Soixante-douzième session,
19e séance – après-midi
AG/AB/4259

Cinquième Commission: le Secrétaire général présente une réforme « radicale » de l’ONU et promet des détails en mai 2018

Le Secrétaire général a présenté, cet après-midi, à la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires une réforme « radicale » du fonctionnement et de la gestion des ressources humaines et financières de l’ONU.  M. António Guterres, qui complétera ses propositions en mai et en octobre 2018, a donné les premiers éléments de réponse aux nombreuses questions des délégations sur la « valeur ajoutée » de cette réforme.

Après sept mois de consultations élargies avec les États, le Secrétaire général a proposé d’éliminer les doublons en remplaçant le Département de la gestion et celui de l’appui aux missions par un « Département de l’élaboration et de la mise en œuvre des stratégies et politiques de gestion » et un « Département de l’appui opérationnel ».  Le Secrétaire général a aussi dit sa détermination à tirer pleinement parti d’Umoja, le progiciel de gestion intégré, en regroupant la gestion des achats, des paiements, des contrats du personnel, de l’ingénierie et de la logistique sur deux ou trois sites, au lieu de la gestion décentralisée actuelle.  Il a exprimé l’intention de simplifier les règles, processus et procédures dans le domaine des ressources humaines pour assurer le recrutement et le déploiement du personnel en temps voulu.

S’agissant des ressources financières, le Secrétaire général a suggéré de passer d’un budget biennal à un budget annuel et d’abaisser la durée du cycle de planification et de budgétisation de cinq à trois ans.  Il a aussi demandé des pouvoirs plus étendus pour redistribuer, sans l’accord préalable des États, jusqu’à 20% des ressources dans chaque titre du budget.  Il a préconisé une augmentation du montant qu’il est autorisé à engager pour couvrir les dépenses imprévues et extraordinaires et promis, ce faisant, plus de transparence dans les informations soumises aux États Membres, pour ce qui est du suivi, de l’évaluation et de l’exécution du budget. 

Il y a encore des questions sans réponse, a commenté l’Union européenne: quelle est la valeur ajoutée de la fusion des Départements de la gestion et l’appui aux missions?  Comment cette fusion affectera-t-elle l’exécution des mandats et rendra l’ONU plus souple et plus réactive?  Comment les instruments demandés pour plus de flexibilité budgétaire influenceront-ils la réactivité de l’ONU?  Comment compte-t-on renforcer le principe de responsabilité?  Comment se mettre d’accord sur les flexibilités demandées tout en renforçant le cadre de responsabilisation?

Comment, se sont demandé, à leur tour, les États-Unis, le Secrétaire général compte-t-il faire usage de l’autorité qu’il a demandée pour prendre des décisions stratégiques relatives aux ressources.  Quelle est la logique des pouvoirs plus étendus pour pouvoir redistribuer jusqu’à 20% des ressources dans chaque titre du budget? s’est interrogée l’Australie.  En quoi cela permettrait de mieux appuyer le personnel sur le terrain?  Quels sont les avantages d’un cycle budgétaire annuel? a demandé la Fédération de Russie qui s’y est opposée.  Quelles sont les incidences de toutes ses propositions sur la quote-part des États? s’est inquiétée la Thaïlande.

Le Secrétaire général a donné des premiers éléments de réponse.  Il s’est dit convaincu que la réorganisation des deux Départements de la gestion et de l’appui aux missions améliorerait l’exécution des mandats et rendrait les hauts fonctionnaires plus comptables de leurs actes.  Quant à la question du passage au cycle budgétaire annuel, le Secrétaire général a expliqué que le budget 2018 serait ainsi basé sur les données de 2017 et non sur celles des cinq dernières années.  Cela conduirait à de meilleurs résultats sur le terrain et à une meilleure reddition de comptes de la part du Secrétariat.

Assurant qu’il continuera de consulter régulièrement les États Membres sur son processus de réforme, le Secrétaire général a exprimé sa détermination à rétablir la confiance entre ces derniers et le Secrétariat, sans oublier le personnel.  « Nous avons le même niveau d’engagement et avec les États Membres et avec le personnel », a insisté M. Guterres, pour qui l’objectif de la réforme n’est pas de réduire le nombre de personnel et de faire des économies.  C’est d’améliorer les résultats sur le terrain et, au final, d’éliminer la pauvreté.  Quelles sont les initiatives proposées pour mettre en place un cadre de dirigeants qui puissent se faire les « champions » de cet esprit de réforme et comment assurer l’adhésion de tout le personnel? se sont tout de même demandé les États-Unis.

« Regardez la composition de mon cabinet », a répondu le Secrétaire général, répondant aux délégations qui s’inquiétaient de la représentation géographique et de la parité entre les sexes parmi le personnel de l’ONU.

La Cinquième Commission se réunira, demain à partir de 10 heures, pour examiner les dépenses d’administration de la Caisse commune des pensions du personnel des Nations Unies. 

EXAMEN DE L’EFFICACITÉ DU FONCTIONNEMENT ADMINISTRATIF ET FINANCIER DE L’ONU

Rapports du Secrétaire général sur un nouveau modèle de gestion pour l’Organisation des Nations Unies: « garantir à chacun un avenir meilleur » (A/72/492) et « simplifier et améliorer la procédure de planification des programmes et d’établissement du budget » (A/72/492/Add.1)

Déclarations

Le Secrétaire général de l’ONU, M. ANTÓNIO GUTERRES, a rappelé la promesse qu’il a faite lors de sa prestation de serment de réforme de l’Organisation avec un objectif « simple et clair »: bien positionner l’ONU pour faire le travail que les États Membres nous demandent de faire.  Il a avancé trois priorités stratégiques de la réforme: le travail pour la paix, l’appui au développement durable et la gestion interne.

La réforme de l’architecture de paix et de sécurité vise à renforcer la prévention, à rendre plus souple la médiation et à disposer d’opérations de maintien de la paix plus efficaces et moins onéreuses. 

La réforme du système de développement doit donner lieu à une action de plus en plus focalisée sur le terrain, bien coordonnée et plus responsable pour mieux aider les pays dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Pour bien étayer ces efforts, a expliqué le Secrétaire général, nous avons besoin d’une réforme de la gestion « radicale », simplifiant les procédures et décentralisant les décisions avec une plus grande transparence, une plus grande efficacité, une plus grande souplesse et plus de responsabilité.  Ces efforts se renforcent mutuellement. 

Organisation mondiale dont 90% du personnel est déployé sur le terrain, l’ONU doit rapprocher la prise de décisions des populations, autonomiser les responsables dans l’exécution des mandats, alléger des procédures budgétaires lourdes et coûteuses et éliminer les structures redondantes.

Après sept mois de consultations élargies avec les États Membres, le Secrétaire général a exprimé son intention d’apporter des changements concrets dans quatre domaines clefs.

Premièrement, il faut donner aux responsables de l’Organisation les moyens d’assumer leurs fonctions.  Il conviendra d’aligner fonctions, pouvoirs et responsabilités et de préciser les rôles et responsabilités de chacun.  Les responsables doivent être appuyés par leur maison-mère et être comptables des résultats.

Deuxièmement, l’Organisation doit être plus transparente et mieux à même de démontrer le lien entre ressources et programmes avec des dispositifs de gestion des risques renforcés.

Troisièmement, pour pouvoir agir rapidement et avec efficacité, les responsables doivent avoir l’autorité, dans des conditions clairement définies, de prendre des décisions au plus près des lieux d’exécution des projets.

Ce ne sera pas une délégation générale de pouvoir.  Tout se fondera sur une évaluation réfléchie de la capacité des gestionnaires à exercer un tel pouvoir et des conditions claires sur lesquelles il pourrait être retiré.

Quatrièmement, il s’agit de réorganiser les structures de gestion aux différents sièges pour appuyer la bonne et pleine exécution des mandats.  Cela inclut l’élimination des doubles emplois, une répartition plus claire des rôles et responsabilités et la séparation des fonctions, ainsi que la mise en place des contrepoids nécessaires.

Afin de réaliser ce changement de paradigme, le Secrétaire général a proposé sept changements importants dans la réforme de la gestion et d’abord simplifier et rationaliser le cycle de planification et de budgétisation et les modalités d’établissement des rapports, y compris en passant d’un budget biennal à un budget annuel et en ramenant la durée du cycle de planification et de budgétisation de cinq à trois ans.

Les informations concernant la planification et l’exécution des programmes seraient présentées en même temps que l’information financière pour améliorer la transparence des activités et appuyer la prise de décisions stratégiques.  Cela montrera plus clairement comment les budgets soutiennent la mise en œuvre des mandats.  Les leçons apprises seront reflétées dans les documents de planification et de budgétisation.  Les activités seront plus clairement liées à la Charte, aux objectifs de développement durable et aux mandats confiés par les organes délibérants.  Les documents budgétaires seront l’instrument permettant aux gestionnaires de programme d’être responsables d’une exécution efficace des mandats et de l’utilisation des ressources.  Ils devraient fournir aux États Membres une évaluation qualitative des performances.

Deuxièmement, en tant que Chef de l’administration de l’Organisation, c’est ma responsabilité, a dit le Secrétaire général, de préparer le budget qui sera examiné par l’Assemblée générale.  Une fois que celle-ci l’a approuvé, c’est ma responsabilité de superviser l’utilisation des ressources.  Pour faire cela plus efficacement, le Secrétaire général a sollicité des pouvoirs plus étendus pour pouvoir réaffecter jusqu’à 20% des ressources au sein de chaque titre du budget, mais pas d’un titre à l’autre.  Cela permettrait, s’est-il expliqué, de préserver le principe selon lequel les ressources qui auront été affectées au développement iront bien au développement.

Troisièmement, le Secrétaire général a proposé que soit élargie la portée des autorisations d’engagement de dépenses au titre des « dépenses imprévues et extraordinaires », pour intervenir rapidement en cas d’évènement imprévu dans les domaines du développement et des droits de l’homme.

Quatrièmement, a-t-il poursuivi, nous cherchons à accroître la transparence et la périodicité des rapports présentés aux États Membres, notamment en ce qui concerne le suivi, l’évaluation, les performances de programmes et l’utilisation des ressources.

Cinquièmement, a plaidé le Secrétaire général, il faut éliminer les doubles emplois en créant le « Département de l’élaboration et de la mise en œuvre des stratégies et politiques de gestion des politiques » qui serait investi d’un rôle clair et d’un « Département de l’appui opérationnel » qui s’occuperait des opérations, des services et des transactions et qui apporterait un soutien aux entités dans des environnements défavorables. 

Sixièmement, il s’agit de tirer pleinement parti d’Umoja et du modèle intégré de prestation des services pour effectuer des transactions administratives dans un nombre réduit de lieux d’affectation.

Septièmement, le Secrétaire général s’est proposé de rationaliser et de simplifier les règles, processus et procédures en vigueur dans le domaine des ressources humaines pour assurer le recrutement et le déploiement du personnel en temps voulu ainsi que son perfectionnement.

Avec ces changements, nous renforcerons la responsabilité vis-à-vis des États Membres, en créant des fonctions de contrôle interne plus solides; en déléguant le pouvoir aux responsables des programmes pour leur permettre d’en mieux maîtriser la planification et l’exécution, tout en les tenant comptables de leurs actes; et en séparant les responsabilités entre les deux nouveaux départements pour assurer l’appui aux contingents militaires et policiers.  Les évaluations à 360 degrés des hauts fonctionnaires et leurs contrats seront renforcés et la capacité d’évaluation, améliorée.  Le budget sera un document stratégique et un outil de reddition de comptes.

Le Secrétaire général a aussi promis de renforcer la confiance et d’améliorer la transparence dans les rapports présentés aux États Membres sur les achats et les dépenses.  Il a aussi promis d’améliorer l'auto-évaluation des programmes et d’inclure des évaluations dans les budgets annuels et sur les sites Web.

Ces changements reposent sur l’engagement des hauts fonctionnaires et des États Membres, a ajouté le Secrétaire général qui a encore promis que le Secrétariat sera transparent, responsable et comptable de la gestion des ressources de l’Organisation et de l’exécution des mandats et des principes convenus.

Les propositions concrètes sur ces différents éléments seront présentées en mai et octobre 2018, a poursuivi M. Guterres qui a demandé l’appui des États Membres.

Présentant son rapport A/72/7/Add.24, M. CARLOS GABRIEL RUIZ MASSIEU AGUIRRE, Président du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), a indiqué que, comme plusieurs propositions relatives à la gestion doivent encore être développées, les observations du Comité visent à en faciliter l’examen futur.  S’agissant de la stratégie des technologies de l’information et des communications, le Comité recommande que toutes les mesures envisagées résolvent d’abord et avant tout les problèmes liés à la fragmentation excessive de l’environnement technologique au sein des Nations Unies.

Concernant la prise en compte des achats dans la gestion de la chaîne d’approvisionnement, le Comité estime qu’il faut plus de précisions sur les garanties à mettre en place pour protéger la fonction achat contre toute influence indue et veiller à une séparation adéquate des tâches ayant trait aux demandes d’achat, à la réception, aux achats, aux livraisons et à la gestion des stocks et des contrats.

Quant au remplacement du Département de la gestion et du Département de l’appui aux missions par deux nouveaux départements, le Comité pense qu’il faut une analyse et une évaluation complètes des risques, des avantages et des coûts. 

Le Comité pense aussi qu’il faut mieux expliquer comment le cadre de responsabilité sera adapté pour refléter les changements envisagés dans le dispositif de délégation de pouvoir. 

Pour ce qui est des changements dans les processus de planification et de budgétisation, dans la documentation pertinente et dans les financements exceptionnels et les arrangements opérationnels, le Comité est favorable à la proposition de raccourcir le cycle budgétaire et appuie la rationalisation du processus de planification et de budgétisation.  Mais, il émet quelques réserves, tout en notant que les changements dans la présentation du cadre stratégique ne relèvent pas de son mandat.  Le Comité estime aussi que les modifications proposées pour la documentation budgétaire s’écarteraient de la méthodologie axée sur les résultats.  À ce stade, il voudrait maintenir le degré de détail et ajoute que toute proposition pour changer la documentation devrait être approuvée au préalable par l’Assemblée générale.

D’autres propositions concernent de nouveaux pouvoirs et des pouvoirs élargis pour engager ou redéployer des fonds au cours d’un cycle budgétaire afin de faire face aux imprévus.  Globalement, le Comité estime que l’Assemblée générale devrait les approuver.  Il recommande que tous les différents mécanismes de pouvoir discrétionnaire soient évalués avant le lancement du premier cycle annuel.

S’agissant des deux pouvoirs proposés pour le redéploiement des ressources, le Comité doute des justifications techniques qui ont été présentées.  Il reconnaît toutefois qu’il s’agit d’une décision politique plus large qui exige l’approbation préalable de l’Assemblée générale. 

Enfin, s’agissant des propositions d’accroître ou élargir les mécanismes pour les dépenses imprévues ou extraordinaires, le Comité les appuie toutes sauf celles visant à élargir le mécanisme pour couvrir les questions liées au développement et aux droits de l’homme.  Il estime que le mécanisme expérimental existant devrait être plus sollicité et recommande aussi de supprimer la disposition faisant obligation de recenser des économies au cours de l’exercice budgétaire dans la limite du montant des crédits approuvé pour financer le coût de ces activités.

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. DIEGO FERNANDO MOREJÓN PAZMIÑO (Équateur) a insisté sur le rôle de contrôle de l’Assemblée générale s’agissant de toute initiative de réforme.  La Cinquième Commission, le Comité du programme et de la coordination et le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sont les organes créés par l’Assemblée, a-t-il souligné, pour s’impliquer dans les processus de planification, de programmation, de budgétisation, de contrôle et d’évaluation, et ce, « du début à la fin ».  Ces organes, a ajouté le représentant, sont « le nœud » du lien entre la mise en œuvre des programmes et la reddition de comptes auprès des États Membres.  Le représentant a encouragé le Secrétaire général à continuer de consulter des organes tels que le Comité consultatif pour les questions d’audit, le Bureau des services de contrôle interne et le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires.  Compte tenu de l’ampleur des propositions, a-t-il poursuivi, l’attention doit être accordée à la gestion des risques, au contrôle et à l’évaluation de l’impact de chaque initiative. 

Le représentant s’est félicité de la « centralité » du Programme de développement durable à l’horizon 2030 dans les propositions de réforme du Secrétaire général.  Il a donc espéré que les processus de réforme ne se contentent pas seulement d’intégrer les objectifs de développement durable aux niveaux international, régional et national mais qu’ils soient aussi dotés des ressources nécessaires à la mise en œuvre de ces objectifs, grâce à l’implication du Département des affaires économiques et sociales, des commissions régionales et de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).  Les réformes précédentes, qui mettaient l’accent sur les économies et la réduction des postes, ont peu fait pour réaffecter les sommes économisées vers le développement et les résultats.  Le Groupe insiste sur la nécessité d’améliorer la mise en œuvre des mandats dans ce domaine, a martelé le représentant.

Pour le Groupe, le principe directeur de la réforme de la gestion doit être la transparence et la reddition de comptes, y compris un Secrétariat plus comptable de ses actes devant l’Assemblée générale.  Il faut garder cela à l’esprit, a prévenu le représentant, lorsque l’on parle de délégation de pouvoir et des changements dans la façon de faire rapport. 

Après avoir salué les efforts du Secrétaire général pour rendre les budgets plus « précis et plus justes », le représentant a insisté sur une bonne représentation géographique et la parité entre les sexes au sein de l’ONU.  Il a aussi insisté pour que la politique des achats offre plus d’opportunités commerciales aux pays en développement et aux pays en transition. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, Mme MARTHA AMA AKYAA POBEE (Ghana) a affirmé que la défiance règne au sein de l’ONU, entre les États Membres et le Secrétariat mais aussi entre le personnel et le personnel encadrant.  Nous devons remédier à ce défi en promouvant la transparence et la reddition de comptes, a-t-elle affirmé, en soulignant la nécessité d’un véritable « changement de paradigme ».  Elle a voulu que la réduction des coûts et du personnel ne soient pas les seuls critères de la réforme de l’ONU.  La rationalisation des départements, processus et procédures doivent viser à améliorer l’exécution des mandats et la transparence, a-t-elle insisté, avant de défendre une « approche intégrée » dans le processus de réforme et d’exhorter le Secrétaire général à renforcer la capacité de l’Organisation à concrétiser les recommandations des différents panels s’agissant de la réforme de l’ONU.

La déléguée a souligné l’importance de plans et programmes budgétaires pour une mise en œuvre équilibrée du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Elle a prévenu que son Groupe essayera de voir de quelles manières les propositions de réforme de la gestion pourraient mieux servir l’Afrique, l’une des huit priorités de l’ONU.  Elle a appelé à la cohérence dans la réforme organisationnelle et les propositions budgétaires, cohérence entre l’ONU et l’Union africaine (UA) et avec l’Agenda 2063 de l’UA.  Elle a espéré le renforcement de la Commission économique pour l’Afrique et du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine et déploré que le poste de conseiller spécial pour l’Afrique soit encore vacant.  Tous les mécanismes onusiens servant la pérennisation de la paix doivent être dotés d’un financement adéquat, a-t-elle martelé, insistant pour que les missions politiques spéciales soient financées de la même manière que les opérations de maintien de la paix.

À son tour, la représentante a appelé à une représentation géographique équilibrée au sein de l’ONU, laquelle, a-t-elle plaidé, ne constitue pas une dilution de la méritocratie.  Mon Groupe, a-t-elle avoué, ne comprend pas pourquoi le personnel des départements qui traitent principalement de questions africaines est composé majoritairement de personnes d’autres régions.  Le souci d’une représentation géographique équilibrée vaut tant pour le Secrétariat que pour le Conseil de sécurité et le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires, a-t-elle averti.  Elle a enfin appelé au renforcement du caractère intergouvernemental, multilatéral et international de l’ONU, en insistant notamment sur les rôles importants de la Cinquième Commission, du Comité du programme et de la coordination et du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires.  Ces organes permettent d’assurer un lien fort entre mise en œuvre des programmes, allocation des ressources, exécution des mandats et reddition de comptes devant l’ensemble des États Membres de l’ONU, a-t-elle conclu.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a salué les efforts du Secrétaire général, en consultation avec les États Membres, pour mener à bien le processus de réforme.  Il a souligné que le succès de toute réforme de l’Organisation dépend en grande partie de l’adhésion des États Membres.  Le représentant a par conséquent appelé le Secrétaire général et son équipe à continuer de sensibiliser et de consulter les États Membres, dans un esprit d’ouverture et de transparence.

Dans ce cadre, il a salué la priorité accordée par le Secrétaire général aux résultats.  Il a souligné que l’ASEAN analyserait précisément les propositions de réforme en fonction de leur adéquation avec les résultats escomptés.  Le représentant s’est également félicité de l’insistance du Secrétaire général sur la nécessité de renforcer la transparence et la culture de responsabilité envers les États Membres, y compris dans la présentation des informations. 

La réforme doit par ailleurs être menée à bien « avec le plus grand soin », a poursuivi le représentant, insistant sur le fait que le processus ne devait pas affecter négativement l’exécution des mandats sur le terrain.  Pour ce faire, le représentant a appelé le Secrétaire général à établir une feuille de route détaillée de mise en œuvre de la réforme.  À chaque étape, a-t-il dit, des objectifs clairs, des mesures d’atténuation des risques et des indicateurs des résultats doivent être clairement définis.  Il a ainsi demandé au Secrétaire général de soumettre cette feuille de route aux États Membres avant le début de la mise en œuvre de la réforme.  « Nous devrons agir avec détermination, mais également avec prudence », a conclu le représentant.

Au nom du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (groupe CANZ), Mme CAITLIN WILSON (Australie) a appuyé la vision du Secrétaire général d’une Organisation plus souple, davantage centrée sur les résultats et plus adaptable.  « Nous devons saisir cette opportunité, qui se fait attendre depuis longtemps, de réaliser une réforme organisationnelle concrète, capable d’aboutir à une ONU plus responsable, plus transparente et plus efficace. » 

Pour y parvenir, la représentante a estimé que la Cinquième Commission devait être le cadre d’actions concrètes au nom des peuples de la planète.  « Nous, la Cinquième Commission, ne devons pas les décevoir », a-t-elle affirmé, tout en appelant les délégations à se focaliser, dans le cadre de la session actuelle, sur les points de la réforme appelant des décisions dans les deux prochaines semaines.  « Cela signifie que nous devons tout prendre sur nous », a-t-elle insisté, précisant que certaines de ces questions pourraient attendre l’an prochain.

Au titre des questions appelant à une décision immédiate, la représentante a appelé les délégations à soutenir les demandes du Secrétaire général visant à établir un meilleur processus budgétaire ainsi qu’à éliminer les doublons entre le Département de la gestion et le Département de l’appui aux missions.  Elle a également estimé qu’une date butoir devait être fixée pour l’élaboration du texte de la réforme.

Enfin, la représentante a demandé au Secrétaire général des précisions supplémentaires concernant les pouvoirs plus étendus pour redistribuer jusqu’à 20% des ressources dans chaque titre du budget.  Elle a en effet souhaité en savoir davantage sur la logique de cette demande et sur la façon dont elle permettrait de mieux appuyer le personnel de l’ONU sur le terrain.

M. JOÃO PEDRO VALE DE ALMEIDA, Chef de la délégation de l’Union européenne, a déclaré que la réforme du Secrétaire général a le potentiel de faire du système des Nations Unies un système plus efficace et de faire de la famille des Nations Unies, une famille plus unie et plus cohérente.  Le représentant a appuyé l’ambition d’une réforme basée sur les principes de la transparence, de l’efficacité, de l’efficience et de la responsabilité.  Il a insisté sur une plus grande responsabilité des hauts responsables qui doivent être comptables de leurs actes et visé une amélioration de la performance grâce à une gestion des ressources humaines plus souple et plus efficace, dans le respect de la parité absolue entre les sexes.

Le représentant a tout de même avoué qu’il reste des questions sans réponse empêchant d’adhérer complètement à la vision du Secrétaire général: quelle est la valeur ajoutée de la fusion des Départements de la gestion et de l’appui aux missions?  Comment cette fusion affectera-t-elle l’exécution des mandats et rendra l’ONU plus souple et plus réactive?  Comment les instruments demandés pour plus de flexibilité budgétaire influenceront-ils la réactivité de l’ONU?  Comment compte-t-on renforcer le principe de responsabilité?  Comment se mettre d’accord sur les flexibilités demandés tout en renforçant le cadre de responsabilisation?

Conscient que l’Organisation n’est « pas apte » à remplir sa mission, en raison de ses structures opérationnelles, de sa culture, des processus et des règles qui la guident et de la manière dont les États Membres collaborent avec elle, M. OLIVIER MARC ZEHNDER (Suisse) a souscrit pleinement à la vision du Secrétaire général en matière de réforme et de gestion.  Selon lui, les cadres et le personnel devraient être dotés des moyens de s’acquitter de leurs fonctions et être tenus pour responsables de leurs performances dans le cadre d’une approche efficace de la gestion axée sur les résultats.  « Ce changement devrait prévoir une réforme globale des ressources humaines de l’Organisation et le développement d’un dispositif de gestion de la performance efficace », a préconisé le représentant.  Par ailleurs, le Secrétaire général doit être habilité à jouer son rôle de chef de l’administration en disposant de la flexibilité nécessaire pour diriger l’Organisation avec efficacité sans devoir consulter les États Membres « sur chaque détail ».  Enfin, ces derniers devraient amorcer un changement de paradigme culturel, notamment dans la manière dont ils interagissent avec le Secrétariat, a affirmé M. Zehnder.  « Nous devrions faire confiance à ses dirigeants et réduire la microgestion.  La confiance doit être fondée sur la responsabilisation et la transparence », a-t-il conclu.

M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a appelé à réformer la structure du Secrétariat, en particulier les règles de gestion financière et les processus de gestion des ressources humaines et matérielles, en mettant principalement l’accent sur la transparence.  Il a ainsi appuyé les efforts du Secrétaire général visant à accorder la priorité aux résultats, à transformer le cycle de planification et de budgétisation et à réduire la quantité des documents produits et soumis à l’Assemblée générale.

Le représentant a appelé au pragmatisme dans les discussions entre États Membres sur la réforme intégrale proposée par le Secrétaire général.  Selon lui, il est impératif de remédier au « déficit chronique de confiance » entre les États Membres et le Secrétariat.  Seule la transparence permettra de rétablir cette confiance, a-t-il estimé, tout en appelant le Secrétaire général à fournir davantage de détails aux États Membres sur les délais, modalités et résultats attendus des éléments de réforme.

M. OMAR KADIRI (Maroc) a dit que le modèle « original » proposé par le Secrétaire général aiderait l’ONU à se transformer, sur la base de règles et principes solides de gestion, et à devenir plus souple, plus efficace, plus transparente, plus responsable et plus tournée vers l’action, grâce à une décentralisation de la prise de décisions permettant un meilleur appui aux activités normatives et opérationnelles et le renforcement du principe de responsabilité.  Le Maroc, a dit le représentant, a pris bonne note des propositions du Secrétaire général, en particulier la réduction de cycle de planification et de budgétisation.  Il s’est dit convaincu que le passage d’un cycle biennal à un cycle annuel limitera le degré d’incertitude, améliorera la précision budgétaire et la réactivité aux changements d’un exercice budgétaire à l’autre, et entraînera un gain de temps entre la planification des programmes et leur mise en œuvre.  Le passage à un cycle plus court offrira aux États Membres une meilleure visibilité de leurs obligations financières.

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a dit partager la majorité des conclusions et recommandations exprimées par le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) concernant la réforme de la gestion proposée par le Secrétaire général, s’agissant notamment de la culture de gestion et du contrôle interne de l’Organisation.  Il a estimé que chaque proposition présentée par le Secrétaire général devait être soumise à une « analyse approfondie » des coûts et avantages. 

Concernant les aspects concrets de la réforme, le représentant s’est dit fermement opposé au passage de l’ONU à un cycle budgétaire annuel.  Il a estimé que le rapport du Secrétaire général n’expliquait pas suffisamment les gains d’une telle mesure par rapport au cycle biennal actuel.  En outre, le représentant s’est prononcé en faveur du maintien du degré de détail actuel des rapports financiers.  Il a enfin estimé que les prérogatives du Secrétaire général en matière de dépenses imprévues et extraordinaires devaient également être maintenues à leur niveau actuel. 

Mme DOMINGUEZ (Chili) a déclaré que, sans préjudice des propositions du Secrétaire général, il était essentiel de garantir un processus de négociation intergouvernemental transparent et inclusif, pour éviter un résultat qui renforcerait la fragmentation existante et garantir la légitimité nécessaire.  Les États Membres devraient avoir le temps nécessaire d’engager un dialogue constructif, a ajouté la représentante pour qui l’ampleur de la réforme nécessiterait des négociations approfondies et cohérentes, propres à créer des synergies qui se renforcent mutuellement.  Il est donc nécessaire de clarifier les liens concrets entre les différentes initiatives proposées. 

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a déclaré que son pays aspire à une Organisation capable de maintenir la confiance des peuples du monde entier.  Pour parvenir à une ONU qui soit pertinente, il faut changer « sa manière de faire », y compris en se concentrant sur l’obtention de résultats sur le terrain plutôt que sur les processus intergouvernementaux et bureaucratiques au Siège.  Selon la représentante, il est indispensable de promouvoir la responsabilité et la reddition de comptes tout en donnant à l’ONU les moyens de faire son travail.  Mme Sison a apporté son plein soutien aux principes invoqués par le Secrétaire général pour traduire le plus rapidement possible la prise de décisions en action concrète; améliorer la délégation de pouvoir; autonomiser les cadres; promouvoir une plus grande culture de la responsabilité et de la transparence; réduire les doublons et les mandats qui se chevauchent; améliorer le soutien sur le terrain; et réformer les processus de planification et de budgétisation.  Simultanément, l’Organisation doit pouvoir tirer tous les dividendes possibles des initiatives destinées à harmoniser les différents processus et fournir les informations cruciales qui rendront le Secrétariat à la fois « plus intelligent et plus mince ».

La représentante a rappelé le soutien très large que la manifestation organisée par le Président Trump en septembre dernier sur la réforme des Nations Unies a recueilli, avec 133 signataires.  « Nous souhaitons que cela se traduise par une action en temps voulu pour soutenir les propositions de réforme de la gestion.  À tout le moins, le Secrétaire général devrait se voir donner la possibilité de présenter en mai prochain des propositions plus détaillées », a déclaré la représentante, tout en faisant part du soutien de sa délégation à la vision préliminaire du rapport initial.  En conclusion, elle a demandé au Secrétaire général comment il compte utiliser le pouvoir qu’il a demandé pour prendre des décisions stratégiques sur les ressources.  Par ailleurs, a-t-elle poursuivi, nous aimerions en savoir davantage sur les efforts visant à mettre en place des dirigeants qui puissent se faire les « champions » de cet esprit de réforme.  Comment obtenir que les membres du personnel se rallient à la réforme?

Le processus de réforme de l’ONU ne peut ignorer la nature politique et intergouvernementale de l’Organisation, a déclaré Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba), rappelant que les fonctions de programmation, de planification et de budgétisation sont au cœur de son activité.  Elle s’est opposée à toute mesure qui affaiblirait les mandats du CCQAB, du Comité du programme et de la coordination et des organes de contrôle.   D’après elle, les propositions de réforme concernant les piliers paix et sécurité et développement doivent également être examinées à la Cinquième Commission.

Le nouveau modèle de gestion proposé requiert une analyse prudente de la part des États Membres, a insisté la représentante cubaine.  Il faut complètement revoir le processus de planification et de budgétisation actuel établi par la résolution 41/213.  Beaucoup d’éléments proposés dépendent de la mise en œuvre de grands projets administratifs comme Umoja et la Stratégie « Information et Communication ». 

Si elle n’a pas d’objections à la simplification des procédures, Mme Rodríguez Abascal a toutefois souhaité un renforcement des outils de planification et du système de reddition de comptes.  À ce sujet, elle a noté un manque de clarté sur la formulation du plan-programme biennal.  Elle s’est également dite préoccupée par l’idée d’unifier, dans seulement deux documents intégrés, toute l’information sur la programmation, la budgétisation et l’exécution qui, du coup, serait moins détaillée.  Elle n’a pas manqué de souligner que les missions politiques spéciales continuent de représenter « indûment » plus de 20% du budget ordinaire.

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a appuyé la vision d’une structure organisationnelle adaptée aux objectifs de l’ONU, mais également souple et réactive.  Dans ce cadre, il a salué le processus consultatif ouvert engagé par le Secrétaire général avec les États Membres et appelé ce dernier à maintenir ce cap.  Selon lui, l’ONU gagnerait à devenir une Organisation plus efficace et plus efficiente, notamment en réduisant les gaspillages, les doublons et la lourdeur des processus administratifs et budgétaires, qui doivent être rationalisés.  Par conséquent, le représentant a appuyé les propositions de réforme exprimées par le Secrétaire général, visant à simplifier et normaliser le cycle de planification et de budgétisation des Nations Unies.

La réforme ne doit pas être un processus statique, a par ailleurs estimé le représentant, ajoutant que la réforme devait être adaptée en fonction des enseignements tirés des réformes antérieures et de l’évaluation continue de la réforme actuelle.  Enfin, le représentant a estimé que la réforme de la gestion devait aller de pair avec le renforcement de la représentation de l’Afrique et des pays en développement au sein de l’ONU.

M. NABEEL MUNIR (Pakistan) a souligné que la rationalisation des processus et procédures ne devrait pas compromettre le rôle de supervision de l'Assemblée générale et des autres organes intergouvernementaux, dont le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires et le Comité du programme et de la coordination.  Tout exercice d’introspection et d’examen des mandats devrait être fondé sur les enseignements tirés de l’expérience et une analyse coûts-avantages.  Les propositions de réforme devraient protéger les intérêts légitimes de tous les États Membres, y compris ceux des pays en développement.  La réforme de la gestion ne doit pas être considérée isolément, a averti le représentant qui a souligné qu’elle devrait faire partie d’une initiative plus large de réforme.

M. MOHAND TAHAR MOKHTARI (Algérie) s’est félicité des efforts de communication entre le Secrétariat et les États Membres au sujet de la réforme.  Cette dernière, a-t-il estimé, ne doit pas se traduire par une diminution des informations communiquées aux États Membres sur la gestion des ressources, mais, au contraire, par davantage de transparence.  Sur le fond, le représentant a appuyé la vision d’une Organisation plus réactive et plus efficace, ce qui passe selon lui par l’amélioration et la rationalisation de son cycle de planification et de budgétisation.  Le représentant a également salué les propositions du Secrétaire général visant à réformer la gestion des ressources humaines, afin notamment de garantir une plus grande diversité géographique au niveau des recrutements, ainsi que davantage d’équité dans le recrutement des femmes, en particulier les femmes africaines. 

Mme GABRIELA MARTINIC (Argentine) a soutenu le projet du Secrétaire général pour faire de l’ONU une Organisation plus souple, plus décentralisée et plus pragmatique.  La représentante a salué le processus de consultation du Secrétaire général avec les États Membres qui ont pu réagir.  Elle a voulu débattre, dans le futur, des changements qui seront apportés au processus de budgétisation, de programmation et de planification. 

M. TOSHIYA HOSHINO (Japon) a déclaré que son pays soutient l’initiative et le leadership du Secrétaire général pour donner effet à une réforme de l’Organisation dans tous les domaines.  Il s’est dit tout particulièrement attaché aux notions de transparence et de responsabilité vis-à-vis des États Membres, convaincu de la nécessité de maintenir un équilibre entre flexibilité et discipline.  L’élan en faveur de cette réforme est là, et la question à se poser, pour le représentant, est la suivante: « En tant qu’États Membres, quel est notre rôle pour soutenir la vision du Secrétaire général? »  Le représentant a estimé que ce rôle consiste à dégager un consensus et à développer une base solide sur laquelle le Secrétaire général pourra promouvoir ses propositions détaillées, au mois de mai prochain, en vue de concrétiser son engagement en faveur de la réforme de la gestion de l’ONU.

M. TORE HATTREM (Norvège) a appuyé la volonté du Secrétaire général de faire une « distinction plus claire » entre la gestion stratégique, la formulation et le suivi des politiques et l’appui opérationnel et logistique.  L’heure est aussi venue, a-t-il estimé, d’avoir un processus budgétaire simplifié, de donner plus de marge de manœuvre au Secrétaire général et d’obtenir davantage de transparence sur la gestion des ressources. 

Estimant, par ailleurs, que le changement de la culture de gestion devait venir de l’intérieur, le représentant a appelé le Secrétaire général à réaliser, en amont des négociations sur la réforme, tous les changements qui relèvent de sa compétence et ne nécessitent pas l’approbation préalable des États Membres.  Enfin, le représentant a appelé les délégations, dans le cadre des travaux de la Cinquième Commission, à se focaliser sur les questions les plus urgentes et à reporter certaines décisions à la publication du prochain rapport du Secrétaire général, censé être plus détaillé, en mai prochain.

M. MAURO VIEIRA (Brésil) s’est félicité des efforts déployés par le Secrétaire général en faveur d’un changement du paradigme dans la gestion de l’ONU et de son engagement à renforcer le pilier « développement ».  Le niveau de détail des informations sur les propositions budgétaires doit être maintenu, a ajouté le représentant, qui a noté également qu’une réforme significative exigeait que tous les États Membres s’approprient le processus.  Les réformes doivent accroître la transparence, la responsabilité, l’efficacité et le contrôle sans altérer le caractère intergouvernemental, multilatéral et international de l’Organisation.  Le représentant a souligné l’importance d’une bonne représentation géographique équitable et d’une parité entre les sexes au sein du Secrétariat.  Le Brésil était prêt à œuvrer à un résultat qui conduirait à une Organisation plus efficace et plus efficiente, a assuré le représentant.

Mme INA HAGNININGTYAS KRISNAMURTHI (Indonésie) a rappelé que la gestion du budget était un outil important pour traduire les priorités de l’Organisation en actes et pour mesurer la performance dans la mise en œuvre de ces actions.  Aussi, a-t-elle estimé, les efforts visant à rationaliser le cycle de planification et de budgétisation devraient contribuer à renforcer l’efficacité de l’ONU dans l’accomplissement de ces mandats.  La représentante a en outre appelé à ce que les efforts pour parvenir à un meilleur respect des normes les plus élevées d’efficacité, de compétence et d’intégrité du personnel se doublent d’efforts plus soutenus pour améliorer la parité entre hommes et femmes et la représentation géographique au sein dudit personnel.  Le déploiement plus rapide du personnel sur le terrain est également important, a-t-elle ajouté.  Partant du principe que la structure organisationnelle donne le ton au personnel, la représentante a insisté sur la nécessité de renforcer la culture de responsabilité, via le renforcement du suivi et de l’évaluation des performances.  La réforme de l’Organisation, a-t-elle conclu, n’est pas un processus à part, mais un processus continu, qui doit rester ouvert, transparent et jouissant de l’adhésion de tous les États Membres.

Après avoir salué le programme de réformes proposé par le Secrétaire général de l’ONU, Mme FLORA CHRISTIANE SEKA-FOUAH (Côte d’Ivoire) s’est félicitée de sa volonté de doter l’Organisation, à compter de 2020, d’un budget annuel en lieu et place de l’actuel budget biennal.  « Cette proposition a le mérite d’aligner le cycle budgétaire des Nations Unies sur celui de la majorité de nos pays, de manière à permettre une meilleure planification, en vue notamment de la bonne exécution des obligations financières de nos États », a-t-elle déclaré.  « En sa qualité de pays sortant de crise », la Côte d’Ivoire, a dit la représentante, accorde une attention particulière à la proposition visant à relever le plafond des dépenses que le Secrétaire général est autorisé à engager lorsqu’une décision du Conseil de sécurité se traduit par des dépenses supplémentaires relatives au maintien de la paix et de la sécurité.  Enfin, la représentante a estimé que la proposition de décentraliser la prise de décisions dans les lieux d’exécution des projets permettrait à l’ONU de mieux s’imprégner des réalités et des préoccupations locales, et d’en tirer pleinement parti en cas de besoin.

M. WU HAITAO (Chine) a salué « la sagesse, le courage et le sens des responsabilités » dont a fait preuve le Secrétaire général en promouvant la réforme de la gestion.  Il a toutefois insisté sur le fait que la réforme devait respecter les principes de la Charte des Nations Unies, y compris être pilotée par les États Membres.  Cela suppose, a-t-il ajouté, l’instauration d’une confiance mutuelle entre ces derniers et le Secrétaire général.  À ses yeux, en effet, déléguer davantage d’autorité au Secrétariat présuppose un certain alignement entre responsabilité et autorité, ainsi qu’une planification fiable.  Le représentant a estimé que la réforme devait se faire dans un esprit d’ouverture et de transparence.  Pour cela, il a appelé le Secrétaire général à rechercher le consensus le plus large possible, en tenant compte de tous les points de vue.  Enfin, le représentant a estimé que la réforme ne devait pas faire l’impasse sur les préoccupations légitimes des pays en développement et devait se traduire par un afflux de ressources en faveur du développement.  Il a aussi appelé à ce que la réforme s’attaque à la sous-représentation des pays en développement au niveau du personnel du Secrétariat.

« La réforme de la gestion doit être considérée comme l’air que nous respirons », a estimé M. CHANG WOOK JIN (République de Corée).  Tout comme l’air, a-t-il expliqué, la gestion est quelque chose de vital dans notre quotidien que nous tenons parfois pour acquis et qui demande beaucoup de temps et d’efforts collectifs pour être améliorée.  Une fois que nous y serons parvenus, a estimé le représentant, cette réforme de la gestion aura des effets bénéfiques profonds et durables. 

Le représentant a appelé le Secrétaire général à faire davantage d’efforts pour fournir aux États Membres des informations plus concrètes et plus pragmatiques sur les mesures proposées.  Il a également appelé M. Guterres à dialoguer de façon plus dynamique avec le personnel, afin que ce dernier soit bien conscient des efforts entrepris et s’approprie progressivement le processus.

Rentrant dans le détail des propositions, le représentant a noté que la demande du Secrétaire général de disposer de pouvoirs plus étendus pour redistribuer les ressources budgétaires avait suscité des réserves de la part de certains États Membres et du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB).  Le représentant a par conséquent demandé au Secrétaire général comment il comptait s’y prendre pour obtenir la flexibilité souhaitée dans la gestion, tout en tenant compte, dans le même temps, des préoccupations des États Membres et du CCQAB.

M. VIRACHAI PLASAI (Thaïlande) a demandé que le processus de réforme soit inclusif et mené par les États Membres.  Il s’est félicité que l’accent soit mis sur le développement d’une véritable culture de la responsabilité et de la transparence au sein de l’ONU, avant de souligner l’importance de remédier à la « fragmentation » de l’action onusienne.  Pays hôte notamment de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), la Thaïlande souhaite en savoir plus sur la  décentralisation, a-t-il affirmé.  Le délégué a souligné l’importance de l’égalité entre les genres et d’une représentation géographique équilibrée au sein de l’ONU.  Il a salué les efforts de simplification du processus budgétaire du Secrétaire général, avant de souhaiter en savoir plus sur les incidences des propositions sur la contribution budgétaire des États Membres.  Si nous sommes d’accord que l’Organisation doit être plus souple et plus efficace, nous espérons aussi que la transparence, la responsabilité et l’atténuation des risques soient prises en compte, a-t-il conclu.

M. CARLOS ARTURO MORALES LÓPEZ (Colombie) a salué la détermination du Secrétaire général à mettre en place une stratégie de parité et de représentation géographique au sein du Secrétariat.  Le représentant a aussi estimé que la proposition de passer d’un budget biannuel à un budget annuel aidera à mieux coordonner les mandats, tout en raccourcissant le cycle budgétaire.  Il a noté qu’un autre élément de la réforme consistait à établir un mécanisme plus simplifié permettant de mieux répartir et couvrir les imprévus.  De telles mesures, a-t-il martelé, doivent d’abord être examinées par la Cinquième Commission.

Mme SOUMAYA BOURHIL (Tunisie) a plaidé en faveur d’une nouvelle culture de la performance à l’ONU, appuyant en cela la vision esquissée par le Secrétaire général dans ses propositions de réforme.  La représentante a estimé que le succès de cette réforme devrait, au final, être évalué en fonction du degré de mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Eu égard à l’ampleur de la réforme proposée et son caractère déterminant pour l’Organisation, la représentante a estimé que le rapport détaillé devant être fourni en mai 2018 par le Secrétaire général serait de nature à apporter des informations importantes sur l’opérationnalisation des trois grandes lignes de la réforme, à savoir la rationalisation des processus de planification et de budgétisation, l’extension de la marge de manœuvre des responsables de programmes et la modification des dispositifs de gestion et d’appui à l’exécution des programmes.  La représentante a enfin déclaré soutenir l’idée d’un « nouveau modèle de leadership » visant à « pallier les faiblesses » liées à la culture de gestion et de direction actuelle, dans le but de « faire de l’Organisation une entreprise plus performante ».

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