Soixante-douzième session,
28e séance plénière - matin
AG/11959

Assemblée générale: les délégations appuient l’accent mis par le Secrétaire général sur la prévention des conflits et le multilatéralisme

L’Assemblée générale a rouvert ce matin le rapport sur l’activité de l’Organisation que le Secrétaire général avait présenté aux chefs d’État et de gouvernement le 19 septembre dernier.  « Nous sommes ici pour servir », avait dit M. António Guterres, en insistant sur le fait que le multilatéralisme est plus important que jamais.  Dans son rapport, il met en exergue 12 initiatives qui s’inscrivent dans son programme de réforme du système de développement, de l’architecture de paix et de sécurité et de la gestion de l’Organisation.

Le Secrétaire général se résume: « Nous devons conduire le programme de réforme en veillant tout particulièrement à faire davantage sur le plan de la prévention.  Nous savons qu’il est moins coûteux et plus efficace de prévenir une crise que de réagir après coups. »  Les 14 délégations qui se sont exprimées aujourd’hui ont fermement appuyé cette position.  La prévention, a commenté l’Afrique du Sud, est un processus qui exige la coordination entre les piliers « paix et sécurité », « droits de l’homme » et « développement inclusif ».  Elle a dit attendre avec intérêt l’étude que doivent publier conjointement l’ONU et la Banque mondiale sur l’interaction entre développement et processus politique pour prévenir la violence.

 Parmi les principales initiatives prises par le Secrétaire général en 2017 figurent le renforcement de la prévention, dont la nomination d’un conseiller principal pour les politiques et la création d’un comité consultatif de haut niveau sur la médiation; la signature d’un accord avec le Président de l’Union africaine en vue de mieux coordonner les activités menées conjointement; et le lancement de missions de bons offices, dont des visites dans différentes régions du monde et des actions diplomatiques visant à apporter des solutions aux crises.  Le Secrétaire général parle aussi du lancement d’une stratégie sur le financement du développement destinée à faciliter les investissements dans les objectifs de développement durable.

Le Secrétaire général s’est attaqué immédiatement aux défis multiples, a pris des mesures pour rendre l’ONU plus efficace et mis en exergue une vision claire sur la manière dont l’Organisation peut faire mieux, s’est réjoui Singapour.  Pour parvenir à un contrat « gagnant-gagnant », une bonne dose d’audace est nécessaire et elle est présente dans le rapport et la vision de l’avenir du Secrétaire général, s’est réjouie, à son tour, la Colombie.  Mais, a estimé l’Inde, il faut voir si la profondeur des réformes est à la hauteur de celle des défis auxquels le monde fait face.  La réforme dont on parle, réussira-t-elle à traiter d’une dichotomie marquée par l’écart entre ce que les avancées technologiques permettent et ce que le système actuel de coopération multilatérale est prêt à faire?

Pouvons-nous dire que nous nous préparons à traiter de la question des espaces communs, comme les océans et l’espace extra-atmosphérique, qui n’appartiendraient à aucun État mais sur lesquels tous compteraient pour leur sécurité et leur prospérité?  Le représentant a prévenu que l’on ne saurait se contenter « des petits coups d’une réforme modeste et marginale ».

Où est le multilatéralisme quand l’accord sur le nucléaire iranien, qui témoigne de la valeur de la diplomatie, est aujourd’hui menacé? a demandé l’Iran.  En dépit des textes internationaux et des engagements pris, environ 108 millions de personnes souffraient d’insécurité alimentaire grave en 2016, soit une hausse fulgurante par rapport aux 80 millions en 2015, a souligné Cuba.

Singapour a donc estimé que le rapport du Secrétaire général devrait se concentrer davantage sur les résultats, en particulier sur ce que fait l’ONU pour faire la différence sur le terrain.  Le rapport pourrait par exemple comprendre une annexe d’une page présentant des statistiques et des chiffres sur l’impact de l’Organisation dans le monde au cours de l’année écoulée.  Il pourrait aussi se terminer par une liste concise des priorités et des objectifs du Secrétaire général pour l’année à venir, laquelle aiderait les États Membres à mieux comprendre les priorités de l’agenda annuel du Secrétaire général et plus important encore, à évaluer plus objectivement les progrès. 

Le rapport, a renchéri l’Iran, doit avoir « une approche plus constructive ».  Il s’est étonné que cette dernière version ne parle ni de la tendance alarmante à la nouvelle course aux armes nucléaires et à leur modernisation, ni des appels forts lancés de partout dans le monde pour que l’on mette fin à cette course.  Le rapport ne dit rien non plus de l’occupation étrangère du Golan syrien ni des mesures coercitives imposées à son pays par l’Union européenne, les États-Unis et d’autres États, a dénoncé, à son tour, la Syrie.  L’ONU doit recouvrer son rôle de leader auprès de l’opinion publique, au lieu de suivre les fausses allégations des médias et l’agenda des donateurs, a ajouté l’Iran.

Le Pakistan en a profité pour demander que l’on obtienne de l’Inde qu’elle cesse ses provocations au Jammu-et-Cachemire, ce qui lui a valu un droit de réponse de la représentante indienne. 

À la fin de la séance, le Président de l’Assemblée, M. Miroslav Lajčák, a annoncé l’élection du Représentant permanent de l’Iraq, M. Mohammed Hussein Bahr Aluloom, à la présidence de la Première Commission chargée du désarmement et de la sécurité internationale.

RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION (A/72/1)

Déclarations

M. ZOHRAB MNATSAKANYAN (Arménie) a souligné que le premier rapport que le Secrétaire général, M. António Guterres, a présenté devant l’Assemblée générale le 19 septembre dernier reflète bien la dynamique de la réalisation des différents objectifs fixés et des défis identifiés.  Le multilatéralisme étant un outil efficace pour aller de l’avant, les Nations Unies doivent se re-calibrer car faute des réformes nécessaires, elles seraient réduites à l’inertie et à l’inefficacité.  Le représentant a donc apporté son soutien au programme de réforme du Secrétaire général et a dit attendre avec intérêt d’en voir les prochaines phases.

Il a fermement appuyé la détermination de M. Guterres de placer la prévention des conflits au cœur de son agenda et salué l’approche proposée.  Le rapport du Secrétaire général, a relevé le représentant, souligne la complémentarité entre prévention et développement inclusif et durable.  Il a particulièrement apprécié la « clarté » de cette assertion, avant d’attirer l’attention sur le rôle que la société civile et les médias doivent être appelés à jouer, et par exemple, en dénonçant les discours de haine, la xénophobie et les violences ethniques, autant de signes précurseurs des conflits. 

Le représentant a, d’ailleurs, proposé une campagne de sensibilisation sur la nécessaire universalisation de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide.  Soulignant l’importance de la coopération internationale et de la mise à disposition d’outils financiers adéquats, il s’est réjoui que son pays récolte aujourd’hui les fruits de sa collaboration avec les Nations Unies.  L’Arménie a, en effet, créé une plateforme avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) afin d’accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Le représentant a insisté sur l’attention particulière que méritent les pays à revenu intermédiaire et les pays sans littoral comme l’Arménie.

S’agissant de la paix et de la sécurité internationales, il a rappelé que son pays a ouvert ses portes à plus de 22 000 réfugiés du Moyen-Orient.  Il a salué le soutien du Secrétaire général à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et à la Conférence sur le Haut-Karabakh.

Mme ANA SILVIA RODRIGUEZ ABASCAL (Cuba) a déclaré que chaque jour, l’ONU acquiert de plus en plus d’importance pour les peuples du monde.  Cette institution multilatérale représente l’espoir pour les millions de personnes qui aspirent à un monde meilleur, où la paix et non la guerre prévaudrait, la bonne volonté et non les menaces et la disparition de l’espèce humaine.  Pour Cuba, le multilatéralisme est plus nécessaire aujourd’hui que jamais, si l’on veut trouver des solutions efficaces aux défis complexes auxquels est confronté le monde.  En dépit des textes internationaux et des engagements pris, notamment dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’Accord de Paris sur les changements climatiques, le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015-2030 et le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, Cuba rappelle que selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), environ 108 millions de personnes souffraient d’insécurité alimentaire grave en 2016, soit une hausse fulgurante par rapport aux 80 millions en 2015.

La représentante a donc réclamé des ressources financières supplémentaires et prévisibles, en particulier pour financer dans les pays en développement, les infrastructures et la technologie nécessaires à la mise en œuvre des programmes nationaux de développement.  Rappelant les progrès accomplis par son pays, Cuba, malgré un blocus américain de plus d’un demi-siècle, comme en attestent la gratuité de l’éducation et de la santé et l’appartenance du pays à une zone de paix, la représentante a souligné que le meilleur moyen de prévenir les conflits est d’éliminer leurs causes profondes.  Elle a lancé un appel pour que l’on renforce les efforts contre la pauvreté, les inégalités, la faim et l’exclusion sociale.  Elle n’a pas manqué de dénoncer, en conclusion, les mesures coercitives unilatérales et rejeté, une nouvelle fois, le blocus économique, commercial et financier imposé à son pays par les États-Unis.  La représentante a purement et simplement exigé « avec toute la force des 11 millions de Cubains et l’appui de la communauté internationale », la levée de ces mesures.    

Mme MARÍA EMMA MEJÍA VELEZ (Colombie) s’est félicitée de la feuille de route présentée par le Secrétaire général, qui met en valeur le véritable rôle du multilatéralisme dans l’un des pires contextes de crise mondiale et qui met l’accent sur les personnes, dans ce qui constitue davantage un document analytique qu’un simple résumé des activités de l’Organisation.  Un multilatéralisme plus efficace permet à la communauté des nations d’atteindre des objectifs ambitieux en matière de paix, de développement et de droits de l’homme, a souligné la représentante.  Pour parvenir à un contrat « gagnant-gagnant » en matière de paix et de sécurité internationales, une bonne dose d’audace est nécessaire, et elle est présente dans le rapport et la vision de l’avenir du Secrétaire général, s’est réjouie Mme Mejía Velez.  Les efforts de l’Organisation doivent en effet se concentrer sur la prévention et sur une réaction plus rapide qui donnent des résultats.

La représentante a ensuite mentionné deux sujets auxquels la Colombie accorde une importance particulière: l’initiative du Secrétaire général de parvenir à l’égalité entre les sexes au niveau du Secrétariat de l’ONU d’ici à 2021, ce qui est également essentiel pour parvenir à une paix durable, et le rôle joué par les Nations Unies dans le processus de paix colombien.  Elle a donc appuyé la proposition d’une transformation structurelle du Secrétariat de l’ONU car il faut que les opérations de maintien de la paix et les missions politiques spéciales puissent répondre aux grands défis politiques, militaires et humanitaires, sans dysfonctionnements bureaucratiques.  Pour ce faire, l’engagement de tous les États Membres auprès du Secrétaire général sera nécessaire. 

M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a salué un rapport qui montre que le Secrétaire général s’est attaqué immédiatement aux défis multiples, et a pris des mesures pour rendre l’ONU plus efficace et mis en exergue une vision claire sur la manière dont l’Organisation peut faire mieux.  Le représentant a ensuite fait plusieurs suggestions, en appuyant d’abord, l’engagement du Secrétaire général à lancer des réformes pour rendre l’Organisation plus efficace, plus souple et plus responsable, de façon à améliorer l’exécution de ses mandats et d’avoir un réel impact sur les gens.  Le représentant s’est félicité, en particulier, de la détermination du Secrétaire général à rendre l’ONU plus transparente et plus comptable de ses actes vis-à-vis des États Membres.  Il a d’ailleurs considéré le rapport du Secrétaire général comme un bon exercice de transparence et de redevabilité, en estimant tout de même que ce rapport devrait se concentrer davantage sur les résultats, en particulier sur ce que fait l’ONU pour faire la différence sur le terrain.  Le rapport pourrait par exemple comprendre une annexe d’une page présentant des statistiques et des chiffres sur l’impact de l’Organisation dans le monde au cours de l’année écoulée. 

Le rapport pourrait aussi se terminer par une liste concise des priorités et des objectifs du Secrétaire général pour l’année à venir, laquelle aiderait les États Membres à mieux comprendre les priorités de l’agenda annuel du Secrétaire général et plus important encore, à évaluer plus objectivement les progrès.  Le représentant s’est, d’ailleurs, félicité de ce que le Secrétaire général ait inclus dans la liste de ses priorités la parité totale au sein du Secrétariat de l’ONU d’ici à 2021 et salué par ailleurs l’importance accordée aux partenariats entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales, qui font beaucoup pour la bonne appréhension des circonstances et contextes particuliers d’une région. 

Le représentant s’est réjoui de ce que les Nations Unies aient signé un nouveau plan d’action avec l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN) en 2016.  Il a dit attendre avec intérêt la visite que le Secrétaire général doit effectuer à Manille pour participer au prochain Sommet de l’AESAN en novembre prochain.  Singapour, qui présidera l’Association en 2018, entend continuer le travail avec les Nations Unies pour explorer les moyens de renforcer le partenariat.  Le représentant a espéré que l’année prochaine, le Secrétaire général accordera, dans son rapport, l’attention voulue à cette question et mettra en avant les mesures que prend l’ONU pour forger des partenariats plus forts avec les organisations régionales et relever les défis mondiaux.

Notant que plusieurs conflits auraient pu être évités si l’Organisation avait fait pleinement appel à la médiation, M. VALENTIN RYBAKOV (Bélarus) a jugé que l’approche du Secrétaire général visant à donner la priorité à la prévention des conflits est une bonne approche.  Il a prévenu que la réorganisation de l’ONU ne peut se faire sans la participation de tous les États et pas seulement celle des bailleurs de fonds.  Il faut exploiter tous les outils du système de l’ONU et éviter les exercices bureaucratiques.  Le Bélarus, a indiqué le représentant, adhère totalement à l’idée du Secrétaire général de parvenir à la parité totale au sein du Secrétaire général, s’agissant en particulier du travail lié au maintien de la paix et de la sécurité internationales. 

Sur le front du développement, le représentant a, à son tour, attiré l’attention sur la situation des pays à revenu intermédiaire, qui ne disposent toujours pas au sein de l’ONU d’un mécanisme de coordination, alors qu’ils sont au nombre de 100.  Il a insisté sur les mécanismes de coopération internationale coordonnés, ouverts et transparents.  Le Secrétariat n’est pas assez à l’écoute, s’est-il impatienté, appelant ce dernier à « se montrer disposé à entendre les critiques et à les prendre en compte ».  « Il ne faut pas considérer cette Organisation comme un organisme qui vit de lui-même. »   

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a noté que la phase de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 voit déjà la réduction des moyens pour soutenir les pays en développement, le déclin des contributions financières aux organes multilatéraux chargés des questions de développement et de l’environnement et une tentative concertée de déconnecter l’aide publique au développement des engagements pris par les pays développés. L’Afrique du Sud compte sur le leadership et les bons offices du Secrétaire général pour mobiliser une aide financière adéquate et le remercie pour son engagement à « maintenir un accent implacable sur la réalisation des objectifs de développement durable ».

Saluant aussi l’accent mis par le Secrétaire général sur les droits de l’homme comme un investissement aux avantages immédiats et à long terme pour renforcer la résilience, apaiser les frustrations, réduire les inégalités et faire avancer le développement durable, le représentant a dit que son pays est prêt à aider l’Organisation à faire des progrès tangibles et concrets à cet égard, y compris l’élaboration d’une convention sur le droit au développement à inclure dans la famille des instruments des droits de l’homme. 

Face à la multiplicité de nouvelles menaces au maintien de la paix et de la sécurité internationales, le représentant a estimé que l’ONU ne doit pas détourner le regard une fois que la stabilité est acquise.  Elle doit au contraire continuer à travailler à des solutions politiques durables.  « Nous avons vu trop souvent des conflits resurgir après la mise en œuvre des processus de paix », a rappelé le représentant. 

M. Matjila a donc fermement appuyé la vision du Secrétaire général de créer une « culture de prévention » y compris en identifiant et en s’attaquant aux racines des conflits.  Il s’agit là d’un processus qui exige la coordination entre les piliers « paix et sécurité », « droits de l’homme » et « développement inclusif ».  Le représentant a dit attendre avec intérêt l’étude que doivent publier conjointement l’ONU et la Banque mondiale sur l’interaction entre développement et processus politique pour prévenir la violence.

Le représentant a, aussi, dit attendre avec intérêt le rapport du Secrétaire général sur la pérennisation de la paix et l’approche holistique du spectre de la paix.  La paix durable exige non seulement des changements dans les structures et la mentalité de l’Organisation mais aussi un financement durable et prévisible de tous les mécanismes de paix de l’ONU.  À son tour, le représentant a salué la priorité qu’accorde le Secrétaire général aux partenariats avec les organisations régionales et la proposition d’un financement durable, prévisible et souple des opérations de l’Union africaine.  Il s’est tout de même dit préoccupé par les compressions arbitraires au budget de maintien de la paix, annoncées avec fracas sur « twitter » et qui ne manqueront pas de limiter la capacité de l’Organisation et de ses troupes de répondre à la multitude de menaces à la paix et à la sécurité internationales.  Le représentant a conclu en paraphrasant le Secrétaire général qui dit que « le multilatéralisme n’est pas une option facultative ».  C’est le moteur le plus efficace pour réaliser les objectifs de la paix, du développement durable inclusif et des droits de l’homme pour tous. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a jugé important que le Secrétaire général ait mis l’accent sur les objectifs de l’année à venir.  Il a partagé le constat selon lequel la transition vers un monde multipolaire s’est accompagnée d’une augmentation du nombre des conflits, de l’aggravation du terrorisme et de vagues de migrations.  La situation mondiale est complexe, a insisté le représentant en relevant la pauvreté, la fracture numérique ou le chômage des jeunes.  Il est nécessaire de réformer les Nations Unies pour faire face à ces nouveaux défis et aux nouvelles exigences du maintien de la paix.

Le représentant a dénoncé « certaines ambigüités » dans le rapport du Secrétaire général.  S’agissant du multilatéralisme, il a insisté sur le fait que l’ONU est une organisation intergouvernementale dont les décisions relèvent de la prérogative exclusive des États Membres.  Or il se trouve, a rappelé le représentant, que ces États n’ont jamais décidé d’élargir l’agenda du maintien de la paix de l’ONU.  Pour ce qui est de la prévention des conflits, le représentant a rappelé l’ONU au strict respect de la Charte et du principe de la souveraineté des États.  La responsabilité première dans la prévention des conflits incombe aux États, a-t-il tranché, rappelant, au passage, que certains conflits sont le fait d’ingérences étrangères.

La paix, la sécurité et les droits de l’homme sont certes liés mais la paix et la sécurité ne peuvent garantir à elles seules le développement.  Il est donc important que chaque programme des Nations Unies reste dans le cadre strict de son mandat pour éviter les doublons et ne pas empiéter sur le travail, a encore asséné le représentant.

Il a également regretté que le rapport ne mette pas suffisamment l’accent sur la plateforme qu’offre le Conseil économique et social (ECOSOC) pour discuter des questions du financement du développement et de la coopération au développement, en général.  Poursuivant, le représentant a dit l’attachement de son pays à la question de l’état de droit mais il ajouté infondée l’approche du rapport qui n’offre pas une véritable vue d’ensemble de la question.  Il faut certes réfléchir à la réforme des Nations Unies mais on ne peut le faire sans la participation totale de tous les États Membres, a prévenu le représentant. 

L’euphorie du Programme 2030 et de l’Accord de Paris a fini par se dissiper, a constaté M. SYED AKBARUDDIN (Inde) qui a pointé le doigt sur l’impact inégal de la mondialisation dans et entre les économies, l’angoisse générée par les mouvements de population fuyant les conflits et la brutalité et les dégâts généralisés causés par la fureur de la nature.  Le représentant a aussi cité les menaces d’escalade nucléaire, les attaques terroristes, la pauvreté endémique et le sous-développement et l’accélération des changements technologiques.  Tous ces éléments, a-t-il dit, exigent un multilatéralisme plus fort et plus efficace.  Or l’esprit du partenariat mondial semble au mieux muet et si nous avons créé une communauté de dépendance mutuelle, nous devons maintenant créer une communauté de respect et de confiance mutuels, a estimé le représentant.

À la lecture du rapport du Secrétaire général, il a estimé qu’il faut voir si la profondeur des propositions de réforme est à la hauteur de celle des défis auxquels le monde fait face.  La réforme dont on parle, réussira-t-elle à traiter d’une dichotomie marquée par l’écart entre ce que les avancées technologiques permettent et ce que le système actuel de coopération multilatérale est prêt à faire?  Aujourd’hui, les avancées technologiques que nous croyons en mesure de résoudre tous nos maux, accentuent au contraire notre sentiment d’insécurité. Croyons-nous vraiment que les réformes proposées nous placeront à la hauteur des défis posés par le rythme effréné des avancées technologiques dans l’intelligence artificielle, la biologie synthétique, la géo-ingénierie ou encore les systèmes énergétiques dirigés? 

Pouvons-nous dire que nous nous préparons à traiter de la question des espaces communs, comme les océans et l’espace extra-atmosphérique, qui n’appartiendrait à aucun État mais sur lesquels tous compteraient pour leur sécurité et la prospérité?  Reprenant les propos du Secrétaire général selon lesquels au lieu d’un « monde en paix », nous avons un « monde en pièces », le représentant en a conclu que l’on ne saurait se contenter « des petits coups d’une réforme modeste et marginale ».

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a regretté qu’au moment même où la coopération internationale est plus que jamais nécessaire pour relever la myriade des défis interconnectés et se renforçant mutuellement, le monde est de plus en plus divisé et de plus en plus polarisé.  Reprenant les propos du Secrétaire général, la représentante a estimé qu’il faut renouveler la foi dans le multilatéralisme.  Les Nations Unies, a-t-elle insisté, demeurent indispensables pour nos efforts visant à rétablir l’ordre et assurer paix, stabilité et prospérité.  Nous avons besoin, a-t-elle poursuivi, d’une Organisation qui offre les paramètres, les processus et les plateformes d’une coopération internationale essentielle pour relever les défis.  Le Conseil de sécurité, a-t-elle mis en garde, ne peut continuer à ignorer le processus du changement.  Sa réforme est tout aussi importante. 

La représentante s’est félicitée de l’accent que le Secrétaire général place sur la prévention et la paix durable, en mettant au cœur de tout, le respect des droits de l’homme.  L’édifice de la paix ne peut être érigé que sur les fondations de la justice, a-t-elle ajouté, citant les cas de la Palestine et du Jammu-et-Cachemire.  Les discours de l’Inde selon lesquels elle aurait mené des « frappes chirurgicales » le long de la Ligne de contrôle et ses menaces de frapper de l’autre côté de la ligne veulent-ils dire que les leaders indiens essayent de provoquer un conflit avec le Pakistan? s’est demandée la représentante.  Ne sous-estimez pas, a prévenu Mme Lodhi, la détermination du Pakistan à se défendre et sa capacité de le faire.  Toute agression ou intervention se heurtera à une réponse proportionnée et efficace de la part des forces armées et du peuple pakistanais, a-t-elle aussi prévenu. 

Elle a plaidé pour que la communauté internationale prenne des mesures de toute urgence pour obtenir de l’Inde qu’elle cesse ses provocations.  L’Inde, a-t-elle insisté, et qui ne saurait être autorisée à perpétrer des crimes contre l’humanité sous le prétexte fallacieux de combattre le terrorisme.  Le seul terrorisme qui existe au Cachemire est le terrorisme d’État de l’Inde, a tranché la représentante.  Rappelant que son pays a payé un lourd tribut au terrorisme, elle a souligné que cette menace ne disparaîtra que lorsque l’on s’attaque à ses causes sous-jacentes à savoir la pauvreté et l’ignorance, l’exclusion sociale et politique, les ingérences étrangères et le déni de justice économique et politique. 

M. E COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a appuyé l’évaluation du Secrétaire général selon laquelle l’Organisation doit être plus proactive, plus dynamique et plus agile dans l’approche des problèmes actuels.  Il s’est félicité de ce que le Secrétaire général soutienne fermement le multilatéralisme et ce, de manière claire et sans équivoque.  Il a applaudi sa détermination à redynamiser l’approche qu’à l’ONU des défis complexes, y compris à défendre l’impartialité de l’Organisation.

M. Rattray s’est dit ravi de la reconnaissance des défis particuliers des pays à revenu intermédiaire et la confirmation que le revenu par habitant, comme pourcentage du PNB, ne reflète pas le tableau complet du niveau de développement de ces pays.  Le « sens de l’exclusion » dont le Secrétaire général parle est réel et menace les perspectives des populations.  Dans ce contexte, le représentant a espéré que la hausse de l’aide au développement s’accélèrera pour atteindre un niveau conforme à celui de la demande.

Après avoir passé en revue le reste du rapport du Secrétaire général, le représentant a dit avoir noté avec intérêt la référence au rôle important que les partenariats peuvent jouer pour faire avancer le travail de l’Organisation.  Il aurait toutefois préféré une référence spécifique à la Communauté des Caraïbes (CARICOM), au moment où la sous-région s’engage activement à renforcer sa coopération avec l’ONU.  S’agissant d’Haïti, il a exhorté tous les États Membres en mesure de le faire, à contribuer au Fonds d’affectation spéciale pluripartenaires créé pour aider les Haïtiens touchés par l’épidémie du choléra.  

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a appuyé fermement les appels du Secrétaire général en faveur du multilatéralisme et comme lui, il s’est dit préoccupé par le fait que ce multilatéralisme soit remis en doute au moment même où il nous faut des réponses cohérentes aux problèmes interconnectés qui caractérisent le monde.  Dans ce contexte, il a répété que l’accord sur le nucléaire iranien témoigne de la valeur de la diplomatie et devrait être protégé de toute tentative visant non seulement à le saper mais aussi à saper la diplomatie et le multilatéralisme en général.  M. Khoshroo a appelé, une nouvelle fois, le Secrétariat de l’ONU à adopter « une approche plus constructive » dans son travail de rédaction des rapports.

Le représentant a par exemple noté que le rapport du Secrétaire général ne parle ni de la tendance alarmante à la nouvelle course aux armes nucléaires et à leur modernisation ni des appels forts lancés de partout dans le monde pour que l’on mette fin à cette course.  S’agissant des opérations de maintien de la paix, il s’est opposé à ce qu’elles s’engagent dans des opérations militaires antiterroristes lesquelles relèvent exclusivement de la prérogative des pays hôtes.  Pour ce qui est du nouveau Bureau de lutte contre le terrorisme, le représentant s’est dit inquiet que la plupart de ses activités soient financées par des contributions volontaires, préconisant plutôt une ponction dans le budget ordinaire de l’ONU, en particulier pour le renforcement des capacités nationales.

Il est important, a conclu le représentant, que l’ONU recouvre son rôle de leader auprès de l’opinion publique, au lieu de suivre les fausses allégations des médias et l’agenda des donateurs.  Toute réforme de la gestion de l’Organisation, a-t-il ajouté, doit viser à renforcer la capacité des États à assumer leur rôle de contrôle et de surveillance et à préserver la nature intergouvernementale, multilatérale et internationale de l’ONU.  

Passant en revue le rapport du Secrétaire général, M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan) s’est attardé sur la partie consacrée au terrorisme et à l’extrémisme violent.  Il a rappelé qu’en juin dernier, les Ministres des affaires étrangères des États d’Asie centrale ont eu l’occasion de travailler avec le Secrétaire général à Achgabat lorsqu’il est venu participer au Dialogue de haut niveau sur la mise en œuvre dans la région de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  Le Kazakhstan, qui travaillera en étroite collaboration avec le nouveau Bureau de la lutte contre le terrorisme, propose l’adoption d’un code de conduite sur l’antiterrorisme dans le monde libre, lequel renforcera la coopération régionale et internationale, conformément à la Charte et au droit international.  Le délégué a résumé l’approche de son pays pour résoudre les problèmes: renforcer le lien entre sécurité et développement; adopter une approche plus régionale que nationale; et obtenir de l’ONU une stratégie de développement bien coordonnée, conformément au concept « Unis dans l’action ».

Ce qu’il faut, a estimé Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie), c’est une détermination politique et un engagement à agir collectivement grâce à une fois renouvelée dans le multilatéralisme, le partenariat et la solidarité.  Dans ce contexte, les engagements pris dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Programme d’Addis-Abeba sur le financement du développement et l’Accord de Paris sur les changements climatiques doivent être traduits en actes concrets pour éliminer toutes les formes de pauvreté, mobiliser des ressources financières et techniques suffisantes et combattre les effets négatifs du réchauffement de la planète.  Dans ce contexte, il faut donner un appui suffisant aux pays les plus vulnérables, notamment les pays les moins avancés (PMA).  La représentante a, d’ailleurs, salué les efforts déployés par le Secrétaire général pour renforcer les efforts de l’ONU s’agissant de la paix et du développement en Afrique.  Elle a insisté sur la foi de son pays dans le multilatéralisme parce que quels que soient les progrès que l’Éthiopie accomplit, elle sait bien que sans une coopération internationale renouvelée, elle ne triomphera jamais vraiment de la pauvreté.  La représentante a insisté sur une approche cohérente et coordonnée de l’ONU qui prenne pleinement en compte les trois piliers du développement durable. 

M. MOHAMMED AWAD S. MOSALIM (République arabe syrienne) a mis l’accent sur le multilatéralisme et la prévention des conflits, tout en réaffirmant le rôle et les prérogatives des États Membres.  Il a exprimé des réserves sur le mode de financement retenu pour le nouveau Bureau de la lutte contre le terrorisme, invoquant l’expérience de son pays.  Il a d’ailleurs regretté que le rapport du Secrétaire général ne dise rien ni de l’occupation étrangère du Golan syrien ni des mesures coercitives imposées à son pays par l’Union européenne, les États-Unis et d’autres États.  Il a rejeté catégoriquement le paragraphe 115 du rapport sur la création du Mécanisme chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves du droit international commises en République arabe syrienne depuis mars 2011.  Ce Mécanisme, qui n’a pas fait pas l’objet d’un consensus, a été créé par une résolution non consensuelle et politisée pour servir un certain agenda anti-syrien, a tranché le représentant.

Droits de réponse

La représentante de l’Inde n’a pas manqué de réagir aux propos de son homologue du Pakistan, à qui elle a reproché d’utiliser des stratagèmes pour se référer aux événements du passé, sur lesquels elle ne souhaite pas revenir.

Le représentant du Pakistan a prévenu que répéter des accusations sans fondement n’en fait pas des vérités.  Le Jammu-et-Cachemire, a-t-il souligné, ne fait pas partie de l’Inde.  L’ONU a d’ailleurs clairement reconnu que le territoire fait l’objet d’un différend territorial.  Cette occupation est illégale, a rappelé le représentant.

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