Soixante-douzième session,    
75e séance – après-midi
AG/11996

L’Assemblée générale accorde un sursis de 24 heures à sa Commission administrative et budgétaire

L’Assemblée générale a, cet après-midi, décidé d’accorder un sursis de 24 heures à sa Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires pour lui laisser le temps de se mettre d’accord sur le budget 2018-2019 de l’ONU.*

Le 11 octobre dernier, le Secrétaire général, M. António Guterres, avait présenté un projet de budget de 5,4 milliards de dollars, insistant sur une réduction de 215,2 millions, soit 3,8% par rapport à l’exercice précédent, alors que plusieurs délégations dénonçaient des « coupes arbitraires » susceptibles de mettre en péril l’exécution des mandats de l’Organisation. 

La Cinquième Commission doit donner le go aux propositions que le Secrétaire général a présentées pour réformer la gestion des ressources de l’ONU.  Parmi les recommandations-phares, il faut citer celles qui consistent à passer d’un budget biennal à un budget annuel; abaisser la durée du cycle de planification et de budgétisation de cinq à trois ans; étendre les pouvoirs du Secrétaire général pour qu’il puisse redistribuer, sans l’accord préalable des États, jusqu’à 20% des ressources dans chaque titre du budget; et augmenter le montant qu’il est autorisé à engager pour couvrir les dépenses imprévues et extraordinaires.  Devant les questions des États sur « le bien-fondé » de ces réformes, M. António Guterres s’est engagé à apporter des précisions en 2018.

La question des missions politiques spéciales attend également l’assentiment de la Cinquième Commission.  De nombreux États s’étaient dits « frappés » par le montant de 1,1 milliard proposé pour 34 missions en 2018 et 2019, représentant à lui seul plus de 20% du budget ordinaire de l’ONU.  Dénonçant une « pratique non viable », ces États ont plaidé pour que ces missions soient financées à partir d’un compte spécial et aligné sur le cycle budgétaire des opérations de maintien de la paix.

Au cours de la séance de cet après-midi, l’Assemblée a adopté deux projets de résolution et procédé à deux élections.

Elle a adopté, sans vote, une résolution sur l’incidence de l’évolution rapide de la technique sur la réalisation des objectifs de développement durable, qui prie le Mécanisme de facilitation des technologies de présenter ses conclusions, en adoptant une approche fondée sur des données factuelles, au troisième Forum de collaboration multipartite sur la science, la technologie et l’innovation, qui se tiendra en juin 2018.

Le Mexique, qui a présenté le projet de résolution, a fait observer que ce texte « consensuel et volontariste » sur un thème nouveau est tout à fait pertinent pour l’Organisation car il vise non pas à limiter ou réguler l’évolution technologique mais bien à en comprendre les incidences et à y faire face.

Au titre de la consolidation et de la pérennisation de la paix, l’Assemblée a adopté par consensus une résolution intitulée « Sommet de la paix Nelson Mandela »**.  Elle a ainsi décidé ainsi de convoquer, un jour avant l’ouverture du débat général de la prochaine session, une réunion plénière de haut-niveau consacrée au thème de la paix mondiale en l’honneur du centenaire de la naissance de Nelson Mandela.

Le Canada, qui a présenté le projet de résolution, a souligné que le centenaire de la naissance de Nelson Mandela, « jalon important dans l’Histoire et pour les générations futures », est l’occasion de se réunir pour étudier et reprendre les valeurs de ce grand Chef d’État, au nom de la paix, du développement et des droits de l’homme pour tous.  « À cette tribune, Mandela avait souligné le rôle des Nations Unies pour la paix et ce sommet vise à prendre des mesures collectives pour la prévention de toute menace à la paix. »

L’Assemblée a également procédé à deux élections.  Sur proposition du Secrétaire général***, elle a élu par consensus Mme Dato’ Maimunah Mohd Sharif, de la Malaisie, au poste de Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), avec rang de Secrétaire général adjoint, pour un mandat de quatre ans.

Elle a aussi élu, par consensus, El Salvador et la République tchèque au Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix, pour un mandat de deux ans à partir du 1er janvier 2018.

*Le communiqué de presse sur l’adoption du budget paraîtra mardi 26 décembre 2017.

**A/72/L.39

***A/72/661

INCIDENCE DE L’ÉVOLUTION EXPONENTIELLE DE LA TECHNIQUE SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE ET LA PAIX

Présentation de projet de résolution (A/72/L.38)

M. JUAN JOSÉ IGNACIO GÓMEZ CAMACHO (Mexique) a souligné que l’un des principaux objectifs de l’ONU est d’anticiper les défis et de se préparer à leurs incidences.  En général, nous réagissons au lieu de prévenir, a-t-il précisé, même quand nous avons des indicateurs clairs, nous les ignorons à cause de notre façon de penser pour le moins rigide.  C’est le cas pour l’évolution technologique qui a commencé à transformer les aspects les plus quotidiens de notre vie, avec parfois une incidence perturbatrice et un potentiel que nous ignorons, a poursuivi le représentant.  L’intelligence artificielle nous a placés sur la voie d’une nouvelle révolution industrielle et la numérisation et l’automatisation ont déjà deux types d’effet: elles remplacent le capital humain mais elles créent de nouveaux emplois et réduisent le temps de travail, ainsi que le prix des biens et des services.

La Charte des Nations Unies nous engage à promouvoir le progrès social et à augmenter le niveau de vie des sociétés, a rappelé M. Gómez Camacho.  Pour lui, l’inscription de ce point à l’ordre du jour de l’Assemblée va dans ce sens et ouvre la possibilité de comprendre l’incidence de l’évolution exponentielle de la technologie sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030 dans toute sa complexité et toute sa profondeur.

L’intérêt de la résolution réside fondamentalement dans la possibilité qu’elle offre de lancer le dialogue, a estimé le représentant.  Son objectif n’est pas de limiter ni de réguler l’évolution technologique per se, a-t-il tenu à préciser, mais plutôt de comprendre et de faire face à ses incidences.  « Les populations attendent des réponses fermes qui ne peuvent être bloquées par une inertie bureaucratique », a-t-il lancé.

La résolution présente une feuille de route, a ensuite détaillé le représentant.  Elle invite les États Membres à examiner les défis en matière d’évolution technologique et à élaborer des stratégies nationales et des politiques publiques.  Elle demande aux mécanismes et aux espaces pertinents de l’Organisation, tant à New York qu’à Genève, d’intégrer cette perspective dans leurs travaux.  Elle accorde un mandat au Forum de collaboration multipartite sur la science, la technologie et l’innovation pour qu’il présente en juin 2018 les conclusions du Système des Nations Unies et pour que les experts des pays puissent en discuter.  Enfin, elle décide de poursuivre l’examen de cette question lors de la prochaine session de l’Assemblée générale.

Pour conclure, le représentant a souligné que, grâce à l’effort de toutes les délégations, il pouvait présenter un texte consensuel et volontariste sur un thème nouveau et tout à fait pertinent pour l’Organisation.

Explications de position

L’Union européenne a jugé important d’approfondir la compréhension des incidences du changement technologique rapide sur la réalisation des objectifs de développement durable. Elle a bon exploré les possibilités et les défis soulevés par ces technologies, en engageant pleinement toutes les parties prenantes.  Elle a salué au passage l’engagement du Mexique et des autres participants aux consultations à éviter une politisation de la question.  L’Union européenne a dit attendre avec intérêt les conclusions du Mécanisme de facilitation des technologies et du Forum de collaboration multipartite sur la science, la technologie et l’innovation pour la réalisation des objectifs de développement durable.  Elle a également considéré que les discussions autour de cette question devraient se poursuivre dans les forums existants, à savoir le Mécanisme de facilitation, le Forum de collaboration multipartite et la Commission de la science et de la technologie au service du développement.  Tout ceci s’inscrit dans l’objectif plus large du renforcement du rôle et de l’autorité de l’Assemblée générale, a conclu l’Union européenne.

Le Japon a déclaré que, pour éviter les chevauchements entre les cadres existants, un consensus a été atteint pour tenir une session sur le changement rapide des technologies au cours du Forum de collaboration multipartite au lieu de créer un nouveau groupe d’experts.  Il a dit compter que les discussions seront promues dans le cadre du Mécanisme de facilitation et que la session sur l’impact du changement technologique sera financée par des ressources extrabudgétaires.

Les États-Unis se sont joints au consensus tout en soulignant que les questions des incidences ne méritent pas de faire l’objet d’un point distinct de l’agenda de l’Assemblée générale.  Les Etats-Unis se sont aussi dissociés du paragraphe 6 du préambule dont le libellé sape les droits de propriété intellectuelle. 

Israël s’est enorgueilli d’être coauteur du projet de résolution, compte tenu de l’impact des progrès technologiques sur la réalisation des objectifs de développement durable.  La technologie peut contribuer à un monde meilleur, a souligné Israël.

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