spécial.

La déléguée de la Grenade a repris la parole pour souligner qu’aucune réglementation n’interdisait au Comité d’écouter des pétitionnaires.  Elle a alors rappelé que l’esprit du consensus qui a toujours prévalu veut que la Comité prenne une décision consensuelle.  De ce fait, « si le Comité veut interdire aux pétitionnaires du Sahara occidental de s’exprimer, alors il faudrait qu’aucun pétitionnaire ne parle, y compris ceux censés s’exprimer au nom d’autres territoires au cours de cette session », a-t-elle déclaré.  Des propos que le Président a taxés de « menace à l’endroit du Comité », accusant la déléguée de vouloir « prendre le Comité en otage ».

La question de la participation des pétitionnaires du Sahara occidental aux travaux de cette session a été ensuite mise aux voix.  Les délégués ont répondu à la question: « Êtes-vous d’accord pour entendre les pétitionnaires du Sahara occidental au sein du C24? ».  La proposition a donc été rejetée par 8 voix contre, 7 voix en faveur et 5 abstentions. 

Après le vote, la représentante de la Grenade a rappelé que son pays n’a pas fait de menace à l’endroit du Président, ni du Comité spécial.  Le délégué de l’Indonésie a déploré le fait que le vote ait eu lieu, faisant ainsi voler en éclat le principe du consensus ayant toujours prévalu au sein du Comité.

Le représentant du Maroc a fait observer que les résultats du vote auraient été peut-être différents si tous les membres avaient pris part à l’exercice.  Il a déploré que le C24 n’ait pas adopté de position commune sur cette question.  Il a estimé qu’interdire que des pétitionnaires s’expriment sur une question alors que d’autres pétitionnaires peuvent intervenir pour d’autres situations n’est pas du tout une décision équilibrée.  Il a aussi relevé que dans l’histoire du Comité, aucune participation de pétitionnaire n’a jamais fait l’objet de vote.  Les représentantes de la Dominique, d’Antigua-et- Barbuda et de la Côte d’Ivoire ont regretté que le Président du Comité ait qualifié la position de la Grenade de « menace », rappelant que les États ont le droit d’exprimer librement leur position.

Le représentant de l’Algérie a rappelé qu’aucun pétitionnaire ne s’est jamais exprimé au sein du Comité des 24, et il a aussi insisté sur l’importance du consensus au sein du Comité spécial. 

Question de Gibraltar (A/AC.109/2017/8)

M. FABIAN PICARDO, Ministre principal de Gibraltar, a rappelé que Gibraltar a pris part au référendum britannique sur la fin de l’association avec l’Union européenne (UE), encore appelé « Brexit », et que le territoire va donc suivre le même processus que le reste du Royaume-Uni.  Il a également rappelé qu’il y a 50 ans, Gibraltar avait voté à 99,64% pour garder son statut britannique, estimant que ce vote aurait dû consacrer la fin de l’examen de la question de Gibraltar par le Comité des 24.  Il a ainsi déclaré que le C24 aurait dû tenir compte des résultats de ce référendum, accusant ce dernier d’avoir failli à sa mission centrale d’accompagner les territoires vers leur émancipation.  Cet échec du Comité ne va pas induire un changement de position de Gibraltar, et ses habitants n’entendent pas se soumettre à la domination espagnole, a-t-il affirmé.

Nous ne voulons pas une recolonisation par l’Espagne, a-t-il martelé en rappelant qu’un second référendum, en 2002, a permis aux populations de rejeter l’éventualité d’une souveraineté conjointe.  Il a souligné qu’avec ou sans le « Brexit », Gibraltar rejette la colonisation espagnole et demeurera un lieu d’affaires au succès internationalement reconnu.

Mme FRANCISCA MARIA PEDROS CARRETERO (Espagne) a rappelé que le Royaume-Uni s’est approprié le territoire espagnol à Gibraltar suite à la signature du Traité d’Utrecht entre les deux pays en 1713.   Selon la représentante, le Royaume-Uni s’est ensuite arrogé « de manière illicite » des éléments du territoire espagnol non mentionnés dans le Traité, créant ainsi des « colonies permanentes » sur le sol ibérique.  Par la suite, le Royaume-Uni n’a eu de cesse de pérenniser son « occupation illicite du territoire espagnol », a-t-elle affirmé, ajoutant que la situation actuelle à Gibraltar portait atteinte à l’intégrité territoriale de son pays.

La représentante de l’Espagne a appelé le Royaume-Uni à restituer aussi bien les territoires cédés dans le cadre du Traité d’Utrecht que ceux occupés illégalement par la suite, dans le respect des principes de la Charte de l’ONU.  Or, depuis 1963, Gibraltar figure sur la liste des territoires non autonomes sans grande évolution sur cette question, a regretté la représentante, ajoutant que l’Espagne avait invité à plusieurs reprises le Royaume-Uni à entamer sans plus tarder des négociations, propositions qui sont, selon elle, restées lettre morte.

La représentante a par ailleurs condamné le référendum d’autodétermination organisé par la « puissance occupante » à Gibraltar, le 10 septembre 1967, référendum qui avait été unanimement condamné à l’époque par la communauté internationale.

La représentante a enfin rappelé la proposition de l’Espagne, formulée le 24 octobre dernier, invitant le Royaume-Uni à débuter des négociations pour l’établissement d’un « régime de responsabilité partagée » à Gibraltar, sans pour autant renoncer à un « règlement juste » de la question, à savoir un processus négocié de décolonisation conforme à la Charte de l’ONU. 

« La question doit être réglée par le biais du droit et du dialogue, et non par des propos incendiaires contre le Comité spécial », a enfin déclaré la représentante espagnole, qui a appelé à faire avancer cette question dans le respect des résolutions pertinentes.

« Ne soyez pas dupes », a mis en garde le représentant, au nom du Groupe pour l’autodétermination de Gibraltar.  « L’Espagne dit une chose, mais agit de manière très différente », a-t-il dénoncé, affirmant que le Comité spécial aurait pu en prendre conscience s’il n’avait pas « manqué à maintes reprises à son devoir » d’envoyer une mission de visite à Gibraltar.

Par conséquent, a regretté le représentant, ce Comité n’a pas été en mesure de constater de lui-même « les files d'attente inutiles » créées par l’Espagne à sa frontière avec Gibraltar, ou encore « les incursions illégales de navires espagnols dans les eaux territoriales britanniques de Gibraltar ».  Ce Comité, a-t-il poursuivi, n’est pas non plus en mesure de confirmer que, en dépit des « accusations malveillantes » proférées par l’Espagne, Gibraltar n’est pas un « refuge pour des activités illégales ».

Ces accusations ne sont pas surprenantes, a poursuivi le représentant, étant donné la « corruption politique généralisée » à laquelle les Espagnols sont habités.  « Ils pensent probablement que tout le monde se fait payer dans des grandes enveloppes marrons ou avec des black cards ».  Mais, dans les faits, a affirmé le représentant, il est plus difficile d’obtenir de l’argent pour Gibraltar que pour les hommes politiques espagnols.

L’Espagne dit en permanence que Gibraltar est un « anachronisme », car c’est une colonie à l’intérieur de l’Europe, a par ailleurs indiqué le représentant, ajoutant qu’il était parfaitement d’accord avec cette position.  « Pourquoi, alors, l’Espagne s’oppose-t-elle aux demandes de décolonisation présentées à maintes reprises par Gibraltar devant ce Comité? », s’est-il interrogé.  À ses yeux, la position espagnole n’est donc pas seulement « hypocrite », mais également « malicieuse », car l’Espagne continue de déblatérer des « banalités » devant ce Comité, voire même de « paraître raisonnable ».

La réalité est que l’Espagne ne souhaite pas la décolonisation de Gibraltar, a-t-il affirmé, ajoutant que la proposition espagnole d’une « souveraineté conjointe » est « incongrue » et contraire aux principes démocratiques modernes.  Le représentant a par conséquent appelé le Comité à ne pas se laisser berner pas cette « tentative perverse » de l’Espagne et à tout faire pour accélérer le processus de décolonisation de Gibraltar.

Le représentant du Venezuela a invité les parties prenantes à parvenir à un compromis sur la question de Gibraltar en privilégiant le dialogue.

Question des Tokélaou (A/AC.109/2017/14)

M. ALIKI FAIPULE SIOPILI PEREZ, représentant et principal dirigeant politique des Tokélaou, a indiqué que ce territoire de 12 kilomètres carrés, situé au beau milieu de l’océan Pacifique, était « isolé et vulnérable », notamment en raison du manque de fertilité de ses sols.  Cette difficulté, a-t-il ajouté, n’entame en rien la détermination de ses 1 499 habitants, d’après un recensement de 2016, à l’autodétermination.

Le représentant a appelé la communauté internationale à appuyer la structure de gouvernance des Tokélaou « même si elle n’est pas toujours bien comprise ».  Il a estimé que l’autonomie permettrait de créer la confiance nécessaire pour aboutir à l’autodétermination et l’indépendance à long terme.  « C’est une des leçons que j’ai tirée du processus de décolonisation », a-t-il ajouté.

Le représentant a indiqué que les Tokélaou s’efforçaient de procéder à des réformes institutionnelles pour adapter le territoire à leur future autodétermination, sans pour autant renoncer à leurs valeurs traditionnelles.

« Le système climatique ne connait pas de frontières politiques », a par ailleurs déclaré le représentant, ajoutant que cette réalité devait être prise en compte lors de l’allocation des fonds pour lutter contre les changements climatiques.  « Le processus de décolonisation et la lutte contre les changements climatiques sont indissociables pour les Tokélaou », a-t-il ajouté.

Remerciant la Nouvelle-Zélande pour son soutien, le représentant a ajouté que les Tokélaou étaient en train de lancer leur propre réseau mobile et de moderniser leurs systèmes scolaires et sanitaires, au moyen notamment de l’augmentation des revenus liés à la pêche ces dernières années.  « L’autodétermination est en suspens, mais nous sommes en train de définir des procédures de gouvernance et de prise de décisions plus claires », a-t-il conclu.

Partant du constat que la population des Tokélaou est estimée à 1 499 habitants et que plus de 7 000 ressortissants des Tokélaou habitent en Nouvelle-Zélande, soit cinq fois plus, M. HOSSEIN MALEKI (Iran) s’est demandé s’il était bien réaliste d’envisager l’indépendance pour ce territoire.

M. AMADU KOROMA (Sierra Léone) a « exprimé son soutien envers la relation entre les Tokélaou et la Nouvelle-Zélande », qu’il a qualifiée de « saine » et « excellente », constatant qu’elle ne cessait de « s’améliorer ».  C’est un parfait exemple de bonne entente entre la Puissance administrante et un territoire non autonome, s’est-il félicité, avant d’appelant le Comité spécial à saluer la nature de ces relations.

Le représentant de la Nouvelle-Zélande, M.  DAVID NICHOLSON, a dit que son Gouvernement restait attaché à sa relation privilégiée avec les Tokélaou.  Il a signalé que les référendums sur l’indépendance du territoire n’avaient pas permis d’atteindre le quota requis.  Il a indiqué que son gouvernement est prêt à continuer d’appuyer le territoire dans son ambition d’autodétermination, insistant sur le fait que le dialogue entre la Nouvelle-Zélande et les Tokélaou doit rester ouvert, et que le rôle de la Nouvelle-Zélande est de soutenir le territoire dans son ambition d’une autonomie durable. 

Le délégué a ensuite expliqué que les autorités néozélandaises agissent dans le cadre de l’amélioration de la qualité de vie des habitants des Tokélaou.  Il s’est félicité des différents appuis financiers consentis en faveur des Tokélaou, citant un certain nombre de projets accomplis ou en cours, se félicitant en outre de l’octroi prochain d’un navire destiné à faciliter les déplacements des fonctionnaires des Tokélaou dans les différents atolls.  La réforme des pêches y est également en cours et la Nouvelle-Zélande entend œuvrer au renforcement de la résilience des Tokélaou face aux changements climatiques.

Le délégué du Venezuela a ensuite a salué les actions entreprises par la Puissance administrante pour l’essor des Tokélaou, et a invité la Nouvelle-Zélande à continuer d’accompagner ce territoire sur la voie de l’autodétermination. 

Question du Sahara occidental (A/AC.109/2017/17)

En dépit des nombreux efforts déployés, a regretté M. HUMBERTO RIVERO ROSARIO (Cuba), il n’y a eu « pratiquement aucun progrès dans la recherche d’une solution politique efficace pour résoudre le conflit du Sahara occidental ».  Cette recherche, a-t-il déploré, « est au point mort depuis plus de 40 ans ».

Le représentant cubain a réaffirmé le soutien de son pays envers le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, conformément aux principes de la Charte des Nations Unies.  Il a également réaffirmé son soutien envers les efforts des Nations Unies pour trouver une solution définitive pour permettre au peuple du Sahara occidental de jouir pleinement de son droit à l’autodétermination.  Dans le cadre de ces efforts, le représentant a appelé à respecter les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale.

M. DOUGLAS NICOMEDES ARCIA VIVAS (Venezuela) a dit accorder une importance particulière à la question du Sahara occidental.  « Ce territoire non autonome vit sa période la plus sombre », a regretté le représentant, réaffirmant le soutien de son pays à l’autodétermination du territoire.

Le représentant a rappelé que le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale avaient tous deux adopté plusieurs résolutions pour soutenir l’autodétermination du territoire.  Or, a-t-il regretté, ce processus est au point mort et « on empêche les Sahraouis d’exercer leur droit à l’autodétermination ».  L’une des parties, a-t-il dénoncé, refuse d’écouter les appels lancés par la Quatrième Commission et fait entrave aux efforts de l’ONU sur le terrain, ce qui a, selon lui, des conséquences sur la paix et la sécurité internationales et engendre de l’instabilité dans la région.

Si l’aspiration du peuple sahraoui n’est pas prise en compte, a poursuivi le représentant, les Sahraouis risquent de se livrer à des actes susceptibles de les mettre en situation de conflit avec des pays de la région.  Il a en outre appelé à améliorer la situation humanitaire du peuple sahraoui, avec l’appui de la communauté internationale.  Le représentant a aussi appelé le Royaume du Maroc à mettre fin aux concessions d’exploitation minière et de pêche sur le territoire, au détriment des habitants et en violation des résolutions pertinentes de l’ONU.

Le représentant a enfin appelé à « faciliter les contacts directs » entre le Front Polisario, représentant politique « légitime » du territoire, et le Maroc, que les Nations Unies ont exhorté à mettre fin à la colonisation du Sahara occidental.

M. CLAUDE STANISLAS BOUAH-KAMON (Côte d’Ivoire) a soutenu « sans réserve » une relance du processus de négociations entre les parties sur cette question et s’est réjoui de la volonté du Conseil de sécurité « d’exhorter les parties à faire preuve de volonté politique » et d’appeler les États voisins à coopérer avec les Nations Unies, ainsi qu’à s’impliquer davantage dans le processus de négociations.  Dans ce cadre, le représentant a appelé les parties à « faire preuve de compromis ».  Il a enfin réaffirmé son soutien envers le plan formulé par l’Algérie pour résoudre la question du Sahara occidental.

Mme KEISHA A. MCGUIRE (Grenade) a quant à elle exprimé son soutien envers l’initiative d’autonomie présentée par le Maroc en 2007, qu’elle a jugée être une « proposition sérieuse ».  La représentante a également appelé à garantir les droits de l’homme du peuple sahraoui ainsi que des prisonniers sahraouis détenus dans les prisons marocaines.

M. ABRHAM ENGIDA MEKONEN (Éthiopie) a appelé à faire avancer cette question afin de trouver une solution durable à ce litige.

Mme LOREEN RUTH BANNIS-ROBERTS (Dominique) a appuyé le plan « réaliste et sérieux » présenté par le Maroc en 2007.  Ce plan, a-t-elle dit, prévoit le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui et permettrait de résoudre ce litige, stabilisant du même coup cette région aujourd’hui fragilisée par le terrorisme.  La représentante a enfin salué le retour du Maroc en tant que membre de l’Union africaine (UA).

Mme CHALLENGER (Antigua-et-Barbuda) s’est prononcée en faveur d’une « approche innovante » basée sur le principe de compromis.  Dans ce cadre, elle a appuyé le « plan d’autonomie innovant » présenté par le Maroc en 2007, une initiative qu’elle a jugée « crédible » et « conforme à la Charte des Nations Unies ». 

M. JASSER JIMÉNEZ (Nicaragua) a réaffirmé son soutien à l’autodétermination du Sahara occidental.  Il a appuyé les efforts du Secrétaire général, qui a récemment nommé un Envoyé spécial pour trouver une « solution durable » et « respectueuse du droit à l’autodétermination » du peuple sahraoui.  « Plus de 40 résolutions ont été adoptées sur cette question », a-t-il rappelé, tout en demandant aux États Membres de rester mobilisés sur cette question afin de mener à son terme le processus de décolonisation.  Face à l’absence de progrès sur ce dossier, le représentant a estimé que le Maroc refusait de répondre aux appels du Comité spécial à réaliser un référendum d’autodétermination dans le territoire.  Il a appelé les parties et la communauté internationale à tout faire pour faire avancer la question.

M. SAM TERENCE CONDOR (Saint-Kitts-et-Nevis) a déclaré que son pays s’alignait avec la déclaration de ses homologues caribéens.

Mme MARIA HELENA LOPES DE JESUS PIRES (Timor Leste) a affirmé son soutien au Front Polisario en tant que représentant légitime du peuple du Sahara occidental et a indiqué que toute solution devrait nécessairement l’inclure en tant que signataire.  Saluant les efforts de l’ONU, du Secrétaire général et de l’Union africaine (UA) pour trouver une solution à cette question, le représentant a appelé les États Membres à œuvrer pour mettre fin au colonialisme, en veillant au respect du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.

M. AHMED BOUKHARI, s’exprimant au nom du Front Polisario, a fait mention d’actes de violence divers dont se seraient rendues coupables les autorités marocaines.  Il a qualifié le Sahara occidental de « prison à ciel ouvert », affirmant que les Sahraouis font toujours l’objet de diverses formes de discrimination.  Cette violation colonialiste dure depuis 42 ans, a-t-il dénoncé.  Il a voulu savoir où en était le référendum d’autodétermination, précisant que le peuple sahraoui l’attend depuis déjà 25 ans.  Il a souligné que le Conseil de sécurité proroge chaque année le mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) en attendant ledit référendum.  Il a argué que l’ONU pouvait organiser ce référendum en trois ou quatre mois, en faisant preuve de volonté politique.  Or, la Mission de l’ONU est aujourd’hui prisonnière de la Puissance occupante, a-t-il regretté, ajoutant que cette Mission de paix établie en 1978 est la seule qui n’a pas mandat de s’occuper des questions relatives aux droits de l’homme. 

M. Boukhari a ensuite dénoncé les tentatives de blocage des processus de paix avec le Front Polisario.  Il a aussi signalé que la dernière mission du Comité des 24 au Sahara occidental remonte à 1975, et a invité le Comité spécial à s’y rendre de nouveau afin de toucher du doigt « le pillage des ressources du Sahara occidental par le Maroc ».  Le Comité a devant lui un conflit sensible dont la résolution est cruciale car un peuple continu de vivre sur son territoire qui est sous occupation en plein XXIe siècle, a-t-il dénoncé.     

La déléguée de la Grenade a insisté sur le fait que la déclaration faite par M. Boukhari l’a été en tant que membre du Front Polisario et non comme représentant exclusif du Sahara occidental, faisant observer que son organisation n’est en aucun cas le seul représentant légitime du peuple du Sahara occidental.  Un avis partagé par la déléguée d’Antigua-et-Barbuda et son homologue de la Côte d’Ivoire.

Le délégué d’El Salvador a réaffirmé qu’il est important que les pourparlers entre le Maroc et le Front Polisario reprennent au plus vite afin qu’une solution soit trouvée.  Il a estimé que le retour du Maroc au sein de l’Union africaine (UA) pourrait faciliter une solution à la question du Sahara occidental, expliquant que celle-ci pourrait s’inspirer de la Charte constitutive de l’UA qui stipule que ses membres se doivent de respecter les frontières héritées de la colonisation. 

Le représentant de la Namibie a pour sa part déploré le fait que le référendum au Sahara occidental n’a toujours pas eu lieu, alors que les Nations Unies avaient adopté une résolution à cet effet.  Il a dénoncé un « déni total du droit inaliénable à l’autodétermination pour le peuple du Sahara occidental ». 

M. MATIAS PAOLINO (Uruguay) a dit défendre le droit du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination.  Le représentant a appelé le Royaume du Maroc et le Front Polisario à reprendre « sans tarder » des négociations pour résoudre cette question.  Il a salué les efforts du Secrétaire général sur la question du Sahara occidental et a espéré que son nouvel Envoyé spécial puisse entamer rapidement ses travaux.

Le représentant s’est dit inquiet face aux évènements survenus dans la région en 2016 et 2017, marqués par une montée des tensions, notamment dans le cadre des opérations de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d'un référendum au Sahara occidental (MINURSO).  Il a ainsi appelé l’Union africaine (UA) à s’impliquer davantage pour résoudre le dernier cas de colonialisme en Afrique.

Rappelant que le Sahara occidental était la dernière colonie en Afrique, Mme LOIS MICHELE YOUNG (Belize) a regretté l’absence de progrès sur la voie de l’autodétermination de ce territoire non autonome.  La représentante a estimé que le Front Polisario était le représentant légitime du peuple du Sahara occidental.  Elle a appelé à organiser une mission de visite officielle au Sahara occidental, y compris dans les camps de réfugiés, à fixer une date pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination dans le territoire et à organiser une session spéciale sur cette question.  « Le Maroc n’a pas de souveraineté sur ce territoire », a-t-elle affirmé.

Le délégué du Zimbabwe a dénoncé l’occupation étrangère du Sahara occidental, qui empêche le peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination.  Il s’est également inquiété du sort des réfugiés sahraouis, alors que de nombreux réfugiés nés dans les camps ont déjà eux-mêmes des enfants.  « La communauté internationale doit les aider à retourner chez eux », a-t-il dit, fustigeant les tentatives de la puissance occupante d’entraver tous les efforts visant à trouver une solution juste et durable.  Le représentant s’est enfin prononcé en faveur de l’envoi d’une mission de visite du Comité spécial au Sahara occidental.

M. FRANCOIS SOUMAH (Guinée) a salué la coopération du Maroc en matière de droits de l’homme et la participation du Sahara occidental aux élections locales du 4 septembre 2015 et aux élections législatives d’octobre 2016, au Maroc.  Le représentant a salué le lancement, par le Maroc, d’un plan de développement dans la zone, estimé à 8 milliards de dollars.  Elle a en outre estimé que l’initiative marocaine d’autonomie, présentée par le pays au Conseil de sécurité en 2007, était conforme aux principes de la Charte de l’ONU et devrait être le « cadre unique » du processus de négociations.

Mme LILLY STELLA NGYEMA NDONG (Gabon) a estimé que l’initiative marocaine d’autonomie était un « cadre idéal » de résolution du litige, conforme au droit international et au droit des peuples à l’autodétermination.  Il a appelé à consolider les progrès réalisés dans le cadre de la participation du Sahara occidental aux élections locales de septembre 2015 et aux élections législative d’octobre 2016.

« Il n’y a que dans les réunions du Comité des 24 que n’importe qui peut rentrer et qu’on lui donne la parole sans qu’il la demande », s’est insurgé M. OMAR HILALE (Maroc), qualifiant cette pratique de « holdup procédural ».  La personne qui a parlé aujourd’hui « au nom du Sahara marocain » n’a pas demandé la parole, a affirmé le représentant, ajoutant que cette personne ne figurait pas sur la liste des pétitionnaires annoncée dans la matinée.  « C’est un problème de respect des procédures », a insisté le représentant, estimant que nul ne peut venir s’exprimer au sein du Comité spécial sans autorisation. 

« Depuis que vous êtes Président, Monsieur le Président, le C24 est déshonoré, décrédibilisé et politisé », a poursuivi le représentant marocain, s’adressant au Président du Comité spécial.  « Il n’y pas eu de décision de donner la parole à un représentant du Sahara marocain », a une fois de plus insisté le représentant, dénonçant une nouvelle fois cette pratique comme étant un « holdup procédural ». 

« C’est malheureux que cela puisse se produire », a-t-il poursuivi, ajoutant que cela démontrait la volonté de faire avancer « un agenda particulier », et ce « en violant le consensus au sein de ce Comité ».  « Le Secrétariat a sa part de responsabilité », a-t-il ajouté, « c’est même une complicité contre le C24 ».

Le représentant a indiqué que le plan d’autonomie proposé par son pays en 2007 était une « initiative de compromis » conforme au droit international et à la Charte de l’ONU.  Il a indiqué que c’était sur la base de ce plan que le processus politique était mené depuis 2007.  Contrairement à la bonne volonté du Maroc, a-t-il ajouté, l’autre partie persiste à ressusciter des plans irréalisables ou qui, de l’aveu même du Conseil de sécurité et des Nations Unies, ont échoué.

Le représentant a déclaré que le Maroc était résolument attaché au processus politique mené sous les auspices du Conseil de sécurité et de ses résolutions depuis 2007.  Il a rappelé que, selon la Charte de l’ONU, tant que le Conseil est saisi d’une situation, l’Assemblée générale ne doit pas formuler de recommandations sur cette situation à moins que le Conseil ne lui en ait expressément fait la demande.  « Nous sommes tous tenus de respecter cette article », a-t-il souligné.

Le délégué du Sénégal a plaidé pour une issue définitive au différend par la voie politique.

Le représentant de l’Afrique du Sud a fait part de la solidarité de son pays envers les populations sahraouies pour leur autodétermination. 

Son homologue de l’Algérie a déploré qu’après 43 ans, les populations du Sahara occidental attendent toujours que l’ONU les accompagne vers la voie de l’autodétermination.  Il a dénoncé les violations des droits de l’homme commises au Sahara occidental, ainsi que l’exploitation des ressources naturelles de ce territoire par la puissance occupante.  Il a affirmé que son pays ne va jamais faillir sur cette question de l’autodétermination au Sahara occidental, appelant à la tenue d’un référendum sur la question, sous la supervision conjointe de l’ONU et de l’UA.

Le représentant du Maroc a affirmé que la requête concernant l’intervention du pétitionnaire du Front Polisario avait volontairement été cachée dans le but de le faire s’exprimer en tant que représentant du Sahara occidental et non, comme cela aurait dû être le cas, en tant que représentant du Front Polisario.  « Jamais, jamais, jamais, jamais », a martelé le représentant du Maroc, ajoutant que l’intervenant n’était pas le représentant du Sahara occidental.  « C’est pour cela que vous n’avez pas présenté le document de passage », a-t-il dit, interpelant le Président du Comité spécial.

S’adressant ensuite à son homologue algérien, le représentant du Maroc a déclaré que ne pas comprendre sa « schizophrénie », dans la mesure où il avait affirmé dans la matinée qu’il n’existait pas de processus politique sur la question du Sahara occidental et venait à l’instant d’affirmer le contraire.

« Depuis que vous êtes devenu Président, ce Comité est devenu un vrai chaos sur la question du Sahara occidental », a enfin déclaré le représentant marocain, s’adressant de nouveau au Président du Comité.

Utilisant son droit de réponse, le représentant de l’Algérie a demandé au représentant du Maroc de surveiller son langage.  « Nous sommes des diplomates, n’utilisez pas des mots comme « schizophrénie », a-t-il dit.

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